A l'aube, un ciel clair, encore très sombre, et l'étoile du matin, il me semblait ne l'avoir jamais vue aussi grosse ni aussi brillante. Toute la neige que j'avais dégagée hier était retombée pendant la nuit. Quand il m'a fallu aller à la liturgie de la Théophanie, j'ai trouvé le cadenas gelé et des tonnes de poudreuse à évacuer pour dégager le portail. La serrure du coffre de ma voiture était également gelée, et je n'ai pas pu récupérer la bouteille que j'avais prévue pour prendre de l'eau bénite.
Je suis évidemment arrivée en retard, car toute la ville était enfouie sous la neige avec des voitures zig-zagantes. J'avais loupé les confessions, mais un prêtre est venu quand même, pour trois gosses et moi, qu'il a regardée d'un air soupçonneux, sans doute parce qu'il ne me connaissait pas et que je n'avais pas l'air assez contrite. J'ai l'air d'une fumiste, comme ça, mais j'y vais quand même, à l'église... C'est juste que j'ai profondément conscience d'être le cancre de l'orthodoxie, ce qui me donne l'air sournois et évasif des cancres en présence d'un instituteur dont ils n'ont pas l'habitude...
Mais j'ai eu droit quand même à la communion de la main du nouvel évêque qui semble tenir à la distribuer à tous ses paroissiens.
Quand il est parti bénir les eaux dans l'église voisine, avec toute l'assemblée à ses trousses, j'ai fait un crochet par ma voiture pour essayer de récupérer ma bouteille. Le liquide dégivrant avait opéré. Mais j'ai trouvé une queue de cent kilomètres. Et là, entre le froid et les douleurs arthrosiques, j'ai senti que ça n'allait pas le faire... Je suis retournée à la voiture, et je suis rentrée chez moi. Sans eau. Peut-être que le père Constantin m'en procurera par faveur spéciale...
Au retour, j'ai trouvé mon voisin de derrière, celui de la grosse maison grise, en train de déneiger. Je lui ai donné un coup de main, comment faire autrement? Il est beaucoup plus efficace que moi et il a terminé tout seul. Entretemps nous avons taillé une bavette. Sa maison est moche et son chien enchaîné, mais il est très gentil et assez rigolo. Il m'a donné son numéro pour l'appeler en cas de problèmes. Il m'a dit que l'ancien proprio avait vendu la maison pour venir en aide à son frère. Et aussi que si nous nous cotisions tous ensemble nous pourrions faire le tout à l’égout urbain qui s'est rapproché de notre quartier...
Je suis absolument terrorisée par mon départ et n'arrive pas à me mobiliser pour faire mes préparatifs, nettoyer la maison, régler toutes sortes de questions, payer ceci ou cela. En fait, je confesse ma paresse, mais je crois que c'est de l'épuisement, et de l'effondrement nerveux. Je n'arrive plus du tout à gérer tous les aspects minants de la société moderne, les milliers de papiers, de procédures qu'internet et l'électronique ne font en fait que compliquer encore plus, et j'ai l'impression qu'internet est encore plus omniprésent ici qu'en France, sans ordinateur et sans smartphone, tu n'as plus qu'à aller te faire ermite aux Solovki, ce qui parfois me tente....
On dit que souvent, à la Théophanie, il y de beaux phénomènes célestes, le ciel était en effet magnifique ce matin, la lumière magique.
Je suis évidemment arrivée en retard, car toute la ville était enfouie sous la neige avec des voitures zig-zagantes. J'avais loupé les confessions, mais un prêtre est venu quand même, pour trois gosses et moi, qu'il a regardée d'un air soupçonneux, sans doute parce qu'il ne me connaissait pas et que je n'avais pas l'air assez contrite. J'ai l'air d'une fumiste, comme ça, mais j'y vais quand même, à l'église... C'est juste que j'ai profondément conscience d'être le cancre de l'orthodoxie, ce qui me donne l'air sournois et évasif des cancres en présence d'un instituteur dont ils n'ont pas l'habitude...
Mais j'ai eu droit quand même à la communion de la main du nouvel évêque qui semble tenir à la distribuer à tous ses paroissiens.
Quand il est parti bénir les eaux dans l'église voisine, avec toute l'assemblée à ses trousses, j'ai fait un crochet par ma voiture pour essayer de récupérer ma bouteille. Le liquide dégivrant avait opéré. Mais j'ai trouvé une queue de cent kilomètres. Et là, entre le froid et les douleurs arthrosiques, j'ai senti que ça n'allait pas le faire... Je suis retournée à la voiture, et je suis rentrée chez moi. Sans eau. Peut-être que le père Constantin m'en procurera par faveur spéciale...
Au retour, j'ai trouvé mon voisin de derrière, celui de la grosse maison grise, en train de déneiger. Je lui ai donné un coup de main, comment faire autrement? Il est beaucoup plus efficace que moi et il a terminé tout seul. Entretemps nous avons taillé une bavette. Sa maison est moche et son chien enchaîné, mais il est très gentil et assez rigolo. Il m'a donné son numéro pour l'appeler en cas de problèmes. Il m'a dit que l'ancien proprio avait vendu la maison pour venir en aide à son frère. Et aussi que si nous nous cotisions tous ensemble nous pourrions faire le tout à l’égout urbain qui s'est rapproché de notre quartier...
Je suis absolument terrorisée par mon départ et n'arrive pas à me mobiliser pour faire mes préparatifs, nettoyer la maison, régler toutes sortes de questions, payer ceci ou cela. En fait, je confesse ma paresse, mais je crois que c'est de l'épuisement, et de l'effondrement nerveux. Je n'arrive plus du tout à gérer tous les aspects minants de la société moderne, les milliers de papiers, de procédures qu'internet et l'électronique ne font en fait que compliquer encore plus, et j'ai l'impression qu'internet est encore plus omniprésent ici qu'en France, sans ordinateur et sans smartphone, tu n'as plus qu'à aller te faire ermite aux Solovki, ce qui parfois me tente....
On dit que souvent, à la Théophanie, il y de beaux phénomènes célestes, le ciel était en effet magnifique ce matin, la lumière magique.