La veille de mon retour à Moscou, je suis allée aux vêpres au monastère de Zadonsk. Je me suis inclinée sur les reliques de saint Tikhon, et lui ai demandé d'intercéder pour moi, et puis un peu plus tard, passant devant saint Pantaleimon, patron des médecins, je me suis souvenue de la petite-fille du père Valentin, la fille de Kolia, qui est terriblement malade, elle a un cancer très invasif, et j'avais commandé des prières pour elle, mais allant vénérer saint Tikhon, je n'ai pensé qu'à moi, et cela m'a frappée comme la foudre. On confesse souvent toujours les mêmes petits péchés merdiques, et cela nous cache parfois le fond du problème: égoïsme, inconscience, négligence...
Je me suis mise à pleurer et pourtant, je ressentais une sorte de réconfort, un écho. J'ai prié pour cette petite fille, et pour d'autres personnes mortes ou vivantes, dont j'avais grande compassion. Chaque fois que je suis allée dans une église où reposaient les reliques de quelque grand saint, Matrona, Serge de Radonej ou maintenant Tihkon de Zadonsk, j'ai eu une espèce de rencontre, sans parler de mon expédition aux Solovki et du métropolite Philippe.
Beaucoup de gens m'ont fait part de leurs sentiments amicaux, après ma prestation, je suis invitée à Zadonsk et Lipetsk pour l'année prochaine. Tatiana m'a précisé l'histoire du tombeau: il se trouve que pour enterrer Sobtchak et un certain nombre de libéraux, on a bousculé un carré de sépultures vénérables du XIX° siècle...
A Moscou, j'ai vu Xioucha et Kolia, le père de la petite malade, celui qui a toujours fait les 400 coups et vit en ce moment chez sa soeur. Et voilà qu'il me déclare en repassant sa chemise: "Comment ça va, Lolo?
- Pas mal, à part la vieillesse et les douleurs qui l'accompagnent!
- Allons, Lolo, tout ça c'est des détails, en fait, quoiqu'il nous arrive, la vie est merveilleuse. Nous croyons en Dieu. Ce qui m'étonne, c'est comment ceux qui n'y croient pas la supportent-ils? La vie sans Dieu n'a absolument aucun intérêt, elle est plate et insensée."
Le matin, j'avais vu l'un des adolescents de Xioucha se confesser et communier, ce que j'avais fait moi-même, à la liturgie de sept heures. Puis j'étais allée boire le café chez Xioucha qui m'a ramenée là bas en voiture, et nous nous sommes séparées, elle pour aller à l'église, moi pour prendre mes affaires chez le père Valentin et rentrer à Pereslavl. Comme elle était très en retard, le temps que je monte l'escalier, toute la paroisse sortait déjà en procession, au son trébuchant des carillons de Pâques. La mendiante de service s'était levée et souriait de ravissement: "Regardez, me dit-elle, regardez la procession!" Et oui, la procession avançait, sous le soleil éclatant, dans le vent frais, et derrière les prêtres vêtus d'or et d'écarlate, les bannières et les croix, et les lanternes, des gens me faisaient de grands signes: Xioucha, Sveta Soutiaguine... Pas moyen de faire autrement, malgré Rita dans son sac, sous mon bras, j'ai rejoint ce merveilleux, ce radieux défilé, et écouté l'évangile de la Résurrection, triomphalement annoncé par la voix de bronze du père Valentin, puis chanté les tropaires de Pâques et clamé que le Christ était ressuscité, et vu de grands jets d'eau bénite étincelante s'envoler vers nous comme autant de séraphins liquides, et tout le monde était heureux, en communion, dans la main du Seigneur, même moi, l'égoïste et l'anarchiste...
Au retour, mes chats étaient bouleversés, car mon intention était de rentrer avant hier et ils ont visiblement trouvé le temps long. J'ai eu droit à un concert de miaulements, puis a des démonstrations de joie, escalades du poirier, courses, bonds, ils m'ont fait le grand jeu. La chienne du voisin était morte pendant mon absence, après toute une vie à la chaîne, et la remplaçait déjà un chiot qui n'avait pas l'air gai. Son maître le caressait, ce ne sont pas de méchantes gens, mais tout à coup, j'ai pensé que quel que fût le sort de Rosie, je n'aurais jamais pu la garder ainsi enchaînée, et le spectacle de ce chiot va désormais me gâcher l'existence.
Je me suis mise à pleurer et pourtant, je ressentais une sorte de réconfort, un écho. J'ai prié pour cette petite fille, et pour d'autres personnes mortes ou vivantes, dont j'avais grande compassion. Chaque fois que je suis allée dans une église où reposaient les reliques de quelque grand saint, Matrona, Serge de Radonej ou maintenant Tihkon de Zadonsk, j'ai eu une espèce de rencontre, sans parler de mon expédition aux Solovki et du métropolite Philippe.
Beaucoup de gens m'ont fait part de leurs sentiments amicaux, après ma prestation, je suis invitée à Zadonsk et Lipetsk pour l'année prochaine. Tatiana m'a précisé l'histoire du tombeau: il se trouve que pour enterrer Sobtchak et un certain nombre de libéraux, on a bousculé un carré de sépultures vénérables du XIX° siècle...
A Moscou, j'ai vu Xioucha et Kolia, le père de la petite malade, celui qui a toujours fait les 400 coups et vit en ce moment chez sa soeur. Et voilà qu'il me déclare en repassant sa chemise: "Comment ça va, Lolo?
- Pas mal, à part la vieillesse et les douleurs qui l'accompagnent!
- Allons, Lolo, tout ça c'est des détails, en fait, quoiqu'il nous arrive, la vie est merveilleuse. Nous croyons en Dieu. Ce qui m'étonne, c'est comment ceux qui n'y croient pas la supportent-ils? La vie sans Dieu n'a absolument aucun intérêt, elle est plate et insensée."
Le matin, j'avais vu l'un des adolescents de Xioucha se confesser et communier, ce que j'avais fait moi-même, à la liturgie de sept heures. Puis j'étais allée boire le café chez Xioucha qui m'a ramenée là bas en voiture, et nous nous sommes séparées, elle pour aller à l'église, moi pour prendre mes affaires chez le père Valentin et rentrer à Pereslavl. Comme elle était très en retard, le temps que je monte l'escalier, toute la paroisse sortait déjà en procession, au son trébuchant des carillons de Pâques. La mendiante de service s'était levée et souriait de ravissement: "Regardez, me dit-elle, regardez la procession!" Et oui, la procession avançait, sous le soleil éclatant, dans le vent frais, et derrière les prêtres vêtus d'or et d'écarlate, les bannières et les croix, et les lanternes, des gens me faisaient de grands signes: Xioucha, Sveta Soutiaguine... Pas moyen de faire autrement, malgré Rita dans son sac, sous mon bras, j'ai rejoint ce merveilleux, ce radieux défilé, et écouté l'évangile de la Résurrection, triomphalement annoncé par la voix de bronze du père Valentin, puis chanté les tropaires de Pâques et clamé que le Christ était ressuscité, et vu de grands jets d'eau bénite étincelante s'envoler vers nous comme autant de séraphins liquides, et tout le monde était heureux, en communion, dans la main du Seigneur, même moi, l'égoïste et l'anarchiste...
Au retour, mes chats étaient bouleversés, car mon intention était de rentrer avant hier et ils ont visiblement trouvé le temps long. J'ai eu droit à un concert de miaulements, puis a des démonstrations de joie, escalades du poirier, courses, bonds, ils m'ont fait le grand jeu. La chienne du voisin était morte pendant mon absence, après toute une vie à la chaîne, et la remplaçait déjà un chiot qui n'avait pas l'air gai. Son maître le caressait, ce ne sont pas de méchantes gens, mais tout à coup, j'ai pensé que quel que fût le sort de Rosie, je n'aurais jamais pu la garder ainsi enchaînée, et le spectacle de ce chiot va désormais me gâcher l'existence.
Au bord du Don avec Natacha |