Translate

samedi 30 mai 2020

Le professeur Zverev et le professeur Raoult


La poétesse Olesia Nikolaeva, épouse de l’archiprêtre Vladimir Viguilianski, conservateur orthodoxe, publie ces deux photos et leurs légendes, tirées du site orthodoxe conservateur Tsargrad.



 
Sergueï Sémionovitch, arrêtez de vous moquer des gens et de faire sur nous vos expériences comme si nous étions des rats de laboratoire ! Nous sommes des êtres humains, et pas les esclaves du maire Sobianine ! Vous avez beau gonfler les joues et jeter des regards assassins, vous jouez petit bras, Sergueï Sémionovitch ! Nous, le peuple russe, nous n’avons pas peur de vous !




 
Et vous resterez dans la mémoire populaire comme un méchant surveillant numérique, qui faisait tourner les gens bourriques ! Ceux qui font votre réclame ont beau faire de vous, sur vos milliards, un sauveur, vous ne nous sauvez pas, vous vous moquez de nous !  

Avec ce commentaire : Zverev Vitali Vassilievitch, membre de l'Académie russe des sciences, spécialiste dans le domaine de la biologie moléculaire et des micro-organismes pathogènes.
L'un des principaux experts dans le domaine de la biologie moléculaire et de la virologie, non seulement dans notre pays, mais aussi à l'étranger. En étudiant les mécanismes d'interaction des virus avec la cellule, la structure biologique moléculaire et la régulation de l'expression des gènes récepteurs des virus, la structure et les fonctions des protéines virales, il développe les problèmes de biotechnologie, vaccinologie, biologie moléculaire, génétique virale et biosécurité. Un certain nombre d'études sont consacrées aux aspects appliqués des sciences médicales, en particulier aux développements prioritaires dans le domaine de la biotechnologie: 19 médicaments diagnostiques et antiviraux ont été développés et mis en pratique dans le système national de santé.
L'un des auteurs du premier programme national de lutte contre le VIH. Actuellement, ses études sont consacrées à l'un des domaines prioritaires de la médecine moderne - la création de vaccins contre les maladies infectieuses les plus courantes et les plus importantes sur le plan social, ainsi que le développement de nouvelles approches pour la création de médicaments antiviraux basés sur le phénomène d'interférence ARN, étudiant le problème de l'immunité innée et adaptative.
• Rédacteur en chef de la revue Microbiology, Epidemiology and Immunobiology;
• Vice-président de la Société panrusse scientifique et pratique des microbiologistes, épidémiologistes et parasitologues;
• Président du Conseil Scientifique sur le problème complexe de la médecine «Vaccinologie»;
• Président de la commission problème «Rougeole, oreillons, rubéole»;
• Membre de la Commission gouvernementale de la sécurité biologique et chimique;
• Membre du Conseil d'experts de GAVI (Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination).

  On dirait que partout dans le monde s’installent les mêmes processus. Les vrais scientifiques contre des satrapes aux ordres de l’argent qui se croient tout permis et l’OMS asservie à des intérêts particuliers et des idéologues douteux. Voir le professeur Raoult, en France, en butte à des persécutions sournoises.



jeudi 28 mai 2020

Rhinocéros

Retour de Steve. Mais ces deux neuneus n'arrivent à rien. Et l'épagneul bas sur pattes du voisin vient rôder sans arrêt en me regardant d'un air plein de reproches. Je suis obligée de monter la garde, je ne peux pas disposer de mon temps librement, je suis toujours en train d'attendre, car la patronne de Steve vient quand ça l'arrange, ce qui est aussi le cas de mes deux petites élèves.
Ramsès avait été plus efficace...
C'est enfin le vrai beau temps, du soleil, un peu de vent, de gros nuages. Tout pousse partout, mais dans le potager, pas tellement, il me semble que l'excès de pluie et de froid se fait sentir.
Reste le bonheur de se gorger de lumière, de regarder les fleurs chatoyer dans les moires fuyantes des ombres, de faire la sieste dans le hamac, avec Georgette, en écoutant le bruit léger et mystérieux, si apaisant, des feuillages froissés par la brise.
Je suis tombée ce matin sur cette citation du père Pavel Florenski, martyrisé aux Solovki: Je voulais l'écrire depuis longtemps: regardez plus souvent les étoiles. Quand votre âme aura mal, regardez les étoiles où l'azur pendant le jour. Quand vous serez tristes, quand on vous offensera , quand vous n'arriverez pas à quelque chose, quand viendra une tempête intérieure, sortez au grand air et restez seul face au ciel. Alors votre âme s'apaisera.

...

Nicolas Bonnal a repris la traduction de l'article du blogger sur Sobianine, et s'est fait engueuler par une famille francorusse fanatique d'icelui. Je reconnais que mon blogger exagère quelque peu en comparant l'absence de chauffage aux atrocités fascistes, mais tout de même il y a là au moins une volonté de faire chier le peuple bien dans le style de ce genre de hauts fonctionnaires, et puis, si cette famille aime tant Sobianine, en quoi exprimer un opinion contraire à la sienne doit-il être le prétexte à une telle engueulade? Car des mécontents de Sobianine, j'en vois de plus en plus, et dans les rangs de gens qui soutenaient Poutine à fond, des conservateurs notoires, des piliers du gouvernement, des partisans de la stabilité à tout prix qui crient à la brimade, à l'humiliation permanente, à l'abus de pouvoir, à la persécution, à la corruption.  Voir à se sujet l'article de Karine Bechet Golovko, qui a toujours soutenu Poutine: https://medium.com/antipresse/covid-19-en-russie-bienvenue-en-absurdistan-207485eac6a5
 Enfin, quelqu'un d'apparamment bien renseigné me demande d'avoir confiance en Poutine...
Autour de moi, et parmi mes relations facebook, il n'est personne qui approuve Sobianine, à part une dame qui fait des tableaux religieux aussi naïfs qu'elle-même . Tous ceux que je connais attendent le réveil de Poutine, espèrent que de la sorte il laisse Sobianine aller trop loin pour mieux l'éliminer du paysage, tout en commençant à craindre que justement, il ne soit déjà plus en mesure de le faire.
Ce qui m'inquiète dans la réponse de cette famille, c'est qu'elle présente Sobianine comme le poulain de Poutine, son successeur, et alors là, si c'est le cas, on est mal. J'aurai échangé Macron contre un apparatchik glacial qui sert les mêmes maîtres.
Mais je vois des choses hallucinantes. J'ai un communiste de service qui me délivre de temps à autre ses sarcasmes. Lui, la puce, tout ça, le traçage numérique, la reconnaissance faciale, le crédit social, la société à la chinoise, ça lui va tout à fait, il est communiste, et donc totalitaire dans l'âme, matérialiste et progressiste jusqu'aux tréfonds. Le transhumanisme aussi doit s'inscrire dans la continuité de l'homme nouveau, rien là de bien étonnant, tout cela est dans la même mouvance. Là où mes cheveux se sont dressés sur ma tête, c'est en écoutant l'homélie du métropolite Tikhon de Pskov, s'efforçant de prouver à ses ouailles que tout cela ne devait pas du tout nous effrayer, qu'importe la puce numérique, quand on a Jésus dans le coeur? La marque de la Bête, dans l'apocalypse, c'est juste le renoncement au Christ pour l'antéchrist, mais livrer son corps, qui est le temple de Dieu, d'après saint Paul, à des milliardaires maboules sataniques par l'intermédiaire d'un contrôle numérique n'est pas un problème. Et si certains commentaires s'en émeuvent, sous la vidéo, d'autres abondent dans ce sens: "Merci, monseigneur, de remettre tous ces "puçophobes" et complotistes à leur place"! bêlent certaines bigotes.  Les ouailles de monseigneur Tikhon sont prêtes pour le tatouage de Bill Gates. Je crois qu'il pourrait même y inclure le nombre 666 qu'elles ne moufteraient pas, elles ont Jésus dans le coeur.
Ce matin, je lis un commentaire "orthodoxe" de la même eau, à un autre endroit. Les puçophobes comme moi sont de vilains orgueilleux désobéissants, car même si le gouvernement sait tout de nous, quelle importance? Un chrétien n'a rien à cacher...
Ah bon. Alors pourquoi le secret de la confession? Vous avez envie de mettre au courant de vos moindres faits et gestes des gens à qui vous ne confieriez pas votre porte-monnaie, qui ont des horreurs sur la conscience, les corrompus et les pervers qui constituent l'essentiel de la classe dirigeante mondiale? De leur donner accès direct à votre organisme? A votre organisme qui ne devrait appartenir qu'à vous-même et à Dieu? Sans savoir ce qu'ils peuvent y introduire?
Un autre me dit que la technique c'est bien, quand elle est entre de bonnes mains. Ah oui. Et elles sont où, les bonnes mains, c'est qui les propriétaires des bonnes mains? Pour mon communiste de service, par exemple, les bonnes mains sont celles de Joseph Staline, prenez Staline, donnez-lui les moyens technologiques du contrôle numérique et vous verrez le travail...
Nous avons sous les yeux l'effrayant résultat de deux siècles d'illusions démoniaques mais une bonne partie des gens reste indécrottable. A treize ans, j'avais été très impressionnée par le Rhinocéros de Ionesco, joué par Jean-Louis Barrault, l'histoire de cet homme qui voit toute l'humanité se transformer autour de lui en troupeau de rhinocéros. Cela avait été pour moi une grande révélation, Il y a comme ça des oeuvres qui nous accompagnent toute notre vie. Ma vie, c'est Laurence et les rhinocéros. Pour l'instant, j'ai résisté à tous les coups de cornes et à toutes les charges furieuses. On est conditionnable ou on ne l'est pas.



le retour de l'été



mercredi 27 mai 2020

Serons-nous encore à l'arrivée?


J'ai vu ce documentaire d'Arte qui reflète bien la réalité des cosaques d'aujourd'hui, telle que j'ai pu l'approcher à travers mes copains folkloristes. C'est cette Russie que je suis venue rejoindre, celle aussi des vieux-croyants, des communautés de retour à la terre, des orthodoxes, enfin, ce qu'il subsiste de la sainte Russie, au milieu des ruines quelquefois restaurées des églises, monastères et villages si poétiques, si fantastiques,  si originaux, un monde qui n'a rien à voir avec le béton utilitaire ni avec la modernité laide, vulgaire, à la fois disparate et uniforme qui ronge de sa lèpre tous les pays du monde. Cette Russie que les Russes qui en ont gardé la mémoire et la nostalgie cherchent à faire renaître, dans une certaine mesure, et qui est réellement la Russie, car ce qu'elle est devenue n'est plus la Russie, ou plus totalement la Russie, de même que la France n'est plus la France. Je dirais que la France est d'ailleurs beaucoup plus défrancisée que la Russie n'est dérussifiée, elle est aussi plus déchristianisée. Mais moins détruite sur le plan du patrimoine, pour l'instant.
Cette frontière entre la Russie survivante et l'URSS ne passe pas seulement entre deux types de populations issus de la population unique d'avant la révolution, elle passe souvent entre deux composantes d'un même individu. Il est rare qu'on soit purement russe ou purement soviétique ou post-soviétique. Plus une personne est russe, plus elle m'est proche, plus elle est soviétique, plus elle m'est étrangère. Parce que la modernité m'est étrangère, avec tout ce qu'elle comporte, et elle est partout la même, dans tous les pays, elle est seulement plus ou moins oppressive et omniprésente selon les endroits.
J'ai remarqué que les paysans, dans tous les pays, avaient quelque chose de commun, je veux dire les vrais paysans, naturellement, pas les "exploitants agricoles" elevés aux engrais chimiques dans les lycées de la république du même nom, ni les paysans enrôlés de force dans les structures prolétariennes du sovkhose. Pendant la guerre de 14, les soldats du contingent russe et les paysans français se comprenaient dans l'amour de la terre sans avoir la même langue, à la façon dont le moujik russe prenait une poignée d'humus, ou approchait un cheval. Ils ont tous la même dignité, la même simplicité, le même humour. J'ai vu interviewer un paysan égyptien dans lequel je retrouvais des traits de mon beau-père. Et rencontrant les cosaques nekrasovtsi dans un concert à Moscou, je voyais aussi, dans leur façon de plaisanter, quelque chose qui me rappelait les paysans de la Drôme ou de l'Ardèche. De même, il y a un type militaire transnational. Les professeurs et instituteurs aussi ont quelque chose en commun partout.
En même temps, chaque peuple a ou avait ses caractères particuliers, son originalité et sa cohésion, je dirais que chaque peuple constitue, je garde le présent, même si de ces peuples ne restent que des noyaux ou des ilôts, une entité, une entité transtemporelle constituée de ce qu'il est aujourd'hui et de ce qui l'a constitué, une entité mystique, et de même que chaque individu a une tâche à accomplir au sein de sa famille, de son village, de son pays, un peuple a un rôle spécifique à jouer au sein de l'humanité.
L'objectif de la modernité et de ses tenants est de briser ces entités en cassant les liens intergénérationnels, les liens familiaux, en effaçant la mémoire, ce qui implique l'oubli du patrimoine immatériel et la destruction du patrimoine matériel, de tout ce qui peut rappeler ce qui fut, offrir des points de comparaison et des sujets de réflexion ou de contemplation, d'anéantir la dignité et la noblesse par l'humiliation, la dérision, la perversion, de couper l'accès à la vie spirituelle, ce qui implique aussi la dégradation de toutes formes d'art, et la dévalorisation de tous les sentiments humains naturels. Cela a été fait partout et par tous les régimes voulus par la modernité, quelle que fût leur couleur politique. Cela se poursuit aujourd'hui et prend une ampleur effrayante. On dirait que l'humanité est emportée par un maelstrom de folie, une accélération infernale. On voit arriver au pouvoir absolu de l'argent et de la technique des créatures des ténèbres aux yeux morts, dont on devine qu'elles sont absolument capables de tout. Elles ont des gueules si infernales qu'on se demande comment des êtres normaux peuvent leur confier leur destin. Enfin, quand on a gardé un certain discernement, car les foules sont de plus en plus hypnotisées, elles ont perdu tous les repères qui empêchaient encore leurs ancêtres de prendre des vessies pour des lanternes.
Qui plus est, les grands massacres des deux derniers siècles, organisés par la modernité qui n'est jamais rassasiée de victimes, ont considérablement appauvri ce que les Russes appellent le "fond génétique" de nos peuples respectifs. A force d'envoyer les meilleurs au casse-pipe ou au goulag, ce sont surtout les pires qui se reproduisent.
Pourtant, il reste encore une mémoire génétique à nos peuples amnésiques et hagards, quelque chose qui vibre à ces chants cosaques, quelque chose qui rêve et qui veut aimer ou prier. Quelque chose de réfractaire à la caserne, à la camisole de force numérique, au tyran mafieux. C'est là dessus que je compte pour rassembler les porteurs de lumière sur notre dernier parcours, le plus terrible, et tant pis si ne parviennent au port qu'une poignée de Français épuisés et gouailleurs, une bande de Russes obstinément idéalistes, avec leurs gousli et leurs accordéons, en procession parmi les ombres du Mordor. L'entité France, et l'entité Russie.
Quand aux hommes nouveaux et aux surhommes, aux citoyens du monde, qu'ils retrouvent celui qui en est le prince, dans le cloaque qu'il leur a préparé et qui leur paraît si confortable, si progressiste et enthousiasmant.

mardi 26 mai 2020

Gardien de l'enfer



 Cet article est celui d'un blogger russe dont je mets le lien. Je crains qu'il ne voit parfaitement juste. et la comparaison avec le comportement du gouvernement français saute aux yeux, d'ailleurs.
Des atrocités sans précédent se produisent à Moscou, même dans le contexte du comportement des autorités appelé par beaucoup «coronasatanisme». Et il ne s’agit même pas de la construction hâtive du camp de concentration numérique.
Simplement, on ne nous met pas le chauffage. Avec une température extérieure moyenne de 5 degrés.
Depuis deux semaines, ils nous gèlent vivants. Les températures dans les maisons chutent à +10 et en dessous, les gens tombent malades, surchargent le réseau de radiateurs, chauffent au gaz de la cuisinière. Trois radiateurs pour 2 kilowatts au total dans une pièce peuvent à peine la réchauffer, et elle seule.
Le retard délibéré de la mise en service se répète chaque automne au cours des dix dernières années. Au moins une semaine de torture par le froid avant d’accorder  un peu d'eau tiède aux radiateurs. Mais ce que nous avons aujourd’hui, nous ne l’avions jamais vu auparavant.  Regardez donc le tableau.

copies d'écran témoignant des faits

Ouvrez plus grand et lisez.

Qu'est-ce que c'est? Ce sont de nouveaux posts sur Yandex.Rayon à Moscou. Tous – exigeant et implorant la mise en service du chauffage.
Le fait de ne pas allumer le chauffage à un moment où même la norme idiote «en dessous de + 8 ℃ 5 jours consécutifs» a été dépassée il y a au moins une semaine, alors que des millions de personnes, et en particulier les personnes âgées frigorifiées, dont nous nous soucions tellement, sont enfermées dans leurs glacières sur le fond d’une épidémie qui fait rage, que la médecine est surmenée et les symptômes ORL  assimilés à des «soupçons de Covid» et passibles de «surveillance sociale» et d’ amendes monstrueuses – est un crime des plus inquiétants, arrogants, ignobles et non déguisés.
Cela ne relève pas de l’erreur ni de la complexité de la «mise en service», c'est un acte malveillant délibéré. Sobianine a agi comme il sied à un occupant – il  a pris en otage la population de la ville soumise. Objectif? Mais quel est donc en somme  l'objectif du « parti de la quarantaine»?
« Au début, ils sont venus arrêter les automobilistes, je n’ai pas bougé, je ne suis pas automobiliste ». Alors tous les Moscovites à l’ardeur éternellement atrophiée ont pensé: "Eh bien, mais moi, je ne serai pas concerné." Ne réalisant absolument pas que ce n'est pas le but recherché par ces zonders - mais leur passion pour l'humiliation sophistiquée et la destruction de groupes entiers de personnes, la violation symptomatique de leurs droits et libertés fondamentaux.
Cela s’appelle simplement du fascisme.

Et ce n'est pas par hasard qu’on a rendu payant le stationnement dans les hôpitaux, ce n'est pas par hasard que ces hôpitaux eux-mêmes sont détruits, ce n'est pas juste comme ça que des évacuateurs volent leurs voitures aux personnes handicapées et aux patients, ce n'est pas seulement la soif de profit qui pousse à détruire tout ce qui était Moscou avec notre histoire, c'est-à-dire nous-mêmes, pour la recouvrir de béton de merde, ce n'est pas le manque de réflexion sur la loi qui prive les gens des immeubles rénovés de la propriété  de leur logement et ce n'est pas par hasard qu'on a décidé de se moquer du monument à Joukov le 9 mai, de détruire le dépôt historique de Konka le jour de la fête des transports moscovites, de détruire le palais des pionniers le jour de la course des pionniers et rapidement le stade Olympique pour le 40e anniversaire des JO-80.
Tout cela, ce n’est pas juste comme ça.
Et la création délibérée de conditions potentiellement mortelles pour 12 millions de Moscovites au plus fort de l'épidémie, est tout simplement l'un des actes les plus frappants, mais pas pour autant le plus sinistre de cette série qui nous conduit à l’Auschwitz numérique.

Si auparavant j'essayais toujours de me convaincre que Sobianine était impudent, mais rien de plus qu’un voleur, maintenant je ne me refuserai pas à ma compréhension initiale devenue définitive, sans plus aucun doute en sa véracité - ce n'est pas seulement un voleur et pas seulement un impudent. C'est une personne à la charge idéologique la plus rare pour notre système de pouvoir.
Et son idéologie est le fascisme.

Depuis 10 ans, j'en ai vu les fantômes dans ses actions, dans le style même de sa propagande et de sa façon de nous traiter, chaque année tout est  devenu plus clair, et maintenant je suis convaincu de manière irrévocable. Le danger de cette personne pour notre pays est sans précédent. Eltsine, avec tous les crimes des années 90, ressemblera à un gentil bonhomme pompette sur le fond de cette force, dont le but est encore une fois de nous détruire, mais maintenant de l'intérieur, et ils ne s'arrêteront pas à mi-chemin. Et il semble que ce moment-ci  soit un moment clé dans sa lutte pour la prise du gouvernement. Et les Moscovites sont devenus ses otages.

Bientôt, ce sort frappera toute la Russie.

Et je ne peux pas rester calme, en regardant la bénédiction silencieuse par Poutine de ce qui se passe. Tout est maintenant devenu trop flagrant et évident pour ne pas comprendre, ne pas comprendre quel sort nous attend tous très bientôt, et personnellement et séparément – Poutine lui-même. Mais il a perdu l'initiative, et semble ne plus du tout être en adéquation  avec le moment. Il a lui-même fait croître ces Cerbère à partir de rien, il nous a donnés à manger à leurs gorges insatiables, qui maintenant l'avalent avec nous.

75 ans après la victoire sur le fascisme, venu d'Occident, ce monstre, né cette fois de notre terre, venu y proclamer un nouveau capital-fascisme corporatif, est déjà sur le point d'atteindre son objectif.

Et nous sommes au bord du gouffre.





dimanche 24 mai 2020

Incendie

La voisine m'appelle à 11h.30, la baraque à côté de chez moi est en train de brûler. Je sors, une flamme rouge et un tourbillon d'étincelles montent dans le ciel pluvieux, au dessus des toits. Deux maisons et un terrain vague me séparent du brasier. Il y a aussi des tuyaux de gaz, ces tuyaux de gaz qui, ici, se promènent dans l'atmosphère au lieu de courir sous terre.
J'appelle les pompiers, mais ils sont déjà là. Le jet qu'ils projettent sur le brasier me paraît bien étique, un petit pipi face à un monstre rouge déchainé. Mais ils rajoutent peu à peu des points d'eau. Les gens arrivent en masse pour regarder avec angoisse, les chiens aboient, terrifiés.
C'est cette baraque dont on a relogé les habitants, et qu'on a laissé ensuite s'écrouler sans rien en faire. Celle où les sagouins locaux venaient déverser leurs ordures.
Les voisines se réjouissent que cette bombe à retardement se mette à brûler par temps humide et sans vent.
En effet...
Des petits malins tirent des feux d'artifice, et puis il y a toujours l'hypothèse d'un incendie volontaire pour libérer le terrain...
Du coup, personne ne va dormir, les gens montent la garde tant que le feu n'est pas éteint.


Ce matin, en sortant de l'église, je suis passée au café français, où depuis qu'il est fermé on peut prendre des gâteaux à emporter. J'ai rencontré Katia, qui avait eu la même idée. Il pleuvait et il faisait un froid de loup, nous avons sonné à la fenêtre, la jeune fille nous a fait signe d'entrer par la porte. Nous avons retrouvé, sans oser croire à notre chance, notre café, vide de ses tables, et son patron masqué. Et là, tous les trois, nous avons explosé de colère et de rire à la fois, Katia, Gilles et moi, que ça commençait à bien faire d'être dirigés par des dingues, des mafieux mégalomanes, des satanistes délirants. Gilles nous a installées avec nos consommations dans la salle à côté, au milieu de tout un bric-à-brac de chaises et de tables empilées, et autres objets, et nous avons commenté l'actualité en rigolant comme des baleines, alors qu'elle n'a vraiment rien de drôle. Gilles pense qu'il y a lutte entre le clan Poutine et le clan Sobianine, je peux dire à tous ceux qui pensent que Poutine est un affreux dictateur que nous souhaitons vraiment, si c'est le cas, qu'il triomphe de ses rivaux, car Sobianine ou Gref n'ont absolument plus rien d'humain, et la dictature numérique que ces malades mentaux veulent installer sous le prétexte du coronavirus nous fera amèrement regretter notre belle liberté de la Russie anarchique et farfelue à laquelle nous sommes habitués. Le problème est que Poutine lui-même est méconnaissable, on dirait qu'il est empaillé. Soit il joue serré et il n'en mène pas large, soit ils l'ont déjà emporté, soit il a joué le rôle du patriote souverainiste pour nous mener en bateau, mais j'ai quand même du mal à y croire.
Comment nous débarrasser mondialement des milliardaires psychopathes et de leurs satrapes pourris?
Quelques heures plus tard, Katia est venue chez moi avec sa mère, arrivée de Moscou, le père Vadim et deux pizzas. La conversation a couru sur les mêmes sujets. Katia a joué de la balalaïka et moi des gousli. Pour oublier le cauchemar de science-fiction qui réjouit les esprits progressistes totalitaires.

vendredi 22 mai 2020

Steve

J'ai vu arriver le service d'immigration au grand complet, venu présenter Steve, un spitz de type nounours à Ritoulia, qui est de type renard. Les deux partis en présence n'ont pas encore trouvé de langage commun, il semble que ce soit un peu tôt. Le fiancé commençait à s'intéresser à la question, mais Rita n'était pas tout à fait disposée. Les jeunes femmes m'avaient apporté du melon, c'est-à-dire quelque chose de très proche du melon français, mais ovale. Cependant, sa chair rose et, ô surprise, parfumée, était celle du melon charentais typique. Je ne sais pas où il a mûri, avec le temps qu'il fait.
Désormais, je ne ferai plus la queue avec les ouzbeks, et en plus, le mari de l'une d'elles est inspecteur de police! Elles se sont beaucoup inquiétées de savoir si je n'étais pas trop seule, si j'avais des amis.
 Au moment de la mise bas, elles prendront les choses en main pour qu'il n'arrive pas de malheur, et cela me rassure.
Mon chaton que je voulais appeler Moustache, mais j'avais déjà donné ce nom au chat des amis qui s'offrent à le recueillir au cas où, s'est appelé Schtroumpf, puis monsieur Schtroumpf. maintenant, il devient tout simplement Monsieur, mais cela ne se prête pas trop aux diminutifs russes.
Il est très rigolo et très touchant mais atterrit sur mon bureau ou mon lit dans n'importe quel état, trempé, les pattes boueuses. Le genre lourdaud affectueux, bien qu'il soit beaucoup plus fin qu'il n'en ait l'air. C'est un chasseur enragé. Il m'a rapporté un raton vivant et dodu qui piaillait désespérément, car ce salopard sait très bien qu'une fois dans la maison, sa proie a peu de chances de lui échapper. Rita guettait de son côté, car c'est souvent elle qui bénéficie du gibier. Je devrais me réjouir, puisque les jardiniers se plaignent des campagnols, mais je ne veux pas d'exécutions chez moi. J'ai donc mis un gant de jardin, réussi à attraper le raton, et l'ai lâché dans la nature.
Je suis retournée à la poste chercher mon colis. Arrivée un peu en avance, j'ai trouvé déjà quatre personnes. D'autres sont arrivées, un bonhomme et une bonne femme dont j'ai tout de suite senti qu'ils allaient resquiller. Effectivement, dès que la porte s'est ouverte, ils ont bondi devant tout le monde à l'intérieur. Du coup, le reste s'est engouffré, pour éviter que cela ne se reproduise. Avec les distances de sécurité, on ne savait plus où on en était. Un type a commencé à nous engueuler parce que nous ne faisions pas la queue avec la bonne méthode. La fille du guichet a mis des heures à trouver mon colis, et des heures à me donner des enveloppes timbrées pour la France. Il paraît que nous avons des cas de Covid ici, ce qui est bien possible, puisque des gens viennent de Moscou. Mais d'après ce que j'ai lu, même en Russie, l'épidémie a commencé à décroître. Cependant, on a vraiment l'impression, ici comme ailleurs, qu'il faut la faire durer, l'exploiter, si j'ose dire, à mort, en votant à tour de bras des lois iniques et liberticides. J'ai traduit une déclaration de l'assemblée populaire russe, qui est sous l'égide du patriarcat, car c'est la première fois que je vois l'Eglise russe s'inquiéter indirectement de ce qui se passe en coulisse, dans cette histoire de coronavirus.
Mes petites élèves sont restées coincées dehors un bon moment, car le téléphone s'était mis en mode vibration je ne sais pas comment, et au bout de seulement quelques mois, la sonnette du portillon est en panne. Mon imprimante, presque aussi neuve que la sonnette, ne marche pas, et j'ai la décourageante impression de toujours acheter des trucs pourris sur lesquels on ne peut pas compter. Je soupçonne les magasins locaux d'acquérir des stocks de rossignols au rabais pour leur clientèle fauchée.
Je voudrais vraiment les aider, car elles sont très mignonnes, mais il y a du travail, surtout pour l'une des deux. J'ai essayé de faire des choses gratifiantes, mais je crois qu'il faudra travailler d'après leur manuel, et tout revoir, même si je garde un moment pour faire des choses plus vivantes. Chaque fois, elles m'apportent des meringues qu'elles font elles-mêmes.