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mercredi 25 novembre 2020

Pseudopodes

 J'ai écrit à l'évêque pour lui communiquer mes réflexions, et il m'a répondu qu'il n'avait sans doute pas mis l'accent où il fallait mais qu'il n'était pas plus optimiste pour la Russie que moi pour la France. C'est drôle, moi si. Le moyen âge en Russie a duré jusque dans les années 60, il est encore proche, et puis il y a l'orthodoxie. Quelques braises dans l'âtre...

Voici ce que m'écrit un ami:

Le 2 octobre dernier, nous avons été à trois à Marseille.

 

Nous avions rendez-vous avec Sœur Minodora du saint monastère Sainte-Élisabeth de Minsk pour y emporter une icône de sainte Anne en route depuis plus d’un an ( !).

 

Le rendez-vous était à la petite salle située à côté de l’accueil de la basilique Notre-Dame de la Garde.

 

Sœur Minodora tenait en effet une petite exposition (comme chaque année) à cet endroit pour vendre les produits artisanaux du monastère.

 

Elle était dépitée car elle n’avait vu quasi personne depuis trois jours !

 

Notre-Dame de la Garde EST DEVENUE DESERTE, depuis la crise sanitaire (et le 2 octobre, nous étions pourtant déconfinés !).

 

Le personnel du magasin ne voit plus personne.

 

Les Marseillais ne montent plus prier.

 

Quant aux touristes, qui étaient des dizaines de milliers (arrivés principalement par les bateaux de croisière qui sont désormais interdits !), on ne les voit plus.

 

Et cette situation risque de durer.

 

Tu peux expliquer cela à ton évêque : il perdra ainsi quelques illusions…

 

C’est, une fois encore, pour ce qui concerne la basilique Notre-Dame de la Garde (mes réticences quant au tourisme de masse, destructeur de l’environnement tout autant que du patrimoine culturel, religieux… sont énormes et je me réjouis de la diminution de l’impact environnemental du tourisme de masse), les « fidèles » représentent aujourd’hui très exactement le degré de « fidélité » à Notre Dame de la Garde…

 

Pour le reste, gardons intacte notre Espérance en Dieu !

Iakov m'a téléphoné de Rostov, il me dit que là bas aussi, on commence à tout saccager, et il médite de se retirer à la campagne, loin des cottages et des châteaux américains. Là bas aussi, on convoite les rives du lac Nero. Ces vénérables villes historiques, si elles perdent leur visage, priveront les générations russes futures d'un repère essentiel, de la beauté léguée par leurs ancêtres, cette beauté que détestent spontanément ceux qui n'en ont pas cultivé en eux les récepteurs sensibles. Une âme privée de beauté l'est souvent de vérité et de bonté, de profondeur. Elle devient grossière et stupide, banale et vulgaire, et aisément malléable. Un être privé d'ancêtres et de mémoire n'a plus aucun ancrage dans la vie, dans la dimension cosmique de la vie.

Conduisant ma voiture à travers les rues de Pereslavl, je songeais que la ville était déjà si abîmée qu'on ne la reconnaissait plus. Elle reste un tout petit peu elle-même du côté du val, la fortification de terre médiévale, et des églises du centre, et puis de la rivière et du lac. Les maisons traditionnelles ont presque complètement disparu, soit défigurées, soit remplacées par des châteaux arméniens, des cottages boursouflés, des cabanes plastifiées.

Le monde qui s'annonce, celui des concombres masqués dans les débris profanés de l'histoire humaine, est si affreux qu'on ne sait où le fuir. Sans doute déjà dans une autre dimension. Certains vont méditer dans des endroits sauvages encore beaux, mais les satanistes au pouvoir font tout pour les en empêcher. D'autres lisent, créent, mais là encore, les gnomes ferment les librairies, les lieux de culture et de rencontre. Même la famille, dernier et plus sûr refuge de l'individu persécuté par une société inhumaine et folle, est menacée par les pervers qui nous dirigent.

On m'a envoyé une vidéo d'une Russe installée en Italie. On y expliquait que sans recourir à l'injection de nanoparticules dans nos organismes, nous étions déjà sous l'influence permanente d"ondes agressives, néfastes et indiscrètes, mais que chacun d'entre nous avait le pouvoir de les contrarier et de créer des ondes antagonistes. Ce que l'intelligence artificielle cherche à créer, une interconnection permanente entre les machines, les individus isolés, et le pouvoir des surhommes transhumanistes, parodie dans le registre affreux et contrefait de Frankenstein et du golem, ce que Dieu et la nature offrent de toute éternité à l'homme et à toutes les créatures, dans un registre bénéfique, à la fois organique et spirituel; car à part le monde mécanique et désespérant, et profondément laid, de l'homme technologique luciférien, tout est sacré dans l'univers, tout est baigné par l'Esprit, "que chaque souffle loue le Seigneur"... Tout ce qui vit dans cette dimension cosmique de l'Esprit est beau et engendre de la beauté. Tout ce qui s'en exclut est laid et produit des monstres.

Parallèlement, j'ai vu une vidéo d'un intellectuel marxiste qui voyait en la tentative d'asservissement et peut être d'anéantissement des masses par les "élites" richissimes au pouvoir exorbitant, le refus acharné d'accepter l'inévitable effondrement du système capitaliste, et d'une certaine manière, je pense que c'est vrai, que toute cette enflure démesurée de la civilisation technologique capitaliste, qui n'est pas viable, qui viole sans arrêt la vie, et a fait tant de victimes, aussi bien parmi les hommes que parmi les animaux qui peuplent la terre, est en train de retomber, de basculer, de dérailler, et que ceux qui cherchent à nous manipuler ne pourront empêcher l'échafaudage de s'écrouler également sur leurs têtes. En ce sens, oui, notre monde ne sera plus "comme avant", et nous sommes en train de détruire aussi les traces de ce qui était avant cet avant, soit celles d'un monde encore normal et équilibré. Tout ce que nous pourrons sauver, nous servira de foyer dans les ténèbres; de lumière, de chaleur. 

Beaucoup de gens qui se croient réalistes et me considèrent sans doute comme une passéiste et une illuminée, sont à mon avis justement dans le déni d'un réel qu'ils ne sont pas prêts à accepter, car ils ont été entièrement modelés par cette modernité capitaliste technologique cupide et si on la leur enlève, ils ne leur reste plus rien. Ceux qui voient la réalité telle qu'elle est sont ceux qui nous proposent un retour à la vie ancestrale améliorée par des trouvailles récentes, quand c'est encore possible et si c'est encore possible, mais on ne donne à ceux-là ni audience ni moyens. "Nous n'allons pas vivre comme des Amish", s'est écrié Macron. Mais si, si, c'est ce qu'il faudrait faire, ce serait la seule issue, comme des Amish, des vieux-croyants ou des agroécologistes. Tant que nous ne l'aurons pas compris, nous continuerons à nous préparer un cauchemar inimaginable. 

Si je soutiens tellement la pratique du folklore, c'est qu'elle rétablit entre les gens une communication saine, entre les gens et aussi avec le milieu environnant, et avec les générations précédentes. Elle recentre, elle relie. Il en est de même d'une religion bien vécue. Ce n'est pas un hasard, si l'on ridiculise le folklore, si on vilipende "les religions", si on casse la famille et les valeurs éternelles, si on détruit le patrimoine, si on déconstruit la culture, et même le langage, si l'on poursuit en hélicoptère un promeneur solitaire en forêt, alors que les concombres masqués s'entassent dans le métro ou les supermarchés, si l'on interdit l'accès aux lieux de culte. Il faut nous empêcher de contrarier les sortilèges du Mordor par la réunion des ondes bénéfiques de la culture, de la prière, de l'amour, de la création, de l'émulation, de la contemplation. Quand en Italie, des gens jouaient de la musique sur leur balcon, pendant le confinement, ils faisaient de la résistance. En réalité, pour combattre le monstre obèse aux mille bras qui entenèbre toute notre vie et propage jusque dans nos maisons ses pseudopodes indiscrets, il nous faut créer des égrégores bénéfiques de cet ordre. Pratiquer des arts, de préférence en commun, prier tous ensemble à la même heure, faire de la musique d'un balcon à l'autre. Quelqu'un a proposé de couper l'éléctricité pendant une demie heure. Oui, par exemple, couper l'électricité, allumer des bougies, et prier, ou chanter, ou dire des contes à plusieurs, ou se marrer. Et puis rallumer. Périodiquement.

Je vais essayer de faire venir Skountsev pour un stage pour les cosaques, en vue de l'organisation ultérieure de cours sur Skype à trois personnes, pour que cela fasse moins cher, et pour chanter en choeur. Skountsev, victime de toutes les mesures covidiennes, est fauché comme les blés, les cours qu'il me donne contribuent à le tirer d'affaire, mais ils sont aussi pour moi un moyen de ne pas succomber à cette chape qui nous tombe dessus. Les cours à distance qu'ils nous installent pour nous isoler peuvent devenir un moyen de nous réunir.

Et puis pour les plus jeunes, il faut tourner le dos aux villes et à la vie qu'on nous y propose. L'intelligent et profond docteur Fouché fait de la permaculture. Il faut refuser en bloc tout le système, avec ceux qui nous l'imposent. Et arrêter de croire qu'il est une fatalité.



Je suis en train d'apprendre cette chanson de quête, avec Skountsev. On chantait ce genre de chansons dans la période entre Noël et la Théophanie, on allait de maison en maison demander des friandises. Etant donné son contenu, elle est d'avant Pierre le Grand, car la résidence du tsar est encore à Moscou, et il y est question des guerres avec les Tatars, elle remonte vraisemblablement à Ivan le Terrible.















dimanche 22 novembre 2020

Exil

 Je suis allée hier aux vigiles, c'était l'évêque qui officiait. J'y ai vu les enfants de la famille cosaque, mes petites élèves et leurs frères et soeurs. Mais ce matin, je n'ai pas eu le courage d'aller à l'église, et je n'arrive pas à sortir d'un état de fatigue profonde. Je soupçonne que la situation générale me mine, et le climat est dur, l'entrée dans l'hiver, les journées très courtes. 

L'évêque a eu le covid, sans symptômes trop graves, et sans doute pour cette raison, ne donnait pas sa main à baiser, il se trouve que la petite Dounia, de la famille Rimm, ne comprenait pas et voulait absolument le faire, il a fini par craquer. Au moment de me donner sa bénédiction, il m'a demandé comment j'allais, je lui ai parlé du souci que je me faisais pour la France, et il semblait découvrir la situation. Je lui ai raconté ce que m'avait dit le père Placide. Il m'a cité le cas d'un scientifique allemand qui, devant la montée du nazisme, n'était pas parti, parce que les autres Allemands ne pouvaient pas se le permettre. Il pense que cela ne va pas si mal, car il a vu que Notre Dame de Lagarde à Marseille était bourrée de croyants, et que donc, il en reste suffisemment en France pour sauver le pays. Quand j'avais rapporté les dires du père Placide et son insistance à me renvoyer en Russie, au père Syméon Tomachinski, qui me proposait une traduction, il s'était écrié: "Oh si un patriote comme le père Placide vous a dit une chose pareille, c'est que réellement, là bas, vos affaires vont mal."

Au moment où j'ai pris ma décision, des orthodoxes françaises m'avaient dit que le père Placide était clairvoyant, et un Russe exilé à Nice que lorsque le père Ioann Krestiankine l'avait expédié en France, il avait fait ses valises et était parti. La motivation de mon départ ne résidait pas seulement dans la perspective de l'avenir français que pressentait le père Placide. Car je me trouvais dans la situation de tous ceux qui ont vécu entre deux pays, prise entre deux nostalgies, et j'avais pensé que la Russie était celui où j'avais réussi à me faire une vie, où j'avais beaucoup d'amis avec lesquels je partageais la même vision du monde, alors que j'en avais peu en France. Enfin, il arrive qu'on ne veuille pas être du mauvais côté quand se préparent des forfaits, ce qui a poussé certains intellectuels à quitter l'Allemagne nazie quand d'autres décidaient d'y rester, par solidarité avec leur peuple égaré. Beaucoup de Russes éperdument patriotes ont dû quitter la Russie après la révolution, d'autres ont fait le choix, souvent fatal, d'y rester. En ce qui me concerne, je considère depuis longtemps que notre gouvernement et ses médias sont antifrançais, ils sont également antirusses, en fait, ils sont anti peuple. Ils me paraissent être l'émanation de quelque chose de profondément étranger à ce que nous sommes tous. Ils sont même hostiles à la nature et à la vie. Et une grande partie des fonctionnaires russes qui envoient leur argent et leurs gosses à l'étranger sont dans le même cas.

Néanmoins, au moment où le père Placide, appuyé par le père Valentin et le père Basile, m'a incitée à partir, j'étais résignée à rester en France, je pensais que si la maladie de maman m'y avait ramenée, c'était que la volonté de Dieu était que j'y finisse mes jours. Il m'a même été difficile de m'y décider. Aujourd'hui, je pense que je supporterais très mal ce qui s'y passe, le joug de cette bande de malfaiteurs, leur duplicité, leur cynisme arrogant, tout ce cirque des masques et des confinements, la profonde malhonneteté de tout ceci, et le consentement ou même la collaboration des imbéciles. Je suis ici inquiète et perturbée, je serais là bas complètement enragée.

Mais ce qui me frappe, c'est que l'évêque ne prenne pas en considération ce que m'a dit le père Placide, auquel j'ai obéi, et aussi l'impression que pour lui, si Notre Dame de Lagarde est bourrée de gens, peu importe qu'ils soient catholiques ou orthodoxes. Or pour moi, cela importe beaucoup. D'abord parce que malheureusement, la mentalité du catholique français d'aujourd'hui n'est majoritairement plus très proche de celle de Marie Noël, Gustave Thibon ou Georges Bernanos, sans parler même de celle des bâtisseurs de Notre Dame ou des églises romanes. La mienne a été modelée par l'orthodoxie, et on peut se poser la question de savoir ce qui m'a manqué, pour que je me jette sur la Russie et l'orthodoxie à l'âge de quinze ans, comme sur une patrie perdue et sa foi essentielle et consubstantielle. C'est une question que je me pose souvent, et je pense qu'elle sera centrale aux souvenirs d'enfance que j'ai commencé à rédiger. 

Pourtant, je ne peux écouter Debussy ou Satie sans pleurer, ni les chansons de Brel, Brassens, Fauré ou Cora Vaucaire. Les coins les plus modestes et les plus banaux des lieux qui m'ont vue grandir me remontent au coeur, y versant la douce amertume du temps perdu qui ne se retrouve pas, ou du moins pas en ce monde. 

amandier à Saint-Pons-la-Calm





 

samedi 21 novembre 2020

la saint Michel



Aujourd'hui fête de l'Archange saint Michel et des puissances célestes, je me suis traînée à l'église et j'ai même communié. J'ai bien fait, car le service s'est terminé dans l'église du métropolite Pierre. Son premier étage est consacré à l'Archange Michel, pour lequel Ivan le Terrible, qui l'a bâtie, avait une vénération particulière, il lui a même écrit une ode. C'était le moment de prier pour son âme, pour celle de maman, et aussi pour la France, qui est sous son patronage, et pour la sainte Russie. Le père André m'a inondée d'eau bénite. La staroste est extrêmement avenante, elle prend toutes les vieilles dans ses bras comme si elles étaient sa propre mère,moi y comprise. Les gens sont adorables, prévenants, j'ai toujours droit à plusieurs prosphores, à des sourires chaleureux.

En sortant de l'église, je suis passée à la galerie. J'ai encore vendu deux tableaux, et l'on m'a laissé des appréciations très touchantes. Irina m'a dit que je vendais au juste prix, et que pour cette raison, je vendais: "Les gens n'ont pas beaucoup d'argent, et vous restez accessible. Il vaut mieux vendre plus et moins cher, cela renouvelle vos cartons, vous n'allez pas vous faire enterrer avec vos dessins. Regardez, là, j'ai des trucs énormes qui sont là depuis des années à des prix astronomiques. Déjà, le format n'est pas adapté aux appartements où vivent la plupart des gens, mais alors le prix! Vous faites des petits formats accessibles, et c'est ce qu'il faut, des gens qui adorent ce que vous faites achètent avec joie. Moi, je trouve que c'est justifié,vos peintures sont magiques!"

Ce que les gens achètent, ce sont des vues de France. L'exotisme... On m'a pris "le chemin de la Condamine", celui où j'allais me promener quasiment tous les jours avec mon petit Doggie en lisant mes prières. Je pensais le garder pour moi...

J'ai retrouvé quatre cadres que j'avais oublié de mettre et qui vont remplacer ceux que j'ai vendus. Et puis j'ai retouché un tableau à l'acrylique que je vais ajouter. La plaine de Pierrelatte sous le mistral. J'ai un autre petit tableau du même sujet, mais celui-ci, je le garde pour moi.

vendues
Il a neigé. Notre première neige. Le voisin fore un puits, alors que nous avons l'eau de la ville. Le terrain n'est plus qu'un chaos boueux, on croirait les tranchées de 14. Enfin, après cela nous aurons le gazon, les thuyas, les pavés autobloquants et les petits massifs avec des bordures en plastique, peut-etre même un réverbère et un nain de jardin...



retouchée

Psychopompe

 

Lasse d’attendre et d’espérer

J’espère en Dieu.

Michel archange au ciel arqué

Ailes de feu, glaive dressé,

De nous auras-tu donc pitié,

Quand nous viendrons à trépasser ?

Parmi les astres écumeux

Sur nous poseras-tu les yeux

Quand nous menant auprès de Dieu

Tu nous découvriras les cieux ?

 

Nous n’avons pas su de nos ans

Tirer de l’or et de l’argent,

Nous avons tout dilapidé

Nous voici vieux et fatigués

Il n’est plus temps.

 

Bel Archange prend donc pitié

De nous et puis de nos parents

Conduis-nous pareils aux enfants

Avec eux dans l’éternité

Dans les grands champs illuminés

D’après le temps.

 

D’après le temps qui a passé

Sur nous sans qu’au fond de nos cœurs

S’éteigne le reflet sacré

Sous le vent sombre des malheurs.

 

Un peu de vie dans la poussière

Qui fleurira dans la lumière

Si Dieu le veut et nous reçoit

Aux champs dorés de l’au-delà.

 


mercredi 18 novembre 2020

Avant la neige

 


Irruption du voisin, il me fait une tranchée le long du grillage pour l'évacuation des eaux. Il me fera livrer de la terre. Sa maison n'est pas plus grande que la mienne, dit-il. Eh non, elle n'est pas plus grande, mais elle est moche, elle est plantée là comme une grosse dent, un colis abandonné, trop près de la mienne, trop près du grillage, un énorme corps étranger. Qui plus est, elle aura cette asymétrie qu'ils adorent faire ici, avec un pan de toit plus court que l'autre, qui descend très bas. Cela donne à la maison quelque chose de complètement difforme et déséquilibré. Les fausses pierres et le toit criard et le tableau sera complet. Lui, estime visiblement que je devrais être ravie d'avoir la vue sur cette oeuvre d'art et le jardin qui va l'accompagner, plutôt que sur un marécage avec des roseaux. La nature fait désordre.

Je suis allée à la banque,  j'ai eu affaire à une jeune femme très gentille, et même trop, car elle s'est fait engueuler par la directrice pour avoir laissé tomber ce qu'elle faisait pour s'occuper de moi. A mon retour, je voulais effectuer un paiement en ligne, mais le site ne reconnaissait plus ni le login ni le mot de passe, ni même le code qu'il m'envoyait par téléphone pour m'authentifier. J'ai essayé d'appeler la Sberbank au téléphone pour expliquer le problème. On ne peut avoir personne directement, surtout pas sa propre agence. Je suis tombée sur un robot, qui me demandait si j'appelais de Russie et quand je répondais "da", répétait qu'il voulait bien m'aider mais ne comprenait pas! Ensuite, c'était tapez un tapez deux, diverses options qui ne correspondent généralement jamais à ce dont on a besoin. J'ai fini par retourner à la banque, où la même jeune fille a arrangé ça. Je lui ai dit: "Vous voulez que je vous dise ce que je pense de tout cela et de votre patron Gref?

- Non, pas la peine, je le sais déjà".

J'imagine ce que cela va donner, si la caste arrive à ses fins et que nous n'avons plus affaire qu'à l'électronique. Nous serons complètement à la merci d'un univers kafakaïen. Mais pour l'instant, cela nous semble pratique. C'est ça le piège, en fait. J'ai beau être flemmasse, je sais que la facilité vient du diable. 

Sur la page d'un écrivain très spirituel, je me suis risquée à un commentaire, et me suis fait remoucher par un de ses admirateurs, sans doute parce que je faisais allusion à mon passé d'institutrice, ce qui faisait de moi une pauvre cloche à ses yeux de brillant intellectuel. Je suis allée voir sa page, elle m'a fait penser à la bibliothèque d'une amie très cultivée qui, me la montrant après l'avoir rangée, m'avait paru en contemplation devant son propre cerveau. Le gars n'a que des posts infiniment distingués et irréprochablement intellos, des tableaux, des films d'art et d'essai, des pensées profondes de penseurs reconnus, posts contre lesquels je n'ai rien, personnellement, chacun d'eux a son intérêt, mais le tout me donne l'impression d'une prétention livresque  qui m'a toujours fait fuir. Il y a en France des intellectuels qui ont une mentalité de caste, et dont le sport favori est d'écraser de leur mépris ceux qui ne leur paraissent pas de leur monde. Je le leur rends bien, et au centuple!

Le soleil pointant son nez, je suis partie dessiner sur l'ancienne rive du lac, de plus en plus défigurée par les constructions anarchiques hideuses, et les ordures jetées partout. J'ai passé un moment, dans le vent glacial, devant un paysage austère, gris, car le soleil était déjà parti. Cela sentait la neige, d'ailleurs tout est gelé. Je voulais faire un autre dessin, mais Rita grelottait dans son sac, où elle reste planquée avec juste le museau qui dépasse, la prochaine fois, il me faudra lui mettre une petite laine. Depuis quatre ans, le quartier a été terriblement abimé. Je me disais que côté lac, on ne construirait pas dans le marécage, mais si, ils vont le faire. Pour l'instant, derrière les deux isbas, mais rien ne me dit qu'ils n'approcheront pas plus près. C'est ce que je trouve le plus difficile à vivre, ici. Cette lèpre. Elle se répand même plus vite qu'au temps de l'URSS où les destructions étaient surtout idéologiques.

J'ai trouvé une autre photo de Pereslavl au début du siècle dernier par le célèbre photographe Prokoudine-Gorski, qui a immortalisé l'atlantide russe en couleurs avant qu'elle ne s'abîme dans l'atroce modernité. Quelle beauté.... a la fois vaste et sereine, humble et féerique. En chemin, je demandais pardon à Dieu de préférer souvent sa création aux hommes qu'il a tant aimés et qui profanent tout ce qu'Il a fait pour eux. Encore que ce sont pourtant des hommes qui firent ce paysage tel qu'il était, mais c'étaient d'autres hommes. Enfin c'étaient des hommes, et pas encore des mutants. Pour ceux qui n'ont pas muté, la planète va devenir vraiment inhospitalière.



lundi 16 novembre 2020

Corrélations

 Voici deux vidéos complémentaires. Comme dit mon amie Sophie, l'intelligence consiste à trouver des corrélations. C'est aussi ce que les surhommes hypnotiseurs appellent le complotisme. Notez que ces deux personnes n'ont rien d'illuminés... Donc, complémentaires et "complotistes". Dites-vous bien que si en 1930, quelqu'un avait décrit ce qui se passerait en Allemagne, on ne l'aurait sans doute pas cru. Qui aurait pu penser ce qui, en Russie, allait se produire en 17 et après? Dostoievski l'avait senti; alors que les autres intellectuels russes soupiraient après l'avenir radieux qui en fit des cadavres aux Solovki ou des chauffeurs de taxi à Paris. Aldous Huxley et Georges Orwell ont décrit un futur qui est devenu notre présent. A l'époque, on présentait comme de la science-fiction ce qui était un avertissement. Bernanos et Saint-Exupéry nous ont également mis en garde. Et bien d'autres que l'on qualifie de prophètes quand les catastrophes que nous n'avons pas su éviter ont déjà eu lieu.



Etablir des corrélations n'est pas du tout,à mon avis, une forme d'intelligence moderne. Au contraire, tout est fait aujourd'hui pour enfermer la pensée des gens dans des niches spécialisées. Ce qui les amène à fonctionner tous seuls dans leur coin et à élucubrer des théories fumeuses. Ces gens qui n'ont pas appris à penser de façon globale et corrélative gobent n'importe quoi. C'est à mon avis la raison pour laquelle on voit tant de cons diplômés et même d'artistes et d'écrivains complètement aveugles, et aveuglants: ils servent de caution aux bonimenteurs qui nous perdent, au lieu d'éveiller les gens auxquels ils s'adressent. Pour établir des corrélations il faut être correlié; il faut avoir une pensée synthétique, humble, ouverte, attentive, symbolique, la pensée d'un artisan du moyen âge, à l'abri de la mentalité idéologique systématique. Le docteur Laurent Alexandre, par exemple, qui méprise tant les petites gens, n'appartient pas au cosmos ni à l'humanité qui s'inscrit dedans, mais à une caste de soi-disant surhommes complètement hors sol, c'est pourquoi à mes yeux, il n'est jamais qu'un sinistre et méchant imbécile dont les pensées sont pareilles à des nuages d'encre. Les gens comme lui nous ont fait le monde où nous sommes en défaisant tout ce que l'artisan et le paysan du moyen âge avaient patiemment et humblement édifié.

Le "complotiste" est celui qui est capable de mettre a avec b pour obtenir c. De voir la réalité comme un grand puzzle, dont les pièces peu à peu s'emboitent sous ses yeux et composent un tableau de plus en plus vaste, et il faut bien l'avouer, de plus en plus terrifiant. Or c'est en regardant en face l'inanité et la profonde nocivité de cette tumeur cancéreuse qu'est la modernité qu'on peut retrouver à la fois la liberté intérieure qui nous en affranchit,et le sens du sacré qui peut nous réunifier et nous relier les uns aux autres. Et nous rendre la vraie lucidité que chez certains, la religion orthodoxe appelle la clairvoyance.

Le saule ou le bouleau

 Dimanche, je suis passée à la galerie et j'ai vendu deux petites aquarelles format carte postale, de la série que j'avais faite à Cavillargues. J'étais contente mais cela me fait quelque chose de m'en séparer, je les aimais beaucoup. 



L'une représente le chemin de la chapelle du saint Sépulcre à l'automne, avec la lune qui s'attarde dans le ciel du matin, l'autre des cerisiers en fleurs.



D'après Irina, qui s'occupe de la galerie, les gens apprécient. On m'a d'ailleurs laissé des échos sur un cahier que j'ai mis à cet effet. Mais je n'ai pas eu le temps de lire, d'autant plus que j'ai du mal à déchiffrer le russe manuscrit, parfois.

La maison du voisin a pris tout son volume. C'est-à-dire que je vois l'espace qu'elle va occuper. Elle arrive comme un ovni sur un terrain trop petit pour elle, et le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne s'inscrira pas harmonieusement dans le paysage. Si tout cela est recouvert de siding façon fausse pierre et coiffé de tuile métallique rouge pétard ou bleu électrique, ce sera assez dur. Au fond, la maison contemporaine, à l'image de celui qui la bâtit, ne s'inscrit dans rien et s'impose avec arrogance, comme un Séraphin Lampion architectural. Je suis sûre que toute une petite faune vivait sur ce territoire bétonné sous une coulée de glaise d'un mètre d'épaisseur. Moi qui ne creuse jamais un trou sans ménager les vers de terre et qui évite même de déranger les fourmilières...

J'ai de la chance dans mon malheur, il y a un pépiniériste spécialisé dans les arbres grand format sur la route de Iouriev Polski et si la terre n'est pas gelée à mort, il pourra venir me planter un écran végétal au mois de décembre. Mais cela va me coûter un peu de fric, sans compter qu'il me faudra aussi prévoir de faire maintenant une clôture en bois, comme sur le reste du périmètre. 

D'après lui, il faut laisser quatre mètres entre les arbres, j'aurai la place pour deux sapins et un bouleau. Je voulais prendre un saule argenté, mais c'est plus cher. Encore que j'hésite. Le saule argenté semble avoir beaucoup d'avantages, il est joli, léger et un peu pyramidal. Robuste. 

Une amie m'a dit que sur intervention de l'évêque, son fils serait hébergé généreusement par notre père Andreï, qui a une grande maison et l'esprit de famille, et j'ai trouvé cela si beau, car elle n'avait rien demandé, et le garçon avait grand besoin de cette solution, je trouve beau que l'évêque l'ait senti et que le père Andreï ait fait immédiatement écho. Je dois dire que j'aime les croyants, le clergé de Pereslavl, et notre évêque. Ils sont chaleureux et humains, ils sont touchants. Chacun a bien ses faiblesses, mais il me semble qu'il règne entre nous la solidarité et l'indulgence. Je me sens d'autant plus dans la peau d'une grosse méduse flemmasse en ces derniers temps qui réclament autant de fermeté que de charité. Mais bon, comme je viens de le dire, chacun de nous a bien ses faiblesses.

Du coup, je vais faire opérer la chatte de ce garçon pour éviter les naissances de chatons, inenvisageables dans le contexte.


saule argenté

























































 

samedi 14 novembre 2020

Un phare dans les ténèbres

 


Le primat de l'EOU est convaincu que quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera sous une protection spéciale qui lui donnera de la force.

Le primat de l'EOU, Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine, estime que l'Église est entrée dans l'ère apocalyptique. Sa Béatitude en a parlé dans une interview du magazine Shepherd and Flock.

Commentant l'introduction des passeports électroniques, le remplacement progressif de l'argent liquide, l'émergence d'identificateurs numériques, ainsi que l'éventuel contrôle complet de l'État sur la personne, le métropolite Onuphre note que «les changements dans la vie de l'humanité ces derniers temps indiquent que nous entrons dans une nouvelle ère historique, appelée apocalyptique dans la langue ecclésiastique. "

«Ceci est annoncé dans le Nouveau Testament, en particulier dans le livre de l'Apocalypse de Jean le Théologien. Cette époque inaugure de nouveaux défis et épreuves pour les gens, mais quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera placé sous une protection spéciale qui donnera la force de supporter toutes les difficultés avec dignité », a souligné le primat de l'EOU..

En même temps, répondant à la question de savoir comment tout cela affecterait la vie spirituelle des croyants, le métropolite Onuphre a déclaré que «là où est Dieu, se trouve la béatitude, et quiconque essaiera de s'attacher à Dieu sera béni même dans les tribulations les plus sévères. L'arme spirituelle la plus puissante dans les épreuves imminentes ce sera la prière et l'humilité. Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. "

En même temps, dit monseigneur, dans l'avenir "l'Église perdra en nombre de croyants ce qu'elle gagnera en qualité spirituelle de ces mêmes croyants".

https://spzh.news/en/news/75784-blazhennejshij-onufrij-cerkovy-vstupajet-v-apokalipticheskuju-epohu?fbclid=IwAR3zgOCdbLA-Y4i9fJ0TTczALGDaEwyr7KR5LtJ7pecqiGCm8JoWcekRHro

Je suis depuis ce matin sous l'impression de ce message du métropolite Onuphre, et je suis convaincue que cet homme est en ce moment notre phare, c'est lui le véritable chef spirituel de toute l'orthodoxie, celui que nous a donné Dieu pour les derniers temps, car je ne connais pas bien les autres patriarches ou métropolites, mais aucun ne me semble avoir son rayonnement, son attitude judicieuse, humble, aimante, clairvoyante et ferme. Méprisé et persécuté par le patriarche Bartholomée qui règle ses comptes et remplit la commande politique de gens ténébreux, il reste dignement à sa place et nous invite à faire de même. Le patriarche Cyrille, qui souffre sincèrement de la situation du métropolite Onuphre et de son troupeau, ne m'apporte pas personnellement de réconfort, parce que je le vois se plier à l'opération covid, marcher dans une combine qui vise à asservir l'humanité et détruire les dernières traces de christianisme; et je ne peux pas ignorer ce que j'ai compris, car un chrétien n'est pas un zombie privé de cervelle. Je veux dire que si beaucoup de gens sont hypnotisés par les techniques de secte qui nous sont imposées, lui ne peut ignorer ce qui se passe vraiment. Pour des raisons inconnues, il marche à fond. Et qu'on en me fasse pas valoir les victimes du Covid parmi le clergé. Oui, il y en a, il y en a beaucoup trop, mais les mesures appiquées sont de manière de plus en plus évidente, absurdes, excessives, inadéquates; les discours fourbes; les buts de l'opération inavouables et très certainement épouvantables. Je ne demande qu'à me tromper mais j'ai parfois le sentiment que le patriarche a peur. Et même dans l'optique où le gouvernement russe ferait en partie semblant d'appliquer tout cela pour gagner du temps, trouver une issue nationale ou que sais-je, ce que j'ai espéré, que j'espère peut-être encore, il pourrait alors nous le faire comprendre au lieu de tolérer les fermetures d'églises, ces mesures et tout ce cinéma des masques qui ne protègent vraiment personne mais nous baillônnent, nous privent de visage et de souffle, d'identité, de dignité, de communication normale, et dans l'ensemble de tous nos droits les plus fondamentaux, tout en profanant la sainte communion. Qu'y a-t-il de plus sinistre que ces prêtres et ces fidèles masqués, que ces communions qui sentent l'alcool? Le métropolite Hilarion, lui, va jusqu'à faire de tout cela la réclame enthousiaste. Je ne veux pas juger, bien sûr, mais quand même...Pendant que le pape, qui applaudit notre invasion organisée par des populations violentes et inassimilables, fait le voeu pieux et équivoque que l'univers transhumaniste dans lequel on veut nous faire entrer de force "reste au service de l'humain", ce qui est bien improbable, est-il naïf à ce point? Après la mort du métropolite Amphiloque, je ne vois plus qu'un phare dans les ténèbres de cette tempête mortellement dangereuse pour notre intégrité physique, psychique et spirituelle, c'est le métropolite Onuphre, et je prierai pour que toute la sainte Russie, ou le petit troupeau qui en restera dans ses diverses composantes artificiellement séparées par des malfaiteurs, soit réunie avant la fin en un seul patriarcat, dont il serait le chef spirituel infiniment digne, et qu'il nous conduise jusqu'au trône du Christ revenu parmi nous. Après tout, la chrétienté russe n'est-elle pas née à Kiev? Il serait logique qu'elle y trouvât sa fin eschatologique, après la chute de Moscou aux mains des impies, dont elle ne s'est toujours pas affranchie, et qui la profanent en permanence par les destruction de son patrimoine et la construction d'orgueilleuses citadelles de Mammon, avec un clergé baillonné et des églises toujours sous la menace de fermetures punitives. Oui, je crois en la sainte Russie, c'est là ma dernière patrie, et le métropolite Onuphre m'en paraît l'incarnation, bien que par ailleurs, il soit d'origine moldave,  mais on est souvent russe d'abord par l'âme, comme on l'a vu dans le cas de la grande duchesse Elizabeth et de la famille impériale. La sainte Russie transversale aux diverses unités administratives sous occupation mondialiste totale ou partielle, la sainte Russie éternelle.