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vendredi 1 octobre 2021

Polyclinique

De bon matin arrive un médecin, avec mon ticket de sortie, les radios, tout. Je n'avais pu encore récupérer mes baskets ni mon manteau, ni mes papiers que la voisine avait emportés et que Gilles devait me transmettre. Me voici partie en sabots d'intérieur, recouverte d'un poncho déjà léger pour la saison, avec mes affaires dans des sacs en plastique, la SDF parfaite. La polyclinique n'était pas vraiment en face et puis il fallait trouver l'entrée principale. Une blouse blanche me marmonne:"pourquoi vous faut-il l'entrée principale du moment que vous entrez ?" Seulement la porte qu'elle m'indiquait était celle du service covid.... 

Une fois entrée la ou il faut, je tombe sur une queue immense qui ne bougeait pas des masses. Je n'avais pas mangé du tout et la veille avalé 4 cuillères de l'inoubliable bouillie de sarrazin. Au fur et à mesure que le temps passait, je sentais me tomber dessus une fatigue atroce. Je parviens au guichet et m'entend dire que l'on a mal recopié un de mes prénoms, sur la police d'assurance, les deux toupies du guichet ne veulent pas me donner rendez-vous avec l'urologue, et me reprochent en plus de ne pas avoir vérifié, alors que c'est ma voisine qui s'en est occupée pendant que je me tordais de douleur aux urgences. Il faut aller refaire ça au guichet Ingostrakh, au guichet, personne. Mais un numéro de téléphone. On me laisse le choix entre attendre 40 minutes ou traverser la cour pour aller au siège de l'assurance. 

Rassemblant mes dernières forces, je rallie l'endroit où l'on commence à m'envoyer d'un côté, de l'autre et à un guichet aussi vide que le précédent. La, je pique une crise de nerfs. "Asseyez-vous, on va venir." 

Arrive une bonne femme qui me reproche de ne pas avoir vérifié car en ce qui concerne leurs propres conneries, c'est le "facteur humain". "Je ne suis pas une assureuse professionnelle, lui dis-je, je suis une malade qui ne tient plus debout." Elle refait le papier et me demande de vérifier, je vérifie les nom et prénoms puisque tout le reste était correct, et quand j'arrive au premier guichet, après avoir parlemente 10 mn, les deux toupies me disent que le numéro de passeport est inexact. 

Je repars au second guichet, au fond de la salle, le premier qui était vide. Il l'est toujours. Je rappelle. Réponse: j'arrive dans dix minutes. Mais il y a déjà des gens devant moi. 

Quand la créature apparaît, je vois que ce n'est pas la même. Elle passe une demie heure sur son ordi et appelle sa collègue qui va au premier guichet avec moi. Encore une demie heures de palabres. Mon numéro de passeport n'entre pas dans les cases. Finalement tout s'arrange, mais encore un quart d'heure pour me donner rendez-vous l'après midi car l'urologue n'était pas là le matin. 

Épuisée, je suis allée attendre Gilles. Il m'avait amené Rita, qui de saisissement ne m'a pas donné le concert auquel je m'attendais mais m'a fait un lavage de museau éperdu. 

Après un vague repas et une douche, je suis revenue crevée et en essayant de me garer, je me suis payé un poteau. Fort heureusement, la Logan est une voiture hypersolide, aucune trace de l'événement. Le médecin a eu pitié de moi et à pris sur lui d'appeler Iaroslavl. La où c'est gratuit, l'appareil a ultrasons est hors service jusqu'en janvier. Celui qui marche n'est pas gratuit, mais tant pis. Pour que l'opération soit réalisée, il me faut aller en consultation à Iaroslavl lundi, fixer le jour, et revenir ma faire hospitaliser deux jours, car c'est sous anesthésie quand même. 

Enfin de retour chez moi, cela sentait tellement le fauve et c'était tellement degueu que je n'ai pas pu éviter un ménage minimum, la jeune femme qui m'aide ne pouvant pas venir aujourd'hui. Et après une telle journée, je me retrouve étendue chez moi dans un état pire qu'il y a trois jours. Je prie le ciel de ne pas avoir d'autre crise avant Iaroslavl.... On dirait que la fonction de la polyclinique est de saboter le boulot de l'hopital. Je gis sur mon lit comme une crêpe. 

Mon lien du jour

https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/09/30/suite-et-fin-de-la-conference-dernst-wolff-2-2-le-coup-detat-du-systeme-financier-numerique/

jeudi 30 septembre 2021

Dernière journée.

 


Aux dernières nouvelles, j'ai un caillou engagé dans l'urètre et il me faudra aller à Iaroslavl pour faire pulvériser tout cela aux ultrasons ou qu'à Dieu ne plaise, opérer. La deuxième hypothèse me terrorise bien qu'elle soit moins probable que la première, parce que cela signifie encore 10 jours à l'hosto la bas, avec toutes les emmerdes qui en decoulent.

Je vis donc ma dernière journée ici avec une certaine angoisse et une céphalée tenace. J'ai eu presque tout le temps mal à la tête, dans cet hôpital.

En tous cas, je n'aurai plus à avaler de bouillies, car le régime était une préparation à l'urographie.

Dany ne semble plus voir aucun problème à la surveillance électronique qui s'installe à Moscou, ce sont les occidentaux et en particulier les Français qui en font un mauvais usage. Je ne sais pas, je n'ai personnellement pas envie de vivre en Chine universelle. Une correspondante américaine était étonnée par ce que je lui racontais sur la France, car la bas, ils n'en savent rien, évidemment. Nous tenir tous dans l'ignorance de ce qui se passe chez les autres est bien le signe d'une presse totalitaire. Ma correspondante Kathy me disait qu'elle avait envisagé avec son fils d'aller dans un autre pays mais que du coup, elle se demandait si ce n'était pas partout pareil. Je lui ai répondu qu'en Russie, pour l'instant, ce n'était pas le cas, et que pas mal d'occidentaux commençaient à venir, mais que je ne pouvais pas garantir que cela reste comme cela. J'ai eu tout à coup la vision globale de tous ceux qui comme moi ont senti venir le vent et commencent à courir le monde, qui va en Pologne ou en Hongrie, qui en Biélorussie, qui ici en Russie, pour avoir la paix, élever normalement ses enfants et échapper à la toile  transnationale de cette araignée oligarchique qui veut notre bien, nous guette et nous cherche. Je pense que Valérie Bugault a admirablement défini la situation dans cette vidéo.



C'est pourquoi, et je réponds ainsi à certains de mes proches, je me fous totalement de Zemmour, le sauveur qu'on nous présente à grand tapage. S'il devait vraiment nous sauver, on en parlerait moins.

J'ai lu aussi cet article sur Keanu Reeves, converti a l'orthodoxie:

https://www.medias-presse.info/lacteur-keanu-reeves-dit-prier-pour-que-nos-enfants-ne-soient-pas-instruits-et-guides-par-la-propagande-polluee-que-la-mafia-big-tech-essaie-de-nous-vendre/147068/ 

Il y a quand même chez les peoples des gens lucides.... 

mercredi 29 septembre 2021

La quille

 



La bouillie de sarazin passée à la moulinette, je ne peux plus la sentir. Hier, j'en ai mangé 4  cuillères aujourd'hui à peine deux. J'ai eu ce matin la visite d'un prêtre, qui aurait peut-être un prof de russe francophone pour Nil. Puis je suis partie à l'urographie, c'est au rez-de-chaussée et ça caille la bas. On m'a fait deux ou trois clichés et l'on m'a réexpédiée au troisième pour me faire injecter un produit opacifiant, je crois. Et retour au rez-de-chaussée.

Gilles m'a envoyée une photo de Rita au café. Elle semble contente. Mais aujourd'hui elle est restée seule et a poussé les hauts cris quand Ania est venue la nourrir...

Mon amie Dany va visiblement mieux et j'en suis ravie, je la trouve même plutôt pugnace, sur Facebook. Outre me chanter les louanges de l'équipe soignante, elle me dit que l'usine a covid ou elle gît est quasiment vide et que l'on ment sur les statistiques russes. Je n'en doute pas une minute, je crois qu'on n'a jamais aussi largement menti, en fait, la presse a été inventée pour nous raconter des salades.

Outre que je suis bloquée sur Facebook et que ma page vkontakte est aussi gelée pour d'autres raisons, internet marche ici très mal. Le désœuvrement commence à me monter au cerveau. Je suis mal allongée, je suis mal assise, j'ai des crampes partout. J'ai terminé mon rideau au crochet... Mais voilà que le grand ponte, juste à ce moment critique,  vient nous annoncer qu'il nous lâchait toutes vendredi. Il était temps...

J'ai encore de petites douleurs mais je me rends compte que je les avais déjà plusieurs fois ressenties et attribuées à tout autre chose. Si j'ai bien compris, le traitement, c'est les gouttes vertes que je prends depuis plusieurs jours, un concentré huileux de plusieurs plantes. 

lundi 27 septembre 2021

Collectivité....

 Avoir une tablette sous la main, même une merdique, c'est précieux, surtout avec une paire d'écouteurs. J'arrive un peu à m'isoler. Je mets de la musique sur YouTube ou le psautier lu par les moines de Valaam. Ça c'est la grande évasion. Et je fais du crochet, des vitrages pour me protéger des voisins qui, lorsqu'ils sont sur leur terrasse, me donnent l'impression d'être une grenouille exotique dans un vivarium.

La jeune femme récemment arrivée est très gentille mais elle écoute des machins bruyants qui m'emmerdent. Il y a les nouvelles de l'autre malade, que je n'ai pas envie d'entendre. Et Alevtina qui se conduit comme un vieil enfant incapable de s'occuper, c'est-à-dire que la seule chose qui l'occupe, à part dormir, c'est de parler tout le temps et outre qu'elle est difficilement compréhensible, elle ne fait que commenter les différentes péripéties de son fonctionnement physique et des malades de tout l'étage, la nécrose de l'un, le gatisme de l'autre. Elle peut venir se pencher sur moi pour regarder ce que j'écoute de mystérieux, sur la planchette, et il ne me reste qu'à laisser tomber momentanément.... Il me semble qu'il provient d'elle en permanence une sorte de bourdon sourd: "bouboubou...."entrecoupé de gloussements de rire. 

Cependant objectivement, elles sont toutes trois très bienveillantes, je fais de mon mieux pour supporter. Parfois nous arrivons aussi à discuter normalement. Cela pourrait être vraiment bien pire. 

Je me sens beaucoup mieux mais les douleurs n'ont pas complètement disparu. Avec mon régime en sus, la bouffe est tellement dégueulasse que je n'ai aucun appétit. Bouillies sinistres, et toujours le même bouillon, aujourd'hui sans sel et à peine tiède. Je n'ai pas pu. Vingt jours sous une benne, aurait dit la grand-mère de ma sœur....

J'ai un examen après demain, de sorte que je ne pourrai pas sortir avant vendredi. On se fait à tout, moi à l'hôpital, ma pauvre Rita à mon absence. Gilles est venue la chercher pour l'emmener au café ou elle a été gâtée par tout le monde. Elle a couiné en voyant son sac, que j'avais demandé à Nil de sortir de ma voiture. J'espère qu'elle l'a compris comme la promesse de mon retour. J

Nil s'est déjà fait des amis, et il a rencontré un Italien ébéniste, pourvu d'une femme russe, dont j'ignorais l'existence ici. 

dimanche 26 septembre 2021

Léger mieux

 Je ne sais pas quelle radio écoute m'a voisine de chambre, mais elle est d'une grande agressivité envers Poutine, et d'après ce que j'entends la Russie est au bord de l'insurrection, ce que je n'ai vu nulle part ailleurs, mais je n'ai pas la télé. Je n'ai pas beaucoup d'estime pour les députés de Russie Unie, mais je n'ai pas envie de voir s'installer ici une situation à l'ukrainienne qui introduira la dictature globaliste en voie d'installation partout ailleurs. Je ne me sens pas capable de supporter ces nouvelles et encore moins de les commenter avec mes bonnes femmes. Actuellement, je ne crois pas en grand monde, sur le plan politique. Poutine aurait pu depuis longtemps arrêter cette politique schizophrénique ou ses fonctionnaires font le contraire de ce qu'il prône dans ses discours. Il a laissé s'installer une situation culturelle consternante, avec une télé corruptrice qui rend les gens débiles comme partout ailleurs. Avec des ministres de la culture qui ne font rien pour le patrimoine matériel et immateriel du pays mais en favorisent la destruction et la subversion par la dérision, le cynisme, la vulgarité venues de l'ouest. Il fait une politique extérieure souverainiste, mais laisse mener une politique intérieure mondialiste. J'ai vu une émission de Tsargrad où l'on discutait le sujet et la nécessité d'adopter une position nette. On disait que pour la Covid, par exemple, la Russie avait signé des accords avec l'OMS sous Eltsine, et que cette organisation était entièrement passée entre des mains privées mafieuses, ce qui est la vérité, et qu'il fallait en sortir avant qu'on ne fasse ici ce qui se passe ailleurs. Oui, et alors qu'est-ce qu'on attend ? N'empêche que je ne vois pas trop à quoi pourrait mener dans ce contexte un coup d'état à la Maidan. Ou plutôt je le vois trop bien. De plus ces journalistes de la subversion soit disant persécutée ont une voix et des intonations répugnantes. Mes compagnes de chambre gobent cela comme le vaccin, avec confiance. Une amie vient de me dire au téléphone que Moscou était tout ce qu'il y a de plus calme, bien que saccagée par Sobianine et transformée en ville monde de la globalité transhumaniste covidienne. Qu'est ce que c'est que ces excites qui poussent impunément à l'émeute et nous décrivent une situation qui n'existe pas ? 

Tout cela pendant que les Français s'apprêtent à choisir entre deux leurres, Melanchon et Zemmour, parce que ceux-ci disent à chacune de leurs moitiés antagonistes ce qu'elles ont envie d'entendre, sans s'étonner qu'on leur fasse tout à coup une telle promotion. Je ne voterai pas Zemmour, parce que je me suis laissée convaincre de voter Sarkozy, au dernier moment, par des membres de ma famille qui me brandissaient un discours à la Bernanos, pondu pour lui par je ne sais plus quel litterateur, pour mieux nous enfler. Une semaine plus tard je me mordais les doigts jusqu'au coude d'avoir donné ma voix à ce nabot atlantiste qui nous a remis dans l'OTAN, qui a détruit la Lybie pour complaire à ses maimaitres de l'usure internationale et commis beaucoup d'autres méfaits. Non, on ne me fera plus le coup. Je pense, comme Valérie Bugaut, que le système des partis est complètement vicié, en fait il est vicieux par nature. Il repose sur notre division et notre perversion organisée. Notre hypnose, notre abrutissement, notre dégradation. 

Je constate un mieux, je recommence à râler.... C'est long, le joyeux séjour. 

Gilles, le patron du café, m'a proposé de prendre Rita avec lui pendant la journée dans notre établissement préféré, pour la distraire. Je pense que la prendre tout à fait la perturberait plus que de la laisser chez nous, dans son environnement habituel. J'ai pu observer avec mon chien Joulik que le confier à quelqu'un était beaucoup plus effrayant pour lui que de m'attendre à la maison, au milieu de mes affaires. J'espère que la pauvre petite chienne n'aura pas une crise cardiaque en me voyant reparaître.... 

samedi 25 septembre 2021

Orniere

 Grosse chute de moral hier. J'avais mal à la tête et une impression répugnante de faiblesse et de brouillard. Il y a des moments où notre vie semble tomber dans une ornière. C'est la maladie, l'hôpital où bien la prison. Tout devient étrange et l'on ne sait pas bien comment on fera face à ce milieu qu'on n'a pas choisi et à ces heures interminables. J'ai fait la conversation à Alevtina ou plutôt je l'ai laissée parler car je la comprends très mal. Elle s'ennuyait autant que moi et voulait me montrer par la fenêtre du couloir un monument aux morts de la covid et le square qu'on a créé autour et qu'elle trouve très beau: du bitume, quelques bancs et l'inévitable rangée de thuyas... J'essaie de prier mais je n'y arrive pas bien. 

Il se trouve que j'ai en fin de compte des coliques nephretiques, et ce matin, le médecin m'a dit qu'on me garderait le temps que finit la crise, et ensuite, il me faudrait aller chez un spécialiste pour pulvériser les cailloux au laser ou bien les dissoudre avec un médicament. Je suis rassurée de ne pas devoir me faire opérer et si Dieu le veut, je ne traînerai pas ici trop longtemps. Cette perspective m'a encouragée. Je compte les jours, les heures, les minutes, ma conscience du temps et de la vie se transforme. 

Il m'a ordonné un médicament pour hâter la fin de la crise, Ania doit me l'apporter. Ania tient absolument à me nourrir, alors que de toute façon j'ai un régime et que je n'ai pas faim. Elle assaillie l'hôpital de coups de fil. Elle m'a apporté une petite bouilloire électrique pour le thé, car tout est souvent froid ici, elle a toutes sortes d'attention. Alevtina insiste aussi pour me refiler des bonbons en dépit des instructions médicales.

L'hôpital me fait plutôt bonne impression, en dépit de sa vétusté, le personnel est attentif, les médecins aussi. Je suis soignée gratuitement, le temps qu' il faut. Quand j'avais été opérée dans une clinique de luxe à Moscou, j'avais été quasiment foutue dehors, au bout de trois jours, dans un état affreux, et c'était une collègue et son mari qui m'avaient recueillie... 

La vieille qui ronflait à été remplacée par une femme qui ronfle encore plus. En revanche, sa conversation m'intéresse davantage, car elle porte sur le mauvais œil et les procédés pour s'en garder, les vertus de l'ammanite tue-mouches et les différents miracles auxquels elle a assisté. C'est mieux que nos transformations physiques et les cimetières....

La mère Hypandia, higoumene du monastère de Solan, m'a fait part des vœux de guérison et des prières de sa fraternité, par mon amie Annamaria. 

jeudi 23 septembre 2021

Deuxième jour d'hosto

 La gentille Ania m'a apporté des affaires. On ne l'a pas laissée venir jusqu'à moi. Je l'ai remerciée par téléphone. "Merci à vous d'exister, me répond-elle, nous voulons vous garder !"

Les deux vieilles sont un peu saoulantes, d'autant plus que je ne les comprends pas toujours très bien. Mais elles sont adorables, surtout Alevtina qui se précipite pour aider tout le monde. Et j'aime bien ses yeux bleus, son sourire spontané. Toutes deux parlent santé, famille et cimetière. "J'ai plein de bleus, dit Alevtina en se marrant, je n'ai pourtant plus d'homme à la maison !" Elle a une thrombose.

Une jeune femme est arrivée, enjouée, décontractée, elle a range ses affaires, disparu une demie heure et la voilà qui nous revient endormie sur un brancard, déjà opérée.

Le chirurgien chef qui passe le matin avec son équipe n'a vraiment pas l'air commode. "oui, me disent les deux vieilles, mais dans son service, tout est propre et tout fonctionne." Il paraît que l'hôpital a un nouveau chef, venu de Iaroslavl, qui remet de l'ordre et fait des travaux. C'est une bonne nouvelle...

L'une des vieilles en est à son troisième vaccin. Je les ai entendu dire qu'on exigeait le vaccin pour opérer les gens. Quand je disais qu' on me le ferait le pistolet sur la tempe, ce sera peut-être le cas, si je me tords de douleur au bord de la péritonite...

D'après l'autre vieille, Galina, on ne devrait pas me garder trop longtemps, parce qu'on a besoin de places en chirurgie. Pourtant ce n'est pas surpeuplé. Je vis très mal de me retrouver loin de mes pauvres animaux et de Rita, qui le vit très mal aussi. Je me suis réveillée dans la nuit, et je les cherchais sur le lit.

Bourrée d'antibiotiques, je vais mieux, je ne pouvais rien manger ce matin, mais à midi, j'ai avalé le bouillon et la bouillie....je suis fatiguée et somnolente. 

Il pleut, le ciel est de ce gris uniforme et décourageant qui fait descendre le moral au 36ème dessous. Mais par les fenêtres, on voit seulement des arbres. Nulle lumière n'anime leurs feuillages jaunes, mais ils me fascinent néanmoins par leur mystérieuse mélancolie. Des ramures noires soulignent l'élégant brouillard de quelques bouleaux effeuillés, pareils à de hautes et légères fontaines.