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samedi 25 septembre 2021

Orniere

 Grosse chute de moral hier. J'avais mal à la tête et une impression répugnante de faiblesse et de brouillard. Il y a des moments où notre vie semble tomber dans une ornière. C'est la maladie, l'hôpital où bien la prison. Tout devient étrange et l'on ne sait pas bien comment on fera face à ce milieu qu'on n'a pas choisi et à ces heures interminables. J'ai fait la conversation à Alevtina ou plutôt je l'ai laissée parler car je la comprends très mal. Elle s'ennuyait autant que moi et voulait me montrer par la fenêtre du couloir un monument aux morts de la covid et le square qu'on a créé autour et qu'elle trouve très beau: du bitume, quelques bancs et l'inévitable rangée de thuyas... J'essaie de prier mais je n'y arrive pas bien. 

Il se trouve que j'ai en fin de compte des coliques nephretiques, et ce matin, le médecin m'a dit qu'on me garderait le temps que finit la crise, et ensuite, il me faudrait aller chez un spécialiste pour pulvériser les cailloux au laser ou bien les dissoudre avec un médicament. Je suis rassurée de ne pas devoir me faire opérer et si Dieu le veut, je ne traînerai pas ici trop longtemps. Cette perspective m'a encouragée. Je compte les jours, les heures, les minutes, ma conscience du temps et de la vie se transforme. 

Il m'a ordonné un médicament pour hâter la fin de la crise, Ania doit me l'apporter. Ania tient absolument à me nourrir, alors que de toute façon j'ai un régime et que je n'ai pas faim. Elle assaillie l'hôpital de coups de fil. Elle m'a apporté une petite bouilloire électrique pour le thé, car tout est souvent froid ici, elle a toutes sortes d'attention. Alevtina insiste aussi pour me refiler des bonbons en dépit des instructions médicales.

L'hôpital me fait plutôt bonne impression, en dépit de sa vétusté, le personnel est attentif, les médecins aussi. Je suis soignée gratuitement, le temps qu' il faut. Quand j'avais été opérée dans une clinique de luxe à Moscou, j'avais été quasiment foutue dehors, au bout de trois jours, dans un état affreux, et c'était une collègue et son mari qui m'avaient recueillie... 

La vieille qui ronflait à été remplacée par une femme qui ronfle encore plus. En revanche, sa conversation m'intéresse davantage, car elle porte sur le mauvais œil et les procédés pour s'en garder, les vertus de l'ammanite tue-mouches et les différents miracles auxquels elle a assisté. C'est mieux que nos transformations physiques et les cimetières....

La mère Hypandia, higoumene du monastère de Solan, m'a fait part des vœux de guérison et des prières de sa fraternité, par mon amie Annamaria. 

2 commentaires:

  1. Des coliques néphrétiques ! Aïe ! Cela explique les violentes douleurs. Bon courage à vous ! J'espère que vous serez bientôt rétablie et sortie.
    Durant les deux mois que j'ai passé à l'hôpital de Limoux, j'avais une vue magnifique, c'est sûr que ça aide pour le moral, la contemplation et la prière...

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