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mercredi 5 janvier 2022

Fin du monde

 


LE METROPOLITE LUC A COMMENTE UN FILM HOLLYWOODIEN

Il semble que les auteurs de science-fiction contemporaine sentent intuitivement la vérité des paroles prophétiques de l'apôtre. C'est ce qu'a développé ces jours-ci sur sa chaîne Telegram le métropolite Luc de Zaporojié et de Mélitopol

"Il n'y a pas si longtemps qu'a eu lieu la première du film américain "Ne regardez pas vers le haut". Le metteur en scène Adam Mac Kay co-auteur avec Leonardo di Caprio a su offrir aux spectateurs un film plein d'un sens profond, en dépit du fait qu'il se positionne comme de la science-fiction satirique", a observé monseigneur Luc. 

On aurait pu se moquer des politiciens minables qui ne se préoccupent que de leur rating personnel, des journalistes vénaux pleins d'assurance, qui ont oublié qu'ils étaient mortels, des richards devenus fous, capables d'aimer seulement leur portefeuille, si tout cela n'était pas la vérité de la vie. Ils ne nous donnent pas du tout envie de rire, les simples travailleurs qui ont depuis longtemps oublié Dieu, la foi, la prière, et supposent naïvement que les puissants de ce monde se préoccuppent d'eux et pourront résoudre leurs problèmes. Mais la vérité la plus triste de ce film, c'est qu'une telle dégradation de l'humanité conduira inévitablement à une perdition générale" considère le hiérarque. 

Selon lui, les valeurs mensongères du monde virtuel, la focalisation sur son propre égoïsme et l'autosuffisance illusoire de la civilisation aboutiront d'une manière ou d'une autre à un final mortel. "La raison pour laquelle périra notre planète n'est pas si importante: par l'effet de quelques forces célestes ou bien nous étoufferons-nous dans le magma incandescent de notre propre planète, ce qui est important, c'est que LA TERRE ET TOUTES LES OEUVRES A SA SURFACE BULERONT (2 Pierre 3:10), - poursuit le métropolite Luc. Et semble-t-il, les auteurs de cette science-fiction contemporaine sentent intuitivement la vérité de ces paroles prophétiques de l'apôtre.  

D'après le sujet du film, le seul homme qui n'a pas oublié Dieu est un "marginal et un freak, qui dans tout le chaos de la fin du monde trouve en lui des forces pour la prière et la repentance". 

Comme le pense monseigneur, ce film fait réflechir chacun à SA PROPRE "FIN DU MONDE", "qui on ne sait pourquoi préoccuppe beaucoup moins de gens que notre fin collective". "Et pourtant le résultat de l'une et de l'autre sera le même. Et si nous ne vivons pas jusqu'à la fin du monde, nous sommes sûrs et certains de vivre jusqu'à notre propre fin " rappelle-t-il. Mais on ne sait pourquoi, la conscience de l'absurdité de tout ce qu'il a vécu ne vient à l'homme qu'au moment où il reçoit son dernier  et définitif diagnostic qui l'assure de sa mort prochaine. quand changer radicalement l'état de son âme est devenu déjà impossible.

"Nous avons maintenant tout ce qu'il nous faut pour sauver notre âme. Dieu, dans Sa miséricorde, nous donne aussi ce qui est indispensable à la vie, mais quelle réponse lui donnons-nous et comment le remercions-nous? " conclut le métropolite Luc.  

МИТРОПОЛИТ ЛУКА ПРОКОММЕНТИРОВАЛ ГОЛЛИВУДСКИЙ ФИЛЬМ

Похоже, что авторы современной фантастики интуитивно чувствуют истинность пророческих слов апостола. Об этом написал на днях в своём Telegram-канале митрополит Запорожский и Мелитопольский Лука.
«Не так давно состоялась премьера американского фильма "Не смотрите наверх". Режиссёр Адам Маккей в соавторстве с Леонадро Ди Каприо смогли порадовать зрителей кинокартиной, наполненной глубоким смыслом, несмотря на то, что официально она позиционируется как сатирическая фантастика», — отметил владыка Лука.
«Можно было бы и посмяться над ничтожными политиками, которых беспокоит только собственный рейтинг, продажными самоуверенными журналистами, забывшими о своей смертности, обезумевшими богачами, любящими только свои кошельки, если бы всё это не было правдой жизни. Совершенно не вызывают смеха простые рабочие люди, которые давно забыли о Боге, о вере, о молитве, и наивно полагают, что сильные мира сего о них позаботятся и смогут решить все проблемы. Но самая печальная правда этого фильма в том, что такая деградация человечества неминуемо приведёт к всеобщей гибели», — считает архиерей.
По его словам, ложные ценности виртуального мира, зацикленность на собственном эгоизме и мнимая самодостаточность цивилизации так или иначе окончатся смертельным финалом. «Не так важна причина, по которой погибнет наша планета: погибнет ли она из-за каких-то небесных сил или же мы захлебнёмся огненной магмой собственной планеты — важно то, что "ЗЕМЛЯ И ВСЕ ДЕЛА НА НЕЙ СГОРЯТ" (2 Петр. 3:10), — продолжил митрополит Лука. — И похоже, что авторы современной фантастики интуитивно чувствуют истинность этих пророческих слов апостола».
Согласно сюжету фильма, единственным человеком, не забывшем о Боге, был «маргинал и фрик, который во всём хаосе конца света нашёл в себе силы для молитвы и покаяния».
Как считает владыка Лука, этот фильм заставляет каждого задуматься и О ЛИЧНОМ «КОНЦЕ СВЕТА», «который почему-то многих беспокоит намного меньше, чем всеобщий». «А ведь результат и того, и другого будет один и тот же. И если до всеобщего конца света мы, может быть, и не доживём, то до своей собственной смерти доживём гарантировано», — напомнил он. Но почему-то осознание бессмысленности всей прожитой жизни часто к человеку приходит только тогда, когда он получает последний и окончательный диагноз, удостоверяющий его о предстоящей смерти. Тогда, когда радикально изменить состояние своей души уже невозможно.
«У нас ... сейчас есть всё, что нужно для спасения души. Бог по Своей милости дарует нам и всё необходимое для жизни, но чем мы Ему отвечаем за это и как Его за это всё благодарим?» — заключил митрополит Лука.

mardi 4 janvier 2022

Visites du jour de l'an

 


Quand j'étais enfant, mon grand-père et ma grand-mère faisaient à leur entourage des visites pour souhaiter la bonne année. J'ai eu celle de la famille Parédès, dont deux enfants sont passés dans ma classe de maternelle au lycée français. J'aurais tout de suite reconnu Paula, à ma gauche sur la photo, mais pas son frère Olivier, à ma droite. Paula a déjà elle-même un enfant de deux ans...

Nous avons passé un moment gai et chaleureux. Aurore m'a rappelé que Paula s'était cachée pendant une demie heure dans la classe, me plongeant dans la panique. J'ai complètement oublié cet épisode qui aurait dû me marquer. Elle faisait beaucoup de bêtise avec sa copine dont le nom m'échappe, là tout de suite, alors que je m'en souvenais fort bien hier. Cette dernière, un jour qu'à la suite d'une engueulade générale, je m'étais retrouvée devant une classe muette, avait déclaré tout à coup: "Mais pourquoi vous faites cette tête, vous ne voyez pas qu'elle plaisante?"

Tout le monde me dit, même des jeunes, que la covid provoque des trous de mémoire et des difficultés de concentration...

Ils sont venus avec Natacha, le taxi de l'higoumène Boris que je leur avais recommandé.

Ensuite, j'avais rendez-vous au café la Forêt avec une famille très amie avec Marie Gestkoff, qui nous a quittés au printemps dernier. La jeune fille, Sophia, doit à celle-ci son bon niveau de français, et le travail intéressant que cela lui a permis de trouver. Ils étaient très attachés à "Maricha" qui était d'ailleurs très bonne, et nous avons évoqué son côté aventureux, et le voyage que nous avons fait ensemble avec un fou du volant à Tcheboksary pour rencontrer le père Basile Pasquiet. 

J'ai le grand remords de ne pas avoir fait plus d'efforts pour voir Maricha, qui est morte dans une certaine détresse. Elle n'en parlait pas du tout. Je lui avais proposé de la prendre au passage à Pouchkino quand je revenais de Moscou, pour la recevoir quelques jours chez moi, mais elle avait décliné l'offre sous je ne sais plus quel prétexte.

Sophia m'a demandé de corriger sa thèse, c'est une commande. Et de lui dédicacer Yarilo, version française. Elle pourra m'aider à le promouvoir quand il paraîtra en russe. Elle m'a conseillé de fêter mon anniversaire en louant un ancien local professionnel, ce n'est pas très cher, parfois un peu excentré. Car cette année est un jubilé, je vais avoir 70 ans. Je ne peux pas dire que ça m'enchante; d'ailleurs, passer des dizaines m'a toujours fichu le cafard. Mais ici, en Russie, les jubilés, ça se fête. Dans quel état serai-je au prochain? Tout peut arriver. Enfin comme il vaut mieux fêter que se lamenter, allons-y. Mais j'ai l'affreuse impression, parfois, d'avoir peu de temps pour me mettre en conformité avec les impératifs de l'autre monde et prendre congé de celui-ci, auquel je reste attachée, si ingrat soit-il, surtout de nos jours.

Pendant que nous discutions de tout cela, le peintre Pacha me conviait à un concert au pied levé. Puis, comme j'avais refusé, il m'a fait appeler par Nadia, pas très à l'aise.  Mais après avoir passé la journée en mondanités, je n'avais pas du tout la force d'aller en faire encore pendant deux ou trois heures.

Le père de Sophia, Dima, a passé des heures à dépanner Katia, dont le tout-terrain Patriote était en panne de batterie. La seule fois où cela m'est arrivé avec ma Logan, j'avais oublié d'éteindre les phares... J'ai eu autrefois une Lada Niva, à vrai dire pas neuve, et on me disait que si elle était en panne, on pouvait la réparer partout, il y avait toujours les pièces, et un gars capable de s'en occuper. Ce qui est vrai. Le problème, c'est que cela lui arrivait tout le temps. Je salue la gentillesse et la solidarité de Dima.




Marie Gestkoff




J'ai été une fois de plus punie sur Facebook. Huit jours de ban. Pour avoir écrit en commentaire d'un post avec tristesse: "Les Français sont devenus complètement cons".  Eh oui, Facebook, ce n'est pas le café du Commerce; et le café du Commerce est une institution dont la caste des patrons de Facebook veut la peau. Cela dit, cette phrase classique et anodine me semble un prétexte, je pense que la vraie raison est la publication d'une vidéo fort intéressante que déjà mes amis ne parviennent pas à ouvrir dans l'univers enchanté de Montagne de Sucre, mais qu'on trouve sur youtube, dans les archives oubliées de TV 5. Je propose cette pépite à ceux qui ne veulent pas mourir idiots:


C'est court et instructif. Ecoutez le mutant, et ça vaut la peine aussi de regarder sa face rétrécie, dans le genre démon, on est loin de Stavroguine, qui garde un charme slave, quelque chose de charnel et de médiéval. J'aime beaucoup l'entendre parler de "religion", qu'il met sur le même plan que Google et son moteur de recherche, et de "méditation", cette activité "spirituelle", à laquelle se livrent tant de gens sans soupçonner qu'elle peut mener à n'importe quoi. La voilà, la secte à l'oeuvre. D'autant plus implacable que ses élus se croient élus, promis au glorieux destin de surhommes augmentés. A voir celui-ci, je ne sais pas s'il est augmenté, mais je suis certaine qu'il n'a plus grand chose d'humain et que le monde dont il rêve n'est pas le paradis.



samedi 1 janvier 2022

Bon courage

Certains publient qu'au lieu de la bonne année, nous devrions nous souhaiter bonne chance ou bon courage. Ce n'est pas faux...

Je ne suis pas très portée sur la bonne année et ses voeux qui ne veulent pas dire grand chose, sinon qu'on aime bien ceux à qui on les envoie, qu'on leur souhaite le meilleur. 

Je me souviens de l'impression sinistre de folie collective et d'inconscience que m'avaient faite les foules de l'an 2000, persuadées d'aborder l'âge d'or, puisque, cela fait 200 ans qu'on nous le rabâche, le passé est haïssable, nous ne voulons plus rien avoir à faire avec lui, mais les lendemains sont forcément radieux, car le Progrès nous conduit, dans le char de la Démocratie et des Droits de l'Homme. Eh bien, selon l'expression russe, приехали, nous voilà rendus. Assis, masqués, piqués, marqués. Et bientôt complètement spoliés. Et combien de boucs émissaires ont-ils été sacrifiés pour ce résultat? Sans doute pas assez puisque Moloch en réclame encore, en plus de nos enfants.

Cependant, comme le démontre la tragédie antique, l'ubris, l'orgueil démesuré fait commettre des erreurs fatales et irrite les dieux. Je souhaite donc que cette année nous apporte la chute de tous ces minables malfaisants qui se prennent pour des titans et ne sont que de vieux cloportes, et de tous leurs serviteurs zélés. On peut dire que l'humanité toute entière aurait tout à y gagner. Et y trouverait peut-être un sursis qui lui épargnerait le sort de Sodome et Gomorrhe...




Avec Nil, nous avons commandé deux pizzas et débouché une bouteille, et cela m'aurait suffi, mais le peintre Pacha nous a conviés dans la galerie dessous le café. Nil avait déjà assez bu pour trouver notre réveillon un peu miteux, et nous sommes partis à pied, à travers une ville déserte, tandis que du côté du lac résonnaient et fulguraient des feux d'artifice.

A la galerie, il n'y avait pratiquement personne, les gens sont arrivés peu à peu. Trop de mecs bourrés, ou plutôt trop bourrés les mecs, car il n'y en avait pas beaucoup. L'un d'eux s'obstinait, bien qu'il eût depuis longtemps quitté l'adolescence, à faire exploser des pétards, ce qui, dans une cave, fait beaucoup de buit, et terrifiait ma chienne. Apparemment, la philosophie générale, qui me fait d'ordinaire fuir ce genre de manifestations, est qu'un réveillon doit être forcément une beuverie, une grosse bringue, je suis même étonnée de ne pas avoir vu de cotillons et de langues de belles-mères dans un tel contexte.

Nil plaint beaucoup toutes les jeunes femmes seules qu'il voit, et qui sont déjà trop âgées pour lui, cependant, bien qu'elles ne fassent pas du tout leur âge. Il pense que c'est un phénomène russe, je peux témoigner que non, pratiquement toutes les femmes de mon entourage et de ma génération ont ramé des années avant de trouver l'homme de leur vie et ne l'ont quelquefois pas trouvé du tout.

Il trouve que la Russie, c'est Dostoievski, des gens vrais, entre le rire et les larmes. Et aussi que les Russes et les Français sont certes différents, mais complémentaires, c'est exact.


 Bonne année!



jeudi 30 décembre 2021

Givre

 


Katia a voulu descendre la rivière Troubej a ski, mais je n'ai pas suivi, j'ai suivi à pied, et plutôt sur la berge, car la glace n'est pas encore assez solide, et par moments, elle prend l'eau. Le spectacle valait le déplacement, les arbres étaient nappés de givre, leurs branches d'un blanc scintillant au milieu du jour, se doraient avec la venue du soir, et la descente rapide d'un soleil oblique. Je pensais à la fascination que j'éprouvais, enfant, pour le nord et ses fééries, pour la Reine des Neiges. Nous sommes allées jusque à l'embouchure et au lac qui était blanc à perte de vue, sous un dôme rose mystérieux, comme si on avait placé la ville sous un globe d'opaline. 

La veille, nous nous étions lancés avec Nil dans le massif forestier destiné au ski de fond, mais je suis la vraie "théière"; comme on dit ici. Et nous avions rencontré Génia, sa mère et Katia, avec qui nous avons ensuite pris le thé. Nil, qui n'a pas tenu le coup à la pâtisserie, va tenter sa chance chez les balalaikers, à Oulianovsk. En principe, il devrait bien s'entendre avec cette équipe jeune et farfelue, il ne sera sûrement pas très bien payé, mais j'ai confiance, cela peut-être le petit coup de pouce qui change un destin et lui ouvre des perspectives. Oulianovsk est une ville agréable, jeune, vivante. 

Bien décidé à partir, il a pourtant des accès de mal du pays. Quel est l'exilé qui n'en a pas? J'adore la Russie, je ne regrette pas d'être partie, mais souvent, dans cet espace nordique et magique, où j'ai la vie plus intense, plus intéressante et plus libre, où je me suis parfaitement intégrée, où j'ai une maison qui me convient, je ressens, malgré l'habitude, une profonde impression d'étrangeté. 

Cette impression avait atteint son point culminant aux Solovki. Récemment, le photographe Valeri Blizniouk, qui fait des clichés magnifiques du nord et des îles Solovki, a associé cet endroit à la musique d'Arvo Part, qui me captive, m'enchante, mais me déconcerte par sa profonde étrangeté, elle m'évoque l'au delà, l'autre monde, dont les Solovki m'avaient paru le seuil, l'embarcadère...

Je discute aussi beaucoup avec Nadia, je revis à travers mes jeunes amies ma triste jeunesse ou, que l'on soit ou non jolie, on reste seule parce qu'on a manqué le moment où les jeunes gens sont disponibles, pour toutes sortes de raisons, souvent sociales et même idéologiques. Pereslavl n'offre pas beaucoup de possibilités de rencontres, mais finalement, les grandes villes non plus. J'aurais leur âge, j'utiliserais les réseaux sociaux, pas les sites de rencontre, mais les pages où les gens se trouvent sur la base d'intérêts communs, de façon naturelle.

 









Le père Nikita Panassiouk, de Donetsk, dont j'avais traduit l'interview et qui était venu me voir, m'a confectionné une sangle pour mes gousli et une ceinture traditionnelle.





 







Mémorial

saint Hilarion Troitski

 La fermeture de l'association "Mémorial" qui recensait les victimes des répressions communistes fait quelques vagues, et en ce qui me concerne, je ne sais pas trop qu'en penser, car si je suis opposée au révisionnisme communiste, si même il me scandalise, si j'ai trop souvent des interventions courroucées de vieux komsomols qui me demandent de réviser mon histoire, alors qu'eux-mêmes la réécrivent à leur façon, je suis également alertée par l'exploitation politique que font de ces événements des gens d'une russophobie rabique. 

J'ai trouvé cette appréciation de l'historien patriote et souverainiste Félix Razoumovski et je la mets ci-dessous. Elle correspond exactement à mon impression. C'est extrêmement malsain. J'étais inscrite sur un groupe mémoriel, et me suis aperçue qu'il consistait à attribuer les crimes communistes au tempérament russe, barbare depuis la nuit des temps, et cette expérience consistant à transformer par la terreur et la rééducation un peuple de paysans rêveurs en prolétaires parqués dans des cages en béton et en petits bourgeois post-soviétiques ultérieurs, comme le résultat de toute la déplorable histoire russe. Ce qui en passant absout les individus impliqués dans ce processus et permet à leurs descendants libéraux de glapir des calomnies dans la presse occidentale en passant pour des martyrs.

D'un autre côté, j'ai lu et entendu trop de témoignages sur la collectivisation et les martyrs chrétiens pour absoudre cette sinistre aventure. Un de mes correspondants publie en ce moment chaque jour quelque chose sur les nouveaux martyrs de Russie, quelle file interminable, quelle procession, et quels nobles visages, quels regards... C'est toute la Russie telle que je l'ai aimée qui défile sous mes yeux. Comment oublier tout cela, comment cracher sur ces tombes, les fosses communes où se sont abîmés ces gens?

Celui qui me conseille de relire mon histoire, c'est-à-dire la sienne, considère que ces victimes méritaient leur sort parce qu'ils ne soutenaient pas le pouvoir soviétique, c'est aussi ce que m'avait dit un étudiant communiste français, dans les années 70, pour justifier les massacres de la collectivisation, les déportations et les famines: les paysans ne comprennent rien aux révolutions. Moi non plus. Mais en revanche, je comprends et j'aime les paysans. A l'époque concernée, j'aurais fini de la même manière, dans une fosse commune, et pour la même raison. Je me sens donc très solidaire.  


Résultats de traduction

PAYSAGE APRES LA LIQUIDATION DU "MEMORIAL".
Dans l'histoire et la vie russes à ce jour, il existe deux méthodes principales de destruction de notre patrie. Appelons-les ainsi : communistes et libéraux. Les deux directions sont façonnées par les visions du monde, les pratiques sociales et les organisations correspondantes. L'autre jour, par décision de justice, l'un des organismes publics libéraux a été fermé (l'un d'eux). En attendant, les activités des partisans du projet communiste (néo-bolchevique, néo-soviétique - ce que vous préférez) ne rencontrent aucun obstacle ni dans l'espace politique ni dans l'espace informationnel. Une incohérence étrange mais facilement explicable. Cependant, le problème n'est pas dans un biais évident. Le problème, ce sont les coûts dangereux d'un jeu politique et technologique à courte vue. Il est impossible de l'appeler politique, nous avons affaire à une imitation vicieuse. Le thème du génocide vécu par la Russie au XXe siècle, le thème de la mémoire s'est avéré être une monnaie d'échange dans les manipulations immorales d'une conscience publique immature.

Résultats de traductionPAYSAGE APRES LA LIQUIDATION DU "MEMORIAL". Dans l'histoire et la vie russes à ce jour, il existe deux méthodes principales de destruction de notre patrie. Appelons-les ainsi : communistes et libéraux. Les deux directions sont façonnées par les visions du monde, les pratiques sociales et les organisations correspondantes. L'autre jour, par décision de justice, l'un des organismes publics libéraux a été fermé (l'un d'eux). En attendant, les activités des partisans du projet communiste (néo-bolchevique, néo-soviétique - ce que vous préférez) ne rencontrent aucun obstacle ni dans l'espace politique ni dans l'espace informationnel. Une incohérence étrange mais facilement explicable. Cependant, le problème n'est pas un biais évident. Le problème, ce sont les coûts dangereux d'un jeu politique et technologique à courte vue. Il est impossible de l'appeler politique, nous avons affaire à une imitation vicieuse. Thème du génocide vécu par la Russie au XXe siècle, le thème de la mémoire s'est avéré être une monnaie d'échange dans les manipulations immorales d'une conscience publique immature.

lundi 27 décembre 2021

Chansons

 

le monastère saint Nicétas aujourd'hui

Je ne suis pas allée à Moscou, comme je le projetais, pour cause de conditions atmosphériques. Il a beaucoup neigé. Ma voiture s’est plantée dans une congère, c’est le voisin Alexandre qui m’a tirée de là. Du coup, j’ai assisté au concert auquel Pacha Morozov m’invitait avec une insistance déplacée, parce que je n’ai pas l’intention de participer à ce genre de choses de façon systématique. C’était une Assyrienne née à Marseille qui chante le répertoire d’Edith Piaf et de Dalida. Elle ne chante pas mal, mais Edith Piaf est inimitable, et ses chansons valaient surtout par l’interprétation qu’elle en donnait. Chantées par une Assyrienne avec l’accent russe, c’était plutôt bizarre, et elle était intarissable. Cependant, cela m’émouvait, sa petite enfance à Marseille restait pour elle un souvenir enchanté dans la sombre Union soviétique où ses parents, croyant déménager en Russie, étaient allés vivre... Moi-même, dans mon nord lointain, où pourtant je me plais, et cette époque crépusculaire dystopique, j’avais la larme à l’oeil en écoutant tout cela. Je pensais à la mère Mondant, faisant le ménage à l’hôtel et chantant à tue tête « non, rien de rien... » et le bruit de ses claquettes dans l’escalier réveillait tous ceux qui auraient eu l’intention de dormir plus que de raison. Je pensais aux fêtes foraines, à ces années insouciantes, à leur optimisme imbécile, à leur vulgarité joyeuse, et à mes proches qui étaient alors tous en vie.



Je déneige chaque jour, la ville en revanche, ne nettoie que la « trace », la route qui va à Iaroslavl. Je suis sûre qu’à Moscou, les trottoirs sont bordés de congères qui rendent encore plus difficile de trouver une place...

Alors que je déneigeais, la femme de mon sauveur Alexandre est venue me demander si je prendrais un chien de sa chienne. «Pourquoi, on vous les retient déjà tous ?

- Non, non, au contraire, c’est une catastrophe, personne n’en veut ! J’essaie d’en caser un à Nadia pour ses chèvres ; ils sont faits pour ça, ces chiens. Et sinon, il ne me restera plus qu’à les proposer au marché... Ils sont très intelligents, et cette petite chienne dont je vous ai parlé, elle est douce, tranquille, plus petite que les autres, si vous essayez de l’adopter, je vous garantis que je vous la reprendrai si cela se passe mal. »

Les proposer sur Avito, ce n’était déjà pas génial ; ils risquaient de tomber sur n’importe qui, mais alors au marché...encore une portée dont les chiens finiront au mieux attachés dans une cour, au pire jetés au bord d’une route, à la merci des chauffards, des sadiques, affamés, terrifiés. Et il y en a tellement dans le même cas. Je suis pour la stérilisation systématique.

En effet, ce sont des chiens très intelligents, des patous, faits pour garder les moutons dans la montagne. Il se trouve un imbécile d’éleveur pour les proposer à la vente ici, où, au bout d'une chaîne, ils ne garderont jamais rien que des cours pleines de voitures.

Je vais en parler aux malheureux bénévoles de Pereslavl, submergés de chiens, de chats, de chatons et de chiots abandonnés et maltraités... Nous sommes avec nos "frères cadets" si confiants en nous, si décidés à nous aimer quoiqu'il arrive, d'une telle méchanceté, d'une telle vilenie et d'une telle irresponsabilité que je ne sais comment la terre (et le ciel) nous supportent.

A la suite de la covid, je perds mes cheveux, je n’en ai jamais eu aussi peu. Comme j’avais une vraie tignasse, je ne suis pas encore chauve. J’ai décidé de les couper. Le problème est de trouver le coiffeur correspondant à ce pas dangereux. Albert est à Moscou, et les deux dernières fois où je l’ai vu, il avait un peu perdu, sinon la main, du moins l’oeil.

J'ai emmené Nil acheter pour un prix dérisoire un équipement ski de fond, car après le SPA, nous allons tenter l'aventure, avec Katia. Puis je suis allée récupérer mes irremplaçables bottes finlandaises chez le cordonnier et acheter un jeans dans ma boutique à minettes. J'ai attendu des heures qu'une cabine d'essayage ne se libérât, une famille orientale occupait tout le magasin et essayait tout, sans rien acheter. J'ai eu de la chance, le premier jeans dans lequel je me suis glissée était le bon.

Antipresse propose un article sur la Russie qui n’est pas encourageant. Il est écrit par un américain venu trouver asile dans l'arche russe, et plutôt inquiet de voir qu'elle prend l'eau. Il fait une observation qui recoupe les témoignages que j'ai cités il n'y a pas très longtemps et aussi le mien:

Cela ne veut pas dire que les gens ne sont pas tombés gravement malades. Moscou a connu un pic inquiétant d’hospitalisations liées au Covid en juin et début juillet. Mais comme le département de la santé de la ville l’a discrètement reconnu, l’augmentation du nombre de lits occupés en excès était en grande partie due à des infections nosocomiales — des patients hospitalisés pour d’autres raisons qui ont ensuite été testés positifs au coronavirus. En réalité, le service Covid le plus connu de Moscou était autrefois décrit comme un foyer de surinfections à transmission hospitalière. Denis Protsenko, qui supervise la «zone rouge» de l’hôpital Kommunarka de Moscou, a reconnu à l’automne 2020 qu’un très grand nombre de décès dus au «Covid» étaient en fait causés par une septicémie résultant d’infections transmises par l’hôpital.

Il établit aussi de façon très claire les collusions entre les personnages impliqués dans la promotion active des mesures covid répressives et de la vaccination forcée avec l'OMS et le Big Pharma américain, ce qui fait penser à un coup d'état sournois. Mais apparemment, Poutine ne s'oppose pas à ce qui se passe, et même mes cosaques en sont désenchantés. Cela dit, je compte toujours sur la résistance des Russes, et sur l'immense bordel de leur administration, ainsi que sur sa corruption qui a parfois des effets contraires à ceux qu'on pourrait attendre. Et cela d'autant plus qu'à l'ouest, dans l'asile de fous que sont devenus nos pays, il est quand même de plus en plus difficile de masquer la nudité des rois, même si les gens sont particulièrement aveugles.

J'ai vu aussi que le patriarche Cyrille condamnait avec prudence les QR codes et la discrimination introduite par cet outil de marquage et d'oppression absolument scandaleux. Cela compense un peu les déclarations du métropolite Hilarion...

https://www.facebook.com/gamaris.gamaris.16/posts/1164656024344009?__cft__[0]=AZWx7OMv2va05z_EGOoN9Em968MImuuLsyLYDjpnohYMlF4UTuQPiPu6EDa8U54v2Bw2aSEqyxTeBevCteGvJtaZxOeW0t88lG94GsJm_99JD09lDaD6PV7jZ5ExujJob3E&__tn__=%2CO*F

jeudi 23 décembre 2021

Le musée d'art populaire de Rostov


Le milieu que je préfère, ici, ce sont les cosaques et Benjamin. Je suis allée les voir ce soir, le problème est qu’oncle Slava est terriblement bavard. On n’en sort plus. Mais il est pur et touchant, ils sont tous comme cela, et, avec une certaine naïveté, comprennent mieux que bien des intellectuels distingués les problèmes de notre époque. Et ils cherchent, à leur niveau, à y remédier, en donnant un environnement viril et des jeux virils valorisants et exigeants à des gosses élevés sans père, comme c'est souvent malheureusement le cas. Une jeune femme était venue se joindre à nous, Alessia, elle est très jolie et très idéaliste, dans le genre orthodoxe. Sa vue des choses correspond à celle des cosaques, puisqu’elle cherche à « sauver » les jeunes, ou plus modestement, certains jeunes. Ce qui complique la tâche, en plus de l’influence délétère de la télé, de la mode, des jeux vidéos, d’internet, de la musique de merde où ils baignent dès l’enfance, de l’absence de foi et d’image paternelle positive, c’est que l’école les surcharge de boulot à tel point qu’ils ne peuvent plus ni jouer ni se cultiver, ni se développer parallèlement. Et au final, elle ne leur donne pas la formation solide qu’elle donnait autrefois, quand ils pouvaient encore avoir du temps libre pour se rencontrer, lire, faire du sport ou jouer d’un instrument. Ce n’est sûrement pas un hasard, et accompagne l’abutissement général, le dressage d’esclaves obéissants et décervelés pour le Moloch qu’on nous installe partout.

Veniamine était venu avec son fils. Il a dix-sept ans, il l’a eu de sa première femme, celle qui n’a pas voulu revenir à Pereslavl quand il est allé s’y installer. Veniamine a 47 ans et ne les fait vraiment pas. Son fils est presque aussi grand que lui, et je l’ai trouvé très beau, très typé russe, avec des yeux et un regard extarordinaires, fascinants, sous des sourcils effilés. Je me demande si son caractère correspond à ce physique inhabituel.

Aujourd'hui, j'ai enfin réussi à visiter avec Nil le musée d'art populaire de Rostov. Le père Alexandre et Anastassia, qui dirige l'endroit, nous avaient ouvert la porte. Un blogueur local y faisait un reportage et interviewait l'antiquaire dont tous les objets exposés étaient une partie de la collection. Cet antiquaire nous a ensuite tout expliqué avec passion, et j'étais éblouie par la richesse et la beauté de ce qu'il avait rassemblé. Il me paraît évident que des gens grandis au sein de pareils objets quotidiens ne pouvaient qu'être considérablement plus évolués, nobles, dignes et humains que leurs descendants élevés dans le béton, avec des jouets, des meubles, des vêtements hideux.

Je retrouvais le lien que m'avait établi Olga Silina à Ferapontovo entre l'art populaire et l'art abstrait, ce goût pour les signes symboliques, qui sont une autre forme d'écriture. Le collectionneur établissait un parallèle entre Matisse et une porte décorée sur fond bleu de toute beauté. Les motifs de cette porte ont été repris pour imprimer un foulard souvenir dont j'ai acheté un exemplaire, tant je le trouvais réussi. Nil trouve extrêmement moderne et stylées les coupes des vêtements russes traditionnels, et les associations de couleurs. Et en effet, tout cela a inspiré de grands couturiers, comme Yves Saint-Laurent, et aussi tout le mouvement décoratif russe de la fin du XIX° et du début du XX¨siècle, extrêmement poétique et raffiné.


A travers les explications de notre antiquaire ressuscitait un monde paysan magnifique, plein de fantaisie, d'imagination et de savoir-vivre. Certaines des belles quenouilles exposées étaient par endroits dorées à la feuille, ce qui recoupait à mes yeux le témoignage d'un voyageur croate du XVII° siècle, évoquant la "richesse absurde" du costume russe, où même dans le peuple, on utilisait à profusion les fils d'or. De grands récipients décorés servaient, au cours des fêtes paysannes, à contenir hydromel, bière ou kvas, et l'on y puisait au cours des repas. Il nous a montré des moules ravissants, en formes de lions fabuleux, on les remplissait de gelée avec des baies, et on les démoulait sur une assiette. Des moules à pains d'épices, d'une grande finesse. L'un d'eux, présentant des motifs quadrillés, était destiné à distribuer aux invités un carré à chacun, lorsque les hôtes estimaient qu'il était temps de rentrer chez soi, de mettre fin aux réjouissances. Les battoirs à linge étaient, comme le reste, magnifiquement décorés. "Sous l'Union Soviétique, nous dit l'antiquaire Alexandre, on ne montrait pas ces choses-là. Parce que si on les avait montrées, la légende des paysans misérables et grossiers qui vivaient dans des huttes aurait été compromise. Pour faire de telles merveilles, il fallait en avoir le temps et l'envie. Et pour utiliser de la feuille d'or, il fallait avoir les moyens de la payer."


battoirs à linge

Il y a longtemps que, m'intéressant à tout cela, j'ai tiré les mêmes conclusions. Il m'arrive d'ailleurs de lire des commentaires incrédules: "Il n'est pas possible que des paysans aient pu porter de tels costumes!" Mais si, justement. Je suis persuadée que l'ignorance actuelle, le mépris de tout ce qui est antérieur à 1917, est le produit de ce lavage de cerveau et de la dissimulation de ces objets et de ces vêtements, de ces chansons, de ces instruments, de leur dénaturation dans la parodie de mauvais goût.   

coffres

paroi décorée qui séparait la cuisine du reste de la pièce à vivre

 
porte


A l'issue de la visite, l'antiquaire nous a fait goûter à sa liqueur de cassis et à sa liqueur de canneberges. C'était notre apéritif russe, car nous sommes ensuite allés déjeuner au restaurant en face. Puis le père Alexandre nous a emmenés au monastère Spasso-Iakovlevski, découvrir des fresques du XVII ° siècle qu'on ne voit ordinairement pas, et qui sont en voie de restauration. L'église a été flanquée d'une partie supplémentaire au XIX° siècle, l'on ne voit pas, de l'extérieur, qu'elle est aussi ancienne, et les fresques en sont traditionnelles.
Il nous a ensuite fait monter sous le dôme de l'église voisine pour avoir une belle vue sur la ville, je m'étais juré de ne pas les suivre, et j'aurais dû en rester là, car descendre un escalier accidenté interminable est devenu pour moi une véritable épreuve. 
Le père Alexandre est charmant, très cultivé, très francophile, et croit malgré tout possible de sauver l'essentiel de l'esprit russe, tel que nous l'aimons à travers ce qu'il a laissé de si beau, et que trop de contemporains méprisent et détruisent.