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mercredi 23 février 2022

Les vagues du fleuve Amour

 Une corde de mes gousli avait pété et je n'avais rien pour la remplacer, je n'arrivais pas à accorder ma vielle, et j'ai failli ne pas aller à la réunion hebdomadaire des cosaques, mais j'ai pensé que je ne pouvais pas la manquer le jour des défenseurs de la patrie. Je m'y suis donc rendue avec un gâteau qu'on avait apporté à mon anniversaire, et avec un tambourin, pour participer aux leçons de rythme bien utiles de l'oncle Aliocha. 

L'oncle Slava, l'accordéoniste, faisait, quand je suis arrivée, un discours patriotique, il évoquait son passé militaire, il avait d'ailleurs sorti toutes ses médailles, et parlait de la joie qu'il avait à vivre, de son bonheur conjugual et familial. Puis nous avons fait tous ensemble résonner les tambours, et je sentais le pouvoir énergisant et bénéfique de ces rythmes qui sont ceux de l'existence. Le petit Maxime les capte particulièrement bien. 

Les enfants ont récité des vers patriotiques. Les jeunes filles ont chanté une chanson sur le Donbass, d'Anna Slavianskaïa, très belle et composée sur place. Toutes les chansons de la dernière guerre y sont passées. Plus les hits cosaques sur le sujet. Un participant, Oleg, nous a parlé d'Alexandre Nevski, lequel, à 19 ans, alors qu'il voulait attaquer l'ennemi par surprise et n'avait pas le temps de mobiliser toute la principauté de Novgorod et d'obtenir des troupes suffisantes, avait prié toute la nuit, et déclaré en sortant de l'église: "Dieu n'est pas dans dans la force mais dans le droit".

Le même a récité un poème sur des jeunes filles héroïques de la dernière guerre, avec d'ailleurs beaucoup de talent, de naturel et de sentiment. 

Un jeune garçon a joué à l'accordéon une marche militaire nostalgique "les vagues du fleuve Amour". Les marches russes sont très belles et toutes teintées, comme les chansons de la guerre, du pressentiment de la mort acceptée, de la tristesse de la séparation d'avec les familles, de compassion envers les camarades tombés, elles n'ont pas un caractère tonitruant et conquérant, du moins celles qui sont entrées profondément dans la tradition populaire.

Puis nous avons pris le thé et mangé les victuailles et friandises apportées par les uns et les autres. Les jeunes filles et les enfants se sont montrés particulièrement gentils et caressants à mon égard, j'avais l'impression d'être en famille.

L'oncle Slava, qui me disait que Poutine l'avait déçu et qu'il se conduisait comme une chiffe molle, nous a déclaré qu'il resterait dans l'histoire, pour la Crimée, et pour le Donbass. Et en effet, moi qui commençais à penser la même chose que lui, je ne peux que m'incliner.

Ce matin, j'apprenais que l'aviation russe avait détruit tous les aéroports militaires ukrainiens. Les bombardements sur le Donbass, qui durent depuis huit ans, prennent automatiquement fin.

 



Le jour des défenseurs de la patrie...

 Mon plombier arrivant avec le chauffeau qu'il va m'installer n'avait même pas posé l'engin au sol qu'il me parlait déjà, le bonnet de travers, avec un léger essoufflement d'enthousiasme, du Donbass, de Poutine qui allait délivrer toute la rive est du Dniepr, des troupes qui se mobilisaient, des Ukrainiens de Pereslavl qui pavoisaient, de la bringue qu'il allait faire le soir pour fêter le "jour des défenseurs de la patrie", affirmant que Dieu faisait toujours bien les choses. De ce que j'ai vu de Kourmych, près de Nijni Novgorod, de la région des cosaques du Don, et même de Vologda, il n'est sûrement pas le seul à réagir ainsi. A priori, et malgré les glapissements des prestituées, la mobilisation intérieure est sûrement beaucoup plus grande ici que dans l'Eurunion tolérante et fréquentable. Il me vient même à l'esprit que la province russe est une sorte d'énorme Donbass, dont la crème moscovite n'est pas très représentative.

Parallèlement, les libéraux pousssent des cris d'orfraie, les gens du Donbass, ils s'en fichent, tout ce Donbass n'étant qu'une sinistre populace post-soviétique fumée au charbon des mines, alors qu'eux n'est-ce pas, flirtent avec les valeurs parfumées de l'occident civilisé qui a mis l'est de l'Ukraine à la merci de bataillons punitifs sadiques, et l'Ukraine dans un gouffre économique abyssal. C'est fou ce qu'ils me rappellent les bobos parisiens, mais c'est en effet, tous ces intellectuels de broussaille, la cour internationale de la caste, de tous ceux qui méprisent les "populistes", autrement dit le peuple.

Or c'est le peuple qui "pue des pieds", comme l'a dit je ne sais plus quel intellectuel de chez nous, qui se prend des bombes sur la figure depuis huit ans, ses enfants qui vivent dans des caves, ses grands-mères que visent les snipers ukrainiens pour se distraire, quand elles descendent chercher des carottes au potager. C'est le peuple aussi que Justin Trudeau, convulsé de haine, de trouille et de mépris, veut acculer à la misère, pour le faire céder, en l'accusant de péchés imaginaires. Le peuple que Macron éborgnait, défigurait et mutilait par milices punitives interposées. 

Bon, du coup, peut-être serons-nous débarrassés de l'opération covid, particulièrement fourbe, vile et nauséabonde. Peut-être que l'abcès va crever, et que son pus emportera les responsables de son apparition dans les enfers qui les attendent avec impatience, certains vieux crapauds ont déjà assez nui à leurs semblables. Il serait par trop affreux qu'ils réalisassent à coups de transplantions d'organes trafiqués leur rêve infernal d'immortalité transhumaniste...


Je suggère de regarder ce film admirable, on peut activer les sous-titres français, que j'avais corrigés à la demande de la réalisatrice:



Et puis ces deux vidéos qui expliquent bien la situation telle qu'elle est:




mardi 22 février 2022

Fête

 Dernier acte de mon anniversaire, cette fois à Moscou. J'avais loué un loft à Moscou, un endroit très agréable, et cela m'a coûté un peu cher, mais je ne sais pas dans quel état je serai pour le prochain jubilé! Je me suis fait la réflexion que j'avais vécu, sur mes soixante dix ans, plus de vingt ans en Russie, ce qui n'est pas peu...

Quoiqu'il arrive par la suite, je ne le regrette pas, car nous avons tous vécu un grand moment de chaleur, de bonheur, d'amitié, au sein de la tourmente, entre le coronacircus et les délires de l'OTAN et de sa misérable presse. Liéna, la fille du père Valentin, m'a admirablement et efficacement aidée, sans elle, je ne crois pas que je serais arrivée à gérer l'événement! Les invités ont été très généreux, en cadeaux, fleurs, victuailles et boissons, de sorte que la fête a vraiment été notre création commune. J'ai fourni le lieu, ils ont fourni le reste. Nous avons chanté, et nous rayonnions tous ensemble, selon ce phénomène d'amour en miroir qui m'a toujours séduite en Russie, où les gens réflechissent en la décuplant l'affection qu'on leur porte, de sorte que les réunions, pour peu que s'y ajoutent les chants et les danses, les récitations de vers et les compliments réciproques, deviennent des bains réconfortants de chaleur humaine et une recharge d'énergie positive. Je me suis rendu compte après que c'était un peu ce que je décris, quand je montre l'Anglais de mon roman Yarilo séduit par l'ambiance du banquet où le tsar l'a convié, et par la mystérieuse harmonie qui se crée entre des gens pourtant, à la différence de mes invités, cruels, brutaux et souvent ennemis les uns des autres! Qui plus est, le père Valéri, en me remerciant de ce moment, m'a dit que je mettais de la beauté dans tout ce que je touchais, or c'est précisément ce que dit le tsar de son favori Fedka pour expliquer son attachement envers lui! Il y comme cela des correspondances étranges! 

Le père Valentin a déclaré que contrairement à beaucoup d'orthodoxes occidentaux qui viennent à l'orthodoxie par les religions orientales ou la quête des origines du christianisme, j'étais passée par la Russie, que j'avais été convertie par le christianisme russe. Avec le père Valéri et le père Dmitri, il était enchanté par les chants traditionnels avec Skountsev, Marina, Kolia Trifilov et moi-même. Mon amie Olga, venue avec son fils Kecha, la femme de celui-ci et leur petit garçon, a écouté avec une profonde émotion la chanson que j'avais composée à la mémoire de ma mère, car elle l'a connue, et la revoyait "avec ses fleurs, ses chats et ses chiens"...

J'avais demandé qu'on en m'apportât ni fleurs ni cadeaux, seulement de quoi boire et manger, l'important étant de faire la fête ensemble, mais j'ai eu tout, des tonnes de bouquets, des livres, des tableaux, des icônes, et le père Valentin m'a offert un carnet de feuilles d'or pour mes icônes. J'ai remarqué que les fleuristes moscovites avaient fait beaucoup de progrès depuis l'époque où j'achetais des fleurs là bas, les bouquets sont raffinés, les roses ont des teintes merveilleuses, inhabituelles, symbolistes.

Quand Rita en a marre des mondanités, elle va dans son sac, me regarde d'un air lamentable, et parfois elle aboie pour me démontrer qu'il est temps de partir! 

La fête a été filmée par certains de mes amis:

https://www.facebook.com/laurence.guillon.10/posts/10224461513999117?__cft__[0]=AZXEQIlGZKbsVXeCcIAPimO4aEqVn3PAdbfymNYPXzz9QrUM-3_xtoxvqsMPohWgpjJE947VBcYXn5UMiY1wkQ6hCWNiOWAqyev6OTGCxoJZ7AqSqkZE6yK4g9XhRd30EDlrW_jHKHwiZpZhtVbnN386-bi9xbOIQGuDwQ7-IWYE5g&__tn__=%2CO%2CP-R

https://www.facebook.com/laurence.guillon.10/posts/10224462787830962?__cft__[0]=AZWdS_Wcl1oeWp-3JLdnCQJoBnL3pbKHPkQAag2utcFzyC5FSwykCaC6xUPasAIo-t8EP3ahgIG2TzViu9kO9_Q9KWhRf1Y-JM_VVlMpb-Q7uwFUZoBNYAUBPIwpjgRZuA5bOeZB3B0ImPZiAWaiXX6tMkojDb8NJR61xvWB9FKHcg&__tn__=%2CO%2CP-R

Au retour, je me suis rendue dans le sous-sol du café la Forêt, où avait lieu une exposition de groupe à laquelle je participais. Il y avait là d'excellents peintres de Pereslavl, et un musicien de talent qui nous a donné un concert de luth, et aussi de romances russes anciennes accompagnées à la guitare. Le monde est petit, c'est un ami de Skountsev. Il était simple, modeste, il avait une bonne bouille. J'ai trouvé que l'événement avait été bien préparé, que tout avait de la classe, Gilles va sûrement réussir à faire de ce sous-sol un vrai lieu culturel. J'ai retrouvé sur place Katia et Nadia, et une jeune femme que je viens de rencontrer, qui parle français et s'ennuie un peu dans le village où elle a fui Moscou, avec son mari et sa petite fille. 




Le Donbass, reconnu par la Russie, exulte, la presse occidentale se répand en déclarations théâtrales et fausses, en inversions accusatoires éhontées. Sur Facebook, je vois écumer les imbéciles, je me suis fait traiter de tous les noms par des libéraux "russes" hystériques et je leur ai bien rendu. Mais ce qui compte pour moi, c'est la joie des gens du Donbass, victimes d'une telle oppression, d'une telle injustice, ignorés et calomniés jusque dans les rangs des "Russes", de ceux qui devraient les défendre et crachent sur "ce pays" et sa "populace"...  Les gens qui sont sur place savent bien d'où leur est venu le malheur et d'où leur vient le salut.


 



samedi 19 février 2022

Sentimentalité petite bourgeoise

 On a commencé l'évacuation du Donbass. Les forces ukrainiennes se déchainent, avec les mercenaires américains, contre cette région martyrisée, otage de la mafia qui s'est emparée de ce pays pour son plus grand malheur. Je suis heureuse d'être ici, de ne pas être du côté des vassaux de l'OTAN qui ont bombardé la Yougoslavie, ruiné l'Irak et la Syrie, détruit la Libye, qui partout sèment la discorde et le meurtre avec une rare fourberie. J'espère que Poutine a une idée derrière la tête en mettant cette population à l'abri, et qu'il jouera fin en face des psychopathes qui détiennent l'occident. Car on peut penser ce qu'on veut de ce qui se passe en Russie, où tout n'est pas rose, du moins Poutine, lui, n'est pas fou, et il est intelligent, ce que je ne dirais pas des marionnettes suffisantes placées par des dingos transhumanistes milliardaires à la tête de nos pays. 

Je dis "détiennent" parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. Il n'y a qu'à regarder ce que fait Trudeau, avec sa tête de félon idéal, de la population canadienne, et c'est ce qui nous attend tous. Les masques tombent, enfin les leurs; car les nôtres, les muselières qu'ils nous ont infligées, restent encore trop souvent en place. J'ai regardé la vidéo d'un policier canadien honnête scandalisé par ce qui se passe, scandalisé est un mot faible, traumatisé. Il en appelle à la conscience de ses collègues, mais ceux qui servent Trudeau et Macron n'ont forcément pas de conscience, ils ne savent pas ce que c'est. Sinon, ils ne les serviraient pas, ils ne tabasseraient pas d'honnêtes gens avec une rare sauvagerie, ils n'arracheraient pas des enfants à leurs parents, ils ne gazeraient pas de vieux, ils n'éborgneraient pas de jeunes filles. J'ai le coeur serré de voir des gens normaux tout à coup confrontés à quelque chose qui dépasse leur entendement par son caractère démoniaque et pernicieux.

Il me paraît évident que des dirigeants capables d'ordonner cela, de ruiner et de détruire leurs propres peuples, en répétant des incantations absurdes déstinées aux imbéciles qui leur permettent de rester encore en place, le sont tout à fait d'exterminer une population dans le silence total de leurs médias, ou d'utiliser un virus étrange et son médicament expérimental obligatoire pour faire périr un grand nombre d'entre nous et asservir les autres. Si quelqu'un se croit encore en démocratie, qu'il arrête la dope télévisuelle. 

Ce qui me frappe aussi, chez le policier traumatisé, c'est son discours, bien différent de la rhétorique haineuse du révolutionnaire professionnel, telle que je l'entends débiter par des générations d'imbéciles depuis que je suis arrivée en fac, après 68. Il a la larme à l'oeil, une belle gueule virile et franche, il parle vrai, il parle avec son coeur et ses tripes. C'est ce qu'on appelait chez les imbéciles que je viens d'évoquer, de la "sentimentalité petite-bourgeoise", pour discréditer tout ce qui était noble et humain.

Je suis certaine que les Russes et Poutine ne veulent pas la guerre, car d'une part, il n'y ont pas intérêt et d'autre part, depuis les années 90, j'observe comment des semeurs de discorde ont tout fait pour dresser l'Ukraine contre la Russie, sans d'ailleurs y arriver aussi bien que souhaité. Certes, une partie de la population ukrainienne, essentiellement la partie occidentale uniate, règle les comptes de la dernière guerre, soutenue en cela par la diaspora banderiste du Canada. Mais je pense que la majorité orthodoxe du métropolite Onuphre, persécutée par des agents de la CIA en soutane, avec la bénédiction du patriarche Bartholomée, n'a pas de haine contre la Russie, car la sainte Russie, c'est les trois Russie, la petite, la grande et la blanche, pour lesquelles je prie avec le starets Elie. Ce même starets Elie ne pense pas que la Russie sera avalée par les démons qui ravagent l'occident, même si elle en compte aussi des complices et des exemplaires actifs. Que Dieu nous vienne en aide. Je ne voudrais pas voir s'installer complètement ici ce qu'on impose là bas, dans la vaste contrée de la démocratie et de ses célèbres valeurs.

Le village du père Nikita, près de Donetsk, a été évacué. Mais lui, il est resté, avec ceux qui ne sont pas partis, et avec son église. J'avais traduit un article sur lui, et il était venu un jour me voir ici. Un homme adorable, enthousiaste, sincère, un excellent conteur. Depuis sa visite, le Donbass a pour moi un visage concret, je l'ai rencontré en sa personne. Que Dieu le protège.

Le père Nikita: https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2020/09/lesperance.html#comment-form




mercredi 16 février 2022

Visite annuelle

 

Il m’a fallu comme chaque année aller montrer patte blanche à l’immigration. Le local est sinistre, s’y bousculent des hordes de tadjiks, il y a théoriquement des queues pour des services différents qui sont tous dans le même bureau, tout le monde se bouscule et se marche sur les pieds, c’est le vrai bordel. La fille qui s’occupe de moi est très gentille avec moi, c’est celle qui était venue me voir avec son schpitz Steve, sans aucun résultat, Rita étant peu disposée, et lui peu expérimenté ! La voilà qui tout à coup me dit que je suis signalée comme ayant commis au mois de juillet une infraction au code de la route près de Nijni Novgorod. Sans doute un excès de vitesse du côté de Kourmych, mais ce qui m’étonne un peu, c’est que je suis signalée aussi comme ayant passé une nuit à l’hôtel, ce qui n’a pas été le cas ; l’hôtel, dans ces coins-là, c’était l’année d’avant avec Katia. Des excès de vitesse, comme tout le monde ici, j’en commets assez souvent sans même m’en rendre compte, et je paie gentiment mes amendes peu élevées. Aucun n’était remonté jusqu’au service d’immigration, or il paraît que deux procès verbaux qui remontent dans l’année et on peut vous enlever votre permis de séjour... J’étais horrifiée. «J’en commets aussi sans arrêt, me dit la jeune femme, et je n’en ai rien à chier (sic, on a son franc parler, dans la police), mais je suis citoyenne russe et vous pas. Il vous faut demander la citoyenneté pour avoir la paix.

- Oui, mais on me dit que je ne l’obtiendrai pas, parce que je n’ai pas de famille ici.

- Comme porteur de la langue, dans le cadre du programme gouvernemental, demandez à votre juriste, vous parlez le russe sans problème... »

Hier, je suis allée chez les cosaques, Alexeï nous a montré comment frapper des rythmes, cela ne m’est pas inutile, j’ai un gros problème avec ça, et c’est bon pour le corps et l'âme, tout le monde devrait pratiquer cela, comme c’était le cas autrefois, quand les gens chantaient et dansaient, le rythme, c’est la vie. Les jeunes filles ont chanté leurs trucs de gamines. Cela m’ennuie comme ces séances où l’on demande à l’enfant de la maison bien dressé de jouer du piano. En revanche, regarder comment un petit emmerdeur entrait dans le rythme avec un tambour et y prenait plaisir, malgré son peu de contrôle du niveau sonore, cela m’a intéressée. Il y avait dans le processus quelque chose de vrai, de naturel, le garçon pénétrait dans la vérité du monde.

Comme il faisait, dans la journée, un vrai soleil de printemps, je me suis installée sur le perron, et j’ai dessiné un paysage de neige, la maison d’en face. Quand il fait vraiment très froid, je n’arrive pas à dessiner dehors, car j’ai les doigts gourds, et dessiner avec des gants, je n’y arrive pas. Cette maison d'en face, maintenant que l'oncle Kolia est mort, j'ai toujours peur qu'on me la saccage avec un coup de siding ou l'addition d'un étage bancal. elle est si vivante, si organique. Si j'étais riche, j'achèterais la moitié de l'oncle Kolia, uniquement pour empêcher cela.




lundi 14 février 2022

soupière bretonne

 


Nous avons eu le mois de janvier au mois de décembre, le mois de février au mois de janvier, et on dirait que nous sommes partis pour mars en février. Et ce serait très bien, si je savais qu'en mars, nous aurons avril, mais je crains un retour de bâton! Je fais beaucoup de considérations météorologiques, mais cela joue un tel rôle dans notre vie!

Me voici de nouveau dans les mondanités, avant-hier, je suis allée au vernissage de l'artiste peintre Ioulia qui avait séjourné chez moi et dessine les maisons traditionnelles de Pereslavl en voie de disparition. C'était dans une galerie qui expose aussi des objets artisanaux et des antiquités. Tout à coup, je vois une soupière qui m'avait l'air complètement bretonne et me rappelait le bol à oreilles avec mon nom dessus dans lequel je buvais dans ma petite enfance, chez mes grands-parents. Renseignement pris, elle l'était. 

Un écran diffusait des vues anciennes de Pereslavl, avant même les destructions soviétiques. C'était si incroyablement joli, d'innombrables coupoles, de belles maisons de bois, des prairies, et tout semblait en bon état et non en perpétuel chantier.

En sortant, j'ai vu un coucher de soleil fantastique, un ciel incandescent, par dessus la neige devenue si vite sale, et une maison jaune. La fulgurance brève d'une énorme braise. 

Hier soir, c'était l'épisode 2 de mon interminable jubilé, la fête pour ceux que je connais ici. Nous n'étions au départ pas très nombreux, mais Génia le balalaiker est arrivé avec sa petite amie, sa mère, ses soeurs et Katia et nous avons tous chanté. J'ai eu mon trou de mémoire, mais j'avais prévenu tout le monde. A part le trou, j'ai aussi fait des erreurs que je ne fais jamais dans le texte des chansons... Mais bon, cela aurait pu être pire. Et la soirée a été très chaleureuse, avec des perspectives pour l'utilisation culturelle du local de Gilles. Il y avait ma voisine Ania et son fils Aliocha qui est en train de devenir beau. Il y avait aussi Jan, le réparateur de lives anciens, sa femme Olga et leur fils Daniil. J'ai appris qu'il y avait un autre Hollandais dans le pays et que celui-ci avait une ferme, avec des vaches hollandaises et d'excellents produits laitiers. Une bonne compagnie. J'apprécie la chance que nous avons de pouvoir nous réunir, comme des gens normaux dans une période normale, sans irruption de robocops, comme en France. 

Maintenant, il me reste à préparer l'épisode 3 et final à Moscou, c'est une autre paire de manches. Il y aura beaucoup plus de monde, et il me faut aller m'en occuper là bas. Je crois que ce sera la dernière fois. Cela commence à être au dessus de mes forces et de mes moyens. L'année prochaine, je ferai quelque chose ici, viendra qui voudra ou pourra.

Je dois aussi aller au service d'immigration montrer patte blanche, et c'est pour moi une vraie corvée. La corvée annuelle.




samedi 12 février 2022

Va-t-en guerre

 On sent que l'hiver est dans sa partie printanière, maintenant. D'abord, il fait plein jour à huit heures du matin, et puis la neige commence à fondre. C'est naturellement trop tôt, et nous aurons encore des retours de froid. Mais il se peut que l'hiver ayant été précoce, le printemps le soit aussi. Comme on l'attend, ici... Et pourtant, cet hiver a été magnifique, on les souhaiterait tous comme cela.


J'ai installé la petite maison dans les étagères de mon bureau, et Georgette ne la quitte plus, car elle est protégée, près de moi, c'est juste le rêve. Les autres ne s'intéressent pas du tout à cette boîte. Pour illustrer cette chronique, c'est mieux que la gueule de Macron.  

Je fête mon jubilé au café après demain, et je ne me sens pas du tout prête à chanter pour mes invités, je pense d'ailleurs que je n'y arriverai jamais. Cela m'embêterait d'abandonner parce que j'ai quand même fait des progrès, mais comme on dit, qui trop embrasse mal étreint. Depuis la covid, des textes que je connaissais par coeur m'échappent tout à coup, ou je me mets à jouer de travers quelque chose qui ne me posait pas de problèmes. D'un autre côté, m'obstiner rééduque certainement ma pauvre cervelle... Je vais peut-être me limiter, comme répertoire, aux vers spirituels. C'était d'ailleurs mon intention, mais Skountsev me fait tout apprendre.

Hier, j'ai vu un journaliste de Rossiiskaïa Gazeta; il était sympa et me posait des questions intelligentes. Nous nous sommes rencontrés au café. Je parlais russe avec aisance, j'en étais même étonnée. Quelle que soit la langue, il est sans doute plus facile de répondre à des questions intelligentes qu'à des questions idiotes. Cette nuit, j'ai mal dormi, et j'ai remarqué que le lendemain, dans ces cas-là, j'avais de grosses défaillances... J'espère que cet état est passager. Sinon, je vais finir par me remettre à fumer.

Le journaliste, Constantin, a remarqué que les étrangers en Russie, à part ceux qui y font du business, cherchent une Russie idéale et ne s'intéressent pas à la Russie contemporaine, c'était une des questions abordées. Je lui ai répondu que si je n'idéalisais pas tant que cela la Russie, je ne m'intéressais absolument pas à ses aspects contemporains, en effet, non plus que je ne m'intéresse à ceux de la France; je rejette la modernité depuis mon enfance. Certes, ai-je précisé, j'ai eu un petit moment rock'n'roll dans ma jeunesse, parce que c'est difficile, quand on est jeune, de rester toujours à l'écart. Mais je m'intéressais au bon rock, pas à la variété de merde. Tout dépend aussi de ce qu'on entend par contemporain. Ce qui m'intéresse n'est pas forcément ce qui est vieux, mais ce qui est traditionnel, enraciné, inscrit dans le cosmos. Je suis beaucoup plus consternée par la disparition de la transmission traditionnelle que par celle des objets eux-mêmes. S'ils étaient remplacés, ce ne serait pas si grave. Quand mes cosaques chantent une chanson ancienne, elle est contemporaine, car on la répète depuis des siècles, et elle vit encore, toujours renouvelée. Mais elle ne fait pas partie de la modernité et de sa civilisation hideuse et néfaste.

Je me suis lancée dans la confection de bugnes, recette de ma grand-mère transmise par ma tante Mano. Cela sentait le cognac et la fleur d'oranger dans la cuisine. Des odeurs d'enfance française. Une enfance qui me hante, je me souviens de maman qui voulait "rentrer chez elle", c'est-à-dire dans l'appartement qu'avaient ses parents dans les années 30... Après la mort de ma grand-mère, j'étais extrêmement déprimée. Je faisais une overdose de deuils. Et puis j'avais rêvé d'elle dans sa cuisine de l'Armençon, mais tout y était lumineux et transfiguré, y compris elle-même. C'est dans cette cuisine que se confectionnaient les bugnes. 

Les voix discordantes, à propos du convoi français, tout au moins, se font de plus en plus entendre. L'une d'elles propose aux gens de filer vite fait à la campagne, de s'organiser en communes néorurales, de sortir du système, et en effet, ce n'est pas une mauvaise idée, je serais jeune à l'heure qu'il est, c'est ce que je ferais. Mais je ne sais pas si les transhumanistes seront plus tolérants aux réfractaires de la permaculture que l'ont été les communistes aux paysans russes dans les années 20 et 30... Cependant, jeune, je le ferais quand même, je préfèrerais mourir debout à la campagne qu'en ville, bouffée par les rats. 

Ce qui m'inquiète, c'est que les médias français parlent beaucoup du phénomène, d'après ce qu'on me dit, et invitent de vrais connards aux différents faux débats, pour exaspérer les gens. Je ne pensais pas en arriver un jour à voir dans la classe dirigeante un ramassis de malfaiteurs arrogants et incultes, fourbes, lâches et retors, dont on doit se méfier à chaque pas, et cela, alors que je n'ai jamais eu pour elle une estime excessive... Mais enfin à une certaine époque, je n'aurais pas imaginé qu'ils fussent ignobles à ce point. 

La propagande anti russe atteint des sommets de mensonge fantasmagorique. Pourtant, je ne croyais pas trop à la fameuse guerre, parce que contrairement à ce que racontent ces menteurs professionnels, la Russie n'a pas besoin de s'étendre indéfiniment, elle a bien assez à faire avec ses propres régions; mais il est certain que d'une part, elle ne peut abandonner au nettoyage ethnique des populations russes sur un territoire arbitrairement placé dans ce golem de fabrication soviétique qu'est l'Ukraine; et d'autre part, elle ne peut tolérer qu'on la menace à ses frontières, et lui reproche des mouvements de troupe sur son propre terrain. Si les psychopathes hagards des gouvernements occidentaux et leurs bonimenteurs ne font pas une saloperie de trop, ce ne sont certainement pas les Russes qui lanceront le mouvement. Mais comment savoir, quand on a affaire à des dingues ivres de pouvoir qui se prennent pour des surhommes? 

Comme la vérité sur l'opération covid se fait peu à peu jour, bien glauque, celle sur le Donbass transpire parfois, une journaliste officielle s'est laissée aller à montrer les bombardements de civils par les gentils démocrates ukrainiens agressés par les méchants russes, ouin, ouin, snif. 

https://www.facebook.com/watch/?v=642862063713213

Il paraît que la direction de sa chaîne était furieuse. Eh oui, parfois, les journalistes ont encore des réflexes professionnels à peu près normaux, ça arrive. Il y a même de temps en temps un ou deux députés honnêtes à l'Assemblée ou au parlement européen. 

N'empêche qu'il faut vraiment s'appliquer pour garder le moral et son calme. Je conseille de regarder la capsule 64 de Stratpol. Xavier Moreau y fait des mises au point très nécessaires, sur l'histoire russe, sur l'Ukraine, sur les famines organisées qui n'avaient pas le caractère d'un nettoyage ethnique, car elles ont touché toutes les régions de l'ancien Empire où les paysans avaient une certaine aisance, et un caractère indépendant, c'étaient les paysans qui étaient visés, pas les Ukrainiens. La révolution n'a pas été faite par les Russes. Ses considérations générales à la fin de la vidéo, le parallèle avec 1984, sont très intéressantes, ce qu'il dit sur le muselage et la vaccination forcée des enfants. Il souligne que le totalitarisme, pour s'installer solidement, demande de notre part la trahison de ceux qui nous sont chers, le sacrifice à Moloch.

Dans les raisons que j'avais de partir, comme je le répète assez souvent, il y avait mon refus de rester, en cas de guerre, dans le mauvais camp celui de l'agression hypocrite et fourbe, telle que je l'ai vue à l'oeuvre en Irak, en Serbie, et en Ukraine, avec le Donbass. Sans compter que je n'adhère absolument pas aux "valeurs occidentales" délirantes qui deviennent complètement totalitaires. Je suis soulagée d'en être ici un peu à l'abri. A noter que mon journaliste n'a émis aucune objection quand je lui ai dit que l'occident n'avait  plus rien de démocratique. Je crois que cela commence vraiment à se voir!

Je crains que voyant la hideuse vérité de l'opération covid sortir du puits bien puante, la caste ne provoque une guerre avec la Russie pour ne pas avoir à en répondre. Ce serait en quelque sorte le plan B de cette bande de salopards qui a pris le pouvoir quasi universel. J'ai envie de pleurer quand je vois tant de braves gens sur les routes, et les torrents d'insultes que des tarés méprisables leur déversent dessus. Je crois que de toute l'histoire humaine, nous n'avons jamais eu de dirigeants aussi haïssables. Même Gengis Khan avait un certain code d'honneur et il risquait au moins sa peau.