Je dessine beaucoup, mais il faut préparer mon exposition, ce qui m’intéresse déjà moins et pourtant, il le faut. Mais j’ai besoin de cette mise en communion, avec quoi ? Avec la beauté qui disparaît, avec Dieu qui se retire. Le monde devient si horrible, Vodolazkine a raison de dire que le moyen âge était plus humain. J’aimerais arriver non pas à l’indifférence mais à la résignation, une résignation eschatologique.
Je suis fatiguée,
trop d’activités, trop d’émotions, et les travaux, j’espère que ce seront les
derniers. J’aime bien le jeune Tadjik qui les fait, il est beau, doux et
honnête. Mais il a toujours besoin de quelque chose, évidemment. Et puis la
maison est sens dessus dessous.
Il se passe des
choses si hideuses, si viles, le mensonge, la trahison, la débauche triste et
mécanique imposée à tous et d’abord aux enfants, saccagés par des gnomes. Depuis
combien de générations les saccage-t-on en les privant de ce qui leur est
nécessaire et en leur inculquant des poisons spirituels et intellectuels ?
Déjà, quand j’étais jeune moi-même, et que tout le monde se vautrait dans l’optimisme
idiot des années 60 et 70, je sentais que quelque chose n’allait pas, et je me
disais que les générations suivantes seraient les premières à avoir des
grands-parents stupides et éhontés qui ne pourraient rien transmettre, parce qu’ils
n’auraient rien conservé.
J’ai les cheveux qui se dressent sur le crâne quand je vois une jeune fille témoigner qu’elle regrette d’avoir voulu « changer de sexe » en se bourrant d’hormones et en se coupant les seins, sous les encouragements des adultes. Des « médecins » faire des expériences sataniques sur des foetus avortés. Des créatures des ténèbres agresser des tableaux de Van Gogh ou de Monet. Harari, avec sa gueule d'insecte humanoïde nous annoncer son programme transhumaniste, où les gens comme lui décideront de notre vie, de notre mort, et nous priveront de notre âme, avec notre liberté et notre dignité.
La voisine m’a
dit qu’il vaudrait mieux leur laisser Nounours, et je pense qu’elle a raison,
bien que ce chien me plaise énormément. Mais je ne m’en sors pas, je n’arrive
pas à le garder ici, à établir un lien. Et s’il doit rester enfermé ou à la
chaîne pour ne pas subir le sort de Rosie, quelle différence, chez eux ou chez
moi ? Au moins, chez eux, il se sent chez lui, et il a sa mère à
proximité. Je l’emmènerai promener, comme je le fais déjà. Je suis vieille pour
un jeune chien.
Chaque fois que
je passe devant l’affreuse maison dont le propriétaire a coupé le beau tilleul,
j’imagine le désert intellectuel, spirituel et humain de ce type, et
malheureusement, j’ai plus de compassion pour l’arbre que pour lui, alors que je devrais arriver à voir le Christ dans tous les imbéciles qui contribuent à nous faire un monde si laid. J’ai lu que
les vieux arbres, ici, gardent la trace interne du traumatisme de la guerre de
40, c’est-à-dire qu’ils ont souffert avec les Russes, ils sont capables d’une
mystérieuse empathie, absolument pas réciproque chez l’abruti universel
contemporain. Mais je la sens de plus en plus, en ce qui me concerne. Je m’entretiens
par le coeur avec tout ce qui vit, avec le coeur de tout ce qui vit, et comme
je le fais depuis l’enfance, j’ai un grand entrainement.
Je suis allée chercher mes encadrements, j'aime bien le type qui les fait, il est très gentil, et il me fait toujours des prix et des cadeaux. Il me dit, et c'est un artiste peintre, qu'il ne comprend pas mon engouement pour les vieilles maisons russes. C'est amusant, les communistes ont au fond souvent le même mépris pour la Russie ancestrale que les libéraux, ce qui me prouve une fois de plus que nous avons affaire aux plusieurs têtes d'un même serpent, et que rien ne sert de nous traiter mutuellement de bolchos ou de fachos, tout ça, c'est du pareil au même, c'est le culte de l'utilitaire, de la vanité tonitruante, je ne dirais même pas de la matière, car la matière est infiniment plus mystérieuse que ne l'ont cru tous les monstres progressistes dont ont accouché les diverses révolutions. Il me dit aussi que si les maisons de Pereslavl sont moches c'est que les gens sont pauvres, mais je ne crois vraiment pas que ce soit le problème, l'oncle Kolia, en face, ce n'était pas Rothschild, et il n'a jamais défiguré son isba. Il avait même planté le petit bouleau que son sinistre voisin a décapité. Au contraire, il y a vingt ans, les gens étaient bien plus pauvres que maintenant, et Pereslavl était très pittoresque. Curieusement, il en convient, mais regrette les monastères en ruines que l'Eglise a réparés. Les réparations ne sont pas toujours heureuses, ni les jardinets bien aménagés, mais je préfère des monastères vivants à des ruines poétiques, enfin, je ne suis pas communiste, ou pour faire court, je ne suis pas progressiste. Je suis archaïque. Une anarchiste archaïque, l'archaïsme est en soi anarchique de nos jours, puisqu'il relève de la vie, que son ordre est cosmique, divin, ce qui est incompatible avec l'odieuse tyrannie qui s'installe.
Je lis le blog de
Panagiotis et mon coeur se serre de compassion pour les Grecs, dont on détruit
la nation, que dis-je la nation ? On les fait disparaître, comme nous. Des gens qui vivaient dans une digne et heureuse pauvreté dont nous aurions dû nous inspirer au lieu de nous laisser asservir par les oiseaux de malheur de la caste bancaire.
Mais dans cette
débâcle, je crée et j’aménage ma maison, je vais au restaurant avec Katia, ou
voir Gilles au café. Je crée surtout, parce que j’ai peu de temps pour ça, et
qu’au fond, c’était ma vocation, et je l’ai fuie sans pouvoir lui échapper, tout
en me désespérant, lorsque le travail me laissait si peu de forces pour le
faire. Maintenant, c’est la vieillesse le problème.
le petit dernier, déjà réservé. |
Une émision qui est un vrai rayon de lumière dans les ténèbres: