Dimanche,
j’ai reculé devant l’idée de communier à Glebovskoié et j’ai même bu un café,
mais le père Ioann m’a dit : « Si, si, communiez. ». Je songeais à déménager dans ce village, car j'y avais vu de très jolis terrains, avec le gaz, et il m'encourageait: « Tout le
monde vous aidera. Les forces, les forces, c’est Dieu qui les donne, les
forces. » Il m’a présenté une vieille qui a travaillé dans
l’administration. D’après elle, les terrains en question sont vendus par un petit malin, qui a centralisé tout le gaz sur un compteur qui lui appartient, de
façon à percevoir de l’argent sur sa fourniture.
En dehors du père Ioann, les gens sont très
gentils, très accueillants, simples. Le père Ioann a réussi à créer une
dynamique, à impliquer des personnes pour qui cette église et sa réfection
constituent une sorte d’élément transcendant qui les unit et les motive. Tout
le monde a son rôle, son utilité, ils se soutiennent les uns les autres. Un
iconographe de Moscou est venu peindre les voûtes, et le père Ioann embauche
des paroissiens pour orner le tour des fenêtres et des portes de frises de
vigne et de grappes de raisin. L’iconographe est visiblement conquis par cet
homme fervent et charismatique, comme je le suis moi-même.
Je crois la
construction d’une maison devant mon échappée sur le marécage imminente.
L’abruti qui a déversé des centaines de tonnes de terre au mépris du ruisseau
qui passait là ne l’a certainement pas fait pour s’amuser. Je vois sans arrêt
arriver des bagnoles et des types tenir conférence. Hier,
près du magnit, sous un auvent où l’on vend des plants, je vois un lilas déjà
de belle taille, dans les deux mètres, avec des rameaux épanouis. Le lilas
pousse lentement, mais celui-ci était déjà grand, et à ma grande surprise,
abordable. Le lilas cache bien les horreurs, c'est un buisson qui devient épais, touffu. Le temps de
faire mes courses, j’avais décidé d’acheter le truc. Je ne sais même pas de quelle couleur il est, ce
sera la surprise. S'il était bleu, par exemple, ce serait un vrai cadeau du ciel, c'en est déjà un, comme si Dieu m'avait dit: "Bon, ne râle pas, voici un beau lilas pour te cacher la modernité hideuse." Entre le lilas et le seringat qui a bien pris, et qui va
certainement beaucoup pousser, cette année, j’aurai peut-être assez vite un
rideau végétal contre la laideur et la prétention, mais pas contre le bruit,
les pétarades et la musique obsédante.
Avec
l’amélioration du temps, je retrouve le moral. Je reste sur la terrasse, je
prends le soleil, j’écoute les oiseaux, je regarde ma merveilleuse spirée
japonaise qui commence à fleurir, en déployant ses arceaux constellés de
petites rosaces blanches. Cependant, une copine me parle beaucoup des migrants d’Asie centrale ou du Caucase, le
remplacement de population, qui est un programme supranational, ce qui du reste
est un fait, et la Russie, malgré la guerre pour sa souveraineté, distribue sa
nationalité à tous les musulmans des ex républiques au lieu de récupérer ses
« pieds rouges » perdus désormais au delà des frontières, depuis les
pays baltes jusqu’au Khirguizistan, un député de la Douma a produit les preuves que tout cela était organisé de l'extérieur, par toujours les mêmes. Elle ne voit à Moscou que physionomies
exotiques patibulaires et femmes bâchées. Une jeune amie trouve qu’elle exagère, que
beaucoup de ces gens sont bien calmes, et que c’est Soros qui agite le populo
pour créer ici des conflits interethniques ; que ses pareils détestent les
slaves et veulent leur disparition, ce qui est exact. Là dessus, elle commence
à m’expliquer qu'un vieil ami de sa famille, intellectuel irréprochable et cérémonieux, est un traître, qu’il est fasciste, qu’il regrette
la victoire soviétique. C’est un sale type, à la limite, il faudrait l’arrêter.
Elle se répand en imprécations sur Vlassov, un traître de bas étage, et je ne
connais pas trop cet homme en tant que personnalité, mais à l’époque, bien des
gens, entre Staline et Hitler, ne savaient pas trop qui choisir et je ne
l’aurais pas su moi-même, disons qu’étant russe, communiste ou non, et voyant
arriver des troupes allemandes décidées à conquérir le pays et à en traiter les
habitants comme des sous-hommes, le choix logique était quand même de défendre son pays et son peuple,
indépendamment des mains entre lesquelles ils étaient tombés. Mais l'intellectuel en question a
pu plaisanter là dessus, car de toute façon, à mon avis, nous avons tous perdu,
dans l’affaire, sauf les Américains et les juifs sionistes, et encore, à long terme, pas sûr. Bien mal acquis ne profite jamais. De là à estimer
qu’il faudrait envoyer au Goulag un ami de la famille qu’elle connaît depuis sa
petite enfance... Elle m’explique alors que la Russie n’est pas gouvernable si
son chef n’est pas un tyran, et certes, il faut un homme ferme à la tête d’un
pays si grand, et si convoité, mais un tyran ? Et hop, blanchiment des rouges, justification des
milliers de morts, de l’esclavage d’état, de la persécution des chrétiens et de
la paysannerie. J’ai pensé que si cette
abomination ukrainienne se poursuivait trop longtemps, nous allions tous
devenir complètement fous. Il n’est vraiment pas facile de conserver la raison, la
mesure, sa dignité et son humanité en de telles circonstances. Je me souviens d'ailleurs du métropolite Onuphre, incitant son troupeau à "prier pour garder figure humaine", il y a déjà plusieurs années.
J’aimerais
entendre parler non de la « lutte contre le fascisme » qui fait
pendant à la lutte contre les bolcheviks, qui motive encore quelques imbéciles
de droite dans leur soutien à l’Ukraine ou ce que recouvre ce nom, mais de la
lutte contre l’idéologie globaliste transhumaniste actuelle, en laquelle ont muté les
pires démons des pires idéologies du vingtième siècle. Quand j’entends parler
de la lutte contre le fascisme alors que le président, ou le satrape, du trou
noir est juif, que le principal rabbin d’Ukraine bénit les banderistes à croix
gammées des deux mains, et que la répugnante compagnie des chasseurs de
quenelles, BHL, Glucksmann and co, depuis 2014, nie les exactions des Azov et
autres malades à folklore nazi, j’ai vraiment l’impression qu’on se fout de
notre gueule de tous les côtés. Et depuis longtemps. Lorsque par dessus le
marché, des orthodoxes occidentaux justifient les persécutions trotskistes
contre l’Eglise ukrainienne en la qualifiant de « soviétique », j’ai
carrément envie de vomir. Comme disait Dostoievski, la bêtise peut quelquefois devenir un crime.
Moi, c’est
ma faiblesse, je ne fais pas dans le systématique et j’ai horreur des
idéologies, quelles qu’elles soient. Elles drainent des tas de salauds, elles
abusent beaucoup de braves gens, et elles transforment éventuellement les
braves gens en salauds. Quand je vois ce que des juifs ont fait en Russie, ce
qu’ils font en Ukraine et en Palestine, et même en France, tout en se présentant
comme de blancs et éternels martyrs devant lesquels nous n'expierons jamais assez d'être ce que nous sommes, je trouve cela légèrement fort de café,
mais je suis glacée d’horreur quand je vois des photos de juives terrifiées en
culotte et soutien-gorge, poursuivies par des meutes d’Ukrainiens ricanants
dans la Galicie banderiste de la guerre de quarante, et je suis consternée par
le mauvais triomphe de Rebatet devant les juifs d’Allemagne qui rasent les murs
à la même époque. J’ai horreur des haines recuites et des règlements de compte.
Une Russe écrit qu’elle ne se réjouit jamais des pertes ukrainiennes et c’est
aussi mon cas. J’ai pitié de la plupart des soldats qui meurent là bas, des
deux côtés, et je sais que beaucoup de ceux qui combattent le font à
contre-coeur, après avoir été enlevés dans la rue par des recruteurs appointés.
Je n’aime pas le solgan « ni oubli ni pardon »; oubli jamais, mais
pardon, si, il le faut, c’est indispensable, qui sommes-nous pour ne pas
pardonner ? Et je déteste encore plus le « devoir de mémoire » à
géométrie variable, et la vengeance érigée en vertu.
Quand je
vois ce qu’ont donné les idéologies politiques, je comprends à fond le mot de
Dostoievski : « Si Dieu n’existe pas, tout est permis. » Tant de
sacrifices humains pour en arriver là où nous en sommes, à ce degré d’abrutissement,
de folie, de méchanceté, d’indignité et de dégradation...
Ma dentiste
aujourd’hui m’a demandé comment j’allais. « J’ai comme une légère déprime.
- En ce
moment, tout le monde est dans cet état-là. »
Et de
fait... Les bombardements de civils à Belgorod, spécialité de l'ignoble guerre
des suppôts de l’OTAN. La persécution des meilleurs chrétiens et hiérarques d’Ukraine.
La révolution orange, sous drapeau américain, en Géorgie qui brûle de se
transformer, comme l’Ukraine, en abcès purulent, en foyer d’infection, en
éruption de démons. La tentative d’assassinat du président slovaque, signature
mafieuse, depuis Kennedy, du pouvoir occulte qui nous mène, depuis des décennies, à notre perte...
. On peut trouver un grand réconfort dans l'église du père Ioann et l’élan
qui motive cette petite communauté. On peut agir concrètement à ce point précis
du monde pour le rendre légèrement moins malade. Et puis, tant que le cauchemar
n’est pas devenu complètement universel, l’odeur de ma spirée japonaise, le
matin, la lumière qui passe à travers les narcisses et les jonquilles, la sieste des
chats sur la terrasse. Le vent soyeux et humide qui brasse la nuit et m'apporte le chant magique des rossignols...
Une amie moniale m'envoie cette anecdote véridique postée par un soldat russe:
Les tranchées. Dimanche. Le silence. Nous ne tirons pas. Les Ukrs ne tirent pas. De notre affût, leur position est visible, et seulement une centaine de mètres nous séparent d'eux. L'un des nôtres, un gars sympa, crie en inspirant à pleins poumons: "Salut les "toupets"! Aujourd'hui, jour de repos! Et si nous faisions relâche?"
L'autre côté répondait habituellement par des tirs, les balles passaient en rase motte. Et soudain, on nous répond: "D'accord, repos! Et si vous êtes sérieux, nous ne sommes pas contre!"
Le petit gars fûté s'anima à nouveau, et le dialogue se poursuit en russe: "Allez, passons la journée ensemble! Nous avons de la gnôle maison, mais pas d'amuse-gueules:"
On ne peut raconter tout ce qui au front nous sauva la vie de façon inattendue... "Eh bien d'accord! Nous apporterons du lard, on ne boit pas de la gnôle sans lard!"
Toute la journée, jusqu'aux larmes, à s'en faire péter les veines, nous avons fumé, parlé, chanté des chansons... et au matin, les "toupets"... se sont constitués prisonniers.
La presse occidentale ne cache plus que la guerre aurait pu prendre fin dès 2022, comme Poutine l'a expliqué à Tucker Carlson. Mais le club des Vampires a délégué l'un de ses pires suppôts, Boris Johnson, pour faire foirer le traité en cours de signature. Pour que ça saigne, bien fort.