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mercredi 3 janvier 2018

L'hiver russe, c'est pas du millefeuilles...

Ce monument, c'est Rosie perchée sur le tas de sable du voisin qu'elle accompagne à la pêche
Je suis revenue aujourd’hui de la pâtisserie d’une humeur massacrante, à cause de la fatigue et du temps immonde. Je ne sais plus à quoi ressemble le soleil, à vrai dire, on a même l’impression que le jour ne se lève pas, bien que théoriquement, depuis le 21, il rallonge. On passe directement de l’aube au crépuscule, sans les couleurs qui vont avec l’un et avec l’autre.  Tout est gris, morne, sale et moche. Rien de mieux qu’un tel temps, quand il n’y a plus de verdure et pas de neige, et pas de soleil, pour voir les disgrâces de cette ville autrefois si jolie, encore très pittoresque il y a vingt ans, et de plus en plus abîmée, banale et sale. Didier me disait qu’il voyait des sacs poubelles jetés le long de la rivière, près de la plage du lac. Quand j’allais encore promener Rosie le long de l’ancienne berge escarpée, c’était pareil, des décharges sauvages de tous les côtés. La cour des anciens baraquements que je traverse pour raccourcir et éviter le marécage qu’est ma rue derrière la maison, est jonchée d’ordures, un véritable dépotoir, d’où Rosie me rapporte diverses pièces de choix, qu’elle dissémine à travers mon propre terrain.
Un concours étant ouvert sur internet pour trouver un projet de monument à placer à l’entrée de la ville pour la caractériser aux yeux des touristes, un plaisantin a proposé : un écriteau noir avec « corruption » marqué dessus…
Didier n’arrête pas de râler : on n’est heureux et tranquille que dans son cercueil, le monde moderne est immonde et va à la catastrophe, la Russie est un pays sinistre avec un climat de merde et des gens qui ne savent pas travailler. Et moi, je vais l’assister parce que je ne sais comment me débiner, car je l’aime bien, j’aime bien tout le monde, et c’est pourquoi je ne peux refuser, mais c’est une trop grosse contrainte, je rentre chez moi à deux heures, sur place, une des employées prépare une tambouille ignoble et grasse, qui fait grossir, l’alternative, c’est le grignotage ou crever de faim ; j’ai mal aux genoux, et je reste trop souvent debout. Avec  Didier, je laisse râler le chef, et en rentrant chez moi, je râle pour moi seule, et pour les animaux : ces parasites ne mangent pas ce que je leur donne et je leur donne ce que je peux. Dans un magasin je trouve pour les chats mais pas pour la chienne, dans l’autre, c’est le contraire. Les chats ne veulent considérer que les croquettes Purina en paquet métallisé, j’ai acheté Purina d’une autre sorte, ils n’en veulent pas. La salope de chienne ne veut pas de la pâtée que je mitonne avec de la farce, mais elle bouffe les merdes des chats et tout ce qu’elle peut trouver de révoltant dans le périmètre. Les misérables chats tordent le nez devant le fromage blanc  extra que j’achète au marché, du vrai fromage de vache normale, que je paie deux fois plus cher qu’ailleurs pour ma propre consommation ! Bref je donnerais tout ce paquet de connards pour mon petit Doggie toujours content, du moins en de tels moments.
Didier fait des chaussons aux pommes, maintenant. Je ne les ai pas encore goûtés, mais il y a eu l’essai de galette des rois à la frangipane…  «Tu ne fais pas de mille-feuilles ? J’adore les mille-feuille, c’est juste un peu difficile à manger…

- Difficile à manger, le mille-feuille ? Attends… Tu ne sais pas ce que c’est qu’un vrai mille-feuille. Je te fais un mille-feuille, tu n’auras pas besoin de serviette, mon mille-feuille est fondant comme un pavé sur la gueule d’un flic ! »
Mais il a renoncé à en fabriquer, parce qu'il ne trouve pas ses collaborateurs à la hauteur de la tâche...


dimanche 31 décembre 2017

BONNE ANNEE 2018

Je trouve toujours un peu bête de le faire, mais le moment est venu de se souhaiter une bonne année. Depuis le temps qu'on en voit passer de pas franchement meilleures ou de pas toujours pires, on peut se dire que cela ne sert pas à grand chose, mais enfin oui, évidemment, souhaitons-nous le meilleur quand même!
J'ai cherché une carte de vœu russe. Je n'ai vu que des horreurs. Je suis allée sur carte de vœu soviétique, je dois dire que c'était nettement mieux, il faut dire qu'à l'époque, beaucoup d'artistes réfugiaient leur talent dans l'illustration et ce genre de choses, maintenant, les cartes sont commandées par des gens qui font du fric, qui ne sont intéressés que par le fric, et jugent de la qualité d'un artiste de par leur mauvais goût personnel.
Souhaitons plus de beauté, d'harmonie, de bonté et de simplicité, de respect pour nos cultures et nos traditions locales qui, à travers nos ancêtres, nous relient à toute l'humanité, elles nous relient, elles ne nous mélangent pas, n'importe comment, comme on croise des chiens ou des chats pour créer une nouvelle race. Souhaitons des prises de conscience salutaires: sans retour à un genre de vie plus simple, plus normal, plus respectueux de tout ce qui vit sur terre, plus digne, plus noble, nous allons nous créer un enfer qui nous rendra la mort facile.
Je souhaite que tout cela prenne fin avant de nous faire le monde irrespirable, hideux et révoltant au delà de ce que nous pourrons supporter. Je souhaite que soient défaits les serviteurs transnationaux de Mammon.
En un mot: maranatha... Viens, Seigneur Jésus!

Et donc, autant que possible, meilleurs vœux à tous ceux qui me lisent.

samedi 30 décembre 2017

Déco

Le temps dégueulasse ne me poussant pas à sortir, je fais comme les Russes dans le temps, et dans la même situation, sans doute, je décore.
J'avais deux chaises soviétiques en contreplaqué complètement destroy trouvées dans la maison, je les ai peintes et recouvertes d'un tissu trouvé au "Lin Russe", à Pereslavl.
J'avais un vieux tabouret certainement fabrication maison, endommagé par les artisans qui s'en servaient pour couper des planches, je l'ai peint de même, et décoré.
Et puis je me suis attaquée à ce que j'hésitais depuis longtemps à faire: des fresques intérieures. Cela doit être fait avec discrétion, quand même, si l'on veut suspendre des tableaux, il faut choisir les endroits, et les couleurs...
J'ai commencé sur la porte de ma chambre, un lion, comme il se doit! Il n'est pas fini, j'ai besoin de réfléchir.
J'espère que je n'ai pas fait une connerie...
Le froid arrivera vers la Théophanie, pas un grand froid, quelque chose comme moins cinq moins dix. J'espère qu'on n'aura pas moins trente au mois de mars...
Depuis deux jours, j'arrive à dormir sans être éveillée par des douleurs. Ca me repose.






vendredi 29 décembre 2017

Les rêves russes d’un « archimandrite français »


 

Voici un autre Français, un précurseur, qui est parti en Russie, comme moi, en 94, et cela sans retour. Le père Basile Pasquiet est maintenant définitivement russe, quoique très attaché à ses racines vendéennes. Je l'ai connu il y a déjà quelques années, grâce à mes cosaques qui étaient allés chanter dans sa ville. J'ai traduit ce petit article de la revue "Thomas", la revue orthodoxe à l'usage de ceux qui doutent, pour laquelle j'ai ouvert une page sur Facebook, "la Russie vue par les yeux de Thomas".

Il y a huit ans, le 25décembre, le saint Synode a confirmé dans le statut de supérieur du monastère d’hommes de la sainte Trinité à Tcheboksary l’archimandrite Basile (Pasquiet), moine russe, français d’origine. Le père archimandrite a pris la direction d’un monastère déjà restauré mais pas complètement remis en ordre : il avait encore à mettre en valeur le territoire du monastère et près de celui-ci, à restaurer l’église du grand martyr Théodore Stratilate, la chapelle de saint Nicolas le Thaumaturge, est apparu également une église domestique dans les appartements de l’higoumène.
L’année écoulée a aussi donné à l’archimandrite Basile une autre occasion de création : du désert de la Transfiguration du Sauveur de Gerontievo, qui était sous la juridiction du monastère de la Trinité de Tcheboksary, restait une source, dont les chroniques du monastère rappelaient l’existence. A cet endroit se poursuit aujourd’hui la reconstruction du quai, dans la beauté duquel il serait convenable d’éterniser la mémoire de l’ermitage.
- Figurez-vous comme ce serait bien si maintenant, l’hiver, depuis le monastère et le long du désert, les gens glissaient le long du quai en troïka !  Il faut à notre pays ressusciter des traditions russes de ce genre, dit l’archimandrite Basile pendant les prises de vues de cette histoire.


Crèche française pour les enfants de Tcheboksary
 

Texte et photos Alexandre Gavrilov pour "Thomas"
traduction Laurence Guillon

mercredi 27 décembre 2017

Jean le taxi

Voyage éclair à Moscou, toujours pour affaires. Je suis partie à travers une tempête de neige, on ne voyait rien, juste des ombres d'arbres et des phares pris dans une blancheur tourbillonnante, qui diffère du brouillard en cela que tout bouge, et que des draperies courent devant la voiture, comme si elle chassait devant elle des nuées de fantômes . Mais dans la journée, plus quatre degrés, et c'est reparti pour une dizaine de jours de moins un plus un, avec toutes les misères qui en découlent, toute cette neige fond, et va geler, dégeler, regeler. Nous avons un hiver gris, mou, lépreux et mouillé.
Au moment de reprendre le bus, le contrôleur qui examine mon passeport me dit avec un air ravi: "Laurence Guillon... On dirait un nom d'actrice!" J'ai dormi tout le long du trajet, car mon sommeil nocturne est très perturbé par mes douleurs au genou. Quand je suis arrivée aujourd'hui par le bus, depuis la rangée de taxis à l'affût près de la gare routière, une voix sonore me hèle de loin: "Neglinny pereoulok 3!! En avant, par ici! Venez ma chère!"
En chemin, nous commentons la météo. "Mais qu'est-ce qui vous a amenée ici, ma pauvre! s'exclame le joyeux taxi. Quel endroit pour passer votre retraite! Vous n'auriez pas pu choisir la Crimée? Et au fait, d'où venez-vous?
- De France.
- De France? Ouah ahha ah! Pas possible? Mais enfin, quelle idée? Et Neglinny pereoulok, en plus! Ah vous avez fait fort!
- Vous n'aimez pas Neglinny pereoulok?
- C'est un marécage!
- En effet, et je le regrette, je préfère les hauteurs ventées, mais la maison est finalement très bien, le coin tranquille et les voisins gentils.
- C'est déjà quelque chose, et ce qu'il vous faut faire, c'est une mare. Vous demandez à votre voisin dont je vois la pelleteuse, et vous faites épandre la terre retirée, ça va vous remonter tout ça, et vous verrez, après plus de problèmes.
- Je l'envisage, et un ami me l'avait conseillé, d'ailleurs."
Le joyeux taxi me laisse sa carte. "Je m'appelle Ivan, si vous avez besoin de moi, comment cela se dit, en français?
- Jean."
Il répète "Jean" plusieurs fois, tout content, comme s'il essayait un vêtement neuf.
Rosie m'accueille, trempée comme une soupe. Les animaux sont contents de me revoir, mais je ne sens plus aucun traumatisme, ils savent que de temps en temps, je pars un jour ou deux. Et que je reviens.
L'acquisition d'une voiture se profile. J'en aurais bien besoin. Mais l'achat m'intimide. Pourtant, que de possibilités cela m'ouvrirait... Tous les endroits enchantés qui ne sont pas accessibles autrement, à commencer par Pogost Krest, ses moines et son higoumène.

Le monastère de la Croix Vivifiante à Pogost Krest

lundi 25 décembre 2017

CHRONIQUES DES MIRACLES


IV LES NOMS : LA MONIALE SYNCLETIA SMIRNOVA

De l’histoire de la Croix Vivifiante du Seigneur. La suite.
Alevtina Ivanovna Kouznesova :
« Ma grand-tante, tante Setia, comme jel’appelais, était née en 1881 dans le village de Baskatch, non loin de Nikolski Pogost. Un jour, alors qu’elle avait quatorze ans et se promenait avec des amies, tante Setia vit un convoi d’un monastère de Pereslavl, ce monastère était pauvre et les moniales demandaient la charité. Le fait est que ma grand-tante avait rêvé de ce convoi la veille, et d’après ce rêve, elle savait précisément qu’elle devait le suivre. La fillette se jeta à sa suite, et les moniales la prirent avec elles à Pereslavl. Ses parents à leur retour la cherchèrent partout, et ses amies leur racontèrent tout. On la trouva au monastère saint Théodore à Pereslavl, mais la fillette refusa de revenir à la maison. Les parents décidèrent que c’était une tocade provisoire et partirent sans rien. La même chose se reproduit à leur seconde visite et ils virent que se déroulait déjà sa tonsure.  Mon arrière-grand-mère s’évanouit dans l’église ».
A l’époque du pouvoir soviétique, le monastère saint Théodore partagea le destin de la plupart des églises orthodoxes. Au début, on le transforma en commune agricole, et au milieu des années 20, on le ferma. Son dernier prêtre, Nikolaï Dounaïev, fut passé par les armes en 1937, la supérieure, l’higoumène Olympiade Gueorguievskaïa, fut arrêtée. Après la fermeture du monastère, Synclétia revint à sa région natale et s’installa à Godenov, auprès de l’église saint Jean Chrysostome. Bientôt en fut arrêté le prêtre, Nikolaï Vedenski.   A ce moment, furent aussi victimes des répressions le clergé de l’église de l’Exaltation de la Croix, du cimetière voisin de saint Nicolas, l’église fut-elle-même désertée et pillée, et transformée en orphelinat. Les paroissiens, qui avaient sauvé la Croix Vivifiante, l’avaient transportée à Godenovo. La moniale Synclétia elle-même raconte les détails du transport de la Crucifixion miraculeuse.
PROCES VERBAL DE L’INTERROGATOIRE DU TEMOIN SMIRNOVA SYNCLETIA MIKHAILOVNA, STAROSTE DE L’EGLISE DE GODENOVO, 14 mars 1941.
Question :
- C’est quoi cette croix que le père Nikolaï Vvedenski a acquise pour sa paroisse ?
- La Croix Vivifiante a été apportée par les croyants du district d’Ilinsko-Khovanskoïe de la région d’Ivanovo, en accord avec le père Nikolaï et le conseil de la paroisse. Mais ce n’est pas pour toujours, juste le temps qu’ils se construisent une chapelle. Cette Croix est vivifiante, elle a plus de 500 ans. Le père Nikolaï a conseillé de l’emporter dans un endroit isolé, pour qu’elle n’attire pas trop de monde. Et malgré tout, beaucoup  de croyants viennent, ils viennent d’autres districts et régions, comme par exemple, de la région d’Ivanovo, du district de Rostov de la région de Yaroslavl, et aussi d’autres paroisses. »(Les prêtres Alexis Prozorov et Sergueï Veriovkine étaient passés au sujet d’une affaire à régler avec Nikolaï Vvedenski, recteur de l’église de Godenovo)…
A partir de 1940, la moniale Synclétia protégea l’église des pillages. Des commissions étaient périodiquement envoyées  pour fermer l’église et chaque fois, instruite par de bonnes gens, elle fermait les portes, elle se préparait un balluchon avec des provisions et partait pour le marais Sakhoskoïe. La mère s’y cachait des semaines. Cela se passa plus d’une fois.
La commission venait, l’église était fermée, la décision était remise à plus tard. A la prochaine venue, c’était la même chose. C’est ainsi que par miracle, l’église n’a pas été fermée…
Un exploit ? C’en est un…

Alexandrina Viguilianskaïa


Traduite par Laurence Guillon
Pogost Krest avant la révolution
la Croix Vivifiante

Le monastère saint Théodore avant la révolution



dimanche 24 décembre 2017

Pogost Krest

Alexandrine et son ami Sacha font un film sur la Croix de Godenovo. Ils sont passés me chercher pour m'emmener au lieu de son apparition miraculeuse. L'église qui la gardait, comme il est raconté dans les chroniques des miracles d'Alexandrine, avait été fermée et peu à peu ruinée par les soviétiques, après avoir servi d'orphelinat dans les années 40. La Croix avait été alors recueillie par les paysans du village de Godenovo, où elle se trouve encore.
L'église initiale a été entièrement reconstruite par les moines du monastère qui s'est installé sur place, à l'initiative du père Boris, frère du père Dimitri, higoumène du monastère saint Nicétas à Pereslavl.
L'ensemble se dresse dans un paysage ouvert, vaste et désert, qu'il domine de  ses coupoles élégantes, à l'éclat doré dans le ciel gris et neigeux. Là bas, tout est très pur, très propre, blanc, mystérieux, silencieux...
Le père Adrien, dont il est question dans une chronique précédente est venu à notre rencontre. C'est un ancien spécialiste des arts martiaux, envers lesquels il a maintenant une grande méfiance, et à ma question sur les arts martiaux slaves, il m'a répondu que c'était du paganisme et des forces impures.
Il n'y avait pas grand monde aux vigiles, dans l'église, il faut dire que le monastère est dans un endroit vraiment très retiré.
Les icônes ont été faites dans le style fin XVII°, début XVIII°, très précis et stylisé, avec quelque chose qui rappelle des illustrations ou des enluminures. J'ai eu une impression étrange: l'une d'elles, illuminée par le spot électrique du choeur, m'a soudain évoqué les apparitions du métropolite Philippe dans mon livre, c'était tellement ce que j'avais imaginé que cela me faisait presque peur, et pourtant, je savais que c'était là le résultat de cette vive lumière sur les rehauts d'or, et que ce métropolite n'était pas Philippe mais Alexis de Moscou...
Je me suis prosternée devant la copie de la Croix qui, dit-on, fait des miracles à l'instar de l'original.
A l'issue de l'office, mes compagnons m'ont présenté l'higoumène Gabriel, qui a l'air d'une icône, d'une icône russe, s'entend, une dignité humble, une bonté pleine d'humour. Ses yeux verdâtres me regardaient avec une douce curiosité, et quand il a réalisé que j'étais française, il s'est mis à rire, absolument enchanté: "Oh, française, vraiment? Vraiment? C'est incroyable, je vous aurais prise pour une babouchka russe!"
Il nous a montré un livre sur les événements liés à la Croix. Une pensionnaire de l'orphelinat vit encore et a témoigné sur tout ce qui s'y passait, et sur les maltraitances qui s'y déroulaient. Le directeur qui avait arraché les croix avec enthousiasme est mort de façon prématurée d'un cancer.
Le monastère a fondé un orphelinat dans la ville d'Ivanovo.
Alexandrina a demandé au père Gabriel d'aller porter la communion à un homme tombé dans une misère noire à la suite d'une maladie orpheline épouvantable. Dépouillé de tout ce qu'il avait par son frère, il se meurt dans une masure avec sa mère. Cette maladie semble se soigner à l'étranger mais cela exige des sommes énormes. Alexandrina essaie d'obtenir qu'on lui procure un logement décent et une aide médicale.
Les moines nous ont retenus à dîner au réfectoire. Ils ont apporté un lit de camp pour le cinéaste Sacha: depuis qu'il a entrepris de tourner ce film, il lui est impossible de dormir dans une cellule, il est en proie à des étouffements et à toutes sortes de phénomènes désagréables. Le diable, observe-t-on, ne veut pas lui laisser achever son oeuvre. "Qu'il fasse ce qu'il veut, je finirai quand même, répond Sacha.
- Tu as tort de narguer le démon..." remarque le père Adrien, le nez dans son assiette.
S'ensuit un grand silence... Rien à ajouter!
Ce monastère m'a fait très bonne impression, il y règne une atmosphère amicale et paisible. Comme on dit ici, tel pope, telle paroisse.
Nous sommes reparties, avec Alexandrina, au travers d'une tourmente de neige qui nous a rendu le retour difficile. On ne voyait pas où était la route.
A notre arrivée, j'ai vu, dans la lumière et la vapeur qui émanaient de la cabane de l'étuve, le fils de ma voisine en maillot de bain, avec un ami, dans les flocons tourbillonnants. Il est tombé beaucoup de neige.



la route du monastère (photo Alexandrina)

Le monastère (photo Alexandrina)
L'higoumène Gabriel, photo Alexandre Matrossov.