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lundi 15 octobre 2018

La ligne rouge

"le mal détruit en premier lieu ceux qui lui ont donné naissance"
Le schisme qui se précise est un événement grave. Le fait que Bartholomée, par exemple, ait congratulé le chef de l'église uniate, Sviatoslav Chevchouk, dont j'avais démonté, dans un article sur Novorossia today, les mensonges grossiers, éhontés, sur le Donbass et la Crimée, le fait que ses exarques, soigneusement choisis, aient serré la main de Porochenko, ce mafieux sanglant, me convainc de sa profonde compromission avec des forces tout ce qu'il y a de plus ténébreuses. Bartholomée, contrairement aux gogos français qui ne veulent pas savoir, qui s'en foutent, ou qui adhèrent à la propagande et au mensonge unanimes de leurs journaux, par conformisme foncier et programmation ineffaçable, ou par rancune irationnelle, sait très bien ce qui se passe là bas, et quelles conséquences auront ses actions, et s'il le sait, on ne peut s'attendre à aucun repentir, à aucune prise de conscience: il ira jusqu'au bout, et ce qui se passe au Donbass, se généralisera à toute l'Ukraine. Quand aux orthodoxes du reste du monde, ils se partageront selon les tendances idéologiques, entre les tenants de Bartholomée et d'une "orthodoxie intelligente, libérale et ouverte" et les orthodoxes classiques, qui rejetteront le patriarche du Phanar, sa poignée de fidèles sur place et sa clientèle "éclairée", ceux qui croient dur comme fer que la Russie est encore une dictature stalinienne, sans comprendre qu'eux-mêmes sont en plein dedans, hypnotisés jusqu'au trognon par la ploutocratie et ses médias serviles. Leur aveuglement n'a d'égal que leur béate autosatisfaction qui s'exprime par des déclarations péremptoires. Et ils tiennent autant à l'un qu'à l'autre, car ouvrir les yeux poserait trop de problèmes, et si on les envoyait sur place, sous les bombes ukrainiennes, ils ne verraient encore rien, car ils ne veulent pas voir. Couverts de sang de la tête aux pieds, ils ne verraient encore rien. Mais des massacres actuels, et de ceux qui se profilent, ils sont néanmoins complices.
https://russiepolitics.blogspot.com/2018/10/billet-dhumeur-combien-de-sang-le.html
Cette frange "éclairée" de l'orthodoxie, à voir l'attitude de son patriarche, se retrouvera vite dans l'union avec le pape François, qui ne bénit plus ses fidèles pour ne pas indisposer les autres religions, c'est-à-dire surtout l'islam. Et tous ces gens très ouverts,  en arriveront à la "religion du futur" prédite par le père Séraphim Rose, dans son livre prémonitoire "l'Orthodoxie et la religion du futur". C'est en train de se dessiner, là, sous nos yeux. Et cela sera peut-être accompagné d'un chassé-croisé: les vilains réacs en Russie et les libéraux fréquentables là où est leur place.
Dans un sens, la trahison est si évidente, les forces politiques à l'oeuvre et Bartholomée lui-même,  ne prennent même pas la peine de sauver les apparences. Claude Ginesty a raison de commenter ainsi les deux porte-paroles de service, Colosimo et l'archevêque Job: "Le patriarcat oecuménique vient de révéler la présence en son sein de deux humoristes de haut vol. Les amateurs de théologie punk et de science-fiction canonique peuvent se régaler en lisant les déclarations suivantes":   
 https://orthodoxologie.blogspot.com/2018/09/humour-stambouliote.html?spref=fb

Cet article de Claude m'a fait comprendre que démonter le pitoyable article de Colosimo ne servait pas à grand-chose: le méchant vieillard du Phanar a rendu sa copie, et ceux qui la prennent pour parole d'évangile sont de toute façon indécrottables. Le mépris et la dérision sont les seules réponses adéquates. J'ai eu dernièrement un échange avec un interlocuteur "objectif" qui voulait toutes sortes de liens "sérieux" à l'appui de mes dires, c'est-à-dire sans doute des liens homologués par la grande presse. Ce que peuvent traduire des bénévoles pour donner la parole à ceux qui ne l'ont jamais est tout à fait suspect à ses yeux. Le fait que j'ai pris parti était d'emblée suspect à cet individu. Non que de son côté on ne  prenne pas parti, on ne se gêne absolument pas pour le faire, disons qu'il y a des partis qu'il est suspect de prendre. Mais je suis tombée cinq minutes dans l'illusion de la bonne volonté. Jusqu'à ce que, pour finir, il me prévînt que si j’appartenais au clan de ceux qui considèrent  l'Ukraine actuelle comme une fiction américaine, et les Russes qui subsistent là-bas dans toute une partie du pays comme autre chose que des colons sournoisement installés par la Russie tsariste, toute discussion était impossible. Je venais de lui adresser la vidéo d'une députée ukrainienne qui insistait sur le fait qu'au départ, les Russes et ce qu'on appelle aujourd'hui les Ukrainiens, avaient exactement la même histoire et la même foi.

La version  bolchevique, trotskiste, post-bolchevique, néoconne, anglosioniste  de tout cela est devenue la doxa de l'intellectuel occidental, fût-il orthodoxe, et j'ai parfois l'impression de me trouver en face d'aliens qui n'ont pas le même pays que moi, ni la même histoire, ni la même planète et n'accordent pas aux mots la même signification. Il est vrai que l'histoire est de plus en plus falsifiée selon l'idéologie et les intérêts du moment, et il faudra désormais garder tous les livres, avant qu'on ne les ai trafiqués, je regrette d'avoir perdu les trois quarts des miens. Défendre le point de vue russe, et aussi Petit-Russien, dans la mesure où des gens, en Ukraine, sont violemment persécutés par un pouvoir dont les chefs ne sont génétiquement et culturellement pas plus ukrainiens que moi et servent des intérêts étrangers, est de parti-pris. Haïr d'emblée la Russie d'une manière complètement irrationnelle, lui attribuer de toute éternité un rôle épouvantable dans l'histoire européenne, des intentions conquérantes fantasmatiques, et mettre au crédit de sa nocivité foncière les crimes d'une idéologie étrangère inoculée que tout l'occident avait soutenue et approuvée, est en revanche parfaitement convenable; même chez des orthodoxes qui pourraient avoir plus de discernement et aussi de reconnaissance, pour ce qu'elle a fait au long de l'histoire, le sang qu'elle a versé, pas toujours dans son intérêt politique ou matériel, loin de là.

Quand je discute avec des Français, mon "parti-pris" les révulse, lorsque ce n'est pas le leur, évidemment. Et la violence médiévale de mes expressions: créatures du diable ou des ténèbres etc. Mais messeigneurs, c'est pourtant bien exprimé dans les Ecritures, que notre parole doit être oui ou non et que ceux qui sont tièdes, Dieu les vomira de sa bouche. Comment appeler autrement que créatures des ténèbres les gens qui ont martyrisé tant de croyants, mitraillé des processions, réduit à la misère et affamé les paysans? Dois-je entrer "objectivement" dans les considérations de leurs bourreaux? Comment entrer dans les considérations de Maliouta Skouratov quand il étouffa saint Philippe de Moscou? Et maintenant, de quel nom qualifierais-je le pseudo patriarche Philarète qui appela à "laver dans le sang du Donbass le péché de séparatisme" ou allait quémander des armes aux Américains? Comment entrer dans les considérations des snipers qui font des cartons sur les enfants des villages bombardés par l'armée ukrainienne, et invitent même de riches étrangers à la chasse aux séparatistes? Comment trouverais-je artificiellement des défauts au métropolite Onuphre, homme de Dieu plein d'amour qui aide toute personne dans le besoin, ami ou ennemi, et des qualités à l'imposteur délirant de haine qui se prétend patriarche? Pour moi, la différence est aussi évidente, même sur le plan de la simple physionomie, qu'entre le starets Thaddée de Serbie et Adolphe Hitler.

Ces absurdités et cette langue de bois, qui reprennent la propagande en usage dans la presse et déforment l'histoire, serviront de justifications à cette frange "éclairée et intelligente" déjà plus que prête à s'en aller en dansant vers les lendemains radieux du syncrétisme ouvert et moderne, et l'adoration de l'antéchrist. On voit où l'en est, quand on a des yeux pour voir. Et dans la "religion du futur", l'Orthodoxie n'a pas de place, la vraie, pas sa parodie uniate. On pourrait donc attendre paisiblement le jugement dernier, si tout cela ne promettait pas tant de martyrs, encore, sur la terre ukrainienne concernée. Et le sang de ces martyrs, associé à la dérive amorcée par Bartholomée, rendra probablement les choses irréversibles.
Aussi, je me félicite encore une fois, d'avoir obéi au père Placide: je me sentais déjà en porte-à-faux quand j'ai décidé de partir, la France me serait, à présent, irrespirable. Ici, sur la terre russe, et malgré ses cicatrices terribles, malgré les démons qui continuent à y grouiller, je me sens à ma place. Les martyrs sont partout, dans chaque église, ils nous accompagnent. L'interminable et ferme procession des croyants russes, et brusquement, tout cela n'a pas la même importance, ou plutôt une importance autre: tenir comme eux, et ne pas haïr, mais accomplir et sauver.
A présent que Bartholomée a franchi la ligne rouge, la levée de l'anathème sur Philarète, livrant le métropolite Onuphre et ses fidèles aux chacals du libéralisme transnational, je ne pourrais plus aller dans une paroisse de sa juridiction. Il s'est pour moi identifié au clown sanglant Philarète. Nous ne jouons pas dans la même cour. D'un côté la procession de ceux qui viennent défendre nos lieux saints par la prière:http://foma.in.ua/news/tysyachi-veruyushchikh-molilis-v-prazdnik-pokrova-v-kievo-pecherskoj-lavre

De l'autre le troupeau néonazi de l'Ukraine américano-synthétique: http://infopolk.ru/1/Y/exclusive/20181014/1021410093.html#6c945777-f0d6-4201-b042-84104abba344


D'un côté Philarète, moine défroqué père de trois enfants qui prêche la violence, ce "prédicateur de mort", comme dit le métropolite de Zaporojie, de l'autre le métropolite Onuphre, qui se tient au dessus de la mêlée, fidèle à sa foi, à l'amour du Christ, à sa fonction, à son histoire et au troupeau qui lui est confié. Bartholomée et ceux qui le justifient, souvent pour de minables querelles de clochers entre paroisses, ont fait leur choix. Je fais le mien: je sais que le Christ est avec les persécutés, avec la ferveur, l'amour et la fermeté, pas avec les calculs, la vengeance, la rancoeur, le cynisme, le mensonge des puissances supranationales déchaînées qui sont en train de tous nous détruire.

dimanche 14 octobre 2018

Avant l'épreuve


Ces derniers temps, le ciel est dégagé, la nuit, et plein d’étoiles, parce que l’un des lampadaires urbains ne marche plus. Du coup, on en voit beaucoup plus, et je les regarde, comme à Cavillargues, sur la terrasse… au dessus de la maison de Violetta, je vois Mars, une brillante tache rose.
Il fait un temps miraculeux, alors que je me préparais à descendre vers l’hiver, une grâce dorée s’ouvrant tout à coup, tiède et transparente, avec dans l’azur, de très légers petits nuages blancs, épars, allusifs…
J’ai jardiné tant que je le pouvais, avant que cette grâce ne referme ses ailes solaires et n’emporte les feuillages d’or. Quel jaune étourdissant, teinté de rose prennent les ramures du poirier sur le fond bleu du ciel ! Une ardeur silencieuse et profonde qui rappelle les couleurs des icônes.
Rosie me faisait mal en me mordillant avec sa brutalité coutumière, et en réponse, je lui ai tiré l’oreille, ce qui a provoqué sa colère, elle m’a mordu encore plus fort, et j’ai crié de même. Rita était scandalisée, et jappait avec fureur, elle me défendait! Elle ne me lâche pas d'une semelle. Je l'ai emmenée à Moscou, où j'ai fêté ce matin la Protection de la Mère de Dieu, fête votive de la paroisse du père Valentin. A la fin de la liturgie, le choeur a chanté "Longue vie!" au patriarche Cyrille, puis pour le gouvernement et les armées du pays, comme si nous étions en guerre. Le père Mikhaïl a rappelé l'apparition de la Mère de Dieu étendant son voile protecteur sur l'assemblée des fidèles, à Constantinople, puis toutes les occasions historiques où elle a protégé la Russie, pour conclure en nous disant de ne pas avoir peur, car si Dieu nous prépare maintenant de grandes épreuves, Il sait aussi où il nous conduit.
La veille, le père Valentin m'avait expliqué que dans la trahison de Bartholomée entrait une vieille rancune grecque contre des attitudes maladroites, désinvoltes ou méprisantes des Russes au cours des siècles, et une rancune personnelle pour l'absence des Russes au concile de Crète. "Mais ce concile était très douteux...
- En effet, mais il avait été préparé depuis des années, et les Serbes ont fini par s'y rendre, pour énumérer tous leurs points de désaccord. Et nous pouvions faire pareil.
- Mais enfin, est-ce une raison pour poignarder le métropolite Onuphre dans le dos et plonger ses fidèles dans les persécutions? Quel genre de patriarche est-ce là?
- Je ne dis pas le contraire, il est méchant et vindicatif, nous aurions pu lui éviter cette occasion de nous le montrer..."
Personnellement je pense que si ce contexte donne peut-être un élan particulier au patriarche dans l'accomplissement de cette infamie, ce n'est certainement pas la seule raison.
Je pressens de tels malheurs que mon coeur se serre, et que je suis allée à la communion en pleurant. Je ne suis pas une inconditionnelle du patriarche Cyrille, il n'a pas le charisme du patriarche Alexis, que j'aimais beaucoup, comme d'ailleurs tous les Russes. Mais il y a une chose dont je suis sûre: la métropolite Onuphre est un grand et lumineux hiérarque. Et l'orthodoxie ukrainienne connaît un élan de ferveur exceptionnel. Ce sont ces justes qui sont livrés à la persécution par les manœuvres politiques de forces qui n'ont rien d'orthodoxe.
Le père Valentin m'a parlé ensuite de la couleur nationale que donnait chacun de nos pays à son Eglise locale et de notre fond aryen commun, qui nous réunissait tous. "Et moi, dis-je, où donc me placez-vous, là dedans?
- Vous, vous alliez les meilleures qualités des orthodoxes aux meilleures qualités des Français!"
 Je lui ai répondu que c'était exactement ce que je pouvais dire de mon ami Henri Barthas, avec lequel, malheureusement, son entretien fut trop court. Puis nous avons bu à la sainte Russie, contre laquelle ne prévaudront pas les portes de l'enfer, et à la naissance de sa dernière petite-fille, sixième enfant de sa fille Macha, dont il a célébré les louanges: "Macha est une personne remarquable, elle ne pense jamais à elle, et toujours aux autres". Avis que je partage pleinement.
En sortant de la liturgie, j'ai passé un moment avec Dany, puis, comme je tombais de sommeil, je suis entrée à la Chocoladnitsa pour prendre un café, et je suis tombée sur une joyeuse réunion de fidèles, avec la femme du père Valéri, et Yana, artiste-peintre que j'avais rencontrée à Pereslavl. Un moment chaleureux avant de rentrer à Pereslavl, au travers du grand bal de l'automne, ou les robes scintillantes et légères des bouleaux se mêlent à la sombre fourrure des sapins encapuchonnés, dans un noble défilé qui s'étend à l'infini.
Et retrouvant la maison, Rita a manifesté une joie évidente: elle s'y sent chez elle. Rosie l'a bien accueillie. Moi aussi. Mais Rosie considère la maison et le voisinage comme un fief sur lequel elle veille. L'emmener quelque part est hors de question.

Chez moi, ce soir

chute des feuilles sur ce qu'il reste de l'été

Rosie gardienne des lieux
 
La réunion des petites dames à la Chocoladnitsa.


vendredi 12 octobre 2018

Le métropolite de Zaporojie Luc : la décision de Constantinople revient à délivrer à un cadavre l'attestation qu'il est bien en vie

Un article de Pravmir traduit par mes soins:
12 octobre 2018

- On a « restauré la canonicité de Philarète ». Qu’en est-il du clergé ordonné par les schismatiques ? Qu’en est-il des sacrements administrés toutes ces années ? Ils sont maintenant reconnus automatiquement comme valables et pleins de grâce ? Ou bien non ? Peut-on maintenant enterrer religieusement les baptisés du Patriarcat de Kiev ?

- C’est une question qu’il faut adresser à Istanboul. En vérité, si Dieu veut châtier un homme,il le prive de raison. Nous en voyons un éclatant exemple dans la décision qu’a prise hier la cession d’Istanboul. Les Ukrainiens ont reçu la décision « du Phanar », prise dans la capitale d’un pays musulman, la Turquie, autrefois l’ancienne Byzance qui n’existe plus aujourd’hui, qui a sombré dans les années de l’empire, où il y a moins d’orthodoxes que dans le plus petit centre de district d’Ukraine. On peut seulement dire que le canon privé de raison n’a pas été rédigé. Aucun point de cette décision n’a de confirmation canonique ni d’explication sensée. Pour moi, personnellement, et en accord avec les canons de l’Eglise, le citoyen Denissenko ne se repent pas, pour l’instant, de son péché de schisme, toutes ses actions sont anticanoniques et dépourvues de grâce. Et ce qu’on a décidé au patriarcat de Constantinople ressemble à l’attribution à un cadavre d’un certificat comme quoi il est vivant  (comme chez Gogol, dans les «Âmes mortes », on va bientôt lui « demander » de l’argent).

- Le territoire de l’Ukraine ne coïncide pas tellement avec celui de la Métropole de Kiev au XVII° siècle. Faut-il comprendre que la décision de Constantinople ne s’applique pas à l’extérieur de cette métropole (Slobojanchtchina, le Sud et autres) ? Risquons-nous un schisme sur des bases territoriales ?
- C’est encore un aspect de l’absurdité de cette décision. Et que faire en ce cas du territoire de la Pologne, de celui de la Russie, de la Biélorussie, des pays Baltes, tous ces territoires entraient dans la composition de la métropole de Kiev dans les frontières du XVII° siècle. Maintenant, ils sont aussi sous l’omophore d’Istanboul ? 

- Le 25 septembre, le synode de l'EOU a demandé aux exarques de Constantinople de quitter le territoire de l’Ukraine. Cette demande fut ignorée. La décision de Constantinople sera-t-elle aussi ignorée par l'EOU?
- Vous savez, c’est comme lorsqu’on exige des visiteurs d’un hôpital psychiatrique qu’ils ne contrarient pas les patients. L’Eglise n’est pas obligée de respecter ce qui n’a aucun sens, ni canonique ni commun. L’Eglise va continuer à s’occuper de ce dont elle s’occupe depuis plus de 2000 ans, amener les gens à Dieu, se soucier du salut de leurs âmes, témoigner de la Vérité, dire la vérité même si elle n’est pas agréable, prier pour tous ceux qui tombent dans la folie.

-  L'appel de Constantinople à éviter l'appropriation illicite d'églises et la violence sera-t-il efficace dans la pratique?
- L’encre des décisions du Synode n’avait pas eu le temps de sécher que le chef du ministère des Affaires Etrangères d’Ukraine déclarait que nous, les fidèles de l’EOU, en union avec le patriarcat de Moscou, devions dégager d’Ukraine. Si un fonctionnaire de ce niveau, un diplomate, fait de telles déclarations, que devons-nous attendre de personnes d’un niveau inférieur ? Le premier vice-président du Parlement appelle à soutenir l'action: venir au Maïdan et boire un verre de Cahors, pour fêter la décision du citoyen turc. Regardez ce qui se passe en Ukraine occidentale depuis 2014 - des militants nationalistes s'emparent des églises, les tribunaux décident de l'illégalité de leurs actes, mais personne ne respecte leurs décisions. Désormais, ces décisions ne font que « donner des ailes » aux radicaux. Dans un pays où le nihilisme est légal, vous pouvez vous attendre à tout. C’est la répétition absolue de 1937.

- Quelle est à présent la situation dans l’éparchie de Zaporojie ? Les croyants sont-ils en danger ? A quoi doit-on s’attendre ?
- les pseudo patriotes de Zaporojie appellent à se joindre à l’action du Maïdan, se rassembler sur la place principale de la ville pour boire un verre de Cahors en l’honneur de la décision prise en Turquie. On ne m’a jamais appris à faire des prédictions, mais Dieu organise tout en vue de notre salut, et donc, Il ne nous abandonnera jamais !

mardi 9 octobre 2018

Iouriev-Polski

J'avais depuis longtemps envie d'aller visiter Iouriev-Polski, une autre vieille ville russe, à 60 km de Pereslavl (toutes les vieilles villes russes sont plus ou moins éloignées les unes des autres par 60 km, une journée à cheval). Et comme il faisait beau et que ce sont les derniers jours de "l'automne d'or" (suivi de l'automne gris, sombre et sinistre de novembre), je me suis décidée.
Rita, me voyant me préparer, s'est jetée sur son sac, me montrant par toute une pantomime qu'on ne pouvait pas la laisser. J'ai pris le sac, avec Rita dedans. Rosie, dehors, jouait avec sa soeur Eva et quelque mauvais garçon.
La route de Iouriev-Polski est très jolie, car elle traverse des espaces dégagés infinis. De grandes fontaines de feuillages phosphorescents bordaient la route grise, des cascades jaunes et frémissantes, avec encore des reflets d'un vert épuisé ou des rougeoiements intenses. Je voyais surgir de tout cela parfois des coupoles brillantes ou un élégant clocher, comme celui d'Elizarovo, le fief de mon héros Fédia. Beaucoup d'églises restaurées plus ou moins, essentiellement par le monastère saint Nicétas. J'ai attendu au moins vingt minutes à un passage à niveau et acheté un seau de cèpes à une vieille qui titubait le long des voitures à l'arrêt, cet été, je lui avais pris des pommes...
Iouriev-Polski est une petite ville assez morne, un peu délabrée mais encore peu ravagée par les cottages et les châteaux américains, sans doute faute de moyens. Le centre sent le XIX° siècle. Arrivée devant le beau monastère, en voie de restauration, j'ai vu que pas de chance, le musée fermait justement le mardi. Or il semble intéressant, avec des expositions variées. Il me faudra revenir. A Rostov non plus, la première fois, je n'avais pu visiter les musées.
A l'intérieur du monastère, le jardin avait du charme, et des allées en bois, comme depuis la nuit des temps en Russie. J'ai suivi ensuite le "val", cette butte de terre qui supportait autrefois les fortifications en bois de la ville. J'ai essayé de faire sortir la mijaurée de son sac, elle s'est assise d'un air boudeur et perplexe, pas question pour elle de se déplacer en terrain inconnu. Son ex ne devait pas la promener.
Depuis le val, j'avais une jolie vue sur le monastère et la ville, une ville oubliée entre Vladimir et Pereslavl, pleine d'espaces verts, mais il ne semble pas s'y passer grand chose, Pereslavl me paraît un endroit plus vivant.
Au moment de quitter l'endroit, je sens mon chignon qui s'effondre. J'avais voulu faire un vrai chignon, avec des épingles, je suis un garçon manqué qui vieillit mal, il faut dire que le surpoids va mal aux garçons manqués... Une jeune femme aurait pu d'un fier mouvement de tête dégager toute sa lourde chevelure et continuer ainsi, mais une grand-mère peut difficilement se le permettre. Dans la voiture, j'ai laborieusement tortillé tout cela, puis j'ai fini par me coller un foulard rouge sur la tête avec les cheveux dedans. Et les épingles!

Je soupçonne que l'église en bois a été démontée dans un village puis remontée dans le monastère

Cette maison a le style des maisons de marchands, rez-de-chaussée en briques, étage en bois.

Depuis le val








lundi 8 octobre 2018

Derniers travaux d'extérieur


J’ai dû encore beaucoup jardiner, aujourd’hui, et j’ai mal partout. Mon voisin, venu m’aider, m’a dit que très peu de choses poussaient normalement dans notre marécage. Il m’a conseillé de planter des framboisiers sur la butte qu’il m’a ménagée par-dessus les sacs de sciure que j’avais traînés l’année dernière pour protéger la canalisation : ils seront surélevés, et ce mélange de terre et de sable leur conviendra. En effet, là où ils étaient, mes framboisiers ne faisaient rien du tout, là où ils étaient, on peut faire pousser du houblon, des roseaux, des légumes surélevés également, dès qu’on creuse un trou on tombe sur de l’eau. Je dois tenir compte de l’épaisseur de terre disponible et d’autres paramètres, les fils électriques, l’ensoleillement… Ca en fait, des contraintes, mais ça prend tournure quand même. Dans la foulée, j’ai déplacé aussi mes buissons de chèvrefeuille comestible, le seringat qui stagnait… Tout cela me cachera la « zone technique », ma voiture et les disgrâces du voisinage immédiat.
Rita s’habitue très bien. Elle ne me lâche pas d’une semelle, de sorte qu’elle va aussi dans le jardin. Rosie la regarde comme une sorte de chat supplémentaire. Elle me rappelle plus Jules que Doggie, avec un côté chipie bien féminin. Elle est très câline, et à mon avis, elle se plaît beaucoup ici, avec moi. Je la trouve de plus en plus guillerette et impudente. Nous sommes allées ensemble au café français, mais je ne rencontre plus jamais les patrons. Ils emploient quelqu’un pour gérer.
J’ai acheté deux thuyas, un pour tenir compagnie au précédent, devant la grosse baraque du voisin côté nord, l’autre pour remplacer le seringat à l’ouest, et  cacher un peu la fenêtre de ma cuisine. Le thuya pousse bien et très vite, chez moi. J’aurais pu mettre des sapins, mais cela vient trop gros pour ma petite surface et pour mes fils électriques.  Cela me paraissait un peu déplacé, ici, un peu prétentieux, mais il faut bien s’adapter, et puis, dans mon jardin de grand-mère russe, ils vont me rappeler un peu la France… Dans le magasin « l’Empire des Fleurs », une dame m’a demandé d’où venait mon accent. «Je suis Française…
- Ah c’est ce que je pensais, vous êtes la Française que j’ai vue sur Internet, celle qui vit ici et trouve qu’on a beaucoup abîmé la ville… »
Bon, eh bien comme ça, c’est clair ! Tout le pays sait ce que j’en pense… C'est sans doute sur les fils de commentaires des collaborateurs du musée que tout cela est apparu.
Il me faut retourner à mes traductions, et surtout finir mon livre, mais il y a toujours quelque chose à vérifier, c’est sans fin. J’essaie de ne plus regarder non plus de documentation. Ou alors je finirais par tout réécrire. Il faut que j’assume mon conte russe tel qu’il est. D'autant plus que les sources sont souvent terriblement contradictoires.

coup de projecteur automnal


Les deux thuyas destinés à masquer la chose...

la butte aux framboisiers qui cacheront la voiture. J'ai mis devant les chèvrefeuilles comestibles et des hortensias



samedi 6 octobre 2018

L'automne s'installe

Hier, j'ai fait une première ballade, avec Rita d'un côté et Rosie de l'autre. Rosie gambadant comme un cerf, et Rita trottinant avec désespoir, me démontrant de toutes les manières qu'elle voulait retourner dans son cher sac, que j'avais à l'épaule. Fleur de bitume n'aime pas la campagne.
Je suis montée jusqu'à la chapelle qui commémore le monastère détruit et son cimetière, sur lequel des inconscients, auxquels les conscients prédisent bien des malheurs, construisent des maisons moches. De là, je regardais le lac, sombre comme la mer Blanche, un lac devenu froid, automnal, au delà des saules jaunissants. Je voyais ma maison, très verte, quand même...
Je suis revenue par ce qu'on appelle le quartier de Boris et Gleb, du nom des princes martyrs assassinés par leur frère aîné, un quartier qui surplombe la ville: les jolies maisons traditionnelles sont de plus en plus rares. La mocheté, le bricolé, le tape-à-l'oeil et la banalité ont tout envahi. Une agglomération de cabanes hétéroclites avec des coupoles au milieu et un lac à l'horizon. Je pensais à cette phrase publiée par Renaud Camus sur sa page:
 Jadis le monde était beau et l’on déplorait les atteintes de laideur qui lui étaient portées. Aujourd’hui le monde est affreux et l’on se réjouit des quelques lambeaux de beauté qui subsistent.
Puis j'ai jardiné, c'est-à-dire déplacé des plantes, mais je sens qu'il faut se dépêcher, ce sont les derniers jours. J'ai démonté le hamac, qui prenait l'humidité. Tout jaunit très vite. J'ai mal partout, mais j'ai mis beaucoup de choses en place pour l'année suivante.
 Rita me suit comme mon ombre, cela ne plaît pas trop à Rosie, qui se résigne. Jouer avec elle, je crains que ce ne soit pas possible. Rita est très chochotte et puis surtout petite et fragile, alors que Rosie est grosse et brutale. Je ne pensais pas qu'elle m'était si attachée, la coureuse, mais si. Ils me sont tous attachés...
Rita est paniquée dès que je m'éloigne d'un mètre. Je vais à la cuisine, elle me suit, au jardin, elle me suit, aux toilettes, elle me suit. Et quand elle ne me voit pas, elle hurle. Au début, il lui arrivait de hurler la nuit, sous mon lit.
Elle n'est pas propre, son ex me disait qu'elle faisait sur un petit tapis qu'elle lavait tous les trois jours, eh bien pas avec moi. Mais heureusement, elle est très intelligente. Elle a compris que cela ne me plaisait pas, et si je la sors, elle délivre un petit pipi qui lui vaut des compliments et une friandise.
Le petit Bouton, que je n'avais pas pris et qui avait été vendu, a été restitué pour cause d'allergie de l'enfant de la famille... Mais à présent, j'ai Rita. Je pense que Rosie aurait préféré Bouton. Et j'ai de la peine pour lui, cela ne lui serait pas arrivé avec moi.
Etrange sensation que de manger à Pereslavl une tome de chèvre en salade ardéchoise. J'ai utilisé le fromage blanc de Nadia, qui est un tout petit peu sec par rapport à une tome en faisselle.

La chapelle et sa croix

Le truc vert en plein milieu, c'est ma maison...

Encore un bel étang, dans le quartier haut




jeudi 4 octobre 2018

Acclimatation de spitz réussie

J'ai passé une nuit difficile. Rosie montait la garde dans ma chambre, pour empêcher Rita d'accéder au lit, réservé aux chats, dans son esprit. Mais sa présence arrachait d'incessants grognements à Rom qui ne peut pas la voir. Ne pouvant pas dormir, je suis allée corriger mon livre, puis je suis revenue m'écrouler. Rosie avait quand même décidé de se coucher. Rita a réussi à gagner la place convoitée, mais elle a fait partir les chats. Tout cela me courait dessus dans tous les sens.
Au matin, Rosie a presque fait des fêtes à l'intruse. Je n'ose pas l'engueuler alors elle vide toutes les gamelles y compris celle de Rita qui fait la difficile.
Je suis allée jardiner, Rita me suit comme mon ombre. Je ne suis pas sûre qu'elle raffole du grand air, mais tout plutôt que de me lâcher. Tout ça, dehors, ne s'entendait pas mal, sauf que Rosie embête Georgette, et Rita aussi, mais Rosie estime qu'elle est la seule à pouvoir se le permettre.
Dans l'après-midi, j'ai décidé d'aller faire des courses pour la meute, panique de Rita, dès qu'elle m'a vue m'habiller. Elle s'est jetée sur son sac, en le grattant frénétiquement pour entrer dedans. Je l'ai prise avec moi, mais le temps de faire le tour de la voiture, pour rejoindre ma place après l'avoir installée, elle poussait déjà des cris angoissés debout contre la vitre. Son ex patronne me disait qu'elle restait souvent seule, parfois deux jours de suite. Eh bien je pense que cela ne devait pas lui plaire.
Rosie recommence à aller se promener, je pense qu'après avoir constaté qu'elle restait le chef de meute, ce qu'elle rappelle périodiquement, elle se rend compte que la demie portion ne change pas grand chose à sa vie. Rita passe tout le temps que je passe moi-même à mon bureau dans un panier sous ma table et sur mes pieds.
Le plus dur est fait.