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vendredi 3 avril 2020

Un évêque dans les nuages

Pereslavl n'est pas confiné. La région de Iaroslavl n'est pas confinée, le gouverneur n'ayant pas jugé utile de le faire. Celle de Vladimir l'est. Je me dis qu'avec un peu de chances, on pourra aller jusqu'à Pâques.
Les rues sont assez vides, néanmoins, des magasins et des cafés fermés; mais Poutine a décreté un congé payé pour tout le monde. En revanche, Moscou et Saint-Pétersbourg sont confinées à mort, théoriquement. Mais le fils de ma voisine est venu sans problèmes s'installer chez sa mère pour y passer ce moment difficile au vert. Nous nous sommes parlé de loin, par dessus le grillage, pendant qu'il faisait chauffer son bain de vapeur.
Je suis même allée me promener, vers le marécage et l'ancienne berge du lac, de plus en plus défigurée par les OVNIs de la construction sauvage. Les gens ont des maisons, les martiens ont des OVNIs, c'est comme ça, les martiens sont parmi nous, c'est la modernité sous toutes ses formes affreuses qui les fabrique en série dans ses écoles, devant sa télé, dans ses fourmilières en béton..
En chemin, j'ai vu des gens qui se dépêchaient, avec leurs enfants, de faire encore une fois de la luge, grâce à toute la neige qui était tombée et qui commençait à fondre.
Grâce au carême qui me prive de produits laitiers, mes genoux vont beaucoup mieux, Evidemment, ce que je mange est sinistre et indigeste, mais la preuve est faite; les produits laitiers sont mauvais pour les articulations. J'ai marché sans trop de mal, si ce n'est que je manque maintenant d'entraînement.
Un jeune homme va venir s'installer deux mois chez moi, en échange, il me fera des travaux, c'est le neveu d'une connaissance. Ca tombe bien, car des travaux, j'en ai. Préparer le jardin pour faire un petit potager. Installer un poulailler. Les temps qui viennent vont être très durs, c'est embêtant de les affronter quand on commence à être physiquement diminué. J'ai personnellement beaucoup plus peur des conséquences du virus, et de tout ce que recouvre ce confinement géant que du virus lui-même.
J'ai vu des Italiens confinés qui chantaient en choeur, chacun devant son ordinateur, dans sa petite prison domestique, et j'en ai eu les larmes aux yeux: c'est encore un peuple qui veut vivre, qui n'a pas envie de se fondre dans l'horreur fasciste du mondialisme transhumaniste financier. Je souhaite que les Russes résistent, j'espère d'ailleurs qu'on résiste encore au plus haut niveau, c'est même mon seul espoir, et la seule explication, ou excuse, que je vois au comportement du patriarche ou aux déclarations du métropolite Hilarion Alfeïev sur les confessions par Skype ou messenger... Il se peut après tout qu'ils jouent un jeu qui nous échappe sur l'échiquier de cette énorme tragédie humaine qui se déroule à présent.
Et puis, il y a le métropolite Onuphre en Ukraine, et ici, notre évêque Théoctyste, que Dieu le bénisse.
Monseigneur Théoctyste est allé survoler en avion son éparchie avec les saintes icônes, ce qui a été fait aussi à Moscou, par le patriarche et le starets Elie, et à Kiev par le métropolite Onuphre, on dit même que Staline avait ordonné de le faire à l'approche des Allemands, avec l'icône de la Mère de Dieu de Vladimir.
J'ai publié cela sur Facebook, et j'ai eu deux réactions martiennes identiques, une russe et une française, car le martien, comme les monstres fascistes de la finance internationale, sont transversaux à tous les pays et toutes les ethnies, ils sont l'homme nouveau dont rêvaient les bolcheviques, le surhomme dont rêvaient les nazis, l'homme augmenté dont rêvent les transhumanistes cocopitalistes du XXI° siècle, dignes descendants des dynamiteurs de merveilles et des exterminateurs de paysans.  Ou plutôt, je le crains, en ce qui concerne ces deux individus négligeables, les futurs esclaves cocus et contents de cette nouvelle féodalité, de cette caste inamovible et atroce.
"Qui a payé le vol?" demande le "Russe".
"Ne ferait-on pas mieux, avec cet argent, d'acheter des masques et des respirateurs?" demande le "Français".
Notez que cette question n'est jamais posée à propos d'un match de foot, d'un festival de rock, d'une émission de télévision, de tout le panem et circenses onéreux qui gaspille le fric utile. Pour la merde, vous pouvez dépenser autant d'argent que vous voudrez sans encourir le moindre reproche. On ne demande pas pourquoi consacrer des sommes astronomiques à l'édification des étuis péniens de verre et de béton de 300 m de haut dont ont besoin les politicards et les nababs pour la vaine projection dans l'espace de leurs petits attributs corruptibles. Mais on vous mégotera avec une grande aigreur la restauration de Notre Dame, ou celle de l'église du métropolite Pierre, qui témoigne encore d'un peu de beauté et d'élévation à Pereslavl Zalesski. Ou le tour en avion de monseigneur Théoctyste qui bénit son éparchie et lui remonte le moral jusqu'aux nuages. Cela rend le martien malade. Il se met à baver comme les possédés à la vue du Christ.
Car même si l'on ne croit pas à la vertu des saintes icônes et des bénédictions épiscopales, on ne vit pas seulement de pain ni de masques respiratoires, mais de tout ce qui nous élève un peu au dessus de l'existence concentrationnaire affreusement avilissante qu'on nous fait de plus en plus. Je n'ose imaginer ce que serait la Russie sans le réseau de coupoles brillantes, de lieux spirituels, de processions qui en parcoure encore les espaces illimités.
Aux martiens venus déverser leur fiel sur sa propre page, l'évêque Théoctyste a répondu ceci:

Notre survol de quelques villes de la région de Iaroslavl avec des objets sacrés a soulevé une perplexité prévisible du côté des anonymes des réseaux. Je suppose que ces anonymes viendront tôt ou tard ici, aussi ai-je jugé utile de leur communiquer tout de suite et au même moment ceci:
1. Vous me traitez, ainsi que monseigneur Benjamin, de "débiles. Non, nous ne sommes pas malades (si c'est cela que vous avez à l'esprit) et pour ce qui est de l'intellect, pour nous tout va bien (si c'est à ce sujet): monseigneur Benjamin à derrière lui une formation de mathématicien à l'université de Moscou, et j'ai moi-même quelque chose de semblable, et aussi sur mon CV un travail sur la création du téléscope "Spectre UV". Mon apport est modeste, mais il existe. 
2. Vous appelez ce que nous avons fait du "marasme". Non, ce n'est pas du marasme, c'est la tradition multiséculaire de l'Eglise. Le marasme, c'est d'appeler deux hiérarques que vous ne connaissez pas de divers mots désagréables (et quelquefois non imprimables) pour la seule raison que votre foi en la technologie (à la création de laquelle , du reste, monseigneur Benjamin et moi avons contribué) contredit notre foi en Dieu.
3. Vous énoncez que nous devions employer l'argent dépensé à l'aide sociale. C'est très noble de votre part d'essayer de disposer de l'argent d'autrui. Mais voilà le hic: l'avion n'est pas à nous, et le travail du pilote, de l'aéroport, ainsi que le carburant ont été payés par le propriétaire de l'avion. Que d'ailleurs je ne connais pas. De même que monseigneur Benjamin. Si vous avez la possibilité de le joindre, et de lui expliquer quoi faire de son argent, faites-le. Je suis sûr qu'il écoutera avec joie vos recommandations et leur obéira obligatoirement. Je n'ai pas la possibilité de lui transmettre vos désirs. 
4. Vous proposez de coudre des masques plutôt que de prier. Mais nous cousons des masques avec la prière. Ce sont les monastères de l'éparchie qui le font. Et ils ont commencé à s'en occuper bien avant de recevoir vos instructions. Et non seulement ça, mais nous prévoyons de produire des antiseptiques. Notez-le: sans avoir attendu vos suggestions.
5. Je suis très content que votre nombre soit si insignifiant.  

Le métropolite Onuphre dans son survol de l'Ukraine:https://orthochristian.com/129708.html?fbclid=IwAR3G9zLTcUliFsnPF0VL_8weunWxJF18ZjnDTfJR-Hz-AFZOt7en0sTTdlI
 Et lui aussi s'occupe d'aider néanmoins la population, c'est certainement même là bas le seul qui le fasse avec désinteressement: https://orthochristian.com/129705.html?fbclid=IwAR1_dBjKOuXETGUck6PRaZzUBc8l-NY5pyTSzIO8TqDPDajm12dKoJZg7QQ

"Наш облет некоторых городов Ярославской области со святынями вызвал предсказуемый шквал негодования со стороны сетевых анонимов. Предполагаю, что анонимы рано или поздно придут и сюда, так что считаю необходимым сообщить им всем одновременно и сразу вот что.
1. Вы называете меня и вл. Вениамина "дебилами". Нет, мы не болеем (если вы это имеете в виду) и у нас все хорошо с интеллектом (если вы про это): у вл. Вениамина за плечами мехмат МГУ, у меня тоже кое-что близкое в смысле образования, а еще в моем анамнезе имеется работа над созданием телескопа "Спектр-УФ". Вклад мой невелик, но он есть.
2. Вы называете "маразмом" то, что мы сделали. Нет, это не маразм, это многовековая традиция Церкви. А маразм — называть двух лично вам не знакомых архиереев разными неприятными (а иногда и непечатными) словами по той лишь причине, что ваша вера в технологии (к созданию которых, кстати, мы с вл. Вениамином частично приложили свои силы) противоречит нашей вере в Бога.
3. Вы полагаете, что мы должны были направить потраченные деньги на социальную помощь. Очень благородно с вашей стороны пытаться распоряжаться чужими деньгами. Но тут загвоздка: самолет не наш, а работу пилотов, аэропорта и топливо оплатил хозяин самолета. Я с ним, кстати, не знаком. Как и вл. Вениамин. Если у вас есть возможность связаться с ним и объяснить ему, куда он должен направлять свои деньги, то сделайте это. Уверен, он с радостью выслушает ваши рекомендации и непременно им последует. У меня же возможности передать ему ваши пожелания нет.
4. Вы предлагаете вместо молитвы шить маски. Но мы шьем маски вместе с молитвой. Это делают монастыри нашей епархии. А начали они этим заниматься задолго до получения от вас ценных указаний. Более того, мы еще и антисептиками планируем заняться. Заметьте: не дожидаясь ваших подсказок.
5. Я очень рад, что вас ничтожно мало.




mardi 31 mars 2020

Hiver précoce!

Voilà, j'avais sorti mon salon d'été, pris l'habitude de rester dehors au soleil, de regarder fleurir mes quelques timides crocus, et même de faire des carrés au crochet, en vue de me confectionner un rideau et de me calmer les nerfs. Rien de tel que les travaux d'aiguille, quand on ne boit pas, qu'on ne fume plus, et que grignoter vous rend obèse. Quand je m'occupais de maman, je brodais au point de croix et un jour que je l'accompagnais à l'hôpital, me voyant le nez sur mon ouvrage, les infirmières s'étaient écriées: "Oh nous aussi, nous faisons de la broderie!"
J'ai pris une boîte  russe en écorce de bouleau, avec des motifs traditionnels du nord, pour conserver mon ouvrage. Je l'avais achetée il y a déjà longtemps;


 
 Je suis l'actualité française, évidemment, et je comprends bien que notre gouvernement n'a aucun intérêt à voir les gens guérir et sortir de leur confinement. Un traitement a été mis au point par un professeur éminent, toute la chienlit politico-médiatique, les pires histrions de service, se sont jetés sur lui comme des piranhas. Ce qui suffirait à prouver à mes yeux que ce professeur a raison et que son traitement est valable. L'expérience m'a prouvé que tout ce que defendait cette clique était indéfendable, et que tout ce qu'elle agonisait était digne de respect. Le professeur a beaucoup de partisans, non seulement dans la population, mais chez ses collègues. Néanmoins, on n'autorise son traitement que pour les malades en phase terminale à qui il ne servira plus à rien.
 Parallèlement, déficit complet de masques, de tests et bien sûr de places à l'hôpital, puisque ces mêmes roquets qui aboient après le professeur, se sont ingéniés à détruire le service public, selon les instructions de l'UE.
 Si un traitement existe, pourquoi ne fait-on pas un confinement ciblé (personnes et lieux à risques) au lieu de boucler toute la population à la maison?
En Russie, on a trouvé un traitement contre le coronavirus, qui est manifestement très proche de celui du professeur Raoult, un truc contre le paludisme associé à un antibiotique, je ne suis pas médecin,mais cela semble le même genre de substance. Néanmoins, à Moscou et Saint-Pétersbourg du moins, on a instauré un confinement drastique. Quelqu'un m'a dit que le traitement était utilisé dans les hôpitaux russes, qu'il ne fallait pas surcharger, car ils sont souvent en piteux état.Très bien.
En France, pendant que la population est bouclée, et que les racailles continuent à se promener, parce que le confinement n'est pas dans leur culture, on prive les gens de leurs derniers droits, on leur pique leur dernier fric, leurs petites entreprises, petits magasins et petits bistrots s'effondrent, les vieux crèvent en priorité, c'est bien pratique, et si les racailles inciviques clapotent à l'occasion, ce n'est pas grave, toute l'Afrique piétine à la porte, 100 millions d'Africains dont on a bien dû farcir la cervelle de perspectives aussi fausses qu'alléchantes, rêvent de nous submerger, il faut bien leur faire de la place.
On en profite aussi un peu partout pour installer la 5G qui, outre son action ravageuse sur la nature, permettra un contrôle total de tout l'environnement des individus, et de l'individu lui-même. Car dans la foulée, des gens qui nous veulent du bien proposent leur vaccin antivirus (jusqu'au prochain virus qui demandera un autre vaccin) et un puçage électronique massif, c'est-à-dire une camisole de force électronique pour chacun d'entrte nous.
La société idéale, c'est en somme la société chinoise du contrôle total, la fourmilière dévorante, le "cocopitalisme", comme dit une de mes amies, la perte totale de tout ce qui nous gardait encore humain, et bonjour le transhumanisme. J'en vois même que cela enthousiasme, et qui trouvent que la disparition des espèces, ce n'est pas cher payé pour ces lendemains exaltants de l'homme "augmenté" et robotisé qui ne sait même plus ce qu'il a perdu en faisant table rase impitoyable de tout ce qui l'a précédé, de ces millénaires d'expérience et de savoir-faire.
La Russie me semblait le dernier rempart contre ce mondialisme satanique qui fera (et fait déjà) de notre vie un cauchemar de science fiction.
Cependant j'invite le lecteur curieux à lire cet article de Karine Bechet Golovko et en général son blog, source d'information pour moi indispensable sur la Russie et même le monde, d'ailleurs, on ne peut plus parler d'un pays sans faire référence à tout le reste.
 http://russiepolitics.blogspot.com/2020/03/coronavirus-la-russie-sommee-dabdiquer.html
Cet article a fait ricaner plein de gens, mais non mais non, le peuple russe, superman Poutine, pas du tout. Je ne demande qu'à les croire. Et ils ont peut-être raison, peut-être Poutine et le patriarche finassent-ils, en face du reste du monde et de l'Empire, du coup d'état des élites globalisées,, souhaitons-le...Car parallèlement, le patriache Cyrille, le métropolite Hilarion et le métropolite Tikhon, les trois hiérarques les plus en vue de l'Eglise russe, nous invitent à ne pas aller à l"église, le sermon du père Tikhon m'a particulièrement inquiétée, celui du métropolite Hilarion étant plus modéré. Pas d'église, pas de communion, ce serait de l'orgueil, de la désobéissance, pour tout dire un crime, ce virus, c'est la troisième guerre mondiale, il y aura 40 millions de victimes, bref, un discours destiné à terrifier les babouchkas, et qui a très bien atteint son but, d'après les commentaires. Pourquoi, s'il existe un médicament à ce virus, très mauvais, mais enfin ce n'est pas la peste bubonique, nous monter pareillement la mayonnaise?
On me dit que les Russes sont indisciplinés, alors il faut leur faire peur, moi, je n'aime pas trop qu'on me prenne pour une imbécile.
J'ai été beaucoup plus paniquée de voir le métropolite aller dans le sens de la terreur devant le virus, sans placer l'évenement dans son contexte, que par le virus lui-même.
Car le virus n'est pas la troisième guerre mondiale, il en est une péripétie, de cette guerre contre les peuples que nous mène une caste de malfaisants supranationaux "cocopitalistes" et transhumanistes. Plein de gens me disent que je délire, cela fait des années que je délire, et que néanmoins cela va de plus en plus mal, mais personne ne reconnaîtra jamais que je le disais il y a longtemps, que je le sentais venir, que je prévenais. C'est là le sort de Cassandre sur son rempart. Car je n'y connais rien en politique et en économie, je peux me tromper sur les détails, néanmoins, j'ai de l'instinct (de conservation) et le sens du sacré, de la dimension métaphysique des événements et j'arrive à les relier entre eux.
Il est évidemment plus facile de préférer le mensonge qui rassure à la vérité qui dérange. Mais on a déjà vu des idéologues délirants transformer des pays ou même des continents en enfer, on a eu le goulag, on a eu les nazis, eh bien vous allez adorer l'esclavage électronique universel précédé de l'extermination des surnuméraires.


dimanche 29 mars 2020

Viens en aide à mon incrédulité

A l'église ce matin, peu de monde. Après la communion, je suis allée chercher une prosphore au comptoir des cierges, et la vendeuse s'exclame avec un sourire radieux: "Je vous félicite d'avoir communié! Je ne sais pas si nous survivrons, mais du moins, nous mourrons avec l'eucharistie!" Oui... eh bien il y avait longtemps que je n'avais pas fait un carême aussi carémique, aussi recueilli. Ma communion m'a vraiment procuré de la grâce. Et pourtant, je suis allée à l'église bien tranquille, puisque chez nous, pour l'instant, il ne se passe pas grand chose. Je n'ai pas fait un acte héroïque. Mais il apparaît qu'à défaut du virus, la peur gagne Pereslavl, par le biais de la télévision, que je ne regarde jamais. Et cette grâce m'est apparue comme un encouragement. En confession, le père Andreï m'a dit qu'on ne fermerait pas les églises en Russie. Son homélie portait justement sur l'eucharistie, sur la peur, sur les glapissements anticléricaux de ceux qui voient dans tout cela un prétexte de plus pour tomber sur l'Eglise, et exigent à cor et à cri  qu'on nous ferme les sanctuaires et qu'on nous y empêche d'y aller. L'Evangile racontait l'histoire de cet homme qui est allé vers le Christ pour lui demander de guérir son fils possédé. "Crois, et il sera guéri, dit le Christ.
- Je crois, Seigneur, répond l'homme, viens en aide à mon incrédulité"!
C'est là ma prière de base.
Le père Andreï comparait la mentalité russe et la mentalité occidentale. "Pourquoi est-ce que les anticléricaux nous détestent tellement, et pourquoi les occidentaux ne nous aiment pas? C'est une affaire de mentalité. La moitié occidentale de l'Europe est depuis la Renaissance et l'humanisme centrée sur l'homme, et la moitié orientale est restée centrée sur Dieu. Eux, ils sont individualistes, dès que quelque chose ne va pas, ils se replient sur eux-mêmes. Alors que nous, qui sommes centrés sur Dieu, nous sommes dans la communion, et quand cela ne va pas nous nous réunissons, et c'est comme cela que nous avons gagné la guerre contre Napoléon, et celle contre Hitler, parce que nous sommes unis. Ne nous laissons pas désunir par la peur, nous savons qui est derrière tout cela. Aujourd'hui, c'est notre foi qui est mise à l'épreuve, Seigneur, viens en aide à notre incrédulité."
Je lisais hier que l'église saint Séraphim de Montgeron était déjà persécutée par le voisinage. Alors que quatre personnes s'y réunissaient pour filmer une liturgie sans fidèles, retransmise pour ceux qui sont cloîtrés chez eux, des cris de hyène ont commencé à retentir alentour: "Ils ont ouvert leur église! Il y a du monde, là dedans!" Et de faire venir aussitôt les flics. Quelle horreur. Et quand on sait quelles manoeuvres tout cela dissimule...
Je fais attention, étant donné mon âge, et ma faiblesse côté ORL, mais je ne vivrai pas comme un rat. J'en avais ce matin la claire certitude, j'avais le sentiment d'une approbation d'en haut, une main aimante descendait sur mon coeur: ne crains pas. Et tout le monde autour de moi semblait éclairé par le même sentiment et une sorte d'amour et de reconnaissance réciproques.
Comme je suis fatiguée de susciter toujours les mêmes réactions, je poserai la question suivante: pourquoi a-t-on tout fait pour que la situation dégénère, pour en arriver à enfermer le monde entier, au moment où il commençait à bouillir, où les Serbes et les Monténégrins étaient tous dans la rue pour soutenir leur Eglise, où les Français poursuivaient obstinément leurs protestations, et je ne parlerai pas des arrières-plans financiers et économiques qui ne sont pas de ma compétence, quels que soient les efforts que je fasse pour comprendre. Pourquoi fait-on tout pour empêcher d'appliquer le traitement efficace du professeur Rouault, qui est une sommité des maladies infectieuses? Les Russes sont en train de mettre au point un médicament qui est, semble-t-il, parent de celui de Rouault.
Pourquoi ne dépiste-t-on pas les gens, pourquoi ne leur donne-ton pas de masque, et je pourrais continuer la liste de ce genre de questions, si j'en avais encore le courage... Il est tellement évident pour moi qu'on n'a pas envie que la crise se termine, et que peu importe le nombre de gens qui y passent, aux yeux des technocrates et des banquiers, que représentent nos vies, trop nombreuses à leur goût?
Ce qui me terrifie, c'est l'idée que la Russie puisse se rendre complice de ce coup d'état mondial qui utilise cette pandémie en jouant sur une peur soigneusement exacerbée pour réaliser des objectifs ténébreux et totalitaires. Le but, en France est pleinement atteint, et 90% des Français sont contents d'être enfermés, tandis qu'on les prive de leurs derniers droits, avant de leur prendre leurs derniers sous, et de laisser s'écrouler leurs dernières affaires indépendantes. Il est clair que les médias russes sont également majoritairement acquis aux mafieux mondialistes, bien que de façon moins unanime que chez nous, et que certains politiciens russes le sont aussi.
Mais chaque fois que je vais à l'église, j'en ressors avec la certitude que "Dieu est avec nous". Le père Andreï aurait pu poursuivre son parallèle en observant que la frontière ne passait pas seulement entre individualistes et communautaristes mais entre modernes et traditionnels. Et comme je le disais dans une autre chronique, plus simplement entre êtres humains et martiens.
Un échange sur facebook m'a encouragée, sur la page d'une intellectuelle russe très au fait de ce qui se passe, avec une soeur politologue, très loin d'être optimiste. Elle écrit: "Nous nous en sortirons, parce que nous nous en sommes toujours sortis." Je lui répond que j'en ai eu la certitude à l'église, auprès des croyants de Pereslavl et de notre évêque. D'autres renchérissent: "nous avons l'habitude de nous battre". Et mon amie de conclure: " вот и я так же чувствую.., все справимся. Наши деды и бабушки пережили две войны, спасались трудом, верой и волей. Она нас зарядили!
Эх, не доехала до Вас, дорогая Лоранс. Теперь через месяц, наверное..
Но Вы у меня первая в планах на жизнь!
Все будет хорошо, будьте здоровы"

"Eh bien moi aussi, je le pense... Nous nous en sortirons tous. Nos grands-pères et grands-mères ont survécu à deux guerres, ils se sont sauvés par le travail, la foi et la volonté. Ils nous ont chargés d'énergie! Oh, je n'ai pas réussi à aller jusqu'à vous, chère Laurence. Maintenant, d'ici un mois, sans doute... Mais vous êtes la première sur ma liste de plans. tout ira bien, portez-vous bien".
Le printemps est là, en avance, j'ai sorti le salon de jardin, et reçu Kostia et Natacha. Natacha rédige ma traduction de mon livre, et sent très bien mon style, j'ai l'impression d'avoir écrit directement en russe, à part deux ou trois détails. Yarilo l'enthousiasme, et elle trouve très important que les Russes y aient accès. Mais qui sait quand il sera encore possible de publier des livres, et de quelle utilité seront-ils dans le monde affreux qu'on nous prépare, si Dieu n'intervient pas, pour compromettre les plans de tous ces richissimes malades? 
Mais il interviendra, d'une manière ou d'une autre.


mercredi 25 mars 2020

Coronavirusse

Temps magnifique, j'ai fait changer mes pneus, la voiture a ses chaussures d'été. Je m'y prends tôt, mais même s'il y a un retour de gel, je me déplace très peu en ce moment, et après, je risque de faire la queue, quoique cette année, les moscovites seront beaucoup plus rares à venir, sans doute. Le patron du garage me désigne d'un large geste un banc flambant neuf: "Asseyez-vous, mon soleil! On vient juste de le poser pour les clients!"
Je m'assieds donc, pendant l'opération. Les gars qui oeuvrent plaisantent entre eux sur le coronavirus: "Ils ne sont pas solides, ces européens, s'ils buvaient autant que les Russes, ils ne seraient pas malades, les virus seraient tués par leur haleine avant même d'entrer!"
Puis je m'en vais payer. "Merci, notre mère nourricière!" s'exclame le patron.
Sur mon banc, je me demandais s'il me serait possible d'aller me baigner, au cas où nous aurions pour une fois un bel été, et quelque chose me dit que ce sera le cas. Encore ne dois-je pas me plaindre: j'ai un jardin. Mais avoir enfin un bel été et ne pouvoir aller nager et se promener, c'est dur, ici, ce n'est pas la côte d'Azur....
A Moscou, les gens à risque sont invités à rester chez eux. Dany m'a dit que le métro était désinfecté sans arrêt. Mais pour l'instant, on ne trouve de masque nulle part. Les gens à Pereslavl n'ont pas l'air affolé. Je ne vais plus à Moscou, pour ne pas tenter le diable. Rester chez moi ne m'ennuie pas, j'ai beaucoup de choses à faire dans la maison, et puis des traductions, celle de Yarilo, que corrige ensuite une amie, et j'écris un quatrième roman, sur ce que nous vivons ces temps-ci, pour essayer de comprendre un certain nombre de choses, dans ce processus apocalyptique. Curieusement, il est plutôt humoristique et truculent.
Un expert militaire russe (https://tsargrad.tv/news/my-zhivem-na-poroge-polnomasshtabnoj-biologicheskoj-vojny-jekspert-po-biooruzhiju-o-novom-hantaviruse_244477?fbclid=IwAR0jp0AidoSVEi2BPyPpUw46XLdOCbYVq3eG2cr2Ro8__VENJZI5NUMmEvkpense que le coronavirus et le virus suivant qui se déclarent déjà en Chine sont la répétition d'une guerre bactériologique à grande échelle, je ne sais pas si j'aurai le temps de finir et d'éditer ces livres, ni pour qui je les écris, certainement pas pour la postérité! Je les écris comme les soeurs de Solan ont bâti leur église. Pour la gloire de Dieu. Ou pour obéir à ma fonction.
Je prie davantage, quoique pas assez, mais je sens le secours divin, et cela m'apaise, je serais tout à fait fataliste, n'étaient mes animaux. Ils sont très heureux mais dépendent entièrement de moi. Natacha m'a dit qu'elle recueillerait le chaton monsieur Schtroumpf, si je mourais avant lui. Les autres sont moins jeunes, avec un peu de chances, j'enterrerai Chocha et Georgette, peut-être même Rominet, Blackos et Rita...
Poutine a reporté le réferendum au sujet de la nouvelle consitution. Il a prévenu les gens que l'épidémie ne pourrait être évitée, car on ne pouvait contrôler toutes les allées et venues, et qu'il fallait essayer d'en limiter les dégâts, la durée et les conséquences économiques; il a annoncé des mesures sociales de soutien aux familles, aux petites entreprises, aux gens endettés.

monsieur Schtroumpf

Les martiens

Je me suis souvent dit, devant la civilisation contemporaine et ceux qui en sont le produit, qu'il n'y avait pas besoin de fables sur les extraterrestres et les soucoupes volantes, les extraterrestres, c'est nous, ou plus exactement, quand on reste les pieds sur terre, ce sont eux, les mutants de la modernité: hors-sol, toxiques, dépourvus d'empathie.
Or je suis tombée sur un extrait d'une lettre de Merejkovski à Wells citée par un ami russe qui me confirme dans cette impression:

Et en conclusion, permettez-moi, mister Wells, de vous rappeler: vous-même. Vous savez ce que sont les bolcheviques? Ce ne sont pas des êtres humains, ce ne sont pas des bêtes, et même pas des diables, mais vos "martiens". A présent, non seulement en Russie mais sur toute la terre se produit ce que vous avez génialement prédit dans "la Guerre des mondes". Les martiens sont descendus en Russie ouvertement, mais secrètement, clandestinement, ils grouillent déjà partout. 
Le plus terrible chez les bolcheviques n'est pas qu'ils ont dépassé toute la mesure des méfaits  humains mais que ce sont des êtres d'un autre monde, leurs corps ne sont pas les nôtres, leurs âmes ne sont pas les nôtres. Ils nous sont étrangers, à nous enfants de la terre, d'une étrangeté extraterrestre et transcendantale. 
Vous, mister Wells, vous les connaissez mieux que quiconque, vous savez que le triomphe des martiens est la mort non seulement de votre patrie et de la mienne, mais de toute la planète Terre.
Alors, comment est-il possible que vous soyez avec eux contre nous?

 Je vois souvent des réflexions, pourquoi, comment, les Russes ne se sont-ils pas révoltés, comment ont-ils pu accepter tout ce qui s'est passé chez eux, les Russes eux-mêmes se le demandent, mais on peut se poser la même question devant d'autres événements analogues dans d'autres pays. En Chine, au Cambodge. Les Chinois me semblent exactement correspondre à cette définition des martiens, car ils nuisent sans aucune retenue, ni aucun complexe à tout ce qui vit, avec de grands raffnements de cruauté, le profit de la fourmilière est la seule chose qui compte. Mais nous aurions tort de nous arrêter à l'aspect communiste de cette maladie martienne qui s'est emparée de l'humanité, car le communisme est lui-même une dérive et une conséquence. Et ce qui est décrit par Merejkovski se poursuit aujourd'hui sous forme de globalisme transhumaniste, d'une espèce de bolchevisme capitaliste et nous observons à l'échelle planétaire la sidération qui était celle du peuple russe quand il a dérapé et s'est laissé prendre par les martiens, comme une jeune fille prise dans un viol collectif. Nous avons affaire à des martiens, qui ont pris le pouvoir politique et surtout financier, et qu'aucune considération normale et morale ne peut retenir. La grande faiblesse des enfants de la terre, des gens normaux, c'est d'être incapable de concevoir le mal à l'état pur que représentent les martiens. Ils ne s'attendent pas à ce qu'ils sont capables de faire. Ils les croient idéalistes, ou irréalistes, ou incompétents, ils s'indignent, ils essaient de comprendre, font appel à toutes sortes de sentiments  et de concepts élevés dont les martiens n'ont rien à foutre, mais qu'ils peuvent utiliser avec une grande fourberie, comme le virus du SIDA se déguise pour dérouter les anticorps. Les martiens ne connaissent jouissent positivement de la souffrance, de la destruction, de la laideur, de la profanation, de la perversité et de la mort. C'est ce que Dostoïevski avait commencé à explorer dans "les Démons". Plus que par la cupidité ils sont mus par l'exécration de la vie, par ses côtés capricieux, anticonformistes, imprévisibles et généreux. Ils s'acharnent sur la noblesse, sur l'innocence, sur le talent, sur tout ce qui est beau, sacré, poétique. Ils tournent en dérision, profanent, calmonient, massacrent, mettent tout sens dessus dessous. Ce sont des martiens. Des extraterrestres, ennemis de la terre, de ses lois éternelles, et du ciel, de sa transcendance.
C'est pourquoi tout ce qu'ils font est absurde, horrible, invivable, déshonorant, incohérent, cacophonique et dément, mais ils arrivent, à force de marteler des incantations dans le tohu-bohu, à hypnotiser toujours plus de monde, fabriquant ainsi toujours plus de martiens contrefaits ou du moins suffisemment pour nous imposer l'existence affreuse que tout être normal refuse de toutes ses fibres dès les bancs de l'école, où il se demande généralement à juste titre ce qu'il fiche.
La question est: d'où cela vient-il? Quand cela a-t-il commencé? Je pense que la première manifestation d'autentique martianisme a eu lieu quand Henri VIII a commencé à détruire la civilisation paysanne anglaise communautaire, à chasser les paysans dans les villes, tout cela a commencé avec le capitalisme, l'humanisme, la renaissance, la franc-maçonnerie, avec la matérialisme, et les idéologies, avec le luciférianisme qui faisait s'exclamer à un député français révolutionnaire triomphant: "Nous avons éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus".
La question suivante est: qu'est-ce qui a permis l'apparition de la renaissance, du protestantisme, etc. cette dérive qui a eu raison du moyen âge pour notre malheur? Bien sûr, les intoxiqués de la modernité sont persuadés que justement le moyen âge, ce sont les horreurs fantasmagoriques, l'obscurité totale et l'oppression, or tous ceux qui se sont penchés sur la question savent que c'est exactement l'inverse. Même s'il y avait des personnages cruels au moyen âge, aucun d'eux n'étaient des martiens. Gilles de Rais, malgré ses crimes affreux, n'était pas un martien, il est parti pour le bûcher en pleurant de remords et en demandant pardon aux parents de ses victimes. Est-ce que les pédophiles de l'ombre, aujourd'hui, demandent pardon, est-ce qu'ils partent au bûcher? Ivan le Terrible n'était pas un martien, alors que les dictateurs du XX°siècle, et la plupart des dirigeants occidentaux actuels, officiels ou occultes, si. La calomnie systématique du moyen âge par les martiens est une technique destinée à nous faire oublier que le monde où ils nous ont mis est insupportable et mortifère. De même qu'ils désignent leur ennemi idéologique comme le mal absolu et s'en servent pour terroriser leurs esclaves, de même, ils dénigrent les époques antérieures, pour leur faire aimer leur enfer, tout en détruisant soigneusement tous les vestiges de beauté qui pourraient, par comparaison, faire douter les hypnotisés des conquêtes du Progrès qu'ils leur ont apporté.
Aujourd'hui ces martiens ont acquis une puissance hallucinante. Ils se sont constitués en mafias transversales, et parce qu'ils ont l'argent, ils détiennent le pouvoir, l'armée, la science, la presse, l'édition et internet. Ils sont la maladie mortelle de la vie. Comment allons-nous nous en débarrasser? Je suis personnellement convaincue que le coronavirus, quelle que soit son origine, qu'on l'ait introduit ou exploité, est une sorte de 11 septembre biologique, destiné à sidérer les populations, et le plus vertigineux est que des cerveaux malades puissent concevoir de telles choses et que nous ne soyons pas en mesure de diriger sur eux un rayon de la mort qui les neutralise les uns après les autres...
J'ai su dès l'adolescence qu'ils étaient le mal à 'état pur; dès que je les ai vus grouiller dans les facs. Je les vois maintenant aux commandes, avec toutes sortes de petits trolls à leurs ordres dans la presse et sur les fils de commentaires de facebook: quelle que soit la langue dans laquelle ils s'espriment, ce sont des martiens. Aujourd'hui, il y a les hommes, et il y a les martiens. Je me fiche même de la couleur idéologique ou politique des gens. La question que je me pose, c'est: telle personne est-elle du côté des hommes ou du côté des martiens?
 Que Dieu se lève et que ses ennemis soient dispersés...

 , А в заключение, позвольте, мистер Уэллс, напомнить вам: вас же самих.
Знаете, что такое большевики? Не люди, не звери и даже не диаволы, а ваши «марсиане». Сейчас не только в России, но и на всей земле происходит то, что вы так гениально предсказали в «Борьбе миров». На Россию спустились марсиане открыто, а тайно подпольно кишат уже везде.
Самое страшное в большевиках не то, что они превзошли всякую меру злодейств человеческих, а то, что они существа иного мира, их тела — не наши, их души — не наши. Они чужды нам, земнородным, неземною, трансцендентною чуждостью.
Вы, мистер Уэллс, их знаете лучше, чем кто-либо. Вы знаете, что торжество марсиан — гибель не только моего и вашего отечества, но и всей планеты Земли.
Так неужели же вы — с ними против нас?
(Мережковский - Уэллсу, Последние новости (Париж). 1920. 3 декабря)

mardi 24 mars 2020

Elle l'a ouvert, et elle l'a lu.


Nous voici à la fin de la première semaine de carême et l'appel à la conversion de saint André de Crète est une bonne occasion pour en venir à votre livre Parthène le fou et à la conversion si douloureuse mais pourtant si sincère du tsar. Merci tout d'abord de nous l'avoir fait envoyer. Nous l'avons reçu maintenant il y a un peu plus d'un mois mais comme pour Yarilo, il fallait vraiment prendre le temps de le lire paisiblement pour accueillir d'un coeur serein les combats terribles des protagonistes. Chaque ligne, chaque mot porte et le lecteur doit les recevoir à leur place pour découvrir où est aussi pour lui le destin, le combat, la transformation du coeur.
Vous dites dans l'introduction que c'est la fin du conte qui vous a habitée pendant de longues années. Mais habituellement, les contes se terminent par un quelconque "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants ce qui est une fuite, car bien souvent, dans la vie, c'est à ce moment que beaucoup de choses commencent! Yarilo avait le mérite de ne pas dissimuler cette fuite, avec l'arrachement du petit Vania à la tombe de son père, mais avec Parthène le Fou, nous avons affaire à un authentique final qui n'est pas une fuite, mais qui donne la clé de cette tragique et splendide histoire qui rejoint le lecteur dans son être profond. L'avant-dernier chapitre, le XX, est un combat terrible, où le bien et le mal cessent d'être des mots abstraits mais apparaissent vraiment dans leur réalité d'authentiques démons. Et le rire de Bonnet-de-fer et du tsar, éclatant dans la proclamation du "Mort, où est ta victoire?", ce rire est vraiment magnifique.
 Au chapitre suivant on entre dans une vision symbolique de l'issue du combat contre Satan. Elle apparaît comme un envol lumineux de la famille Basmanov pour le "champ sauvage", rythmé par le chant des cosaques, et dont le dernier couplet évoque la rédemption après le mal; à travers la tombe du tsar sanctifiée par l'église. Cela peut surprendre, mais cela nous a rappelé la prière de saint Jean Damascène, dans la Prière du soir du Manuel de Prières du chrétien orthodoxe édité par Géronda Placide en 2013.
"Seigneur, ami des hommes, cette couche sera-t-elle mon tombeau? ...Je crains, Seigneur, ton jugement et les tourments sans fin... Mais que je le veuille ou ne le veuille pas, sauve-moi. Car moi, cendre que je suis, j'aime le péché, mais toi, le Dieu tout-puissant, empêche-moi de le commettre. En effet, si tu sauves le juste, il n'y a rien de grand à cela et si tu as pitié du pur, ce n'est pas étonnant, car ils sont dignes de ta miséricorde. Mais montre combien ta compassion est merveilleuse en me l'accordant à moi, pécheur. Manifeste ton amour pour les hommes, en ne permettant pas à ma malice de l'emporter sur ta bonté indicible et sur la tendresse de ton coeur."

 C'est la lettre que j'ai reçue de mère Hypandia au sujet de mon livre. On peut dire qu'elle a tout compris, et bien exprimé, comme pour le premier, Yarilo, et cela me va droit au coeur, car son avis compte beaucoup pour moi. Et aussi parce que je suis mal à l'aise pour faire ma propre pub. Libre aux gens de faire la démarche de mère Hypandia, de l'ouvrir et de le lire.

dimanche 22 mars 2020

Sauve Seigneur ton peuple

La fête de la Croix coïncidait avec celle des quarante martyrs de Sébaste, cette année, qui est aussi le jour où les enfants appellent les oiseaux migrateurs avec des petites chansons et où l'on cuit des biscuits en forme d'oiseaux. Je suis donc allée pour les vigiles à l'église de ces mêmes martyrs, à l'embouchure de la rivière Troubej. Je suis allée m'élargir l'esprit devant le lac, avant l'office. Le temps s'était bien rafraîchi, il soufflait un vent glacial.
J'aime bien cette église, je la trouve très jolie, et on y a déplacé le père Ioann, que j'aime bien aussi. Je voulais me confesser à lui, mais c'était un office épiscopal, pas le temps. L'office a été très long, trois heures, mais magnifique; non par les chants, qui étaient très bien, mais enfin ce n'était ni Valaam ni la Laure de la Trintié-Saint-Serge, mais par la ferveur, et une espèce d'atmosphère d'allégresse et d'amour qui est, je crois, suscitée par notre évêque Théoctyste: il émane de lui tant de bonté, d'intelligence, et cet humour malicieux qu'ont souvent les grands spirituels. Je voyais fondre des rangées de vieilles, dont je faisais partie, mais aussi des jeunes gens, des cosaques, et le clergé lui-même, tout le monde aime Théoctyste. Il y avait aussi peut-être dans cette joie, et cet amour ambiant, le bonheur d'être ensemble autour de la croix, face aux ténèbres montantes, quelque chose de ce que l'on ressent quand on voit les Ukrainiens autour de leur métropolite Onuphre ou de l'archevêque de Vinnitsa Barsanuphe. En de tels moments, de tels hiérarques, par ailleurs si simples et proches des gens, sont vraiment des princes de l'Eglise, nos derniers princes, et nous comprenons combien il est doux de vénérer, d'offrir son front à la main bénissante, son sourire au regard chaleureux et encourageant qui prend en considération chacun de nous. Nous étions tous heureux d'être en sainte Russie, au pied de la croix, avec notre prince évêque Théoctyste.
Sauve Seigneur ton peuple, et bénis ton héritage...
Beaucoup de gens ricanent à ce sujet dans les fils de commentaires, ils ne comprennent pas que courber le front devant quelqu'un qu'on respecte nous grandit. Ces gens-là me glacent le sang. Pour moi, il n'y a plus parmi eux ni Russes, ni Français, mais le peuple indifférencié de l'antéchrist uni seulement par la bêtise, la méchanceté, la médiocrité revendiquée et un incommensurable orgueil.
Au retour, j'ai vu que le ciel était pur et plein d'étoiles, presque comme à Solan le soir de Noël.
Je voulais retourner le lendemain aux quarante martyrs, mais je suis si lente à réagir que l'heure était passée, je suis allée à la cathédrale. J'ai communié avec joie, la joie de la veille, et je ne sais combien de temps cela nous restera possible, à Moscou, on prend déjà des mesures qui dénaturent la liturgie et l'eucharistie, quand à l'occident, il profite du virus pour tout interdire et arrêter les ecclésiastiques contrevenants. Mais je m'en remets à Dieu. Malgré toutes les questions que je peux me poser, je crois en l'eucharistie, et je crois dans tous les signes eschatologiques qui nous sont donnés.
Je conseille au passage la lecture du remarquable article du père Elie de Terrasson:
https://www.monastere-transfiguration.fr/au-feu.html?fbclid=IwAR3YPAbX1psr3fl5j8O0BvQtjB9xbovgk0xYSnaqJENGzxDTRuwEiMXJZ98
J'ai vu un cosaque que je connais un peu, c'est une famille qui me plaît beaucoup, ils ont plein de gosses, le petit dernier, Gricha, est très rigolo, je l'ai aidé hier à raccrocher son pantalon, j'ai fait cela pendant vingt ans à la maternelle. Il prend toujours des airs de gros dur, et porte souvent une chapka cosaque. Son père m'a demandé si je me faisais du souci pour la France:"Et comment ne pas m'en faire?   La France est aux mains de malfaiteurs internationaux et de leurs satrapes, qui vont en faire un énorme Kosovo, et l'histoire du virus me fait peur autant par les aspects sanitaires que par la criminelle gestion de ces gens-là et les conséquences que cela nous prépare!"
Le cosaque Alexandre ne croit pas au virus, il pense que c'est une énorme manipulation, ce qui est sans doute excessif, encore que si le virus me semble bien réel, on peut se poser toutes sortes de questions sur son apparition opportune et l'exploitation qu'on en fait. Il avait à coeur de m'expliquer que la France devait trouver son salut dans la restauration d'une monarchie orthodoxe et que pour ce faire, il fallait commander une icône où figureraient les saints français et les saints russes, et que financeraient des Français et des Russes.


A la suite du séjour des poètes, j'ai décidé de fermer la communication entre ma cuisine et la partie des hôtes, en gardant un accès par l'entrée de derrière. J'en ai fait une niche, avec des étagères, cela me plaît bien, j'espère que les chats n'iront pas tout casser. Monsieur Schtroumpf est tout à fait euphorique, il me témoigne une affection débordante, et il est extrêmement comique et expressif.
J'ai deux jeunes amis russes qui se sont exilés au Monténégro et y recueillent des chats, il paraît qu'ils sont là bas très malheureux, et ils se sont pris de passion pour ces animaux, dont ils décrivent avec humour et tendresse le caractère et les aventures. Fédia est à présent handicapé. Et Katia a eu la malencontreuse idée d'aller à Moscou, la voilà coincée là bas, loin de son mari, et des chats, pour une période indéterminée. Pourtant, il n'y a pas de cas au Monténégro, pour l'instant, et à Moscou, on est loin de la situation européenne mais on lui a refusé l'accès. Cette histoire me bouleverse, car cela ne va pas être simple pour Fédia et ses protégés, et l'on ne sait ni combien de temps cela va durer, ni comment cela va se terminer. J'en avais ce matin la larme à l'oeil.