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samedi 14 novembre 2020

Ténèbre lumineuse

 

Un correspondant m'envoie ceci:

Pardonnez-moi de me mêler de ce qui ne me regarde absolument pas. Mais à la lecture de votre avant-dernier message, j’ai eu l’impression que l’ennemi vous a placé des bâtons dans les roues (canalisation, route peu praticable) pour vous empêcher de faire quelque chose qui pourrait vous être favorable, source de plus de paix pour les années qui arrivent.
A la lecture de votre dernier ‘papier’, j’ai eu cru comprendre qu’il avait gagné, trop facilement… J’ai l’impression que là où vous êtes, vous allez vous retrouver à votre corps défendant dans une petite cité de banlieue, comme il y en a tant chez nous. J’ai (encore!) l’impression, fausse peut-être, que la Russie ce n’est pas ça. Ce qui se profile à Pereslavl, c’est la banlieue de Dallas…

Cela m'a plongée dans la perplexité, car à vrai dire, on peut vraiment se poser la question. Je me la pose, surtout par les temps qui courent. Ensuite, Henri m'a dit que les obstacles pouvaient aussi être des avertissements de mon ange gardien. Je suis un peu vieille pour aller me mettre dans un endroit très peu accessible, très désert, si je m'entends avec l'apiculteur, ce sera déjà bien, et il y a des chances, les apiculteurs ont généralement une bonne mentalité, mais il est possible que l'endroit soit sans internet, sans téléphone, et si on a oublié le sel, c'est un exploit de repartir le chercher. 

Pereslavl est complètement défiguré et justement, je suis tombée sur une photo du début du XX° siècle: un tapis d'églises, de coupoles, de clochers, des prairies, de petites maisons, ce devait être tellement beau que si j'y étais brusquement transportée maintenant, je crois que je me mettrais à pleurer. Et puis une maison de bois ravissante, qu'on a écrasée pour faire un garage ou un magasin de pièces automobiles, je ne sais plus... quel genre de pithécantrope a-t-il pu commettre une chose pareille et où était l'architecte conseil de la ville, il paraît qu'il y en a un? Le siècle du transhumanisme et de "l'intelligence artificielle" s'installe, comme celui des idéologies précédentes, sur la destruction obtuse du patrimoine culturel, spirituel, matériel et immatériel, car pour nous faire un univers de monstres et nous persuader qu'il est le meilleur possible, il faut effacer tout ce qui pourrait nous rappeler ce que nous avons bradé aux brigands de grand chemin et aux psychopathes auxquels nous nous sommes tous donnés. Et certains le font avec enthousiasme, il n'y a rien de plus actif qu'un imbécile cupide, ce qu'on appele pudiquement un esprit pragmatique. Comment a-t-on pu en arriver là, où même nos villes se mettent à ressembler aux gigantesques amas d'ordures en plastique dont nous ne parvenons pas à nous débarrasser?




Cependant, il existe ici un précipité positif, les cosaques désireux de s'approprier leurs traditions perdues, un évêque humain et intelligent qui amène de bons prêtres, qui provoque une bonne dynamique, des gens qui ici et là défendent les bonnes causes ou s'intéressent au folklore. Et dans ce mouvement, nous nous inscrivons bien, Katia et moi. Les balalaikers proposent de monter, dans cette ville où la prolifération de petits musées stupides sert d'alibi à la destruction de tout le reste, une succursale du musée de la balalaïka d'Oulianovsk: une partie didactique, avec des collections d'instruments, des photos, des outils, une partie salon de thé, avec une petite scène, des tables, la possibilité de se rencontrer, de jouer, chanter, inviter des intervenants, donner des conférences, organiser des débats, et aussi commercialiser les balalaikas de la firme. J'ai vu le Suisse cosaque, que cela intéresse beaucoup, et une de mes iconographes de Nikitski voudrait apprendre la balalaïka. Ici, il y a la possibilité de nourrir les âmes. Tout cela évidemment, si la caste malfaisante qui a lancé l'opération covid nous en laisse la possibilité... 

Ce Suisse, Benjamin, est venu chez moi pour participer au tournage d'un documentaire d'information sur l'affaire du lac.  Ce qui me rendait nerveuse, c'est que la dame à l'origine de l'initiative n'arrêtait pas de tout diriger et dicter, où nous placer et ce que nous devions dire, et je trouve cela terriblement agaçant.

Benjamin est un ami de mon voisin, mais à la vue du départ de construction, il a soupiré que cela gâchait "un peu" la vue. Benjamin est un amoureux de la Russie, au point qu'il est même devenu vieux-croyant, et il souffre également des ravages opérés sur le patrimoine par les descendants dégénérés de ceux qui l'ont édifié.

En réalité, je pense déjà à ce que je ferai pour récupérer une vue normale, c'est-à-dire des plantations. Et si la situation devient intenable, je vendrai pour aller ailleurs. Enfin si d'ici là on ne nous a pas spoliés de tout, voire même massivement exterminés en douceur, façon docteur Alexandre, en tant que biomasse inutile aux dieux mécaniques de l'Olympe transhumaniste.

Après quelques courses, je suis allée regarder le coucher de soleil sur le lac qui chuchotait doucement à mes pieds, ce beau lac qui est là depuis des millénaires, qui a nourri, abreuvé et baigné des générations de Russes, de vrais Russes, qui avaient d'autres valeurs que ces gnomes prêts à le mettre aujourd'hui en coupe réglée, et le transformer en marécage plein de moustiques, en égoût pour leurs affreux cottages, d'ici la fin du processus, avec un peu de chance, je serai morte, ou le Second Avènement aura eu lieu. Le lac avait la couleur de l'or, comme le fond des icônes, cette ténèbre lumineuse au delà de laquelle Dieu ne se laisse plus entrevoir.









vendredi 13 novembre 2020

Qui le patriarche Bartholomée tolère-t-il en Ukraine et qui propose-t-il à la place

 Le Phanar a déclaré que l'Église orthodoxe ukrainienne était «illégale» et qu'il «supportait temporairement» Sa Béatitude le métropolite Onuphre et sa hiérarchie en Ukraine. Les millions de fidèles de l'EOU sont-ils d'accord avec lui?



Le patriarche Bartholomée de Constantinople, qui se dit «le plus saint», dans une lettre aux propagandistes de l'Eglise autocéphale de la ressource «Tserkvarium», a déclaré les évêques de l'Église orthodoxe ukrainienne «tolérés temporairement» sur le territoire ukrainien. C'est regrettable... Non pour les hiérarques ukrainiens, mais pour le patriarche Bartholomée lui-même, qui laisse couler  de ses lèvres le mensonge et la saleté. Examinons un petit exemple de QUI et QUOI le patriarche Bartholomée «supporte temporairement». Dans cet article, nous n'entrerons pas dans les subtilités des canons ni ne débattrons si le patriarche Bartholomée a le droit de commander sur le territoire ukrainien ou non, tout cela a été réglé à plusieurs reprises sur notre ressource. Jetons juste  un coup d'œil sur la personnalité du primat de l'Eglise autocéphale  et de certains de ses évêques, ceux-là mêmes que le chef du Phanar «tolère» si généreusement.



Il y a un an, la chaîne Inter TV a diffusé un documentaire sur le métropolite Onuphre, intitulé «Notre Béatitude». Aujourd'hui, alors que le patriarche Bartholomée a qualifié le primat de l'EOU de «hiérarque vivant à Kiev», le titre de ce film prend une résonnance supplémentaire et très profonde: le métropolite Onuphre n'est pas un évêque titulaire, «temporairement toléré» à Kiev jusqu'à ce qu'il accepte de passer sous l' "Omophore" de Serguei Doumenko. Le métropolite Onuphre est NOTRE BEATITUDE. Peu importe ce qu'écrit le citoyen turc Bartholomée (Archondonis). Nous, les millions de croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne, nous le reconnaissons comme notre primat, nous témoignons de notre fidélité à l'Église, qu'il sert dans cette haute fonction. Sous nos yeux, Dieu l'a mis à la tête de l'Église, dans une période très difficile, et les années suivantes ont montré à quel point le Seigneur avait été miséricordieux envers nous, en nous accordant un archevêque aussi rempli de grâce.

Le film montre d'abord comment un autre hiérarque de l'EOU, le métropolite Longin (Jar), venu dans un orphelinat en 1992, y adopta deux petits garçons que personne ne voulait accueillir dans sa famille.  Il avait reçu pour cela la bénédiction du métropolite Onuphre, alors encore évêque à la tête du diocèse de Tchernivtsi.



Le métropolite Longin: «Deux enfants que personne ne voulait adopter, des garçons ... On m'a demandé avec insistance, quand nous sommes allés féliciter les enfants, on m'a demandé de les prendre, s'il était possible. Et nous avons décidé de passer par Sa Béatitude Onuphre, il était alors à la tête de notre diocèse de Tchernivtsi. Je l'ai consulté et j'ai reçu sa bénédiction pour cela. Monseigneur est toujours comme ça, notre Béatitude, il lève les mains vers le ciel et dit: "Dieu bénira" et il en est très heureux ".

Après les deux premiers garçons, la famille de celui aui était alors l'archiprêtre Mikhail Zhar, a adopté encore deux enfants, puis dix autres. Au début des années 2000, plus de 400 enfants vivaient déjà dans l'orphelinat organisé par le métropolite Longin, 82 d'entre eux étaient infectés par le VIH et 86 autres atteints de handicaps congénitaux.



Le métropolite Onuphry: «Je l’ai écouté et je l’ai béni, mais je me suis dit: c’est intéressant de voir ce que cela donnera. Prendre des enfants là bas ... Bon, ça va faire pour un mois, pour trois mois, pour un an, et puis que faire d'eux? Mais j'avais tort, il s'est avéré être tellement ... plus que je ne l'imaginais. Aujourd'hui, ce qu'il fait, personne au monde ne le ferait. Je peux dire cela en toute responsabilité. "

Le métropolite Onuphry est NOTRE BEATITUDE. Peu importe ce qu'écrit le citoyen turc Bartholomée (Archondonis). Nous, les millions de croyants de l'Église orthodoxe ukrainienne, nous le reconnaissons comme notre primat.

Au début, l'orphelinat était situé dans le monastère de la Sainte Ascension Banchensky, qui, d'ailleurs, a également été organisé et construit par Monseigneur Longin, puis a transféré au village de Molnitsa, dans la région de Tchernivtsi. De nos jours, c'est une ville entière, composée de beaux et confortables bâtiments, dans lesquels les enfants reçoivent l'amour et le bonheur de l'enfance, malgré les graves handicaps de beaucoup d'entre eux.

Les enfants atteints de malformations congénitales sont une croix  très lourde pour leurs parents. De nombreuses familles ne tiennent pas le coup et abandonnent ces enfants, les condamnant à des souffrances physiques et psychologiques tout au long de leur vie, et elles-mêmes - à un insupportable remords, qui vient tôt ou tard. Mais le cœur aimant de monseigneur Longin accueille tous ces malades, souffrants, abandonnés ... Il supplie Dieu pour la santé de tout le monde et donne de l'espoir pour l'avenir.

Le métropolite Longin: «Un garçon avait deux tumeurs malignes. Il avait deux ans - il faisait cinq kilogrammes. Et les médecins sont arrivés et ont dit: «C'est fini. Dans une heure ou deux il est mort." Il respirait déjà peu. Il respirait toutes les deux minutes. Et quand les médecins sont partis, j'ai commencé à pleurer sur lui, je l'ai pris dans mes bras, je suis allé vers l'icône miraculeuse de la Mère de Dieu de  Boyan, je l'ai déposé devant et j'ai dit: «Mère de Dieu, c'est un orphelin, il n'a personne en ce monde. Aide le…".


La très Sainte Mère de Dieu a guéri ce bébé. Grâce à la prière du justes, il ne resta des deux tumeurs que de petites cicatrices. Il a maintenant 25 ans et sa propre famille. Certains enfants grandissent, se marient ou vont dans un monastère, mais ils restent toujours dans le cœur de leur papa, le métropolite Longin. Avec leur entrée dans l'âge adulte, la grande maison de monseigneur Longin ne reste pas vide, d'autres enfants y trouvent de l'affection, des soins et de l'amour.



Prendre soin de ces enfants n'est pas facile. Il n'est pas facile de soutenir près d'un demi-millier d'orphelins, de les nourrir, de les vêtir, de leur donner un toit . Parfois, on doit traverser des moments très difficiles.

Le métropolite Longin: «Chaque fois que c'était très difficile pour moi, j'appelais monseigneur Onuphre et lui disais: 'Priez pour moi, monseigneur!' Et cela nous donnait tant d'espoir que quelqu'un nous guide. Telle est la prière au Tout-Puissant de notre Béatitude. "

Le métropolite Onuphre: «J'ai  souvent regardé ces enfants dans les yeux, et je n'y ai pas vu une trace de tristesse. <...> Ils reçoivent plus de tendresse que la plupart des enfants n'en reçoivent de leurs propres parents. "


 Images tirées du film "Notre Béatitude". Capture d'écran de la chaîne Youtube "Inter TV channel"le métropolite Onuphre: «C'est un exploit spécial qui a un prix spécial. L'amour sacrificiel, qui est le plus haut degré de l'amour humain ».



Et ainsi vit, par les prières et les efforts de Sa Béatitude Onuphre, du métropolite Longin, des moniales qui s'occupent des enfants, des bienfaiteurs, l'orphelinat dans le village. Et dans toute l'Ukraine - plus de 12 mille communautés paroissiales, près d'un demi-millier de monastères, plus d'une centaine de hiérarques  servent Dieu. Et tous ces gens sont «temporairement tolérés» par une personne qui se fait appeler le chef de toute l'Église orthodoxe.

Le patriarche Bartholomée: "Nous tolérons temporairement l'existence de hiérarques ukrainiens sous la juridiction de la Russie non pas en tant qu'évêques locaux légitimes, mais seulement en tant que titulaires ou se trouvant (ayant leur résidence) en Ukraine ...".

Autrement dit, selon le patriarche Bartholomée, il n'y a pas de place pour tout ce qui est mentionné plus haut en Ukraine. Et qu'offre-t-il en retour? En retour, il propose d'obéir à Serguei Doumenko et à ses partisans, qui, au lieu de s'occuper des orphelins, au lieu de la prière et d'une vie juste, font ce genre de choses.

Des croyants de l'EOU de Zadubrovka après avoir défendu leur église contre les pillards de l'Eglise autocéphale

Il existe de nombreuses photos et vidéos sur Internet où l'on voit les partisans de Serguei Doumenko, que le patriarche Bartholomée appelle «le métropolite canonique de Kiev», s'emparer des églises, forcer des serrures,  tabasser le clergé ...




Quel genre de cœur faut-il avoir pour «supporter temporairement» le bien et bénir l'iniquité?!

Essayons de nous abstraire et de regarder toute cette situation de l'extérieur - où est l'amour évangélique dans tout cela? Avec qui se tient le Christ? Avec Sa Béatitude Onuphre ou le patriarche Bartholomée (de Doumenko, il vaut mieux ne même pas parler)?

Même si nous ne sommes pas aujourd'hui en communion eucharistique avec le patriarche Bartholomée, personne ne nous interdit de prier pour lui. Or une prière pour son âme est maintenant tout ce qu'il y a de plus nécessaire ...


https://spzh.news/ru/zashhita-very/75690-kogo-patriarkh-varfolomej-terpit-v-ukraine-i-chto-predlagajet-vzamen?fbclid=IwAR1tSN0ztceOUvWQbgEemT6j92DTdSjx1dWtXXC7s4LGk8Ok-Hfd89p_Syw

traduction Laurence Guillon

jeudi 12 novembre 2020

Cosmos

 La maison merdique monte, et je vis dans l'ombre, car si j'ouvre les stores, je suis comme dans un aquarium. Cependant, ce sera peut-être moins atroce que prévu. Elle se voit surtout de mon atelier. Pour conserver un peu d'intimité, il me faudra sacrifier le potager, qui de toute façon n'aura plus assez de lumière sur la moitié de sa petite surface, et faire une haie d'arbres et d'arbustes à la place. Sapins devant ma fenêtre, pour me cacher en toutes saisons la vue du siding en plastique. Puis peuplier, bouleau ou saule, qui poussent bien et pompent l'eau, puis des arbustes de deux ou trois mètres pour conserver encore du soleil mais me cacher les gens. J'avais l'intention de faire une terrasse couverte dans l'angle nord, ce sera le seul endroit d'où l'été, on ne verra que des fleurs et pas de monstres; et donc, je vais la faire. 

Ici, il faudra deux sapins déjà bien grands, car elle fera un étage de plus et le toit par dessus, en espérant qu'il ne sera pas rouge vif ou bleu pétard....
 






Là , il faudra prévoir plutôt un feuillu qui aime l'eau, parce que j'ai des chances d'avoir encore un peu de lumière, du côté de sa véranda.


Et là, je mettrai quelque chose d'un peu moins grand, je déplacerai mon noisetier, par exemple.



J'ai la vertigineuse impression que je pourrais évidemment m'en aller, mais que cela ne servira bientôt plus à rien, la lèpre galopante de la connerie hideuse dictatoriale gagne tous les coins du globe. Quand je pense que les transhumanistes, comme l'abominable docteur Laurent Alexandre, se croient tellement supérieurs, avec leur intelligence artificielle, alors que pour moi, ils sont la fine fleur de la stupidité nuisible affolée d'orgueil. Cela me fait penser aux réflexions de communistes sur les fils de commentaires concernant le meurtre de la famille impériale: aurions-nous sans cela conquis le cosmos?  Conquérir le cosmos, pourquoi faire? Quand vos ancêtres savaient l'adorer et vivre avec lui d'un même souffle, alors que vous le profanez et le violez sans arrêt pour végéter dans la laideur, l'indignité, et la peur panique des virus? Pour nous installer aujourd'hui cette dictature électronique qui fera des malades mentaux de chacun de nous?

Comme dit mon ami Henri, il faut traverser tout cela en s'accrochant à un coin de ciel bleu, comme à un cerf-volant salvateur, qui nous emporte au delà de ces lumières artificielles hypnotiques, du grand tohu-bohu de la maison de fous planétaire.

De quoi peut-on bien s'entretenir avec les êtres comme le docteur Laurent Alexandre? Est-ce qu'il écoute le vent, ou la musique d'Arvö Part, est-ce qu'il lit Rilke ou Philippe Jacottet, le surhomme? Est-ce qu'il peut passer des heures à regarder voyager les nuages? Est-ce qu'il peut peindre une aquarelle ou jouer des gousli, de la harpe celtique ou du violon, est-ce qu'il a lu Homère, Andersen, Tolkien? Est-ce qu'il a fait quoique ce soit de bénéfique de sa sinistre vie, à part gonfler de prétention la cervelle des étudiants auxquels il s'adresse? Et Macron, le bellâtre solennel et faux-jeton, et toute son infâme équipe? Et le crapaud malfaisant Soros, et toute cette horrible caste qui s'attache à l'humanité comme une tumeur cancéreuse pour la faire périr, dans l'avilissement et la honte, comme une vieille gâteuse au fond d'un mouroir?

Je pense à ces foules de gens que l'on a sacrifiés depuis deux siècles sur l'autel des illusions nées des "lumières", lumières malsaines et verdâtres qui ne sont que le reflet de trompeuses phosphorescences infernales. Les feux-follets du marécage sanglant où le progressisme nous a enlisés, à l'image de toute la paysannerie européenne dans les tranchées de 14. Les tranchées de 14 et le meurtre de la famille impériale, que pouvait-il sortir de bon de pareils événements? Les lumières, l'industrie, le capitalisme et ses revers socialistes, ont amputé l'humanité de ce qu'elle avait de meilleur, elles l'ont appâtée avec leurs verroteries comme les colonisateurs les sauvages, et elle a pris cette fausse monnaie, elle a pris ces vessies pour des lanternes, et ne veut pas renoncer aux boniments qu'on lui a fait sur son bonheur futur, dont on voit maintenant la gueule avenante. 

J'ai peur pour les enfants qui naissent aujourd'hui, et pourtant, quand on croit en Dieu, en la vie et en soi, il faut en faire, il faut élever des hommes, parmi les gnomes. Avec un père et une mère, avec une histoire, des traditions, des chants et des prières, il faut fabriquer de vrais hommes et de vraies femmes, purs et courageux, même si ce sont ceux-là qu'écrasent les bottes en priorité, et qu'égorgent les serviteurs des démons. Le bien aussi, peut-être contagieux. Et c'est le seul lien véritable que nous avons avec le cosmos vivant que les robots sont si fiers de conquérir.

Regardez Hold up, tant que cela est possible: 

https://yandex.ru/video/preview?text=Hold%20up&path=wizard&wiz_type=vital&filmId=15015923859949487013

Monsieur Moustachon, lui, s'en fout, il a une vie très difficile qui exige des heures de récupération.



mardi 10 novembre 2020

Maisons

 


Terrifiée par les projets du voisin, et ceux des promoteurs et des fonctionnaires véreux  prêts à se jeter sur le lac Plechtcheïevo, j'ai commencé à me demander si Dieu ne m'indiquait pas de la sorte qu'il valait mieux envisager d'aller vivre ailleurs. Je suis perturbée par la laideur de plus en plus triomphante qui gangrène cette ville autrefois féérique, entre les palais arméniens lourdingues et boursouflés, les isbas défigurées par les verrues incompréhensibles d'étages supplémentaires mal fichus, couvertes de fausses planches ou de fausses pierres en plastique. Je viens d'apprendre que Souzdal allait être livrée aux barbares, on projette une "urbanisation" qui transformera les ruelles russes encore intactes de cette ville ancienne en allées piétonnes de centre commercial banlieusard. La bêtise, l'inculture, le mépris dont font preuve les fonctionnaires décideurs et leurs complices du batiment prennent des allures de bulldozer emballé.

J'avais vu une annonce très tentante, une isba ravissante, et entièrement habitable, les meubles sont moches, mais il y a tout ce qu'il faut pour vivre, et la couleur des murs ne me déplaît pas du tout. Je pourrais la payer, j'aurais même encore un peu de marge. Je pourrais conserver ma maison, la louer. Et prendre mon temps pour déménager. Le problème, c'est que cette merveille est dans un hameau paumé, ce qui d'ailleurs explique son prix, sa propriétaire m'a d'ailleurs dit au téléphone qu'elle se dérangerait pour me la faire visiter si l'endroit me convenait. Je suis partie la voir, en prenant au passage Liéna, la femme de Vassia Tomachinski, à Borissoglebsk. En arrivant chez elle, j'ai coincé ma voiture dans une canalisation presque invisible. Il a fallu rameuter des voisins pour me tirer de là. Une brave dame trouvait l'aventure extrêmement réjouissante. Elle-même avait été victime du même piège, mais que la chose arrivât à une Française conduisant une Renault lui paraissait tout à fait comique.

Liéna m'a expliqué que je ne pouvais vivre dans un endroit pareil, que les routes étaient détestables, qu'il n'était pas prudent pour une femme seule d'être trop isolée, que je pouvais être coincée par la neige et la boue, ceci, cela, le reste. Nous traversions un paysage qui me semblait absolument magnifique, très désert, très ouvert, avec des nuages sculpturaux, bleuâtres, à la fois sombres et lumineux, chatoyants. Nous avons dépassé un village qui m'a énormément plu, sur une hauteur, avec une belle église, et seulement à huit kilomètres de Borissoglebsk. Arrivées à l'embranchement qui menait à l'isba de mes rêves, nous avons constaté qu'en effet, les trois kilomètres restants risquaient d'être impraticables dans ma Renault comique. Après la mésaventure de la canalisation, je n'ai pas osé me lancer. Apparemment, si je prenais cettte maison, il me faudrait changer de voiture et prendre une tout terrain du genre solide. Liéna a voulu me montrer d'autres endroits, car à mon avis, cela ne déplairait pas au couple Tomachinski de me voir déménager de leur côté. Elle m'a emmenée dans le village du père américain Gleason, mais je l'ai trouvé plutôt triste. Puis dans un village à seulement cinq kilomètres de Borissoglebsk, Krasnovo. C'est un endroit banal, qui ne m'a pas emballée. La maison est juste à côté de l'église, où officie ce même père Gleason; elle a un terrain assez grand, avec une mare, et devant, c'est la campagne, avec juste une espèce  de cabanon moche. Contrairement à celle que je voulais voir, elle nécessite des travaux, Du côté opposé au cabanon moche, devant lequel un pin a eu la bonne idée de pousser, le terrain a la vue sur l'église qui le domine. Le tout est enclavé entre cette dernière et la maison voisine qui est le quartier général d'un moine de Rostov, le père Ignati. Liéna pense que celui-ci pourrait m'avoir cette maison pour pas cher, car il ne voudrait pas y voir s'installer n'importe qui. Et il pourrait m'aider à l'aménager. Elle me dit que son mari adore trouver artisans et matériel à des prix défiant toute concurrence. D'après elle, on peut tout à fait aménager la maison à l'intérieur de façon à la rendre habitable avant de refaire l'extérieur et la toiture. Malheureusement, le père Ignati n'était pas là pour me la faire visiter. J'y retournerai, pour me faire une idée plus juste. Devant les événements qui se préparent, j'aimerais de toute façon mettre ce qu'il reste de mes économies partiellement à l'abri et me donner la possibilité de louer éventuellement quelque chose. Quand on s'éloigne un peu, on arrive dans un paysage très ouvert, très beau, et même le terrain est plein de ciel. J'ai vu qu'il y avait des lilas, un bouleau, divers buissons, mais le mois de novembre, au bord de la neige, n'est pas le moment le plus riant. La maison ne semble pas minuscule, mais pas immense non plus. De style traditionnel. Il me faudrait voir l'intérieur. Je n'ai pas pu faire de photos, mon téléphone m'a lâché

J'aime beaucoup ma maison de Pereslavl, et par certains côtés, je n'ai aucune envie de la quitter, mais je ne sais pas si la maison du voisin, avec sa masse hideuse, et la présence de cons modernes juste sous mes fenêtres, ne va pas singulièrement me peser. En plus du préjudice esthétique, je peux avoir le joyeux bricolage, des gosses qui braillent, la radio, les chachlicks. Je voudrais me ménager une porte de sortie.

Les paysages que j'ai vus m'ont littéralement envoûtée. Je sentais mon âme s'épanouir, comme un oiseau qui prend son élan. Je pensais aux moments que je passais à regarder le ciel dans mon isba de Krasnoïé, dont tout l'environnement est maintenant plus ou moins saccagé. Regarder le ciel, regarder le ciel, sans que rien ne vienne me gâcher le spectacle, je sais que pas mal de gens peuvent ne pas comprendre à quel point pour moi c'est vital, mais me retrouver devant de vastes horizons naturels sans aucune ordure contemporaine en vue me donnait une impression de liberté enivrante et de plénitude.

Au retour, il y avait plein d'étoiles dans les branches de mon poirier. C'est le seul endroit qui reste joli. Au nord, une grosse baraque en béton gris. au sud une merde plastifiée en gestation. Et derrière les isbas à l'ouest, on projette quatre maisons, dont je pressens que l'architecture ne va pas m'enchanter.






lundi 9 novembre 2020

Vernissage


Je devais aller à l'atelier d'iconographie du monastère Nikitski vernir deux icônes avec l'aide de la jeune Tatiana, mais comme elle me savait malade, elle ne m'attendait pas. Je pensais que si, et me suis lancée, après les derniers préparatifs de l'expo. J'ai trouvé porte close et j'ai dû aller taper au carreau. Elle m'a ouvert. Elle était seule avec une jeune femme de Moscou qui va faire des fresques pour le monastère et des stages de dorure. Je suis tombée d'accord avec Tania que je viendrais après mon expo commencer avec elle une grande icône d'apprentissage que j'offrirai ensuite à une église en restauration.
Sa jeune collègue s'appelle Katia, et elle m'a beaucoup plu; elle est vivante et drôle, sans le côté 
 grenouille de bénitier. Et puis nous avons quelque chose en commun, notre tendresse pour Ivan le Terrible: "Je l'ai toujours plaint, me dit-elle; je pense qu'il était un peu malade, que par moments, il perdait le contrôle." Mais nous étions d'accord pour penser qu'un homme capable de construire de telles églises et de composer une telle musique ne pouvait être privé d'âme, au contraire des mafieux transhumanistes qui dirigent le monde et ne produisent que laideur, destruction et vulgarité. C'était un grand pécheur, mais pas un cas désespéré.

Le médicament de Skountsev est à base d'hydrochloroquine et me fait beaucoup de bien. Il est sans danger, en vente libre et coûte un euro. Je ne pense pas être covidée, car je n'ai pas perdu le goût, ni l'odorat, ni l'appétit. J'ai appelé Liéna, sa petite a infecté toute la famille, y compris le père Valentin, il s'agit d'une simple bronchite. Mais justement, ce médicament est prévu au départ pour les bronchites et aussi pour l'asthme. Merci docteur Skountsev. Les vieux-croyants ont souvent un côté un peu rebouteux, madame Skountsev a ses techniques et sa pharmacopée... J'étais néanmoins gênée pour chanter et fatiguée; mais le vernissage a été très chaleureux, certains m'ont remerciée d'avoir donné une telle fête. Mon encadreur Vladimir, qui aime bien ce que je fais, m'avait apporté un bouquet de roses rouges. J'ai été rejointe ensuite par Slobodan Despot, accompagné de sa belle amie russe, Ioulia. Je l'avais vu une fois lors d'une conférence à Lyon, je crois que je n'étais même pas encore en Russie. Il est venu y faire des repérages et, je crois, y resterait bien. Nous avons fini la soirée à la pizzeria. Ioulia ne semblait pas très bien comprendre comment on pouvait quitter l'Europe pour la Russie, ce que j'ai fait, et qu'il voudrait faire. Elle ne voit pas ce qui se passe en ce moment en Europe. Il est vrai qu'elle est en Suisse, où cela ne va pas aussi mal qu'ailleurs, mais Slobodan le voit. Il a développé l'idée que la réalité avait perdu toute importance, ce qui compte maintenant, c'est la légende médiatique que l'on crée autour d'un personnage ou d'une situation, sa correspondance avec des schémas idéologiques en béton armé. De sorte que nous vivons avec nos contemporains dans des sortes de mondes parallèles qui ne se comprennent pas. Enfin dans une certaine mesure, nous, nous les comprenons, puisque nous en réalisons l'existence... mais les habitants de ces planètes qui ne sont déjà plus de la nôtre, la Terre, n'ont plus les mêmes codes, ils ne saisissent pas ce que nous leur disons, ils n'ont pas les récepteurs pour. J'avais déjà cette impression avec la gauche de ma jeunesse.J'en profite pour conseiller l'abonnement à Antipresse, site d'information et de réinformation créé par Slobodan. Il est payant, car il considère que cela évite d'avoir recours à de riches sponsors qui dictent l'orientation des articles et l'analyse des faits. L'avantage est qu'on peut y lire de très bons articles qui font réfléchir au lieu d'une bouillie de mensonges incantatoires. 

Le lendemain, Slobodan et Ioulia sont venus chez moi, il faisait un temps pluvieux et froid qui n'encourageait pas aux périples touristiques. Je leur ai servi du thé avec des crêpes et nous avons bien rigolé, entre deux considérations sur l'état du monde où nous nous trouvons.

L'éditorial de Slobodan Despot: 


Nous chantons un vers spirituel avec Katia. Je n'avais pas de voix et pas beaucoup d'énergie, à cause de la bronchite:https://www.facebook.com/100002399412419/videos/3456057601150853/
et là j'essaie de chanter les marins de Groix:






jeudi 5 novembre 2020

Mausolées

Il faisait gris et sinistre ce matin, mais le soleil a fait une apparition dans l'après-midi, j'ai tout à coup vu de beaux nuages voguer dans l'azur, la lumière embraser les buissons de la maison de Violetta. Et tout cela, dans quelques temps, me sera masqué par un mur de plastique énorme. Je peux essayer de le cacher derrière des sapins, mais je ne verrai plus ces beaux nuages ni les levers de lune. Sur la photo, on distingue les pilotis sur lesquels reposera la chose...


Elle sera posée dans l'environnement absolument n'importe comment. Sans tenir compte de l'espace autour, ou plutôt du manque d'espace. Toutes les maisons d'autrefois en tenaient compte, que ce fussent les fermes de la vallée du Rhône ou les isbas russes, et l'emplacement des arbres autour était bien choisi. Le crétin moderne pose sa maison comme un chien pose sa pêche. Et je dois dire que j'en ai assez de cette monstrueuse bêtise, de cette contagion de la bêtise et de la laideur, la seconde étant le reflet de la première.

Les défenseurs du lac, ici, ont posté des tableaux qui représentent Pereslavl, dans les années 60. Tel que j'ai pu encore le découvrir dans les années 90. Il a suffi de 20 ans pour transformer un conte de fées en amas de bâtisses contrefaites, sans doute faut-il voir dans ces constructions banales et bancales l'expression des mutilations opérées par la modernité sur l'âme de ces populations.





Ces endroits sont aujourd'hui méconnaissables. Ils étaient vivants, organiques, poétiques, ils ressemblent maintenant à un grand cimetière, et pas un cimetière d'autrefois mais à un cimetière d'aujourd'hui, avec des tombes prétentieuses et des fleurs en plastique. Les agglomérations de la Russie moderne évoquent en fait un dépôt de nos ordures contemporaines: anarchiques, et inassimilables par l'environnement. Un ami du père Valentin m'avait dit à propos des lotissements de cottages qu'ils ressemblaient à une accumulation de mausolées. La mort de l'âme engendre la mort de l'art.

J'ai regardé les maisons à vendre sur Pereslavl, à part les isbas souvent fort délabrées, elles sont toutes affreuses. Quel que soit le prix, je ne voudrais d'aucune d'elles même si on me les offrait, ou alors pour les revendre. Elles sont d'une laideur fantasmagorique. La beauté de la Russie était fantastique, féérique, la laideur de l'espace post-soviétique est cauchemardesque. Je n'avais jamais vu ça, ni en France, ni même en Amérique. Et quand je travaillais à Moscou, je m'en rendais moins compte, car Moscou a été terriblement saccagée, mais la province restait plus intacte. Depuis, les gens construisant à chaque fois des horreurs, ou saccageant les maisons existantes, on dirait que le pays est en proie à une sorte de lèpre qui dévore ce qu'il restait encore de sa beauté passée. 

 J'offre a la réflexion du lecteur, avant qu'elles ne soient censurées, deux vidéos très importantes pour rendre la vue aux aveugles. Elles partagent une observation commune que j'ai également faite: nos gouvernements ne nous veulent pas du bien. il faut se mettre dans la tête qu'ils ne sont pas incompétents, ils sont nuisibles. 





 

mardi 3 novembre 2020

Accrochage


Le voisin déambule sous mes fenêtres. Il délimite sa maison. Elle sera énorme. Il me dit qu'il ne peut la construire ailleurs à cause de son bain de vapeur qui ne doit pas être à côté. Mais il en sera à côté, pas en face, mais à côté. Et c'est dangereux, ça peut foutre le feu. D'autre part, proche comme elle sera et haute comme elle sera, elle provoquera obligatoirement le glissement de toute son argile sur mon terrain. Lequel terrain est déjà spongieux, alors qu'il ne pleut pas depuis plusieurs jours. Dès qu'il a vu que je le regardais, il est parti d'un air furtif. Finalement, je me faisais encore des illusions sur la bêtise. Elle est colossale et sans fond. Car à la rigueur, je pourrais essayer de masquer son horrible truc avec des conifères et vivre à l'ombre, mais je crains que toute l'eau ne reflue chez moi et même dans la cave de la maison.

Il me propose de faire un canal le long de la clôture, mais il y aura tout juste deux mètres entre celle-ci et son monstre, enfin j'espère quand même qu'il le fera, sinon, il me faudra acheter des bottes d'égouttier. Il ne comprend absolument pas le problème. Que je préfère mon marécage vivant à une coulée de glaise qui écrasera tout ce que j'ai planté, ou qui poussait tout seul, jusqu'au ras des fondations. Pour lui un jardin, c'est un désert vert avec trois thuyas, quatre massifs bordés de plastique un nain de jardin et une allée de pavés autobloquants. C'est tellement inutile de discuter que les bras m'en tombent. J'ai affaire à un extraterrestre, à un rhinocéros. Il ressemble à son bulldozer.
D'un autre côté vendre et acheter en ce moment n'est pas facile, si ça se trouve nous serons tous spoliés du peu que nous avons dans trois mois. J'ai vu hier une femme qui a acheté un lopin dans un lotissement, bâti une maison, et maintenant, elle doit tout détruire, parce que ce sont des terres agricoles vendues à des particuliers par un faisan.
C'était dans l'atelier d'iconographie où se retrouvent de pieuses femmes pour apprendre cet art. Elles sont toutes extrêmement gentilles, mais j'ai l'impression que je n'ai pas vraiment le style, bien que je sois orthodoxe, et que je fasse des icônes, pas assez souvent, et ce sont toujours des commandes de Français. Une brave dame a lancé un appel au peuple pour faire conduire une grand-mère à Elizarievo, le village où mon héros Fédia trouve une sage-femme un peu sorcière, dans mon livre. L'église a été construite par le père Basmanov. C'était un chef de guerre fort brutal, un opritchnik, mais quand même, il ne devait pas être aussi nul et immonde que le mafieux contemporain, ou son complice le fonctionnaire véreux, car l'église qu'il a laissée à la posterité est fort belle, et simple, elle ne cherche pas à en mettre plein la vue. Or je suis de plus en plus persuadée que si nous produisons tant de laideur, c'est que nous sommes intrinsèquement et profondément laids, mutilés de l'âme, rétrécis du coeur, quand au cerveau, je n'en parle même pas. Notre civilisation est celle du Mordor et tous ceux qui y adhèrent sont plus ou moins des orques ou des nazguls. A choisir entre Alexeï Basmanov et Sobianine, Macron, Gref, Attali ou le docteur Laurent Alexandre, je prends le premier. La grand-mère voyageait avec des tas de sacs, et son chat dans un panier. Elle avait envie d'entendre quelque chose d'agréable sur Alexeï Basmanov, la gloire locale. Je lui ai dit que ce n'était pas un ange, mais qu'il avait fait une belle église et que de l'avoir restaurée permettait de prier à nouveau pour son âme, qui en avait sûrement bien besoin.
Je suis allée accrocher mes tableaux à la galerie de la cathédrale, en réalité, c'est mon coéquipier qui s'en est chargé, et heureusement, car il m'aurait fallu faire de l'acrobatie sur un escabeau à une hauteur stratosphérique. Nous faisons une expo dans une salle privée. A côté, il y a une grande salle où sont exposés en permanence toutes sortes de tableaux, bons et mauvais. Je trouve que les miens sont  honorables, si je compare, bien que je n'ai pas fait d'école ni de carrière retentissante, et surtout ils ne ressemblent à aucun autre. Peut-être comme mes livres d'ailleurs.
Ce qui m'ennuie, c'est que je suis censée chanter, mais je crois bien que la petite-fille du père Valentin m'a une fois de plus filé ses miasmes, et par les temps qui courent, les affections ORL ne sont pas bien vues. D'ailleurs l'abominable Gref a décrété qu'il faudrait garder le masque toute sa vie, c'est tellement plus hygiénique, je me demande parfois si je ne fais pas un cauchemar interminable, un cauchemar sans réveil, où une bande internationale de cinglés richissimes et pervers est en train de briser et d'endoctriner l'humanité entière avec des procédés de secte.


le tableau en haut à droite, c'est justement le terrain du voisin
avant le massacre, une vue qui va disparaître derrière son cube
en plastique.