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dimanche 25 septembre 2022

La petite guerrière, et les autres...

 J'ai dîné avec Katia et une autre Katia dans notre petit restau sympa et pas cher, après un concert de piano qui devait être à quatre mains, mais deux de ces mains, pour éviter la mobilisation, étaient parties avec leur propriétaire au Kirghizistan. Ce matin, à l'église, Génia Kolesov me disait à ce propos que c'était le choix de cet artiste, et qu'il pouvait comprendre: son propre fils avait des tas de projets, et voici qu'on risque de l'envoyer à la guerre, personne n'a envie de cela. Moi aussi, je peux le comprendre, et Dania le balalaiker est aussi susceptible d'être enrôlé, je le vois mieux tenir une balalaïka qu'un fusil. Du reste, je ne sais pas comment je réagirais moi-même, facile de juger quand on est vieux et à l'abri de ce genre de choses, et qu'on n'a pas d'enfants. Génia lui-même est pleinement conscient des enjeux de ce qui nous arrive. Qu'on le veuille ou non, nous serons tous entraînés plus ou moins dans ce maelstrom, et les jeunes niais qui vont chercher asile en occident, où tout cela s'est préparé pendant des années, avec leur complicité enthousiaste et aveugle, ne seront pas plus à l'abri là bas qu'ici, peut-être même moins. "Il se produit un partage, un tri, me dit Génia, ceux qui veulent partir, eh bien qu'ils partent." Ce qu'il dit là traduit l'opinion de ceux qui restent et ajoutent parfois: "Mais surtout, qu'ils ne reviennent pas!" Génia observe que ses amis libéraux, qui le rejettent, sombrent dans une absurdité délirante et hystérique. Exactement comme leurs équivalents français qui perdent complètement le sens des réalités.

Je suis reconnaissante à Dieu de me donner les moments de paix que je connais dans ma maison et mon jardin, et je lui demandais, à l'église, de me donner la force d'être digne du choix que j'ai fait, quelles que puissent en être les conséquences, du choix qu'Il a fait lui-même en m'inscrivant dans ce quelque chose de grand et de terrible qui se dessine, et dont la fuite des éléments les plus faibles et les plus aveuglés vers l'origine de leur faiblesse et de leur aveuglement est sans doute le signe. Il se peut que la Russie, c'est-à-dire ce qui restera après le départ de l'anti Russie, livre son dernier combat, au moins périra-t-elle debout, et nous avec. Il se peut que la Russie devienne la dernière arche et le camp des saints. Ou bien un empire eurasiatique qui largue les amarres et appareille en ce moment. Au moins ne suis-je pas sous la coupe de ceux qui ont détruit tant de pays et leurs peuples, avant de s'attaquer aux derniers qui leur résistent encore.

Je sens à une espèce de sérénité confiante que dans un cas comme dans l'autre, je suis à l'endroit où il me fallait me trouver, quoiqu'il arrive, et si je ne peux juger ceux qui prennent leurs jambes à leur cou, je m'incline devant Daria Douguine, qui a payé de sa jeune vie sa lucidité et son engagement, et devant son père, qui ne se laisse pas abattre. Je m'incline devant ceux qui se battent depuis huit ans au Donbass et dont ceux qui fuient attribuent le faible écho du martyre à la "propagande de Poutine". A ceux qui comprennent pourquoi on doit résister, et ce que nous défendons. Il me vient à l'esprit que toute ma vie s'accomplit et prend son sens dans cette vieillesse russe, à l'ombre de Mars, et dans la lumière du nord, parcimonieuse et magique, que ma présence ici répond à la volonté de Dieu.

 

Papa, je me sens comme un guerrier, un héros, je veux être cela, je ne veux pas d'autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays, je veux être du côté des forces de la lumière, c'est le plus important.

— Daria Platonova-Dugina


J'ai trouvé ceci sur Telegram

Je dirai ceci à ceux qui sont maintenant en première ligne, à mes amis, mes frères, et à ceux qui lisent simplement ces mots. À ceux qui se battent et meurent pour nous maintenant et, je sais qu'ils sont vraiment, malgré leur héroïsme et leur courage, sensibles à notre soutien et qu'ils ont besoin de nos prières. Chers héros, ce qui est sorti aujourd'hui de deux ou trois bars, ou quels que soient les autres cloaques dont ils ont pu ramper, non dans la rue, mais dans un coin de l'Arbat, c'est zéro, c'est nul. C'est l'agonie des ordures - sans origine ni drapeau, qui ont été générées par le temps de la stagnation et qui n'ont rien à voir avec mon pays. Avec notre pays qui est aussi le vôtre. L'artificialité, la fabrication et la médiocrité de la mise en scène sont évidentes, mais cela ne les empêche pas d'être des ordures. La stagnation est désormais révolue. Oui, c'est déjà fini. Grâce à vous. Vous avez rendu la Russie à la Russie. Et il n'y a plus un être humain dans le pays (le mot être humain est ici crucial) qui ne vous soutienne maintenant, qui ne comprenne avec son cœur et ses tripes pour quoi nous nous battons tous et ce que cela vous coûte. Qui ne s'associe à votre combat, chacun comme il peut. Une autre mobilisation, spirituelle (sans laquelle la mobilisation d'aujourd'hui serait difficile) dure depuis longtemps, elle a commencé plus tôt. Mes réseaux sociaux sont pris d'assaut par ceux qui veulent vous aider - que ce soit avec une lettre, ou même avec du fil, ou un drone, chacun fait ce qu'il peut. Je sais que toute la Russie, cette Russie précieuse à laquelle vous reviendrez bientôt, et nous allons ... comment dit-on dans le tropaire pascal? " nous embrasser avec joie" ... toute cette sainte puissance intérieure de mon pays est maintenant debout en prière pour vous - des gisements d'ambre de Kaliningrad aux vents des îles de Béring - elle couvre le Donbass, vous et nous tous d'un bouclier de prière intense. La Russie est montée dans les trains et les voitures particulières et se dirige vers la frontière de Belgorod, pour aider les réfugiés, avec ses mains, ou encore une veste chaude. Des hommes adultes - amincis, sont brinqueballés dans les trains, se rappelant leur science militaire oubliée, pliant une carte d'identité militaire flétrie et les papiers de leurs récompenses passées dans leur poche près de leur cœur - et le train transporte ces volontaires grisonnants de leur Orlov, Omsk et Tobolsk - à Perekop, Izvarino ou à ce point de contrôle de la RPD, qui se trouve juste à l'extérieur du village de Nadejda. J'en connais, nous leur avons acheté des hélicoptères et des tuyaux de reconnaissance. La Russie apporte des affaires, des médicaments au front, prend d'assaut les magasins en ligne à la recherche de drones, de bandages hémostatiques, de talkies-walkies, de gilets pare-balles (on nous en apporte même d'Oussourisk, sur canal Spas). Et quand j'écris la Russie, j'en prends la responsabilité. Dans mon environnement - et il est vaste - il n'y a plus personne qui ne ferait pas cela ou ne chercherait pas des moyens d'aider d'une manière ou d'une autre. Sachez-le simplement quand vous ferez maintenant un bref somme sur la terre humide. Et tout ce bruit fabriqué sur les réseaux - oubliez ça. C'est juste là pour nous rappeler contre quoi nous sommes en guerre. Non, ce n'est pas contre ces enfants. Mais avec le temps, où on s'est permis de ne pas les éduquer, quand on cherchait juste le moyen de survivre. Avec le temps où les parents eux-mêmes ne savaient plus où ils en étaient, alors les enfants que peut-on en dire... Il est fini, ce temps-là. Vous l'avez arrêté là bas, en vous battant toutes ces années, pour ainsi dire avec des bâtons. Merci nos très chers. Que Dieu vous bénisse, et la Mère de Dieu. Et que votre Ange vous donne un bon sommeil. Reposez-vous. 

Boris Kortchkvnikov.

https://vk.com/wall19879744_9547

samedi 24 septembre 2022

Lumière du Peuple

 

tableau d'Olga Orlova
Liéna me disait quelque chose qui m'a touchée. Quand elle quitte sa datcha, qui n'est habitable qu'en été, elle a l'impression de la laisser orpheline. Elle s'emplit de froid, d'humidité et de silence et semble le lui reprocher. Elle ressent un lien mystérieux avec cet endroit, avec son coin de campagne, et je ressens exactement la même chose, c'est pourquoi il est si difficile de laisser les maisons qu'on a aimées, et d'autant plus quand on y a vécu avec des gens proches, mais pas seulement. J'ai vraiment l'impression que le jardin autour de ma maison est une sorte de microcosme qui s'est attaché à moi, qui a besoin de moi, comme les chats et les chiens, c'est même ce qui m'a dissuadée de déménager. Je sais qu'il me faudra quitter cet espace pour l'autre monde, mais en attendant, j'ai un lien avec lui, il est sensible à mes soins, à mon respect, à ces moments de contemplation et de méditation qui créent un dialogue muet avec tout ce qui existe dans le périmètre. Et c'est ainsi que l'humanité devrait considérer la planète où elle est, au lieu de s'en faire le tyran et la maladie mortelle.
  Il y a quelques jours, la grande artiste Olga Orlova a publié ce tableau. Il s'agit de la maison et du jardin d'une vieille grand-mère qu'elle aimait bien. Sitôt la grand-mère enterrée, ses héritiers ont arraché le pommier, tout bétonné et monté la classique palissade hideuse en profnastyl. du coup, il n'y a vraiment plus rien à dessiner de ce côté...Cette histoire me rappelle celle du bouleau d'en face, massacré par le voisin du petit vieux qui l'avait planté. Il y a des gens qui ne supportent ni la vie, ni la poésie, elles sont une insulte à leur médiocrité, leur rigidité, leur indigence spirituelle. Larissa Kachouk, chez qui j'étais récemment, m'a dit qu'un de ses voisins, ayant acheté une maison avec 1200 m2 de terrain s'était hâté de recouvrir toute cette surface de pavés autobloquants. Il n'aura pas besoin de tondre... mais on peut s'interroger sur la nécessité pour lui d'avoir une maison à la campagne.

Je vois dans tout cela les symptômes hideux d'un abrutissement général et même d'une espèce de possession. C'est le résultat d'une rééducation et d'une perversion des gens menées avec une terrible constance, sous des formes et avec des succès  divers, dans le monde entier, du moins dans le monde de culture européenne auquel il faut bien ajouter la Russie puisque Pierre le Grand l'a arrimée à la nef des fous il y a 300 ans, et que les bolcheviques ont parfait le travail. 
Il ne reste plus qu'à espérer que la nef russe se détache à présent de ce Titanic, de ce vaisseau fantôme, et pour de bon. De manière plus ou moins consciente, et malgré les manifestations de cet horrible esprit dont cette histoire est mon dernier exemple, je crois que dans l'ensemble, les gens ici, le sentent. 
Ma marchande de légumes azerie me dit que son fils, à son grand désespoir,  brûle de partir défendre la Russie, et les tchétchènes s'enrôlent massivement, tandis que les libéraux s'exilent vers les pays où coulent le lait et le miel et qui exportent partout la démocratie à coups de bombes, de terrorisme et de révolutions financées.Je lui ai demandé le nom de son fils: Elvin, "lumière du peuple". J'espère que Lumière du Peuple reviendra en vie, il est musulman, mais je prierai pour lui quand même; sa mère est à la fois si fière de lui, et si inquiète...
Je n'ai pas d'enfants, mais je le comprends bien, et me fais du souci pour mes jeunes amis ou les fils des autres. Cela dit, ceux qui pensent trouver bon acceuil en occident, et s'imaginent qu'il est envers la Russie tout sucre et tout miel se trompent lourdement. J'ai compris depuis longtemps que le moment venu, si elle ne se défend pas, la Russie sera traitée comme la Serbie, sans doute pire, il n'y aura pas de quartier. Il faut être, en dépit de la certitude d'être la fleur de la nation, son intellect et sa conscience, d'une rare stupidité pour ne pas le voir, qu'on soit russe ou européen, d'ailleurs. Car les Européens, si leurs maîtres prennent le dessus, ne seront pas à meilleure enseigne que les Russes. Nous serons tous traités comme les gens du Donbass, c'est-à-dire comme des Peaux-rouges. Hachés menus par les bombes, privés de tout, battus, torturés et violés par les chiens de la Secte, quel que soit le nom qu'on leur donne.
Si le Donbass s'est dressé, la Russie, ou ce qu'il restera d'elle une fois partis ceux qui n'ont plus grand chose de russe et vivraient aussi bien partout, le fera aussi; curieux pourtant de voir que les musulmans qui font partie de la fédération, ou ceux qui viennent de pays limitrophes, sont les premiers à foncer pour la défendre. Restés plus traditionnels, ils comprennent sans doute mieux à quels démons nous avons affaire. Il faut espérer que Poutine sera à la hauteur de la décision qu'il a prise et ne trahira pas les attentes des gens qui comptent sur lui, et pas seulement en Russie. Quelquefois, on se le demande. Ce n'est pas le tout de parler avec décision, il faut assumer jusqu'au bout.
Je viens de voir une émission de Tsargrad, d'où il ressort que parmi ceux qui s'en vont, il y a beaucoup de migrants qui, pour des raisons diverses, estiment que ce n'est pas  leur problème. En revanche, une partie des ressortissants d'Asie Centrale bien installés en Russie s'enrôlent parce qu'ils considèrent la Russie comme leur pays et comprennent les enjeux planétaires de l'affaire. Les formalités pour obtenir la nationalité russe seront grandement simplifiés pour ceux qui s'enrôleront dans l'armée. A bon entendeur salut. 

J'ai ecouté également l'interview d'une actrice sensible et modeste qui a fait le voyage au Donbass pour voir de ses yeux et confirme tout ce que je sais depuis huit ans, entre autres, l'attitude digne et dépourvue de haine de ces gens maltraités et decidés a se battre pour survivre, et je ne parle pas seulement de survie physique, mais de survie morale, spirituelle.  Ces gens lui ont paru épurés par leur combat et leurs épreuves. Elle évoque la façon dont les "gens intelligents et éduqués" considèrent la "populace", et leur constante dérision a l'égard de tout ce qui est russe, et en particulier des grands classiques de la littérature, comme Tolstoï et Dostoïevski, dont " plus personne n'a besoin".Cela ne vous rappelle rien? Elle demande aux gens d'être capables de compatir, cette faculté de compassion étant une des plus belles qualités russes, dont l'oeuvre des grands classiques est imprégnée, et aussi d'envisager les points de vue inverses, car bien sûr, elle se fait traiter de tous les noms par un certain public.



jeudi 22 septembre 2022

Kitaïski Liotchik

 


La mobilisation représente 1% du potentiel, et ces réservistes ne seront pas envoyés au combat direct, néanmoins, des Russes fuient le pays pour ne pas risquer d’aller se battre. Le fils de Xioucha, alors qu’elle-même soutient activement le Donbass, se laisse monter le bourrichon par les libéraux et cherche à partir en France, « pays de la démocratie et des droits de l’homme », où il est né. Je regardais ce gros bébé et pensais qu’en France il sera un Arabe russe ou un Russe arabe, c’est d’ailleurs ce que lui dit sa mère qui, par son engagement passionné, son humour et ses expressions, me rappelle de plus en plus la sienne, l’inoubliable matouchka communiste du père Valentin. Si je fais abstraction des cas particuliers de neuneus qui font partie de mes connaissances et que par ailleurs je considère de ce fait avec une certaine indulgence découragée, je dirais que la fuite des lâches et des niais qui n’ont toujours pas compris ce qui se passait avec leurs compatriotes du Donbass, et ce qui attendait leur propre pays, entrera dans le cadre de la purification nécessaire dont je parlais dans ma chronique précédente. Pendant ce temps, des européens qualifiés, courageux, font des pieds et des mains pour venir ici, journalistes persécutés par leurs confrères et par le pouvoir, artisans et paysans qui n’arrivent plus à vivre de leur travail, familles traditionnelles qui ne veulent pas élever leurs gosses entre la menace de la piquouse et les intentions ténébreuses de la Secte du transhumanisme mondialiste, du wokisme et de la théorie du genre. J’ai eu encore une lettre d’une dame qui, elle, part en Serbie, car elle préfère vivre tout cela avec un peuple qui en est victime plutôt qu’avec un peuple qui en est complice.

Liéna est aussi patriote que Xioucha, mais dans la mouvance de ceux qui trouvent Poutine trop mou, et le soupçonnent de trahir. Elle parle de tout cela avec colère, mais cela fait partie de son caractère ombrageux. J’ai vu le rédacteur adjoint de la revue orthodoxe Thomas, Vladimir Gourbolikov. Il se dit pessimiste et lucide. Les musulmans ont une religion qui a la force d’une idéologie, ce qui n’est pas le cas des Russes orthodoxes, d’autant plus que la Russie a été très largement sécularisée par sa violente rééducation communiste, et malgré la renaissance de l’Eglise, les chrétiens restent en minorité. Il craint que nous ne puissions connaître de grand élan national, de sursaut salvateur. Le consumérisme, les médias ont fait beaucoup de mal, les jeunes sont ignorants de leur passé, et seulement désireux de profiter de la vie sans problèmes. Cependant, au Donbass même, avant 2014, les gens n’avaient aucune envie de se battre, et n’imaginaient pas qu’ils allaient le faire, jusqu’au moment où ils ont vu les chars ukrainiens entrer chez eux à grande vitesse, des opposants grillés impunément dans la maison des syndicats d’Odessa par des abrutis fanatisés, l’extermination des non conformes commencer à être mise en oeuvre. Et du coup, ils ont pris les armes et formé des milices, je me souviens même du moment où ils avaient descendu du piédestal, où il avait été posé en guise de monument, un tank de la seconde guerre mondiale qu’ils avaient remis en service. Il est vrai qu’au Donbass règne un état d’esprit différent de celui de Moscou ou Saint-Pétersbourg, mais c’est le cas de bien des régions russes. Et puis, et il en convient, si les Russes sont défaits et exterminés, le monde occidental n’y survivra pas lui-même, et la tyrannie mondialiste sera telle que plus personne n’aura envie de vivre, ce sera la fin des temps. Je lui ai dit que j’étais venue rejoindre la sainte Russie, que c’était elle qui m’importait, et que je croyais en le secours de Dieu, car quels que fussent les défauts des fonctionnaires et des libéraux qui ne savent plus d’où ils viennent, en face, les ténèbres étaient désormais totales, c’était la possession et la folie, et que Dieu ne pouvait favoriser les ténèbres, à moins d’avoir décidé d’en terminer avec ce monde. La Russie est notre seule arche, si elle coule, c'est la fin...

Xioucha me parlait d’une gourdiflotte de notre entourage qui attribue à la récupération de la Crimée ce qui s’est passé pendant huit ans ensuite au Donbass. Mais moi, je me souviens parfaitement que les habitants de la Crimée n’avaient jamais admis d’être arbitrairement placés en Ukraine. Et quand certains sont allés contremanifester au Maidan de Kiev, leurs autobus, avec enfants et vétérans de la seconde guerre mondiale, ont été attaqués à coups de barres de fer par les joyeux démocrates à folklore nazi. Il n’a pas fallu beaucoup les forcer pour revenir en Russie. Au Donbass même, on avait organisé un référendum où les gens allaient en courant et en masse, malgré le danger, voter pour la réintégration, et Poutine, pour des raisons que j’ignore, même si j'ai mon idée, ne les avait alors pas récupérés. Le manque de solidarité de ces petits bobos russes avec leurs compatriotes maltraités et les soldats qui les défendent m’afflige et me dégoûte. Ils vont même jusqu’à organiser des collectes pour l’armée ukrainienne. Qu’ils filent maintenant là où est leur place me paraît finalement logique, peut-être même salutaire, quelle que soit l'issue. .

Le dernier soir de mon séjour que j’ai prolongé uniquement pour cela, avait lieu un concert des balalaikers au Kitaïski Liotchik, ou Aviateur Chinois, un bar moscovite branché et sympathique, oùj’allais parfois déjeuner avec une jeune collègue quand je travaillais encore au lycée. Serioja en faisait partie, car il venait d’assister à une foire exposition des instruments de musique populaire, avec sa production, et je voulais le voir. Le contraste entre l’atmosphère générale de catastrophe approchante et la gaité débridée du public était très vif, je pensais aux récit des bringues de Benvenito Cellini à Florence pendant la peste. J’étais largement la plus vieille, personne n’avait plus de quarante ans, là bas dedans, et j’étais frappée par le côté joyeux, spontané et sain de cette soirée, où se mêlaient des succès sud américains, du rock’n roll, de la musique traditionnelle russe. Leur pari de faire vivre la balalaïka et son répertoire semble gagné, car ils ont visiblement leur public, qui s'est intégré tout cela et participe; les gens sont invités à chanter et se produire, et j'ai dû le faire aussi, au grand enthousiasme de Sérioja. Bien sûr, je me sens un peu décalée, parce que je n’ai plus autant d’énergie à dépenser, mais je préfère vraiment être dans ce genre de société qu’avec de vieilles intellectuelles tyranniques. Je les regardais tous s’éclater, Katia était si jolie, Sérioja si déchaîné, drôle et charmant, et tout cela sans rien de moche, de vulgaire ou de sinistre, de la pure jeunesse. Cela me démangeait de danser, c'est un truc tenace que la vie et le goût qu'on en a...

Dès qu’il m’a vue, Sérioja m’a étreinte comme un gros nounours : « Lora, Lora !!! Mais dites-moi, quel âge avez-vous maintenant ?

- Soixante-dix ans, Sérioja...

- Ah oui, oui... »

Il a pris un air lointain : « Ce n’est pas si vieux, ma grand-mère en a 92, et non seulement elle joue toujours de la balalaïka, mais elle s’est mise à piccoler ! »

Sa grand-mère m'avait bien plu, une vieille pleine de dignité, avec beaucoup de personnalité. Nous nous étions bien entendues. C'est avec elle et son grand-père qu'il a appris à jouer dès sa petite enfance. C'est pour cela qu'il est tellement russe.




 cet air traditionnel aurait plus de mille ans




lundi 19 septembre 2022

Photos

 


Je suis partie à Moscou à reculons, il faisait très beau, et j'éprouve une frustration terrible quand je dois me priver d'air, de soleil, et du spectacle de la nature, dans un pays où l'on est enfermé, chez soi ou dans le scaphandre des vêtements, les trois quarts de l'année. Olia Kalachnikova, passée me donner des plants de flox, a photographié ma maison et Rita. J'ai moi aussi photographié passionnément le jardin, les dorures qui apparaissent dans les feuillages, et les nuages encore fôlatres, les colchiques épanouis sous la danse des derniers papillons. L'année dernière, j'avais passé l'automne à l'hôpital, à regarder par la fenêtre les arbres changer, enfermée loin du vent et du soleil dont j'ai tellement besoin. Le père Valentin m'a dit que pour les gens du sud, l'hiver russe est une chose terrible, il est vrai qu'il est difficile de s'y habituer. 





J'ai participé à l'exposition des tableaux inspirés par Kourmych, et chanté comme promis. Cela se passait dans les dépendances de l'église sainte Tatiana, en plein centre, une église qui ressemble à un temple grec et où officie le père Vladimir Viguilianski, père de Sacha.

J'ai eu des réactions très émouvantes, un monsieur m'a remercié de lui avoir "mis de la lumière dans l'âme", avec ce répertoire oublié, une dame m'a dit que j'avais un regard slave, et que je l'avais bouleversée. Nous avons ensuite pris le thé avec des pirojki, les gens présents étaient très sympathiques, il y avait le baryton Artiom, un géant adorable qui ne peut pas voir un ami sans lui faire un câlin. Il y avait aussi le fidèle Génia, vétéran de l'Afghanistan qui seconde Sacha dans son oeuvre, des artistes exposants, des gens dévoués et purs. 

La fille d'un couple d'amis restait assise avec une figure tragique et harcelait son père pour s'en aller. Elle est anorexique, et pendue à son téléphone, échange avec une amie qui la pousse à maigrir. Dans mon jeune temps, je ne voyais pas d'anorexiques. J'ai l'impression que la folie gagne tout le monde, se glisse dans toutes les familles, et d'autant plus facilement qu'Internet facilite la contagion.

Liéna, la fille du père Valentin, me tient sur la guerre des propos défaitistes, d'après elle, les Russes n'ont absolument pas les moyens de la gagner, pas d'armée, pas d'armes, son père n'est pas d'accord et pense qu'elle écoute de mauvaises sirènes. Moi non plus. Encore que depuis des années que je la sentais arriver, je ne pensais pas que les Russes prendraient l'initiative, car leur pays est encore convalescent et n'avait pas besoin de cela. Cependant, si Poutine y est allé après bien des reculades et des finasseries, c'est sans doute qu'il ne pouvait pas faire autrement. Et pour ce qui est de l'armée, je pense qu'elle reste une bonne armée russe avec des soldats vaillants, et les armes, il s'est justement donné le temps de les moderniser et d'en refaire les stocks. Les gens ici, surtout dans les grandes villes et les milieux intellectuels, se laissent égarer par toutes sortes de commentaires visant à leur faire perdre le moral, l'amour et l'estime de leur propre pays. Comme partout ailleurs, du reste, sous l'effet de la même sinistre internationale. Il m'apparaît de plus en plus que la ligne de front n'est pas tant sur le territoire de l'Ukraine qu'à l'intérieur de toutes les sociétés impliquées. Nous sommes la proie d'un cancer moral qui envoie des métastases partout et si le tissu des uns est plus sain que celui des autres, nous en sommes tous infectés plus ou moins. 

La guerre ne se mène pas seulement dans l'abcès de fixation ukrainien, et ne se caractérise pas par une lutte entre différents peuples, mais à l'intérieur de chaque pays, par la lutte de chaque peuple pour sa survie, contre une secte financière idéologico-mafieuse pour qui tous les coups sont permis. Et dans chaque pays, une proportion plus ou moins grande de gens le comprend, une proportion plus ou moins grande de gens, au contraire, adhère à la corruption générale des moeurs et des esprits et à la tyrannie qui s'annonce. C'est pourquoi les Russes patriotes appellent à la purification du pays, je dis bien purification, et pas épuration... Cela passe par les programmes culturels, les programmes scolaires, les médias, qui doivent être nettoyés de la vulgarité corruptrice et des profanations systématiques, l'exclusion des organismes inernationaux sournois dont les buts sont désormais ouvertement toxiques. Dans cette perspective, l'armée et ses armes jouent bien sûr un rôle, mais pas forcément le plus important, car la Russie a déjà réussi à compromettre gravement l'établissement de l'hégémonie mondiale américanoïde que redoutent tous les gens normaux. Même si les Russes sont peu nombreux, après les saignées du XX° siècle, en face, ils ne sont pas nombreux non plus, et pas du tout disposés à se mobiliser massivement pour servir de chair à canon à l'Etat profond et à ses marionnettes, passer des démonstrations de drapeaux ukrainiens au vrai casse-pipe n'est certainement pas dans la mentalité du bobo ordinaire. L'OTAN enverra ses mercenaires officiels ou non officiels. Il s'agit surtout de ne plus se laisser culpabiliser par les salauds et leurs troupeaux d'imbéciles qui nous pourrissent tous.



vendredi 16 septembre 2022

Arrière

 




Olga Kalachnikova, le monastère saint Daniel

Ce soir, Olga Kalachnikova, m'a invitée à venir récupérer des plants de fleurs, elle fait le ménage dans son jardin. Nous avons discuté de la situation générale et de la dégradation de la mentalité et du niveau culturel et moral, à l'échelle mondiale. Son mari a enfin retrouvé sa nationalité russe, mais du coup, il ne peut plus aller en Amérique, où il a encore une maison et des enfants, et ses comptes sont bloqués... Ils me disent que c'est ma mission d'écrire sur la Russie et de donner un autre son de cloche. Leurs voisines vont à la cathédrale et les tiennent au courant de mes faits et gestes: "Laurence a communié aujourd'hui!"

Je suis allée chez une intellectuelle, Larissa Kachouk, qui voulait m’interviewer, en fait, elle collectionne les interviews de gens qui l’intéressent, et aussi les objets anciens. Elle vit dans un village après Veskovo, et ce devait être autrefois très joli, la nature est belle, plus sèche que là où je vis, avec des espèces plus variées, c’est sur une hauteur, au dessus du lac. Mais comme d’habitude, on construit n’importe quoi n’importe où. Mon intellectuelle avait d'un côté un garage, de l'autre un bain de vapeur, elle a réuni le tout, et s'est avisée qu'avec un ou deux étages en plus, elle aurait plus de vue. Une vue dégagée mais considérablement gâchée par deux ou trois machins en plastique qui me font, dans cette nature, le même effet que des packs de lait et des canettes de bière jetés sur le bord d'un chemin: moche, aléatoire et superflu.  

Larissa Kachouk chez moi

A part ça, elle est intelligente et marrante, alors que je craignais une emmerdeuse de plus. Elle écrit des livres historiques, mais plutôt sur la vie des gens aux siècles passés. Elle pense que j’ai été appelée par la Russie, que c’est une vocation mystérieuse, et que malgré tous mes efforts, je n'ai pu y échapper, ce qui est vrai. Elle écrit ses mémoires, et pense qu'il faut rester dans l'ordre chronologique, et ce n'est pas ce que je fais dans mes souvenirs d'enfance, mais bon, ça se discute. Elle a déjà écrit 500 pages!

Nous allons de plus en plus vers la guerre totale avec l’OTAN qui a lancé une offensive « ukrainienne », c’est-à-dire de la chair à canon chassée en avant par des mercenaires internationaux,  à laquelle les Russes n’ont pas pu s’opposer. Du coup, tout le monde voit la Russie vaincue et Poutine pendu. Ce qui est un peu beaucoup prématuré. Mais je me fais du souci, et puis ça me rend malade, le triomphe de ces créatures des ténèbres et de leurs cortèges d'imbéciles, et les représailles sadiques sur des populations qui se croyaient hors de danger. Souvent, d'ailleurs, je fais comme au cinéma quand ça devient pénible, je ne regarde pas, je zappe l'info, j'attends des analyses plus calmes et plus générales, pour ménager mes nerfs et ma sensibilité. Une Russe de France m’envoie une liste de gens à abattre qui figure sur un site ukrainien, cela doit être le fameux mirotvorets. Depuis l’attentat sur Daria Douguine, je pense que cela peut tomber sur n’importe qui. Tous les coups leur sont permis, ils nous considèrent comme des cafards. Pour les curieux de nature, un témoignage en français, à partir de la 35° minute, à peu près: https://all-make.net/dmitrij-evstafev-na-solovyov-live-ot-10-09-2022.html

Voyant sur un mur de Pereslavl la photo d'un jeune officier local tué là bas, j'ai eu une pensée pour son âme et me suis signée. Aussitôt, un bonhomme au type oriental m'arrête: "Pardonnez-moi, je vois que vous avez fait le signe de croix devant cette photo, et vous n'êtes pas la première, qu'est-ce que cela veut dire?

- C'est juste une petite prière pour ce garçon qui est mort pour nous."

Il s'est retourné vers sa femme: "Tu vois, c'est les gens qui prient..."

Du coup, ce matin, pour me décrasser la cervelle, j'ai fait la dernière tonte du jardin, débroussaillé ce que je n'avais pas touché de tout l'été: comme me l'a démontré le lézard de l'autre jour, la faune sauvage de mon espace hiberne déjà, mais des papillons, bourdons et abeilles tournoient encore sur les dernières floraisons, dès qu'il y a un peu de soleil. J'ai dégagé les saules qui poussent effectivement à grande vitesse, dans deux ou trois ans, si je suis encore en vie, la verrue du voisin ne me fera plus trop cuire les yeux. Ils sont très jolis, souples, argentés, liquides. Pendant que je m'affaire dans le fil du vent doux et humide, et que je calcule les endroits où je vais transplanter ceci ou cela, j'oublie les horreurs et les vilenies fantastiques dont l'écho m'arrive sur les divers réseaux. Le contact avec la nature est l'antidote vital à la folie collective.

 Quand je me penche sur les vieilles photos pour écrire mes souvenirs d’enfance, j’ai l’impression de les regarder depuis l’au delà. J'ai consulté une carte du Gard, je me rendais compte que j'avais oublié tout cela, je refaisais mes itinéraires, j'arrivais à Pont-Saint-Esprit, je passais le Rhône, ah oui, et là, je tournais vers Lapalud, je remontais vers Pierrelatte, ou bien je filais sur Bollène, et j'allais chez ma soeur à La Garde, ou ma cousine à Uchaux, je m'arrêtais dans un centre commercial pour acheter du pain Marie Blachère...  Et tous ces noms sentent le terroir, la ruralité qui n'est plus, le moyen âge chrétien, et aussi les années 50 et 60 de mon enfance, pleines de paysans à béret, de petites vieilles en robes de satin fermière sur des chaises paillées au milieu des géraniums, de boutiques aux patrons souriants qui criaient joyeusement: "qu'est ce que je vous sers?" avec l'accent du midi. Tout cela est si familier. Et si loin. 

Je corresponds avec un monsieur qui vit en France à l’écart de tout, avec sa femme, et ils ont des réunions avec des gens comme eux, ils ont d'ailleurs la chance d’être assez nombreux pour pouvoir se réunir, il y en a qui sont vraiment tout seuls. Ils se réconfortent les uns les autres, écoutent de la musique, échangent des réflexions, en gros c'est "sur les falaises de marbre". Un de ses amis s'est fait agresser chez lui à cause de son épouse russe, journaliste trop engagée...

Ma cousine s'est réfugiée dans un ravissant village de Dordogne, où subsiste une vie rurale.  

J'ai vu une interview de Lapierre, il s'agit d'un allogène qui répète comme une incantation qu'il faut tuer les fachos,  mais qui est incapable de dire ce qu'il entend par là. Il est visible qu'il a deux neurones enchâssés dans beaucoup d'os et peut-être un peu d'eau, et c'est tout. Il a ce mot merveilleux: "les Français sont tous à la campagne". On voit se dessiner la concrétisation des isolats qu'envisageait Jean Raspail.

Je dédie ce document à tous ceux qui pensent qu'ici, on n'a aucune liberté, que Poutine égale Staline, et qu'on y fait la chasse aux homos:

Lettre ouverte de l'actrice Maria Choukchina au président Poutine

C'est la guerre. Monstrueuse. Là bas, en Ukraine, nos gars meurent, la fleur de la nation, son espoir. Ils sont jeunes, beaux et forts. Ce sacrifice se fait pour le bien de la Russie, pour notre avenir. Nous, les gens, comprenons et acceptons cela. Mais que faire, quand la guerre est déjà dans nos villes, dans nos coeurs?

Et les ennemis ce sont "les nôtres"! Le 4 septembre, un concert en l'honneur de la connaissance a eu lieu à Vladivostok. Lors du concert, s'est produite en présence du maire de la ville, la chanteuse Klava Koka. La place centrale, avec sur la droite, l'administration municipale, sur laquelle flotte fièrement le drapeau de la Fédération de Russie. A gauche, juste sur la place elle-même, une église orthodoxe qui orne la ville de ses coupoles et de ses croix dorées.

Mais qu'il est douloureux d'entendre les paroles interprétées par la chanteuse "je m'en fous, je m'en fous", et les jurons gratinés de la chanson sont entendus par tous les enfants, adolescents et adultes venus au concert de la journée de la connaissance. Puis c'est la chanson "ramenez-moi ivre à la maison" qui retentit. Qu'est-ce que c'est que ça? Je vous le demande, qu'est-ce que c'est que ça? Et je vais vous répondre. C'est la guerre! La guerre sanglante, la plus dure, destinée à corrompre, déshumaniser les gens et leurs enfants. Ce ne peut pas être une erreur! Sinon, que font nos fonctionnaires dans leurs bureaux s'ils ne prennent pas le temps de vérifier le répertoire des artistes pour un événement si important? La censure devrait commencer dans les bureaux. Pourquoi les conseils artistiques sont-ils supprimés?

Qui a permis à Constantin Bogomolov de faire des représentations d'acteurs nus au théâtre de la Malaïa Bronnaïa, de se moquer de l'uniforme militaire, de la mémoire de la seconde guerre mondiale, de mettre en scène des représentations où les comédiens s'enfoncent sans ambiguité une arme à feu dans la bouche, la lèchent dans tous les sens, pour accentuer la connotation sexuelle? Il existe de nombreux artistes de ce genre. Leur nom est légion. Nos enfants peuvent en rang chanter l'hymne national autant qu'on veut. Mais ceux-là viennent au concert de la ville et face aux coupoles de la cathédrale chantent "Je m'en fous".

L'impuissance, la colère, l'incrédulité s'insinuent en silence dans l'âme des gens. On doit arrêter ce gâchis. Il faut que quelqu'un se mette de notre côté. du côté du peuple. Le diable est dans les détails. Dans le décolleté plongeant de la chanteuse qui a été payée 4 millions pour faire la promotion de l'alcool et des obscénités sur scène avec sa chanson "ramenez-moi ivre à la maison". C'est là tout ce qu'on voulait souhaiter à nos enfants le jour de cette fête radieuse? C'est pénible. Amer. Douloureux. Les gens sont fatigués! Les gens sont intérieurement brisés. Il leur faut l'espoir! L'espoir qu'il y ait au gouvernement des hommes pour qui les notions de "devoir", "d'honneur"; de "conscience" ne sont pas de vains mots. Nous avons besoin de l'Espoir que nous ne sommes pas en train de glisser dans l'abîme. Or pour l'instant, c'est le cas. 

L'éducation est "la nourriture de l'axe". Au centre, dans l'âme. Qu'offrons-nous à nos enfants? Que nous proposez-vous? Maison 2? Kirkorov, avec sa chanson "Mood color blue"? Le gay déclaré Dania Milokhine avec ses ongles laqués et sa robe? Ou bien le livre le plus populaire dans la jeunesse en 2022, "l'été en cravate de pionnier"? Jusqu'à quand les officiels détruiront-ils la culture, nous détruiront-ils? Des concerts, des chanteurs, chanteuses et acteurs de ce genre tuent le plus important: la foi. Elle est fragile, chez les enfants, vous savez. C'est inimaginable, brutal, féroce, ce "je m'en fous" à vif, devant les églises, et les enfants.

https://vk.com/wall8761179_170286

 J'ai trouvé ensuite un complément à ce texte. Personnellement, je désapprouve l'expression de l'auteur: "c'est la victoire de la Russie sur la Russie", car il s'agit en fait de la victoire de l'Antirussie sur la Russie. De même que Macron est l'Antifrance, Ursula la Hyène l'Antieurope, et que tout cela sert l'Antéchrist.

"Un homme de sainte vie m'a dit l'autre jour: PERSONNE NE PEUT BATTRE LA RUSSIE, SI CE N'EST LA RUSSIE ELLE-MEME.

Quand une fille dont le pseudonyme est Klava Koka, hurle sous les basses, sur la place principale de Vladivostok, en face de la cathédrale: "mais je m'en fous", répétant cela dans un refrain, jetant ces mots aux murs sacrés de l'église, dans l'aura verte et violette des projecteurs, et que la foule chante avec elle, tandis qu'au front, c'est la mort et l'encerclement, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Quand au même moment, Chnour déchire une arène de cent mille personnes avec des obscénités tonitruantes, le jour triste et calme de la décapitation de saint Jean Baptiste, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Lorsque des feux d'artifice volent dans le ciel au moment où pleut le phosphore dans le ciel de Donetsk, c'est la victoire de la Russie sur la Russie.

Les morts et les blessés du concert de Chnour, ainsi que le feu d'artifice qui a été, semble-t-il, à Tioumen, tiré dans la foule, ce sont encore des signaux très délicats, mais déjà terribles, de Dieu qui nous crie que nous sommes fous.

vous savez, je ne mets pas du tout mon armée en question. Malgré les bouleversements des 30 dernières années, c'est toujours la même armée du soldat russe invincible, c'est toujours la meilleure armée du monde. Toutes les lamentations sur les réseaux à propos des erreurs des commandants, c'est du vide. Et vide de sens. Nous en reparlerons après la guerre. Et nous comrpendrons que nous n'avons encore rien vu.

Mais les guerres elles-mêmes, et les défaites qu'elles entraînent sont liées à une vie négligente et malpropre à l'arrière. 

Notre conscience, à la recherche de coupables et de causes au mal, reste toujours autour, au lieu d'en elle-même, il est difficile de s'accommoder de cette loi, elle est pourtant de fer, et éternelle.

La meilleure armée ne nous sauvera pas;si le peuple, appelé à être chrétien, stagne. 

Une pomme pourrie de l'intérieur, quelle que soit la solidité de sa peau, périra. 

Elle périra peut-être, paradoxalement et illogiquement, de la main de ceux qui sont plus faibles, qui sont des bêtes féroces, qui sont étrangers à Dieu. mais même cela peut devenir un fléau entre les mains de Dieu. Souvenez-vous des récents athées-bolcheviques: ils ont gagné contre toute logique extérieure, ils ont démoli un pays des plus puissants, mais qui dans son coeur, se retirait de Dieu.

Souvenez-vous des paroles du Christ: "Il sera beaucoup demandé à ceux auxquels on a beaucoup donné" (Luc 12:48).

On nous a beaucoup donné. et maintenant, plus que jamais, nous vivons une époque de liberté inou¨£ire, pour tous, et pour l'Eglise. Des églises sont ouvertes à presque tous les carrefours, chaque jour, dans les églises, quelque chose peut éclairer, remplir  et rendre notre vie heureuse, la confession, la communion, une conversation paisible sur l'essentiel. Venez boire à cette source de vie. Nous l'avons! Nos pères et nos grands-pères ne l'avaient pas. Et nous l'avons!

Or nous...jetons des chants obscènes aux murs de ces églises, accompagnés par la foule.

C'est pour cela que nous subirons la défaite, à la fois dans notre vie et au front. C'est pour cela que le soldat russe mourra. 

Car c'est une loi éternelle: les purs souffrent pour les impurs. Pour purifier l'impur.

La guerre est lancée et ne fait que commencer. La mobilisation militaire de tout le pays n'est probablement pas nécessaire, mais une autre mobilisation s'impose. Une mobilisation pour l'humanité. Et pour la prière.

Ici, à l'arrière, il nous faut devenir des êtres humains, nous devons revivre, nous réveiller, pour que la vie triomphe à l'avant. Les gens font de nous d'autres personnes quand nous commençons à vivre pour eux. ainsi que notre langue, quand nous cessons de l'utiliser contre notre prochain et de le souiller par des jurons blasphématoires; et notre culture, nos poèmes, nos films, notre musique; et surtout nos lieux saints. Et notre attitude envers eux.

Cela n'arrivera pas, nous aurons une Russie vaincue, avec la plus forte armée du monde, avec les meilleures armes, comme c'est le cas, actuellement, sur la planète. Nous aurons la Russie vaincue par la Russie elle-même."

Boris Kortchevnikov

https://vk.com/wall708501966_3631

On voit bien que cette Antirussie nuit librement en Russie, pour l'instant, et que ces braillards répugnants et ces fonctionnaires complices ne sont pas arrêtés et se portent très bien. C'est d'ailleurs ce que je répète depuis des années. Néanmoins, contrairement à l'auteur, j'ai de l'espoir, car l'Antirussie n'a pas encore poussé assez de métastases en Russie pour en provoquer fatalement la mort, et le sursaut de cette dernière pourrait débarrasser le monde de cette tumeur maligne américano-mondialiste dont l'Europe crève. 
J'ai été très frappée par cette vidéo: https://vk.com/video358766947_456239119?list=2b415773f4be65377d
Le prêtre qui y figure, le père Dionysi, écrit:
Ces visages...
Il est difficile de les regarder
Comme si on s'en sentait indigne.
C'est qu'en eux est l'image de Dieu; 
la Face de Celui qui a pris sur Lui beaucoup de souffrances et même la mort.
Pour nous.
Et maintenant, regardons l'un des principaux maudits à qui nous devons tout cela, et qui s'en vante:https://vk.com/wall598003758_12041

Идёт война. Чудовищная. Там, на Украине гибнут наши парни -цвет нации, Надежда. Молодые , красивые, крепкие. Эта жертва во благо России, во имя нашего будущего. Мы, люди это понимаем и принимаем. Но как быть, когда война уже в наших городах, сердцах.

А враги «свои» же! 4 сентября в городе Владивосток прошёл концерт посвящённый дню знаний. На концерте , в присутствии мэра города выступала певица Клава Кока. Центральная площадь, с права в 100 метрах расположена администрация города, на которой гордо развивается флаг Российской Федерации. Слева -прямо на самой площади стоит православный храм, украшая город своими золотыми куполами и крестами.


И как же больно слышать слова песни в исполнении певицы -« мне пох, мне пох» отборные маты песни слышат все подростки, дети, взрослые которые пришли на концерт приурочений к дню знаний. Далее звучит песня «забери меня пьяную домой». Что это ? Я спрашиваю вас -что это ? А я вам отвечу. Это война! Кровавая, самая жёсткая война направленная на развращение, обесчеловечивание людей, детей. Не может это быть ошибкой ! Иначе, чем занимаются наши чиновники в своих кабинетах если у них нет времени проверить репертуар артистов для такого важного мероприятия? Цензура должна начинаться в кабинетах. Почему упразднены худ.советы?

Кто позволил Константину Богомолову в театре на Малой Бронной ставить обнаженные спектакли и глумиться над формой военных, над памятью о ВОВ, ставя спектакли где актеры недвусмысленным образом берут в рот пистолет, облизывают его всячески подчёркивая сексуальный подтекст. Много таких деятелей искусств. Имя им легион. Наши дети могут сколько угодно петь гимн России на линейках. Но они приходят на городской концерт и подпевают глядя на купола церкви «мне по».

Бессилие, гнев, неверие заползает тихо в души людей. Кто-то должен остановить эту грязь. Кто-то должен быть на нашей стороне. На стороне людей. Дьявол кроется в мелочах. В открытом декольте певицы, которой заплатили 4 миллиона за то, что она со сцены пропагандирует алкоголь и маты песней «забери меня пьяную домой». Это всё, что хотели пожелать нашим детям в этот светлый праздник ? Тяжело. Горько. Больно. Люди устали ! Люди сломлены внутри -людям нужна Надежда ! Надежда на то, что есть люди в правительстве для которых понятие «долг», «честь», «совесть» -не пустой звук. Нужна Надежда на то, что мы не катимся куда-то в пропасть. А сейчас так и есть.

Воспитание -это питание в ось. В центр, В душу. Что мы предлагаем нашим детям? Что вы предлагаете нам ? Дом 2? Киркорова с его песней «цвет настроения синий»? Откровенного гея Даню Милохина с накрашенными ногтями и в Платье ? Или самую популярную книгу среди Российской молодёжи в 2022 году -«лето в пионерском галстуке» ? До каких пор чиновники будут уничтожать культуру, уничтожать НАС ? Такими концертами, такими певицами и певцами , актерами и и,д убивают самое важное -веру. Она хрупкая у детей -вы же знаете. Невообразимо, жестоко, зверски, так по живому -«мне по» - у храма, для детей.

Один человек святой жизни сказал мне на днях:
"РОССИЮ НИКТО ПОБЕДИТЬ НЕ МОЖЕТ, КРОМЕ... САМОЙ РОССИИ".

Когда какая-то девочка с псевдонимом клава кока орет под басы на главной площади Владивостока, напротив Кафедрального собора, "а мне пох", повторяя это на разрыв рефреном, бросая эти слова в святые стены храма, мерцающие фиолетовым и зеленым отсветом концерта, и ей подпевает толпа - в то время, когда на фронте - смерть и окружение, - то это победа России над Россией.

Когда в это же самое время в сердце страны Шнур рвет сто-тысячную арену раскатистым матом - под скорбный тихий день Усекновения главы Иоанна Крестителя - это победа России над Россией.

Когда в небо летит салют в то время, когда с неба Донецка летит фосфор - это победа России над Россией.

Погибшие и раненные на концерте Шнура, и салют, который, кажется в Тюмени, выстрелил в толпу ... - это всё ещё очень деликатные, но уже страшные сигналы от Бога, который кричит нам о том, что мы обезумели.

Знаете, у меня вообще нет никаких вопросов к моей армии. Она, несмотря на все потрясения последних 30 лет, по-прежнему - всё та же армия непобедимого русского солдата, по-прежнему одна из лучших армий мира. Все сетевые причитания про ошибки командиров и тп - это пустое. И бессмысленное. Об этом поговорим после войны. И увидим, что ничего раньше не видели.

Но и сами войны, и поражения на них происходят за нерадивую и грязную жизнь в тылу.

Наше сознание, ищущее виноватых и причины зла всегда вокруг, а не в самих себе, трудно вместит этот закон, но он железный и вечный.

Даже лучшая армия не спасет, если призванный быть христианским народ, оскотинивается.

Яблоко, гнилое изнутри - какой бы крепкой не была его кожура - погибнет.

Погибнет, может быть, парадоксально и нелогично: от рук тех, кто слабее, кто зверь, кто Богу - чужие. Но и такие могут быть бичом в руках Божиих. Вспомните недавних безбожников-большевиков: они победили нелогично, вопреки всякой логике внешнего - снесли мощнейшую, но отступившую в сердцах от Бога, страну.

Помните слова Христа: "Кому много дано, с того много и спросится" (Лк. 12:48).

Нам очень много дано. А сейчас - много, как никогда, мы живём в пору неслыханных свобод - всех, и свободы Церкви. Храмы стоят открытые почти на каждом перекрестке, в храмах - каждый день то, что может высветить, наполнить и осчастливить всю нашу жизнь - исповедь, причастие, тихий разговор о главном. Приходи и пей от этого источника жизни. У нас это есть! У наших отцов и дедов не было. А у нас есть!

А мы... кидаем матерные попевки в стены этих храмов под подпевку толпы.

Вот за это будем нести поражения и в наших жизнях и на фронте.
Вот за такое будет умирать святой русских солдат.

Потому что это ещё один вечный закон: чистый страдает за нечистого. Чтобы нечистый очистился.

Война идет и только начинается. Военная мобилизация всей страны, наверно, не нужна, а вот другая мобилизация - необходима. Мобилизация на человечность. И на молитву.

Нам здесь, в тылу, людьми надо стать, ожить, проснуться надо, чтобы и на фронте жизнь победила.

Людьми нас делают - другие люди, когда мы начинаем жить ради них; наш язык, когда мы перестаем бить им ближнего и сквернить его богохульной матерщиной; наша культура - стихи, фильмы, музыка наша; и более всего - наши святыни. И отношение к ним.

Не будет этого, это будет побежденная Россия - при сильнейшей армии мира, при лучшем оружии, как сейчас, на планете, - это будет Россия, побеждённая самой Россией.

lundi 12 septembre 2022

Saint prince Alexandre

 


Hier matin, décollation de saint Jean Baptiste, hier et aujourd'hui, saint Alexandre Nevski, fête votive de notre cathédrale. Au réveil, je n'avais aucune envie d'aller à l'église, cela me cassait complètement les pieds, et je n'avais pas envie de jeûner non plus. En passant devant la vénérable église de la Transfiguration, où a été baptisé Alexandre Nevski, j'ai eu un grand élan du coeur: "Saint prince, intercède pour nous, défends-nous!"

Je suis allée trouver le père Andreï, je lui ai confié que j'avais un sentiment d'angoisse et de tristesse depuis plusieurs jours. en plus du surmenage causé par ma vie sociale, toutes les horreurs auxquelles ont est confronté, pas directement, mais j'imagine, et j'imagine notemment ce qui peut se passer sur les territoires qui étaient sous contrôle russe et repassent sous contrôle ukro-otanesque. Et puis d'être sans arrêt aux prises avec les croisés convaincus de la mauvaise cause qui viennent ratiociner sur mes fils de commentaires et me faire la morale. "La création me dit-il, c'est sacré, vous ne devez pas vous y soustraire, votre témoignage, vos chansons, cela fait partie de votre vie spirituelle, c'est votre vocation: "Que tout souffle loue le Seigneur". Quand au Donbass, ma chère Laurence, mais à qui faisons-nous vraiment la guerre, là bas, vous le savez pourtant bien? Ce n'est pas une histoire de territoire, c'est beaucoup plus grand que cela.N'est-il pas évident qu'en face, ils sont complètement possédés? Que disait Alexandre Nevski? "Dieu n'est pas dans la force, Il est dans le droit". Dieu ne peut pas être avec les possédés, Il est donc avec nous, et s'Il est avec nous, que craignez-vous? Si nous avons des revers, c'est pour nous éprouver, ou nous enseigner, ou nous réveiller. 


- Bien sûr, mais c'est tellement affreux... votre pays m'est profondément entré dans l'âme, je me rends compte que ce n'était pas par hasard, que sans doute, Dieu m'a recrutée quand j'étais toute jeune et amenée ici, que c'était Son dessein à mon égard. Si on le détruit, les gens comme moi, qui y ont trouvé leur arche, n'auront plus de refuge nulle part. Et beaucoup me contactent dans l'intention de monter à bord... 

- Eh bien voyez, alors faites confiance. Remettez-vous en à Dieu! 

- Il y a quand même un aspect positif, c'est qu'on nous vire du Conseil Oecuménique des Eglises, dont nous aurions dû sortir il y a bien longtemps...

- Qu'ils fassent bien ce qu'ils veulent, la Russie est immense, qu'ils s'agitent là bas, qu'est-ce que ça change pour nous? Nous, nous faisons ce que nous avons à faire, chacun à sa place."

J'ai vu Génia Kolesov et sa femme. Celle-ci est aussi convaincue que le père Andreï qu'il s'agit d'un affrontement métaphysique, eschatologique. 

Ce matin, la cathédrale était pleine à craquer, car tout le lycée orthodoxe saint Alexandre Nevski était là. Il y avait des gosses partout, impossible de s'asseoir, cela circulait sans arrêt dans tous les sens, et il y avait les bonnes femmes qui, en dépit de la cohue, veulent absolument coller un cierge aux endroits inaccessibles et enquiquinent les gens pour les faire passer jusque là de main en main. Une dame qui avait l'air de bien me connaître m'est tombée dans les bras. Ici on ne pratique pas le bisou français mais le câlin russe. L'ambassadeur anglais Jerome Horsey parle déjà, avec un certain étonnement, au XVI° siècle, des câlins de Boris Goudounov... Je préfère le câlin russe au bisou obligatoire. J'étais embêtée de ne pas reconnaître cette excellente personne, mais je m'y perds un peu maintenant, c'est terrible, et en fin de compte, je finis par étreindre et saluer, sans me souvenir du specimen précis d'habitant, à travers lui tout Pereslavl, et même toute la Russie. Quand je suis dans ma paroisse, je sens que j'aime profondément tout le monde, la vieille Antonina, les vendeuses de cierges, le choeur, le sacristain Vitali et chacun de nos prêtres, le gentil père ukrainien Vassili, le sévère père Alexeï, du reste pas si sévère que cela, le père Andreï...  Ce dernier est si humain, si plein d'humour, et si fervent, je sais qu'il a des faiblesses humaines, mais c'est vraiment un homme de foi, et un homme de coeur.

L'office a été très long, et en plus de mes douleurs articulaires, j'avais mal à la tête. Il a été suivi d'une procession autour de l'église, et l'évêque nous aspergeait copieusement d'eau bénite. Les gosses lui criaient: Vladitchka! (notre cher monseigneur) par ici, encore! Nous n'avons rien reçu!" J'ai vu une adolescente au visage ruisselant comme si elle venait de prendre une douche, qui pouffait avec une copine. 

Je suis tombée sur oncle Slava le cosaque, nous avons discuté de la situation: "On ne doit ni se laisser décourager, ni se laisser paniquer. Il faut espérer et prier, car que veut dire ce revers? Dieu nous éprouve, la Russie a été profondément pénétrée par de mauvaises choses, et nous devons nous purifier, autrement, nous deviendrons comme les zombies d'occident et les Ukrainiens, nous sommes les prochains sur la liste."

Au café, j'ai vu Gilles, qui m'a dit: "A force de faire dans la dentelle, ils ont perdu du temps et l'OTAN lâche ses fauves, cela me rend malade de penser aux gens qui subiront les répressions de cette bande de tarés."

Un compagnon du devoir d'origine russe m'écrit qu'il médite de partir, car "l'Europe est en  train de devenir complètement folle". Je l'ajoute à la liste de ceux qui ont ce projet et pour lesquels je prie.

Ici deux analyses auxquelles je me fie, et qui me semblent justes.

https://odysee.com/DONBASS-INSIDER---Situation-%C3%A0-Kharkov---10.09.2022:6eddc71315eddcecfb1fab610dae2e52fc681131

https://russiepolitics.blogspot.com/2022/09/a-kharkov-lotan-entre-en-guerre-soit-la.html?fbclid=IwAR1tEfhewCUFHx7IDUTkjazok9ZXF06AHlBXemsdmKygL0qaoTH8V2FWKII

Et ce discours prophétique d'Edouard Limonov qui dit la vérité vraie:


Et je livre ceci à la réflexion de ceux qui aiment aller profond: https://www.lexpress.fr/actualite/monde/guerre-en-ukraine-pour-son-avenir-militaire-kiev-regarde-vers-israel_2178648.html?fbclid=IwAR2jUAgcxMSKLpupBZ1lYBkS0nIol8SS5aCH35w_O8lG2NdCIs07f49QKcQ


samedi 10 septembre 2022

Festival d'Okhotino

 


Comme chaque année, la datcha du peintre Korovine, grand ami de Chaliapine, accueillait son festival à Okhotino, avec des peintres qui s'égayaient dans la nature, diverses prestations d'ensembles musicaux, de lectures de vers, un film, des ateliers, des gens qui vendaient leurs oeuvres ou des spécialités culinaires. J'y ai rencontré le père Alexandre, de Rostov, qui jouait Chaliapine dans une saynète. On m'avait invitée à chanter, ce que j'ai fait. J'étais venue avec ma voisine Ania, et des exemplaires de Yarilo et de mes chroniques. J'ai été très surprise, on peut même dire ébahie, par le succès que j'ai remporté.Une jeune femme en larmes m'est tombée dans les bras en me disant qu'en plus d'avoir du talent, j'étais tellement belle et tellement sincère, qu'elle voudrait bien être comme moi à mon âge, et merci, merci d'exister; j'étais extrêmement émue, un peu dépassée par l'ampleur des réactions. La télé de Yaroslavl va venir me prendre une interview, sa présentatrice vedette m'a fait toutes sortes de réfléxions goguenardes sur le vilain caractère de "la camarade Rita", qui, en effet, vieillit mal, elle ne supporte plus les mondanités et grogne sur tous ceux qui m'approchent! Enfin pour ce qui est de me reposer, cela ne s'annonce pas vraiment comme cela, car je vais être encore invitée à toutes sortes de manifestations.

Un charmant monsieur nommé Arthur m'a dit: "Vous avez une voix remarquable et surtout, on voit que vous ne chantez pas pour vous acquitter d'un travail, mais avec toute votre âme, vous nous emmenez au tréfond du temps! Et puis vous êtes très naturelle, avec un humour très fin qui me va droit au coeur!"

avec Arthur (Morgenstern)


J'étais accompagnée de mon ange gardien, ma voisine Ania, qui me faisait tellement de pub, que j'ai vendu pas mal de livres, et que j'aurai du monde à mon exposition du mois de novembre. On me propose une présentation de livres à la bibliothèque de Yaroslavl. Bref, la gloire locale! 

"Vous deviez avoir tant d'amoureux, avec ces yeux et ces boucles", m'a dit une dame. Si elle savait... J'en avais même le coeur serré. Mais bon, comme dit ma tante Mano, ma copie est rendue.

J'ai rencontré une dame qui venait d'Elizarovo, le fief d'Alexei Basmanov, père de mon héros Fédia, et j'ai même un chapitre qui se déroule à cet endroit-là, c'est là que Fédia trouve une sage-femme un peu sorcière sur les bords pour sa jeune épouse enceinte. Elle m'a demandé comment j'en étais venue à écrire sur un tel personnage, j'ai essayé d'expliquer cela brièvement. "Vous comprenez, me dit-elle, nous autres, à Elizarovo, nous ne pensons pas qu'il était aussi mauvais que dans le roman d'Alexeï Tolstoï, ma fille en est sûre, et si elle trouve le financement, elle aimerait tourner un film là dessus.

- C'est bien possible, la vision d'Alexeï Tolstoï est très caricaturale, et puis j'ai été si possédée par cette histoire, il me semble qu'il aimait vraiment le tsar, qu'il lui était vraiment dévoué, et il était probablement très jeune."

Elle connaissait la version de sa fin au monastère de saint-Cyrille-du-Lac-Blanc et a évoqué les remords du tsar à son égard; j'espère la revoir, car j'aimerais en savoir plus long. Mais ce ne sera pas difficile, je connais une autre personne impliquée dans le musée d'Elizarovo.

Au retour, Ania m'a expliqué que depuis quelques temps, elle s'était mise à chanter, que cela lui permettait d'exorciser sa tristesse, tristesse causée par la crainte de perdre ceux qu'elle aime, et qui sont tous âgés, à part ses enfants, par la nécessité de travailler qui la prive de la contemplation de la nature, dont elle a tellement besoin. "Mais c'est pour cela que les gens chantaient, lui ai-je répondu, pour transfigurer leur tristesse ou leur joie." Son mari l'encourage, et lui dit qu'il l'accompagnera à l'accordéon. Ania est une personne fine, modeste et intériorisée, très sensible et délicate.