Translate

lundi 17 avril 2023

Christ est ressuscité

 


Il y avait énormément de monde à la cathédrale, la nuit de Pâques, je crois n'en avoir jamais autant vu. Et le lendemain, à la liturgie du dimanche, il y en avait aussi beaucoup plus que d'habitude. La maman de notre nouveau sacristain, le jeune Vania, fils du père Vassili, m'a dit que pendant l'office de nuit, il était si fatigué qu'il s'était évanoui, entraînant un chandelier dans sa chute. Autrefois, je ne m'étais pas évanouie, mais endormie debout pendant un office de Pâques, à Moscou, et un paroissien m'avait rattrapée au vol.

Je me suis confessée au nouveau prêtre, le père Alexandre, qui me plaît beaucoup, il a l'air très bon, et il fait des sermons magnifiques. Je me disais qu'en réalité j'aimais tous nos prêtres, ceux d'ici, et ceux du père Valentin à Moscou. J'aime aussi les dames qui vendent des cierges, les petites vieilles, la bonne Antonina, Valentina, qui fait des câlins aux grands-mères comme si nous étions toutes de sa famille, Génia Kolesov et ses filles, Macha, Vitia, et leurs garçons qui clamaient "en vérité, Il est ressuscité" avec tant de conviction, toute notre communauté chaleureuse et simple. La matouchka du père Vassili m'a offert un koulitch confectionné en famille, disant à son petit dernier, qui me regardait avec des yeux ronds: "Tu vois, c'est notre Laurence..."

Anne-Laure est venue ensuite me rejoindre, nous l'avons mangé sur la terrasse, au soleil. Comme elle loge en face du monastère Saint-Nicolas, elle voit tout ce qui s'y passe, processions, bénédictions des koulitchs, elle participe quelquefois. "Il y a une chose qui me frappe, me dit-elle, c'est que l'orthodoxie est une religion virile. Les prêtres et les moines ont des allures de guerriers." Je l'ai aussi observé. 

 Puis nous sommes allées au café français. Nous avons discuté avec Laurent, principalement de la France, et des raisons que nous avons d'émigrer ou de rester, rester signifiant s'enfermer dans une bulle quelque part dans un village perdu, tant que l'Etat le permet. "Ce n'est pas parce que nous vivons ici qu'on se fiche de ce qui arrive à la France, dit Laurent, nous suivons tous l'actualité. Cela nous fait mal, et peut-être le recul nous donne-t-il une vision plus complète de la situation, d'ailleurs. Sur place, les gens ont le nez sur leur vie quotidienne, et puis souvent, ils préfèrent ne pas savoir."

Il fait toutes sortes de délicieux sandwich aux crudités, fromage, viande ou poisson, mais sa clientèle russe n'y comprend rien. Les gens s'obstinent à manger ces sandwichs avec un couteau et une fourchette! Ils ouvrent la baguette et grattent ce qu'il y a à l'intérieur et surtout, suprême barbarie, ils exigent quelquefois de faire chauffer le truc! Un jambon beurre parisien passé au four, j'imagine le résultat... Même chose avec les crudités, d'ailleurs. "Tout est sec comme l'âme du diable", nous dit Laurent. Quel gâchis! A vrai dire, je n'en reviens pas, l'équivalent, sur le plan culinaire, des "souvenirs" vendus à Pereslavl, ou des isbas plastifiées et des châteaux Disneyland...

Pour fêter la fin du carême, il m'a servi des rillettes maison, baguette maison, cornichons.

samedi 15 avril 2023

Vendredi

 

mon voisin Vitia et son fils Kolia

Les nuits sont encore fraîches, et même le jour souffle un vent pas chaud, qui me rappelle le mistral, mais le soleil persiste, et je ne saurais dire le bonheur que j'éprouve à m'asseoir sur la terrasse, dans la lumière, dans le fil de l'air murmurant, il me remonte au coeur des impressions d'enfance. Je suis fière de moi, parce que j'ai réussi à rapporter un thuya que j'avais exilé du côté du voisin Oleg, où il ne me sert plus à grand chose depuis que j'ai déménagé dans l'autre partie de la maison, vers le côté du voisin Sacha, où il me fera écran, à côté de son prédécesseur, qui est déjà bien grand.  Cela n'a pas été aussi difficile que prévu, et je n'ai pas eu besoin d'attendre des jours que quelqu'un soit disponible pour m'aider. Comme je ne les taille pas, mes thuyas ont des airs de cyprès.

Je fais ce que je peux pour suivre les offices de la Pâque imminente, mais je finis ce carême dans les tentations et l'épuisement. Tout le long des la lecture des douze Evangiles, je pensais à un rapport clinique que j'avais lu à propos des effets de la crucifixion sur l'organisme de la victime, et de là me revenaient d'autres cruautés, du genre qui me rend positivement malade, au lieu d'entrer dans la prière et l'apaisement. Pendant la liturgie de la Cène, j'ai vu que le fils aîné du père Vassili, un adorable gamin de quatorze ou quinze ans, servant d'autel, était promu par l'évêque à un rang supérieur, et quand il est arrivé tout fier, je lui ai demandé lequel: "sacristain", me répond-il. Sa mère a ajouté: "C'est avant hypodiacre.

- Alors après tu vas devenir hypodiacre, puis diacre?"

Il a approuvé de la tête, avec un sourire radieux. Il va devenir prêtre, comme papa. J'ai vu qu'il avait une belle tunique de brocart trop grande, je pense qu'elle est destinée à servir au sacristain, puis à l'hypodiacre!

Ici, les gens que je préfère, ce sont ceux que je vois à l'église, et aussi les cosaques. Le café français également, mais c'est dans un autre registre. 

Hier vendredi, l'office de la mise au tombeau. J'ai lu les prophéties chez moi, je suis arrivée une heure en retard, repartie après la procession, au bout de presque trois heures, et cela devait durer encore une heure, les orthodoxes commencent de tous côtés à tituber. Mes nouveaux voisins Macha et Vitia, des moscovites, étaient là, avec leurs beaux petits garçons Micha et Kolia. C'est une famille visiblement très unie, et ils sont extrêmement heureux d'être ici, à Pereslavl, de se promener autour du lac, ils ne regrettent pas la capitale.

L'office était beau, recueilli, au sein de notre paroisse paisible et amicale, avec toujours ce contraste entre la pauvreté de l'édifice, et le faste médiéval du rite. Je me souviens avec émotion de mes Pâques à Solan, où dans une certaine mesure, grâce aux offices en français, je pénétrais mieux dans la fête, et nous chantions avec les soeurs, la mélodie byzantine était très noble, sans les roulades et roucoulades introduites au moment de l'occidentalisation de la Russie, et qui sont particulièrement redoutables lors de l'office de Pâques lui-même, quand il faut "faire joyeux", et qu'on tombe parfois dans le refrain de gondolier ou la romance napolitaine. Mais je n'assisterai ce soir qu'à la procession, j'irai demain matin à la liturgie, ce sera beaucoup plus simple, quelques vieilles et le père Vassili, tenir des heures au milieu de la nuit n'est plus de mon âge.





photo éparchie de Pereslavl

vendredi 14 avril 2023

Les pharisiens et les judas.

 


En ce moment, il faut avoir le coeur bien accroché, car on se prend des giclées d'infamie et de stupidité à chaque fois que l'on se risque sur l'actualité des réseaux. D'un autre côté, précisément en ce moment, comme me l'a dit Génia Kolesov, qui organise les concerts du café, il est bien difficile de ne pas s'y risquer. 

Après le Russe de l'autre jour, qui trouve que l'Eglise ukrainienne l'a bien cherché, voilà que je tombe sur cet article de "Parlons d'orthodoxie":  Le métropolite Onuphre a « admis » qu’il avait la nationalité et un passeport russes – PARLONS D'ORTHODOXIE (wordpress.com)

Le métropolite Onuphre "a admis" qu'il avait un passeport russe. Sous-entendu: c'est un agent, un espion, un "homme du KGB". Le métropolite Onuphre a toujours eu un comportement irréprochable qui lui vaut l'amour inconditionnel de son clergé et de ses fidèles. Deux métropolites seulement l'ont trahi quand Bartholomée l'a poignardé dans le dos, ajoutant la persécution à la persécution. ses sermons et ses déclarations ont toujours été d'une grande élévation spirituelle et se sont toujours gardés des prises de position politique, et je le suis depuis très longtemps. Au moment de l'intervention russe, il a désavoué le patriarche Cyrille, bien qu'il soit évident qu'avec ou sans intervention, le métropolite et son Eglise sont destinés à disparaître par les tenants de la "Religion du futur" promue par l'OTAN et ses séides. Le patriarche Cyrille, et aussi le prédicateur ukrainien célèbre, le père Andreï Tkatchov, enjoignent néanmoins avec énergie à tout le monde de ne jamais le critiquer et de le soutenir de toutes les manières, étant donnée la difficulté de sa position. Le métropolite est le chef d'une Eglise qui est sur place depuis saint Vladimir. Une Eglise que ses nombreux  fidèles aiment et reconnaissent, car ils en aiment et reconnaissent les pasteurs, et parce que c'est celle de leurs ancêtres. Peut-être que des millions d'orthodoxes ukrainiens ne sont pas assez "ukrainiens" pour les acteurs et les oligarques  qui dirigent le pays dans le sens voulu par la CIA, mais c'est néanmoins un fait. 

En effet, d'ailleurs. C'est bien le cas, ils sont trop russes. J'ai lu le commentaire d'un Russe d'Argentine qui reproche au métropolite Onuphre et à son Eglise d'être restés "soviétiques". Mais pas du tout. Quand je regarde les fidèles du métropolite Onuphre, ses hiérarques et son clergé, je vois la sainte Russie, celle d'avant "l'Ukraine" de Lénine et Staline, puis de Clinton, Obama, Biden père et fils, BHL, Glucksmann, Soros and Co. La noblesse et la simplicité des visages et des comportements, la ferveur, le courage. Oui, c'est la sainte Russie, celle de Dostoiveski, de Pouchkine, de Gogol, et c'est sur elle que crachent ces émigrés d'Argentine ou de Paris, en appelant de tout leur voeu la victoire du golem occidental, et le règne autocéphale d'un paltoquet mitré aux discours suffisants et revanchards, ordonné par un pseudo patriarche excommunié qui, lui, fricotait vraiment avec le KGB et doit continuer avec le SBU: un métropolite de carnaval qui fut, pour finir, adoubé par un patriarche aux ordres d'une entreprise mondiale de déchristianisation, dirigée principalement contre l'orthodoxie. Le métropolite Onuphre et ses fidèles, c'est le patriarche Tikhon et les siens en 1918, trahis de la même manière par le patriarche de Constantinople de l'époque, qui avait reconnu l'Eglise "rénovée" des bolcheviques, instrument, comme l'Eglise autocéphale, de la destruction planifiée de l'orthodoxie par des gnomes qui n'avaient, comme aujourd'hui, rien d'orthodoxe, ni même de russe ou d'ukrainien, c'est exactement le même schéma. 

Cet article, ironie du sort, surgit le jeudi saint, et le soir, écoutant le récit de l'arrestation de Jésus, je ne cessais d'y penser. Quel parallèle... Comme dit notre père Vassili, les pharisiens sont toujours à l'oeuvre, les pharisiens et les judas. Mais dans ma naïveté, je n'aurais pas cru voir un jour des Russes émigrés et des orthodoxes s'associer aux débiles qui dansent à Kiev la Carmagnole autour des chrétiennes agenouillées, à ceux qui depuis des années molestent des prêtres, terrorisent leurs paroissiens, et quelquefois les torturent et les tuent. Quel soulagement de me trouver avec la sainte Russie, et non pas avec ceux-là qui ne la reconnaissent pas et la conspuent, ces rameaux tombés de l'arbre qui se déssèchent à Sodome et n'en brûleront que mieux. Tout mon entourage russe n'en revient pas, d'ailleurs, tellement c'est indigne. 

Notons que ces gens, tout contents de trouver un passeport russe au métropolite Onuphe, ne sont pas excessivement dérangés par les multiples passeports des serviteurs de la CIA, le passeport israélien et le passeport suisse du mafieux Kolomoiski, patron des sinistres bataillons punitifs néonazis qui semaient la terreur au Donbass...

jeudi 13 avril 2023

L'autre planète 16 et 17

 Pour le rendre accessible à ceux que cela intéresse, et à ceux qui ne vont pas sur internet, j'ai publié mon blog aux éditions du Net:


Résumé de l’ouvrage 

Après 16 ans passés en Russie, je dus prendre ma retraite et rentrer m’occuper de ma mère, qui ne pouvait plus rester seule. Après sa mort, quatre ans plus tard, alors que j’étais installée dans le Gard, je m’étais habituée à l’idée que je ne repartirais plus. Cependant, au bout de deux ans, je pris la décision de revenir vivre dans ce pays qui m’avait attirée dès mon adolescence de telle manière qu’on peut parler de vocation particulière. Je n’en renie pas pour autant la France, à laquelle je reste attachée, dont je reste imprégnée et dont je conserve la langue. Mais à un certain moment, j’ai choisi, et ne le regrette pas, même si au moment où je l’ai fait, cela ne fut pas très facile. Je ne m’étendrai pas sur toutes les raisons que j’ai eues de le faire, elles apparaissent au cours du texte que je propose et qui est le début de mon journal de Russie, le blog que j’avais ouvert à mon arrivée, à l’intention des gens que je laissais en France, et qui pour toutes sortes de raisons, n’allaient pas sur les réseaux sociaux. C’était en quelque sorte, pour moi, une lettre régulière à destination collective qui a pris de l’ampleur et qui est devenue un témoignage. 

Fiche auteur Laurence 

Guillon est née en 1952. Après des études de russe et d’arts plastiques et une jeunesse erratique, elle publie en 1985 une première version de son roman Yarilo, sous le titre « Le Tsar Hérode », au Mercure de France (prix Félix Fénéon) qu’elle réécrit complètement lors de son déménagement définitif en Russie, en 2016, pour l’harmoniser avec sa suite, « Parthène le fou ». Passionnée de folklore russe ethnographique, elle est aussi aquarelliste, pastelliste. Ce livre rassemble les années 16 et 17 de son blog, les Chroniques de Pereslavl, où elle relate sa vie dans la petite ville de Pereslavl-Zalesski, au nord de Moscou. 

Descriptif technique 

Format : 150 x 230 cm 

Pagination : 494 pages ISBN : 978-2-312-13211-2 

Publié le 13-04-2023 par Les Éditions du Net GENCOD : 3019000006902 

Prix de vente public : 34 € TTC 

Pour commander 

Auprès de l’éditeur : www.leseditionsdunet.com 

Sur les sites Internet : Amazon.fr, Chapitre.com, Fnac.com, etc. 

Auprès de votre libraire habituel Les Éditions du Net 126, rue du Landy - 93400 St Ouen Tel : 01 41 02 06 62 - Fax : 01 41 02 02 63

mercredi 12 avril 2023

Double soleil

 


Je suis allée hier sur l'escarpement regarder le lac. Le soleil se couchait, dans le silence, parcouru par les cris des mouettes et quelques chants d'oiseaux, et des couleurs immobiles et paradisiaques. L'eau reste gelée, sauf aux environs de la berge, et je voyais deux astres l'un sur l'autre, l'un glissant sous la glace avant l'autre, comme pour le rejoindre ou se fondre avec lui, et il n'en est plus resté qu'un, énorme et rose, qui s'enfonçait à son tour derrière la berge bleue.

J'ai été rejointe par l'artiste-peintre Marina Leskova, qui faisait du vélo avec une amie. Marina a évoqué la grande ancienneté des lieux, tout leur passé païen et chrétien, le monastère démantelé à l'époque soviétique, et qui avait mille ans. Qui gênait-il? Les démons...

Quelqu'un intervient sur mon fil pour me signaler que Jésus et Barabas, le brigand grâcié à sa place, ne feraient qu'une seule personne, parce que Barabas signifie Fils du Père en araméen. Ma tante érudite et incroyante ne voyait, dans la prophétie d'Ezechiel, que la parenté des animaux fabuleux décrits avec les taureaux des bas-reliefs assyriens, alors qu'Ezechiel a pu utiliser ces figures mythologiques de son temps pour exprimer l'indicible de sa vision, et moi, c'est la vision qui m'intéresse, pas l'archéologie. Dans un évangile, la femme qui oint les pieds du Christ avec un parfum de grand prix est une pécheresse repentie, dans l'autre, Marie, la soeur de Marthe et Lazare, quelle importance? Dans la passion, il y a vraiment des éléments qui ne s'inventent pas, et la plupart de ceux qui y ont assisté sont morts pour en témoigner. Qu'ensuite, on ait introduit des éléments mythiques ou donné tel nom au brigand de service, cela ne me gêne pas outre mesure. A propos du massacre des saints innocents, dont on ne garde pas la trace historique, le père Placide me disait: "En orient, on aime bien exagérer. Ainsi on m'a présenté un jour au Liban comme l'higoumène d'un monastère de 75 moines alors que je n'en avais que cinq ou six. Quand j'ai demandé pourquoi on avait éprouvé le besoin d'affabuler de la sorte, on m'avait répondu: "Cinq ou six moines, cela ne fait pas sérieux". De même, qu'une relique soit authentique ou pas ne le troublait guère, car dans la mesure où des générations de gens l'avaient vénérée, elle devenait sainte de toutes leurs prières. Un prêtre dont j'ai oublié le nom avait écrit: "la Bible est une icône, est-ce qu'on demande à une icône d'être exacte et réaliste?" Cependant, si beaucoup d'éléments me paraissent mythiques, ils sont spirituellement et humainement vrais, et c'est d'ailleurs la caractéristique du mythe, le mythe n'est pas un mensonge, c'est un symbole, une parabole. 

Je pense aussi qu'il y a des éléments essentiellement culturels dans les Ecritures. Mais je prends le truc en bloc, parce qu'il me paraît analogue à une cathédrale, où se côtoient anges et démons, saints et créatures fabuleuses. On enlève une pierre qui paraît usée et inutile et tout un pan de mur s'écroule. Cependant, l'essentiel pour moi est la dimension, l'écho que l'édifice donne à nos vies, et aussi l'expérience personnelle que j'ai de la vérité de ces choses, telle qu'elle se manifeste dans mon existence, les réponses qui me sont quelquefois données. En ce moment, toute l'actualité est une réponse.




Zelenski est prêt à fourguer la moitié de la sacro sainte Ukraine indépendante intangible aux Polonais pour emmerder les Russes, la partie banderiste pro occidentale. C'est dire s'il se fout complètement de l'Ukraine et de son peuple, c'est dire toute l'inanité du projet ukrainien lui-même, qui n'a jamais existé, depuis Lénine, que dans cette perspective... N'ayant pu en faire la colonie d'Israël et des USA, il le saborde. Il en envoie les derniers habitants mâles au casse-pipe, quel que soit leur âge, et il fait bombarder les habitants des régions du Donbass, comme son prédécesseur, sans aucune empathie pour eux. Un intellectuel juif russe établi en Suisse, Anatoly Livry, parle de génocide programmé des blancs, en particulier slaves. Je lui suis très reconnaissante de la clarté et de l'honneteté de son exposé. Il faudrait le traduire, mais je n'ai ni le temps, ni les forces, ni les connaissances techniques, et puis je me demande si cela sert encore à grand chose. Dieu veuille qu'il puisse au moins convaincre les Russes.  

lundi 10 avril 2023

Rameaux

 


Pour les Rameaux, je suis arrivée à la liturgie de sept heures du matin, et bien que je me fusse confessée la veille au père Andreï du trouble et des mauvais sentiments inspirés par l'intervention de mon admirateur russe de Macron, partisan de le filiale autocéphale de la CIA à folklore vaguement orthodoxe, je ne cessais d'y penser et cela me gâchait l'office. Pourtant, j'avais pris soin de ne pas retourner sur le fil de commentaires... J'ai crié "du fond de l'abîme" vers le Seigneur, et le moment de la communion venu, tout cela s'est enfui de moi à tire d'ailes.

C'était justement notre prêtre ukrainien, le père Vassili, qui officiait, celui qui me demande toujours avec un air aussi concerné que consterné: "Mais qu'est-ce qui se passe en France?" Evoquant dans son sermon la crucifixion après l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, il a conclu: "Comme on détestait le Christ alors, on déteste les chrétiens aujourd'hui, et ce sont ces mêmes pharisiens qui les persécutent".

Anne-Laure est venue me voir hier, dans l'état de légère euphorie qui était celle de Valérie il y a quelques mois. "Je me sens libre et en sécurité, me dit-elle, je ne sens plus peser sur moi cette pression permanente, là-bas, on ne peut plus rien dire, et si l'on n'est pas dans la bien pensance, on est complètement isolé, rejeté parfois par les propres membres de sa famille. Le tissu social est détruit, les individus sans lien les uns avec les autres." Elle me dit que beaucoup de gens, même quand le délire covidien battait son plein, avec les masques, les amendes, les pass sanitaires etc., considéraient qu'ils vivaient dans une démocratie et qu'elle n'avait qu'à aller voir en Corée du nord ce qu'était une dictature. Il est impossible d'autre part de faire comprendre à ces mêmes gens qu'au pays maudit on peut se sentir libre comme en France dans les années 50. J'ai un jeune ami qui s'est fâché avec son père, ou plutôt son père s'est fâché avec lui, parce qu' excédé par les mesures covid, il avait choisi d'aller vivre à Moscou avec sa femme russe, et a décidé d'y rester. Le père est un brillant universitaire, il est venu plusieurs fois à Moscou où, en principe, il aurait dû constater qu'on n'y vivait vraiment pas dans la terreur. Eh bien il ne constate pas. Il est vrai que j'ai connu des gens qui vivaient ici 30 ans, en cherchant sur place tout ce qui pouvait correspondre à leur grille de lecture Libération le Monde. J'ai observé que, lorsqu'on plaçait journalistes et politiciens occidentaux devant leurs contradictions et leur double langage, ou leurs fake news, ils n'en continuaient pas moins imperturbablement sur leur petit vélo, parfois avec un cynisme impudent, mais parfois aussi, peut-être, avec une sorte de conviction maniaque, contre toute espèce de preuve et d'évidence, pour ne pas faire exploser leurs circuits internes en les exposant à la réalité. Pire, des libéraux russes parlent comme s'ils étaient dans les années 30 et que des voitures noires bourrées de tchékistes faisaient tous les matins des tournées pour remplir le goulag de nouveaux pensionnaires. Mentir et se mentir envers et contre tout crée une atmosphère d'hypnose et d'autohypnose, d'hallucination collective terriblement contagieuse...

En revanche, en Ukraine, c'est bien les années 30 qu'on nous rejoue... façon bolchevique et façon nazi tout ensemble.

Pour moi, anticommuniste, et persuadée dans ma jeunesse que les Américains étaient les chevaliers blancs de la démocratie, je suis encore capable, en mon grand âge, de disposer de facultés mentales souples et d'adapter mon raisonnement. Ne pas être formatable m'a beaucoup isolée dans ma jeunesse, mais je suis heureuse aujourd'hui, quoiqu'il ait pu m'en coûter, de ne pas être du côté de ceux qui dansent la Carmagnole autour des chrétiennes agenouillées, ou qui laminent sous les bombes les prolos du Donbass. 

Les Rameaux à Marioupol: https://vk.com/wall317834478_379

samedi 8 avril 2023

Que la fête commence

 


Quelle chose étrange et merveilleuse que la sortie de l'hiver, ce moment où le printemps s'ouvre comme un oeil, où la neige disparaît, et les crocus émaillent de leurs petites étoiles le jardin jaune et brun, les oiseaux viennent encore mais l'on sent qu'ils auront bientôt autre chose à faire, et de quoi manger. On peut oublier d'enfiler sa doudoune, on peut s'endormir au soleil dans le fil d'un vent encore  froid. C'est ce que j'ai fait, et j'ai oublié le rendez-vous que j'avais avec de tout jeunes gens qui voulaient faire un reportage sur moi pour un concours. Je suis allée, honteuse, les rejoindre avec trois quarts d'heure de retard. Il y avait là-bas une étudiante, une lycéenne, et son condisciple Maxime, qui me posait des questions, d'après ce qu'il avait trouvé sur internet, apparemment, j'ai déjà un sacré dossier! Je leur ai chanté des chansons, à leur demande. Maxime les a trouvées magnifiques, et comment avait-il pu ignorer tout cela? Il m'a demandé à quoi s'associait la France dans mon esprit. J'ai répondu: "A mon enfance. Dans le domaine de la musique à Debussy et Ravel, dans celui de la peinture, à l'impressionnisme, à Monet. Monet, c'est la France, j'ai eu un coup de nostalgie en voyant ses tableaux dans un musée en Amérique. Et puis aussi Notre Dame, et les fermes de pierre, et la paysannerie, qu'on nous a fait presque complètement disparaître".

Il m'a dit qu'au cours de l'entretien, j'avais complètement bouleversé sa perception de la France, et de son propre pays. Je lui ai offert mes livres. J'étais étonnée autant qu'émue, car on prétend souvent que les jeunes sont incultes et ne s'intéressent plus à rien. Apparemment, les enfants intelligents et sensibles restent des enfants intelligents et sensibles, et l'on trouve un langage commun, en dépit de la différence d'âge.

Ses parents ont sept chats et trois chiens, mais cela ne se passe pas comme chez moi. Leurs chats s'entendent bien, ils ne ravagent pas leur maison, et font leurs besoins dehors. Les miens s'ignorent dans le meilleur des cas. Je crois que c'est leur mésentente et leur jalousie qui les font me causer toutes ces nuisances.

Rita a été parfaitement odieuse, grognant après ces gentils ados et ajoutant la honte de son comportement à celle de mon retard.




Mon carême s'achève dans la fatigue et les tentations en rafale, difficile de garder la paix intérieure. Sous une publication concernant les persécutions de l'Eglise ukrainienne, je trouve le commentaire suivant:

La défense de l’Eglise Ukrainienne en lien canonique avec le Patriarcat de Moscou n’est pas une défense de la foi ou de l’orthodoxie. C’est juste une défense de l’unité spirituelle et historique du peuple russe et ukrainien, rien d’autre, et il faut le dire de façon honnête. L’affirmation « défendons l’orthodoxie » entendant l’Eglise Ukrainienne en lien avec Moscou est une manipulation de la propagande. L’Eglise Ukrainienne Autocéphale, reconnue par Constantinople, à LA MÊME FOI ORTHODOXE que l’Eglise Ukrainienne en lien avec Moscou. Et je ne vais pas parler ici de toutes les histoires de corruption et de simonie au sein de l’Eglise Ukrainienne « moscovite » - ils sont en train de récolter ce qu’ils ont semé malheureusement… Que Dieu puisse faire la paix et l’unité de l’Eglise Ukrainienne, prions…

J'étais tellement furieuse et bouleversée que j'en avais des palpitations, et pourtant, avec toutes les stupidités et toutes les ignominies que je vois passer, je devrais être blindée mais manifestement, non... L'auteur du commentaire est un Russe, ou peut-être un Ukrainien, qui vit en France. J'ai pensé aux deux copines que j'ai bloquées, Anastasie et Eudoxie, ou bien Euphrosyne et Prascovie, je ne sais plus, et qui étaient exactement dans la même mouvance, "c'est bien fait pour eux, c'est leur faute". Accuser l'Eglise ukrainienne de simonie quand on sait comment est née la filiale autocéphale du patriarche de Constantinople, c'est succulent, vraiment, et pourquoi ces prélats corrompus s'obstinent-ils à braver un pouvoir qui les persécute au lieu de rallier la structure du bon Bartholomée, si préoccupé de leur sort? Du jour au lendemain, pourtant, on le leur a bien fait comprendre, ils n'auraient plus aucun problème, et pourraient continuer à s'occuper de simonie, comme tout un chacun, sous l'égide des mafias crypto étrangères... 

"C'est juste une défense de l'unité spirituelle et historique des peuples russe et ukrainien", non, non, je dirais non pas "juste" mais "aussi", et plutôt de façon indirecte, car en effet, les orthodoxes de l'Eglise en lien canonique avec Moscou, c'est l'Eglise qui était là depuis la nuit des temps, et il n'y avait pas de différence avec Moscou ou Vladimir ou Novgorod sur ce plan là, le premier métropolite de Moscou venait de Kiev. Sans doute ce Russe propre sur lui, et fréquentable par les gens éclairés des paroisses démocratiques, se sent-il plus proche culturellement et spirituellement des commanditaires de l'opération "Eglise autocéphale", mais apparemment, sur place, des millions d'orthodoxes ne partagent pas son avis, car dans leur coeur simple, ils aiment et reconnaissent les vrais pasteurs, et ne prennent pas les vessies pour des lanternes. La manipulation, ce fut la création de cette Eglise autocéphale, que les gens rejettent, parce qu'elle est fausse, qu'elle n'a ni spiritualité, ni charité, et doit son existence aux calculs politiques de gens qui haïssent et méprisent autant les Ukrainiens que les Russes, et plus généralement les chrétiens, et utilisent la vindicte du patriarche Bartholomée envers le patriarche Cyrille. Justifiée ou non, cette vindicte n'aurait pas dû dicter une décision qui entraînait la persécution, le meurtre et la calomnie de milliers de gens et d'un clergé digne de leur amour et de leur confiance, pour complaire à des malfaiteurs internationaux qui sèment partout la discorde, la haine et la destruction. Personnellement, je n'irai prier ni avec ce benêt, ni avec l'indigne métropolite Epiphane, ordonné par le patriarche autoproclamé et excommunié Philarète, ni avec aucun de ceux qui ont ourdi et permis cela et qui le cautionnent. 

Le comportement des ennemis de l'Eglise ukrainienne et plus généralement du patriarcat de Moscou, quels que puissent être par ailleurs les possibles faiblesses humaines de certains hiérarques, est si infâme que l'on ne me fera jamais avaler que "c'est la même foi". En fait, d'un côté il y a la foi chrétienne, et de l'autre, la fourberie, la contrefaçon grimaçante et cacophonique, la vilenie revendiquée et la méchanceté obtuse, une création politique qui évoque furieusement l'eglise rénovée des bolcheviques, reconnue d'ailleurs par le patriarche de Constantinople de l'époque. Et cela ne date pas de l'intervention russe, c'est un problème très ancien, qui est devenu aiguë en 2018, quand Bartholomée s'en est mêlé. J'avais alors traduit l'appel d'une député ukrainienne qui le suppliait de n'en rien faire. J'ai suivi de trop près tout cela pour avaler qu'il s'agit de "propagande". Comme les exactions des néonazis au Donbass sans doute? Et d'ailleurs, le Donbass ne l'a pas volé, lui non plus? Tous ces prolos qui font tache? Il faut en exterminer et déporter les habitants, comme certains commentateurs occidentaux le proposent?

Ce discours consistant à calomnier l'Eglise installée sur place depuis saint Vladimir est celui qu'on sert dans certaines paroisses françaises, lesquelles ont soigneusement ignoré les persécutions, ne veulent surtout pas voir avec quelle ferveur et quel courage les croyants là-bas défendent massivement leur foi ancestrale et leurs hiérarques. Ils les défendent parce qu'ils LES AIMENT, et ils les aiment parce qu'ils le méritent, c'est ça la différence. Ils les aiment, et ils n'aiment pas le patriarche turc commandité par des Américains et des oligarques à passeports multiples, non plus que sa mesquine créature obèse et mitrée qui n'irradie pas précisément la lumière du Thabor ni l'amour évangélique. Et ils sont en effet beaucoup plus proches des Russes, dans leur foi et leur culture, que des Européens, des Américains, des sionistes ou des straussiens qui ont tramé tout cela; c'est pourquoi on leur veut la peau, comme dit Anatoli Livri, ils incarnent tout ce qu'on a renié. Tous les Russes libéraux dénaturés, toutes les Euphrosyne et les Eudoxie françaises peuvent me raconter ce qu'ils veulent en noyant leur hypocrisie dans le myrrhon, je leur conseillerais d'acheter des lunettes et de comparer un peu les physionomies et les comportements, si de telles lunettes se trouvaient dans le commerce. Avec en plus un cornet acoustique, pour apprécier la teneur des discours.

En réalité, j'ai le chagrin de constater que "l'Occident", aujourd'hui, pourrit tout par l'effet d'une sorte de contamination mystérieuse et rapide, j'ai parfois même l'impression qu'il suffit maintenant de se trouver là-bas pour commencer à voir et penser de travers, comme si l'atmosphère elle-même devenait hallucinogène et malsaine. Un blogueur et correspondant de guerre a été assassiné à Saint-Pétersbourg par une idiote utile, la tête du  traître russe qui l'a téléguidée fait froid dans le dos. Des yeux de poisson mort, où la seule lueur de vie provient d'une haine glaciale, brutale et obtuse. En occident, comme pour les persécutions des orthodoxes ukrainiens, on trouve toutes sortes de bonnes raisons et de justifications morales à ces assassinats de confrères qui ne sont pas du bon camp. Le triste général Iakovlev va jusqu'à calomnier la victime en l'accusant d'avoir encouragé le viol, un peu comme on accuse l'Eglise ukrainienne de ses propres péchés pour discréditer les persécutés. Quelle infamie. Je n'ai même plus de mots. 

Cette journaliste ukrainienne, traduite par Thalie Thalie, les trouve à ma place:

https://www.facebook.com/yelena.delville/videos/528146142860063/?__cft__[0]=AZXz9W_hStynIDLyCG8kDVcqT9bPp-KPKm5oYUQzrctH9bm7nDqmGw2VHkR1unIcTIbtaXirP1JLhLE1iujBmA2XgHZfV5paRSa3WiRKI4_1nJBi8CIl-WnPIfEjBfBjLM6Fk2auO7yf7aVdPGERhWMlbTQyKFXn-gg3-bvKhf80G91tA2VfdYOETfN_lqncL0Y&__tn__=%2CO-R

Ainsi que la fille de Peskov, elle-même calomniée: Laurence Guillon (vk.com)

Que la fête du printemps commence, une corolle après l'autre. Il fait soleil, la nuit, brille la pleine lune, avec quelques étoiles. Les hirondelles françaises accourent à tire d'ailes. J'attends la venue de Valérie et Larissa et j'ai fait connaissance aujourd'hui d'Anne-Laure, une jolie dame âgée française, mince, distinguée, simple et discrète, venue explorer Pereslavl et ses environs. 

 Dieu sauve ton peuple, et bénis ton héritage...