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jeudi 15 février 2024

Rencontre

 


La Sainte Rencontre. Une pensée pour la mère Hypandia, bien qu’elle l’ai fêtée selon le calendrier grégorien le 2 février, jour de mon anniversaire. J’aime bien cette fête, et le vieillard Syméon, ainsi que les icônes qui lui sont consacrées, toujours joyeuses et tendres, sauf quand elles sont sentimentales et gnangnan. Le sentimental et le gnangnan sont le signe que les gens ont déjà l'âme trop épaisse pour percevoir encore le joyeux et le tendre.

A l’église,  j’ai salué la vieille directrice d’école, qui m’a souhaité un bon anniversaire avec un certain retard. Elle a 75 ans, et considère que je suis une jeune fille. De fait, je ne marche pas encore avec une canne, bien que j’en ai acquise une sculptée main, très jolie, à tout hasard. Elle m’a dit de ne pas me faire de souci, qu’à la Russie, il n’arriverait rien, car elle est sous la protection de Dieu. Je lui ai répondu que je m’en faisais pour la France. « Ah la France... » a-t-elle soupiré.

Je me sentais pleine d’amour pour toute la paroisse, ses prêtres, ses diacres, ses servants d’autel, son sacristain, ses vendeuses de cierges, ses mères de familles nombreuses et leur marmaille. Ils sont tous si gentils, si attentifs, et je ne les vois jamais cancanner les uns sur les autres, critiquer, ils sont parfois renfermés et sévères, mais c’est juste que les Russes ne prennent jamais un air aimable systématique, ils ont le sourire sincère. 

Il a neigé pratiquement toute la journée, je n'arrive même plus à enlever tout cela. Mais c'est un bel hiver, propre, lumineux, féérique. Je relis toujours Ioulia Voznessenskaïa; je cherche des sponsors pour la traduire. Ses livres sont étonnement prophétiques, mais ils ne sont, en fin de compte, pas du tout déprimants. Le monde "merveilleux" qu'elle décrit avec une candeur et un humour rafraîchissants, est bien proche du nôtre, mais il n'est pas sans lueurs ni sans issues. Je m'interroge sur le caractère prophétique de certaines oeuvres, qui correspond peut-être à la perception de l'enchaînement logique des causes que l'on connaît et de leurs conséquences inéluctables, ou bien à la relativité et à la nature du temps, à ses prolongements éternels. 

Je m'aperçois que si je lis moins, c'est que je n'y vois rien. J'aimerais trouver une liseuse qui me permette de charger dessus n'importe quels livres, et pas ceux d'une liste accréditée. Sur le canapé de mon bureau, de jour, je lis sans problèmes, c'est vraiment une trouvaille de l'avoir installé là.


Sainte Rencontre

 

Le vieillard Siméon prit le petit enfant,

Qui portait les étoiles dedans son corps langé,

Et vit dans ce moment jusqu’au fond le passé

Qui monte vers demain sous le flot des instants.

 

La grande croix du temps qui perce nos destins,

Irradiant nos larmes d’une lumière sans fin,

Instrument de supplice qui jette sur nos vies

L’éclat écartelé qui les réconcilie.

 

Verticale des siècles dans la mer éternelle,

Astre des jours plongé sous l’écume actuelle,

Qui tremble à la surface de l’océan profond

De l’antique existence au centre des éons.

 


 

mardi 13 février 2024

No chemtrails

 


Comme d’habitude, il m’a fallu me pousser à l’église, hier matin, et je n’ai pas communié: la flemme de lire les prières, de rester sans même un verre d’eau le matin. Cependant, j’ai ressenti une grande consolation. J’ai entendu un sermon sur le pardon, et je pensais aux trois mégères de l'autre jour et à leur traquenard. Je n’éprouve pour elles que du mépris et de l’indifférence, je ne sais pas si on peut appeler cela du pardon; quand je serai capable de plaindre de telles personnes du fond du coeur, je serai une sainte, susceptible de passer de l'autre côté sans examen de rattrapage. Je m'abstiens juste de les détester, mais je ne peux pas dire que je les aime.

Quentin m’a envoyé un article sur Poutine, qui vient de faire un tabac planétaire avec l’interview de Tucker Carlson. https://nouveau-monde.ca/poutine-une-autre-perspective/

Chaque fois que j’entends parler cet homme, mes doutes à son sujet s’évaporent. Et l’article de Quentin le caricature d’une façon à mon avis très réductrice, bien que certaines questions soient effectivement inquiétantes, pourquoi ne quitte-t-il pas l’OMS, par exemple. Mais dire que c’est un personnage médiocre, timide et falot me paraît extrêmement exagéré. L’auteur de l’article, un patriote orthodoxe moldave, lui reproche de ne pas être intervenu au Donbass dès 2014, mais je ne sais pas s’il était en mesure de le faire alors, depuis, il a rétabli les réserves d’or de la Russie et réarmé le pays en douce. Un ami du père Valentin pense qu'on lui avait fait alors du chantage aux avoirs russes qui étaient tous off shore. Je pense souvent à ce que dit Igor Drouz : en Russie, tout n’est pas merveilleux, mais quand on regarde ce qui se passe en Europe, on est content d’être ici. Poutine a peut-être des défauts, mais quand on regarde le personnel politique occidental, on est content de l’avoir.

La jeune femme qui supervise le café français est une poutiniste fervente. Elle me dit que, le comparant à Carlson, elle voit toute la différence de mentalité entre les Russes et les occidentaux, parce que Poutine est naturel, et Carlson pas du tout.

Le topo historique qu’a fait Poutine en début d’interview ne m’a pas appris grand chose, mais il a certainement été utile à beaucoup de gens, il remet bien les pendules à l’heure.

Devant mes photos du ciel bleu de février, tous les Français s’extasient : pas de chemtrails ! Et en effet, pas de chemtrails. Je vois plein de photos et de vidéos troublantes du phénomène. Des quadrillages serrés, des tortillons exubérants, on ne va pas me faire croire que c’est lié au trafic aérien qui, de toute façon; est maintenant réduit. Mais alors qu’est-ce ? Une amie me dit que cela ne peut pas être organisé par la caste qui nous veut tant de bien, à moins qu’elle ait décidé de s’arrêter de respirer, et l’argument est valable. Mais il y a quelque chose de bizarre, quand même... Or le même Carlson, qui a interviewé Poutine, a fait une vidéo là dessus. C’est réel. C’est le milliardaire Bill Gates qui, dans sa tête malade, a décidé de manipuler le climat et de créer un voile artificiel pour arrêter les rayons du soleil et empêcher le « réchauffement climatique »... Il ne s’agit pas d’empoisonner les populations, comme le pensent certains, juste de nous créer artificiellement un hiver nucléaire. Nous sommes arrivés à un moment où n’importe quel hurluberlu richissime peut s’amuser à perturber gravement l’environnement sans que personne ne se décide à le placer dans une cellule capitonnée.

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Eh bien en Russie, nous n’avons pas de chemtrails, notre ciel, quand il est bleu, il est bleu. J’y vois le signe encourageant que la Russie n’est pas complètement asservie au NOM. Les deux livres apocalyptiques de Ioulia Voznessenskaïa, écrits il y a trente ou quarante ans, avaient aussi prévu cela: tout le monde asservi à l’antéchrist, sauf la Russie, dont on ne sait absolument plus rien et qui est constemment accusée de tout.

Dans le même ordre d’idée, Kennedy junior nous explique comment Black Rock, Monsanto and co entretiennent la guerre en Ukraine, et y sacrifient allègrement toute la population. La population, ils s’en foutent, ce n’est pas la leur, d’ailleurs, même la leur, ils s’en foutent, on peut aisément la remplacer, et l’on s’en occupe déjà. Donc sacrifier à leur Moloch 500 000 ou un million de slaves, abrutis ou non par la propagande, quelle importance ? Les slaves, parmi les blancs chrétiens, sont de toute façon ceux qu’on exècre le plus, chez ces gens-là.

https://vk.com/loralira?z=video546895073_456252374%2F49fab5fd2d081f2000%2Fpl_wall_19879744

Je suis certaine que l’extermination des Russes, et même des Ukrainiens, n’entre pas dans les plans du dictateur Poutine, qui encourage la natalité, mobilise avec parcimonie, épargne les civils, on l’accuse même ici d’être un peu trop moulligasse avec l’ennemi.

Et dans le même temps, l’éradication des Palestiniens continue joyeusement, ce ne sont jamais que des Arabes. Des sous-hommes. Quelque chose dans le genre des indiens d’Amérique. Des Irlandais ou des Boers. Des Russes du Donbass. Des Serbes du Kosovo. Des gêneurs. Mais cela commence à faire un peu désordre. Il y a des impostures qui font moins bien recette. La démocratie, les valeurs occidentales, tout ça, tout ça...

L’Ancien Testament sans le Nouveau, ça craint. J’écoutais l’Evangile du jour. La femme païenne qui poursuit Jésus dans la rue pour obtenir la guérison de sa fille. Il fait la sourde oreille et finit par lui dire : «Il ne convient pas de donner aux chiens la nourriture des enfants ». La femme répond : «Mais les petits chiens mangent les restes qui tombent de la table des maîtres ». Et Jésus guérit sa fille, en vertu de sa grande foi. Le prêtre qui commentait expliquait que la phrase du Christ pourrait paraître très dure, mais qu’elle n’était pas dite à l’intention de la femme, dont il aurait de toute façon guéri l’enfant, mais à celle de ses disciples, encore imprégnés du préjugé que seule leur tribu élue était digne de prier Dieu et d’en recevoir des bienfaits. Ce message, qui a 2000 ans, ne passe toujours pas très bien.




jeudi 8 février 2024

Neige

 


En face de moi, un paysage d’hiver idyllique, tout est blanc, tout scintille sous la lumière et un ciel bleu laiteux. Mon jardin n’est plus que congères sculptées par le vent où serpentent les sentiers que je dégage à la pelle. Il fait à nouveau très froid, sans doute pour la dernière fois, cet hiver. C'est un bel hiver russe.
En face, se poursuit le saccage de la maison de l’oncle Kolia. Le gars, qui est dans le bâtiment, fait une verrue sur pilotis au ras de la jolie façade, s’il l’avait reculée de deux mètres, pour laisser un perron couvert, et faire la nouvelle maison sur l’arrière, l’impression serait toute différente, mais pas le moindre goût, évidemment, à quoi pouvais-je m’attendre, quand un « architecte moscovite célèbre » écrase tout le pays avec un OVNI en verre lourdingue qui ne tient aucun compte de son environnement ? Heureusement, je me rends compte  que ce désastre ne sera pas trop visible. De la terrasse et de ma fenêtre on ne voit déjà presque rien, même en hiver, quand le thuya et le genévrier auront pris encore un peu de hauteur et de volume, je pense que la pauvre isba disparaîtra presque complètement. Elle ne me réjouira plus la vue, mais ne la gâchera pas non plus. En revanche, j’entendrai sûrement la radio... 

Les bénévoles de «Tom Sawyer Feast », qui chaque année repeignent une maison traditionnelle pour sauver de Pereslavl ce qui peut l’être encore discutent de leur prochaine saison. «Quel intérêt de repeindre des ruines ? » demande un jeune type, dont la page ne montre que des motos, des bagnoles, et un intérieur dont la fantasmagorique laideur me conduirait en deux jours à la folie furieuse. J’ai répondu : « L’intérêt, c’est que vos maisons contemporaines étant généralement affreuses, sans style, sans proportions, sans goût, il faut sauver des modèles de maisons normales pour les générations futures, et même pour notre équilibre et notre développement intérieur. Sans compter qu’on n’attire pas les touristes en transformant une vieille ville pittoresque en favella chaotique. »                          

Les paysans semblent durcir le mouvement autour du parlement de Bruxelles, et je crains que l’on en commence à leur tirer dessus. Je ne sais pas s’ils ont complètement intégré qu’ils ont affaire à une mafia sans aucun principe, sans aucune empathie, sans aucun honneur, sans aucune parole, sans foi ni loi, ni patrie? Parce que tant que tout le monde ou presque ne l’aura pas compris, tous ces mouvements n’auront pas de résultat, sinon celui d’aggraver le flicage et la répression.

Parallèlement, dans le trou noir bleu et jaune, des justiciers ont tabassé l’admirable métropolite Longin, homme de foi et d’amour, qui a élevé des centaines d’orphelins avec une affection qu’ils lui rendent bien. En ces temps où Satan est déchaîné, toute la détestation de ses valets se concentre évidemment sur ce genre de personnes. Le métropolite, dont la santé est très ébranlée, a échappé de peu à la mort. Et que disent les suppôts ahuris d’un des principaux responsables de cette persécution, le patriarche de Constantinople ? « Le métropolite s’est poché les deux yeux en tombant de lui-même ».

https://orthodoxologie.blogspot.com/2024/02/la-police-enquete-sur-le-passage-tabac.html

Bon, ils n’ont quand même pas dit « très bien, très bien », comme dans le psaume, mais je ne sais pas si c’est mieux, au fond. C’est juste faux-cul.




Et ils ont coupé le bouleau, pour qu'on voie mieux cette tristesse...

 Sur VK, une jeune ethnographe a posté quelque chose sur le costume russe paysan et les différences entre la représentation qu'on en donnait et en donne encore au cinéma: marronnasse, grisâtre, misérable. tous ceux qui s'intéressent comme elle à la question, savent qu'il n'en était rien, que le costume et l'intérieur des paysans étaient pleins de couleurs et de poésie. Mais en France aussi, si l'on représente le Moyen Age et le monde paysan, on va habiller les gens de guenilles sinistres. C'est la raison pour laquelle, bien dressés, des tas de gens comme le jeune homme dont j'ai parlé plus haut, détestent tout ce qui peut rappeler un passé pourtant beaucoup plus attractif et intéressant que leur présent, authentiquement banal et affreux, lui. C'est un exploit du diable d'avoir pu faire préférer sa camelote hideuse à ce qui était harmonieux et vrai. Et le "merveilleux nouveau monde" est à son image.

https://vk.com/wall-211619279_8977 

 

lundi 5 février 2024

Procès

 


Rita est tout à fait tirée d’affaire, capricieuse, quémandeuse et hargneuse comme auparavant. Sa cicatrice se présente bien. Nous sommes entrés dans la période des tempêtes de neige, mais il ne fait plus très froid, et c'est même beau, tout blanc, avec un ciel qui, la nuit, de clair qu'il est au dessus de la ville, devient ténébreux dans la direction du lac, et des flocons tournoyants..

Il y a des moments où j’ai le vertige devant la direction qu’a pris mon destin. Certes, je ne regrette pas d’être partie, le père Placide a eu du nez. Mais je me demande d’abord comment j’en ai eu la force, et ensuite, comment je ne pète pas les plombs, quand l’iceberg Russie s’éloigne toujours plus de l’iceberg Europe, emportant tous les miens, enfin, ceux qui sont encore en vie, mais je pense aussi aux descendants, que je ne connais pas ou mal, et qui sont de notre sang...  La situation se dégrade, les dirigeants occidentaux perdent complètement la tête et la mesure, en pleine hybris de la tragédie grecque. Tous ces vampires de la caste sont prêts à sacrifier allègrement des millions de gens, comme en Ukraine, et à les remplacer par des esclaves exotiques importés, et je crains que trop peu de Français ne le réalisent encore. Après avoir encouragé la veulerie et la démission pendant des décennies, voilà qu'on nous fait sans vergogne le coup de la mobilisation, mobilisation pour qui, si la France ne doit plus exister, si se dire Français est raciste et ringard? Est-il possible que des gens ne voient encore pas les grosses ficelles? Cette vidéo dit tout, avec talent, avec courage et lucidité.


J’ai vu un extrait d’une émission d’Arte, et je suis étonnée que la chaîne servile du sinistre BHL diffuse une chose pareille. Un moine Bulgare analyse la situation de son pays, inféodé aux maîtres de l’UE, comme il l’était naguère à l’URSS, et qualifie les points communs de terrifiants. Puis il déclare que s’il est devenu moine, c’est en partie par horreur de la société où nous sommes appelés à vivre et que nous prépare le Nouvel Ordre Mondial. Je le comprends, et son choix me paraît judicieux. J’ai rapproché ce témoignage du souvenir que j’ai de Solan, cette enclave de paradis dans une France ravagée par sa mafia, avec ses admirables et intelligentes moniales, la beauté des bâtiments, de la nature environnante qui retrouve sa santé sur leur soixante hectares sauvés des pesticides et de l’exploitation intensive. Et aussi du livre de Ioulia Voznessenskaïa, si prophétique, "le voyage de Cassandre ou aventures avec des macaronis", un roman de science fiction orthodoxe qui décrivait d'avance, dans les années quatre-vingt ou quatre-vingt-dix, l’épouvante où nous sombrons, et que j’aimerais bien traduire. Les seuls lieux préservés y sont des monastères des catacombes, où des moniales enfantines et sublimes  résistent à l’antéchrist. 

Aujourd’hui, la contestation radicale, c’est le monastère, et demain, ce sera encore plus vrai.


https://t.me/LaParoleDesSaints/18763

J’ai fêté mon anniversaire hier, j’avais invité quinze personnes sans savoir comment j’allais les caser, et en préparant des tonnes de bouffe, il n’en est pas venu la moitié pour toutes sortes d’excellentes raisons, comme dans la parabole évangélique. Mais celles qui sont venues ont aussi apporté des tonnes de bouffe dont je ne sais pas que faire. J’en ai congelé, mais il en reste.

Néanmoins, nous avons passé une bonne soirée, il y avait Katia, et son amie Elena, psychologue orthodoxe, Veniamine le Suisse vieux-croyant, Ania Osipova et sa mère, Angelina Pavlovna, Génia Kolesov, qui organise les concerts du bar et ma voisine Macha Serjantova. Les discussions étaient intéressantes et personne ne faisait de conférences en ne laissant pas les autres en placer une.

La veille j’étais tombée dans une embuscade. J’avais été invitée à faire une conférence de dix minutes, à la bibliothèque, sur mes romans, dans le cadre d’une journée Ivan le Terrible qui, en fait, m’est apparue plutôt comme le procès de Laurence Guillon. Je me doutais qu’il y aurait la jeune femme qui m’accuse de salir la mémoire des Basmanov, mais pas que tout tournerait autour de cela. Il y avait la directrice du musée, et des guides, plus des gens divers, et la première à parler  présentait un livre, qui n’était pas de son cru, sur Ivan le Terrible, à l’usage des enfants, et expliquait qu’il rétablissait la mémoire de ce tsar, victime d’une véritable campagne de propagande occidentale, dont j’étais l’un des vecteurs. D’ailleurs, qu’est-ce qui aurait pu me pousser à venir vivre dans un pays que cette patriote  trouve trop peu attractif pour qu’on choisisse de plein gré de venir s'y geler, sans y être poussé par des intentions malfaisantes ? Mes romans étaient un acte de sabotage pour pervertir la jeunesse russe, c’était l’argumentaire de l’adoratrice des Basmanov, qui siégeait, avec un sourire permanent, au premier rang, dans les commentaires venimeux qu’elle m’avait adressés sur VK, il y a quelques temps. J’aurais dû m’étonner de voir, dans cette assemblée, la rédactrice de ma traduction de Yarilo, accompagnée de son fils, elle aussi tout sourire, car Ivan le Terrible n'est pas précisément son sujet. Il est vrai qu'elle avait alors envisagé un débat que j'avais refusé, eh bien comme ça, j'étais contrainte de m'y prêter. 

Après l'accusation de ce procureur, j’ai vu la championne des Basmanov monter à la tribune pour y faire une conférence qui m'a paru très longue sur les héros de son village. En somme, le tsar et toute l’Opritchnina étaient victimes d’un complot occidental depuis la Renaissance: d'abord, outre les traîtres répertoriés Kourbski et Staden, tous les étrangers présents à Moscou à l'époque qui avaient pu écrire sur ce thème lettres ou mémoires; puis tous les historiens russes du XIX° siècle, occidentalistes et pleins de mépris pour la Russie d’avant Pierre le Grand, (ce qui n’est d’ailleurs sûrement pas faux, dans une certaine mesure); et tous les écrivains, peintres et cinéastes qui se sont inspirés de tout cela, y compris Eisenstein. Eisenstein étant homo lui-même a transposé ses fantasmes sur le Fiodor Basmanov de son film, le faisant danser « déguisé en Anastasia, la femme défunte du tsar », ce qui me semble de la pure spéculation, si le jeune homme qui est, dans le film beau, mais viril, danse déguisé en femme, je n’ai jamais fait le rapprochement entre son costume et Anastassia. Cela ressemble plus à une plaisanterie de joyeux guerriers, mais même les danses et la fête lui paraissent relever des clichés sur l'ancienne Russie, pour quelqu'un qui s'intéresse au folklore, c'était un peu dur à entendre... D’après elle, on a démonisé une organisation honorable qui « luttait simplement contre les traîtres », sans exécutions fantasmagoriques, tout se passait très gentiment, très correctement, "rien de personnel". Oui, bien sûr, c’était aussi la fonction officielle de la Tchéka, et aujourd’hui, du reste, tous les nostalgiques de Staline justifient son action, et minimisent les répressions, ou en calomnient les victimes. Pourtant, en effet, les traîtres existent, et il faut les empêcher de nuire, mais quand s’en occupe une organisation de justiciers, il est rare qu’il ne se produise pas bientôt de fâcheux débordements, c’est une des problématiques de mes romans.

Après cette  intervention, une autre personne est venue parler de la mère d’Ivan le Terrible, Elena Glinskaïa, de sa brève régence, c’était visiblement une historienne qui connaissait son sujet, et elle a conclu en disant qu’au regard de la discussion d’aujourd’hui, on pouvait, quel que soit l’opinion qu’on avait du tsar, mettre à son crédit d’avoir débarrassé la Russie des tatars, établi un impôt progressif qui épargnait les pauvres et faisait payer les riches, racheté de sa poche les gens que les tatars enlevaient pour les vendre comme esclaves, et non seulement je souscris mais j’y ai même fait allusion dans mes romans.

A la suite de cela, une guide a déclaré que selon les principes démocratiques, on tenait à donner la parole à l’auteur du livre contreversé. J’y suis allée, la bouche désséchée par l’émotion, car je déteste les conflits et je me demandais bien ce que j’allais répondre à des attaques de ce niveau sans perdre mon calme. Mais tandis que tout cela se déroulait je me disais que c’était la première fois que j’étais confrontée à une telle situation, mais peut-être pas la dernière, et qu’il fallait simplement parler avec sincérité, non pas à l’intention de celles qui avaient ourdi ce qui devait être une exécution publique, mais de ceux qui étaient venus écouter le débat.

J’ai dit qu’apparemment, j’aurais dû me faire accompagner d'un avocat, mais qu’à défaut, j’allais produire la lettre que m’avait écrite Elena Semionova, ma future éditrice, qui aime Ivan le Terrible depuis son enfance, passée près d’Alexandrov, qui est patriote, orthodoxe, monarchiste, et publie sur les derniers tsars ou les héros du Donbass. La lettre a fait grosse impression, et puis, malgré mon émotion, j’ai commencé à être portée par l’inspiration. J’ai dit plus ou moins : «Je ne sais pas trop que répondre, car je ne reconnais pas mes livres dans la caricature qu’on en a faite. J’ai évoqué les relations homosexuelles du tsar et de Fiodor, ce qui était un fait avéré jusqu’à ce qu’on eût décidé d’en faire des saints irréprochables. Alexis Tolstoï a traité cela de façon beaucoup plus caricaturale que moi, il est vrai qu’il n’était pas français, il en avait donc le droit ! Cela dit, je n’ai aucune scène pornographique, et je ne fais pas l’apologie de l’homosexualité. Au contraire, ni Fiodor, ni le tsar ne sont des personnages effeminés, l’un et l’autre sont convaincus qu’il n’est d’amour complet qu’entre un homme et une femme, ce que le tsar a connu, et dont il est nostalgique, et que Fiodor connaît par la suite. Ce qui les lie est plutôt de l’ordre de l’amitié grecque. Que voulez-vous, ce genre de choses existe... et alors il ne faut pas en parler ? Je ne suis pas historienne, je suis écrivain,  j’ai fait un roman, ou plutôt ce roman s’est fait tout seul, je n’ai eu que peu de pouvoir sur le processus, à part sur la stylistique et la grammaire. Il est sorti comme cela. Et j'estime que j'ai fait plutôt une apologie du mariage orthodoxe que la propagande de l'homosexualité. Tout ce que je viens d'entendre dire, sans parler de mes romans, sur le film d’Eisenstein lui-même me paraît très subjectif. Il est bien évident que lorsqu’on épouse une thèse avec fanatisme, on va tout ressentir à travers le prisme de la conformité à sa vision des choses, mais un avis n’est pas forcément malveillant parce qu’il n’est pas le vôtre. Dans le film d’Eisenstein, quand j’étais jeune, j’ai vu un tsar idéal, charismatique, transporté par sa mission, adulé des uns, haï des autres, un époux épris de sa femme qui l’admire éperdument, un univers beau, sacré et envoûtant, avec des sentiments fervents et intenses, bref, tout ce qui manquait à ma vie dans les années soixante-dix, à Paris. Absolument pas une caricature. Je suis bien persuadée moi-même qu’Ivan le Terrible a pu être calomnié, cela dit, je ne parlerais pas de propagande pour une époque où la presse n’existait pas, où l’on mettait trois mois pour venir d’Europe jusqu’à Moscou, les nouvelles n’allaient pas vite et peu de gens y avaient accès. Il est clair que les Polonais étaient peu enclins à lui trouver des qualités. Mais certains étrangers sont élogieux à son égard, et si sir Jerome Horsey est un Anglais de la Renaissance déjà contemporain par la mentalité, qui ne comprend rien à la Russie ni à l’orthodoxie, je ne mets pas en doute ses témoignages très vivants, et pour ce qui est des éxécutions, celle du mage anglais du tsar donne vraiment des cauchemars, j’ai regretté d’avoir lu cela. Et pourtant, je pense qu’Ivan le Terrible était un grand homme d’état. Mais vraiment pas un saint. Ceux qui le servaient non plus. Je ne doute cependant pas que les Basmanov père et fils étaient des héros, qu’ils se battaient avec courage et efficacité, est-ce que cela les empêchait d’être en proie à toutes sortes de passions ? Nous avons en France Gilles de Rais, brave homme de guerre, compagnon de Jeanne d’Arc, un héros véritable, il a pourtant sombré dans de terribles abominations et fini sur le bûcher. Peut-être que j’ai noirci dans mon roman le père Basmanov, mais je suis partie d’une supposition psychologique, celle que Fiodor trouvait dans le tsar une image paternelle qu’il admirait, j’ai lu que le père et le fils se détestaient, il devait y avoir des raisons. J’ai essayé de comprendre comment un garçon peut en venir à couper la tête de son propre père, ou bien est-ce que ce fait relève encore de la calomnie occidentale ? Et au fait, pourquoi ne parle-t-on pas, dans la conférence que j’ai entendue, des témoignages de l’Eglise ? Que fait-on là dedans du métropolite Philippe ? J’ai fait le voyage aux Solovki pour me recueillir sur les lieux qu’avait habités ce saint homme, pour qui j’ai une grande vénération. J’y ai trouvé une biographie de lui, pas une hagiographie, mais une biographie historique. Je me suis aperçue que le métropolite Philippe était un homme très doux qui avait horreur des conflits. Comment et pourquoi, si tout était si parfait, en est-il venu à s’opposer au tsar, à lui refuser sa bénédiction au risque de sa vie ? »

Je sentais que j’étais portée, que quelque chose se passait en moi, et que l’assistance réagissait favorablement. Là dessus, le fils de ma rédactrice me demande d’un ton angélique quelles sont mes sources, comme l’abonné au Monde dans les récits de Christian Combaz. J’avais déjà évoqué, dans mon discours, les livres que j’avais lus sur la question, et pour ne pas me répéter, je lui ai répondu : «Oh je ne m’en souviens pas, je ne les ai pas notées. Comme je l’ai dit, j’ai fait un roman, pas un ouvrage historique, je faisais mon miel de ce que je lisais, un point c’est tout. »

Alors sa mère, sans perdre son sourire amène, m'a demandé, selon la technique de l'inversion accusatoire, de m'excuser auprès de la spécialiste des Basmanov, qui m'avait attaquée avec beaucoup d'agressivité sur internet, pour la réponse que je lui avais faite. J’ai déclaré que j’avais dit ce que j’avais à dire, et que je rentrais chez moi, car tout cela commençait à me fatiguer, et je suis sortie de la salle. Une femme m’a rattrapée pour me demander où trouver mon livre. «Prenez-le, je vous le donne », ai-je répondu en lui tendant l’exemplaire prévu pour la bibliothèque. Mais elle a tenu à le payer, et si j’en avais apporté d'autres, j’en aurais même pas mal vendu! Je suis allée en chercher qui restaient dans la voiture, pour la directrice, venue me dire qu’elle ne savait pas que cela allait se passer de cette manière, qu’elle était désolée. «Vous savez, ai-je répondu, ce n’est pas plus mal, car je viens de comprendre que depuis des mois, des tas de choses se disaient dans mon dos, maintenant, on me les a dites en face, et j’ai répondu de même. »

Les vendeuses de cierges de la cathédrale s'étaient cotisées pour m'offrir une nappe et des maniques, j'ai trouvé cela adorable. Et la femme du père Vassili est venue me prendre la main et, la serrant très fort, en me regardant avec intensité, m'a souhaité encore de longues années pleines de joie, utiles, productives, ce qui m'a beaucoup touchée. 

                                     

 

dimanche 28 janvier 2024

Enfer

 


Une proche me dit au téléphone: "Question gouvernement, nous sommes dans la saloperie grandiose, la révolution française, les bolcheviques, tout ça, c'était juste le brouillon. Si j'étais croyante, je dirais que nous sommes en plein satanisme, que c'est l'apocalypse... Tu comprends, avant, on avait encore affaire à des hommes, si pourris fussent-ils, et maintenant, on ne sait même plus ce que c'est ni comment les appeler."

Le même jour, je reçois un message d'une jeune femme d'origine russe qui veut faire sa répatriation, comme on dit ici. Il se termine de cette manière: "La situation est vraiment catastrophique ici dans tous les domaines. Je ne peux presque plus m’exprimer sur la réalité, même dans mon entourage pour éviter les problèmes. Les mots ont perdu tout leur sens et il y a une inversion en tout. C’est terrible. C’est l’enfer dans l’indifférence générale."

Et puis je trouve un message en anglais. De vieux américains qui veulent émigrer en Russie. Ma correspondante m'écrit en anglais, mais elle lit le français, et mon blog.

Ma parente me fait un tour d'horizon de notre entourage. Et à l'image d'un pays malade, en proie à des maléfices particulièrement retors, se superpose celle de destins tragiques, de névroses diverses. J’ai une impression de naufrage, naufrage de mon pays, et naufrage de gens qui m'étaient proches, à l’exception des plus simples, des plus traditionnels et des plus anciens d’entre eux. On dirait un roman français contemporain, justement, un roman désespéré, où les gens ne croient en rien, et sombrent, incapables de faire face aux désillusions, à la vieillesse. Où trouveront-ils la force de s'opposer à ce qui se passe? "L'enfer dans l'indifférence générale". Je ne voudrais pas avoir la prétention de me croire sauvée, mais je pense que malgré tout, lorsqu’on marche derrière Dieu et dans l’Eglise, on est protégé de bien des choses, on est à l'abri, on n'est pas tout seul, on est orienté, et l'on reçoit une force, qui n'est pas la nôtre, mais à laquelle nous sommes entraînés à ouvrir le coeur. 

L'aboutissement des destins dont je décris le départ dans mes mémoires jette une toute autre lueur sur cette époque dont on se souvient avec tant de nostalgie, et moi aussi, dans un sens, parce qu’elle était encore relativement normale, les gens étaient gais et optimistes, ils chassaient de leur esprit tout ce qui pouvait remettre en question la toute puissance du Progrès. La Science, la Médecine et la Technique allaient tout résoudre. « On n’était plus au moyen âge ».

Et voici que dans notre crépuscule, cette parente me dessine au téléphone les contours du Moloch vorace vers lequel on nous faisait tous courir. Et je n'ai d'autre solution à proposer, à l'échelle globale ou individuelle, que de commencer à prier.

Curieusement, l'article de Slobodan dans l'Antipresse est tout à fait dans ce thème. Il fait l'éloge d'un roman qui lui est consacré et je ne déflorerai pas le sujet, mais il touche justement à ce qu'évoquait ma parente, la complète inhumanité des clones à l'oeuvre. 

Il y a, on l’a vu plus haut, une différence ontologique entre le Macron® et toute la lignée des dirigeants — rois, empereurs, régents, présidents — qui l’ont précédé. Même le lamentable Hollande, jet de diarrhée dans un collant en latex(1), était encore un résidu de l’ancienne société. Il avait des décennies de militantisme, de grenouillage et de réseautage derrière lui. En un mot: une biographie politique. Macron®, en revanche, est un produit: il a une notice. Le produit en question n’est pourtant pas inerte: il est toxique. Pour le comprendre, il faut d’abord savoir, comme le savait Hannah Arendt, que le Mal commence déjà là où le Bien bégaie. Son œil est «une vitre au travers de laquelle aucune âme ne brille», son regard est d’une hiératique fixité. Il ne voit pas les gens. Ce n’est pas un homme du plaisir commun, note Boucher, et s’il jouit, ce ne peut être «que dans une des formes les plus alambiquées, les plus perverties de la jouissance. Dans une des formes les plus abouties du mal» (p. 68). Il a donné un aperçu de ses plaisirs en se complaisant dans la transgression gratuite de tout ce qu’il y avait à transgresser au royaume de France. Comme le dit l’un de ses cireurs de bottes les plus empressés, «il incarne tout ce dont les Français ont peur». L’envoûtement est tel que ce journaliste de succion ne remarque même pas la perversité de son compliment.

https://antipresse.net/aparchive/426426/Antipresse-426.pdf

Ce même Slobodan avait dit un jour que les dirigeants russes n'étaient pas des anges, mais qu'au moins, par rapport à leurs collègues occidentaux, ils n'étaient pas dingues. Je dirais en complément de la déclaration de ma parente, qu'ils restent dans la catégorie humaine, alors qu'à la tête de "l'Occident collectif", on ne sait plus comment appeler ce qui s'y trouve, y grenouille et médite notre perte et notre spoliation.

Un avion russe transportant de nombreux prisonniers ukrainiens a été abattu par les Ukrainiens eux-mêmes, enfin les forces ukro-atlantistes, et le délégué russe à l'ONU prend soin d'en parler en français devant ses collègues, pour éviter les traductions et les interprétations félonnes. Il sait qu'il n'y a plus aucune règle, aucune conscience en face de lui. Que le mépris est total, chez ces gens, et de la population ukrainienne, de ses soldats, de plus en plus souvent contraints et forcés, et de leur propre population, dont ils ne sont absolument pas solidaires, qu'ils considèrent comme du bétail et qu'ils sacrifieront sans problème pour puiser dans d'inépuisables réserves de serfs exotiques.

https://vk.com/loralira?z=video598629731_456246570%2F15d06778deea9b310e%2Fpl_wall_19879744

vendredi 26 janvier 2024

Opération

 

Igor Strelkov a été condamné à quatre ans de prison pour des propos acerbes et critiques à l’adresse  du gouvernement russe, je trouve cela complètement exorbitant, surtout quand on voit combien de russophobes actifs continuent à agir ici dans l’intérêt et l’esprit de « l’Occident collectif ». Je pense que ce n’est pas seulement injustifiable du point de vue de la justice, c’est une erreur politique qui ulcère les patriotes, et avant les élections, c'est même difficilement explicable

. Avec ce que méditent les mondialistes, l’hypothétique maladie très mortelle et très contagieuse, accompagnée du vaccin juteux et des mesures liberticides correspondantes, j’estime que si la Russie ne quitte pas l’OMS et continue à obéir aux ordres des malfaiteurs et des dingues du mondialisme transhumaniste, les soldats russes seront morts en Ukraine pour pas grand chose, et je ne parle même pas des soldats ukrainiens sacrifiés par centaines de milles sur l'autel de Moloch. Les affreux de la Caste nous annoncent carrément la couleur, une maladie qui n’existe pas, mais qu’ils prédisent, et ils la prédisent parce qu’ils la préparent. Nous avons des gouvernements soumis à des mafieux psychopathes prêts à tous nous rendre malades, ou même à nous tuer, pour assurer leur indigne et malfaisante domination sur la terre entière.

Enfin, j’apporterai le correctif que les enjeux de ce qui se passe sur le front dépassent largement et l’Occident collectif, qui sert Satan avec  zèle, et le gouvernement russe, qui subit peut-être des chantages, économiques ou autres, en plus des trahisons évidentes, qui mériteraient bien autant d’années de prison que celles dont on a gratifié un patriote grande gueule. Les soldats russes connaissent, semble-t-il, des révélations et des transformations profondes, et sont témoins de vrais miracles. Ils se conduisent avec courage et dignité, ils font honneur à leur peuple. Les nouvelles qui viennent de leur côté sont souvent dures, bouleversantes, et pourtant encourageantes, humainement, spirituellement. Je prends en compte le paramètre divin, prenez cela comme vous voudrez.

Ce qui m’inquiète aussi, dans le contexte, c’est l’attitude qu’avaient eue, au moment de l'opération Covid, le patriarche et son éventuel successeur, le métropolite Tikhon de Pskov, qui est maintenant métropolite de la Crimée et de la Novorussie. J’ai encore à l’esprit leurs exhortations à appliquer les mesures covidiques de l’OMS, le masque stupide, grotesque et asservissant, les QR codes et le vaccin meurtrier, dont on découvre de plus en plus la nocivité, les effets secondaires fréquents et considérables, sans savoir même ce qu’il nous réserve à long terme. D’après tout ce que je vois et entends, et je précise, de la part de spécialistes, de gens compétents, nous allons avoir de sacrées surprises, ce qui se passe maintenant, ce ne sont que les signes avant-coureurs, comme on dit ici, ce ne sont que les fleurettes, attendez les fruits. Comment en serait-il autrement quand c’est la mafia qui contrôle les gouvernements ?

Igor Drouz a participé à une émission de la télé nationale sur les partouzes de petites filles organisées par Epstein pour le gratin mondial dans son île aux enfants. Commentaire d’un de ses lecteurs pas content : « Oui, après cela, tout le monde va penser que Poutine est impeccable, parfaitement bien, que nous avons de la chance de l’avoir. » J’ai répondu : « Pas forcément. On ne pensera pas forcément qu’il est si bien, mais on pourrait simplement se dire qu’il n’est pas si mal que cela ».



J’ai fait la corvée annuelle d’aller au service d’immigration recevoir mon tampon sur le permis de séjour. Cela s’est passé beaucoup mieux que je le craignais, je n'ai même pas fait la queue. Et maintenant tout le monde me connaît, la juriste qui m'aide à préparer mon enquête m'a dit qu'elle m'avait vue à la télé! Dans la foulée de cette expédition, j'ai dû faire opérer Rita en urgence. Je trouvais qu’elle toussait un peu et pressentais qu’elle avait un souffle au coeur, elle n’en a pas, mais en revanche, on lui a trouvé une tumeur à l’utérus. La vétérinaire m’a dit que c’était une opération classique, et que je ne devais pas me faire de souci, mais je m’en faisais. A six heures, je suis partie la chercher, et dès le seuil de la clinique, j’ai su, en tous cas, qu’elle était vivante, car j’entendais des cris déchirants et immédiatement identifiables, qui se sont tus aussitôt que j’ai commencé à parler aux médecins. Elles m’ont dit qu’il était vraiment temps de l’opérer, qu’elle avait du pus, des kystes et autres horreurs, et je me sentais la dernière des salopes de ne pas l’avoir amenée plus tôt. Je suis très reconnaissante à mon ange gardien de m’avoir donné l'idée de le faire hier, cela faisait déjà quinze jours que j’y songeais, à vrai dire à cause de sa toux, pour le reste, je ne soupçonnais rien. Elle était vive, gaie, elle avait de l’appétit... C’est comme cela que j’ai négligé mon pauvre Doggie, et il en est mort, ce qui me hante toujours et me hantera jusqu’à mon dernier souffle. Grâce à Dieu, j’ai pu agir à temps avec Ritoucha. Au fond, je suis adorée des animaux, parce que je les traite bien, je les couvre d’affection, et je leur fous la paix, mais je ne sais pas les soigner, et je ferais mieux de ne pas en avoir. Il y a des moments où je me dis que si Dieu m'a privée d'enfants, Il avait de bonnes raisons pour cela.   

Elle était complètement tétanisée, hier soir et ce matin, et me regardait d'un air offensé. Je crois qu'en plus des conséquences de l'opération, elle souffre beaucoup d'être emmaillottée dans une espèce de combinaison. C'est ce qu'on met, ici, à la place de la collerette, et apparemment, cela ne lui plaît vraiment pas, mais la collerette lui plairait encore moins. Heureusement, elle est beaucoup plus docile que mon premier spitz, Joulik, j’arrive très bien à lui donner ses pilules, à nettoyer sa cicatrice. Je pense qu’elle va un peu mieux, car elle a grogné sur Georgette qui venait lui faire concurrence auprès de moi sur le divan. Si elle redevient hargneuse, c'est que la vie reprend le dessus...

La bonne nouvelle, c'est que son coeur n'est pas en mauvais état, elle m'accompagenra encore un bout de temps, mémère...

vendredi 19 janvier 2024

Bénédiction des eaux

 


Hier, veille de la Théophanie, fête pour moi très importante, je me suis laissée inviter à un repas entre copines, c'est-à-dire que moi, je n'étais vraiment copine avec personne, sauf Katia, ce sont toutes des jeunes femmes de Moscou récemment implantées ici. Du coup, j'ai loupé les vigiles. Il y avait une tempête de neige. J'ai dû aller au restau, à l'autre bout de la ville, en taxi. Cela se passait en face du musée, dont on voyait le portail sculpté du XVII¨siècle, blême dans la tourmente, avec une enseigne lumineuse nouvellement installée. Pour arriver au restaurant qui fait partie d'un hôtel, il fallait tituber dans les congères scintillantes, et la pénombre. La salle fait très repaire de moscovites, papier peint anglais à fleurs, lumières tamisées, et sans doute à cause du temps, nous étions les seules clientes. Et c'est cher. Je veux dire que je préfère aller dans des endroits plus modestes où l'on mange aussi bien, et la veille de la Théophanie, j'aurais même préféré rester chez moi. 

Le lendemain, j'ai dû déneiger avant de pouvoir reprendre la voiture, et je suis arrivée à la liturgie en retard, furieuse contre moi-même, mais je sentais malgré tout la douceur de la Théophanie, et je dois dire que souvent, il me tombe dessus à cette occasion, toutes sortes de tentations. C'est l'anniversaire de mon entrée dans l'orthodoxie. Cinquante-cinq ans.

Je suis arrivée à la confession, je raconte tout cela au père Andreï: "Oh mais n'en faites pas toute une histoire, cela nous arrive à tous, allez communier, bien sûr!"

En approchant du calice, je pensais au père Grégoire, au père Serge, au père Barsanuphe, à la mère Marcadé, à la jeune fille que j'étais alors, il y a cinquante-cinq ans. Je demandais l'intercession de ces pieuses et saintes personnes qui m'avaient mise sur la voie qui m'a menée ici aujourd'hui. Qui pouvait penser alors que je finirais en Russie?

Nous sommes tous passés ensuite à l'église voisine pour la bénédiction des eaux, par un temps clair, avec une belle neige propre, et les prêtres se faisaient, comme d'habitude, une joie de nous asperger. Mon âme baignait dans cette douceur, cette lumière, cette bienveillance.

Pour la première fois depuis des mois, j'ai entendu un oiseau chanter, ce matin, et le soleil a déjà un tout autre éclat, il chauffe un peu. Les oiseaux sont peu nombreux, j'ai peur que le gel n'en ait tué pas mal, malgré l'aide que je leur apporte. Je me suis rendu compte que les gens qui ont commencé à massacrer l'isba de l'oncle Kolia ont aussi achevé son magnifique bouleau, que le voisin avait déjà cassé en deux. A mon avis, ils doivent raffoler de la radio à tue-tête.

Quelque chose change, à Pereslavl. Le nouveau maire, appuyé par le gouverneur, a lancé un programme de rénovation de ce qui n'a pas encore été détruit, après avoir pris conseil des bénévoles du mouvement "Tom Sawyer Feast". J'ai moi-même reçu une série de questions à propos de la ville et de ce que j'en pensais. Je crois que cela va devenir plus pimpant et plus confortable, et, après la transformation de cette ville russe en favella de plastique avec châteaux américains et palais arméniens, on en fera      un lieu de villégiature moscovite chic et cher, avec des éléments pittoresques sauvegardés et peut-être un retour à une architecture plus couleur locale.

Le maire a créé une patinoire sur la place, devant la mairie. Il fait réparer certaines rues parmi les plus défoncées. En revanche, je redoute qu'on ne construise à tour de bras les bords du lac...