Avant de partir de France, j'ai voulu retourner à Solan, et, dans la foulée de ma conversation avec mère Hypandia sur les profondeurs de l'âme humaine, j'ai acheté le livre du père Gleb Kaleda "Arrêtez-vous sur vos chemins", aux éditions des Syrtes. La soeur Ambrosia, qui s'occupait de la librairie, avait l'air dubitatif, mais si chère soeur Ambrosia, lisez ce livre! Il vient tout à fait en complément de ce que nous avons échangé, quand vous m'avez dit que celui qui s'élève dans la lumière voit les abîmes ténébreux avec d'autant plus de netteté.
Le père Gleb Kaléda témoigne de ce qu'il a vu dans les prisons des années 90, en Russie, avec tout son amour, et sa profonde compréhension. On ne peut que plaindre les condamnés dont il nous parle, égarés dans leur immense détresse, et saisir qu'en effet, nous sommes tous solidaires dans le péché, dans la chute comme dans la rédemption. La lumière et les ténèbres ne cessent de circuler de l'un à l'autre, et tant que la circulation se fait, les ténèbres ne sont pas irrémédiables, en revanche, si l'individu s'endurcit, s'enkyste au sein de ce courant permanent, ce qu'il enferme en lui-même, ce n'est ni la clarté ni l'air pur. Beaucoup de détenus et de condamnés à mort, car cette peine était encore appliquée dans les années 90 en Russie, ont vu dans le père Gleb Kaleda, un phare qui éclairait leur nuit. Le père Gleb dit qu'on condamne un homme et qu'on en en exécute un autre, que ces condamnés auxquels il a eu affaire n'avaient plus rien de commun avec cette partie d'eux-mêmes qui avait commis le crime.
Le livre à peine refermé, alors que j'étais encore pleine de compassion, j'ai vu sur Facebook les tronches ricanantes et atroces de trois migrants qui s'étaient filmés en train de violer une Suédoise, et si je m'étais trouvée avec une mitraillette en face d'eux, j'en aurais fait de la chair à pâtée...
Le père Gleb lui-même estime que certains détenus sont si endurcis qu'il y a bien peu de chance de les voir se repentir. Curieusement, ce ne sont manifestement pas ceux qui attendent leur exécution dans le couloir de la mort, mais de vieux truands installés dans le monde carcéral où ils règnent paisiblement.
Encore plus curieusement, ce qui m'a procuré le pire sentiment de dégoût, c'est ce passage où le saint homme évoque les journalistes venus flairer le malheur et la honte pour les exploiter à leurs fins:
Dans les prisons, il y a aussi de plus en plus de journalistes et de cinéastes étrangers et russes: ils font la course à qui filmera un événement jamais encore vu en prison, le premier qui montrera au cinéma ou à la télévision un condamné à mort ou une exécution. Les reporters français et allemands s'agitent. A ma question directe à un Français: "Faites-vous des reportages sur les exécutions dans d'autres pays, par exemple en Amérique?" il me fit une réponse qui me frappa et m'indigna: "Non, rien qu'en Russie!", et à son intonation, on pouvait comprendre: "Allons donc, que dites-vous là! Rien qu'en Russie, évidemment."
A ce correspondant du journal français le Monde, j'ai dit: "Je n'ai pas besoin d'honoraires, mais si vous pouviez donner pour l'église en prison..." J'ai reçu deux billets de banque, et quand nous nous sommes séparés, je les ai regardés: c'étaient deux billets de 100 roubles, c'est-à-dire moins d'un demi dollar. Le lendemain, ce combattant pour les droits de l'homme et la liberté dans l'ancienne Union soviétique reprenait l'avion pour Paris, et à Paris, il n'avait pas besoin de roubles.
Le père Gleb Kaléda témoigne de ce qu'il a vu dans les prisons des années 90, en Russie, avec tout son amour, et sa profonde compréhension. On ne peut que plaindre les condamnés dont il nous parle, égarés dans leur immense détresse, et saisir qu'en effet, nous sommes tous solidaires dans le péché, dans la chute comme dans la rédemption. La lumière et les ténèbres ne cessent de circuler de l'un à l'autre, et tant que la circulation se fait, les ténèbres ne sont pas irrémédiables, en revanche, si l'individu s'endurcit, s'enkyste au sein de ce courant permanent, ce qu'il enferme en lui-même, ce n'est ni la clarté ni l'air pur. Beaucoup de détenus et de condamnés à mort, car cette peine était encore appliquée dans les années 90 en Russie, ont vu dans le père Gleb Kaleda, un phare qui éclairait leur nuit. Le père Gleb dit qu'on condamne un homme et qu'on en en exécute un autre, que ces condamnés auxquels il a eu affaire n'avaient plus rien de commun avec cette partie d'eux-mêmes qui avait commis le crime.
Le livre à peine refermé, alors que j'étais encore pleine de compassion, j'ai vu sur Facebook les tronches ricanantes et atroces de trois migrants qui s'étaient filmés en train de violer une Suédoise, et si je m'étais trouvée avec une mitraillette en face d'eux, j'en aurais fait de la chair à pâtée...
Le père Gleb lui-même estime que certains détenus sont si endurcis qu'il y a bien peu de chance de les voir se repentir. Curieusement, ce ne sont manifestement pas ceux qui attendent leur exécution dans le couloir de la mort, mais de vieux truands installés dans le monde carcéral où ils règnent paisiblement.
Encore plus curieusement, ce qui m'a procuré le pire sentiment de dégoût, c'est ce passage où le saint homme évoque les journalistes venus flairer le malheur et la honte pour les exploiter à leurs fins:
Dans les prisons, il y a aussi de plus en plus de journalistes et de cinéastes étrangers et russes: ils font la course à qui filmera un événement jamais encore vu en prison, le premier qui montrera au cinéma ou à la télévision un condamné à mort ou une exécution. Les reporters français et allemands s'agitent. A ma question directe à un Français: "Faites-vous des reportages sur les exécutions dans d'autres pays, par exemple en Amérique?" il me fit une réponse qui me frappa et m'indigna: "Non, rien qu'en Russie!", et à son intonation, on pouvait comprendre: "Allons donc, que dites-vous là! Rien qu'en Russie, évidemment."
A ce correspondant du journal français le Monde, j'ai dit: "Je n'ai pas besoin d'honoraires, mais si vous pouviez donner pour l'église en prison..." J'ai reçu deux billets de banque, et quand nous nous sommes séparés, je les ai regardés: c'étaient deux billets de 100 roubles, c'est-à-dire moins d'un demi dollar. Le lendemain, ce combattant pour les droits de l'homme et la liberté dans l'ancienne Union soviétique reprenait l'avion pour Paris, et à Paris, il n'avait pas besoin de roubles.
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