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samedi 10 mars 2018

La dimension épique.

Vasnetsov, les trois preux.

Dmitri Paramonov, ethnomusicien spécialiste des gousli et du répertoire russe archaïque, a délivré à l’issue d’un concert destiné à ressusciter les chansons de gestes une série de réflexions qui en éveillent également chez moi, car ce qu’il raconte là ne concerne pas seulement les Russes et il me paraît important que les gens, aussi bien à l’ouest qu’à l’est comprennent bien ce qui leur arrive, ce qui leur est arrivé et lecaractère général du phénomène.
Les bylines sont l’équivalent de nos chansons de gestes. Il me semble qu’il y a belle lurette que la chanson de geste a disparu en Europe et ne subsiste plus que sous forme de traces écrites, elle est restée vivante en Russie jusqu’à la révolution, et même au-delà, Dima Paramonov, Skountsev et autres en ont recueilli des exemples, et tentent de lui redonner vie.comme le fait observer Dima, il y a  des formes modernes d’épopées, plus ou moins abâtardies, avec du meilleur et beaucoup de pire, cela va du Seigneur  des anneaux à la Guerre des étoiles en passant par les tortues ninjas et autres mangas.L’épopée locale est négligée, au profit de celle de la culture de masse, ce qui n’est sans doute pas vraiment un hasard, mais que le genre perdure, même sous un aspect dénaturé, démontre à quel point il est profondément nécessaire à la formation de l’être humain, des garçons d’abord (n’en déplaise aux chantres malfaisants de la théorie du genre) mais aussi aux filles. L’épopée est une leçon de vie au même titre que les contes et les ballades.
Je n’ai pas eu la chance de recevoir l’héritage de la culture populaire française directement, à part quelques chansons enfantines, et les contes que me racontait (très bien) ma grand-mère. Mais j’ai eu celle d’avoir accès dans mon enfance à de la bonne chanson française imprégnée de cette culture et à la musique classique qui en était souvent partiellement issue également. J’ai eu la chance d’avoir une mère qui m’a offert l’Iliade et l’Odyssée en version intégrale dans la Pléïade, pour mes neuf ans, et je me suis plongée dans cet univers épique, malheureusement sans la mélodie depuis longtemps perdue et sans même le rythme des vers, puisque c’était traduit en prose, mais j’ai eu accès à cet univers tragique, héroïque et violent qui montre la vie telle qu’elle est tout en nous apprenant à la sublimer. Quand Dima parle de la violence des épopées slaves et de l’effet sur les petits enfants, l’épopée grecque n’était pas moins violente, j’étais une petite fille hypersensible et compatissante, mais ce passage par l’épopée a été pour moi profondément formateur.
Dima remarque que les Russes connaissent mieux Hercule que leurs propres figures mythiques, en effet, et c’est le résultat d’un ostracisme de la culture russe de la part de ses élites et cela depuis Pierre le Grand jusqu’à nos jours en passant par les communistes. Mais la même chose a eu lieu chez nous, avec le retour au paganisme antique des élites européennes, puis la destruction progressive de la culture populaire par la république. Le fait qu’ils ne connaissent plus tout cela que par un tableau de la galerie Tretiakov et par des films ou des dessins animés témoigne de la dévitalisation d’une culture muséifiée, la seule qui touche les profs et les fonctionnaires et qui amène au résultat que le peuple sait lire, mais il n’a plus aucune culture qui lui soit personnelle, et cette culture personnelle du peuple, c’est la culture de tous, qui vient du fond des âges et irriguait également la culture classique reconnue par les instituteurs et les conservateurs de musée.
Dima observe l’appauvrissement de la langue, beaucoup moins expressive et beaucoup moins musicale. C’est aussi un résultat de la disparition de la culture populaire et de l’américanisation imposée, aussi bien chez eux que chez nous, avec des rythmes et des musiques qui ne sont pas les nôtres et qui déforment et aplatissent nos langues respectives. Quand j’ai lu des textes médiévaux, comme par exemple les romans de la Table ronde, j’ai été ravie par la poésie, la fraîcheur, l’expression et la musique de notre langue d’alors, qui était sans cesse irriguée par les chansons, et les sons naturels de la vie.
J’ai découvert le russe avec le film Ivan le Terrible d’Eisenstein, et ce fut un enchantement pour moi d’entendre sa musicalité envoûtante, cette sorte d’incantation alors incompréhensible sans sous-titres. Quand j’entends le russe des pubs ou des chansons de variété stupides et uniformes, j’ai parfois du mal à le reconnaître. C’est-à-dire que non seulement nous avons perdu un fond culturel immémorial et irremplaçable, mais notre langue même est mutilée, appauvrie. Et non seulement elle est appauvrie, mais en France, par exemple, on trouve le moyen d’appauvrir encore des textes pour enfants qui n’étaient déjà pas si riches, sous prétexte de les rendre « compréhensibles » au lieu de rendre les enfants aptes à comprendre en nourrissant leur esprit, leur âme et leur cœur. Le tragique, l’héroïsme, le lyrisme sont des choses dont ils ont besoin pour se construire.Mais au delà du contenu, quand le vecteur de la langue est appauvri, c’est la structure de l’esprit qui est atteinte.C’est pourquoi je trouvais essentiel, en maternelle, de leur donner des chansons du répertoire traditionnel, qui leur apportaient avec un récit touchant, drôle, effrayant ou exaltant, des mots savoureux, expressifs, imagés, un rythme et une architecture poétique, plutôt que des chansonnettes modernes plus ou moins neuneus.
Tout cela concerne également les Français et les Russes, mais il y a dans le texte de Dima des réflexions qui m’amènent à m’interroger sur nos différences de degrés de dégradation.
Quand avons-nous perdu la chanson de geste, en France ? A mon avis, ça fait un bon bout de temps. Les Russes l’ont gardée presque jusqu’à nos jours, et lorsqu’ils l’entendent, au lieu de ricaner, ils s’y intéressent, quelque chose vibre au fond d’eux. J’avais vu un adolescent, quand Skountsev chantait à Kolomenskoïe avec son équipe, dans le parc, s’émerveiller de découvrir cela qui était « nôtre », comme il disait et qu’il ne connaissait pas, car il n’avait eu accès qu’aux lamentables contrefaçons de l’école, et à la musique « moderne » qui n’est certainement pas « nôtre », ni pour les Russes, ni pour les Français, elle n’a jamais coulé dans le sang de nos ancêtres, elle n’est pas issue de notre nature, elle n’est pas (qui sait ?) inscrite dans nos gènes.
Quand avons-nous perdu nos chansons populaires ? Sans doute au cours du XIX° siècle, au début du XX°… Cela dépend des régions, certaines les conservent encore, pour combien de temps ? Et puis surtout, chez les gens qui reprennent la musique populaire en France, y a-t-il le souci avoué de renouer avec la source initiale de tout ceci ? Avec la France qui nous a légué ces chansons ?Pour un folkloriste comme Dima, ou pour l’évêque de Pereslavl, retrouver ses chants et ses épopées perdus, c’est retrouver son âme, c’est retrouver sa mémoire, c’est redevenir pleinement russe en s’appropriant, tout ce que le fugace instant présent comporte de passé insondable, car au bout de ce passé éternellement renouvelé dans le présent se trouve la porte de notre éternité.


 Dmitry Paramonov, les trois voyages d'Ilya de Mourom. Byline

Qu’est-ce que le Russe contemporain connaît le mieux sur son passé ? Les bouffoneries sont un genre trop indéterminé, qui a cessé son existence bien avant les bylines. Les déplorations pour les noces ou les funérailles sont un genre très spécifique d’épopée qui les derniers temps n’existe que dans les villages. Les contes, voilà sans doute le seul genre connu du passé.Mais je ne veux pas parler des contes, je veux parler des bylines.
Ma première expérience de récitation des bylines, ou comme il est admis de les appeler dans le peuple, starini, chants à propos des preux, se mit en place il y a 15 ans à Omsk, dans différents concerts du temps de carême, car un moment très pratique et traditionnel pour raconter. Depuis j’ai parcouru beaucoup de villes dans le but de populariser l’épopée russe, ou plus exactement les bylines, et le plus important est leur récitation intégrale, sans réductions, dans la mesure du possible. Exactement comme le faisaient les conteurs de tous les temps. Cette année, pour la maslenitsa, nous avons eu l’honneur, avec Sacha Matotchkine, de dire des bylines au parc de Kolomenskoïe. Premièrement, c’est une expérience inhabituelle et précieuse pour nous-mêmes, conteurs. Nous avons conté chacun à notre tour pendant dix jours, à raison de 4 heures par jours, 7 les jours fériés.
Le plus intéressant, bien sûr, n’était pas seulement l’expérience de conteur, mais ce que nous voyions et entendions de l’intérieur, du fond du peuple. L’auditoire qui nous arrivait était très divers, de différents degrés de préparation et de culture. Autrefois, je pensais qu’au sujet des preux, presque tout le monde savait tout, du petit au grand, car on les étudie à l’école en littérature, on en montre beaucoup au cinéma, et puis leur image est souvent transposée dans l’art contemporain, depuis les papiers de bonbons jusqu’à la galerie Tretiakov en passant par le cinéma et les dessins animés.
La première chose qui a attiré mon attention, c’est que le citadin n’a qu’une représentation très floue de ce que sont les bylines. Il semble à beaucoup, spécialement aux jeunes parents venus avec de petits enfants, que les bylines sont de petits contes sur des preux qui sauvent des jeunes filles et jouent des gousli pendant leur temps libre entre deux combats. C’est en partie vrai. Mais, il y a un « mais », ce ne sont pas des contes, ce sont surtout des mythes, venus jusqu’à nous depuis la plus haute antiquité, quand peut-être les slaves ne s’étaient pas encore divisés en slaves orientaux, méridionaux et occidentaux, et au fait, où sont passés ceux du nord ? Alors voilà, ce ne sont pas des contes, ce sont des mythes.
Deuxièmement, ils se représentent que les preux sont tous de gentils nounours et des modèles de comportement. Encore une fois, c’est ça et ce n’est pas ça. Les preux sont occupés principalement à se chercher un adversaire à provoquer en duel, ils chevauchent dans le champ sauvage et trouvent un autre preux, et ensuite, après le combat, emportent sa tête coupée pour la suspendre à l’entrée du camp ou devant leur tente et la suspendent à un pieu ou à la palissade, ou bien encore, au pire, ils la plantent sur une lance fichée en terre. A l’entrée du camp, une grande multitude de ces têtes brûlées n’était probablement pas un spectacle très agréable.
Certains preux coupent mains et pieds et mutilent l’ennemi autant qu’ils le peuvent. On trouve également dans les bylines des meurtres de parents, ou le meurtre par un preux en état d’ivresse de sa femme, suivi de son suicide.
Croyez-moi, ce n’est pas du tout un genre enfantin. Ces chansons étaient chantées par des guerriers, dans un cercle de guerriers, pour des guerriers, et aussi dans différentes corporations d’hommes, au travail, ou dans les conversations, à des fêtes spéciales. Et bien sûr, le moment où, sur les parents et les petits enfants, se déversent toutes sortes de détails de la vie sévère du guerrier médiéval n’est pas un spectacle pour les personnes sensibles. Certains auditeurs se lèvent et sortent en larmes. Beaucoup sont perplexes, comment les preux pouvaient-ils faire de telles choses, et ils demandent s’ils ont bien compris la ligne du sujet.
Une autre particularité, c’est la perception par l’homme contemporain du discours russe avec ses spécificités dialectales et terminologiques, et aussi le caractère inhabituellement mélodieux de la langue russe. Oui, au jourd’hui, la langue n’est plus aussi mélodieuse et chantante qu’alors, son intonation originale s’est déjà perdue, ses élans et ses chutes, son expressivité. On ne parle ni ne chante déjà plus comme cela, remarquez-le, même dans les chansons contemporaines, le son s’est égalisé, sa variété et sa mélodie ont presque été réduites à néant. On entend plus souvent un discours égal, presque machinal sur deux ou trois tons, pas plus. Pour cette raison, beaucoup doivent faire des efforts incroyables pour comprendre les mots russes dans leur format chanté, et non dans le narratif du récit rapporté, qui est plus habituel, grâce aux contes arrivés jusqu’à nous et à ce genre en tant qu’anecdote. C’est-à-dire que le récit chanté est difficilement perçu presque pour tout le monde. Bien sûr, au bout de 10 strophes de récit chanté, le citadin cesse de prêter l’oreille à la mélodie et se concentre sur le contenu.
Une autre particularité de notre citadin c’est que presque tous peuvent nommer un ou deux travaux d’Hercule mais personne ne sait nommer même un seul exploit d’Ilya Mouromets, héros russe. Cependant, tous ces gens étaient à l’origine de notre formation, en tant que nation et état. Cela me rappellel ce que récemment, notre patriarche Cyrille a rappelé aux Bulgares, ce qu’ils avaient complètement oublié, à savoir que les Russes, contre tous les pays d’Europe, les avaient libérés du joug turc. On l’a rappelé aux Bulgares, pourquoi ne pas le rappeler aux Russes ?
J’ai remarqué encore ceci, beaucoup ne peuvent citer les noms des preux russes, et dans leur majorité, ne les connaissent presque pas, à part les trois preux du tableau de Vaznetsov. Par exemple les bylines de Diouka Stépanitch, Dounaï Ivanovitch, Solovieï Boudnimirovitch et autres, les gens les entendaient pour la première fois de leur vie. Et aux avant-postes vivaient beaucoup de preux, et il s’agit là seulement de l’avant-poste de Kiev. Aussi comment se fait-il que nous connaissions mieux la nouvelle épopée américaine de la « Guerre des Etoiles » qui vient de se former sous nos yeux que notre épopée qui est plus ancienne que ces créateurs ? La citadin sait mieux le nom des tortues Ninja qui n’ont jamais existé dans la nature, que ceux des preux russes qui ont versé leur sang pour leurs descendants, ni où ils vivaient, ni « ce qu’ils respiraient ».
Ce fut une découverte pour presque tout le monde qu’il y eut encore des saints preux , comme saint Georges le Victorieux, Dimitri de Salonique, Dimitri Donskoï, Théodore Stratilate et beaucoup d’autres qui ne cessent de mener le combat spirituel.
Dans l’ensemble, il se compose un tableau assez étonnant, dans un sens, on tourne beaucoup de films et de dessins animés sur les preux, on les étudie à l’école en littérature, mais dans l’ensemble, c’est une tache blanche dans la connaissance de nos ancêtres, dans notre histoire,  notre culture et notre existence. Il est possible que ce ne soit pas nécessaire aujourd’hui, pour âtre efficace dans la vente ou le business, mais si l’on y pense, ce serait quand même étrange si soudaint tout le monde oubliait ses pères et mères et ne se rappelaient rien d’eux. Sans doute ne serions-nous plus entourés par des gens, mais par des clones ou des zombies, sans souvenir de leur famille, de leur maison, de leur Patrie. Ce serait alors étrange.
Je terminerai mes réflexions par cette observation. Cela m’a beaucoup réjoui que les gens aient essayé avec plaisir et intérêt d’écouter ces anciens refrains et sujets des bylines. Certains sont venus deux jours d’affilée et ont parfois revécus deux ou trois fois les exploits de nos héros de l’ancienne Russie, redécouvrant par là même la personnalité du héros et les détails de sa vie et de son entourage. Notre citadin russe s’imbibe avidement de cet héritage qui nous vient de nos ancêtres, sans se rendre en partie compte de la raison pour laquelle cela lui est nécessaire, ressentant avec le cœur sa participation à cet héritage. C’est une grande joie pour mon âme. Pour nous-mêmes, conteurs, le dit et la transmission de ce savoir et de ces informations et aussi de cet esprit sont très importants. C’est-à-dire que c’est un processus mutuellement bénéfique. De plus, plus souvent nous disons la geste des preux, mieux et plus solidement nous ancrons dans notre mémoire leurs images et leurs actions.  

Dmitri Paramonov


Былины.
Что может быть более известным из старины глубокой для современного русского человека? Скоморошины — слишком неопределённый жанр, который прекратил своё существование намного раньше чем былины. Свадебная или похоронная причеть — очень специфический жанр эпики бытовавший в последнее время только в деревнях. Сказки - вот пожалуй единственный знакомый жанр старины. Но я не о сказках, а о были
нах речь хочу вести.

Первый мой опыт сказывания былин, или как их в народе принято называть — старины, песни о богатырях, стал складываться лет 15 тому назад в Омске, на различных постовых концертах, т.к. это время очень удобно и традиционно для сказывания. С тех пор много городов было изъезжено мной с целью популяризации русского эпоса, а точнее былин, и самое главное сказывание их целиком, без сокращений по возможности. Именно так, как это делали сказители во все времена. В этом году на масленицу, нам с Сашей Маточкиным выпала честь сказывать былины в парке Коломенское. Во-первых, опыт необыкновенный и ценный для нас самих, для сказителей. Мы сказывали по очереди в течении 10 дней, каждый день по 4, а по выходным и по 7 часов.

Самое интересное конечно это не только наш сказительский опыт, а то что мы услышали и увидели изнутри, из глубин народа. Слушатель к нам захаживал очень разный, разной степени подготовленности и просвещённости. Раньше я думал, что о богатырях знают почти всё и все, от мала до велика, т.к. в школе изучают на литературе, в кино показывают много, да и образы транслируются довольно часто в современном искусстве, начиная от конфет, заканчивая Третьяковской галереей и кинематографом и мультипликацией.

Первое, на что я обратил своё внимание, это то, что обыватель в своём представлении очень смутно понимает что такое былины. Многим кажется, особенно молодым родителям пришедшим с малыми детками, что былины, это некие сказочки о богатырях, которые спасают девушек и играют на гуслях в свободное от боя время. Отчасти это так. Но, есть одно "но», это не сказки, это по большему счёту мифы, дошедшие до нас из глубокой древности, когда ещё возможно славяне не делились ни на восточных, ни на южных и западных, кстати, а куда девались северные? Так вот, это не сказки, это мифы.
Второе, это представление, что богатыри все лапушки и образцы для поведения. Опять же так, да не так. Богатыри занимаются в первую очередь тем, что ищут себе поединщика, ездят по чисту полю и находят богатыря, а затем после сражения везут его отрубленную голову на заставу или к шатру своему и вешают на кол или на забор (частокол), ну в худом случае на копьё воткнутое в землю. На заставе таких буйных голов великое множество, не очень-то приятное зрелище наверное.

Некоторые богатыри отрывают руки-ноги и калечат неприятеля как только могут. Так же в былинах встречаются убийства родителей, либо убийство богатырём своей жены, в хмельном разуме, а затем и самоубийство.
Поверьте, это совсем не детский жанр. Эти песни пелись воинами, в кругу воинов, и для воинов, а также в различных мужских артелях, на промыслах или на беседах, специальных праздниках. И конечно тот момент, когда на родителей и их малых деточек изливаются всяческие подробности сурового быта средневекового воина, это конечно зрелище не для слабонервных. Некоторые из слушателей вставали и в слезах выходили. Многие просто недоумевали, как такое вообще могут делать богатыри и переспрашивали, правильно ли они поняли сюжетную линию.

Ещё одна особенность в восприятии современным человеком старинной русской речи с её диалектными и терминологическими особенностями, а также непривычным мелодизмом русского языка. Да, сегодня язык уже не такой мелодичный и певучий как тогда, уже утерялось его своеобразное интонирование, его подъёмы и спуски, выразительность. Уже так не говорят и не поют, заметьте, даже в современных песнях уже выровнялся звук, почти сведено к минимуму его разнообразие в мелодизме. Чаще можно слышать ровную, почти машинную речь на двух или трёх тонах, не более. По этой причине многим приходилось делать неимоверные усилия на том, чтобы разобрать русские слова в их напевном формате, а не в повествовательном нарративе, который более привычен благодаря дошедшим до нас сказкам и такому жанру как анекдот. То есть напевное повествование воспринимается с трудом почти всеми. Конечно, после 10 строф такого напевного повествования обыватель перестаёт заострять внимание на напеве и переключается на содержание.

Ещё одна особенность нашего обывателя, почти все могут назвать парочку подвигов Геракла, греческого героя, но почти никто не назвал хотя бы одного подвига Ильи Муромца, русского героя. Тем не менее все эти люди стояли в начале формирования нас как нации и государства. Мне это напомнило то, что недавно наш патриарх Кирилл напоминал болгарам о том, что они уже совсем забыли, что русские вопреки всем странам Европы освобождали их от турецкого ига и освободили. Запамятовали болгары, почему бы и не запамятовать русским?

Заметил вот ещё что, не многие-то могут назвать или перечислить русских богатырей поимённо, а в большинстве своём почти уже и не знают их имена, кроме трёх богатырей с картины Васнецова. Например былины о Дюке Степановиче, Дунае Ивановиче, Соловье Будимировиче и других, люди слышали впервые в жизни. А на заставе жило довольно много богатырей, это только та застава, что у Киева. Как так случилось, что мы лучше знаем новый американский только что созданный на наших глазах эпос о "Звёздных войнах" и ничего не знаем о нашем эпосе, который древнее этих создателей? Обыватель лучше знает имена ниндзей-черепашек, которых никогда и не было-то в природе, но при этом не знает ни имён русских богатырей проливавших кровь за потомков, ни где они жили и "чем дышали".

Почти для всех было открытие, что есть ещё и святые-богатыри, такие как Георгий Победоносец, Дмитрий Солунский, Дмитрий Донской, Фёдор Стратилат и многие другие, которые не перестают вести борьбу духовную.

В целом, создаётся довольно странная картина, вроде бы о богатырях много снимают фильмов и мультфильмов, изучают в школе на литературе, но в целом это белое пятно в знаниях о наших предках, о нашей истории, культуре и быте. Возможно сегодня это и не нужно, чтобы быть успешным в продажах или бизнесе, но если задуматься, то как-то странно было бы, если бы вдруг все забыли о своих отцах и матерях и ничего о них не помнили. Наверное тогда не люди бы нас окружали, а какие-то клоны или зомби, без памяти о своей семье, о своём доме и Родине. Странно было бы тогда.

Закончу свои мысли вот таким наблюдением. Меня очень порадовало, что люди с охотой и интересом пытаются вслушиваться в те давние напевы и сюжеты былин. Кто-то приходил изо дня в день и иногда второй и третий раз переживал подвиги наших древнерусских героев, тем самым по новому открывая для себя личность героя и подробности его быта и окружения. Наш русский обыватель с жадностью впитывает в себя всё то наследие, которое нам досталось от предков, зачастую даже не отдавая себе отчёт для чего и зачем ему это нужно, но сердцем чувствуя своё сопричастие к этому наследию. От этого делается очень радостно на душе. Для нас самих, сказителей, сказывание и передача этого знания и информации, а так же того духа очень важна. То есть это обоюдовыгодный процесс. Плюс, чем чаще мы сказываем о богатырях, тем лучше и твёрже закрепляем в своей памяти их образы и деяния.

Спасибо всем, кто заглянул в нашу избушку сказителей!

Спасибо организаторам за возможность сказывать большому количеству людей
!

5 commentaires:

  1. Il ne faut rien exagérer... on a peut-être perdu la chanson de geste, mais on a la musique médiévale, la musique baroque etc... je vous conseille la chaîne youtube "le poème harmonique"... On joue ces musiques populaires dans toutes les fêtes médiévales ou renaissance comme celle du "Roi et l'Oiseau" du Puy en Velay...qui pendant une semaine draine des gens de l'Europe entière..., une fête à laquelle toute la ville participe, d'ailleurs. L'ethno-musique est enseignée ( très mal) dans les facs , en revanche on a des érudits dans nos conservatoires supérieurs, et on y pratique le chant, l'improvisation etc... selon les règles qui sont largement connues grâce à des documents d'époque. Il y a même des étudiants russes qui suivent ce cursus.

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  2. PS les Scandinaves ont tout un répertoire de chansons viking ( Xème iècle) qui font des millions de vues sur youtube..https://www.youtube.com/watch?v=X3otFYTpkXs, le tube de leur Moyen Age à eux était "la chanson de Roland": https://www.youtube.com/watch?v=414mrPgK5Yk...Ma préféreé est quanf même le combat de Sigurd ( Sigfried) contre le dragopn, dans la version danoise (Ile féroé) : https://www.youtube.com/watch?v=3CZpJ2Osrtw&index=3&list=PLCV0yXbs6svygU5k8wJQKLiVTAoNsw_77
    Dommage que les Russes soient aussi discrets sur youtube. Je suis sûre qu'ils pourraient conquérir un public international.

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  3. D'ailleurs il y a un blogueur norvégien qui vit en Russie, et qui a fait cette vidéo à destination de ses followers: https://www.youtube.com/watch?v=qh9Z8Cz4t9k&list=PLCV0yXbs6svwSj7vpSyrdVZ2vxkj7C_z6&index=76&t=0s... Qu'est-ce qui emp^che vos amis d'en faire autant ?

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  4. Les Russes sont tous sur youtube, c'est là que je les trouve. C'est vrai que j'ai entendu de la musique scandinave très belle.La musique médiévale n'a pas été transmise directement, c'est que je précise, c'est une reconstitution.Je ne suis pas une spécialiste de ces choses, mais quand j'étais en correspondance avec des amateurs d'instruments médiévaux, ils considéraient que les liens entre la musique médiévale et le folklore français ultérieur n'étaient pas prouvés et cela les agaçait qu'on jouât du folklore aux fêtes médiévales. J'inclinerais à penser que malgré leur opinion, la musique médiévale trouvait dans le folklore un prolongement. Pour ce qui est des exemples que vous citez, de ce qui se passe dans les conservatoires, le problème est que justement cela se passe dans les conservatoires. Le propos de mes folkloristes est de rendre cette musique à ceux qui l'ont perdue, pas de faire des millions de vues sur youtube, mais d'en rendre la pratique à ceux qui l'ont perdue, pas dans les conservatoires mais dans la vie quotidienne. Qu'il y ait de jolies formations qui chantent, c'est bien, mais la plupart des gens que je connais n'en ont jamais entendu parler, n'ont pas reçu cela dans leur enfance, estiment qu'il faut être un musicien éduqué pour y arriver, alors que c'est un héritage que tous avaient en commun et pratiquaient ensemble. Il était constitutif de notre âme collective. Nous avons davantage besoin en occident de sauter par dessus les siècles pour tenter de retrouver cela. Alors qu'en Russie, cela s'est conservé, en partie d'ailleurs grâce au communisme, qui a combattu le véritable folklore au nom de la "culture de kolkhose" mais qui a gelé le pays derrière le rideau de fer, le protégeant beaucoup plus longtemps de la culture de masse occidentale. Mon propos n'est pas de débiner ce que font les occidentaux dans le genre, plus ils en feront, mieux ils se sentiront, et j'estime que toute saine réaction à un mal transnational doit être elle-même transnationale, et des liens se nouer par dessus les frontières. Mon propos n'est pas de dire "les Russes sont mieux" ni de comptabiliser les vues sur youtube. Les vues sur youtube, ce sont des gens qui regardent et écoutent, mais ne font pas,de plus, en ce qui concerne la musique traditionnelle russe, elles vont davantage à des formations клюква, c'est-à-dire à des adaptations dans le goût moderne,qui n'ont pas grand chose à voir avec ce que les Russes pratiquaient, ou pratiquent encore vraiment.

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    1. Avec un peu de retard: il faut être optimiste... le public se développe d'année en année... Un peu comme la restauration des trésors du Moyen Age... je viens de trouver sur FB des pages consacrées aux fresques fin XIVème siècle d'une chapelle romane piémontaise: j'ai été particulièrement émue, parce que c'est dans le village de ma grand-mère paternelle, où j'ai séjourné dans mon enfance, dans les années soixante. Et en ce temps-là, personne , absolument personne ne me les avait montrées.
      Pour la musique c'est pareil: la fin de l'industrie du disque, du CD est une véritable opportunité: tout le monde veut entendre de la musique vivante, et de vieux instruments oubliés sont à nouveau fabriqués... Evidemment, nous vivons les prémisses d'une Renaissance, mais je vous assure que les bourgeons sont là.. Courage: je rêve du moment où les musiciens sillonneront à nouveau les routes d'Europe..Je n'ai jamais eu la chance d'entendre les bylines russes, mais je vous assure qu'il y aurait un public pour...
      Une musique aussi étrange que la musique mongole a conquis un public ( dont moi), grâce au groupe Huun Hun Tu, venus de la république de Tuva... si demain des musiciens traditionnels russes veulent se lancer, je suis absolument certaine qu'ils seront bien accueillis en Occident...
      Jamais il n' y a eu autant de jeunes gens , filles et garçons, totalement investis dans la Musique, pas pour la gloire, ou le succès matériel, mais comme une quête et personnelle et collective.. on ne les voit pas, ils ne font (heureusement) pas la une des actualités, en général uniquement focalisées sur ce qui est le plus moche de notre époque.
      Merci, pour vos billets que j'attends avec impatience , tous les jours comme un feuilleton. Je suis certaine qu'un jour votre journal sera un classique... 3Une héroïne de notre temps" .

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