Je voulais trouver un chemin qui me permît de faire du vélo avec Rosie sans trop de risques, et j'ai pris сelui de la source de saint Corneille. Sans Rosie, car pour une fois que je voulais l'emmener, elle n'était pas dans les parages. J'ai vite vu que le nombre de maisons Lego en plastique et métal avait cru de façon dramatique au dessus de l'ancienne berge, dont les vagues désertes portaient autrefois de gros nuages tout proches et quelques chèvres. Il y a encore deux ans, je m'émerveillais de voir surgir tout à coup les coupoles du monastère saint Nicétas au dessus des champs. Désormais, une de ces maisons m'en gâche la vue. De nombreux papillons voletaient autour de moi, comme dans la chanson de Montand "la bicyclette", et ce souvenir me ramenait la France au milieu de la Russie.
A un certain moment, il faut crapahuter en traînant le vélo, par un sentier accidenté. Je voyais des traces de pneus, sans doute les jeunes font-ils du VTT, mais moi, je ne veux pas risquer de fracture! On se croirait presque en montagne, avec de belles perspectives sur le lac. Puis l'on rejoint un chemin praticable et de là, on débouche sur la route qui longe le lac, et l'on peut rejoindre le monastère, puis la route de Yaroslavl; avec Rosie, il me faudrait m'arrêter à l'issue du chemin et revenir en arrière, pour éviter les voitures. Sans Rosie, j'ai poursuivi ma route. Les immondes barrières métalliques des promoteurs continuent à scarifier dans tous les sens ce vaste, féerique et envoûtant paysage du nord qui appartient à l'histoire, à la sainte Russie, au peuple russe depuis Alexandre Nevski jusqu'à nos jours. Des vaches paissent encore dans ces espaces promis aux "cottages", parkings et centres commerciaux prévus par les mutants pour ceux qui n'ont, comme eux, plus d'âme, et plus de mémoire, mais juste un sexe, un estomac et un portefeuille. Quand on a été élevé sous un régime qui trouvait normal de transformer les églises en dancing ou en toilettes publiques, ce n'est pas très étonnant, à moins d'avoir de puissants anticorps familiaux ou un bon héritage génétique...Le monastère est déjà flanqué d'un assez bon nombre de bâtisses hideuses qui ne tiennent compte ni de lui, ni des autres maisons, ni du paysage environnant. Leur laideur arrogante n'a pas de complexes. J'observais avec quel plaisir la lumière jouait sur les coupoles, transfigurant tout l'ensemble et se déployant dans les grands nuages d'argent froissé, alors que sur ces maisons sans grâce, elle ne fait que trébucher à regret. Je pensais à un ami du père Valentin, le Baron, qui comparait ces "villages de cottages" aux cimetières contemporains: une accumulation de mausolées pompeux avec des fleurs en plastique. Oui, ce n'est sans doute pas un hasard, si les demeures fabriquées par et pour des morts vivants ressemblent à des tombes...
Je songeais aussi à mon livre, avec soulagement et gratitude. Qu'il se soit écrit par mon intermédiaire donne une plénitude et un sens à ma vie, et la relie à tout ce qui m'entoure ici d'un lien plus profond que celui de certains natifs avec cet héritage dont ils n'ont pas le respect.
A chaque fois que je le crois terminé, quelque chose intervient pour me faire retarder l'étape de la publication et modifier le contenu. Cela ressemble à une architecture, dans laquelle s'inscrivent peu à peu les détails, les décorations, les fresques, les bas-reliefs, les chapiteaux et chaque petit ange ou chaque démon doit être à sa place, même si on ne le voit pas.
A un certain moment, il faut crapahuter en traînant le vélo, par un sentier accidenté. Je voyais des traces de pneus, sans doute les jeunes font-ils du VTT, mais moi, je ne veux pas risquer de fracture! On se croirait presque en montagne, avec de belles perspectives sur le lac. Puis l'on rejoint un chemin praticable et de là, on débouche sur la route qui longe le lac, et l'on peut rejoindre le monastère, puis la route de Yaroslavl; avec Rosie, il me faudrait m'arrêter à l'issue du chemin et revenir en arrière, pour éviter les voitures. Sans Rosie, j'ai poursuivi ma route. Les immondes barrières métalliques des promoteurs continuent à scarifier dans tous les sens ce vaste, féerique et envoûtant paysage du nord qui appartient à l'histoire, à la sainte Russie, au peuple russe depuis Alexandre Nevski jusqu'à nos jours. Des vaches paissent encore dans ces espaces promis aux "cottages", parkings et centres commerciaux prévus par les mutants pour ceux qui n'ont, comme eux, plus d'âme, et plus de mémoire, mais juste un sexe, un estomac et un portefeuille. Quand on a été élevé sous un régime qui trouvait normal de transformer les églises en dancing ou en toilettes publiques, ce n'est pas très étonnant, à moins d'avoir de puissants anticorps familiaux ou un bon héritage génétique...Le monastère est déjà flanqué d'un assez bon nombre de bâtisses hideuses qui ne tiennent compte ni de lui, ni des autres maisons, ni du paysage environnant. Leur laideur arrogante n'a pas de complexes. J'observais avec quel plaisir la lumière jouait sur les coupoles, transfigurant tout l'ensemble et se déployant dans les grands nuages d'argent froissé, alors que sur ces maisons sans grâce, elle ne fait que trébucher à regret. Je pensais à un ami du père Valentin, le Baron, qui comparait ces "villages de cottages" aux cimetières contemporains: une accumulation de mausolées pompeux avec des fleurs en plastique. Oui, ce n'est sans doute pas un hasard, si les demeures fabriquées par et pour des morts vivants ressemblent à des tombes...
Je songeais aussi à mon livre, avec soulagement et gratitude. Qu'il se soit écrit par mon intermédiaire donne une plénitude et un sens à ma vie, et la relie à tout ce qui m'entoure ici d'un lien plus profond que celui de certains natifs avec cet héritage dont ils n'ont pas le respect.
A chaque fois que je le crois terminé, quelque chose intervient pour me faire retarder l'étape de la publication et modifier le contenu. Cela ressemble à une architecture, dans laquelle s'inscrivent peu à peu les détails, les décorations, les fresques, les bas-reliefs, les chapiteaux et chaque petit ange ou chaque démon doit être à sa place, même si on ne le voit pas.
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