L'église du métropolite Pierre, vue de l'hôtel arménien kitsch où reçoit la juriste.... |
A moins d'être jeune, très combatif, très débrouillard, très tenace et parfaitement russophone, on ne peut pas s'en sortir sans intermédiaire.
Toujours pas de Rosie. J'ai envoyé des photos d'elle au tadjik du restaurant japonais, Berkhrouz, parce qu'il a vu un chien qui essayait d'entrer, mais c'était un chien roux, Rosie n'est pas rousse. Quelle tristesse de voir en photo la bouille de cette emmerdeuse, et la voilà toute heureuse au bord du lac, ou couchée dans la neige... Je sais que sa dresseuse m'accuserait de ne pas m'en être bien occupée, il fallait l'attacher, l'enfermer... C'est une chose que je n'ai jamais su faire. Ni avec elle ni avec les chats aventureux que j'ai eus et qui n'ont pas vécu vieux, me plongeant dans des chagrins terribles.
L'hiver est très beau, cette année. Il fait froid, mais pas trop, pour l'instant, et quand il neige, le ciel n'est pas sombre, il est nacré, presque rose, parfois on voit la lune au travers.
Quelqu'un m'a dit que mon roman était fluide et sincère. Je ne m'attends pas à un best-seller, mais j'aimerais le voir toucher un maximum de ceux qui pourraient l'apprécier, je l'ai tellement aimé, c'est lui qui s'est emparé de moi et non moi qui l'ai écrit. Je lui fais de la pub comme je peux, je le porte à la connaissance, mais je ne sais pas faire le trottoir pour vendre mon âme. Enfin, comme dit Dany, je l'ai fait, je l'ai lâché, il est enregistré à la BN. Maintenant, il faudrait s'occuper de la suite...
Dans une semaine, je laisse ma maison à des locataires provisoires et je vais me promener à Moscou. Je vais y passer le jour de l'an, dont je me fiche complètement, et Noël orthodoxe. En réalité, il faut vraiment que je me pousse pour partir, je suis bien, en hibernation dans ma tanière.
Je
suis pleine d’admiration pour les gilets jaunes. Je n’attendais pas ce sursaut
de la part des Français. J’ai toujours pensé que les seuls Français
sympathiques étaient ces gens simples et travailleurs des campagnes et des
petites villes, mais en même temps, ils me semblaient souvent si prosaïques et si
dénués de tout besoin spirituel… Pour la spiritualité, je ne sais pas, mais les
voilà capables de se lever et de s’unir, de se sacrifier, d’affronter avec
courage des autorités infâmes, hostiles et terriblement répressives, ils me
font penser aux gens du Donbass, des gens simples, aussi, affrontés à une mafia
immonde. Et pour ce qui est de la situation du pays et du monde, certains ont vraiment tout compris.
Parallèlement,
j’admire beaucoup les croyants ukrainiens, soudés derrière le magnifique
métropolite Onuphre et son inébranlable clergé. Enfin à l’exception d’une
poignée de traîtres, tellement traîtres qu'on les dirait sortis d'un mauvais film, l'ex métropolite Syméon qui manie l'inversion accusatoire avec tant d'aplomb qu'on se demande s'il a la moindre notion de ce qu'est une conscience. Maintenant, on peut le dire, tout est vraiment visible quand on est décidé à voir, comme
dans ces tableaux de la Renaissance où le Christ et ses disciples sont
environnés de créatures des ténèbres grimaçantes qui n’ont plus de visages mais
des mufles, des becs et des groins : Epiphane et Syméon, le porcelet et le sanglier
mitrés, Porochenko, le verrat rigolard et sanglant, et les deux vieux lézards aux regards
fuyants sous leur coiffe, Philarète et Bartholomée… C'est Jérôme Boch. Quand aux fidèles qui
préfèrent les drapeaux ukrainiens et le folklore néonazi aux bannières et aux
icônes des vrais chrétiens qui prient, leurs trognes sont en rapport avec le
contenu de leurs discours et le niveau de leurs interventions sur les sites
orthodoxes…
Je
ne sais pas pourquoi, j‘ai toujours l’impression que Rosie va finir par
revenir, et je n’ai pas touché à son panier, à ses jouets, ni à ses boites de
pâtée. Rita va voir l’énorme chienne enchaînée des voisins, qui copinait avec
Rosie et qui est encore plus triste depuis qu’elle ne vient plus la distraire. Les oiseaux m'escortent à travers le jardin, mésanges et moineaux, car je les nourris. Il a bien changé, ce jardin, même l'hiver, il a une organisation, une forme, ce n'est plus un terrain vague encombré d'épaves. Il scintille, dans l'écrin de la palissade bleue et sous le ciel moiré et duveteux. J'aime bien déneiger, c'est propre, et je peux contempler la lumière, le ballet de mes passereaux dans les branches du poirier, les déplacements allègres de Rita.
Le portrait du tsar Ivan, que j'ai fait et choisi pour la couverture, m'apparaît partout, depuis que j'ai sorti Yarilo, je suis tellement sûre qu'il était comme cela, qu'il avait cette tête, cette expression et ce regard, il me semble qu'il n'est pas loin de moi, que je l'ai, d'une certaine manière, "rencontré" et cela m'impressionne.
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