Le Grand Canon de saint André de Crète, je le lis généralement chez moi, parce que je ne comprends rien, les chants sont très beaux, mais je
ne comprends rien. Or à la fin de
l’office, voilà l’évêque qui déclare : « Le canon est un des plus
beaux textes de l’Orthodoxie, et pourquoi donc ses paroles ne nous
touchent-elles pas aujourd’hui? Parce que nous arrivons à la fin du carême
et n’en pouvons plus ? Elles vous touchent ? » demande-t-il brusquement à
ses prêtres. Ils répondent que oui. « Eh bien moi j’ai du mal, reprend-il.
Peut-être parce que c’est un texte complexe en slavon d’église, et si on est fatigué et un peu inattentif… »
Ensuite il a dit: "On n'est jamais sûr d'être sauvé, mais on n'est jamais sûr d'être perdu non plus." Et il nous a raconté qu'un saint ascète qui, tenté par une prostituée, avait victorieusement résisté, avait chuté avec une jeune fille qu'il avait miraculeusement guérie et qu'on lui avait confiée. Et pourtant, il avait repris le dessus, il s'était repenti. "Ne vous dites jamais qu'il est trop tard, que Dieu ne fera plus rien pour vous. Tant que vous êtes en vie, il est temps".
J’étais sidérée, car tout ce qu'il disait semblait m'être personnellement destiné.
Le père Constantin souhaitait me faire rencontrer
l’évêque et ce dernier a
voulu que l’on nous photographiât ensemble, j’aimerais bien avoir la
photo ! Il m’a dit : « Vous êtes notoire, j’ai lu une interview
de vous, en revenant de Volgograd, vous êtes donc notre notoriété ! Que
doit-on faire pour être une notoriété, suffit-il d’être français ? »
Il est étonnant, simple et pleinement lui-même. Je suis contente d'avoir un tel évêque, j'ai de la chance qu'on l'ai nommé ici. Du reste, j'ai rencontré dans l'église ma jeune amie Katia, qui se tient le même raisonnement.
La neige est pratiquement partie, parfois, dans la
journée, il fait presque chaud, au soleil. Je vois percer quelques plantes. Des
crocus. Mais tout reste encore marronnasse, jaunasse et boueux. J’essaie de
préparer des buttes pour planter des légumes cette année. J’avais tout ce qu’il
fallait pour cela, mais les derniers ouvriers que j’ai eus m’ont fait évacuer
ces matières premières et je les ai bêtement écoutés. Ce qu’il y a de triste,
c’est que j’ai du mal à travailler, bien que j'adore jardiner. Mes articulations se font sentir.
Je n’arrive pas à faire tout ce que j’ai à faire.
Hier, les Anglais ont arrêté Assange, il a été
littéralement vendu par l’Equateur, et l’ambassadeur a facilité l’entrée des
policiers anglais qui ont arraché sans ménagement ce dissident à son asile. Une
infamie complète.
La jolie fille que les flics ont éborgnée délibérément
pendant une manif de gilets jaunes, alors qu’elle tentait, avec son petit ami,
de s’éloigner de la nasse où l’on avait piégé les gens, a subi encore une
opération. Son oeil est perdu, mais reconstruire au moins son visage autour,
pour lui mettre une prothèse, et lui rendre plus ou moins son apparence initiale, semble difficile. Elle n’arrive pas à tenir sa
paupière ouverte, elle s’habitue mal, elle a sans arrêt des migraines, et vit
dans la pénombre. Elle a vingt ans. Je serais sa mère, je crois que je
retrouverais ce flic et que j’irais l’éborgner. Ce n’est pas très chrétien,
mais quand je pense à ce sbire qui a pu viser cette gamine et lui projeter au
visage un obus de plastique, je trouve qu’il ne mérite pas de vivre, et ses commanditaires encore moins… que se passe-t-il dans de pareilles cervelles? Que Dieu leur pardonne, moi, c'est au dessus de mes forces.
Le monde pue, il est de plus en plus noir et
affreux, ignoble, irrespirable. C’est un bolchevisme généralisé organisé par
les mêmes, le rêve de tyrannie internationale de l'horrible Trotski réalisé par l'Amérique, ses maîtres plus ou moins occultes et ses séides. En Ukraine, l’objectif est atteint, sauf en ce qui concerne le
troupeau d’Onuphre qui tient bon, comme il a tenu depuis les premières tentatives polonaises de le subvertir, au XIV° siècle : avoir transformé cette population slave en un
ramassis de sous-hommes stupides et haineux qui conjuguent les côtés les plus
bas du nazisme et du communisme, et l'utiliser contre ses pareils au nom d'un rêve européen aussi absurde qu'indigne dont nous nous réveillons, en France, avec la gueule de bois... Chaque fois que je vois une actualité sur ce
pays, sur son immonde président compradore oligarque, j’ai envie de vomir. Les
gens du Donbass ont raison de se battre, au moins ils mourront debout, et pour
les leurs, cela a du sens et de la noblesse. Pour qui meurent les soldats ukrainiens que l’on pousse à venir
commettre des ignominies dans l’est du pays, à coups de pieds aux fesses ? Pour des gens sans foi, ni loi, ni patrie, pour la finance et l'impérialisme transhumaniste, c'est-à-dire satanique.
Je suis si horrifiée par ce qui se passe et va se passer que j'en ai parfois, le matin quand je prie, des crises de larmes. J'ai de la peine pour mes ancêtres, pour les poilus de 14, hachés menus par toujours les mêmes, et pour les victimes de la révolution et de la guerre civile, ici, des répressions... Il faut croire que Dieu emporte avec lui les meilleurs, avant la fin, avant l'ère des cloportes et la fin des temps.
Alors l’époque d’Ivan le Terrible,
malgré les horreurs de l’Opritchnina, me semble un paradis perdu, terrifiant
mais magique, épique, sacré. Où ne régnaient pas des usuriers internationaux
fourbes et pleurnichards qui avilissent tout ce qu’ils touchent et nous préparent une fin d'insectes dans un environnement empoisonné et hideux. Où le peuple
était une famille. Avec des histoires de famille pas toujours reluisantes, mais
une solidarité de famille à la vie et à la mort. Et je m'y retire pour reprendre mon souffle. C'est drôle, dès mon enfance, dans les années 50 et 60, qui pouvaient sembler si optimistes, quand on avait à la fois le Progrès (qui justifiait tout et contre lequel on ne pouvait rien) et des restes de tradition, dans une France douce à vivre, j'ai détesté mon époque et j'ai considéré avec méfiance tous ses mythes fondateurs.
Heureusement que la Russie tient encore, que l'Orthodoxie russe tient encore, que l'on chante encore ici ce qui remonte sans doute à nos origines indo-européennes, et que je connais les cosaques. Dans mon jardin du nord, quelques crocus font des apparitions timides. On les remarque à peine. Les chats sont heureux, petite Rita aussi. Elle a brusquement changé de comportement, c'était arrivé aussi à Doggie, elle se sent pleinement chez elle, pleinement investie d'une patronne attentive, je la vois plus gaie, plus à l'aise.
Mais je pense toujours à Doggie, et je trouve partout des traces de Rosie, des paquets de Chappie que je lui donnais quand ceux des chats lui faisaient envie, et qu'elle allait déchiqueter dehors, de ses déprédations aussi, de ses jouets....
On dit qu'il vaut mieux avoir des remords que des regrets, moi, en fin de vie, j'ai les deux.
Notre évêque, monseigneur Théoctyste, avec ses prêtres de la cathédrale Alexandre Nevski. Photo de l'épiscopat. |
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