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vendredi 7 juin 2019

L'été...

Ce matin, n'ayant plus rien à donner à manger à Ritoulia, je lui ai fait bouillir des pelmeni. Elle adore ça. Elle est même allée en planquer quelque part qu'elle a ressorti par la suite. Mais je ne peux pas la nourrir de pelmeni et de poulet en permanence...
Il fait un vrai temps de plein été, 30°. J'ai pris Ritoulia et suis allée me baigner à la Vioska, au village de Koupanskoïé. L'endroit n'est pas spectaculaire, mais très agréable, avec du sable, de l'eau propre et profonde, et surtout vivante. Cette petite rivière qui sort du lac est encore un organisme sain. On y nage parmi les poissons, les serpents d'eau, parfois, les mouettes et ce que je crois bien être des macreuses, du moins cela ressemble à ce que mon beau-père appelait ainsi sur les bords du Rhône. Et puis de superbes libellules, qui rappellent des bijoux art-nouveau. L'eau est fraîche, douce, brillante, les poissons y tracent de scintillants arcs de cercle, ils chassent ou ils jouent. Sur les berges, les roseaux ondulent au vent, les iris d'eau fleurissent encore un peu...
Rita n'était pas enthousiasmée par l'expérience. Je l'avais bien entendu trempée dans la rivière, pour la rafraîchir, et elle a subi cela avec résignation. Pendant tout le temps où j'ai nagé, elle me regardait depuis la rive avec autant de perplexité que d'inquiétude. Quand je suis revenue manger mon pique-nique, elle s'est roulée dans le sable et elle est restée à cligner d'un oeil, avec un air plein de désapprobation et d'adoration mêlées: que ne faut-il supporter pour rester avec sa patronne...
J'ai fait une petite aquarelle. Je ne dessine pratiquement plus depuis que je suis à Pereslavl, parce que j'écris beaucoup, et tout d'un coup, je réalisais le changement complet d'ambiance, entre mes aquarelles de Cavillargues et celle que j'étais en train de faire de cette rivière nordique, si plane, largement ouverte au ciel immense et à ses nuages blancs libres et erratiques, avec ses teintes vaguement violacées, ses forêts lointaines et sombres, et ses berges luxuriantes, ce n'était vraiment pas le saut du Sautadet ni les gorges de l'Ardèche.
Il y avait des gens, mais plutôt tranquilles et bienveillants, et en nombre tout à fait supportable.
Je pensais au moment où mon héros Fédia se baigne dans le lac pour la fête d'Ivan Koupala, qui aura lieu dans quelques jours, et à la couronne d'iris des marais que lui pose sur la tête la sorcière Paracha...
A l'époque, cela devait être si incroyablement beau, toute cette région, et si vivant, giboyeux, plein de chants et de carillons...
La Russie étant énorme, et les cours d'eau y abondant, il est encore assez facile de trouver de beaux endroits pour se baigner. En partant, j'ai ramassé un sac un plastique pour le jeter à la maison. Il me faudra essayer la prochaine fois la "plage moscovite", parce qu'il y a de grands arbres, que Rita pourra se mettre à l'ombre, et qu'il y a de beaux points de vue à dessiner. Katia veut m'accompagner. Nous planifions aussi le lac Nero, à Rostov, avec la vue sur le monastère...
Katia m'est si proche que j'en suis étonnée. Elle aurait pu être ma fille, par le caractère. En plus doux, quand même, il y a en moi une espèce de virilité que la mère Hypandia a bien senti dans mon livre. Elle me disait qu'elle avait des relations avec sa mère qui étaient autant amicales que filiales, oui, j'ai connu cela...
Pour l'Ascension, à l'église, on m'a remis un paquet de la dame qui m'avait reproché de ne pas être venue à la distribution de l'Artos par l'évêque: de petits cubes de pain bien découpés, bien secs, pour être consommés facilement au besoin. Le tout dans une boîte en céramique en forme de prosphore... J'ai eu honte de moi, car je la traite de dictateur, et en effet, c'en est sûrement un, mais très bien intentionné!

ma jungle...

on veut photographier les iris d'eau et un emmerdeur arrive...

la boîte en forme de prosphore. Merci, excellente Nathalia
Mikhaïlovna!

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