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mardi 9 février 2021

Les nains de jardin

 


Il m'a fallu aller aujourd'hui au service d'immigration, car chaque année, il faut montrer patte blanche et dorée, prouver qu'on est ici et qu'on a de quoi vivre. Coup de bol, j'avais retrouvé par hasard mon avis de retraite, j'avais oublié que j'en avais un. Et j'en avais fait faire une traduction assermentée. Cependant, j'avais mal rempli l'enquête, pourtant, je l'avais fait sur le modèle de celle de Gilles. La jeune femme était une de celles qui était venue amener Steve à Rita, sans résultat malheureusement. Mais quand même, elle s'en est souvenue, et je pense que tout va bien se dérouler, seulement évidemment, il me faut y retourner encore une fois.

Il fait froid et clair, et c'est annoncé pour jusqu'à la mi mars. On passera de - 15 à - 9. C'est un vrai hiver russe, comme on n'en fait plus assez. Tout est propre, blanc et magique.

Une artiste dont j'aime beaucoup les tableaux de grand talent, et qui semble avaoir aménagé son intérieur avec autant de poésie que de goût, présentait la photo d'une jolie isba sur facebook, et voilà qu'une gourdasse intervient pour déplorer qu'on accorde de l'importance à ces vieilleries hideuses. Echanges de répliques sur le thème. Elle a fini par produire un poème de Blok sur la Russie misérable du XIX° siècle, en ajoutant qu'on était sorti, en 200 ans - c'est-à-dire plutôt en 100, Blok est mort dans les années 20, mais on n'est pas à ça près - de la Russie des isbas noires et déprimantes. Je lui ai répondu que tout individu qui s'intéresse un tant soit peu à l'art populaire russe sait combien les maisons, les objets quotidiens, les vêtements étaient colorés, poétiques et exubérants et qu'elle en aurait une bonne représentation en allant voir les illustrations de Bilibine plutôt que de s'en référer aux poèmes de Blok, intellectuel de gauche qui tenait vraiment à voir les choses telles que le lui dictait son idéologie, comme aujourd'hui les libéraux d'ailleurs. Je lui ai vivement conseillé de s'intéresser à ce que faisaient ses ancêtres, au lieu de les mépriser. Puis par curiosité, je suis allée sur sa page. Elle dirige une firme qui s'occupe de paysager des espaces, ça promet. Et exhibe, en soupirant que malheureusement, ce n'est pas encore l'avenir de la Russie, une chaumière néerlandaise au bord d'un canal dans des couleurs rose bonbon et bleu layette, il ne manquait que Panpan le lapin et Cui-cui le petit oiseau de chaque côté du nain de jardin. J'ai écrit dessous: "Ah, voilà ce qui vous plait, ce mauvais goût et cette banalité atroces, c'est en une triste copie de cette Europe que vous voulez transformer votre pays féerique? Quel malheur, quelle honte!" 

Je voulais copier la photo pour la mettre ici, mais je n'en ai pas eu le temps, elle l'avait supprimée avec mon commentaire. En réalité, ces libéraux ignares qui rêvent d'une Europe à la Walt Disney sont le résultat du dénigrement systématique par l'URSS de la Russie traditionnelle, qui a très bien préparé l'implantation de la merde mondialiste actuelle. Les barbares du style de cette fille, souvent en position économique dominante, ont tout loisir de perpétrer sur ce qui reste de la Russie les crimes que je vois tous les jours, et cela avec un enthousiasme complet, ils me rappellent les komsomols qui ricanaient quand je n'appréciais pas de voir remplacer des vieux quartiers ravissants par des barres en béton, ces crétins sont leurs petits enfants, ce sont eux qui les ont élevés.

Parallèlement, j'ai vu un butor français contester notre indignation devant l'installation d'éoliennes à proximité d'une citadelle médiévale magnifique. D'abord, tout ce qui est médiéval est obscur, on le lui répète depuis l'école, et aussi à la télé, tout cela doit être éliminé, le féodalisme, l'oppression, j'ai connu comme cela, dans les années 70, des imbéciles, aux Beaux-Arts, qui, lorsqu'on leur parlait des Pyramides d'Egypte, répondaient en déplorant le sort des travailleurs égyptiens dont ils ignoraient absolument tout et à qui ils attribuaient leur triste mentalité de médiocres enragés! Ensuite, ce con est écologiste, de l'espèce la plus obtuse, celle qui déshonore l'écologie. Comme il n'aime pas les centrales nucléaires, allons-y pour les éoliennes, et comme c'est un abruti, il ne voit même pas l'arnaque et outre le préjudice esthétique (mais ça, dit-il, c'est relatif, lui les éoliennes, il trouve ça très beau), les dommages infligés à l'environnement. Qu'on puisse s'extasier sur une éolienne ou une villa en plastique au détriment d'un château ou d'une isba décorée me paraît un signe de profonde dégénérescence, je veux dire qu'il n'y a absolument plus rien à tirer de gens pareils et s'ils deviennent trop nombreux, nous n'aurons plus qu'à mourir, car ils feront de notre vie un enfer complet. L'enfer, c'est leur élément, ils s'y plaisent et détestent viscéralement tout ce qui ne lui appartient pas. La poésie, la beauté, la musique, l'art, la noblesse, la bonté, l'héroïsme, la sainteté, la vérité. Il y a des gens comme cela. C'est effrayant.Obscurément, dans leur cervelle et leur coeur atrophiés, ils sentent à quel point ils sont minables et contrefaits et haïssent tout ce qui le leur rappelle. Ce sont les orques de Sauron.

Le père Basile m'a dit dernièrement au téléphone que tout était foutu, mais que néanmoins, la Russie restait notre arche, ou disons que notre arche était en Russie. Il pense que Dieu fait le tri, avant la fin. Nous en avons discuté. Ceux qui restent avec Dieu sont sous sa protection. Il faut tenir bon. D'un autre côté, ce sentiment de débâcle nous donne une espèce d'insouciance. Les nouvelles sont si affreuses, les gens qui nous gouvernent si ignobles, les foules si manipulées et si ahuries, le désastre si inéluctable, qu'on finit par ne plus se poser trop de questions sur notre avenir, très compromis. Et donc on vit au jour le jour, en faisant ce qu'on a à faire et advienne que pourra, le célèbre "avos" russe, je n'aurais jamais cru, au fond, rester si calme dans une telle situation. Certes, je m'irrite encore trop, mais je devrais être hystérique et morte d'angoisse, et ce n'est pas le cas, à défaut d'être emplie de grâce, je peux dire qu'au moins, je ne suis pas trop paniquée, et c'est à Dieu que je le dois.

Un de mes amis, en France, connaît au sein de la catastrophe une réelle et spectaculaire ascension spirituelle, et cela dans une grande solitude. Je suis loin d'en être là. Mais je vais mon bonhomme de chemin, et comme dans ma chanson des Oies Sauvages, j'essaie de "remplir ma destinée jusqu'à la dernière page". Envers et contre tous les nains de jardins et autres concombres masqués.


8 commentaires:

  1. Bravo Laurence, encore une fois ! Vous savez manier avec tellement d'esprit et d'acuité les "choses" de la vie... en y trouvant ses contradiction, ses lâchetés. Il reste, pour les justes, la spiritualité et la foi en Christ. Et vous, vous avez aussi les Lettres, le dessin, le chant, la musique et vos chats et votre chien.
    Vous êtes "riche" et en plus vous êtes partageuse ; continuez, Laurence !

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  2. L'écolo amateur d'éoliennes est au mieux un ignare qui lit trop l'AFP et notre presse soviétisée.
    En plus de balafrer nos paysages, cette forme d'énergie
    1- a un EROI pourri, bien en dessous de 11 quand on inclut les limitations liées à son intermittence

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  3. 2 - ses turbines nécessitent un métal qui va être de plus en plus difficile à extraire (néodyme)
    3 - ses pales géantes ont des conséquences sanitaires (infra-sons) sur lesquelles le gouvernement français ne veut pas enquêter malgré les demandes de l'Académie de médecine et de l'ANSES.

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  4. 4 - outre leur laideur les éoliennes bétonnent des terres arables
    Mais tout ça se passe là où vivent les pécquenots consanguins dont tout va bien

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  5. Nains de jardin ! Bien résumé Laurence.
    Votre paragraphe sur la gourdasse paysagiste au goût dénaturé est édifiant. Et nous savons que ces ectoplasmes satisfaits, au pouvoir à peu près partout, sont irrécupérables malheureusement, convaincus d'avoir compris le monde et d'être dans le sens de l'Histoire.

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  6. J'ai suivi de très près les élections aux Etats-Unis, et votre paysagiste convaincue d'avoir compris ce qui était beau et bon, alors qu'elle vénère des parodies qu'elle va répandre partout par son business, me fait penser à ces millions de jeunes Américains endoctrinés probablement sans retour possible par la culture "woke", jusque sur les bancs des campus et qui ont avalé cette pensée contrefaite et toxique en s'endettant à vie.

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  7. (suite) Ces jeunes cons préfèreront crever plutôt que d'admettre s'être engagé dans une impasse intellectuelle, morale et matérielle fatale.

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  8. (Ces jeunes cons préfèreront crever ET entraîner leur pays dans leur naufrage, c'est tout le problème)

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