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lundi 1 novembre 2021

trop tard

 


Nous avons eu deux journées magnifiques, je suis allée m’asseoir dans le jardin, j’ai même dessiné la maison du défunt oncle Kolia, sous son capuchon rouillé. Le vent faisait doucement bruire les roseaux, le soleil jouait dans les corolles mauves des asters, les ombelles veloutées du sedum, d’un rose fané de robe ancienne  . Les mésanges venaient tourbillonner dans les branches nues du poirier où j’ai accroché leur mangeoire. On aurait pu croire que le printemps approchait ; quel merveilleux cadeau que ces quelques jours, dommage que j’ai quand même assez vite froid, car s’il fait doux pour la Russie, je dirais que la température est celle du mois de décembre dans le midi de la France.

Hier, d’un seul coup, cette horrible état d’angoisse m’a quittée. Le matin, je suis allée jardiner. J’ai déplacé un ou deux arbustes, sans surmenage. J’ai vu que je tenais le coup, et de m’activer à l’air libre, dans la terre, m’a fait du bien. J’espère que j’ai bien calculé les emplacements pour que tout le monde puisse pousser harmonieusement et me cacher les allées et venues du joyeux voisin.

En revanche, le soir dans mon lit, j'étais assaillie de remords, d'idées noires. Ces remords, je les traîne depuis longtemps, et les traînerai jusqu'à ma mort, mais je sais que leur retour virulent n'est pas normal, ce sont des attaques contre ma paix intérieure qui sont destinées à me faire plonger dans l'acédie. Je me culpabilise absolument pour tout. Et c'est vrai que j'ai parfois fait de lourdes erreurs, mais nous ne sommes pas des surhommes. Et puis quand on ne peut plus rien y changer, il ne faut pas que cela devienne un acide qui nous ronge. Cela concerne essentiellement mes animaux et ma mère. Je pense souvent à cette phrase du métropolite Antoine de Souroj: "L'enfer peut se résumer en deux mots: trop tard".

Au matin, j'ai prié, j'ai lu mon cathisme des psaumes, j'ai même ajouté un peu de prière de Jésus. Au fond, ce malaise, c'est quelque chose que je dois vivre pour avancer, et j'avance pas à pas, sans regarder trop loin. J'ai tout à coup senti que j'étais aidée, que Dieu réconcilierait tout et que je passais à un autre niveau, celui de l'humain, qui est Un, et que je contribuais à le racheter. Chaque fois que je prie, comme je m'assieds partiellement parce que je suis encore fatiguée, Rita vient sur mes genoux. Que Dieu m'accorde d'enterrer tous ces petits êtres qui dépendent de moi.

Je n'ai toujours pas les résultats de mon test, on m'a dit ce soir après quatre heures. A tout hasard, je suis allée en faire un payant dans un centre de diagnostic, car j'en ai assez d'être coincée. Je suis toujours fatiguée, mais je voudrais au moins pouvoir faire normalement des courses, des examens médicaux, et voir des amis.




4 commentaires:

  1. "Que Dieu m'accorde d'enterrer tous ces petits êtres qui dépendent de moi."

    Je fais exactement la même prière que vous, Laurence. Je n'ai jamais eu peur du covid, mais pour mes 4 beautés, oui, j'ai peur.
    Courage à vous, et merci pour vos billets.

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  2. Contente de voir que tu vas mieux, profites bien des derniers rayons de soleil souverain contre la fatigue. Grosses bises

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  3. et factus est sudor eius sicut guttae sanguinis decurrentis in terram

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  4. https://www.youtube.com/watch?v=1wjLI2eslv8

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