Après la période sèche, venteuse, lumineuse et douce de l'après Pâques, la Trinité s'annonçait humide, orageuse, avec des moustiques et des végétations adventices déchainés. Je n'arrivais même pas à tondre, et la situation dégénérait. Et puis aujourd'hui, miracle, un vent léger et frais, une lumière transparente, je suis restée sur ma terrasse à jouer des gousli, pas de radio à tue-tête, pas de camions, encore quelques motos, malheureusement, mais quand même, un moment de grâce, de trêve... Je sors souvent la nuit pour écouter les rossignols. Ils sont un peu loin, sans doute manquons-nous de grands arbres et de taillis à proximité, mais très nombreux, leurs trilles tissent dans la nuit une sorte de mystérieuse dentelle sonore, sous le croissant orange, dans ce ciel qui garde une étrange transparence au nord ouest. Tout se dépêche d'exulter pendant la belle saison trop courte.
J'ai rencontré un couple de Suisses de mon âge qui méditent de quitter leur pays. Ils font une tournée d'exploration. Des gens très gentils, qui voulaient rencontrer aussi notre Suisse cosaque apiculteur Veniamine, et qui nous ont couverts de cadeaux, j'ai un magnifique couteau suisse, par les temps qui courent, ça peut servir! Ils cherchent un pays "en dehors de l'Europe, un pays des Brics". Ils me disent que l'UE devient une dictature, que le mal à l'oeuvre autrefois chez les Russes est passé à l'ouest. En effet, et l'on voit bien qu'à divers épiphénomènes existe une seule cause. Le serpent change de couleur, il devient même arc-en-ciel, mais quel que soit le nombre de têtes, c'est toujours le même serpent. Puis j'ai fait la connaissance d'une Française, blogueuse, elle aussi, et installée en Russie depuis longtemps, Cécile Rogue. Elle parle parfaitement le russe, ce qui n'est hélas pas mon cas. Elle a un mari russe, c'est-à-dire qu'elle pratique la langue quotidiennement depuis des années. Et puis je pense qu'elle a étudié plus longtemps et plus sérieusement, et n'a jamais cessé d'utiliser cette langue.
Elle m'a parlé des problèmes qu'ont les gens tiraillés entre deux pays. Nous sommes russifiées mais quand même françaises, avec des différences de mentalité et d'éducation qui se font parfois sentir. Je lui trouve l'allure française, la silhouette, la coupe de cheveux, j'ai tout de suite vu, dans le café, que c'était elle. Je me demande si l'on réagit de la même manière à ma vue. Je me souviens qu'à New-York, en 80, quelqu'un m'avait dit: "On reconnaît les Françaises au foulard ou à l'écharpe qu'elles portent toujours au cou". Et à l'époque c'était très vrai, en ce qui me concerne, je n'ai jamais arrêté d'en porter, il faut que la chaleur soit torride pour que je m'en passe. Quand j'ai vu l'exquise Anne-Laure, très française également, elle avait l'inévitable écharpe enroulée autour du cou, et comme moi, elle ne la quittait pas!
Les cosaques se réunissent en ce moment sur la place Rouge de Pereslavl, où je les ai trouvées dans des nuées de moustiques et le parfum des lilas. On leur prête maintenant un cheval, et les enfants peuvent s'entraîner à monter, les adultes aussi, moi, je suis trop vieille. Alors j'ai un peu chanté. Le petit Maxime voulait s'essayer sur ma vieille-à-roue. Elle est trop grosse pour lui, mais il ne s'en sort pas mal. Tous ces enfants sont très mignons, spontanés, gentils. La fille d'Olga m'a dit que je leur avais manqué!
Cela prouve que ces séances sont profitables aux enfants, ils apprennent des choses, font des jeux et des sports d'hommes, avec des hommes. Ils sont bien élevés et serviables, ouverts.
Un peu plus tard, à la Poste, où j'ai fait la queue trois quarts d'heure, je vois un type avec un gros colis étiqueté "détachement cosaque de Pereslavl". Il envoyait des médicaments au front. Son fils y est. En sortant, j'ai pensé longtemps à lui, à son fils, à celui du père Gueorgui, de Vladimir, qui a été tué, à ces jeunes gens fauchés par la mort, à cause d'une bande de psychopathes richissimes et toxiques... Que faire? Quelqu'un m'écrit que tout a été fait pour jeter les "Ukrainiens" et les Russes les uns sur les autres, et que ça marche très bien, pour le plus grand profit de la mafia qui est derrière. En effet, on a rendu la chose inévitable et on s'efforce de la faire durer; mais le gouvernement russe n'est pas imbécile, je crois, et ne mène pas seulement sa guerre sur les champs de bataille. Je mets des guillements à Ukrainiens, car en fait, dans cet espace que l'Occident a étiqueté Ukraine, à la suite des soviétiques, et dans leur lignée, on peut dire qu'une partie du pays est occupée et martyrisée par l'autre, et depuis un bon moment, il suffit de lire Taras Boulba pour le comprendre. Arestovitch, le conseiller de Zelenski, a même décrété, paraît-il, en Israël, que les Ukrainiens, les siens, étaient un mélange de Polonais et de Juifs. Je mets "parait-il", parce que l'info n'était pas sourcée, mais je la crois volontiers véridique, tant cela me paraît évident. En effet, les Ukrainiens de l'ouest, uniates, ont été polonisés, bien qu'ils haïssent les Polonais et réciproquement (et puis aussi, accessoirement, les juifs). Et Catherine II a envoyé, d'après Soljénitsyne, un grand nombre de juifs en Ukraine, ils n'étaient pas contents d'y aller, mais quand même, ça laisse des traces; ça, plus la légende du royaume Khazar.... Donc aujourd'hui, les "Ukrainiens" russes gênent, et leur religion aussi, c'est pourquoi on les persécute et leur intime d'élever leurs enfants dans des caves, ou de partir chez les "moscovites" en leur attribuant des génocides qui ne sont pas de leur fait, selon le procédé de l'inversion accusatoire. C'est pourquoi aussi certaines grandes consciences, en occident, n'aperçoivent pas les croix gammées tatouées sur les bourreaux d'Azov et dissimulent depuis 9 ans les crimes commis par ceux-ci... Dans ce jeu de couillons, bien sûr, ce n'est pas seulement l'opinion occidentale, qui est dupe, mais aussi ceux qui servent d'hommes de mains aux crapauds richissimes de la finance internationale et des USA associés. Quelles que soit notre origine et nos convictions, il conviendrait de ne pas entrer dans ces manipulations criminelles et de ne pas tomber dans une solidarité de principe avec les manipulateurs.
Poème de la poétesse d'origine juive Iouna Moritz:
Sans bavardage creux
Ni clameurs mégalomanes,
La Russie compte trois classes,
Ceux dont elle est la Patrie,
Ceux dont elle est la proie,
Ceux qui la trouvent horrible.
Qu'on la tue, qu'on l'oublie, qu'on l'efface
De nos mémoires comme un espace
Pour que n'existe plus jamais
De pays qu'on puisse appeler de ce nom!
Et nous ont déclaré la guerre,
La clique amérciane
La clique européenne,
Leur communauté russophage
Qui ne vaut pas mieux que celle d'Hitler,
Le fascisme de l'histoire occidentale,
Honte aux pays qui maintenant
Ont oublié la condition principale
De notre plus grande victoire:
La classe principale ici,
Voit en la Russie sa patrie,
Où Napoléon n'est plus que le nom d'un gâteau.
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Elle est communiste, moi pas, mais j'aime bien sa classification qui reflète une réalité. D'autant plus que bon an mal an, communistes, orthodoxes, juifs, musulmans et monarchistes se retrouvent assez massivement dans la première catégorie. Je laisse le lecteur curieux s'interroger sur les prédateurs et les renégats de la deuxième et de la troisième. Quand on a un cerveau, il faut le faire travailler.
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