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mardi 4 juillet 2023

Aperçu de Marseille

 


Immense fatigue, je fais trop de choses, et j'ai beau me promettre d'arrêter, je n'y arrive pas. Mais il faudra, pourtant, je n'ai plus l'âge... Je commets toutes sortes de maladresses, je me suis abominablement pincé un doigt, j'ai cru que je l'avais complètement écrabouillé, mais c'est moins terrible qu'il ne semblait au premier abord. Cela me gêne pour taper, pour faire la cuisine, et pour faire de la musique, aussi...

Je disais à Dany qu'en vieillissant, je réussissais à prendre une certaine distance psychologique, j'avais décidé, vers la cinquantaine, que pour ne pas péter les plombs, j'allais désormais vivre au jour le jour, " à chaque jour suffit sa peine", sans trop regarder ni en avant ni en arrière. Mais je crois que les choses me travaillent au niveau du subconscient. En ce moment, dans un sens, je suis contente d'avoir acquis ce recul, ou construit ces défenses, étant donné les circonstances, dans l'autre, je me rends compte que je n'ai néanmoins pas le contrôle de tout ce qui s'opère en moi.

J'ai appelé ma tante Mano, elle a pour une fois trouvé comment déclencher la caméra, et je l'ai vue, dans sa maison de Marseille, fort heureusement bien camouflée derrière un immeuble, indécelable depuis la rue, mais les désordres concernent surtout le centre et les magasins mis au pillage. Elle m'avoue avec retenue et distinction, dans son joli salon plein de meubles et d'objets de famille chargés de souvenirs, non pas "avoir la haine", ce serait trop vulgaire, mais éprouver une véritable détestation pour les responsables d'une situation qu'elle voudrait ne pas croire sans issue, et semble même étonnée de se voir la proie d'un sentiment aussi extrême, aussi peu convenable. Je le partage tout à fait, et même au delà, car là où elle voit de l'incompétence, je discerne de la malveillance à long terme et de la fourberie. Et pour ce qui est de l'issue, je ne déborde pas d'optimisme. J'étais bouleversée de voir cette très chère parente d'un autre âge, que j'ai connu, celui d'une douce France où il faisait bon vivre, où les gens étaient dignes et bien élevés, continuer à réagir comme elle l'a toujours fait, avec courage, et nous faisions chacune ce qu'il était séant de faire dans cette France-là: retenir ses émotions pour ne pas déstabiliser la personne aimée. Dieu veuille que nous nous retrouvions tous en Lui, quoiqu'il arrive...

J'ai eu tout un échange avec le journaliste Igor Drouz et certains de ses lecteurs. Ukrainien, il pense que son pays fait ontolgiquement partie de la sainte Russie et commentait la décision de Zelenski d'obliger ses administrés à parler anglais, en signe d'indépendance nationale, sans doute... Il rapprochait cette démarche des prédécesseurs bolcheviques de cet individu nazisioniste, qui forçaient les Russes a apprendre l'Allemand, car c'était la langue de Marx, et leur idéal était de transformer les paysans russes en prolétaires allemands. J'ai tout de suite établi le parallèle, nous en avons discuté, il m'a dit qu'il avait pourtant, comme tous les Russes, beaucoup aimé la France, celle d'autrefois, sa littérature, sa culture, mais qu'il avait senti, chez nos grands auteurs du XIX°, une absence totale de spiritualité. C'est intéressant, parce que moi aussi, raison pour laquelle j'avais du mal à les lire à quinze ans, ils me fichaient le cafard, je lisais plus facilement le théâtre du XVII°, Racine et Molière, j'ai beaucoup aimé Flaubert, mais plus tard. C'est pourquoi j'ai été positivement aspirée par Dostoievski dans l'orthodoxie et le "monde russe", j'y retrouvais un moyen âge perdu et des fenêtres lumineuses par lesquelles échapper au sordide d'une existence humaine dépourvue de transcendance. Je me sens très proches d'Igor Drouz, de sa vision des choses, je traduis parfois ses articles. Ils volent haut, les commentaires de ses lecteurs aussi, il est vrai qu'il est croyant... Ses lecteurs me recommandent la prière assidue dans l'arche russe, face à l'Apocalypse qui vient. 

Au dessus de la maison d'Ania, le ciel m'a tracé un ange.



 


3 commentaires:

  1. Allez à l'hôpital Laurence ; ou demandez autour de vous. La solution sinon est désespérée partout.

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    1. La dernière fois que je suis allée à l'hôpital, j'y ai attrapé le covid, de sorte que j'y suis retombée au bout d'une semaine.

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  2. Bonjour Laurence, bonjour Nicolas, la situation n'est jamais désespérée ! Quoi qu'il arrive la vie continuera l'univers a plus d'un tour dans son sac. Ceux qui ne croient en rien, ceux qui préfèrent les richesses et les machines à la vie se noieront dans leur nihilisme. La vie triomphe toujours !

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