Si j'ai choisi mon camp, je ne suis pas à l'abri des erreurs de jugement, comme tout un chacun, et du reste, il m'est arrivé d'être déconcertée par la politique russe, et je l'ai dit bien souvent. Cela m'arrive encore, et du reste, ma conviction profonde est que selon l'expression du psalmiste, il ne faut pas "mettre sa confiance dans les princes et les fils des hommes, en eux il n'est point de salut". Du moins ne pas mettre sa confiance absolue, car il faut bien aussi quelquefois faire une confiance relative, on n'a pas le choix. Dans l'occurrence actuelle, j'ai fait le choix entre ceux en lesquels j'ai une confiance relative et ceux en lesquels je n'ai absolument aucune confiance, aucune, sur la base de ce que j'ai observé depuis des années, et non sur celle de l'hypnose médiatique constante, et aussi peut-être de complexes, rancoeurs ou intérêts personnels plus ou ou moins conscients, qui leur vaut encore des partisans assez zélés pour m'interpeller sur mon blog. Non seulement je n'ai aucune confiance, mais je les sais ennemis de tout ce qui m'est cher, et qui vaut pour moi la peine de vivre et de mourir, des ennemis particulièrement fourbes, vils et sans scrupules.
Personne ne fait ici pression sur moi d'aucune façon. J'ai été menacée une fois, ce n'était pas par les Russes. Insultée, pas non plus par eux. Personne ici ne fait mon procès ricanant ni ne cherche à m'intimider. Alors que ce fut souvent le cas en France, depuis que je me suis retrouvée à la fac, et même un peu avant, puisqu'un prof de gauche qui me notait mal à cause de mes opinions, était allé contester mon excellente note de français au bac, l'année 69 qui suivait la première révolution de couleur woke du XX° siècle, celle qui nous a livrés à une meute de médiocres intellos hargneux, avides de tout mettre au niveau de la merde, le seul qui leur fût accessible.
A la fac elle-même, une prof qui m'avait prise en haine, parce que je ne voulais pas participer aux conversations sur la lutte ouvrière ou la libération de la femme, m'avait refusé l'unité de valeur au contrôle continu. Fort heureusement, le jour de l'examen, cette créature des ténèbres était malade, et j'avais eu affaire au lecteur soviétique, que je faisais rigoler et qui me traitait d'anarchiste. Comprenant immédiatement le problème, il m'avait demandé de parler d'Ivan le Terrible d'Eisenstein, sur lequel j'avais été intarissable, ce qui m'avait valu la super note, car même les plus communistes des autres profs n'y trouvaient rien à redire.
A noter que la militante de base qui n'avait pas le temps de travailler, à cause de sa lutte politique, avait ses examens d'office.
A l'époque, je défendais les dissidents russes, ce n'était pas du tout à la mode, mais ceux qui m'en faisaient grief sont devenus aujourd'hui les russophobes les plus acharnés, il faut dire qu'ils étaient souvent trotskistes. Je me souviens d'une étudiante trotskiste qui nous avait poursuivies, ma meilleure amie et moi, en nous injuriant jusqu'à l'arrêt du bus, parce que nous portions les croix que nos grands-mères nous avaient offertes pour notre communion solennelle. La fac était une enclave totalitaire hideuse dans un pays hédoniste inconscient qui ne comprenait pas où on le conduisait. Tous les méchants petits boutonneux que j'y voyais alors, et leurs descendants, sont au pouvoir à présent. Dans tous les domaines de la culture, de la politique et des médias, ils ont pendant cinquante ans, soigneusement séléctionné leurs pareils en excluant les autres, en les ostracisant et les calomniant.
Pourtant, moi, je n'ai pas varié, je ne suis pas communiste, surtout pas trotskyste; je reste russophile. Monarchiste, tout en sachant qu'une restauration est peu vraisemblable d'ici des siècles, et plutôt persuadée que nous allons vers la fin du monde, les dommages causés à l'humanité par le capitalisme matérialiste et progressiste, et ses divers dérivés et leurres idéologiques, étant, je le crains, assez irréparables, même ici. Actuellement, la forme la plus stupide, la plus révoltante, la plus ignoble, la plus néfaste de cette hydre ne me paraît pas se manifester en Russie, mais précisément dans ce qu'une certaine catégorie d'imbéciles incurables appelle "les pays civilisés". La Russie n'est honnie par ces civilisés que parce qu'en fin de compte, ils n'ont toujours pas réussi à s'emparer du butin de 17. 1917. Cela leur fait beaucoup de peine. Et puis les idéaux russes sont la négation des leurs, de leurs soi-disant "valeurs" qui sont des anti valeurs. Même communistes, les Russes n'ont pas leur mentalité de merde. Comme disait Alexandre Panarine, les Russes, au fil des décennies, avaient russifié l'horrible truc et l'avaient rendu à peu près supportable.
Personne ne fait pression sur moi, je n'écris pas entre deux tchékistes, et personne ne me soudoie. Je n'ai jamais touché un sou de Poutine, je n'ai même pas obtenu de lui mon passeport russe sur un plateau d'argent, comme certaines personnalités du spectacle, je me suis débrouillée pour avoir mon permis de séjour à travers la procédure habituelle, et n'ai pas encore entamé celle de la nationalité, parce que j'ai la flemme terrible et la phobie des démarches administratives.
Voulant me mettre dans l'embarras, on me demande "pourquoi je ne parle pas de l'arrestation de patriotes comme Strelkov"; au moment où j'ai écrit ma dernière chronique, je n'étais pas au courant, mais je ne suis pas sûre que j'en aurais parlé, parce que j'ai besoin de digérer les choses et de me faire une opinion avant de l'exprimer. Parlons-en, voici ce qu'en dit Olivier de Hangest, banni définitivement du réseau civilisé et démocratique bien connu et seul autorisé: https://vk.com/wall86797691_2068
Je suis décontenancée moi-même, mais ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Au moment du covid, je l'ai été souvent, et je me suis aussi demandé pendant des années, pourquoi la Russie n'intervenait pas pour défendre le Donbass, dont, depuis des années, je savais le martyre. Cela dit, pour les gens bien ou mal intentionnés, je n'ai pas la prétention d'être une politologue, une kremlinologue, un expert, loin de là, et je ne me donne pas pour propos de faire un bilan exhaustif quotidien de la situation ici. Pour cela, il est d'autres blogs beaucoup plus qualifiés que le mien. Je suis un témoin qui réagit avec sa sensibilité, au jour le jour, et cherche à comprendre. Pour certaines choses, ça y est, il y a longtemps que j'ai compris, et je ne pense pas qu'on puisse me faire changer d'avis. Et pourtant, cela m'arrive. Ainsi, j'ai longtemps cru que les Américains étaient les chevaliers blancs de la démocratie, cela m'a complètement passé dès la guerre du Golfe. La suite n'a fait que me confirmer dans la certitude que c'était surtout eux, le problème.
Donc, on a arrêté Strelkov, et c'est fâcheux, j'aime bien Strelkov. Pourtant, je ne pense pas qu'il sera sanctionné très fort, en tous cas je l'espère. J'attends de voir ce qui va suivre. Et d'en savoir plus long sur ce qui a précédé.
En dehors de Strelkov, dans la vie courante ici, nous sommes libres comme l'air, personne ne nous emmerde, ce n'est déjà pas mal. S'il y a des manifs, on ne défigure pas les gens, on ne leur arrache pas un oeil, ou la mâchoire, ou la main, comme on l'a fait en France pour tant de gilets jaunes. A part le mondialiste Sobianine à Moscou, personne n'a fait régner la terreur au moment du covid. Les malades étaient soignés. Les restaurants, les cafés, les exploitations agricoles fonctionnent et les petits patrons ne sont pas acculés au suicide ou à la fermeture. On pratique librement sa religion, sans être en butte à toutes sortes de quolibets ou de provocations, sans incendies d'églises ni destructions de calvaires ou de statues. Je connais plein de libéraux très hostiles au gouvernement, apparemment, personne ne les empêche de parler. Une amie de mon âge venue ici m'a dit: "Je me sens libre et en sécurité". C'est-à-dire qu'en France, elle ne se sent pas libre et pas en sécurité, et quand on n'est pas en sécurité, d'ailleurs, on n'est pas libre. Quand la canaille fait la loi, on rase les murs. On n'ose plus sortir son chien ou se promener le soir.
Que pensent les procureurs de service des ennuis que l'on a faits à maitre Virginie de Araujo-Recchia, arrêtée devant ses enfants, après perquisition à son domicile? Du sort de Julien Assange? Des journalistes et médecins à contre-courant calomniés, persécutés, acculés à la misère, à l'exil? Des journalistes et députés ukrainiens assassinés ou arrêtés, et cela depuis des années, bien avant l'intervention russe? Des gens grillés dans la maison des Syndicats, à Odessa? Des prêtres et des fidèles molestés, parfois assassinés? Des viols et des tortures des bataillons punitifs, des bombardements de civils, soigneusement ignorés pendant huit ans par les médias officiels? Des gens qui sont attrapés au lasso pour être envoyés au front, où leur espérance de vie est de quelques jours? Qui commet des crimes contre l'humanité, qui sera peut-être jugé un jour prochain? Pas sûr que ce soit Poutine, et s'il mérite de l'être, alors en toute justice, il ne faut surtout pas qu'il soit le seul, ou qu'il le soit par des gens qui sont cent fois pires que lui. Si je parle d'inversion accusatoire, c'est que j'ai reconnu, par exemple, des vidéos sur les exactions ukrainiennes au Donbass qu'aucun média de grand chemin n'aurait fait passer à l'époque, et qui sortaient brusquement de l'oubli pour être attribuées aux Russes, j'y ai même vu la preuve que ces infos avaient été connues et délibérément étouffées. Je dirais que jusqu'au Donbass, en 2014, je pensais que nos médias donnaient une interprétation orientée des faits, mais j'ai compris alors qu'ils les passaient sous silence, et recouraient aux reportages fabriqués et aux calomnies, qu'on ne pouvait leur accorder aucun crédit.
Bonjour Laurence
RépondreSupprimerJe me retrouve tout a fait dans ce que vous dites
Comme vous j etais plutot pro US jusqu a la guerre en Irak ou
j ai bascule ds l autre sens,
J ai choisi mon camp bien avant cette date n ayant jamais cru a l UE devenue ce montre froid , pion des intérêts US tel qu il se revele chaque jour un peu plus .
Quant a la France , de puissances moyenne qu elle etait sous Giscard, elle est devenue un astre mort n ayant plus guère de credibilitexni a l interieur ni a l exteieur .
Vision tres pessimiste , certes, mais que faire ? Attendre que le soleil se lève réellement a l est ?
Plutôt que de désespérer ,travaillons au retour du Roi (le comte de Paris , le prince Jean) .
SupprimerBonsoir , comme à votre habitude, excellentissime…!
RépondreSupprimerRien à ajouter.
Que le plaisir de vous lires , ce qui me remplit le cœur … chagriné par ces événements odieux, ici et là … que de drames humains…
Merci à vous.
Grand grand merci