Weekend a Moscou. En chemin, j'ai été arrêtée par la police de la route. Mais c'était juste, visiblement, parce que l'agent s'ennuyait un peu, car, après m'avoir décliné son identité, il m'a demandé si tout allait bien avec un grand sourire, et m'a souhaité bon voyage.
Je voulais voir le père Valentin et sa famille. Sa fille Liena m'a coupé les cheveux. Elle a appris à le faire pour les soldats blessés de l'hopital militaire ou elle travaille comme bénévole. Je venais de me faire encore une fois massacrer la tignasse à Pereslavl. Liena a magnifiquement rattrapé la situation. Je lui ai dit que désormais, je ne voulais plus avoir affaire qu'à elle.
Je prends mal Internet, ici, et je m'en plaignais, elle m'a dit: "Laurence, cela vous fait beaucoup de bien de décrocher un peu.
- Pas du tout, rétorque le père Valentin, quand Laurence est sur Internet, elle est au front!
- Si je comprends bien, père, vous bénissez mon activité ?
- Sans restriction ! "
Après l'église, j'ai entrevu Dany à la chocoladnitsa. Puis je suis allée acheter du matériel de dessin. Je marche incontestablement beaucoup mieux, je descends normalement les escaliers, j'arrive même à me relever quand je m'assieds dans une baignoire !
Le dessin, c'est pour décrocher, comme dit Liena, car mon activité bénie me perturbe souvent beaucoup. Je vois se briser sur mon âme des vagues de souffrance venues de partout. Les soldats, les civils martyrisés, l'Eglise persécutée, les animaux abandonnés et maltraités, les enfants massacrés ou vendus et même les histoires personnelles des uns et des autres. Quand je dessine dans la nature, ou avec de la musique, je panse mes plaies intérieures. Zélia clame, devant les enfants de Palestine, tirés comme des lapins, bombardés, affamés, sa haine de toute espèce de Dieu qui permet ce genre de chose. Cathy me cite la mère Hypandia: le monde est au pouvoir du malin. L'argument de Zélia, est celui de tout athée occidental, et c'est celui d'Ivan Karamazov, dans sa célèbre conversation avec son frère Aliocha. Effectivement, la tragédie et la souffrance sont inhérentes au monde, qui me paraît, à bien des égards, si adorable et magnifique par ailleurs, et je n'ai jamais pu m'y habituer. Je distingue pour ma part, le monde, au sens religieux, c'est-à-dire la dimension sociale de l'humanité, et tout ce qui s'y passe, et le cosmos, c'est-à-dire l'univers, la nature, le milieu de l'homme, avec lequel tous les ponts sont rompus. Cependant, même si ce cosmos est beau et noble, sans notre intervention, il est quand même tragique, de part la loi de l'entredévoration qui préside à la vie. C'est une vaste question. Les saints commettent aussi des péchés, parce qu'en réalité, le péché est inhérent à la vie, et c'est ce qui amène certains chrétiens, à rejeter toutes les manifestations de celle-ci, y compris celles qui sont saines et inscrites dans notre physiologie. Je peux dire que je me suis pris la tête là dessus toute ma vie. Mais il y a une chose dont je suis certaine depuis longtemps, c'est qu'on ne peut s'adresser à Dieu comme si l'on avait affaire à un mauvais chef, à un mauvais ingénieur, à quelqu'un qui, du fond de son bureau céleste décide de notre destin à tous, comme un hyper président des USA en costar, une projection de ce que nous sommes devenus. Je pense à cette vieille dame qui avait confié au père Valentin: "Au moment de la révolution, j'ai su que la beauté était en train de quitter ce monde". Mais si la beauté le quitte, c'est que Dieu s'en retire. Et le laisse tout entier au malin, du moins pour l'instant. Parce que c'est le malin que nous avons choisi et que nous continuons à préférer, et qu'à Dieu, nous ne laissons plus de place. Crier sa haine de Dieu revient à se donner au diable, à choisir son camp et à accroître son emprise sur l'ensemble de la Création. Dieu, lui, s'est incarné pour naître dans une étable, a vécu avec nous comme un vagabond, il a partagé la mort avec nous, sous une forme particulièrement cruelle et injuste; c'était pour lui la seule façon d'apporter à ce monde la rédemption et la promesse d'une transfiguration, de l'accomplissement de ce qu'il recèle d'infiniment beau, et de bon, et cela, il ne peut le réaliser sans nous, sans notre participation et notre acquiescement. Sur les raisons de cet état de choses, je n'ai pas de réponse, cela dépasse de très loin l'entendement humain. Mais je sais que Dieu souffre avec chacun de nous, et que lorsque je souffre avec quelqu'un, c'est lui qui souffre en moi. C'est pourquoi on ne peut éviter de souffrir, à moins de se fermer à la compassion, et à l'amour, et de se retrancher de Dieu, quels que soient les idéaux proclamés par ailleurs.
Le magasin de fournitures pour artiste se trouve dans un quartier ancien encore très joli. J'y ai vu beaucoup de jeunes gens, mignons, rieurs, détendus. Je pensais à une vidéo de la jeune scientifique Gabrielle, installée à Moscou. Elle explique à ses détracteurs qu'elle se sent en sécurité dans un environnement propre et facile à vivre, où elle peut parler librement, sans se faire traiter de facho, de raciste, de réac ou de femme objet, ni se faire poursuivre et insulter par des migrants exotiques en pleine misère sexuelle. J'observe qu'elle a du mal à se faire entendre, même de ses soeurs. Je connais le problème. Et pourtant, dans mon entourage, nul ne peut nier que le conflit en Ukraine se préparait au moins dix ans en amont, puisque j'en parlais déjà, et qu'on me répondait superbement: "Cela ne nous intéresse pas, c'est loin, l'Ukraine".
J'étais évidemment malade de voir ce qui se passe en Géorgie, l'attaque surprise des cancrelats islamo-sionistes libellés OTAN en Syrie, mais Dieu merci, les Géorgiens n'ont pas l'air de vouloir se laisser faire, en dépit de tous les petits pinocchios stupides qu'on leur met dans les pattes pour sauver le malfaisant pouvoir de la pègre supranationale. Et les Syriens, dirait-on, réagissent, mais il est parfois difficile de démêler le vrai du faux. J'ai été conquise par le candidat roumain qu'on n'attendait pas. Apparemment, le peuple commence aussi à comprendre ce qu'on lui prépare. Pourvu qu'il n'arrive rien de fâcheux à cet homme, pourvu que les Roumains tiennent bon... Toute la clique malfaisante ne connaît plus de frein, et comment y a-t-il encore des gens pour ne pas voir ce qui se trame et qui porte partout la discorde et la violence?
“Je regarde ce que les francs-maçons ont fait de Notre-Dame de Paris (et quand je dis cela, je parle en connaissance de cause : j'ai entendu le Grand Maître de la GLDF en personne, Marc Henry, se vanter d'avoir rebâti, lui et d'autres obédiences, la cathédrale !) et je suis horrifié. C'est luciférien, au sens propre et aseptisé du terme : c'est sur-éclairé. Il n'y a plus de place pour l'obscurité, donc pour le mystère et la prière. Une bougie, par exemple, ne pourra plus brûler ni éclairer. C'est fini (et je parie qu'ils vont les interdire pour cause de risque d’incendie).
Tout est blanchi, aurifié, calcairisé, nettoyé à la chaux, muni de détecteurs, éclairé dans le moindre détail. C'est un massacre. On ne peut pas prier là-dedans. C'est devenu un musée. Les deux cours des sculptures du Louvre!
Moi, je me souviens très bien de l'ancienne ombre du lieu, et de la fraîcheur, de l'intimité avec Dieu, que celle-ci permettait. Et le dessin animé "Le Bossu de Notre Dame" de Disney, malgré ses imperfections et excès, a au moins le mérite d'avoir reproduit fidèlement l'obscurité de l'intérieur de Notre Dame. Le seul moment où je l'aie vue briller de mille feux, c'était - et ça devait le rester - lors de la messe de confirmation des 400 néo-catéchumènes (j'étais parrain de Mélanie). Et sans doute à Pâques, évidemment (le transept se devait d'être lumineux).
Mais une cathédrale, et à plus forte raison dédiée à la Vierge Marie, pour rester priante, ne doit pas être sous le feu des projecteurs ni éclairée comme un Château de Versailles. Ce n'est pas la Cour de Louis XIV ! Ce n'est pas un lieu de prestige, clinquant, bling-bling. C'est un lieu de prière et de dialogue obscur, silencieux, ombragé, en compagnie de la Vierge. Jadis, elle était mon coin d'ombre, de fraîcheur, d'intimité, d'oraison, d'isolement, quand dehors la canicule frappait. Maintenant, plus personne ne pourra s'y cacher avec Dieu.
Les francs-maçons et Macron ont tué Notre Dame. Et vous pouvez être sûrs que la majorité des catholiques et des évêques n'y verront rien, et joueront les éblouis, les illuminés..."
C'est, après son assassinat, la momification de la France.
Très beau texte. Alexandre dumas dénonce déjà la momofication de l’Alhambra.
RépondreSupprimerLe processus était déjà en route...
Supprimer