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vendredi 20 septembre 2024

Dans mon coeur

 

Ce matin, Georgette avait mal, et je n’avais plus d’analgésique. D’ailleurs, à quoi bon bourrer d’analgésiques un chat qui se meurt ? Même sans vives souffrances, elle était si faible, incapable de manger ni de se lever. Hier soir, elle m’appelait sans arrêt et me prenait la main entre ses pattes, je lui disais combien je l’aimais, il me semblait qu’elle allait enfin mourir. Mais non. Je l’ai prise avec moi, sur mon lit, elle a dormi collée à moi. Au matin, elle s’est mise à souffrir, et du coup, moi aussi. Je suis allée avec elle chez le vétérinaire : «Vous êtes décidée à la laisser partir ? Nous sommes responsables de ceux que nous apprivoisons, et cela suppose aussi de les laisser partir quand c’est le moment». Oui, j’étais décidée, je ne voyais plus aucune raison de lui imposer cela. Au départ, c’était pour ne pas l’effrayer, je demandais à la vétérinaire de venir faire cela chez moi, mais elle ne l’a pas fait. Je l’ai prise dans mes bras, et à mon avis, l’anesthésie a suffi à l’envoyer dans l’autre monde, elle est partie calmement. La vétérinaire et son employée avaient l’air de penser qu’il était grand temps, mais d’un autre côté, elles ne m’ont vraiment pas aidée à franchir le pas. Elles m’ont épargné plus que ma chatte, et ce n’était pas ce que je leur demandais.

De retour à la maison, je me suis assise au soleil sur la terrasse, avec Georgette, dans le fil d’un frais vent d’automne doré, et je l’ai câlinée, je lui ai dit adieu, je la sentais soulagée, il me semblait presque l’entendre ronronner, elle était toute chaude et toute souple, mais si maigre... Je l’ai enterrée sous le lilas, bien enveloppée dans un de mes tee-shirts. Et je suis restée assommée, sur le hamac, sans elle, dans mon jardin encore fleuri et lumineux, mais elle emporte l’été avec elle, la température va descendre rapidement jusqu’aux gelées nocturnes, il n’y aura plus ni fleurs, ni papillons, ni abeilles. Robert est venu prendre sa place sur moi, Rita est montée le rejoindre dans la nacelle, Rom s’est approché pour se frotter contre moi. J’étais hébétée, et en paix, il me semblait qu’elle était là, et qu’elle était délivrée, je lui ai dit que je l’avais prise dans mon coeur pour l’éternité. Mais plus tard, la tristesse m’a complètement submergée. Je revoyais toutes les déchirantes péripéties de ces derniers jours, nos échanges, son pauvre museau tout maigre, et je n’arrivais pas à comprendre comment tout cela avait pu se passer, entre cet été, où ma Georgette joufflue menait sa petite vie discrète, et cette horrible semaine. Il y a vraiment quelque chose de profondément tragique dans le seul fait de vivre. 

Une amie me dit que Blackos, dans son imitation du comportement de Georgette, m’était envoyé par mon ange, qu’il me montrait ainsi comment il allait m’aider à surmonter mon chagrin.

Blackos




4 commentaires:

  1. Bonsoir Laurence. Vous avez tout bien fait. Votre Georgette est toujours là, dans votre cœur. Elle a vécu un dernier été avec vous. Vous avez partagé tous ces bons moments.
    Encore plus, pourquoi faire ?
    Peut-être vous seriez-vous lassées, l'une comme l'autre, épuisées.
    Elle vous a ménagée. C'est une sacrée chatte, cette Georgette !

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  2. Paix à Georgette et paix à Laurence. Blacks te montrera comment tu dois faire. Tendres baisers !!!

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