La Théophanie, le baptême du Christ, avec la bénédiction des eaux, est l'une de ces fêtes radieuses du Saint-Esprit que j'aime particulièrement, et celle-ci est aussi l'anniversaire de mon passage dans l'Eglise orthodoxe, il y a fort longtemps. En principe, c'est en Russie le moment le plus froid de l'année, et on se croirait au mois de mars. Je n'ai pas vu un hiver pareil depuis le premier que j'ai passé en Russie, 94-95. Plus un moins un, la pataugeoire, la patinoire. Au moins avons-nous aujourd'hui un peu de lumière. J'étais dans l'église Znamenié, l'église du Signe, car le père Sergueï m'avait conviée à chanter pour ses paroissiens. Du coup, on m'a proposé d'aller chanter aussi au monastère saint Nicolas. Je vais rétablir la tradition russe des joueurs de vielle sur le parvis des églises! Mais je n'étais pas sur le parvis, j'étais au chaud dans le réfectoire, au milieu de gentilles vieilles ravies, et l'on m'a offert un gâteau à la confiture maison, pour prendre le thé avec des copines. Il y avait Katia, car c'est d'elle que l'initiative provient, et elle chante au choeur. Il manque quelques voix d'hommes, mais quand même, les femmes à la manoeuvre ne s'en tirent pas si mal.
Je me suis confessée à un vieux prêtre qui avait l'air très bon, mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. J'avais l'impression que ma liste de péchés ne lui paraissait pas assez complète. Il faut dire que je me confesse sans arrêt, puisque la recommandation unanime, depuis le père Valentin jusqu'à l'évêque, est de communier de même. Mais le père Valentin, comme le père Placide, trouve que dans ces cas-là, on peut se confesser moins souvent... J'ai l'impression d'être dans un état spirituel globalement déficient, mais je n'ai à raconter que des peccadilles quotidiennes, à la limite, on a parfois l'impression que le simple fait de vivre est un péché en soi et je n'ai pas la force de la perfection, maintenant moins que jamais. Je suis tourmentée par des visions d'horreur, des cruautés à l'égard des gens, des animaux, des enfants, et spécialement à l'église, quand j'essaie de prier, mais je ne sais pas comment caractériser cela, car ce n'est pas moi qui les commets, quoique selon la conception dostoievskienne de la responsabilité collective.... Je suis révulsée par ce que je vois et entends de toutes parts, et cela va de la chatte abandonnée dans la forêt avec ses petits aux petits vieux torturés avec leur chien dans leur cave par des ukrotaniens, dans la région de Koursk. Je ne supporte plus toute cette souffrance, toute cette vilenie et toute cette stupidité, et je ressens parallèlement l'inanité de mes sentiments à cet égard, un fétu de paille d'empathie impuissante et horrifiée dans un torrent de boue, de larmes et de sang. Je voulais adopter une chatte du Donbass qui ressemble à Georgette, mais il y a aussi deux chattes, ici, qu'une adoption sauverait, et des chiens, des petits, des gros. Les gros, c'est exclu, car avec la méchanceté d'une partie de la population qui élève ses enfants dans la peur panique des animaux, et l'absence totale de respect envers le vivant, c'est la chaîne ou les problèmes, j'ai vu ce que cela donnait avec Rosie. Les animaux en détresse sont souvent très jeunes, et moi non, j'ai peur de les laisser derrière moi. Hier, j'ai mis des papiers, avec le nom des différents animaux dont le sort me préoccuppe, dans une boîte, et au dernier moment, j'ai rajouté un papier blanc, et puis j'ai prié et fait mon signe de croix, et j'ai tiré au sort. C'est le papier blanc qui est sorti. J'aurais bien voulu sauver Georgette numéro deux, ou Boussia, ou la ravissante petite noire, mais Dieu me répond de rester tranquille, c'est la raison pour laquelle d'ailleurs, entre toutes ces détresses, je n'arrive jamais à me décider. J'ai encore quatre loustics à entretenir puis à enterrer, sans compter Rita. La fin de Georgette a été pour moi une telle épreuve que j'en suis tombée malade, après ces jours passés à la veiller, le coeur serré en permanence comme dans un étau. Mais je suis triste de cette réponse. Comme si j'avais commencé à mourir. Ce n'est pas une tristesse négative, il y a juste des amarres à larguer, peu à peu.
J'ai rencontré deux promoteurs dans une pizzeria qui est leur quartier général, car j'aide une amie à acheter quelque chose ici. Et du fond de la salle arrive une cliente qui me prend les mains: "Vous êtes Laurence Guillon? Merci infiniment pour les deux tomes de votre journal qu'on m'a offert et que je suis en train de lire!"
Ca fait plaisir! J'aurai attendu soixante treize ans ce début de reconnaissance, mais ça fait plaisir.
De plus, l'un de mes promoteurs, au vu de l'expo que j'ai ouverte sur Telegram, va m'acheter un pastel! Son partenaire m'a offert du cognac arménien qui pourra servir pour mon anniversaire. Mon plombier Rouslan aussi m'a pris une vue automnale du marécage, il ne cesse de me dire qu'il est dorénavant mon plombier personnel, toujours à mon service, car il est enchanté de la façon dont j'ai parlé de lui sur mon blog.
Il y aura bientôt une pannychide à la Laure pour le neuvième jour du départ de la matouchka Alexandra, mais, en dépit du fait que j'ai beaucoup aimé les moines qui l'entouraient et la beauté de leurs chants, je ne me sens pas le courage d'y aller avec le temps qu'il fait, les gerbes d'eau sale et les plaques de verglas. Me rendre à ses funérailles a été mon exploit de l'hiver. J'en ai été bien récompensée, très au delà de mes mérites, mais là, je cale.
Devant les prétentions de Donald Trump sur le Groenland, je pense à ceux qui auraient pu espérer trouver un asile peinard dans cette grande île nordique. Cela aurait pu m'arriver, si je n'étais si profondément attachée à la Russie. Le Groenland, ou bien l'Islande. Eh bien c'est raté! Maintenant, le seul asile possible, après l'arche russe, c'est la Jérusalem céleste.
En réalité, de la part de Donald, cela semble logique, il se replie sur sa zone de proximité immédiate, et puis il y a l'Arctique... Dany me dit qu'alors, ce sera la confrontation directe avec la Russie. J'aime autant la confrontation directe que de voir des Ukrainiens à la cervelle rincée en guerre avec les Russes pour les intérêts d'une mafia de milliardaires et la satisfaction de vindictes stupides et de haines irrationnelles.
De plus, l'Amérique n'est pas si florissante non plus, elle fiche la pagaille partout, mais face à la Russie, pas sûr qu'elle fasse des miracles. Voir flamber Hollywood a quelque chose d'apocalyptique. On peut se demander là encore si certaines créatures des ténèbres ne sont pas à la manoeuvre. Les gens ont l'impression que l'apocalypse tombe du ciel, mais non, il y a longtemps que j'ai compris que l'humanité était assez folle pour se détruire elle-même. Le diable est un esprit qui agit par nos mains.
Il semble que les pays de l'est, moins ramollos, finalement moins formatés, parce que restés plus traditionnels, commencent à réaliser dans quel piège ils sont tombés. En Roumanie, les machinations de l'UE ne passent pas, et les gens manifestent contre les manipulations de leurs élections, pendant que les bobos imbéciles fêtent la mort de le Pen, comme s'il n'y avait pas mieux à faire...
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