J’ai fêté hier mon anniversaire. Dans l’église du père Ioann, on m’a chanté « Longue vie ». Le soir, je recevais mes amis dans le bar, sous le café la Forêt, avec Gilles et sa femme, et puis l’efficace et serviable Vitalina. J’avais limité plus ou moins aux plus proches, quelques uns n’ont pas pu venir. Ce qui me fait plaisir, c’est qu’ils étaient très contents, et l’événement leur a permis de se rencontrer, beaucoup ne se connaissaient pas encore. Ce qu’ils ont tous à peu près en commun, c’est d’être naturels et vrais. J’ai été très gâtée, couverte de cadeaux et de compliments. Selon la tradition russe, chacun y est allé de son couplet. Le père Ioann m’a demandé ce qui me manquait dans la vie. J’ai répondu : «Un mari et des enfants, mais c’est trop tard !
- Il y a les
enfants biologiques et les enfants spirituels. En réalité, vous êtes une sorte
de marraine pour pas mal de gens, chez nous, que vous unissez et que vous
encouragez, et même dans notre paroisse, vous êtes présente, nous avons un peu
de France chez nous, cette belle icône de l’Archange Saint Michel que vous nous
avez offerte ! »
En réalité,
c’est un peu vrai. Je suis à la fois seule et très entourée. Mes amis de Moscou
me manquent, en ce genre d’occasions, mais chaque fois que j’ai fêté mon
anniversaire là bas, je suis tombée, au retour, dans une catastrophe
climatique...
Lara a parlé
de mes livres et de leur « musique », et en effet, je suis très
attentive à la musicalité des textes, qui passe apparemment bien à la
traduction. Katia a évoqué le moment où nous nous sommes rencontrées, dans ce
même café la Forêt, un moment que je n’ai pas oublié : en entrant, je n’ai
vu que son joli sourire, qui m’était destiné, car elle voulait faire ma
connaissance et m’avait reconnue, avec mon petit chien : « Laurence
est une personne très bonne et très sensible, elle souffre avec et pour les
autres ».
Je souffre avec et pour les autres, mais cela me rend souvent agressive, car j’en veux à ceux qui font souffrir ou détruisent, par méchanceté parfois, le plus souvent par stupidité, au lieu de passer au dessus de cela, et de commencer à les plaindre; d’ailleurs, même si je les plains, je les traite de crétins finis, de butors et d’emmerdeurs. Je suis blessée en même temps que leurs victimes. Et de plus, on ne peut pas dire que cette compassion serve à grand chose, car ce que je peux faire pour remédier à ce qui me révulse est très limité, si on excepte la prière, bien entendu. Et je le fais en râlant et maudissant. Dieu connaît mon coeur et ses vrais sentiments mieux que moi...
Le père d’Ania
Ossipova, qui est communiste, a déclaré qu’il était profondément touché de voir
une Française avec une âme russe : «Je vous ferai à tous la concession que
c’est sans doute Dieu qui la lui a donnée, car je ne vois pas d’autre
explication ! Moi qui connais les deux, quitter l'Europe pour la Russie n'est pas une mince affaire! J’apprécie tout particulièrement que les premiers Russes que
Laurence ait vu dans sa vie, ces cinéastes venus d’Union Soviétique, ne l’aient
pas déçue et qu’elle ai trouvé en eux une bonne raison de nous aimer ! J’en
suis reconnaissant à ces deux gaillards ! »
Pacha le
cosaque qui avait apporté mon icône de saint Michel au père Nikita, à Donetsk,
connaît le fiancé de Katia, et lui a fait passer un colis de cette dernière. Je
lui ai glissé dans les commentaires de sa page de saluer le « Chat »
de ma part. Hier, le Chat m’a souhaité mon anniversaire par l’intermédiaire de
Katia... J'ai eu aussi un coup de fil de mon père Valentin et de sa fille Macha.
Le père
Andreï était trop fatigué pour venir mais m’a supplié de l’inviter dans les
quinze jours avec sa grande copine, la vendeuse de cierges Natacha, ce que je vais
faire scrupuleusement.
Avec ma
candidate à l’émigration, nous avons discuté des réparations à effectuer dans
son isba. Elles sont importantes, mais en fin de compte, cela vaut quand même
le coup, et cela reste abordable. Elle a beaucoup de charme, un beau terrain,
et elle est très bien située. Nous en avons vu une autre, mais aucune envie d’y
vivre, c’est en meilleur état, mais sans goût, avec une très mauvaise
utilisation de l’espace, comme c’est souvent le cas ici. Et l'emplacement n’est
pas aussi pratique.
Son isba sera très jolie, agréable à vivre, et l'environnement n'est pas affreux, ce qui est ici bien appréciable.