Notre drôle d’hiver se poursuit. Jusqu’au milieu du mois, on ne prévoit pas de chutes de neige. Tout a pratiquement fondu. J’espère que nous n’aurons pas un printemps glacial. Quand je vois des vidéos ou des photos du midi, j’en ai le tournis. Je donnerais tout-à-coup n’importe quoi pour me trouver dans l’Ardèche, la Drôme ou le Gard.
Mon amie est allée commander son passeport russe au service d'immigration. Les employées qui nous ont reçues m'ont demandé pourquoi je n'avais pas amené ma petite chienne. Je l'avais laissée dans la voiture. "La prochaine fois, ne l'oubliez pas!" Je suis connue comme le loup blanc, maintenant, dans cet établissement.
Les
événements deviennent de plus en plus fantasmagoriques. Gaza a été complètement
rasé, c’est un champ de ruines, sous lesquelles gisent on ne sait combien de
cadavres ; les gens y étaient tirés comme des lapins. J’ai vu des
chaussures d’enfants avec le pied encore dedans, au milieu des gravats, des
gosses amputés, brûlés, c’est invraisemblable ce qu’on a infligé à cette
population. Et Trump déclare qu’il va faire de Gaza une Riviera américaine, et
qu’il faut dispatcher les Palestiniens dans d’autres pays, où ils seront
beaucoup mieux ! On peut les envoyer en Europe, par exemple, c’est à ça qu’elle sert, l’Europe, cela
s’inscrit d’ailleurs dans le programme de métissage forcé. Qu’en pensent
les imbéciles de droite qui soutiennent Israël contre le « péril
islamiste », sans voir que ces musulmans-là étaient chez eux, et que nos
« alliés » les forcent à aller s’installer chez les
autres ? L’asticot à lunettes qu’a
produit le crapaud baveux et venimeux de la famille Soros se conduit en maître,
donnant ses instructions à la Hyène de Bruxelles, au Nécron parisien. Il ne se
cache même pas. Plus personne ne se cache. Il faut être plus que sourd et
aveugle, il faut être mort, pour ne pas voir que se passe et ce qui nous
arrive.
J’imagine
cette Riviera de Gaza, construite sur tant d’horreurs, avec tours de verre,
lumières clignotantes, avenues, bagnoles, restaurants, bars, casinos,
majorettes tout ce bataclan de la culture du fric, mais pour rien au monde je
n’habiterais cet endroit maudit, j’aurais trop peur de me recevoir un déluge de souffre sur la tête. Je
n’irais même pas y passer mes vacances.
Ce programme
est valable aussi pour l’Ukraine, la nettoyer de ses slaves comme on a nettoyé
la Palestine de ses Arabes ou l’Amérique de ses indigènes ne fait pas peur à
ces gens, c’était leur but depuis le début. Ils ont le même dessein envers la
Russie, et quand à l’Europe, à moins d'un miracle, sa population d’origine, d’ici cinquante ans, sera
soit passée en Russie, ou au Canada, ou en Australie, soit résiduelle et complètement
abrutie.
Les pays et
les peuples sont interchangeables pour les prédateurs hors sol de
la caste. Des espaces à exploiter, hantés par des hordes de sous-hommes qu’on
chasse ici et là.
Xioucha me dit que néanmoins, une amie libérale continue imperturbablement à soutenir les pires ennemis de sa patrie et à encourager en ce sens les jeunes de son entourage. Elle m’a envoyé l’interview d’une ravissante jeune femme, autrefois contestataire, pas vraiment libérale, mais contestataire par contagion, et parce qu’en réalité, il y a toujours quelque chose qui ne va pas, des causes valables à défendre, des critiques justifiées à exprimer, et il suffit de chauffer les gens pour les pousser dans la rue quand on le désire. Et puis le Maïdan lui a dessillé les yeux. Et une information sur la situation tragique des civils à Pervomaïsk, dans le Donbass, qui imploraient de l’aide humanitaire. Elle ne l’avait pas repércutée tout de suite, par manque de courage, avoue-t-elle, puis elle l’avait fait, sur son blog et avait provoqué un véritable lynchage médiatique de libéraux furieux. Piquée au vif, et ne voyant pas se manifester de bénévoles compétents, elle se chargea elle-même de rassembler cette aide et de la convoyer, sans savoir du tout où elle mettait les pieds, et depuis, n’a pas cessé de le faire, perdant la moitié de ses amis et en retrouvant d’autres. Elle avait ouvert les yeux sur la réalité, en voyant une grand-mère tituber sur la glace au milieu des ruines, et en écoutant les gens sur place. https://rutube.ru/video/5b3c635741804ec623d19db4d12003a8/?r=wd
Cette jeune
femme est très jolie, très sympathique, très naturelle, et par ses expressions,
me rappelle les filles de la famille Asmus, elle a la même charmante spontanéité, la même authenticité. Je me demande de quelle manière est
gaulée la cervelle de ces gens intelligents, créatifs et diplômés, qui sont
allés jusqu’à ne plus la fréquenter, préférant le discours admis dans leur
milieu à leur amitié pour elle, sans avoir même cherché à comprendre si ce
qu’elle disait n’était pas davantage digne de confiance que ce que racontent
les agents médiatiques d’une puissance étrangère. Elle a tenté de convaincre
des amis journalistes de l’accompagner, pour voir ce qu’elle avait vu : le
résultat du Maïdan, les populations du Donbass bombardées, les gens cachés dans
des caves, sans eau, sans électricité, sans chauffage, sans nourriture... Non.
Ils ne voulaient pas prendre le risque d’avoir à réviser les positions admises
et de s’aliéner le milieu d’intellectuels distingués auquel ils appartenaient.
De sorte qu’elle a commencé à analyser les processus d’autosuggestion en
oeuvre, chez eux, et aussi chez elle, la petite lâcheté qui, lorsqu’elle
faisait déjà régulièrement de l’aide humanitaire, la retenait de l’étendre aux
soldats, parce que, tant qu’elle ne se préoccupait que des civils, quelques uns
spouvaient encore le lui pardonner. C’est quelque chose que je ressens aussi, ces
considérations que parfois je ne fais pas, pour ne pas choquer des amis, par
exemple. C'est la somme de ces consentements et de ces démissions qui permet parfois de grandes injustices et de terribles massacres.
J’ai été confrontée à ce type de gens et de problèmes depuis 1968 jusqu’à nos jours. On appelait cela le terrorisme intellectuel. Un esprit de secte qui réécrit la réalité, et décrète qui est bon, qui est méchant, qui est fréquentable et qui ne l’est pas. Ce « libéralisme » mène obligatoirement à la tyrannie. Ces Russes qui ne veulent pas savoir sont les complices des assassins de civils au Donbass, de ceux qui méditent la perte de leur patrie depuis trente ans, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, en symbiose. Nous avons les mêmes en France. Jusqu'à mon déménagement ici, je me heurtais à un véritable mur quand je parlais de ce que je voyais, lisais et traduisais. La guerre, je la sentais venir gros comme une maison, on la préparait en martyrisant le Donbass, déjà vendu à la famille Biden et autres malfaiteurs.
Il faisait
si beau, aujourd’hui, qu’étourdie par la lumière, je suis allée me promener
avec Tania dans le marécage. Des oiseaux chantaient à tue-tête, le soleil
chauffait. Février est déjà tourné vers le printemps, il est cette année
exceptionnellement tiède. Il n’y a pratiquement pas de neige, le lac, encore
gelé, brille d’un éclat d’opaline. Tout est si paisible et si radieux, en dépit des tourmentes planétaires...
Chateaubriand
m’enthousiasme, c’était vraiment un grand seigneur. Quelle élégance de moeurs,
d’âme et de style! Et dire qu’il écrit tout cela un peu plus d’un siècle
avant ma naissance... C’était hier, et c’est si loin. Il parle de ces
caractères, qui lui paraissent déjà trop forts et trop grands pour l’époque
rétrécie où ils sont contraints de vivre, ce qui annonce l’albatros de
Baudelaire. Que dirait-il, s’il voyait où nous en sommes ? Son
arrestation, sous Louis-Philippe, est un grand moment. Avec quel calme, quelle
exquise politesse, il s’adresse aux gnomes venus s’en charger, et qui ne sont
pas dignes de sa fureur ni de son indignation, avec quelle sollicitude il
ménage « madame de Chateaubriand », qu’il avait pourtant épousée sans
inclination particulière, mais à laquelle il témoigne toujours beaucoup d’affection
et de respect. Vraiment, je suis fière de la France qu’il représente, c’est à
elle que j’appartiens encore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire