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Le tsar tel que je l'ai vu et dessiné |
A la lueur du livre que je lis, "Ivan le Terrible en tant que figure religieuse" d'Alexandre Dvorkine, il
semble que le tsar Ivan était beaucoup plus sombre que je finissais par le penser, sous l'effet de toutes sortes de révisionnismes, prétendant qu’on l’avait noirci, calomnié,
qu’on ne trouvait pas trace de certains massacres mentionnés ou que le nombre
de ses victimes était inférieur à celui des victimes d’Henri VIII ou des
guerres de religion. Oui, sans doute, on a noirci le trait, mais il n'est en aucun cas le saint que certains présentent et voudraient officiellement canoniser. L'auteur analyse de près ses propres
écrits, il semble que le tsar ait été vraiment très atteint par un orgueil immense
qui étouffait en lui tout autre sentiment humain, et en particulier
l’empathie.
Ce qui est nouveau, dans
cette thèse, c’est qu’elle présente l’Opritchnina comme une hérésie de type
occidental. C’est-à-dire qu’on explique généralement les cruautés d’Ivan le Terrible par le « tempérament
asiatique des Russes », on le présente, par rapport à Pierre le Grand,
comme une sorte de khan mongol, or comme Pierre le Grand qui, d’ailleurs, le
louait, il était influencé avant tout par l’Europe, c’était l’Europe qui lui en
mettait plein la vue, par son avance technique, par sa puissance économique et
militaire, et s’il se détournait de la Grèce ce n’était pas tant pour la raison
qu’elle avait des tendances uniates, c’était parce qu’elle avait été vaincue,
or il avait à l’esprit l’idée protestante, judaïque ou disons
vétérotestamentaire, que l’élection divine était consacrée par la prospérité matérielle.
Ainsi fut-il tout à fait déconfit de voir son entreprise rencontrer de sérieux
revers, ses armées être défaites. Il avait très sérieusement conçu l’Opritchnina
comme un monastère dont il était l’higoumène, avec le terrible serment etc. Il
voulait créer une sorte d’équivalent de l'ordre des chevaliers teutoniques. Il pensait que
seul le pouvoir total et sans limites de sa personne, appuyé par ses moines
soldats, pouvait garantir à son pays le salut non pas seulement matériel, mais
même spirituel, puisqu’il se voyait quasiment comme le représentant de Dieu sur
terre, ou du moins son seul interlocuteur valable dans le pays. Comme il était
d’un pessimisme noir et ne pouvait croire en personne, il estimait que les gens
ne marchaient qu’à la terreur, qu’ils étaient incapables de se conduire
normalement sans la schlague.
Je
ne trouvais pas de folie dans ses lettres, mais en réalité, elle est dans l’idée
même de ce monastère, de la toute puissance de son "higoumène", de sa position exceptionnelle, une folie froide qui n’empêchait
pas de prendre des décisions politiques astucieuses, une folie idéologique,
dont nous avons eu par la suite de regrettables exemples.
Il
est naturellement compréhensible que le métropolite Philippe n’ait jamais voulu
bénir ses entreprises…
Ce
qui me sidère, c’est que le peuple russe, lui, qui, jusqu’à une date récente et
peut-être même jusqu’à aujourd’hui, n’est pas du tout un peuple violent, qui, à
l’époque, était à la fois ontologiquement chrétien et ontologiquement païen, entre
la foi évangélique et le conte de fée, ou l’épopée, qui avait un idéal médiéval
d’accomplissement spirituel, et le plaçait au dessus de tout autre genre d’accomplissement,
qui était très peu matérialiste et surtout contemplatif, ait pu avoir un tsar
comme Ivan le Terrible puis un tsar comme Pierre le Grand. Car ceux-ci, au fond, le méprisaient et voulaient à toutes
forces le violer pour en faire autre chose, même si le tsar Ivan était beaucoup plus conservateur et aussi plus porté aux spéculations intellectuelles, philosophiques, théologiques, moins terre à terre, pratique et technique que son successeur. Thème repris ensuite par les
communistes, mais là, c’est déjà plus compréhensible, dans la mesure où la
plupart des bolcheviks étaient juifs et détestaient ontologiquement la Russie
orthodoxe, paysanne, païenne, féérique, épique, contemplative et poétique…
Pour
certains détails, je ne serais peut-être pas d’accord avec l’auteur, mais pour
sa démarche de pensée, je pense qu’il l’a assez bien cernée, et l’hérésie du
tsar explique le phénomène de l’Opritchnina, et la coexistence chez lui d’une
religiosité sincère (mais à côté de la plaque) et de sa sensualité débridée comme de
ses cruautés. Je disais que c’était malgré tout un idéaliste russe, c'était surtout un idéologue, un intellectuel qui tenait mordicus à sa théorie. Et il est probable que malgré des accès de
remords ou même de détresse, il est mort sans avoir compris dans quoi il s’était
fourvoyé.
Ces
découvertes m’amènent à préciser aussi ma perception de l’occident et de ce qui
lui est arrivé, et comment nous avons pu dériver jusque là où nous en sommes.
Des réflexions aux arrière-plans métaphysiques ou eschatologiques.
La
mentalité qui a fait le succès de l’occident, plus que judéo-chrétienne me paraît judéo-romaine. La
mentalité orthodoxe étant elle hélléno-chrétienne, en considérant que le
christianisme, en soi, est l’aboutissement et la justification du destin d’Israël, et le judaisme , après le passage du
Christ sur la terre, étant représenté par les pharisiens, ceux qui ont refusé ce destin, refusé le
Royaume des cieux au nom du royaume terrestre… Dans tous les aspects de l'occident après le schisme, judéo-talmudiste franc-maçon, protestant ou catholique conquérant, le problème est la dérive qui détourne de la recherche du Royaume des Cieux vers celle du Royaume terrestre, le paradis terrestre fait de main d'homme, la domination de l'homme sur la nature et la matière.
Certains considèrent que les problèmes actuels viennent du christianisme,
lui-même à leurs yeux une forme de judaïsme, alors que le paganisme est respectueux de la
nature et des croyances des autres. C’est une opinion que je rencontre souvent chez des
personnes de droite, parfois à tendance fasciste. La personnalité de gauche s’inscrivant
dans le courant d’un contre christianisme athée, matérialiste inspiré d’hérésies
chrétiennes judaïsantes ou de franc-maçonnerie mâtinée de judaïsme kabbalistique, avec toutes les nuances
idéologiques qui en découlent.
Mais
le paganisme des Romains, s’il tolérait n’importe quelle croyance, parce qu’au
fond, il n’était pas une religion au sens spirituel du terme, mais un ensemble
de superstitions, de rites sociaux et, au mieux, d’idées philosophiques ou de
concepts psychologiques sous forme de divinités et de récits symboliques, n’était
en rien respectueux de la nature, il a pratiquement fait disparaître le lion de
l’Atlas dans les jeux du cirque, et il n’était pas respectueux non plus de la
personne humaine, si elle n’était pas protégée par le statut de libre citoyen
romain qui en faisait un être humain à part entière.
De
son côté, le judaïsme, comme on le voit dans la Bible, si elle n’est pas
couronnée et éclairée par le message évangélique, postule l'existence d'un peuple
élu, dont les membres sont d'une autre essence que le commun des mortels, et puis le reste du monde,
qui peut être conquis, massacré et exploité sans aucun problème.
Au
moment où le Christ s’est incarné, ces deux mentalités régnaient sur le bassin
méditerranéen, et je pense que le moment n’a pas été choisi par hasard, car ces
deux mentalités engendrent un esprit industrieux et prédateur, pragmatique,
matérialiste, impérialiste qui donne inévitablement à ceux qui l’adoptent la suprématie politique
et économique sur tous les autres car il est à la fois redoutablement efficace et implacable. Il est aussi à la base des progrès
techniques et scientifiques dont nous sommes si fiers.
On
s’est d’ailleurs demandé, je m’en souviens d’après mes lectures, comment le
progrès technique n’avait pas débuté alors, dans l’antiquité, d’autant plus que
les Grecs, de leur côté, avaient fait beaucoup de découvertes scientifiques
fondamentales. On envisageait que l’esclavage ait rendu inutile l’invention de
machines qui auraient remplacé la force de travail gratuite alors disponible. C’est
peut-être en effet possible, toujours est-il que tout était là, la matrice du
monde moderne était en place, et le Christ est venu juste à ce moment
annoncer le Royaume des Cieux, la fin des temps, la Résurrection, la Jérusalem
Céleste et prôner l’amour et le désintéressement. Au monde entier, et non plus
au seul peuple juif.
Ce
qui nous a donné environ 1400 ans de répit et de christianisme cosmique avant que cela ne tourne vraiment mal. Les
juifs chrétiens, les Romains chrétiens, les Grecs chrétiens, tout le bassin
méditerranéen et les barbares en contact avec icelui ont relativisé la
domination politique, matérielle sur ce monde déchu pour placer au premier plan
la conquête spirituelle du Royaume des Cieux. Ce qui ne veut pas dire que du
jour au lendemain les loups se sont mués en agneau, ni que le monde fut
dépourvu de conquérants, de marchands, de rois, d’empereurs, de bandits mais
disons qu’un autre esprit régnait. Un autre idéal. Des tas de choses, qui
continuaient à se pratiquer, n’avaient plus de justification, elles n’étaient
plus religieusement licites, comme de vendre ou d’acheter des esclaves ou de
pratiquer l’usure. De tuer, de torturer, de ruiner son prochain. De débaucher
les jeunes filles et les enfants. Autrement, quelle importance ? Vous
achetez un bel adolescent au marché, vous en faites ce que vous voulez, vous le
revendez à quelqu’un d’autre… C’est un esclave, pas un être humain. Pour le
chrétien, le vrai, cet esclave était un être humain, autant que son maître. De
sorte que le serf du moyen âge, par exemple, ne peut pas être assimilé à un
esclave, même s’il n’était pas libre socialement et politiquement.
Cet
idéal fut complètement adopté par les Russes, même lorsqu’ils conservaient
parallèlement un paganisme beaucoup plus imprégné de nature et de respect de
celle-ci que celui des Romains, d’ailleurs. Je dirais que l’idéal chrétien a
peut-être rencontré chez les slaves du nord une innocence et une générosité, un désir d'absolu et une simplicité qui lui correspondaient
particulièrement. Et ils l’ont compris généralement au pied de la lettre, même
si naturellement, beaucoup de pécheurs n’étaient pas fidèles au message, il
reste que pareils au publicain de la parabole, ces pécheurs russes proféraient
à l’église : «Seigneur aie pitié », avec de vraies larmes de
repentir.
A
peu près au même moment s’est produit le schisme qui a séparé l’Europe entre
pays orthodoxes et pays catholiques. Ainsi que le remarquent pas mal de
libéraux russes généralement juifs, les pays orthodoxes ont été conquis par des
peuples moins spirituels, moins chrétiens, beaucoup plus de ce monde, ou distancés techniquement, politiquement et économiquement par les pays d’abord
catholiques puis ensuite, surtout, protestants. Mais ces derniers pays n'étaient puissants matériellement, militairement, économiquement que dans la mesure où ils avaient fait allégeance au prince de ce monde.
Cette
dérive s'est accentuée à la période de la Renaissance, avec l’hérésie
protestante qui déclencha la contre réforme et tout ce qui a découlé de ces
deux faits. Comment est-ce que je vois la Renaissance, et cela depuis longtemps ?
Les occidentaux en sont très fiers, et les Polonais méprisaient les Russes de n’avoir
« pas connu la Renaissance », au contraire d’eux, qui l’ont assez peu
connue du reste. Je considère que c’est une chance pour les Russes de n’avoir
pas connu la Renaissance, et d’ailleurs ils l’ont connue quand même, il s’avère
qu’Ivan le Terrible lui-même était sous l’influence de cette fameuse Renaissance,
de Machiavel, des dominicains, des moines soldats, des inquisiteurs et de cette
déification de la chose politique qui a donné les fruits que l’on sait. La
Renaissance, la Renaissance de quoi ? Et en particulier, en ce qui
concerne la Russie, qui n’avait pas connu l’empire romain, ni le paganisme
antique, mais un paganisme des eaux et forêts plus ou moins chamanique ?
Rien ne me consterne plus que la copie de Versailles faite par Pierre le Grand
avec des figures mythologiques de dieux et déesses qui n’ont de lien que très lointain avec le passé slave païen de
la Russie.
La
Renaissance, même pour nous, alors que j’adore le moyen âge et tout ce qu’il a
créé de si merveilleusement vivant, original, simple, spontané, c’est le retour
à un paganisme hellénistique conventionnel que je trouve généralement ennuyeux et pompier, et à la
romanité pragmatique, légaliste, politique, technique, efficace, sans la transfiguration du christianisme évangélique. La Renaissance a précipité la dénaturation du christianisme occidental à travers une vision protestante vétérotestamentaire et
judaïsante. Cette dénaturation procurait un alibi aux appétits de conquête, territoriales, économiques, scientifiques, au triomphe prométhéen ou même luciférien de l'homme sur la nature en vue de son bien-être ici-bas, de sa jouissance égoïste et de la prolongation infinie d'une existence de plaisirs devenue l'idéal à atteindre: le paradis sur terre. C’est-à-dire que tout est à
nouveau en place, à la faveur de ce retour en arrière vers une antiquité elle-même dénaturée et fantasmée, mais que le Christ étant
déjà venu, et son message trahi ou obscurci, on peut maintenant s’orienter
vers le progrès scientifique et technique et « éteindre au ciel des
étoiles qui ne s’y rallumeront plus ».
Je
passe sur toutes les conséquences en occident, et je me retourne vers la Russie
et Ivan le Terrible. La Russie ontologiquement chrétienne orthodoxe,
ontologiquement inadaptée à ce qui se dessine et s’y opposant, de manière
inconsciente, de toute sa nature agreste, rêveuse, contemplative, anarchique,
nonchalante, de toute sa puissante force d’inertie. Un souverain, par essence,
est un homme porté au pouvoir, le recevoir, le garder, le
transmettre. Toutes ses pensées sont orientées en ce sens : l’économie, la
politique, les intrigues, la guerre, les conquêtes, s’il veut conserver son
trône, il faut conserver ou étendre son royaume et pour cela entrer en
compétition avec les autres qui ne lui feront pas de cadeau, c’est une
certitude. Comment rester un roi chrétien tout en défendant ses sujets, ses
frontières et son trône ? Le pouvoir est une chose terrible et
formidablement corruptrice, c’est pourquoi, à mon avis, il lui fallait être
sacré, il fallait que ce fût un sacerdoce, et que la deuxième tête de l’aigle
contrôlât son vis-à-vis, selon l’optique du métropolite Macaire et l’idée de
la Troisième Rome. On voit aujourd'hui toutes les dérives du pouvoir laïque devenu
inévitablement oligarchique et mafieux.
Dans
un pays de rêveurs et de contemplatifs, de paysans à moitié païens, de fous en
Christ et de cosaques aventureux, ceux qui prennent le dessus sont bien
évidemment les plus rapaces, les plus pragmatiques, les plus astucieux, ceux
qui correspondent le mieux au modèle efficace de l’Occident alors émergent. Et
le souverain devait tenir compte et de cette frange oligarchique, et de ses
concurrents étrangers mieux armés qui pourraient lui déferler dessus.
Je
pense que là est une des clés du comportement d’Ivan le Terrible et plus tard
de Pierre le Grand. Cette compromission avec le diable, tel qu'il apparaît au
Christ dans le désert, pour lui offrir la domination terrestre dont il se
détourne. Dans la mesure où l’Occident s’était peu à peu lui-même massivement détourné du Christ
pour céder à celui qui le tentait au désert, que devaient faire les autres
peuples de la terre ? Disparaître, comme les indiens d’Amérique, se
soumettre, ou bien s’adapter, comme ils le pouvaient, d’une façon parfois
totalement absurde et monstrueuse… J'ai souvent pensé: ah s'il n'y avait pas eu Pierre le Grand, le schisme des vieux-croyants, puis l'abominable révolution... Mais tout cela a eu lieu et peut-être que cela était inévitable, dans une perspective eschatologique, peut-être que tous les martyrs connus et inconnus de la sainte Russie constituent là bas une entité particulière, comme sur le tableau de Glazounov, et que le dernier tsar martyr est à la tête de cette immense procession...
Ma
sympathie personnelle va à la Russie en tant qu'entité spirituelle, culturelle et civilisationnelle, celle qui désespérait ses dirigeants et les
poussait à la martyriser. Je connais des Russes qui, au nom de l’Empire, et de
sa puissance, pardonnent tout aux tyrans et même les vénèrent, d’Ivan à Staline
en passant par Pierre, et marchent joyeusement sur les tombes des martyrs ou des ancêtres, au sens strict d'ailleurs, puisque sous l'Union Soviétique, les cimetières étaient rasés avec les églises pour construire des jardins d'enfants ou autres bâtiments publics. Mais ce n’est pas cela, la sainte Russie, cela, c’est l’Empire.
La Russie qui peut apporter la lumière au monde, et qui l’a déjà fait, du
reste, ce n’est pas l’Empire, c’est la sainte Russie, malgré l’Empire.
Cependant,
sans l’Empire, il n’est pas sûr que la sainte Russie eût pu transmettre au
monde la lumière qu’elle avait gardée. Car elle eût été assez vite conquise,
par les Polonais, par les Allemands, elle aurait disparu, submergée par l’Occident,
alors qu’ainsi, elle a pu rester un Royaume orthodoxe, plus ou moins intact,
jusqu’en 1917. Je trouve significatif et tragique, d’ailleurs, que son tsar le
plus orthodoxe, le plus humain et le plus russe, en dépit de ses origines
étrangères, eût été assassiné avec sa merveilleuse famille par les gnomes auxquels elle s’est
alors donnée…
De
sorte que sans avoir la moindre sympathie pour Pierre le Grand et en
déplorant l’hérésie d’Ivan le Terrible, j’en viens à me dire que ces épisodes
faisaient partie du plan divin en ce qui concerne la Russie et peut-être même l’Europe,
à plus long terme. Car notre monde est condamné, et devant la puissance
démoniaque qui a repris le dessus à la Renaissance pour nous amener là où nous
en sommes, on ne peut que reculer pour mieux sauter. Il faut donc se résigner à sauver ce que l’on
peut et qui l’on peut tant que cela est encore possible. Au cours des cinq
derniers siècles se sont succédées les moissons de justes que fait le Seigneur
avant la fin, les écroulements irrémédiables qui ont préparé notre plongée
actuelle dans un néant ignominieux. Cela fait mal, mais cela fait sans doute
partie du programme, du chemin de croix humain vers la fin, vers le Retour
espéré du Roi…
La
Russie a sauvé, au prix de grandes souffrances et de nombreux martyrs, quelque chose dont nous aurons
besoin, en ces temps ultimes. Quelque chose de saint, quelque chose de beau, quelque chose d’innocent
et de clair, quelque chose de fondamental. A la faveur de son horrible révolution, et de
l’exil de beaucoup de ses meilleurs éléments, elle a ensemencé l’Europe de ce
qu’elle avait de plus précieux. Et maintenant que l’Europe sombre dans les
ténèbres, ces graines de lumière donneront peut être en notre ciel quelques étoiles,
les dernières, celles qui guideront les résistants au sein des tempêtes qui nous attendent.