Nil avait un deuxième jour de congé pour faire du tourisme. Mais il y a longtemps que je n'avais pas vu un mois de septembre aussi pourri. Le chauffage s'étouffait tout le temps à cause des bourrasques de vent, et Nil n'avait pas songé à brancher le convecteur électrique, de sorte qu'il avait pris froid. J'ai fait venir le plombier Rouslan, qui a commencé à entretenir Nil, par mon intermédiaire, de divers sujets philosophico-religieux. Il lui a dit que le pape était noyauté par les corporations transnationales et qu'il allait fonder la "Religion du futur" évoquée par le père Séraphim Rose. Mais la Russie orthodoxe allait faire obstacle à tout cela, car si les Hébreux avaient été le peuple élu de l'ancien Testament, les Russes, par leur respect millénaire de l'Evangile, étaient devenus le peuple théophore. Cependant les moscovites ne comprennent pas ces choses, les moscovites ne comprennent plus rien et à la limite, ne sont même plus tellement russes, même leur langue ne ressemble plus à rien, alors qu'à Pereslavl, on a gardé et la langue, et l'esprit...
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mardi 21 septembre 2021
la laure sous la pluie
Nil avait un deuxième jour de congé pour faire du tourisme. Mais il y a longtemps que je n'avais pas vu un mois de septembre aussi pourri. Le chauffage s'étouffait tout le temps à cause des bourrasques de vent, et Nil n'avait pas songé à brancher le convecteur électrique, de sorte qu'il avait pris froid. J'ai fait venir le plombier Rouslan, qui a commencé à entretenir Nil, par mon intermédiaire, de divers sujets philosophico-religieux. Il lui a dit que le pape était noyauté par les corporations transnationales et qu'il allait fonder la "Religion du futur" évoquée par le père Séraphim Rose. Mais la Russie orthodoxe allait faire obstacle à tout cela, car si les Hébreux avaient été le peuple élu de l'ancien Testament, les Russes, par leur respect millénaire de l'Evangile, étaient devenus le peuple théophore. Cependant les moscovites ne comprennent pas ces choses, les moscovites ne comprennent plus rien et à la limite, ne sont même plus tellement russes, même leur langue ne ressemble plus à rien, alors qu'à Pereslavl, on a gardé et la langue, et l'esprit...
lundi 20 septembre 2021
Hiérarchies angéliques
Cinq petits degrés, vent et pluie. Nous avons visité le kremlin de Rostov. La salle des icônes était fermée, impossible de les voir. Nous avons suivi le chemin de ronde qui nous menait d'église en église autour de cet endroit féérique, et sera bientôt fermé pour l'hiver. Nil regrettait que le café français ne fût pas à Rostov, mais Pereslavl aussi était féérique, avant que son administration et ses habitants ne l'eussent saccégé à ce point, et il n'est pas dit que le même destin ne menace pas Rostov.
Les fresques sont si profuses que l'on peut difficilement tout regarder. C'est un grouillement de scènes bibliques ou évangéliques, de saints, d'auréoles, d'anges et de séraphins, il faudrait éditer des albums, avec des fragments de ces fresques. Quelle lumière, quel mouvement serein, concentré et harmonieux habitent cette foule de personnages divins et paradisiaques... Nul doute que ceux qui les ont peints et ceux qui les regardaient en étaient eux-mêmes perpétuellement remplis. J'entendais les plaintes du vent à l'extérieur, il faisait gris, sombre et froid. Dans la première église, deux types proposaient de chanter gratuitement pour les visiteurs. Je pensais que ce ne serait pas terrible, à voir leur air de fonctionnaires blasés, mais quand ils ont commencé, il m'a semblé que j'étais soulevée dans les airs et j'ai senti monter un afflux de larmes. Le psaume 50: "Aie pitié de moi, ô Dieu selon ta grande miséridorde et dans ton immense compassion, efface mon péché..." C'était un chant très ancien, avec un "isson", une basse continue. Ils étaient seulement deux, et c'était comme si tous ces anges, séraphins et chérubins qui se bousculaient sur les piliers et les voûtes s'étaient mis à chanter en même temps. C'était une façon de nous démontrer quelle acoustique régnait dans les églises anciennes, et de nous pousser à acheter leur disque, mais je crois qu'il se passait quelque chose de plus miraculeux que l'acoustique. Ce chant faisait partie de la routine de ces deux bonshommes. Mais les hiérarchies angéliques présentes sur les voûtes leur faisaient pourtant écho, qu'ils fussent ou non conscients eux-mêmes du phénomène...
Ensuite, nous sommes allés à Godenovo voir la Croix miraculeuse. En dépit de la Croix, et de la jolie petite église de campagne où celle-ci a été cachée si longtemps et où elle est toujours, cet endroit me met mal à l'aise. Ces photos géantes de la famille impériale le long de la route, j'aime profondément la famille impériale, je compatis à son sort affreux, mais ces photos, le simple principe de ces panneaux énormes, me rappelle trop les portraits de Lénine ou de Staline. On a commencé à édifier cette grosse réplique de sainte Sophie de Constantinople qui sera là bas complètement déplacée. On dirait qu'on va faire du sanctuaire de la Croix quelque chose dans le genre de Lourdes.
La dernière fois que j'y étais allée dans les mêmes dispositions, vénérer la Croix m'avait procuré le même sentiment de grâce que l'écoute du psaume au milieu des séraphins et de leur immobile tourbillon. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, Dieu m'avait déjà parlé. J'avais perçu cette symphonie visuelle, ces chatoyantes et immobiles présences dont le mouvement et le foisonnement s'envolaient sur les ailes de ces deux voix devenues multitude...
J'ai fait prier pour les orthodoxes malades que je connais.
dimanche 19 septembre 2021
Mila
Il y a deux jours, j'ai eu la visite d'une ancienne maman de l'école, Mila, et de sa fille Héloïse. J'ai eu les trois enfants de cette famille qui m'a, en plus, acheté mes meilleures aquarelles. Quand je suis revenue en Russie, passant un jour près de l'ambassade, j'ai vu venir à ma rencontre, sur le passage piéton, une femme qui m'ouvrait les bras, c'était Mila. Elle est venue visiter Pereslavl et me rencontrer.
Tous ces enfants font maintenant de brillantes études à Paris. Le garçon, Anton, était plutôt un emmerdeur. Il avait un côté taquin. Il lui arrivait de dire à ses petits camarades des choses qu'il aurait mieux fait de garder pour lui, mais je n'en faisais pas une affaire d'état non plus. Et là, j'apprends que lorsqu'il était déjà au collège, sur dénonciation d'une jeune fille de sa classe, qui n'était pas directement concernée par l'incident, on l'avait exclu trois jours pour "propos racistes et homophobes"....
Comme il courait derrière une élève africaine et qu'elle n'allait pas assez vite, en éducation physique, il lui avait dit: "Si on te mettait un steak au bout d'une canne à pêche, peut-être que tu te dépêcherais?" Si la fille avait été blanche, aurait-il été dénoncé et exclus? Mila ne m'a pas précisée en quoi consistaient les propos homophobes...
Lorsque j'avais des problèmes de "racisme", et il arrivait, par exemple, que des petites filles russes ne voulussent pas s'asseoir auprès de l'enfant "marron", ou autres réactions de ce genre, je disais: "Il y a des petits chats blancs et des petits chats noirs et on les aime tous bien quand même."
D'un autre côté, je n'ai jamais pu souffrir les cafards. Sur Facebook, je n'ai jamais dénoncé personne, même quand la vilenie des commentaires me donne envie de vomir. La dénonciation en soi me paraît quelque chose d'insupportable. C'est la marque du régime totalitaire. Le régime totalitaire encourage et récompense la dénonciation. Et les gens qui la pratiquent se prennent pour des justiciers.
En dehors de ce détail, j'étais très heureuse de revoir cette dame, avec qui je m'entendais bien, qui avait de l'humour, et d'évoquer ma classe d'alors. Elle était très étonnée d'apprendre que je n'avais pas la grande vocation d'institutrice et que j'aurais bien préféré ne pas travailler. J'ai pris de l'intérêt à mon métier, j'aurais pu faire pire, mais cela me surmenait beaucoup, car je suis du genre nerveux et distrait, je déteste le bruit depuis mon enfance. Lorsque je devais faire plusieurs choses à la fois, j'étais complètement stressée, et c'est précisément le sort de la maîtresse d'école. Il me fallait surveiller les enfants, les aider, répondre aux parents, ramasser tous les papiers administratifs qu'on distribuait sans arrêt pour les récupérer signés, et naturellement, je les perdais tout le temps, ainsi que mes lunettes. Et puis tout le reste, la hiérarchie, les réunions, la mentalité, je ne peux pas dire que j'étais bien dans mon élément.
J'expliquais à Nil que la plupart du temps, le travail qu'on fait n'a pour nous pas de sens. Ce qui a un sens, c'est de travailler sa terre pour en vivre, mais on nous explique depuis 200 ans que c'est juste pour les imbéciles, que les gens intelligents travaillent "de toutes leurs forces pour leur patron" selon l'expression du célèbre monsieur de Maesmeker, ou bien sont eux-mêmes patrons ou ministres. Mon travail d'institutrice, heureusement pour moi, avait quand même du sens, car il me permettait de donner aux enfants des choses dont ils sont généralement privés, il avait une dimension humaine et spirituelle. Du reste, mon père Valentin me l'avait dit. Il m'a fait grandir.
Musée
J'ai emmené Nil visiter le musée de Pereslavl, qui a de magnifiques collections, mais elles étaient en partie inacessibles, soit les icônes et les tableaux qui ne sont plus dans les locaux. Restaient les très belles sculptures sur bois, les vêtements et objets populaires, les collections naturalistes, archéologiques, les souvenirs de l'Union soviétique et de la guerre... On exige là bas, une fois n'est pas coutume, le port du masque. Peu importe qu'on l'ait sous le nez, du moment qu'on fait semblant de s'accrocher la couche culotte en travers du museau, mais j'ai eu une idée suffisante des tourments imposés à ceux qui la portent du matin au soir, notemment les enfants, et aussi leurs instituteurs et professeurs. Parler à travers ce truc me fait étouffer au bout de quelques secondes. De grosses méduses totalitaires ricanent à la télé française que l'enfant-roi, ça suffit. Eh bien oui, apparemment, ce n'est plus la mode, dans le genre enfant-roi, on en arrive à Louis XVII au Temple...
Les dames du musée veillent jalousement à ce que leurs visiteurs voient absolument tout, avec attention! Elles brûlent de donner des explications, mais n'ont pas le droit, car cela coupe l'herbe sous le pied aux guides patentés.Alors elles nous font des allusions genre jeu télévisé.
Nous avons ensuite fait le tour du monastère, dans le vent, sous les nuages. Nil s'est décidé à tenter le coup, et Gilles aussi. Il va rentrer faire ses papiers et ses valises et revenir. Cela nous fera un Français de plus dans notre petite colonie... Et un Français sympathique, si sa mère venait le rejoindre, ce serait vraiment très bien.
Sur un petit marché provisoire, j'ai acheté des légumes à un Moldave. "Ne seriez-vous pas française? me demande-t-il.
- Si, comment avez-vous deviné?
- Votre accent.... J'ai l'impression qu'il y a beaucoup de Français ici.
- Pour l'instant, il y en a cinq!
- Moi je suis moldave, mais j'ai émigré, comme vous, et maintenant, je fais venir ma famille. Parce qu'on tape toujours sur la Russie, mais c'est notre seul espoir de vivre encore libre et dignement. Notre nouvelle présidente, pour complaire à l'UE, a offert de prendre je ne sais combien d'Afghans, et vous comprenez bien quel genre d'Afghans vont débarquer chez nous en masse, n'est-ce pas?"
Une Russe de ma connaissance m'offre de me retirer dans une communauté, apparemment, tout un réseau de gens effrayés par l'expansion du mondialisme transhumaniste destructeur des peuples envisage de déserter le Meilleur des Mondes pour les isolats et les arches dans le fin fond des campagnes perdues. Les choses me semblent moins près de se réaliser ici qu'en Europe, car le peuple russe a plus de résistance, il est plus difficile à canaliser, sauf à recourir aux méthodes de la terreur rouge, mais l'idéologie de la caste des surhommes augmentés et le culte de la santé ont moins de chances de convaincre. Et puis ici, je pense qu'il y a des mafias antagonistes, alors que dans le monde occidental, elles vont dans le même sens. Mais je vois à l'oeuvre le même travail de sape, pour faire perdre au peuple russe l'estime de soi avec la mémoire, le sens de son homogénéité culturelle, spirituelle, génétique. Je ne regarde plus la télé depuis longtemps, mais d'après Dany, les recettes sont exactement les mêmes, et les chefs d'orchestre aussi. Comme sans doute les peuples d'Asie centrale ou du Caucase sont encore trop faciles à assimiler, on commence à diffuser les pubs avec les couples bicolores: quoi de mieux que de submerger les peuples blancs sous l'Afrique pour les faire disparaître? Curieux que l'on n'envisage jamais, par exemple, d'émigration massive d'Européens ou de Chinois en Afrique...
Je regardais de vieilles photos de Russes du début du XX° siècle, quelle concentration de beaux visages, quelle dignité, quelle pureté... Au musée, on voit des reconstructions de Russes médiévaux, d'après des crânes trouvés dans les fouilles. Ils avaient exactement le même type, ce type existe depuis des siècles, probablement des millénaires. Mais une bande de crapauds maniaques ivres d'orgueil ont décidé de détruire tout cela, d'achever le travail commencé en 89 et en 17 et de l'étendre à toute la planète. Je l'ai à présent bien compris, il s'agit d'un génocide planifié, un génocide soft, fourbe, sournois, patient et vil. Poutine disait qu'il n'aurait plus envie de vivre dans un monde dont la Russie serait absente. J'espère qu'il était sincère. Je pense exactement la même chose, et pas seulement à propos de la Russie, mais disons que si la Russie tombe, alors nous n'aurons plus de place sur cette terre.
Voici le ténébreux Attali qui nous expose le programme. Il veut notre bien, le bougre! Tous ces gens-là, depuis deux cents ans, et même plus, qu'ils sévissent, veulent notre bien. Ils ont détruit le plus essentiel de l'homme, son âme, au nom de ce "bien" qu'ils nous infligent, que nous le voulions ou non, par la séduction, l'hypnose ou la terreur. Je l'écoute parler, si content de lui, le gourou du diable, et tout mon être se révolte contre lui et tout ce qu'il représente. Pour qui se prend-il? Quel droit s'arroge-t-il sur le destin des autres? En réalité, j'ai senti dès l'enfance où l'on voulait en venir, où l'on voulait nous amener. Leur "paradis", je n'en veux pas.
https://www.facebook.com/TANRESIVEVO/videos/856706645227288/?__tn__=%2CO-R
Mes liens du jour, avec lesquels on peut comparer le discours vénéneux du transhumaniste ci-dessus. Il s'agit d'une très profonde analyse du docteur Fouché de ce qui est en train de nous arriver, et de celle de Slobodan Despot, dont l'Antipresse est l'antidote aux poisons qui nous rongent la cervelle et le coeur.
jeudi 16 septembre 2021
Notre automne
On annonce des gelées, cette nuit, il souffle depuis deux jours un vent glacial, avec des averses, et parfois, de brusques et fantastiques illuminations. Les arbres jaunissent à toute vitesse, et il y a seulement quelques jours, je me tenais dans mon jardin, assise sur mon hamac, dans le fil d'un vent suave, et je me disais que c'était la dernière fois de l'année que j'en aurais l'occasion. Maintenant, je jardine, c'est-à-dire que je prépare l'hiver, et le printemps prochain qui est encore bien lointain...
J'ai continué le tourisme avec Nil, je l'ai emmené au monastère saint Daniel, où la dame qui vendait les cierges nous a fait cadeau de deux prosphores, et puis je lui ai montré le "val", les vestiges des fortifications qui faisaient le tour de la ville, et depuis lesquels on a de beaux points de vue sur les églises. Je dis les églises, parce que les jolies maisons ont presque toutes disparu, remplacées par un jeu de lego en plastique.
J'ai vu sur vkontakte une intéressante vidéo décrivant comment, à l'époque soviétique, on avait fabriqué un faux folklore idéologiquement compatible. Le vrai étant trop médiéval, ou plus simplement trop vrai, on a fabriqué une caricature mièvre, avec d'horribles costumes vulgaires, de petites voix couinantes, des sourires idiots et des gestes qui n'avaient jamais existé dans la tradition russe. Car on ne pouvait pas complètement faire fi de la tradition populaire, quand on se voulait la dictature du prolétariat. Alors il fallait la dénaturer. Dénaturer est le principal souci de la civilisation du Progrès, que ce soit dans son expression capitaliste ou dans son expression communiste. C'est là qu'il faut voir, avec le mépris et la calomnie systématiques de la Russie ancienne, l'origine du mauvais goût hallucinant qui ravage le pays. Malheureusement, cette attitude est plus ancienne que le communisme et le libéralisme. Le pied dans la porte a été mis par Pierre le Grand, et la noblesse, détachée par lui de sa civilisation d'origine qu'il trouvait méprisable, a fait le lit de la catastrophe qui allait l'emporter. Non qu'il ne fallût pas faire quelques réformes ou procéder à des adaptations rendues indispensables par la confrontation avec un occident colonialiste et conquérant qui se ruait de façon concomittente dans le progrès technique et l'apostasie. Mais sa soeur Sophie, si décriée, eût certainement procédé à tout cela avec plus de sagesse et de mesure.
Un article sur les vieux-croyants pose la question que je me pose moi-même depuis un bon moment: pourquoi ceux-ci conservent-ils un sens de la beauté qui est absolument oublié de tous les autres? Leur habitat, leurs vêtements et même leurs visages reflètent une harmonie qui disparaît complètement du reste de la Russie.
https://vk.com/loralira?z=video-75778798_169816935%2F6b504bc1425bf96626%2Fpl_wall_19879744
Ma copine française, atteinte de la covid, a été hospitalisée dans une sorte d'usine à soins, à Moscou, un immense hangar compartimenté, mais les soignants en scaphandre se montrent extrêmement humains et compétents, et la prise en charge est gratuite. Les urgences lui ont dit: "Nous savons maintenant très bien soigner le truc, ce n'est plus un problème". Bien que la Russie soit classée par la France en "zone rouge" et soi-disant ravagée par la maladie, elle note que son hangar est très loin d'être plein, bien qu'il ait été construit pour faire face à des foules de malades. Le test nasal qu'on lui a fait a plusieurs reprises n'est pas du tout aussi intrusif que le test PCR français, qui ramone les fosses nasales jusqu'au cerveau .
Cette maladie manipulée, et très probablement fabriquée, me paraît bien réelle, elle est loin d'être le fléau de Dieu qu'on nous présente, et ferait encore moins de victimes si on avait pour véritable souci de la traiter, mais elle ne disparaît pas, peut-être justement à cause de la façon dont on l'aborde, et peut-être aussi était-ce le but. Toujours est-il qu'elle est là, et qu'avec le coup du vaccin, les gens en seront bientôt à la dose mensuelle, avec contrôle permanent de leur état de santé et de leurs moindres faits et gestes, tout bénéfice pour la mafia qui veut régner sans partage et tondre le mouton jusqu'à l'os. Dieu sait que ce ne sont pas les moutons qui manquent. Mes amis, c'est pour en arriver là que la France a décapité son roi, trucidé sa paysannerie, et on peut en dire autant de la Russie, d'ailleurs. Pour en arriver au règne horrible des ploutocrates mafieux transhumanistes à la seringue entre les dents.
Tout se passe ici sans coercition, mais l'on cherche à imposer le tout électronique, la reconnaissance faciale et tout ce qui nous rendra la vie impossible, si cela se met en place partout; cependant, cela touche surtout Moscou, et de façon de plus en plus indépendante de la covid. Le reste du pays, avec son incurie, son bordel chronique, la nonchalance anarchique des Russes, leur sociabilité me semble loin d'être prêt pour ce programme. Et heureusement. Il se peut aussi que l'évolution de tout cela ne prenne pas ici le caractère dément et malsain qui caractérise la France, où le pays se retrouve en de bien mauvaises mains. J'ai regardé le coeur serré l'entretien de maître Di Vizio, qui me semble très sincère, et ne m'a pas inspiré un grand optimisme. Certes, les manifestations sont importantes, bien que minimisées par la presse, mais trop de gens se laissent mener par le bout du nez et fliquent obligemment ceux qui résistent aux pressions. Ce n'est pas du tout le cas ici. Je suis absolument horrifiée par cette espèce de délire fantasmagorique qui devrait dresser l'humanité comme un seul homme contre ce qu'on lui prépare, mais on dirait qu'elle devient folle, que tout ce progrès et ces lumières sont en train de faire de nous tous des zombies hagards sous la houlette d'une caste atroce, dont les imprécations du docteur Alexandre et son regard de fou furieux trahissent les intentions aussi ténébreuses que psychotiques. Je l'ai entendu invectiver la généticienne Henrion Claude avec des accents de commissaire du peuple qui confinaient aux hululements hystériques. On nous traite de complotistes, de ne pas faire une confiance aveugle à ce genre d'individus, mais lui présente le mouvement anti passe sanitaire comme un complot instigué par cette même Henrion Claude, sorcière dont il ne va pas tarder à exiger le procès et l'exécution sur un bûcher place de la Concorde, entre un album d'Astérix et un album de Tintin et Milou. Et cela ne fait pas frémir les gens. Je veux dire qu'à part le mouvement impressionnant qui déferle dans les rues, mais n'entraine pas l'ensemble de la nation, une part considérable de la population ne voit pas où est le problème. La grossièreté des journalistes, la folie de certains intervenants, la fourberie évidente et la médiocrité des autorités, leur méchanceté mesquine, qui devraient faire dresser l'oreille, ne leur inspire que de joindre leur voix au concert des hyènes. On comprend que l'avocat rende son tablier. Car il le comprend manifestement de façon très claire, ceux qui sont derrière tout ça sont absolument capables de tout, et l'ont peut être menacé, comme le professeur Raoult. La mafia est capable de tout. La mafia, par définition, n'a aucun principe, aucune limite, aucun honneur, aucune empathie.
Personnellement, si je n'avais pas la foi, je sombrerais dans la panique complète.
Je recommande cette vidéo à ceux qui ont encore des yeux pour voir, des oreilles pour entendre, et un cerveau pour penser.
Et celui-ci, bouleversant:
le monastère saint Daniel |
Sur le "val" |
samedi 11 septembre 2021
Korovine
la véranda de Korovine |
Je fais un peu de tourisme avec Nil, à l'issue de son premier jour de travail, je l'ai emmené sur la colline d'Alexandre, d'où l'on a une belle vue sur notre lac nordique. Mais aujourd'hui, il commençait à tirer la patte, le rythme de travail est dur... Je devais aller chanter à la datcha-musée du peintre Constantin Korovine, grand ami de Chaliapine, qui y venait souvent. Korovine était un impressionniste russe, qui a écrit aussi ses mémoires sur la révolution. Il s'est retrouvé, comme Chaliapine lui-même, dans l'émigration, où il fait beaucoup de paysages français, ses tableaux russes ont massivement disparu dans la tourmente révolutionnaire.
https://www.wikiart.org/fr/constantin-korovine
sur la colline d'Alexandre |
J'aurais pu arriver le matin pour dessiner avec les peintres invités au festival, mais je n'ai pas eu le courage, car je devais me produire en fin d'après-midi. Et puis je pensais proposer à Nil de m'accompagner. Il n'était pas chaud. Il avait envie, mais il n'en pouvait plus. Je connais ça. Je suis parfois obligée de renoncer à des choses qui m'intéresseraient beaucoup parce que je sais que cela me surmènerait. Cependant, au dernier moment, il s'est décidé, et nous avons pris Aliocha avec nous.
Aliocha essayait de communiquer, et Nil faisait tout son possible pour lui répondre, je faisais l'interprète aussi, mais je pense que le second parlera vite. Il n'hésite pas à se lancer, à utiliser les mots qu'il connaît. Il a envie d'y arriver. Aliocha et lui ont fini par utiliser la traducteur Yandex pour se comprendre.
La route était très jolie, beaucoup de grands pins sylvestres et de bouleaux, qui se couvrent de dorures à toute vitesse. Mais complètement défoncée.
J'ai chanté sur une petite scène, une espèce de kiosque. J'avais choisi "rue saint Vincent", parce que Korovine avait vécu à Paris, peu de temps après la création de cette "romance urbaine", comme on dit ici, et puis elle est si poétique. Ensuite les Marins de Groix, des chansons de ma composition et une chanson russe aux gousli. J'étais très à l'aise, parce que l'atmosphère, si on fait abstraction de l'humidité, était très chaleureuse, avec des gens du musée de Pereslavl, des intellectuels moscovites. La datcha, modeste, avait beaucoup de charme. Des gens vendaient du miel, des champignons, des légumes du jardin. J'ai acheté des girolles et de vraies tomates. Nil a pu discuter, en français, en anglais, avec diverses personnes.
Après moi s'est produit un chirurgien local qui faisait du jazz avec son père. Le vieux monsieur avait l'air de se régaler, avec son clavier électronique. Les textes des chansons, en russe, étaient bien, le chirurgien jazzy tenait à utiliser sa langue, et il avait raison. Mais il est difficile de nationaliser le jazz, comme l'ont fait pourtant Charles Trenet ou Claude Nougaro. Le chirurgien a chanté sa version jazz d'une des principales prières orthodoxes, le Trisaghion. Là, je n'étais plus en phase. Il ne faut pas tout mélanger. Il a dit que l'évêque de Rostov n'avait pas du tout béni l'entreprise, et je le comprends. Le père Sérafim Rose, américain, disait que le jazz est une musique dépourvue de spiritualité. Et en effet, elle peut être agréable, moelleuse, sensuelle, sensible mais elle n'a pas d'échappée vers le haut. Elle ne met pas dans un état de prière.
Reste que ces manifestations culturelles dépourvues de prétention, avec des gens sincères et simples, se rencontrent assez peu en France, où tout ce qui est "créatif" a la grosse tête.
Au retour, nous avons vu que la voiture qui nous précédait s'était arrêtée près d'un animal immobile, sur les pattes arrière. C'était un renard, pas du tout intimidé. Le conducteur lui a donné quelque chose à manger, et il s'est détourné pour emporter le cadeau dans la forêt.
Sur Facebook, j'ai trouvé une vidéo sur des Français installés ici, qui participaient à une manifestation commerciale, à Moscou. Parmi eux, le gentil Sébastien, dont j'ai parlé dans une précédente chronique:
A mettre en parallèle avec ce lien-ci:
mercredi 8 septembre 2021
Nil
Hier soir tard, j'ai vu arriver Nil, qui vient tenter sa chance ici. Il avait fait un faux départ avant le vrai, pour cause de pass sanitaire, de test, et autres joyeusetés de la maison de fous covidienne. Ce matin, sans grasse matinée, le voilà parti visiter la ville. Gilles me téléphone pour nous demander de venir au plus vite rencontrer Didier, mais je ne savais pas comment contacter le jeune homme. Or il était déjà rentré de son petit tour, mais par discrétion, restait dans son trou, nous avons donc foncé au café.
Nous avons fait connaissance sur place, je vois que Didier est circonspect. Mais j'ai de l'espoir, car Nil me paraît avoir une bonne mentalité, d'aplomb, autonome, dégourdi, simple et pas sot.
Didier a voulu me faire la bise, puis s'est tout à coup enquis s'il le pouvait: est-ce que j'étais vaccinée?
- Non, et toi tu l'es?
- Bien sûr!
- Alors tu as peur de me contaminer?
- Non, j'ai peur que toi, tu ne me contamines!
- Je ne suis pas malade!
- Pourquoi tu ne fais pas le vaccin?
- Parce que je suis complotiste.
- Ah ça ne m'étonne pas de toi!"
Il y croit. Il reste contagieux, n'est dispensé d'aucune mesure, du moins en France, s'il y va, parce qu'ici tout le monde s'en fout, mais il y croit. Il a fait le vaccin russe, le Spoutnik V.
Il a tracé de Pereslavl un tableau assez peu engageant, l'hiver; c'est mort, le climat est terrible, marcher devient l'hiver très difficile, à cause du verglas. Nil trouve l'endroit très dépaysant, plus rien à voir avec Toulouse. Quand ma cousine était venue me voir, elle avait trouvé la Russie plus dépaysante que la Thaïlande. Il est sidéré par le mauvais goût chaotique de toutes les maisons plastifiées qui poussent n'importe comment et n'importe où. Et subjugué par le lac, qu'il trouve immense, et les nombreuses églises. Je lui ai montré l'embouchure de la rivière Troubej, l'église des Quarante Martyrs, celles du centre. Je lui ai fait faire la promenade du marécage, derrière chez moi, pour qu'il sût ou aller prendre l'air. Nous avons rencontré une vieille et son troupeau de chèvres, contemplé dans le vent froid et humide l'horizon nordique.
Pour Nil, la France est quasiment morte. même sa langue est en train de mourir. Arabisée, vulgarisée, mutilée. Il est convaincu, comme moi, que c'est le résultat d'une politique délibérée. Et aussi que l'abominable processus a commencé à la Renaissance. Ce processus, en Russie, a débuté beaucoup plus tard. Il restait superficiel jusqu'à la révolution. Ensuite, il a été imposé avec la brutalité que l'on sait, mais si les cicatrices sont profondes, il reste encore de la vie dans ce grand corps du peuple russe. Je lui ai dit que s'il apprenait le russe assez rapidement, il ne s'ennuierait pas à Pereslavl; et ce d'autant plus qu'il est orthodoxe. Il y a suffisemment sur place de personnalités pittoresques, attachantes et aussi créatives.
Demain, il attaque à quatre heures du matin, serein.