L'urologue de Iaroslavl, Marina Sergueïevna, m'a dit que d'après la tomographie, comme je le ressentais, les cailloux voyagent et sont descendus, et que les pulvériser ne serait pas possible, mais qu'il y avait de bonnes chances de s'en débarrasser naturellement avec un traitement, beaucoup de marche à pied, d'exercices consistant à piétiner sur place ou laver les sols (ce que je fais souvent à cause des chats), de bains chauds ou à défaut, de séances au bain de vapeur russe. Son traitement reprend plus ou moins celui de Mikhaïl, le copain de Skountsev, le problème est que cela me surmène terriblement tout le reste, mais que faire? Heureusement, j'ai tellement perdu de poids, que mes articulations supportent bien la marche à pied, maintenant.
Je suis allée à Iaroslavl avec un taxi très pittoresque, Constantin. Il m'a fait d'admirables diatribes contre la tyrannie du masque, des piquouzes obligatoires et des QR codes. "Je compte beaucoup, lui dis-je, sur la résistance passive des Russes...
- Si ça continue comme cela, la résistance, elle ne sera plus passive du tout, ils seront balayés avant d'avoir compris ce qui leur arrive. On dirait qu'ils cherchent à nous pousser à bout. Je suis entré dans une cantine à Pereslavl, où je vais d'habitude acheter des pirojki. Et la vendeuse, qui faisait le ménage, me demande mon QR code! Je lui crie: "Et tu vas le vérifier avec quoi, avec ta serpillère?" Le QR code dans les transports en commun, quand les gens sont loin d'avoir tous un smartphone, vous imaginez les bus de campagne, avec les vieilles qui ont de vieux téléphones à touches, et encore pas toujours?"
Il déteste les moscovites qui se conduisent et conduisent comme des cochons, et traversent Pereslavl, nous provoquant des encombrements perpétuels, parce qu'ils ont la flemme d'emprunter la déviation. Il m'a dit que lorsque les gens ont une entreprise ailleurs que dans leur ville de résidence, ils en paient les impôts à celle-ci. De sorte qu'à Pereslavl, comme dans tout le reste de la Russie, les restaurants, magasins, pompes à essence, usines ou tout ce que vous voudrez achetés par des moscovites, rapportent de l'argent non à la ville où ils sont situés, mais à celle de Moscou, qui est déjà une tumeur obèse suintant le fric et attirant les mafieux. Alors que la province se meurt, vidée de sa substance par ce vampirisme.
J'ai beaucoup de chance avec les taxis, ces temps-ci, et je serai la cliente régulière de Constantin, dans la mesure où j'aurai besoin de ses services, car si j'y ai eu recours, c'est que je n'ai pas eu les forces d'aller avec ma voiture chausser les pneus d'hiver. Spirydon, qui est belge et non français, et m'avait commandé le sable de la tombe de l'higoumène, m'écrit: " Jamais, je n’aurais imaginé que notre Saint Père Boris vous enverrait un taxi pour vous amener chez lui! Notre vie est une succession de miracles." De fait, je reste sous l'impression de l'évènement, de cette rencontre avec l'higoumène, inscrit dans tout un contexte spirituel local. Comme si en vérité, c'était lui qui m'avait envoyé ce taxi, parce que je tardais à venir le trouver. Il débarque dans mes prières, il est présent.