J’ai vu Ania
sortir de chez elle et je l’ai accompagnée jusqu’à l’arrêt du bus. Elle m’a dit
que cela lui avait remonté le moral. « A moi aussi, je suis souvent la
larme à l’oeil, de pitié et aussi d'appréhension.
- Si vous êtes
dans cet état-là, faites-moi signe, je n’ose pas m’imposer.
- Beaucoup de
gens n’ont pas votre retenue ! »
L’automne est
gris, je me souviens de celui de mon arrivée, quand je n’avais pratiquement pas
vu le soleil pendant trois semaines.
J’ai rencontré aussi la
voisine Olia, qui m’a fait comprendre qu’il faudrait mettre Nounours à la
chaîne, au moins le temps qu’il s’habitue, ou alors ce sont eux qui vont le
faire. Leur autre chien est mort. Je crois que je
vais devoir essayer d’attacher Nounours au moins ponctuellement, si on
n’attache ou n’enferme son chien ici, il a de grandes chances de mal finir.
C’est vrai que je n’ai pas trop l’élan intérieur pour me prendre la tête avec
ça, en ce moment. Je suis complètement débordée. Il me faut corriger et
rééditer Yarilo, et il faudrait faire pareil
avec Parthène et Epitaphe.
Ania m’a dit
qu’elle lisait lentement mon livre, parce qu’elle est si occupée, et elle
s’endort dessus. Mais elle l’aime beaucoup, elle le trouve inhabituel et
surtout plein d’amour, écrit avec un immense amour. Cet écho me touche
beaucoup. En effet, j’ai mis là dedans toute mon âme et beaucoup d’amour. Macha
me demandait sur quoi avaient porté mes discussions profondes avec Katia et
Sérioja, l’autre soir. Sur la Russie, et sur mon amour de la Russie, sur la
façon dont cela m’est venu, et tout à coup, j’ai réalisé le caractère étrange
de cet amour fou, que je n’ai malheureusement partagé avec aucun homme, mais j’ai
aimé la Russie, et les hommes russes, personnages historiques, héros littéraires,
amis, j’ai aimé les Russes. J’ai aimé Ivan le Terrible, j’ai aimé Alexandre
Nevski. J’ai aimé Fédia Basmanov. J’ai aimé le prince André. J’ai aimé Mitia
Karamazov et le prince Muichkine. J’ai même aimé Stavroguine. J’ai aimé
Essénine, Mikhaïl Boulgakov. J’ai aimé Slava, Génia, Micha, Sérioja, Vadim, j’ai aimé
Volodia Skountsev et tout le Cercle Cosaque. Je ne parle pas des prêtres,
saints et moines, du clergé de mes paroisses, de mon évêque, de mon père
Valentin, du métropolite Philippe que je prie régulièrement, j’ai aimé tellement
d’hommes russes, sans pouvoir m’en attacher un seul...Je me souviens qu’à
Novgorod, jetant à l’issue du festival de folklore ma couronne de fleurs dans
le lac, j’avais pensé : « C’est la couronne de mes noces avec la
Russie. » J’ai aimé et épousé la Russie, et tous ses hommes, qui sont les
plus beaux, les plus charmants, les plus touchants, les plus intéressants de la
terre, et je souffre chaque fois que je vois les photos des jeunes soldats
morts sous les coups de l’OTAN et de ses sbires, comme s’ils étaient le fiancé
ou le fils que j’aurais pu avoir. Je pense que la sainte Russie et ce qu’il en
reste aujourd’hui, après l’acharnement sur elle de toutes sortes de gnomes, est
chère à Dieu, et que dans le pire des cas, elle livrera debout son dernier
combat, quand tous les autres se sont déjà couchés,
Je suis toujours
poursuivie par mon orthodoxe et sa croisade, elle m’accuse d’être manichéenne,
alors que c’est pour elle un dogme que les atrocités d’Ukraine sont toutes
russes, comme le lui insuffle dans la cervelle sa presse « sérieuse ». En somme, elle ne varie pas de sa
ligne, mais ne comprend pas que je m’en tienne à la mienne. Là encore, de nous
deux, il y en a sans doute une qui est folle, l'histoire dira laquelle. Mais je fais largement plus
confiance aux gens que je connais depuis longtemps et qui depuis longtemps
essaient de réinformer, qu’aux orthodoxes français de base pleins de préjugés
antirusses qui remontent aux années 30.
Un post m'a fait réagir, sur Telegram. Il s'agit de l'historien et patriote conservateur Félix Razoumovski:
Il y a quelque chose de très important que nous n'avons pas fait. En ce quelque chose de très important, nous, la vieille génération, nous n'avons pas assez fait attention à nos enfants et petits-enfants. Nous ne leur avons pas transmis le sentiment de la beauté de leur terre, de la terre russe. Bien que "l'automne d'or" de Levitan fut pendu pratiquement dans toutes les cantines soviétiques. N'ayant pas su être fiers de ce qui en valait vraiment la peine, n'ayant pas de lien charnel avec la terre, à la destruction de laquelle travaillèrent sans relâche les maîtres soviétiques, il ne fut pas possible de découvrir à temps aux jeunes générations les circonstances cruelles et honteuses. Leur raconter par exemple comment les komsomols, qui avaient leur âge, urinaient du haut des clochers sur les processions de Pâques. comment on détruisait à droite et à gauche ce que cette terre avait de plus précieux.
Et voilà que maintenant, à l'annonce de la mobilisation, nous avons vu les conséquences de ces soins parentaux médiocres et trompeurs. Les petits sont partis droit devant eux pour ne pas tomber "à la guerre". Et une conscience maligne leur souffle ça et là des arguments comme quoi pour quoi et pour qui irais-je me battre et souffrir? qu'y a-t-il de bon dans "ce pays"?
Et ici que dire? Comment expliquer au passage, comment parler de ce qui reste informulé? quand on n'a pas pour cela le temps et les circonstances élémentaires. Voilà que résonne le patriotisme brutal à la Prilepine, achevant ce qu'il reste d'esprit russe, de conscience russe.
Et d'un autre côté, c'est bien, et c'est source de grâce, que la vérité se découvre.que maintenant tout soit exposé aux yeux de tout le monde. Nous ne le voulions pas, bien sûr, nous avions peur... Mais le Seigneur en a jugé autrement.
Il dit à peu près ce que j'essaie sans cesse d'exprimer moi-même, lorsque je déplore le mauvais goût, les destructions, lorsque je soutiens le vrai folklore, les vraies traditions artisanales. Je me souviens parfaitement de ces komsomols ricanants de ma génération, qui crachaient sur les églises et tout ce qu'il restait de beau et de poétique à Moscou au nom du béton, des appartements impersonnels avec des meubles en contreplaqué poli bourrés de petits souvenirs de mauvais goût censés représenter "l'art populaire", abominablement caricaturé, ce que les slogans de l'époque appelaient "transformer Moscou en une vraie ville communiste". Beaucoup de petits bourgeois que je vois autour de moi ont été élevés par de tels parents. Heureusement, la mémoire génétique et les grands-parents ont joué leur rôle, et puis aussi la littérature russe classique, les concerts et les musées, l'église pour ceux qui trouvèrent la foi, seuls endroits où la beauté était censée avoir encore une petite place. Mais dans une certaine mesure, cela fut une "rééducation" réussie, effectuée chez nous par le consumérisme et la gauche Woke, et puis en France comme en Russie, par la destruction de la paysannerie, et la constante dérision de tous nos ciments nationaux, de tout ce qui nous unissait dans une conscience collective. C'est pourquoi, en effet, les Russes ne se lèvent pas aussi unanimement qu'en 1812, ou même pendant la guerre de 40, quand subsistaient beaucoup de traits de l'ancienne Russie, auxquels d'ailleurs la propagande communiste a fait appel pour réunir ce qu'on avait divisé afin de défendre une patrie au salut de laquelle l'appareil de l'état était lié. C'est ce que révèlent des films comme Alexandre Nevski ou Ivan le Terrible, et c'est l'ancienne Russie que j'y ai vue, quand je les ai regardés à mon adolescence. C'est elle qui m'a plu, je ne suis pas tombée raide d'amour devant des usines, des barrages ou des cités dortoirs en béton. J'ai été frappée alors par ce sentiment mystique de la patrie qui n'existait plus du tout chez nous, de la patrie vue comme une entité spirituelle qui a quelque chose à accomplir, quelque chose à recevoir et à transmettre, une compréhension transcendante de son destin. Sans doute Jeanne d'Arc avait-elle une conception de cet ordre, mais je ne l'ai jamais rencontrée chez les Français, tout juste un attachement nostalgique aux lieux natals, quelque chose comme ce qu'exprime la chanson de Fréhel:
Où est-il mon moulin de la place Blanche
Mon tabac et mon bistrot du coin?
Alors que pour le Russe, son pays et son peuple sont une espèce de cathédrale où s'accomplit un mystère sacré. Pour le Russe vraiment russe, pas pour le mutant post-soviétique et le libéral qui n'ont pas idée que quelque chose existait avant 1917 pour le premier, avant Eltsine pour le second.
Il pleut tout le temps, mais hier, la pluie et les nuages jouaient avec le soleil et, après avoir jardiné dans la douceur du vent et la lumière, je suis partie me promener. Nounours, qui ne quitte ni sa mère ni sa maison d'origine, m'accompagnait tout content. C'est un chien adorable et si je constate que je n'ai plus la force de m'imposer, je le regrette: plus jeune, un compagnon comme ça aurait fait mon bonheur.
J'ai fait un dessin, au pied de la chapelle, sur la berge escarpée, face au ciel fantastique. J'imaginais l'état d'esprit de l'habitant de Pereslavl d'autrefois qui baignait dans la beauté intacte d'une ville féérique et d'un lac boréal et mystique, plus vaste qu'aujourd'hui, quand rien ne venait trop parasiter ni obturer les canaux qui nous relient en principe au cosmos divin environnant. Cet habitant-là était russe de chez russe, n'en doutons pas. Il avait l'âme aussi large que le lac, pleine de couleurs et de rayons, il ne partait pas de l'autre côté sans bagages. Et peut-être que toute cette terre et cette eau, ces arbres, ces vapeurs et ces oiseaux, trouvaient en lui leur finalité, leur justification, leur transfiguration. Et c'est en cela que consiste notre existence.
on voit à l'horizon les coupoles dorées du monastère saint Nicolas
le bleu va bien à ma maison, sa couleur accompagne le ciel.
…Что-то очень важное мы не сделали. Во что-то очень важное мы, старшее поколение, не посвятили своих детей и внуков. Мы не передали им ощущение красоты своей земли, Русской земли. Хотя «Золотая осень» Левитана висела едва ли не в каждой советской столовой. Не умея гордиться тем, чем действительно можно гордиться, не имея кровной связи с землёй, над разрушением которой изрядно потрудились коммунистические властители, невозможно было вовремя открыть юному поколению обстоятельства жестокие и постыдные. Рассказать о том, как, к примеру, комсомольцы, их сверстники, мочились с колокольни на пасхальный крестный ход. Как рушили направо и налево всё самое дорогое на этой земле.
И вот теперь при объявлении мобилизации мы увидели последствия этого бездарного, ложного родительского бережения. Дитяти побежали куда глаза глядят, лишь бы не попасть «на войну». А лукавое сознание тут как тут, подбрасывает им аргументы, мол, за что и за кого мне тут воевать и напрягаться. Что хорошего «в этой стране»? Что тут скажешь? Как объяснять на ходу, как говорить о неизреченном? Когда для этого элементарно нет ни времени, ни условий. Вот и гремит брутальная псевдопатриотическая прилепинщина, добивая остатки русского духа и русского сознания. А с другой стороны, это хорошо и благодетельно, что открылась правда. Что теперь всё и все на виду. Мы этого, конечно, не хотели, страшились… Но Господь ссудил иначе. Феликс Разумовский на Телеграмме
Sérioja est reparti à Oulianovsk, mais nous avons encore passé une soirée tous les quatre, chez Katia. Ils faisaient des enregistrements et voulaient me faire prononcer un discours en français pour le mélanger à de la musique, j'ai lu un de mes poèmes, c'était plus naturel que de raconter n'importe quoi. Ensuite nous avons bu le thé et discuté. Comme il est rare de se trouver avec des gens qui comprennent ce qu'on dit et à qui l'on peut dire ce qu'on n'exprime à personne... Sérioja est si fin, si profond, si drôle et si touchant. Et si vrai. C'est pourquoi je lui pardonne tout. Comme à Micha, que je n'ai pas vu depuis des années, mais si je le revoyais, je lui pardonnerais...
J'ai vu dans la cuisine de Katia un tableau d'elle qui représente un bouquet de chrysanthèmes, je l'ai trouvé très beau, je ne pouvais en détacher les yeux. Il était plein de douceur, de mystère et d'une tristesse paisible. Elle devrait dessiner davantage.
L'euro dégringolant dramatiquement, si j'arrive à récupérer mon argent de France, cela fera tout juste la moitié de ce que j'aurais perçu l'année dernière, et ma retraite ne vaudra plus grand chose, à la différence que les charges de la maison sont moins chères ici. Je pense au père Placide qui m'avait dit, lorsque je lui avais objecté que vendre ma maison pour partir en Russie me ferait perdre beaucoup, m'avait répondu: "Oh l'argent, on en trouve toujours!"
Je voulais renoncer au studio à louer chez moi, mais il va falloir l'envisager.
Je pense que père Placide devrait aller trouver saint Spyridon, spécialiste de ce genre de problèmes, et lui glisser un mot à mon sujet.
Tout cela m'a conduite à réaliser qu'il ne fallait plus éditer mes chroniques en russe, cela ne me rapportera jamais ce que j'engloutis dans mes publications. Il faut les publier sur un site, au fur et à mesure, les gens les liront gratuitement, mais elles ne me coûteront rien, car je les ferai avec une amie pour qui m'aider sera une sorte de cours de français, disons que nous en retirerons un profit linguistique réciproque.
Les arbres et les buissons se dorent et rougissent maintenant à grande vitesse, la mélancolique fête automnale bat son plein, par un temps mou et pluvieux, qui manque de lumière, mais ce matin, entre deux nuages, tout s'est illuminé. Le genre de petit miracle qui nous console du mauvais temps, et n'est pas sans évoquer pour moi la vie spirituelle, ces touches de clarté divine dans notre lassitude quotidienne.
mon chat Rom, complètement caractériel
Je suis tombée sur la page d'une artiste peintre russe dont j'avais déjà remarqué le soutien palpitant et exalté à la cause ukrainienne, décrivant des atrocités russes à longueur de temps, et maudissant son propre pays. Voilà qu'elle est partie en Ukraine et conclut le vibrant récit de sa fuite par: "Gloire à l'Ukraine! Gloire aux héros!' le cri de guerre des bataillons punitifs Azov et autres qui, depuis huit ans, bombardent, violent, pillent, torturent les gens du Donbass, dont en revanche, l'artiste-peintre ne parle jamais, et qui endurent tout cela pour ne pas renier leur culture. Ces mêmes Azov achèvent maintenant, mutilent et castrent les soldats russes tombés en leur pouvoir. Pourtant, l'armée russe n'ayant pas dépassé pour l'instant les limites de ce même Donbass, les Ukrainiens victimes des exactions dont elle parle sont précisément ceux qui sont allés massivement voter pour leur rattachement à la Mère patrie, il y a donc fort à parier que ces exactions relèvent de l'inversion accusatoire classique et habituelle, je me demande comment cette héroïne sera accueillie là bas? Parce qu'à lire tout cela, j'ai pensé: "De deux choses l'une, ou c'est elle qui est folle ou c'est moi!"
J'ai vu une vidéo qui m'a particulièrement intéressée car je connais bien les protagonistes. Il s"agit d'André Michel Chanclu, un homme de droite engagé depuis le début dans la défense du Donbass au côté d'un communiste, le défunt Alain Benajam. Je dis homme de droite, parce que c'est ainsi qu'on va le caractériser pour discréditer son témoignage, bien que l'extrême droite soit très présente dans le camp des étrangers pro ukrainiens. Et Iouri Iourtchenko, poète, dramaturge, époux de mon amie Dany, qui était parti au Donbass, indigné par les mensonges des médias français, pour faire de la réinformation, avait été fait prisonnier, avait été torturé et n'avait échappé à la mort que par miracle. Le second traduisant les propos du premier, l'interview est en français à partir de la 4° minute.
André Chanclu était parmi les observateurs du référendum et réagissait aux propos délirants de la ministre des Affaire Etrangères allemande qui prétend que les gens, battus, violés, allaient, sous la menace des mitraillettes, tracer leur croix sur le bulletin de vote. A mon avis, mon artiste peintre et tous les bobos russes qui l'encourageaient dans les commentaires, par un réflexe de rejet systématique de leur propre patrie, ne prennent en considération que les sources occidentales et ukrainiennes d'information ou plutôt de désinformation.
Je fais confiance à Chanclu et à Iouri. En écoutant le délire de l'Allemande, je pensais au début de la deuxième partie du film Ivan le Terrible, quand le traître Kourbski est acceuilli à la cour du roi de Pologne, et que des dames joignant les mains et levant les yeux au ciel proclament que "les moscovites mangent des petits enfants vivants". D'après Chanclu, ce n'est pas le cas.
Hier soir, je recevais Sérioja, venu à Pereslavl, Katia et Dania, et je m'étais mise en frais, j'avais sorti la nappe brodée, l'argenterie de ma grand-mère et j'avais fait la cuisine. J'ai même allumé des bougies. Dans ma jeunesse, j'aimais recevoir mais je suis devenue assez cossarde. Nous avons passé une très bonne soirée, car on peut dire que j'ai des affinités avec chacun d'eux, l'atmosphère était chaleureuse, sans tensions, avec de gentils échanges de plaisanteries, et nous avons joué des gousli et de la balalaïka, ce qui est consubstantiel à Sérioja comme à Dania, encore plus à Sérioja, peut-être, parce qu'il est tombé dans la marmite lorsqu'il était petit. Mais Dania a avoué que la balalaïka l'avait sans doute sauvé, lorsqu'elle est arrivée dans sa vie compliquée. Il a composé sur moi et mes chats des tchastouchki que je me promets d'apprendre et d'interpréter. Les tchastouchki sont de petits épigrammes satiriques que les Russes improvisent quand ils dansent.
Huit chats dans ma maison
Dorment, mangent et courent,
Tous les coins, tous les recoins
Ils les explorent vraiment bien!
Sérioja était très ému de revoir mes deux chattes Chocha et Georgette, ces deux grand-mères ayant été témoins de ses soirées de jeunesse chez moi, rue Trifonovskaïa, dans les années 2000. Il a reconnu sur le tableau qui le représente, dans ma chambre, mon chat Picasso, mort depuis, qui faisait partie de ces réjouissances. Sérioja est presque quadragénaire et j'aborde le grand âge, celui qui est défini dans le psaume comme le terme de la vie humaine, le surplus n'étant que peines et douleurs...
C'est un fait que je me sens beaucoup plus à l'aise avec les hommes d'abord, et avec les jeunes ensuite. Maman non plus n'aimait pas tellement les femmes et pas tellement les vieux. Mais les vieilles femmes, surtout ici, sont souvent de vraies emmerdeuses autoritaires et donneuses de leçons.
Ils m'ont dit qu'ils s'étaient penchés sur mes chroniques, la veille, chez Katia, et se sont étonnés que j'eusse exprimé dès 2016 mon appréhension de la guerre que nous avons maintenant. Comment, pourquoi? Eux ne s'en doutaient pas. Et j'ai pensé à Xioucha qui m'a déclaré il n'y a pas longtemps: "Lolo, je dois vous demander pardon, vous avez parlé de tout cela pendant huit ans et je n'y prêtais pas attention, et je découvre maintenant toute l'horreur de ce qui se passe là bas". C'est que contrairement à ce qu'on raconte en occident, la propagande de Poutine etc... on n'en parlait guère plus en Russie qu'en Europe. Pourquoi? Une partie de la presse était entre les mains d'oligarques mondialistes pro occidentaux, et diffusait exactement le même catéchisme que le Monde ou Libération. En face, il y avait des chaines gouvernementales qui diffusaient, elles, la "propagande de Poutine", et des chaînes conservatrices, comme Tsargrad. On pouvait au moins faire une moyenne, mais dans les milieux bobos, qu'on appelle ici "bohêmes", il était de bon ton d'être contre l'autorité en place et pro européen, seule la populace imbécile pouvait croire la presse gouvernementale ou traditionnaliste, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui se passait au moment de de Gaulle, et comme au temps de de Gaulle, le gouvernement hésitait à taper du poing sur la table pour ne pas avoir l'air d'être répressif et peut-être parce qu'il sous-estimait l'impact de cette meute de chacals distingués aboyant à ses chausses. C'est d'ailleurs après avoir observé ce fait que j'ai du mal à croire dans l'implication de celui-ci dans les meurtres de la journaliste et du politicien qui servent essentiellement à alimenter, en occident, la propagande anti Poutine, ce que ce dernier a d'ailleurs lui-même fait observer: pourquoi ceux-ci plutôt que les autres, tout aussi remontés contre lui? Je me souviens que les émissions de Mikhalkov, qu'on accuse d'être à la solde de Poutine, ont été interdites par la chaîne qui les diffusait. Parce que le patron de cette chaîne ne souhaitait pas voir démasquer les intrigues antirusses de l'opposition libérale, ses liens avec Soros, le gouvernement américain et toute cette caste qui nous a menés où nous en sommes. Des libéraux qui discréditent le milieu intellectuel et justifient a posteriori, pour les nostalgiques de Staline, les répressions aveugles et féroces des années 30.
Au moment de la Perestroïka, j'ai cru à la grande réconciliation des deux Europe, qui était dans nos intérêts réciproques, matériels, culturels, spirituels, mais j'ai vite déchanté. J'ai compris dès la première guerre d'Irak que nous étions arrimés à l'empire anglo-saxon et que nous n'avions aucune autonomie, car nous n'avions aucun intérêt national à nous engager dans cette aventure. De plus, j'ai observé pour la première fois l'ampleur, l'impudence, l'absurdité d'une propagande énorme et unilatérale, j'étais obligée d'aller chercher des infos sur radio Courtoisie, qui ne diffusait alors que sur Paris. La suite n'a cessé de me prouver que ce que je constatais était vrai: la honteuse intervention en Serbie, la honteuse intervention en Irak, la catastrophique intervention en Libye, puis la Syrie, et évidemment le maïdan et l'Ukraine. Quand je travaillais à Moscou, j'avais toujours un peu peur d'être coincée par la guerre que je sentais venir, soit en France, soit en Russie. Elle ne me paraissait pas encore imminente, mais plus que probable. Tout me semblait aller dans ce sens, la façon dont on travaillait la pâte des ex républiques avec le levain de la discorde, de la haine, de la cupidité, des plus vils instincts de revanche et la quête d'un bouc émissaire pour des péchés largement partagés par tous. Dès 2014, et même un peu avant, quand j'ai entendu cette conversation de Timochenko exhortant à vitrifier le Donbass, fin 2013, j'ai su que cette guerre devenait inévitable parce que l'occident la voulait, parce qu'il voulait la peau de la Russie, et avait aussi des desseins particuliers sur l'Ukraine, d'ordre mafieux mais pas seulement. Le silence, la malhonneteté des médias, pires encore que du temps de l'Irak, ont achevé de m'inquiéter et de m'écoeurer. Aussi, on peut dire que le conseil insistant du père Placide est tombé sur un terrain déjà bien préparé.
J'ai expliqué cela à mes trois copains, et d'une manière plus compétente et plus documentée, Asselineau l'explique aux pauvres dupes qui, en France, ne voient toujours rien, dans cette vidéo. Après l'avoir regardée, j'ai décidé que je voterai pour lui le prochain coup. Je l'ai mise sur les réseaux à l'intention des susnommés qui viennent sautiller dans mes fils de commentaires, comme les étudiants manipulés de la place Maïdan, et trouvent les croix gammées ukronazies purement symboliques. (symboliques de quoi, de nos jours? Quand la jeune gilet jaune défigurée par les flics de Macron en a tracé une sur le sable d'une plage, on ne s'est pas demandé si c'était un symbole solaire, on l'a immédiatement traînée dans la boue...) Mais Asselineau n'est pas sérieux, n'est-ce pas? S'il était sérieux, il serait soutenu par Soros, Bill Gates, Rothschild ou quelque milliardaire français tout aussi pourri? Il aurait à son service tous leurs chacals médiatiques?
Je citerai pour finir le Saker, à propos de l'acte terroriste impudent commis sur Nord Stream, et qui devrait ouvrir les yeux les plus rhédibitoirement fermés:
...il est maintenant évident que les Anglos ont décidé de détruire l’Europe. L’Europe accuse la Russie en dépit des menaces de Brandon et de l’orgasme collectif polonais et du « merci les USA ! » que les Russes ont qualifié de « réaction hystérique-euphorique à la limite de la folie« .
Franchement ? Je pense que l’Allemagne et le Banderastan croupion méritent pleinement et richement un tel voisin. Bien du plaisir !
L’incapacité des Européens à mentionner qui est le coupable évident signifie que le bouton de douleur de l’UE devra être réglé beaucoup plus haut avant que ces lemmings délirants et veules ne reviennent à la réalité. Au lieu que l’Ukraine devienne l’Europe, l’Europe est devenue l’Ukraine.
Une homélie du père Andreï Tkatchev, venu d'Ukraine en Russie après le Maïdan:
300 000 mobilisés; cela fait exactement le même nombre de mères, + un total de deux fois plus de soeurs, épouses, belles-filles et filles. C'est-à-dire que finalement, beaucoup de ceux qui ne réagiraient pas à un coup de canon, quand il s'agit d'aller prier, vont maintenant, au son du canon, s'éveiller à une vie religieuse active.
C'est au moment où l'Occident collectif se préparait à nous effacer de la face de la terre que nous sommes devenus aigres et corrompus. Ces mêmes ukro-nazis dérangés, blague à part, (bien que nos présentateurs de télé aient ri de cela plusieurs années de suite) se préparaient à faire le tour de la Place Rouge dans des véhicules blindés de transports de troupes. Maintenant, je pense que même ceux qui s'esclaffaient le plus ne trouvent pas ça drôle.
La Russie est grande, et au tréfond des provinces, elle est forte et imprévisible. Tout comme, soit dit en passant, les Ukrainiens eux-mêmes, précisément parce qu'ils sont également russes. La panique ne règne que chez les gamins, qui sont habitués aux films d'horreur, mais font dans leur froc quand le danger, ou même l'ombre du danger, est réel. Elle règne également dans la ville de Moscou. Mais cela, désolé, ne concerne pas toute la Russie. Ce n'est même pas la Russie du tout.
Nous dérangeons. Tous les satanistes, et il y en a pas mal. C'est juste que Dieu est avec nous, bien que beaucoup de gens, le nez dessus, ne le comprennent ni ne le remarquent. Or Il est avec nous quand même. Parce qu'il ne reste personne d'autre. Tous les autres ont été soit achetés, soit intimidés, soit (comme les Ukros) réduits sans retour à l'état de débiles et de chair à canon. Mais la Russie, ce n'est ni le premier cas, ni le deuxième, ni le troisième. Nous avons des apeurés et des vendus. Mais ce ne sont que des furoncles sur le corps, pas le corps lui-même.
Un jour, pendant la peste, Cyprien de Carthage, futur martyr, dit à ses ouailles qu'il n'y avait pas lieu d'avoir peur. Nous parce que nous serons sauvés à cent pour cent de la peste, mais parce que Christ est resusscité. Dans cette vie, nous ne recevons pas de billets de faveur. Tout le monde tombe malade, nous aussi. Tout le monde meurt, et nous aussi. Tout le monde est inquiet, et nous ne sommes pas faits de fer. Mais nous surmontons tout cela par la foi en Celui qui nous a aimés et qui est ressuscité pour nous. Celui qui est dans la foi peut-être inquiet, mais c'est un péché que d'avoir les foies.
Alors l'équipe: mettez de coté la trouille. De toute façon, il faut bien mourir, encore faut-il le faire de façon brave et humaine. Cette idée nous vient aujourd'hui à l'esprit non à travers les sermons à l'église, mais par les nouvelles à chaque heure. Quand à l'Eglise, tant qu'un repentir national rapide et fervent n'est pas déclaré, il convient sans attendre de jeuner, défiler en procession, servir souvent, lire l'Evangile (en de tels jours, il reprend vie), prier avec ferveur etc. Car en temps de paix, impossible de réveiller notre bande aigrie de plusieurs millions de demi-chrétiens.
Le père Tkatchev est une force de la nature. Moi, si je ne cède pas à la panique, je lutte contre des accès de tristesse et de fatigue, à cause de la situation, des miens qui sont là bas, et d'un excès de mondanités. Hier, c'était la fête de l'Exaltation de la Croix, une belle fête. Mais je n'avais aucune envie d'y aller, j'avais envie d'avoir la paix. Des fêtes en ce moment, il y en a tous les trois jours, et il y a tous ceux qui m'invitent, veulent me voir, tout ce que j'ai à faire et ne fais pas et oublie que je dois faire. Je me disais qu'après tout, si cela m'arrachait à ce point une côte, autant ne pas y aller. Mais quoi, l'heure est grave, et tu ne peux bouger ton gros cul pour aller à l'église le jour de l'Exaltation de la Croix?
J'y suis allée sans aucun enthousiasme, j'ai attendu que ça passe, j'ai eu un instant de réconfort et de honte quand le père Andreï, au lieu de simplement me laisser baiser la croix, s'en est servi pour me bénir au passage.
Le séjour à Moscou m'a fatiguée. Et puis j'ai été invitée. Veniamine le Suisse avait rassemblé chez le concurrent de Gilles, Frédéric, les étrangers de Pereslavl, enfin pas tous, justement. Ca a duré toute l'après-midi, et nous n'avons pas arrêté de bouffer, avant d'aborder les gâteaux du pâtissier, d'honnêtes gâteaux français. J'ai pris un kilo que je n'ai pas encore perdu. Le lendemain, au petit déjeuner, j'avais Gilshain et Olga. Le surlendemain, l'Exaltation de la Croix. Le soir, je trouvai une invitation à la fête votive de l'église d'Elizarovo, le fief de Fédia Basmanov, et j'y serais allée avec joie, mais cela signifiait courir là bas, encore une liturgie, plus les agapes en commun, et surtout ne pas oublier la vielle à roue, et tout à coup, j'ai senti que je ne pouvais pas, que j'étais au bord de la crise de nerfs, et pourtant, j'aurais bien voulu, j'aurais vraiment bien voulu.
Jason Silouane et ses filles, photo de Natalia Razouvakina
Les étrangers de Pereslavl, en sus de Veniamine, de Fréderic et sa femme russe, c'était un retraité américain, avec une femme idem, un couple très sympathique, une Allemande slaviste joviale qui est ici depuis 20 ans et ne repartira jamais, le Hollandais restaurateur de livres anciens Ian et sa femme Olga, Jason Silouane, l'Américain peintre d'icônes, avec ses filles, et un Cubain né en Russie qui fait des thés magiques et prépare toutes sortes de champignons marinés que personne n'a l'idée de manger et qui sont succulents. Je suis tombée sous le charme de la plus jeune fille de Jason, Serafima, une adorable petite créature de trois ou quatre ans. Les gosses me cassent souvent assez vite les pieds, mais de temps en temps, j'en vois que j'adopterais bien. Je me disais qu'au fond, nous fonctionnons par affinités. Peu importe l'âge et le point de rencontre dans l'espace temps, il y a des âmes qui se ressemblent, qui parlent la même langue mystérieuse. Et d'autres qui ne se comprendront jamais. Cette petite fille, me demandant une tranche de pastèque, a commencé par en apporter à chacune de ses soeurs avant de prendre la sienne. J'ai pensé à maman qui me racontait que, dans son enfance, se voyant gratifiée d'un bonbon par l'épicier, lui avait demandé: "Et mes soeurs?"
A vue de nez, je n'imagine pas bien les filles de Jason dans une école woke, LGBT transgenre...
la petite Serafima, photo de Natacha Razouvakina
Le père Tkatchev dit encore ailleurs:
Le bon Dieu déverse sur nous le malheur, pour que nous apprenions à croire.
Si tu as la foi, tu regardes le ciel, tu vois les étoiles s'allumer: "Gloire à Toi, Seigneur!"- et voilà tout, plus besoin de malheur. Tu as remarqué la rosée sur l'herbe! "O Dieu, que c'est beau! Alléluia, alléluia, alléluia, gloire à Toi, ô Dieu!" si nous agissions de la sorte, il n'y aurait pas de malheur. Mais nous ne croyons en Dieu qu'à travers le malheur, parce que nous sommes orgueilleux, entêtés, insolents, cupides, affairés, fous, en fin de compte. C'est pourquoi le malheur nous enlève notre écorce, et nous venons par lui à Dieu.
ma mère, enfant
Je viens plus facilement à Dieu par l'émerveillement que par la souffrance, lorsque j'étais coincée à l'hôpital, j'avais beaucoup plus de mal à sentir sa Présence, en fait, j'étais dans une noire déprime, mais j'essayais de prier. J'ai pensé toute ma vie qu'en de pareilles circonstances, Dieu était la Porte qui s'ouvrait et nous évitait de devenir fous, mais il me semblait être tombée dans un sac sans issue. Alors que tous les jours je m'écrie "Gloire à toi, Seigneur!" devant mes fleurs, les papillons qui les visitent, les grands nuages. Le saint ancien Porphyre disait que pour être un bon chrétien, il fallait être un peu poète. Sans doute parce que Dieu lui-même est Poète, et nous a créés, parce qu'ayant créé tout le reste, il fallait bien montrer cela à quelqu'un qui s'écrierait: "Seigneur! Que c'est beau!" Mais voilà que nous voulons faire les malins et avoir ce qui ne nous est pas donné et qui n'est pas si important, quand on se contente de ce que Dieu a fait. C'est sûr que si les monstres qui nous précipitent dans ce gouffre savaient regarder le ciel en s'écriant "gloire à toi Seigneur!" ils ne courraient ni après l'argent, ni après le pouvoir. Comme disait un chef indien, l'homme est né pour chasser, cueuillir, contempler le monde, chanter, danser et inventer des contes...
En nettoyant mon frigo, j'ai décidé d'écouter ma playlist de chansons françaises et me suis mise à pleurer comme un veau. Dans le tas, il y en a de profondes et poignantes, Brel, Ferré, c'est presque normal. Mais il en est de légères qui me bouleversent comme un paradis perdu, la Bicyclette, la Mer... L'autre jour, en rentrant de Moscou à travers un paysage automnal des plus nordiques qui ne rappelait pourtant pas la nationale 7, je me suis chnaté la Mer en boucle jusqu"à mon arrivée
La mer, qu'on voit danser,
le long des golfes clairs
a des reflets d'argent
La mer...
Et je la voyais, cette mer de nos vacances, et ma cousine, la plage de Sainte-Maxime, mes tantes... cette serviette, je crois qu'elle était orange et rouge.
"Sur la plage abandonnée,
Coquillages et crustacés..."
J'ai été saisie par la fin de la chanson "le Sud", comme si, au fond, nous savions déjà tout, moi, en tous cas, je le savais. Je crois qu'on le sait toujours, c'est atavique.
"Un jour ou l'autre, il faudra qu'il y ait la guerre,
On le sait bien...
On n'aime pas çà mais on ne sait pas quoi faire,
C'est le destin..."
Nino Ferrer s'est suicidé.
Erwan Castel a une interprétation néopaïenne de l'histoire à laquelle je n'adhère pas. Mais cette vidéo est brillante et explique bien des choses, lorsqu'il parle de la guerre en Ukraine, du rôle des occidentaux et de la position des Russes. Elle est longue, mais très intéressante.
300 000 мобилизованных, это ровно столько же матерей + суммарно в два раза больше сестер, жен, невест и дочерей. То есть, наконец-то многие, до которых пушкой не догремишься, в смысле призыва на молитву, теперь именно пушкой будут разбужены к активной религиозной жизни. Мы закисли и развратились в то самое время, когда коллективный Запад очень активно готовился нас со свету сжить. Те же безумные хохло-нацисты без шуток (хотя наши телеведущие хохотали) много лет подряд готовились ездить по Красной Площади на БТР. Теперь, я думаю, даже самым хохотливым не смешно. Россия велика и в глубине сильна и непредсказуема. Так, как, кстати, непредсказуемы и хохлы, именно потому что они тоже русские. Паника у нас только среди малолеток, привыкших к фильмам ужасов, но жидко какающих от реальной опасности или даже тени опасности. Плюс паника в Москва Сити. Но это, пардон, не то что не вся Россия. Это даже совсем и не Россия. Мы мешаем. Всем сатанистам, которых довольно много. Просто с нами Бог, хоть многие из наших этого в упор не понимают и не замечают. А Он все равно с нами. Потому что больше не с кем. Всех остальных либо купили, либо запугали, либо (как хохлов) задебилили до невозврата и до превращения в пушечное мясо. А Россия не то, не другое и не третье. У нас есть запуганные и купленные. Но это прыщи на теле, а не само тело. Когда-то во время чумы Киприан Карфагенский, будущий мученик, говорил пастве, что бояться не надо. Не потому что мы на 100% спасемся от чумы, а потому что Христос воскрес. В этой жизни нам отдельный билетик не подарен. Все болеют - и мы. Все умирают - и мы. Всем тревожно - и мы не из железа. Но все сие побеждаем верой в Возлюбившего нас и Воскресшего ради нас. Кто в вере, тому можно тревожиться, но быть бздуном грешно. Так что команда: Отставить мандраж. Умирать все равно надо, причем храбро и по-людски. Сегодня эту мысль до нас доносит даже не церковная проповедь, а ежечасные новости. Что до Церкви, то пока не объявили всенародный пост и усердное покаяние, нужно, никого не ожидая, поститься, ходить Крестными ходами, часто служить, вчитываться в Евангелие (оно в такие дни Оживает) молиться усердно и проч. Ибо в мирное время нашу кислую многомиллионнную банду полу-христиан никак не разбудишь.
Добрый Бог сыплет на нас беду, чтобы мы научились верить.
У тебя есть вера – взглянул на небо, посмотрел, как звезды зажглись: «Слава Тебе, Господи!» – все, не нужно беды. Заметил росу на траве: «О Боже, как красиво! Аллилуйя, аллилуйя, аллилуйя, слава Тебе, Боже!» – если бы мы так поступали, беды бы не было. Но мы верим в Бога только через беду, потому что мы гордые, упрямые, наглые, черствые, суетные, обезумевшие, в конце концов. Поэтому беда снимает с нас скорлупу, и мы через беду приходим к Богу. Отец Андрей Ткачев
J'ai dîné avec Katia et une autre Katia dans notre petit restau sympa et pas cher, après un concert de piano qui devait être à quatre mains, mais deux de ces mains, pour éviter la mobilisation, étaient parties avec leur propriétaire au Kirghizistan. Ce matin, à l'église, Génia Kolesov me disait à ce propos que c'était le choix de cet artiste, et qu'il pouvait comprendre: son propre fils avait des tas de projets, et voici qu'on risque de l'envoyer à la guerre, personne n'a envie de cela. Moi aussi, je peux le comprendre, et Dania le balalaiker est aussi susceptible d'être enrôlé, je le vois mieux tenir une balalaïka qu'un fusil. Du reste, je ne sais pas comment je réagirais moi-même, facile de juger quand on est vieux et à l'abri de ce genre de choses, et qu'on n'a pas d'enfants. Génia lui-même est pleinement conscient des enjeux de ce qui nous arrive. Qu'on le veuille ou non, nous serons tous entraînés plus ou moins dans ce maelstrom, et les jeunes niais qui vont chercher asile en occident, où tout cela s'est préparé pendant des années, avec leur complicité enthousiaste et aveugle, ne seront pas plus à l'abri là bas qu'ici, peut-être même moins. "Il se produit un partage, un tri, me dit Génia, ceux qui veulent partir, eh bien qu'ils partent." Ce qu'il dit là traduit l'opinion de ceux qui restent et ajoutent parfois: "Mais surtout, qu'ils ne reviennent pas!" Génia observe que ses amis libéraux, qui le rejettent, sombrent dans une absurdité délirante et hystérique. Exactement comme leurs équivalents français qui perdent complètement le sens des réalités.
Je suis reconnaissante à Dieu de me donner les moments de paix que je connais dans ma maison et mon jardin, et je lui demandais, à l'église, de me donner la force d'être digne du choix que j'ai fait, quelles que puissent en être les conséquences, du choix qu'Il a fait lui-même en m'inscrivant dans ce quelque chose de grand et de terrible qui se dessine, et dont la fuite des éléments les plus faibles et les plus aveuglés vers l'origine de leur faiblesse et de leur aveuglement est sans doute le signe. Il se peut que la Russie, c'est-à-dire ce qui restera après le départ de l'anti Russie, livre son dernier combat, au moins périra-t-elle debout, et nous avec. Il se peut que la Russie devienne la dernière arche et le camp des saints. Ou bien un empire eurasiatique qui largue les amarres et appareille en ce moment. Au moins ne suis-je pas sous la coupe de ceux qui ont détruit tant de pays et leurs peuples, avant de s'attaquer aux derniers qui leur résistent encore.
Je sens à une espèce de sérénité confiante que dans un cas comme dans l'autre, je suis à l'endroit où il me fallait me trouver, quoiqu'il arrive, et si je ne peux juger ceux qui prennent leurs jambes à leur cou, je m'incline devant Daria Douguine, qui a payé de sa jeune vie sa lucidité et son engagement, et devant son père, qui ne se laisse pas abattre. Je m'incline devant ceux qui se battent depuis huit ans au Donbass et dont ceux qui fuient attribuent le faible écho du martyre à la "propagande de Poutine". A ceux qui comprennent pourquoi on doit résister, et ce que nous défendons. Il me vient à l'esprit que toute ma vie s'accomplit et prend son sens dans cette vieillesse russe, à l'ombre de Mars, et dans la lumière du nord, parcimonieuse et magique, que ma présence ici répond à la volonté de Dieu.
Papa, je me sens comme un guerrier, un héros, je veux être cela, je ne veux pas d'autre destin, je veux être avec mon peuple, avec mon pays, je veux être du côté des forces de la lumière, c'est le plus important.
— Daria Platonova-Dugina
J'ai trouvé ceci sur Telegram
Je dirai ceci à ceux qui sont maintenant en première ligne, à mes amis, mes frères, et à ceux qui lisent simplement ces mots.
À ceux qui se battent et meurent pour nous maintenant et, je sais qu'ils sont vraiment, malgré leur héroïsme et leur courage, sensibles à notre soutien et qu'ils ont besoin de nos prières.
Chers héros, ce qui est sorti aujourd'hui de deux ou trois bars, ou quels que soient les autres cloaques dont ils ont pu ramper, non dans la rue, mais dans un coin de l'Arbat, c'est zéro, c'est nul.
C'est l'agonie des ordures - sans origine ni drapeau, qui ont été générées par le temps de la stagnation et qui n'ont rien à voir avec mon pays. Avec notre pays qui est aussi le vôtre.
L'artificialité, la fabrication et la médiocrité de la mise en scène sont évidentes, mais cela ne les empêche pas d'être des ordures.
La stagnation est désormais révolue. Oui, c'est déjà fini. Grâce à vous. Vous avez rendu la Russie à la Russie.
Et il n'y a plus un être humain dans le pays (le mot être humain est ici crucial) qui ne vous soutienne maintenant, qui ne comprenne avec son cœur et ses tripes pour quoi nous nous battons tous et ce que cela vous coûte.
Qui ne s'associe à votre combat, chacun comme il peut.
Une autre mobilisation, spirituelle (sans laquelle la mobilisation d'aujourd'hui serait difficile) dure depuis longtemps, elle a commencé plus tôt.
Mes réseaux sociaux sont pris d'assaut par ceux qui veulent vous aider - que ce soit avec une lettre, ou même avec du fil, ou un drone, chacun fait ce qu'il peut.
Je sais que toute la Russie, cette Russie précieuse à laquelle vous reviendrez bientôt, et nous allons ... comment dit-on dans le tropaire pascal? " nous embrasser avec joie" ... toute cette sainte puissance intérieure de mon pays est maintenant debout en prière pour vous - des gisements d'ambre de Kaliningrad aux vents des îles de Béring - elle couvre le Donbass, vous et nous tous d'un bouclier de prière intense.
La Russie est montée dans les trains et les voitures particulières et se dirige vers la frontière de Belgorod, pour aider les réfugiés, avec ses mains, ou encore une veste chaude.
Des hommes adultes - amincis, sont brinqueballés dans les trains, se rappelant leur science militaire oubliée, pliant une carte d'identité militaire flétrie et les papiers de leurs récompenses passées dans leur poche près de leur cœur - et le train transporte ces volontaires grisonnants de leur Orlov, Omsk et Tobolsk - à Perekop, Izvarino ou à ce point de contrôle de la RPD, qui se trouve juste à l'extérieur du village de Nadejda.
J'en connais, nous leur avons acheté des hélicoptères et des tuyaux de reconnaissance.
La Russie apporte des affaires, des médicaments au front, prend d'assaut les magasins en ligne à la recherche de drones, de bandages hémostatiques, de talkies-walkies, de gilets pare-balles (on nous en apporte même d'Oussourisk, sur canal Spas).
Et quand j'écris la Russie, j'en prends la responsabilité. Dans mon environnement - et il est vaste - il n'y a plus personne qui ne ferait pas cela ou ne chercherait pas des moyens d'aider d'une manière ou d'une autre.
Sachez-le simplement quand vous ferez maintenant un bref somme sur la terre humide.
Et tout ce bruit fabriqué sur les réseaux - oubliez ça. C'est juste là pour nous rappeler contre quoi nous sommes en guerre.
Non, ce n'est pas contre ces enfants. Mais avec le temps, où on s'est permis de ne pas les éduquer, quand on cherchait juste le moyen de survivre. Avec le temps où les parents eux-mêmes ne savaient plus où ils en étaient, alors les enfants que peut-on en dire...
Il est fini, ce temps-là. Vous l'avez arrêté là bas, en vous battant toutes ces années, pour ainsi dire avec des bâtons.
Merci nos très chers. Que Dieu vous bénisse, et la Mère de Dieu.
Et que votre Ange vous donne un bon sommeil. Reposez-vous.
Liéna me disait quelque chose qui m'a touchée. Quand elle quitte sa datcha, qui n'est habitable qu'en été, elle a l'impression de la laisser orpheline. Elle s'emplit de froid, d'humidité et de silence et semble le lui reprocher. Elle ressent un lien mystérieux avec cet endroit, avec son coin de campagne, et je ressens exactement la même chose, c'est pourquoi il est si difficile de laisser les maisons qu'on a aimées, et d'autant plus quand on y a vécu avec des gens proches, mais pas seulement. J'ai vraiment l'impression que le jardin autour de ma maison est une sorte de microcosme qui s'est attaché à moi, qui a besoin de moi, comme les chats et les chiens, c'est même ce qui m'a dissuadée de déménager. Je sais qu'il me faudra quitter cet espace pour l'autre monde, mais en attendant, j'ai un lien avec lui, il est sensible à mes soins, à mon respect, à ces moments de contemplation et de méditation qui créent un dialogue muet avec tout ce qui existe dans le périmètre. Et c'est ainsi que l'humanité devrait considérer la planète où elle est, au lieu de s'en faire le tyran et la maladie mortelle.
Il y a quelques jours, la grande artiste Olga Orlova a publié ce tableau. Il s'agit de la maison et du jardin d'une vieille grand-mère qu'elle aimait bien. Sitôt la grand-mère enterrée, ses héritiers ont arraché le pommier, tout bétonné et monté la classique palissade hideuse en profnastyl. du coup, il n'y a vraiment plus rien à dessiner de ce côté...Cette histoire me rappelle celle du bouleau d'en face, massacré par le voisin du petit vieux qui l'avait planté. Il y a des gens qui ne supportent ni la vie, ni la poésie, elles sont une insulte à leur médiocrité, leur rigidité, leur indigence spirituelle. Larissa Kachouk, chez qui j'étais récemment, m'a dit qu'un de ses voisins, ayant acheté une maison avec 1200 m2 de terrain s'était hâté de recouvrir toute cette surface de pavés autobloquants. Il n'aura pas besoin de tondre... mais on peut s'interroger sur la nécessité pour lui d'avoir une maison à la campagne.
Je vois dans tout cela les symptômes hideux d'un abrutissement général et même d'une espèce de possession. C'est le résultat d'une rééducation et d'une perversion des gens menées avec une terrible constance, sous des formes et avec des succès divers, dans le monde entier, du moins dans le monde de culture européenne auquel il faut bien ajouter la Russie puisque Pierre le Grand l'a arrimée à la nef des fous il y a 300 ans, et que les bolcheviques ont parfait le travail.
Il ne reste plus qu'à espérer que la nef russe se détache à présent de ce Titanic, de ce vaisseau fantôme, et pour de bon. De manière plus ou moins consciente, et malgré les manifestations de cet horrible esprit dont cette histoire est mon dernier exemple, je crois que dans l'ensemble, les gens ici, le sentent.
Ma marchande de légumes azerie me dit que son fils, à son grand désespoir, brûle de partir défendre la Russie, et les tchétchènes s'enrôlent massivement, tandis que les libéraux s'exilent vers les pays où coulent le lait et le miel et qui exportent partout la démocratie à coups de bombes, de terrorisme et de révolutions financées.Je lui ai demandé le nom de son fils: Elvin, "lumière du peuple". J'espère que Lumière du Peuple reviendra en vie, il est musulman, mais je prierai pour lui quand même; sa mère est à la fois si fière de lui, et si inquiète...
Je n'ai pas d'enfants, mais je le comprends bien, et me fais du souci pour mes jeunes amis ou les fils des autres. Cela dit, ceux qui pensent trouver bon acceuil en occident, et s'imaginent qu'il est envers la Russie tout sucre et tout miel se trompent lourdement. J'ai compris depuis longtemps que le moment venu, si elle ne se défend pas, la Russie sera traitée comme la Serbie, sans doute pire, il n'y aura pas de quartier. Il faut être, en dépit de la certitude d'être la fleur de la nation, son intellect et sa conscience, d'une rare stupidité pour ne pas le voir, qu'on soit russe ou européen, d'ailleurs. Car les Européens, si leurs maîtres prennent le dessus, ne seront pas à meilleure enseigne que les Russes. Nous serons tous traités comme les gens du Donbass, c'est-à-dire comme des Peaux-rouges. Hachés menus par les bombes, privés de tout, battus, torturés et violés par les chiens de la Secte, quel que soit le nom qu'on leur donne.
Si le Donbass s'est dressé, la Russie, ou ce qu'il restera d'elle une fois partis ceux qui n'ont plus grand chose de russe et vivraient aussi bien partout, le fera aussi; curieux pourtant de voir que les musulmans qui font partie de la fédération, ou ceux qui viennent de pays limitrophes, sont les premiers à foncer pour la défendre. Restés plus traditionnels, ils comprennent sans doute mieux à quels démons nous avons affaire. Il faut espérer que Poutine sera à la hauteur de la décision qu'il a prise et ne trahira pas les attentes des gens qui comptent sur lui, et pas seulement en Russie. Quelquefois, on se le demande. Ce n'est pas le tout de parler avec décision, il faut assumer jusqu'au bout.
Je viens de voir une émission de Tsargrad, d'où il ressort que parmi ceux qui s'en vont, il y a beaucoup de migrants qui, pour des raisons diverses, estiment que ce n'est pas leur problème. En revanche, une partie des ressortissants d'Asie Centrale bien installés en Russie s'enrôlent parce qu'ils considèrent la Russie comme leur pays et comprennent les enjeux planétaires de l'affaire. Les formalités pour obtenir la nationalité russe seront grandement simplifiés pour ceux qui s'enrôleront dans l'armée. A bon entendeur salut.
J'ai ecouté également l'interview d'une actrice sensible et modeste qui a fait le voyage au Donbass pour voir de ses yeux et confirme tout ce que je sais depuis huit ans, entre autres, l'attitude digne et dépourvue de haine de ces gens maltraités et decidés a se battre pour survivre, et je ne parle pas seulement de survie physique, mais de survie morale, spirituelle. Ces gens lui ont paru épurés par leur combat et leurs épreuves. Elle évoque la façon dont les "gens intelligents et éduqués" considèrent la "populace", et leur constante dérision a l'égard de tout ce qui est russe, et en particulier des grands classiques de la littérature, comme Tolstoï et Dostoïevski, dont " plus personne n'a besoin".Cela ne vous rappelle rien? Elle demande aux gens d'être capables de compatir, cette faculté de compassion étant une des plus belles qualités russes, dont l'oeuvre des grands classiques est imprégnée, et aussi d'envisager les points de vue inverses, car bien sûr, elle se fait traiter de tous les noms par un certain public.