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vendredi 31 janvier 2025

IA

 


Ce mois de janvier a passé comme un éclair. On dirait que nous sommes le 31 mars. Toute la neige a fondu dans mon jardin, il fait doux et soleil. Mais il y a quand même peu de chances pour que le printemps s’installe déjà. Je crains que nous n’ayons un retour de froid, ou plus probablement moins un plus un pendant un mois et demie...

Déjà ressortent ces horribles motos, dont le vacarme réussit à traverser même mes vitres modernes isolantes qui me coupent le son des cloches et le chant des oiseaux, et pratiquement de l’autre nuisance du quartier, la radio à tue-tête du joyeux bricoleur.

J’ai dû faire en enregistrement provisoire à une amie, pour qu’elle puisse demander son passeport intérieur, tant qu’elle n’habitera pas ici en permanence. La veinarde a déjà la citoyenneté russe, en tant que descendante d'émigrés. Comme avec moi, et même mieux, car je suis là et connais déjà du monde, tout s’arrange au fur et à mesure et se met en place, par la vertu de l’entraide et des intérêts bien compris. 

Après la séance de tracasseries administratives, nous sommes allées déjeûner chez Ultracooks qui a déménagé à côté du service d’immigration. C’est propre, bon, frais et pas cher, cela n’a rien de russe, mais néanmoins, c’est bon, genre cuisine exotique américano-asiatique. Dans ce même restaurant, nous avons rencontré Kostia, qui m’engage à déménager, il a des terrains et des maisons du côté où je me baigne l’été. Je le ferais bien, si j’en avais le courage... C’est vrai que la moto, la radio et les divers travaux me gâchent complètement l’existence, c'est-à-dire les dernières belles saisons que j'ai encore devant moi. Mais mon jardin, ses oiseaux, ses bestioles sont un microcosme auquel je me sens reliée d’une façon mystérieuse, par le soin que j’en ai pris et l’émerveillement que tout cela me procure. Je pourrais recréer cela ailleurs, mais je n’ai pas devant moi un grand capital d’années et de forces. D'ailleurs, après demain, c'est déjà mon anniversaire, que je fête au café français. 

J'ai emmené mon amie à l’embouchure de la rivière, aux Quarante Martyrs. Le lac avait une couleur bleue tendre et nuancée, paradisiaque, et le soleil dorait les arbres de la rive: le printemps. Cette lumière m’étourdissait. J’avais juste envie de rester plantée comme un tournesol, orientée vers sa source. Les oiseaux chantaient. Il paraît qu'à certains endroits, il y a déjà des perce-neiges...

Le soir venu, au dessus de la maison d'Ania, brillaient le croissant dans un ciel encore rose, et très loin au dessus, l'étoile du berger.



J’ai lu un article profond sur l’intelligence artificielle. L’auteur, comme moi, ne croit pas une minute qu’elle puisse écrire un grand roman ni peindre un tableau génial, mais elle pourrait nous rendre paresseux, avachis et incapables de réaliser notre potentiel culturel et spirituel, en faussant toutes nos informations et en nous donnant des attentes qu’elle ne pourra pas réaliser. C’est de la monnaie de singe, la monnaie du diable qui est le singe de Dieu.

"La conséquence inquiétante de l'IA aujourd'hui est qu'elle pourrait très bien captiver la société avec l'idée de la flamme de Prométhée, avec tous les efforts humains abandonnés au profit d'un dieu robotique doté d'un « savoir ultime » qui n'existe pas. Si nous n'y prenons pas garde, je pourrai voir toute la civilisation dépérir dans un avenir proche en raison des espoirs illusoires de l'IA.

Comme une drogue débilitante, l'IA pourrait faire miroiter à l'humanité la maîtrise totale de notre existence, mais ne jamais tenir ses promesses. Entre-temps, nous nous éteindrons peu de temps après avoir renoncé à toute exploration et amélioration de soi. En effet, la plus grande connaissance que les humains puissent atteindre provient de la lutte même de la vie à laquelle nous sommes si désespérément désireux d'échapper."

https://fr.sott.net/article/44212-Trois-consequences-horribles-de-l-IA-auxquelles-vous-n-avez-peut-etre-pas-pense

Sans aller jusqu’à l’IA, depuis que mon plombier m’a donné un VPN qui me rend l’accès à facebook, je suis inondée de débats intéressants, de réflexions spirituelles excitantes, de vidéos sur divers sujets, l’archéologie, la biologie, l’histoire, la politique bien sûr, l’art, la décoration, la religion, la littérature, la musique, tout ce qu’on veut, et je m’aperçois que je ne peux plus me fixer sur rien. D’une certaine façon, VK est plus limité, mais beaucoup moins chronophage et déroutant pour la concentration. Parfois, je trouve quelque chose d’essentiel pour ma compréhension du monde, et généralement, je le lis avec attention, mais au fond, parmi toutes ces informations passionnantes, touchantes, révoltantes, comiques, ce n’est pas si souvent, et je finis par éprouver une lassitude et un désintérêt croissant. Ce qui se passe de plus important dans ma vie, je le conçois avec ma tête, je le crée avec mes mains, je le ressens avec mon coeur. Il n’y a pas de place là dedans pour l’intelligence artificielle. D’ailleurs, je déteste le mot « artificiel », et tout ce qu’il qualifie.

Je suis convaincue que la seule vraie façon d'appréhender l'absolu, l'infini, et une certaine dimension de la divinité passe par la vie spirituelle et ses combats, qui sont pour chacun différents dans leur déroulement et leur âpreté. On ne vole pas le feu divin, on le reçoit, en proportion de que nous sommes capables d'en faire, autrement, il nous brûle et nous aveugle, il devient le feu de la géhenne qui tourmente les damnés. 


mardi 28 janvier 2025

My heart belongs to daddy

Robert et Moustachon

 La femme du père Vassili m'a dit qu'une famille d'Allemands étaient arrivée à Pereslavl. Leurs enfants sont avec les siens au lycée orthodoxe. Les gens sont à l'église si gentils... Il y a des endroits, comme cela, où l'on se sent vraiment en Russie et où s'abolissent un moment les horreurs périphériques. Mais à d'autres moments on se retrouve en URSS, et pas au temps planplan de Brejnev. L'écrivain Prilepine, à l'instar d'une journaliste de Libé qui avait cru bon, il y a une dizaine d'années de faire une liste noire de tous les soutiens français du Donbass qu'elle qualifiait "d'agents de Poutine", a composé une liste de personnalités à épurer où figure la fleur de l'intelligentsia orthodoxe patriotique, monarchiste, enfin tous ceux qui rejettent ses tentatives de blanchiment des rouges et de récupération de l'Eglise. Il faut dire que même si l'on trouve des orthodoxes staliniens, quand même, les milliers de martyrs font un peu désordre, et on ne va pas les décanoniser, n'est-ce pas? Je redoute terriblement ces personnalités à mentalité idéologique systématique pour lesquelles tous ceux qui ne marchent pas dans leur délire sont des ennemis à abattre. Il y en a plein en France, les facs post-soixante huitardes en étaient bourrées et tout cela fait des petits... 

Rom

Chateaubriand décrit la Restauration, et l'on sent peu à peu s'imposer chez lui la certitude découragée que c'est fini, que la France a péri avec son roi, et que ses tristes successeurs sont bien peu convaincants. Et puis les gens ont pris le goût de l'irrespect, de la fronde, ils sont travaillés par la presse, les nobles n'ont plus d'honneur, les princes n'ont plus de stature. Et cette déliquescence n'a fait, en quelque deux cents ans, que s'accentuer, emportant toute l'Europe dans cet enlisement sans gloire dont nous voyons le terme. Y compris la Russie, dont le destin a découlé du nôtre, mais je caresse l'espoir d'ilôts de salut en son sein, car malgré les Prilepine d'un côté, et les divers libéraux de l'autre, il y a les funérailles de la matouchka à la Laure, la cathédrale, son évêque et le père Andreï qui m'a dit, avec une bienveillance pleine d'humour, que mes animaux m'avaient déjà pardonné de n'avoir pas toujours su m'occuper d'eux, les défendre, les soigner à temps. Il y a le père Nikita au Donbass, qui est si bon, si actif, priez pour sa santé, ceux qui le peuvent, ceux qui en ont l'habitude. Il y a Iouri et Dany. Katia et Fédia. Le père Valentin. Les cosaques, les balalaikers. Ania Osipova. Et tous ceux qui viennent, selon la prophétie de l'higoumène Boris, chercher ici refuge. 

Je suis allée faire tamponner mon permis de séjour, avec passage chez la juriste pour préparer le dossier et lui présenter mon amie de Suisse. Elle n'en peut plus de perplexité, la juriste. La première fois qu'elle m'avait vue, elle n'arrivait pas à comprendre comment on pouvait quitter le sud de la France pour la Russie. Et là maintenant, c'est la Suisse... Mais il y a quelques temps, elle s'est occupée d'une famille d'Allemands russes qui étaient partis en Allemagne au moment de la Perestroïka et reviennent à présent, je pense qu'il s'agit de ceux dont m'a parlé la femme du père Vassili.

J'ai vu une vidéo d'Aldo Sterone sur l'Angleterre qui m'a serré le coeur, car d'une part je suis pleine de compassion pour lui, et d'autre part, ce qu'il décrit de l'Angleterre peut être plus ou moins transposé à la France. Pour lui, la destruction de nos pays est intentionnelle, programmée, et c'est aussi mon avis. Or que font tous les gens censés chez nous penser et réagir? Ils fouettent la cavale droit dans l'abîme, et je ne peux plus entendre leurs discours délirants, haineux, absurdes ni voir leurs grimaces. J'ai l'impression, à ce spectacle, d'être tombée dans une maison de fous ou un tableau de Jérôme Bosch. 



Aujourd'hui, j'ai fini mon livre de souvenirs, j'y ferai encore sûrement quelques retouches, mais dans l'ensemble, il est fini. J'ai mis plus de cinq ans à l'écrire, avec de grandes interruptions. Depuis cet été, j'y ai travaillé plus ou moins tout le temps. Il m'a restitué toute une partie de ma vie. Et mon père. C'est lui que j'ai retrouvé au bout de cette aventure, après soixante-douze ans de séparation, et je sais qu'il m'accompagne, que c'est lui qui viendra me chercher à l'heure de ma mort. Sur une photo de 1934, ma mère et ses deux soeurs aînées exultent dans les vagues à Sanary. Ces petites filles sont toutes mortes, je connais leur destin et je regarde leurs visages neufs et radieux, je n'ai jamais connu une telle expression à ma tante Jacquie, au centre, celle qui, d'ailleurs, avait horreur des photos de famille, parce qu'elles lui fichaient le cafard. Dieu veuille leur rendre cette joie et qu'elles exultent en Lui, comme elles le faisaient dans la mer... 




My heart belongs to daddy...

jeudi 23 janvier 2025

Changements et intentions

Cette maison, près de chez moi, va bientôt disparaître. Une de plus. Elle sera démontée et reconstruite ailleurs par la jeune femme qui lance chaque année des campagnes pour restaurer avec des bénévoles le patrimoine de Pereslavl, Anna Panikhina. Ce qui sauve cette isba pittoresque, mais accentuera la désolation de ce quartier qui devient de plus en plus affreux.
Derrière celle-ci, il y en avait une autre, très jolie, qu'on a détruite. J'aurais rêvé de la démonter pour la recontruire ailleurs, ç'aurait été quand même un moindre mal.

Dans un sens, Trump nous fait bien plaisir en collant un bon coup de pied dans la fourmillière covido-woke. Voir courir, sauter et grimacer les cancrelats affolés fait plaisir, et nous attendons un beau défilé de squelettes à l'ouverture des placards. Pour ce qui est de la Russie et de l'Ukraine, en revanche, le voilà qui fait le cow-boy et pose des ultimatums, sommant Poutine de mettre fin à la guerre, mais qu'il arrête d'abord de financer son proxy exsangue et son affreux satrape, et tout prendra fin très vite. Qui a ourdi tout cela pendant des décennies? 

Justement, je viens de voir l'interview de Iouri et Dany dans un show télévisé célèbre, et comme Iouri était parti dès 2014 au Donbass faire le correspondant de guerre, on a montré des vues de la glorieuse révolution démocratique du maïdan, quelle horreur fantasmagorique... Pas besoin alors d'être grand devin pour prévoir ce que cela allait donner. Un truc promu par la Gorgone Nulland et le satan BHL ne pouvait apporter que du sang, des larmes et de la viande hachée.

https://ok.ru/video/9858243103299

Cette émission est si chaleureuse et si réconfortante que je l'ai vue deux fois... Iouri le chevaleresque et sa fidèle Dany, le témoignage de leur union pas toujours sereine, mais solide, face aux aléas de l'histoire. 

Tous les malfaiteurs hystériques de notre infâme caste politico-médiatique s'excitent sur le "salut nazi" d'Elon Musk. Peut-être que cela prend encore sur un certain pourcentage d'imperturbables niais dipômés et certifiés, vaccinés, pucés et masqués, mais à quelqu'un de normal, il apparaît difficile, quand on veut saluer une foule, de ne pas lever le bras... Enfin, il est vrai que pour ce public, les évidences et le bon sens ne sont pas politiquement corrects. Il y a longtemps que j'ai pu m'en convaincre. La différence avec ma jeunesse, c'est que les gens se laissent moins intimider, et on voit toutes ces créatures vaticiner dans le vide, agitant leurs épouvantails poussiéreux auquels plus personne ne fait attention. 

J'ai dû désappointer l'ami qui distribue partout l'icône soi-disant du saint Suaire, il m'a tellement mise au pied du mur que j'ai fini par lui dire ce que j'en pensais, mais il n'a pas compris, sans se formaliser outre mesure, heureusement. Me déplaît l'icône elle-même, cette transformation de l'empreinte du Suaire en une effigie niaise, mais lui ne voit pas qu'elle est niaise. Un moine ukrainien a décrété que c'était la seule vraie représentation et que toutes les autres étaient des contrefaçons. Sur la base de quoi? Eh bien il fait glisser une diapositive sur l'image du Suaire, et alors ce dessin correspond comme un calque. Oui, évidemment, s'il a utilisé un calque pour inventer son truc, ça correspond, je le crois sans peine. Le problème est que l'empreinte permet une reconstitution en 3D, c'est un des grands mystères de cette relique, et le visage qui apparaît alors en relief n'a plus grand chose à voir avec le dessin plat aux yeux ouverts qu'on obtient en faisant un décalque colorié. 

J'ai été obligée de dire le fond de ma pensée, parce qu'il voulait me faire participer à une autre opération missionnaire du même genre, et que je n'en ai pas l'intention. Attirés par la publicité faite à cette icône par le reportage réalisé avec un copain, les gens viennent en masse mettre des papiers pour demander des miracles: un bon travail, une belle maison, le coeur d'une belle réclacitrante, un complet succès, le monastère où se trouve l'objet devient un lieu de pèlerinage. Les gens ne croient pas sans un bon miracle. S'ils viennent pour de mauvaises raisons, ce n'est pas grave, on leur remettra les pendules à l'heure, l'important, c'est qu'ils viennent. Je ne suis pas du tout d'accord avec cela, il y a déjà assez de fake, de faux semblants, de toc, de mauvais goût, de tapage dans le monde sans en introduire dans l'Eglise, et je ne crois pas que les foules déplacées auront des conversions bien sérieuses. Je crois à ce que j'ai vu aux funérailles de la matouchka Alexandra. Que du vrai, que du bon, que du pur.

Pourtant, je crois que mes deux bonshommes ont de bonnes intentions, mais comme dit le proverbe, l'enfer en est pavé.



dimanche 19 janvier 2025

Sur le parvis

 La Théophanie, le baptême du Christ, avec la bénédiction des eaux, est l'une de ces fêtes radieuses du Saint-Esprit que j'aime particulièrement, et celle-ci est aussi l'anniversaire de mon passage dans l'Eglise orthodoxe, il y a fort longtemps. En principe, c'est en Russie le moment le plus froid de l'année, et on se croirait au mois de mars. Je n'ai pas vu un hiver pareil depuis le premier que j'ai passé en Russie, 94-95. Plus un moins un, la pataugeoire, la patinoire. Au moins avons-nous aujourd'hui un peu de lumière. J'étais dans l'église Znamenié, l'église du Signe, car le père Sergueï m'avait conviée à chanter pour ses paroissiens. Du coup, on m'a proposé d'aller chanter aussi au monastère saint Nicolas. Je vais rétablir la tradition russe des joueurs de vielle sur le parvis des églises! Mais je n'étais pas sur le parvis, j'étais au chaud dans le réfectoire, au milieu de gentilles vieilles ravies, et l'on m'a offert un gâteau à la confiture maison, pour prendre le thé avec des copines. Il y avait Katia, car c'est d'elle que l'initiative provient, et elle chante au choeur. Il manque quelques voix d'hommes, mais quand même, les femmes à la manoeuvre ne s'en tirent pas si mal.

Je me suis confessée à un vieux prêtre qui avait l'air très bon, mais je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. J'avais l'impression que ma liste de péchés ne lui paraissait pas assez complète. Il faut dire que je me confesse sans arrêt, puisque la recommandation unanime, depuis le père Valentin jusqu'à l'évêque, est de communier de même. Mais le père Valentin, comme le père Placide, trouve que dans ces cas-là, on peut se confesser moins souvent... J'ai l'impression d'être dans un état spirituel globalement déficient, mais je n'ai à raconter que des peccadilles quotidiennes, à la limite, on a parfois l'impression que le simple fait de vivre est un péché en soi et je n'ai pas la force de la perfection, maintenant moins que jamais. Je suis tourmentée par des visions d'horreur, des cruautés à l'égard des gens, des animaux, des enfants, et spécialement à l'église, quand j'essaie de prier, mais je ne sais pas comment caractériser cela, car ce n'est pas moi qui les commets, quoique selon la conception dostoievskienne de la responsabilité collective.... Je suis révulsée par ce que je vois et entends de toutes parts, et cela va de la chatte abandonnée dans la forêt avec ses petits aux petits vieux torturés avec leur chien dans leur cave par des ukrotaniens, dans la région de Koursk. Je ne supporte plus toute cette souffrance, toute cette vilenie et toute cette stupidité, et je ressens parallèlement l'inanité de mes sentiments à cet égard, un fétu de paille d'empathie impuissante et horrifiée dans un torrent de boue, de larmes et de sang. Je voulais adopter une chatte du Donbass qui ressemble à Georgette, mais il y a aussi deux chattes, ici, qu'une adoption sauverait, et des chiens, des petits, des gros. Les gros, c'est exclu, car avec la méchanceté d'une partie de la population qui élève ses enfants dans la peur panique des animaux, et l'absence totale de respect envers le vivant, c'est la chaîne ou les problèmes, j'ai vu ce que cela donnait avec Rosie. Les animaux en détresse sont souvent très jeunes, et moi non, j'ai peur de les laisser derrière moi. Hier, j'ai mis des papiers, avec le nom des différents animaux dont le sort me préoccuppe, dans une boîte, et au dernier moment, j'ai rajouté un papier blanc, et puis j'ai prié et fait mon signe de croix, et j'ai tiré au sort. C'est le papier blanc qui est sorti. J'aurais bien voulu sauver Georgette numéro deux, ou Boussia, ou la ravissante petite noire, mais Dieu me répond de rester tranquille, c'est la raison pour laquelle d'ailleurs, entre toutes ces détresses, je n'arrive jamais à me décider. J'ai encore quatre loustics à entretenir puis à enterrer, sans compter Rita. La fin de Georgette a été pour moi une telle épreuve que j'en suis tombée malade, après ces jours passés à la veiller, le coeur serré en permanence comme dans un étau. Mais je suis triste de cette réponse. Comme si j'avais commencé à mourir. Ce n'est pas une tristesse négative, il y a juste des amarres à larguer, peu à peu. 

J'ai rencontré deux promoteurs dans une pizzeria qui est leur quartier général, car j'aide une amie à acheter quelque chose ici. Et du fond de la salle arrive une cliente qui me prend les mains: "Vous êtes Laurence Guillon? Merci infiniment pour les deux tomes de votre journal qu'on m'a offert et que je suis en train de lire!" 

Ca fait plaisir! J'aurai attendu soixante treize ans ce début de reconnaissance, mais ça fait plaisir. 

De plus, l'un de mes promoteurs, au vu de l'expo que j'ai ouverte sur Telegram, va m'acheter un pastel! Son partenaire m'a offert du cognac arménien qui pourra servir pour mon anniversaire. Mon plombier Rouslan aussi m'a pris une vue automnale du marécage, il ne cesse de me dire qu'il est dorénavant mon plombier personnel, toujours à mon service, car il est enchanté de la façon dont j'ai parlé de lui sur mon blog.

Il y aura bientôt une pannychide à la Laure pour le neuvième jour du départ de la matouchka Alexandra, mais, en dépit du fait que j'ai beaucoup aimé les moines qui l'entouraient et la beauté de leurs chants, je ne me sens pas le courage d'y aller avec le temps qu'il fait, les gerbes d'eau sale et les plaques de verglas. Me rendre à ses funérailles a été mon exploit de l'hiver. J'en ai été bien récompensée, très au delà de mes mérites, mais là, je cale.




   Devant les prétentions de Donald Trump sur le Groenland, je pense à ceux qui auraient pu espérer trouver un asile peinard dans cette grande île nordique. Cela aurait pu m'arriver, si je n'étais si profondément attachée à la Russie. Le Groenland, ou bien l'Islande. Eh bien c'est raté! Maintenant, le seul asile possible, après l'arche russe, c'est la Jérusalem céleste.

En réalité, de la part de Donald, cela semble logique, il se replie sur sa zone de proximité immédiate, et puis il y a l'Arctique... Dany me dit qu'alors, ce sera la confrontation directe avec la Russie. J'aime autant la confrontation directe que de voir des Ukrainiens à la cervelle rincée en guerre avec les Russes pour les intérêts d'une mafia de milliardaires et la satisfaction de vindictes stupides et de haines irrationnelles. 

De plus, l'Amérique n'est pas si florissante non plus, elle fiche la pagaille partout, mais face à la Russie, pas sûr qu'elle fasse des miracles. Voir flamber Hollywood a quelque chose d'apocalyptique. On peut se demander là encore si certaines créatures des ténèbres ne sont pas à la manoeuvre. Les gens ont l'impression que l'apocalypse tombe du ciel, mais non, il y a longtemps que j'ai compris que l'humanité était assez folle pour se détruire elle-même. Le diable est un esprit qui agit par nos mains.

Il semble que les pays de l'est, moins ramollos, finalement moins formatés, parce que restés plus traditionnels, commencent à réaliser dans quel piège ils sont tombés. En Roumanie, les machinations de l'UE ne passent pas, et les gens manifestent contre les manipulations de leurs élections, pendant que les bobos imbéciles fêtent la mort de le Pen, comme s'il n'y avait pas mieux à faire...

 https://t.me/russosphere/60329









































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































































mercredi 15 janvier 2025

Bon voyage, matouchka...

 

La matouchka Alexandra, qui m'avait fait ses adieux il y a quelques mois, puis m'avait déclaré qu'elle n'arrivait pas à mourir, a fini par y parvenir, avant hier soir tard, et je l’ai appris le jour suivant. Le lendemain, je devais aller chez l’ophtalmo, j’avais pris rendez-vous depuis un mois, j’ai absolument besoin de lunettes à verres progressifs, et je n’ai même pas pu décommander, car lorsque j’ai eu confirmation que les obsèques auraient bien lieu aujourd’hui, j’étais invitée chez l’Anglais, et l’ophtalmo était fermé.

J’ai fait une route horrible, neige fondue, des gerbes d’eau sale sur le pare-brise à chaque passage de camions. Je râlais tant que je pouvais, pourquoi l'enterrer si tôt, et par un temps pareil? J’étais furieuse et n’en revenais pas. Je me disais : «La matouchka vient de mourir, et tu ne penses qu’à toi, tu en veux à la terre entière, comment est-ce possible ? » Eh bien le diable, sans doute, mon démon râleur et rechigneux qui se déchaînait devant mon ange gardien consterné.

Arrivée à la Laure, j’ai trouvé l’église, qui est très ancienne et très jolie, blanche, avec un bulbe rayé bleu et or. Elle est aussi assez petite, et nous étions plutôt serrés. J’avais raté la liturgie, mais je ne pouvais pas partir avant qu’il fît jour, j’ai une fois de plus un feu de code qui ne marche pas. Comme l’office funèbre lui-même a duré une heure et demie, je ne l’ai pas trop regretté, je ne pouvais pas m’asseoir et j’aurais eu du mal à tenir le coup.

Il y avait beaucoup de nobles moines vêtus de blanc, et les chants étaient magnifiques. Je demandais pardon du fond du coeur à la matouchka et me réjouissais pour elle, car tout se déroulait comme elle l’avait prévu et souhaité. Elle était couchée dans son cercueil, au milieu de nous, le visage recouvert d’un tissu brodé. Je pensais à son destin de Russe émigrée, née en France, et revenue finir ses jours près de la Laure. "Je suis heureuse de mourir ici" me disait-elle, il y a quelques temps. Cet enterrement me paraissait le couronnement de sa vie.

https://www.youtube.com/live/Zb1r4eJoMl0?si=zvc1vRf234Xm6Yyc les funérailles sur youtube.)


Au cimetière, qui n’était heureusement pas trop loin, les gens ont commencé à passer des larmes au rire. Les moines étaient très gais, ils racontaient qui des anecdotes sur la matouchka, qui leurs voyages en France, et avec une malice bon enfant très réconfortante. Nous avons chanté : « Fais reposer ta servante parmi les saints, là où il n’y a plus ni peine ni douleur mais la vie éternelle », puis « Mémoire éternelle », « Saint Dieu, saint fort, saint immortel », et enfin le tropaire de la Résurrection. Un moine a expliqué qu’il devait à la matouchka, qui l’avait aidé à traduire des textes en français, d’avoir brillemment terminé le séminaire, et il s’est incliné pour déposer un baiser sur le cercueil, avant qu’on le descendît dans la fosse : « matouchka, je t’aime ! »

Avant de partir, nous avons tous déposé sur sa tombe des fleurs et des branches de sapin. 

« Christ est ressuscité ! » a crié un moine en français.

- En Vérité, il est ressuscité ! » ont répondu les francophones de l’assistance, et il y en avait pas mal, des descendants d’émigrés, Aurélie la Belge et moi-même. « Qu’est-ce que c’est, comme langue ? a demandé le fossoyeur, aussi gai que les autres.

- Du français ! » a répondu le moine avec une espèce de fierté, comme s'il l'était un peu devenu lui-même..

Au repas des funérailles, tout le monde a évoqué tour à tour la matouchka, à commencer par son père spirituel qui ne doute pas une minute de son arrivée directe au Ciel. Il ne doutait pas non plus qu’elle eût continué la veille à organiser les choses, toutes prévues de son vivant, et que son âme fût parmi nous. Et je n’en doutais pas moi-même, on sentait partout sa présence affable et primesautière. Les moines racontaient combien elle avait été pour tous secourable et généreuse et prenaient des fou-rires au souvenir de ses plaisanteries, et de sa gentille excentricité. Je racontai comment j’étais partie fumasse, et combien je ne regrettais pas de l’avoir fait, car c’était le plus joyeux et le plus bel enterrement que j’avais vu de ma vie. Je dis mon estime pour le courage et la foi d’une amie que j’avais connue trop peu de temps, mais qui m’avait certainement été envoyée par Dieu pour me rassurer et m’encourager, car je suis seule ici, et n’y ai pas de famille. Cette sacrée matouchka avait réussi à partir au sein d’un amour unanime, et d’une allégresse générale, comme elle me le disait à notre dernière entrevue: "Ce n'est pas parce que je suis en train de mourir qu'on va s'arrêter de rigoler". 

«Elle avait une sorte d’éternelle jeunesse, dit son père spirituel, elle s’intéressait à tout et à tous, et elle avait beaucoup d’humour, l’humour me paraît la marque des coeurs purs, l’aptitude à rire en toutes circonstances est un trait de l’enfance inaltérable ! »

Mon retour a été encore plus épouvantable que l’aller, car le navigateur m’a amenée sur l’autoroute, où je pouvais aller plus vite, et arriver avant la nuit, mais d’un autre côté, il y avait plein de camions, et des gerbes d’eau sale aveuglante, je suis entrée dans Pereslavl complètement épuisée. Mais qu’il eût été donc dommage de rater ce magnifique adieu de la Laure et de la Russie à la matouchka... Car c’était la Russie, la vraie, qui la mettait au tombeau, avec quelques Français d’origine ou d‘éducation, une Russie qui l’avait accueillie à bras ouverts et la garderait désormais pour toujours. Son enterrement aura été son dernier cadeau et peut-être le signe que je lui avais demandé de me donner, quand elle serait passée de l'autre côté.

partie dans la joie et l'amour.





samedi 11 janvier 2025

Après les fêtes

 




Obligée de mener Rita chez le coiffeur, j'ai dû affronter le dégel, la glace savonneuse sous l'eau sale et les congères vitrifiées. En principe, la période entre la Nativité et la Théophanie est la plus froide de l'année.Ce n'est plus la Russie, c'est l'Angleterre de Dickens. J'ai plus que jamais pitié de tout ce qui est à la rue, c'est-à-dire principalement des animaux. Certains sortent manifestement tout juste, encore tout propres et sidérés, d'un appartement bien chaud, d'où leurs maîtres capricieux ont décidé de les expulser. Comment peut-on faire cela à ces êtres innocents pour qui nous sommes tout??

On sent qu'approche février, tout de même, les bouvreuils commencent à arriver pour se nourrir, ces merveilleuses petites boules écarlates, mais la neige est désormais loin d'être blanche. Moustachon est un chat jouisseur, gourmand, impudent, débonnaire avec les siens et combattif avec les étrangers. Mais c'est aussi un rêveur. Aujourd'hui, j'ai décidé de le dessiner, tandis qu'il s'absorbait dans la contemplation, des décorations de Nouvel an, qui resteront, chez le voisin, pendues jusqu'à Pâques.

Un cosaque de ma connaissance s'indigne d'un petit film où l'on voit une jeune femme moderne d'une consternante bêtise s'égarer, au cours d'une beuverie avec des copines, dans la forêt qui l'entoure et y rencontrer trois femmes qui se révèlent ses ancêtres. J'avais vu la même chose auparavant, mais c'était un garçon qui rencontrait trois hommes, tous guerriers, d'ailleurs. Mon cosaque y voit quelque chose de pas net, parce que deux de ces femmes parlent à leur descendance des traditions de leurs ancêtres, et la troisième est une institutrice soviétique. Et donc, d'après lui, c'est une façon sournoise de gommer toute l'orthodoxie et de réunir le paganisme et le communisme. Et il souligne qu'il n'est nullement question, dans ce petit film, de toutes les grandes figures de l'histoire russe, de tous les saints vénérables etc... A la lecture de ses conclusions, un immense découragement m'a saisie. Je me souviens que le père Barsanuphe détestait plus que tout "la confusion". Il avait bien raison, et cette confusion se répand partout, égarant tout le monde. Pour ma part, j'ai trouvé le film surjoué, autant dans l'imbécilité de la malheureuse héroïne que dans l'angélisme de ses trois ancêtres. Mais je ne vois pas bien où on aurait pu caser l'histoire et l'hagiographie russes dans ce récit, et comment deux paysannes et une institutrice retrouvant leur descendante auraient pu lui faire une conférence sur ce sujet. Elles parlent de leurs traditions qui, en soi, sont belles et pleines de sens et n'entrent pas en contradiction avec la pratique de la religion orthodoxe, du reste l'une d'elles évoque l'Eglise, et quant à l'institutrice, elle est là pour montrer que la grand-mère était digne et dévouée, et ne titubait pas, bourrée, sur des talons aiguilles dans la forêt, ce qui était vrai de beaucoup de ses collègues à l'époque concernée. Quelques jours auparavant, c'est le père Tkatchev qui, stigmatisant un horrible clip ukrainien déjà ancien, où une fille  en costume national décapitait un Russe dans un champ de blé, s'en prenait au folklore qui menait au néopaganisme et ainsi de suite. C'est sans doute la raison pour laquelle certains prêtres refusent d'entendre les vers spirituels russes, mais laissent les gens chanter les kitcheries religieuses de sectes américaines que je fuyais au grand galop dans mon adolescence, tellement je les trouvais stupides et vulgaires. Cependant à Rybinsk, ne leur en déplaise, sept mille personnes se sont réunies dans les rues pour chanter des chants de Noël et des chansons de quête, promenant des étoiles de Béthléem, et beaucoup étaient en costume russe, ce qui me réjouit profondément. Si seulement ces contempteurs du folklore pouvaient se déchaîner avec le même zèle contre les horreurs et les vulgarités que diffuse la télé! 

Skountsev, folkloriste de premier plan, déteste le néopaganisme, car il lui reproche de ne pas être traditionnel. Ce qu'il reste du paganisme originel, dont on ne sait plus grand chose, a été sanctifié et digéré par l'orthodoxie, le néopaganisme est une reconstruction artificielle, dont la plus grande réussite, sur le plan de la destruction de la mentalité russe, aura été de faire dire au père Tkatchev et à mon cosaque n'importe quoi, et de lancer une offensive contre quelque chose qu'ils devraient d'abord étudier et ensuite soutenir. 

Plus je regarde ce qui se passe autour de moi, dans ce crépuscule de l'humanité, et plus je suis persuadée de la profonde sagesse et de la vérité du chant populaire. Ainsi du magnifique chant spirituel "la petite route du Seigneur": 

O pourquoi âme damnée,

Chez nous n'es-tu pas entrée?

Par sottise ou grossièreté

Ou bien par cupidité...

 Car les vrais sadiques ne sont pas si nombreux, mais la cupidité et la bêtise font faire aux gens des choses terribles. La bêtise au front de taureau, comme disait un de mes amis autrefois, citant je ne sais plus qui.. 


au front...

Une amie m'a envoyé l'interview d'Alexandre Dianine-Havard, et je l'ai écoutée subjuguée, parce que non seulement il parle très bien, avec flamme, avec ferveur, mais je partage tout ce qu'il exprime, et le partage, comme lui, malgré tout. C'est là que réside mon optimisme, en dépit de toutes les cicatrices que la modernité idéologique et matérialiste a laissées en Russie, qu'on l'approuve ou la combatte avec le même systématisme idéologique que ses adversaires. J'ai quelques réserves sur la régénération de l'Europe, surtout après les carmagnoles autour de la mort de le Pen. Mais dans le pire des cas, je crois que la Russie peut devenir l'arche de la civilisation européenne, et un refuge pour une partie de ses populations, ou ce qu'il en restera, si les petits démons ne la mangent pas. Je crois comme lui dans le sacrifice de ses nombreux martyrs, ses incroyables souffrances qui ne peuvent pas avoir été vaines, et se répètent aujourd'hui. Il affirme à plusieurs reprises qu'il a foi, et c'est bien de cela qu'il s'agit, moi aussi j'ai foi, et contre toute raison. Je suis fatiguée, mais j'ai foi. Car les Russes ont massivement perdu leur culture, mais, comme l'a remarqué cette spécialiste du cinéma que j'avais déjà citée, malgré des décennies de lavage de cerveau, leur coeur est resté russe. C'est le premier des miracles, et sur le front, d'après ce que j'entends dire, il y en a bien d'autres.



J'ai vu une excellente et pénétrante vidéo de Youssef Hindi, dont je fais profiter les curieux de nature:


Donald Trump à la conquête du Canada


mercredi 8 janvier 2025

Visiteur de Noël

 

Au bord du lac



Hier, j'ai fêté Noël chez le père Ioann, je lui avais promis de chanter. Les gens étaient contents, mais je me suis trompée plusieurs fois, cela devient difficile, pour moi. quand je suis seule, je chante et je joue normalement, mais en public, si je suis fatiguée, je perds ma concentration. Je n'ai pas derrière moi toute une vie d'expérience musicale, malheureusement... 

J'étais avec un visiteur français, un monsieur qui avait décidé de voir la Russie de ses propres yeux, mais justement, ses yeux sont presque aveugles, et il a bien du mérite de s'être lancé dans une telle aventure. Il n'a pas du tout trouvé ce qu'on raconte en occident, mais il a été censuré, pour avoir écrit cela dans son récit de voyage, par l'association "franco-russe" de la ville où il réside. Il voulait assister à une liturgie de Noël russe. Et il a joué du doudouk arménien, instrument envoûtant qui lui est interdit à cause de ses problèmes oculaires, mais il n'a pas pu résister. 

Nous sommes allées ensuite chez Marianna et Volodia qui nous avaient invités. Et je me suis retrouvée coincée dans une congère. Mon malheureux visiteur a fait ce qu'il a pu pour essayer de dégager les roues et de pousser la voiture, mais il n'est pas jeune non plus. Un type s'est arrêté pour nous aider, puis des jeunes gens, et tout ce monde nous a obligemment tirés d'affaire. Et par dessus le marché, le premier bon Samaritain m'a offert un pot de miel en nous souhaitant un joyeux Noël!

J'aime beaucoup le coin où vivent Mariana et Volodia, mais voici une des raisons pour lesquelles, malgré toute ma nostalgie de la nature, de la beauté et de l'espace, je ne déménage pas dans un village. Mon visiteur m'a dit qu'il n'envisageait pas d'émigrer en Russie, parce que le climat rendait la vie beaucoup trop rude. Une amie de nos hôtes, Olga, lui a répliqué que la Russie était vaste et ses climats divers, et en effet. J'aurais peut-être dû écouter le père Antoni et aller en Crimée! Je courrais le risque de me faire bombarder, mais moins celui de me casser le col du fémur. 

Pour tout arranger, nous avons encore un redoux, de l'eau partout, et sous l'eau, la glace, bien savonneuse.

Un égaré a fait de l'empreinte du saint Suaire une interprétation personnelle regrettable. Je prie devant l'empreinte elle-même, le négatif révélé par la photographie, mais devant le dessin qui prétend l'améliorer, cela m'est complètement impossible. Je vois, dans le domaine de l'iconographie, des choses terrifiantes, et ne peut que m'écrier intérieurement: "Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font..." Je suis toujours consternée de voir représenter le Christ avec une tête de niais bêlant ou de play-boy hollywoodien. Surtout quand Il a pris la peine de nous léguer ce cinquième évangile qu'est le Suaire. Brouiller ce message n'est pas une oeuvre utile. On a pu obtenir une reconstruction en trois dimensions, car l'empreinte elle-même en donne la possibilité, c'est en soi assez stupéfiant, et bouleversant quand on n'y touche pas plus loin. Mais dès qu'on essaie de la transposer, au travers de ses idées, sentiments et représentations personnelles, c'est la catastrophe. Plutôt que de bidouiller cette image, mieux vaut faire ce qu'ont fait les croyants depuis qu'ils en ont eu connaissance: des icônes. La tradition iconographique empêche de projeter sur une Image sainte absolument n'importe quoi.

Pour le Suaire, je me contente de l'icône "soviétique", que me suis confectionnée moi-même avec des souvenirs et de jolies choses. La photo du Suaire telle qu'elle s'est révélée, ma tresse de cheveux d'enfant, des fleurs de Solan ou de la tombe de sainte Matrona, un peu de duvet de mon petit chien, des monnaies du pape de mon jardin, du papier brillant. C'est-à-dire que j'ai juste composé un cadre avec toutes ces petites traces de ma vie que je voue au Seigneur. 



 


Reconstitution d'après le Suaire

J'ai vu la foule de petits crétins que la mort de Jean-Marie le Pen motive pour aller manifester, tandis que toutes les avanies infligées à leur pays par leur gouvernement mafieux ne les font pas bouger d'un cil. Je sais bien que ce sont tous des enfants-loups culturels et spirituels, avec des prénoms idiots ramassés dans les séries, aucune notion de rien, aucun réferent culturel normal, mais quand même... Tout d'un coup, j'en ai eu le vertige, et je ne regrettais plus de ne pas laisser de descendance parmi ces dégénérés ni d'avoir choisi de mourir loin des boomers qui les avaient enfantés et élevés dans la barbarie hagarde et prétentieuse. Quelle que soit l'orientation politique de chacun et la façon dont on considère le vieillard qui vient de quitter cette terre, il n'a jamais exercé le pouvoir, et l'on n'a rien de spécial à lui reprocher, à part des déclarations, souvent amplifiées par la presse et détachées de leur contexte pour en faire un épouvantail. Concrètement, à part penser mal, il n'a rien fait de si terrible. Il n'a pas arraché les yeux, les mâchoires et les mains des gilets jaunes, privé les soignants récalcitrants de salaire ni les vieux des visites de leurs proches, ni inoculé de force un vaccin douteux, j'en passe et des pires, pour ne pas encore me faire dénoncer par un obligeant minable du même tonneau que ces pauvres petits imbéciles. Mais outre que cette réaction, manifester pour applaudir le décès d'un type qui ne les a jamais réellement menacés, est absolument stupide, elle est aussi tellement vile... J'en ai honte pour eux. Et je pressens que lorsqu'ils récolteront les fruits de leur aveuglement, (ils les récoltent déjà et ne voient rien), ils ne comprendront jamais et continueront à délirer dans ce méprisable registre jusqu'à leur complète extermination déjà programmée. 

Le fiancé de Katia était en grand danger, assailli par des drones dans le bâtiment où il se trouvait avec ses camarades, et la situation était si désespérée qu'il lui avait même fait ses adieux, au cas où... J'ai demandé de l'aide à tous ceux que je connaissais et qui pratiquent la prière, évidemment. Six drones ont percuté leur abri et n'ont pas explosé.