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dimanche 3 septembre 2017

Le beau vélo de Ravel

Le pâtissier Didier m'attendrit par ses côtés bien français, râleur, bourru, très professionnel, très consciencieux, je contemple son savoir-faire, ses gestes adroits et amoureux de la pâte feuilletée ou du biscuit à la pistache. J'ai beaucoup plus traduit que la dernière fois, et parfois, avec le bruit des machines et la tendance de certains à chuchoter ou marmonner, ce n'était pas si facile. "Vous êtes notre salut! me dit une ouvrière, il ne comprend rien et nous non plus, et cela introduit toutes sortes de tensions!" Didier a beaucoup de raisons d'être tendu, sur lesquelles je ne m'étendrai pas telle la pâte sur le marbre, mais il est particulièrement irrité par le manque d'initiative de ses employés quand il s'agit de prendre des responsabilités, leur manque d'autonomie dans le travail. "Faut que je les materne! Font rien sans moi!" Alors qu'ils en prennent de malheureuses par rapport aux instructions qu'il leur donne et qu'ils adaptent à leur façon. Je lui ai dit que j'avais eu une aide maternelle qui m'avait désespérée les premiers mois de notre collaboration, et avec laquelle j'avais eu ensuite une relation de totale confiance et d'amitié. La vieille tsigane qui fait la vaisselle m'a glissé: "Il est bien, cet homme quand même, ça se voit tout de suite!" Mis au courant, Didier a fait la moue: "Ouais, c'est pas ce qu'elle a l'air de penser quand je lui dis de se magner pour laver les plats!"
A l'issue de notre boulot, Didier m'a accompagnée chez un marchand de cycles. Je voulais faire l'acquisition d'un vélo. Il n'y avait pas un grand choix, ce qui simplifiait les choses. A part les machins sportifs, il ne m'était proposé que deux vélos praticables, un sans vitesses, l'autre avec, j'ai pris le deuxième. Didier aurait acheté le même, mais il n'y en avait qu'un. Pour les sacoches et l'antivol, c'était dans un autre magasin, et j'y suis allée ensuite, avec Didier à qui je détaillais toutes les enseignes, car il ne lit pas encore le cyrillique, il ne savait pas qu'il avait à deux minutes une épicerie où se dépanner s'il manquait tout à coup quelque chose à la fabrication, car il n'y avait pas de vitrine extérieure et la pancarte lui restait hermétique. Curieusement, plusieurs personnes que j'ai croisées m'ont regardée en se marrant: je n'ai pas une tête à faire du vélo? Mon vélo est comique? Mystère. Voici donc le vélo, comme disait un ami autrefois, mon beau vélo de Ravel, qui me permet d'aller vite fait faire mes courses au "Magnit", et sur lequel je volerai demain vers mon lieu de travail.

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Didier m'a dit que lorsqu'il était arrivé en France, la police l'avait retenu une heure au contrôle des passeports: on prétendait qu'il était recherché au niveau international. "Et pendant ce temps-là, tu crois qu'ils se seraient occupés de tous ceux qui attendaient derrière? Non, ils étaient je ne sais combien à rien foutre, mais personne ne se dérangeait. Ca ne va pas du tout, le monde ne tourne vraiment pas rond, je t'assure, ça fait peur. Ils recherchaient un banquier, je leur ai dit: moi je suis pâtissier. Quand j'ai fini par sortir, ah c'était plus Paris, je ne reconnaissais plus rien. Un bordel pas possible, le tiers-monde, et dans le métro, les quatre escalators en panne... Ah pas question d'y retourner, ah  n'importe où mais pas là bas, je t'assure, ça sent pas bon... Et puis c'est cher, ce n'est pas possible! Le problème de notre monde, c'est qu'il n'y a plus que le fric qui compte, et ça c'est pas normal!"

samedi 2 septembre 2017

Démarches kafkaïennes



Tania, qui est juriste, est venue de Moscou m'aider à mettre en règle ma maison, ce que je n'aurais jamais pu faire toute seule. Il s'agissait de mettre à mon nom les factures d'électricité, d'eau, de gaz, démarche habituelle quand on achète une maison mais qui prend ici des allures de parcours du combattant. J'avais en plus une dette d'électricité exorbitante à payer d'urgence, alors que la dernière payée se montait à une petite somme.
Tania, ne sachant que faire de ses gosses, les avait amenés avec elle. Ils étaient contents du séjour, bien que nous les eussions traînés dans je ne sais combien de bureaux. Elle a inspecté toutes mes factures et tous mes documents et trouvé que je n'avais pas de "passeport technique". Consulté, Kostia a répondu que cela ne servait à rien ici, et que peut-être le vendeur avait oublié de le transmettre. Bon. Nous prenons toutes les adresses et nous voilà parties.
A premier bureau, celui de l'eau, on m'établit un contrat, puis on  nous envoie ailleurs, à l'autre bout de la ville, où c'est fermé pour cause de déjeuner, nous allons prendre le nôtre au café français, puis nous revenons. A l'autre bout de la ville, on m'a établi un contrat pour l'électricité. Restait l'histoire de la dette. Nous passons à la Sberbank, consulter mon compte et tout imprimer. La fille de service très aimable. Puis nous allons à Energo, et Tania me conseille de rester avec les gosses pendant qu'elle parlemente. Dacha me fait une démonstration de ses talents de danseuse, Pétia me décrit toutes les marques de voitures et leurs caractéristiques, Tania fait des apparitions périodiques avec des mines éloquentes, puis elle m'amène pour signer des papiers au comptoir, et repart avec moi, persuadée qu'on avait tenté de m'escroquer, car j'avais payé une dette (la petite) sans sourciller, alors qu'il s'agissait d'un autre compte, qui différait du mien d'un chiffre, et que, constatant cette réaction encourageante, on avait cru pouvoir m'extorquer un bon paquet. Elle n'en est pas sûre à 100%, mais elle le soupçonne fortement au vu des mines déconfites et affolées du personnel, qui a baissé la dette des 2/3...
tout cela est donc réglé, passons au gaz. Nous allons à l'adresse indiquée, une arrière-cour introuvable, et là, fermé pour cause de panne d'électricité. "Panne d'électricité mon oeil, me dit Tania, aujourd'hui c'est la rentrée des classes, laissez-moi faire une petite photo pour envoyer une plainte". Déjà crevées, nous rentrons avec les gosses qui nous font le souk. Nous passons un long moment à tout éplucher sur ordinateur. Il s'avère que le gaz, pour les contrats, est à un autre endroit, nous y allons le lendemain, fermeture pour cause de déjeuner. Les pauses déjeuner sont sacro-saintes et variables selon les endroits, tantôt à midi, tantôt à une heure, tantôt à deux heures. Pour être sûr de ne pas tomber dessus, il faut venir dès le matin, mais avec les gosses de Tania, impossible. Nous allons donc déjeuner au café Montpensier. Puis retour au gaz. La maritorne malgracieuse de service réclame le passeport technique. C'est le seul endroit où on l'exige, et il faut le commander, si on ne l'a pas, dans une administration qui, soi-disant, regroupe  ce genre de démarches et où m'avait fait tourner bourrique avec l'enregistrement de mon visa. Là bas, évidemment, la queue, et une autre maritorne de service, qui nous donne un faux renseignement, de sorte que nous poireautons encore une heure et demie pour rien. Ce n'est pas là, c'est au dessus, mais au dessus, c'est fermé. Tania pète un scandale. Bon, on me fait un papier, je ne sais pas ce que c'est, il faut aller payer quelque chose à la banque, je ne sais pas ce que cela a à voir avec le passeport technique ni même s'il le faut vraiment, le passeport technique, car la maritorne n°1 a pu lancer cela comme ça, et la maritorne n°2 mettait en doute la nécessité du truc. Bref, tout est fait, sauf le gaz, et pour le gaz, ce n'est pas gagné.
Pour oublier nos misères, nous allons visiter le monastère Nikitski, où j'apprends que demain, toutes les cloches de Pereslavl sonneront en mémoire des victimes du terrorisme international, et où j'achète un livret russe sur "la France orthodoxe"! Puis nous allons à la source de saint Nicétas le Stylite. Tania remplit quelques bouteilles. Deux grosses montgolfières passent au dessus des vallonnements de la lande, tranchés par les palissades des requins qui rêvent de couvrir ce paysage mystique de cottages Disneyland et de centres commerciaux. Puis nous allons sur la plage municipale, pas très loin de chez moi. Le soleil est en train de se coucher, rougeoyant, dans le soir gris, mauve et verdâtre. Des canards glissent sur l'eau soyeuse. L'air est tiède, rafraîchi par une brise légère.
Tania est pressée de rentrer à Moscou, et nous commençons juste d'avaler quelque chose en vitesse chez moi que le téléphone sonne: Ioanna, une orthodoxe suisse rencontrée à un stage de chant byzantin est à la gare routière de Pereslavl, cette femme aventureuse, en pèlerinage à Moscou et Saint-Pétersbourg pour la première fois de sa vie et complètement ignorante de la langue russe a pris le bus pour venir me voir. A peine Tania partie, me voilà avec Ioanna. Le lendemain, nous nous promenons sur la berge du lac, puis dans le centre historique, après un repas au café français, où j'apprends que je bosse demain, et pas lundi, adieu la liturgie à saint Théodore!

Saint Nicétas. Les églises datent d'Ivan leTerrible. Le monastère était pratiquement en ruines quand je l'ai vu la première fois. Il a été restauré par l'Eglise quand il lui a été rendue, après des décennies de déchéance. J'avais sur lui une vue magnifique quand j'escaladais avec Doggie la rive escarpée, derrière chez moi, en hiver, mais depuis, on a construit en hâte trois gros cacas qui me le masqueront désormais, il me faudra aller plus loin, et la perspective n'est pas la même...

Avec Pétia et Dacha


Les canards du lac


mardi 29 août 2017

Une matinée à la production

Premier jour au laboratoire du café français. Didier est un homme très compétent, j'ai fait l'interprète. Il se plaint que les Russes sont têtus comme des bourriques et prennent des initiatives qu'on ne leur demande pas. Il fait la démonstration, comment concasser des noisettes de manière à obtenir des gros morceaux, des morceaux moyens et de la poudre. Il y a un coup à prendre, que le jeune apprenti ne prend pas tout de suite. Il me fait goûter les productions, un florentin avec le café, un macaron, un cookie, une pâte de fruits... pas le bon endroit pour faire un régime.
Une des employées se plaint que Didier ne les appelle pas par leurs prénoms. "Mais si" proteste-t-il. Peut-être ne comprend-elle pas, car il n'accentue pas à la russe. Je dis à la dame: "Il trouve les Russes très susceptibles. Vous êtes quelqu'un de sensible...
- Je suis impressionnable et sérieuse."
J'explique à Didier que les Russes sont des gens effectivement susceptibles et très affectifs.
Il va falloir développer des listes de mots, pour les employés et pour le patron, qui permettent aux uns et aux autres de communiquer professionnellement.
Didier vient d'Amérique latine, il en avait assez du climat tropical. Sa femme n'a jamais vu la neige. Elle va être servie...
Au déjeuner, l'associé de Gilles, le cosaque Iouri nous a rejoints. Il est du Donbass, sa maison est à 6 km du front. Didier ne connaissait de la question que la version de la télé française: l'armée russe en Ukraine. "Si l'armée russe avait été en Ukraine, dit Iouri, la guerre n'aurait pas duré trois ans mais trois jours, le temps pour les Russes d'arriver à Kiev." Didier ne comprend pas pourquoi ce mensonge, les reportages semblent si convaincants... Je lui conseille d'aller voir les chaînes de réinformation bénévole, ce qu'on appelle "la propagande du Kremlin", "propagande" gratuite et spontanée d'enthousiastes qui ne touchent rien, et dont les vidéos traduites sont vues par 500 ou 1000 personnes. Pas très efficace, la "propagande", et pas du tout subventionnée. J'en sais quelque chose.
Pourquoi ce mensonge? Pour la même raison qu'en Yougoslavie, en Irak, en Syrie. Et selon les mêmes procédés. Une presse unanime, entièrement achetée, des gouvernements de compradores. Il faut faire de l'Ukraine un abcès permanent au flanc de la Russie, et une plate-forme militaire de l'OTAN. C'est le cas de pratiquement tous les pays de l'est qui, si cela tourne au conflit général, en seront le champ de bataille dévasté.
Cela paraît difficile d'imaginer que des reportages puissent être honteusement et complètement bricolés, mais avec les techniques modernes, et sans médias libres d'envergure, cela devient possible.
On peut exterminer un peuple entier en se donnant le beau rôle, incendier la planète en accusant les autres de ses propres turpitudes, et les gens n'y voient que du feu.
Des voisins un peu éloignés m'ont appelée pour me signaler la présence de Rosie chez eux. Elle se promène dans le quartier en quête de camarades de jeux, enfants ou chiens. Je leur ai expliqué que j'habitais pas loin, qu'elle connaissait la route. En partant, elle a essayé de chiper un des jouets du gamin. Chez moi, si je l'enferme, elle ne me donne pas une minute de paix, aux chats non plus. Elle me réveille tous les matins à l'aube et s'obstine à me sauter dessus avec des pattes dégueulasses, comme tous les crétins de chiens que j'ai connus dans ma vie, à l'exception des spitzs. Elle vole tout ce qui est à sa portée et maintenant, tout est à sa portée, car elle est en plus assez agile. Elle m'emmerde plus qu'un enfant, à qui je pourrais expliquer la situation. Si elle commence à emmerder tout le quartier, il faudra refaire la palissade, je  n'en ai pas pour l'instant les moyens, ou la mettre à la chaîne, ce qui n'est pas dans mes conceptions, si pénible qu'elle puisse être, et même si le territoire est hermétiquement fermé, comme il est trop restreint pour sa nature hyperactive et qu'elle ne peut y rencontrer que mes chats, délibérément hostiles, elle me fera les quatre cents coups, et me ravagera toutes les plantes. Un cadeau du ciel...



Des vidéos de la chaîne Thalie Thalie, sur youtube. Des vidéos témoignages traduites bénévolement par une enfant du pays, mariée à un Français. 


Interview du poète et dramaturge Iouri Iourtchenko, qui avait quitté Paris pour réinformer les gens. Je l'ai traduite il y a 3 ans: 500 vues... Un homme qui a risqué sa vie, vu tout cela de près, a été torturé par les bataillons punitifs ukrainiens pendant 10 jours et a échappé à la mort par miracle. Rentré à Moscou, il dérange même ses compatriotes libéraux qui veulent croire dans les mensonges de la presse atlantiste, parce que ça les arrange.

lundi 28 août 2017

Retour à Saint Théodore

Je suis revenue ce matin au monastère saint Théodore, après avoir échangé la veille avecune fille spirituelle du père Séraphin de Valaam. Elle semble être une moniale selon mon cœur, avec le type de spiritualité que je recherche, dans le style de mon amie mère Geneviève, une autre excentrique de Dieu. Elle m’a demandé pourquoi je m’étais exilée en Russie alors qu’on pouvait prier partout et que partout les gens avaient besoin de secours spirituel. En effet, et c’est pourquoi j’ai longtemps hésité à partir, malgré mon amour de la Russie. Qu’en reste-t-il, de la Russie, me demande-t-elle, le père Séraphin lui-même dit que la société russe est profondément malade. Oui, elle est malade, moins que la nôtre, mais elle est malade, quelle est la société, aujourd’hui qui ne l’est pas ? D’affreux processus de décomposition sont à l’oeuvre partout, les démons se déchaînent de tous les côtés à la fois, et la Russie est prise entre les libéraux qui veulent la vendre, et les staliniens, qui la confondent avec l’Union Soviétique, crachent sur les tombes des victimes des répressions et des martyrs, se déchaînent sur les orthodoxes et le tsar Nicolas. J’ai l’impression que je suis ici pour faire le lien entre la France et la Russie, pour dire aux uns qu’ici, ce n’est pas ce qu’ils croient, et aux autres que là bas, ce n’est pas ce qu’ils imaginent.  Pour montrer aux Russes qu’on peut faire la démarche d’aimer la sainte Russie jusqu’à partir pour en rejoindre les derniers vestiges, car en son idéal survit celui de la vieille France, celle qui s’est égarée jusqu’à donner aux nations d’Europe l’exemple du régicide, suivi du génocide, du reniement et de l’apostasie, déplorable exemple si largement suivi.
Sœur Larissa m’a reçue avec beaucoup de chaleur, et j’ai déjeuné, comme d’habitude, au réfectoire, avec tout un tas de grand-mères. Puis je suis allée rejoindre mon amie monastique dans le petit café où elle vend le dimanche des produits du monastère.  Elle me montre sur son téléphone une vidéo : quatre avions de chasse russes se séparent dans le ciel, et la vapeur de leur sillage dessine peu à peu un ange immense, dans l’azur. Des lettres s’affichent : Dieu est avec nous. Elle me fait l’apologie du monachisme : nous allons au monastère non parce que nous sommes déçus par la vie, mais parce que nous aimons Dieu et que le monde nous disperse, nous vole à nous-mêmes, le monachisme, c’est le diamant de la chrétienté, regarde ces moines, regarde ces visages… » Et elle fait défiler des portraits sur son téléphone. Entre l’adorable petite novice Yefrossinia qui vient s’enquérir de quelque chose et repart aussitôt. «Elle est toute jeune, dis-je
- Elle a dix-neuf ans.
- A Solan aussi, il y a une toute jeune novice qui voulait devenir moniale depuis son enfance, et elle a le même air de pureté…
- C’est la volonté de Dieu. Un saint starets a vu Yefrossinia dans son enfance, et il a dit : elle sera moniale.
- Et elle, qu’est-ce qu’elle en pensait ?
- Que veux-tu qu’elle en pense, quand c’est la volonté de Dieu ? Tu as vu quelle pureté est la sienne ? »
En effet, la pureté de Yefrossinia est évidente, comme celle de la jeune Raphaëlle,  à Solan, dont la mère Hypandia dit justement que c’est « une belle petite âme ». Il y a semble-t-il des êtres prédestinés en lesquels Dieu se mire comme dans une source.  Saint Porphyre était parti en secret à douze ans au mont Athos…
En rentrant, j’ai trouvé sur Facebook, et traduit, un post du père Vladimir Viguilianski, à l’occasion de la Dormition que nous fêtions aujourd’hui. Il s’agit de témoignages, dont l’un est direct, sur l’apparence de la Mère de Dieu :

L’IMAGE DE LA MERE DE DIEU
Le saint prêtre martyr et évêque d’Athènes Denys l’Aéropagite (+ en 96 dans les Gaules) dans une lettre à l’apôtre Paul :
« Je témoigne par Dieu qu’à part Dieu lui-même, il n’y a rien dans tout l’univers qui soit empli à ce point de force divine et de grâce. Aucun homme ne peut concevoir par l’esprit ce que j’ai vu. Je le confesse devant Dieu : quand que je fus amené par Jean, qui rayonne parmi les apôtres comme le soleil dans le ciel, devant la personne de la Très Sainte Vierge, j’ai éprouvé un sentiment indicible. Devant moi brillait une sorte de rayonnement divin. Il illuminait mon esprit. Je sentais le parfum d’aromates indescriptibles et j’étais empli d’un tel enthousiasme que ni mon faible corps ni mon esprit ne pouvaient supporter ces signes et ces prémices de la béatitude éternelle et de la gloire Céleste. Mon cœur défaillait sous l’effet de sa grâce, mon esprit aussi. Si je n’avais pas eu en mémoire tes préceptes, je l’aurais considérée comme le vrai Dieu. On ne peut pas se représenter de plus grande béatitude que celle que j’ai ressentie alors. »
Le saint prêtre martyr Ignace le Théophore, évêque d’Antioche (+ 107 à Rome) :

« Tout le monde sait chez nous que la Mère de Dieu toujours vierge est emplie de grâce et de toutes les vertus. On raconte que pendant les persécutions et les malheurs, elle était toujours gaie ; dans le besoin et la pauvreté, elle ne s’affligeait pas ; non seulement elle ne s’irritait pas contre ceux qui l’offensaient, mais les comblait de bienfaits ; elle était humble dans la prospérité ; elle faisait la charité aux pauvres et les aidait comme elle pouvait ; dans la vertu, elle était un exemple et incitait à toute bonne action. Elle aimait particulièrement les humbles, car elle était elle-même pleine d’humilité. Ceux qui l’ont vue ne tarissent pas d’éloges. Ceux qui nous ont parlé d’elle sont des gens parfaitement dignes de foi qui nous ont dit que dans sa sainteté, la nature des anges et celle des hommes s’unissaient visiblement. »



ОБЛИК ПРЕСВЯТОЙ БОГОРОДИЦЫ
Два года назад я опубликовал известные два свидетельства современников Матери Божией, и одно – церковного историка 14 века, который собирал народные предания об облике Пресвятой Богородицы. Оказалось, что многие читатели впервые от меня узнали эти свидетельства. Повторяю эту публикацию.
Священномученик, епископ Афинский, Дионисий Ареопагит († ок. 96 г., Галлия) в письме к апостолу Павлу:
«Свидетельствуюсь Богом, что, кроме Самого Бога, нет ничего во вселенной, в такой мере исполненного Божественной силы и благодати. Никто из людей не может постигнуть своим умом то, что я видел. Исповедую пред Богом: когда я Иоанном, сияющим среди апостолов, как солнце на небе, был приведен пред лицо Пресвятой Девы, я пережил невыразимое чувство. Предо мною заблистало какое-то Божественное сияние. Оно озарило мой дух. Я чувствовал благоухание неописуемых ароматов и был полон такого восторга, что ни тело мое немощное, ни дух не могли перенести этих знамений и начатков вечного блаженства и Небесной славы. От Ее благодати изнемогло мое сердце, изнемог мой дух. Если бы у меня не были в памяти твои наставления, я бы счел Ее истинным Богом. Нельзя себе и представить большего блаженства, чем то, которое я тогда ощутил».
Священномученик Игнатий Богоносец, епископ Антиохийский († 107 г., Рим):
«У нас все знают, что Приснодевственная Матерь Божия исполнена благодати и всех добродетелей. Рассказывают, что Она в гонениях и бедах всегда бывала весела; в нуждах и нищете не огорчалась; на оскорбляющих Ее не только не гневалась, но даже благодетельствовала им; в благополучии кротка; к бедным милостива и помогала им, как и чем могла; в благочестии — учительница и на всякое доброе дело наставница. Она особенно любила смиренных, потому что Сама исполнена была смирения. Много похвал воздают ей видевшие Ее. О ней рассказывали нам люди, достойные всякого вероятия, что, по Ее святости, видимо в ней соединились естество ангельское с человеческим».
Никифор Каллист Ксанфопул († ок. 1350 г.), церковный историк, монах Софийского монастыря в Константинополе собирал свидетельства об облике Пресвятой Богородицы:
«Она была роста среднего, или, как иные говорят, несколько более среднего; волосы златовидные; глаза быстрые, с зрачками, как бы цвета маслины; брови дугообразные и умеренно черные, нос продолговатый; губы цветущие, исполненные сладких речей; лицо не круглое и не острое, но несколько продолговатое; руки и пальцы длинные... Она в беседе с другими сохраняла благоприличие, не смеялась, не возмущалась, особенно же не гневалась; совершенно безыскусственная, простая, Она нимало о Себе не думала, и далекая от изнеженности, отличалась полным смирением. Относительно одежд, которые носила, Она довольствовалась естественным цветом их, что еще и теперь доказывает священный головной покров Ее. Коротко сказать: во всех Ее действиях обнаруживалась особенная благодать»
Поздравляю всех вас с Богородичной Пасхой – Успением Пресвятой Богородицы!

samedi 26 août 2017

Retour au café la Forêt

Menu du café la Forêt
Depuis que je suis arrivée, je n'avais pas remis les pieds dans mon café préféré, car j'évite le sucre (le sucre ou les neurones, il faut choisir). Mais aujourd'hui, j'ai décidé qu'il était temps d'y retourner.
J'ai été accueillie à bras ouverts par Gilles et Lika, j'en suis même touchée. Ils m'ont demandé de leur venir provisoirement en aide. Il s'agit de faire l'interprète pour le nouveau pâtissier, Didier, qui ne parle pas le russe, et de faciliter l'acquisition pour ses employés du vocabulaire français minimum lié à leur travail et pour lui-même du vocabulaire russe minimum. Je vais devenir une spécialiste dans le domaine des petits gâteaux.
J'ai émis l'idée que pour faire des fromages, les caves d'Ivan le Terrible à Alexandrov seraient un excellent endroit d'affinage, elles sont spacieuses, voûtées et on ne rencontre pas ici des caves pareilles à tous les coins de rue, mais il faudrait alors au fromager (éventuellement français) s'installer près d'Alexandrov. J'aime assez l'idée de faire des fromages dans les caves du tsar et même éventuellement d'y entreposer du pinard! Je suis sûre qu'il n'aurait pas été contre.
La café français est pourvu maintenant d'une pièce supplémentaire spacieuse et très agréable à l'étage et devient une sorte de club où les gens se retrouvent. Au dessus, ce sont les ateliers divers que dirige Macha, et j'ai été conviée à participer à un cours de français pour deux jeunes femmes de Pereslavl, Yekaterina et Anastasia, qui rêvent de parler notre langue et sont incollables sur les chansons et les films français.
Dans l'après-midi, un monsieur âgé et décoré est venu proposer un projet intéressant, en relation avec la commémoration à Moscou, sur le mont de la victoire, des aviateurs héroïques de la dernière guerre, parmi lesquels ceux de Normandie-Niémen. Il voudrait installer au café français une sorte d'autel à leur gloire, avec la photo de ceux qui ont été déclarés héros de l'Union Soviétique. Ils étaient quatre, et le premier à l'être à titre posthume était Marcel Lefèvre qui a brûlé dans son avion. Il aimerait ainsi porter le souvenir de ces gens en province, créer un événement touristique, faire venir des Français et contribuer de la sorte à améliorer les relations entre nos deux pays, dont la détérioration le désole. Il espère que les quatre aviateurs héros de l'Union Soviétique seront déclarés par notre gouvernement héros de la France, pour équilibrer les choses.
Écoutant tout cela, je pensais à notre gouvernement et à nos médias qui font tout pour effacer le souvenir de la participation de la Russie à la dernière guerre, et ne trouveront pas forcément la commémoration des héros de Normandie-Niémen d'actualité. Reste que la francophilie reste vive, ici, et que faire venir des Français motive beaucoup tout le monde.
Macha a de son côté décidé de faire travailler les enfants sur ce thème, avec une visite au parc de la victoire, près de l'église saint Georges le victorieux: des avions de l'époque y sont exposés, et aussi des chars d'assaut. Les enfants pourront ensuite confectionner de petits avions, dessiner, et je suis chargée de trouver quelque hymne français propre aux aviateurs, s'il y en a dans la salle, qu'ils se manifestent.
Pour finir, j'ai goûté la dernière création de Didier, un gâteau dénommé Equateur-Passion, aux fruits de la Passion, un délice. Lika m'a raccompagnée, ses deux Jack Russel ont piqué dans mon sac les jouets achetés pour Rosie.
La nouvelle salle.

mercredi 23 août 2017

Des voisins et une visite

Le glaïeul de la voisine Alla près de l'icône d'Alexandre
Nevsky peinte et offerte par une Française, Michèle.
La bouteille provient du tas qui grouille dans mon sous-sol.
En allant faire mes courses, j'ai rencontré mes voisins, qui m'ont invitée à prendre le thé. Avec Rosie, que la grand-mère est allée attacher dehors, car elle la trouvait trop mal élevée par une maîtresse trop permissive... Ces gens sont de Mourmansk, c'est-à-dire que Pereslavl, pour eux, c'est déjà l'Afrique. Ils repartent pour leurs ténèbres polaires dans deux jours, après avoir fait connaissance et m'avoir fait goûter des baies jaunes qu'on ne rencontre qu'en Carélie. Des gens sympathiques, ouverts, accueillants et sains.
La grand-mère reste un peu plus longtemps, elle m'a emmenée visiter son lopin, et m'a donné des tomates, une courgette, de l'aneth et du persil, et aussi une tige de glaïeul. Elle avait toutes sortes de fleurs bien rangées, un petit âne factice, que Rosie avait pris pour un vrai, et un élevage de nains de jardin. C'était sûrement une beauté, elle reste encore pas mal. Elle s'entend très bien avec ma voisine Violetta, cela ne m'étonne pas qu'elles aient des affinités.
Le soir, surprise, quelqu'un m'appelle en français, un correspondant Facebook qui passait par Pereslavl et voulait me rencontrer. Un homme charmant, avec sa charmante maman. C'est un comédien, qui vit en Russie depuis 2002 avec une femme russe et a travaillé au consulat, comme moi je travaillais au lycée français, nos avis concordent sur l'épicentre de ces deux établissements. Ils concordent sur beaucoup d'autres sujets, l'Ukraine, la Russie, et la France. La France sur le devenir de laquelle nous ne sommes guère optimistes, sa maman non plus. "Les Russes, me dit-il, sont profonds et attachants, et plus on les découvre, plus on s'y attache et plus on trouve encore de choses à découvrir." Nous en sommes venus à l'idée que les Français ont dû être comme eux, mais il y a longtemps. La maman de Patrick évoque la paysannerie française, pratiquement disparue, sa sagesse, son sens de la communauté. Nous constatons qu'en un temps record, on fait disparaître  tout ce que nous aimions sur cette terre, et que la bataille est partout, dans tous les pays, de façon plus ou moins prononcée, entre ceux qui se rendent ou se donnent au Meilleur des Mondes, et les résistants, plus ou moins nombreux selon les endroits. Je lui parle de mon souci de voir en Russie, parallèlement aux libéraux dont la nuisance n'est plus à démontrer, émerger des néocommunistes agressifs qui crachent sur les tombes de tant de martyrs et de petites gens pour justifier leur idéologie, en dépeignant des "paysans riches qui ne voulaient pas donner leurs denrées aux populations des villes". "Cependant, lui dis-je, actuellement, si je dois choisir entre les libéraux ou les communistes, je préfère encore les communistes, car Dieu merci, ils ne restaureront pas le truc sous sa forme précédente et Staline est heureusement mort.
- Oui, me dit Patrick. Et d'autre part, si le communisme a laissé subsister et renaître quelque chose, après ce que nous concoctent les libéraux, il ne restera absolument rien."
Oui, c'est exactement comme cela que se présentent les choses, et nous ne sommes pas assez nombreux à le voir. Patrick et sa maman sont comme moi-même les Cassandre de service. Position fort inconfortable, mais que faire? Comme disait Céline, "la plupart des gens meurent au dernier moment, certains s'y prennent vingt ans à l'avance, ce sont les malheureux de la terre."
Pourtant, mourir passe encore, mais si possible, ne pas mourir idiots...

Les légumes d'Alla, présentés par Chocha


mardi 22 août 2017

La soeur de Rosie


Ce matin, notre promenade nous a amenées à rencontrer la soeur de Rosie. Comme elle libre comme l'air, elles ont eu de la chance, un autre a été mis à la chaîne. Les deux commères ont joué comme des folles. Elles sont identiques, Rosie est peut-être un peu plus grande. Un gros chien s'est joint aux réjouissances, un chien du coin, avec un collier, il avait envie de jouer, mais les deux chipies s'entendaient trop bien pour y faire tellement attention.
En passant j'ai vu une rare merveille: des coquelicots en lisière d'un jardin. Jamais rencontré de coquelicots dans ma contrée nordique. Il m'est aussitôt revenu les champs méridionaux jaunes et vibrants de lumière.  Ils ne pousseraient pas dans mon marécage et y seraient incongrus..
Au marché, plusieurs bonnes femmes m'ont demandé où j'étais passée. J'ai acheté des fleurs, flox violet, astilbe bleue, et deux spirées.Un seau des dernières myrtilles, dont je n'aurai pas profité, et c'est mon fruit préféré, avec les framboises et les cerises.