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lundi 3 décembre 2018

Soirée russe au restau japonais tadjik




J’ai organisé un concert de folklore en face du café français, dans la succursale « japonaise » du tadjik Bekhrouz, qui cuisine remarquablement bien. Sont venus Dima et Sergueï, et quelques autres, des jeunes femmes. Ils ont essentiellement chanté a capella un répertoire très ethnographique en expliquant tout cela à l’assistance. J’ai été émue par l’évocation du village de l’Oural où Dima a grandi et pu entendre ce qui a disparu de tous les environs de Pereslavl : des chants qui s’élevaient ça et là, par les rues et les prés. J’aimais beaucoup ma datcha, et tous les sons que j’y entendais, les oiseaux, le vent, le spectacle des nuages russes fantastiques et de cette étrange église de la même couleur que le ciel qui semblait toujours prête à s’envoler, mais aucun chant humain ne s’élevait plus à Krasnoïé, à part la radio du voisin le week-end, qui bétonnait tout sous une musique de merde.
Il nous a expliqué que les chants s’étaient formés et fixés entre le XVI° et le XVIII° siècle, bien qu’ils soient souvent beaucoup plus anciens. Chose que j’ignorais, les poèmes littéraires de Pouchkine ou Lermontov passaient dans le répertoire populaire, car les paysans recevaient les journaux et très naturellement, prenaient ces poèmes dans leur répertoire en les chantant sur leurs mélodies traditionnelles, dans la lignée de tout ce qui avait précédé. De sorte que ce « peuple obscur » bénéficiait non seulement de son héritage oral ancestral mais s’appropriait la production littéraire de Saint-Pétersbourg…
Le matin, à l’église, exhortée par le père Constantin, j’ai arrêté l’évêque qui voguait majestueusement vers la sortie, en distribuant des bénédictions, pour lui parler de mon désir de favoriser des manifestations folkloriques et l’apprentissage du folklore, et il a demandé à sa secrétaire de prendre mes coordonnées. Il est très majestueux, mais d’une grande douceur, quand on s’adresse à lui. Il n'y a plus que dans l'Eglise que l'on peut voir des princes.
La secrétaire s’appelle Nathalia, elle vient de Sibérie, elle a six enfants, des chèvres, des poules, un potager et nous avons sympathisé.
A la fin du concert, j’ai chanté un vers spirituel et les marins de Groix, du coup Dima envisage de faire une séance chants de marins russes, chants de marins français. J’ai été très touchée par une jolie  serveuse du café français qui m’avait d’abord déclaré, à ma grande et agréable surprise, quand j’étais venue acheter un gâteau : «Que vous êtes belle, aujourd’hui, je ne peux détacher mes yeux de vous ! » et qui est venue me complimenter sur mes chants avec la même ferveur ! Qui plus est, le jeune serveur du restaurant japonais m’a demandé la permission de m’embrasser !
Dima m’a appris qu’il y avait un centre de folklore à Serguiev Posad, à 50 km d’ici, et que je pouvais venir pratiquer et apprendre là bas, la jeune femme qui s’en occupe, Nastia, m’a donné ses coordonnées. Cela a lieu le dimanche soir. C’est quand même plus proche et plus simple que d’aller à Moscou, et rien ne m’empêche d’aller prendre un cours particulier avec Skountsev de temps en temps. D’ailleurs, quand je recevrai ma vielle « sophistiquée », celle qui est dans mon déménagement, j’irai quelques jours en Carélie, où son fabricant, Vassia Ekhimov, doit faire quelque chose dessus, et j’en profiterai pour lui demander un stage, afin de maîtriser complètement l’entretien de cet instrument capricieux.

Ilya Mouromets vogue sur son navire-faucon vers 
les rivages turcs. Byline chantée par Dima Paramonov

Les marins de Groix, enregistrés dans ma cuisine, 
à Moscou, par Sérioja

Il y a un  centre aussi au village de Davydovo, c’est plus loin. Mais cela me donne l’espoir de lancer quelque chose ici. Avec des intervenants qui viendraient régulièrement et d’autres de façon occasionnelle. Tout l’été, il y a la famille Joukovski, à 40km d’ici, qui pourrait venir faire des stages, ils ont une grande habitude du travail avec les enfants.  Dima pourrait venir faire des soirées chant épique et des stages, et aussi Skountsev et son fils…

Dernièrement, une collaboratrice du musée local a posté des photos de jouets traditionnels du musée du jouet de Serguiev Posad. Ces jouets fabriqués sur place, sans doute par des membres de la famille, des sifflets en terre, sont de petites oeuvres d'art, pleines de tendresse et d'émotion. Comment peut-on prétendre que les enfants d'alors, qui avaient de tels jouets, qui entendaient de tels chants, pratiquaient de telles danses, vivaient dans la beauté, en lien avec la nature, n'étaient pas beaucoup plus et mieux développés que leurs descendants maussades et braillards accros aux écrans, abrutis dès le ventre de leur mère par des sons techniques agressifs et des musiques vulgaires fabriquées en série, entourés de jouets en plastique affreux, parqués dans le béton?
Vassili Tomachinski était venu, avec sa femme Liéna, de Borissoglebsk, et nous avons dîné ensemble avec des poissons du nord apportés par le père Constantin. Il est amateur de poissons du nord comme certains méridionaux le sont de truffes ou les pêcheurs de Sète de daurade. Il a grandi dans le nord, le grand nord, nuits polaires et aurores boréales.



La révolte des gilets jaunes est tardive et violente : l’histoire de la taxe sur le carburant a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, et les yeux s’ouvrent aussi, sur la malfaisance d’un pouvoir insaisissable, tentaculaire, sur la haine et le mépris qu’avec ses courtisans des médias et du spectacle, il nourrit et exprime pour le peuple français, ce peuple qu’il rêve de remplacer par ses clients allogènes. Renaud Camus compare l’Europe à un vieil appartement qui garde des restes d’élégance, et dans lequel on commence à installer n’importe qui, un appartement communautaire. Cette comparaison m’était déjà venue à l’esprit. Ce qui se passait au niveau de l’empire russe se produit au niveau de toute l’Europe, et sous le signe du capitalisme libéral à la place du capitalisme d’état, mais c’est dans la droite ligne. J'ai le cœur fendu, quand je vois de braves gens qu'on n'aurait jamais imaginé voir descendre dans la rue, ils n'ont habituellement ni le temps, ni la mentalité, se prendre dans la figure des jets de gaz et des projectiles en caoutchouc qui leur font des plaies terribles. On voit à leur regard qu'eux-mêmes n'en reviennent pas, ils découvrent l'étendue du mal et de la duplicité dont ils sont victimes.... Et toujours les mêmes calomnies, les mêmes coups fourrés organisés par cette caste ignoble qui mène la France et le monde à leur perte...

Il me semble que c'est sur des membres de ma famille que s'exerce cette brutalité, que se déversent cette haine, ce mépris, ces mensonges.


lundi 26 novembre 2018

Equipée tadjike

Ilya n'ayant pas répondu avec enthousiasme à mon appel du pied récent, j'ai écouté les conseils de Bekhrouz, le Tadjik qui cuisine (très bien) japonais, et me suis adressée à Saïd (autre Tadjik) qui emmenait Alek (autre Tadjik) à Yaroslavl faire la tournée des certificats médicaux pour transformer le permis de résidence temporaire en permis de résidence permanente. J'avais rendez-vous à cinq heures du matin, près du magasin "Votre maison", peint en jaune et bleu façon Ukraine, je ne sais pas si c'est un hasard. Les Tadjiks sont arrivés une demie heure en retard, parce qu'ils avaient pété une roue sur la route. L'idée m'a effleurée de leur proposer de partir avec ma voiture, mais j'ai pensé que le prix de l'expédition comprenait le trajet et que cela risquait de tout compliquer.
Je ne m'étais pas habillée trop chaudement, car en général, dans les voitures, le chauffage est poussé à fond. Eh bien pas de chance, dans celle-ci, il ne marchait pas des masses. De plus, Saïd fume, et se croit obligé d'ouvrir la fenêtre en permanence; par ailleurs, qu'elle soit ouverte ou fermée n'empêchait  pas les vapeurs d'essence de stagner dans le salon. De plus, le moteur semblait à l'agonie.
Dans chacun des dispensaires visités (narcologie, radio des poumons, prise de sang Sida, maladies vénériennes), le personnel présent m'a gracieusement accueillie de: "Mon Dieu, mais quel vent vous amène de France jusqu'ici?" Ce fut très long, très fastidieux, et à l'issue de tout cela, vers une heure de l'après-midi alors que je crevais la dalle, les Tadjiks ont passé trois quarts d'heure chez une juriste en me laissant geler dans la voiture.
Après quoi, ils ont insisté pour me faire rencontrer la juriste. On m'avait dit que je n'aurais plus besoin que de produire, à Pereslavl même, les certificats médicaux que je venais de récolter, d'après elle, ce n'est pas aussi simple, sans être insurmontable, mais bon... ras le bol.
Sentant qu'il fallait faire quelque chose et eux-même affamés, les Tadjiks m'ont emmenée dans un restaurant tadjik, d'ailleurs très bon, et très bon marché. Alek m'a expliqué qu'il était très content de sa femme, qu'elle était un peu masculine et jurait comme un charretier, mais tenait bien la maison, et qu'il n'en trouverait pas de meilleure. Il m'a dit qu'il n'avait pas fait d'étude, mais payé celles de tous ses frères et soeurs, parmi lesquels il y avait à présent plusieurs médecins, et qu'il ferait la même chose pour ses enfants. Il m'a vivement engagée à faire une cure en Ouzbekistan pour mes rhumatismes...
La fichue voiture a fini par caler sur l'autoroute, dans une zone de travaux. Un bonhomme en camionnette nous a remorqués un certain temps avec une corde et je n'en menais pas large. Je ne suis pas pressée de mourir et  je souhaiterais avoir le temps auparavant d'enterrer mes divers chiens et chats. Enfin, le moteur est reparti façon tacot de Gaston Lagaffe. Du coup, même pour prendre de l'essence, on le laissait tourner!
J'ai retrouvé Pereslavl avec une joie immense. Et Rita, que j'avais laissée seule toute la journée pour la première fois, m'a témoigné l'équivalent, avec un enthousiasme débordant.
Dans les moments où je ne me faisais pas de souci pour la voiture, je songeais à la dernière provocation de Porochenko contre les Russes, à cet abominable chaudron de sorcière où restent coincés le métropolite Onuphre et ses fidèles, face à des gnomes qui m'évoquent encore beaucoup plus, malgré leur folklore banderiste conservé dans les diasporas des USA et du Canada, les bolcheviques des premières décennies que le nazisme proprement dit. Je pensais aussi à nos gilets jaunes, dont la révolte, contrairement au Maïdan des gnomes précédemment cités, n'a pas été bricolée par les USA et les mafias transnationales, mais s'est déclenchée contre eux, et contre les satrapes de l'Europe à leur service. C'est pourquoi ils deviennent, exactement comme le Donbass, victimes d'une désinformation active, ignoble, de calomnies éhontées, et découvrent toute l'étendue des compromissions de la presse avec le pouvoir. Ces gilets jaunes sont tout ce que j'aime bien en France, des gens simples, honnêtes, qui manifestent du courage, de la mesure, de la gouaille, et sentiment bien français, de la pudeur. 

vendredi 23 novembre 2018

La porte du paradis

Ce matin à l'aube, je sors Rita, en chemise de nuit sous ma doudoune. Il a neigé, trop peu, mais quand même, un voile blanc s'étend partout, le vent souffle en rafales, la nuit est encore profonde, avec des nuées qui glissent dans l'air pur, et à l'est une lueur, et l'étoile du matin, si brillante et si solitaire... Rita apprécie la neige et jappe, Rosie la rejoint, essaie de jouer, mais elle est si grosse, et elle ne sait pas faire attention, donc elle se fait engueuler par Rita, comme elle l'est régulièrement par moi, et pour les mêmes raisons...
J'essaie d'aller me promener le soir avec elles deux, elles s'entendent bien, malgré la différence de taille et de style. Je vais regarder, comme la chevrière Nadia, le somptueux spectacle du coucher de soleil que Dieu nous prépare tous les jours, et il est tous les jours différent. Hier, le soleil se couchait d'un côté, la lune se levait de l'autre, une lune vraiment énorme, d'un jaune miroitant dans un ciel mauve.
Ce soir, après une journée ensoleillée, le ciel tirait sur lui une grande couverture de nuages, au travers de laquelle il brillait et chatoyait encore, le couchant était un gouffre de feu, un feu énorme et sans chaleur.
J'aime les rayons sertis dans le toit de la baraque en ruines, ce cloisonnement de poutres noires et ces vitraux changeants qu'elles détachent et soulignent. On la dirait rongée par des insectes radieux. Une décomposition céleste.
Sous les nuées, la lumière fuse et frappe les fenêtres qui se mettent à brûler du même éclat doré et pourtant glacial, elle irradie les arbres et les pentes brunes de l'ancienne berge du lac, j'aperçois la chapelle commémorative du monastère disparu, qui était consacré à Boris et Gleb; comme ce serait beau, s'il était encore là, quand la gloire solaire déferle sous la voûte bleue ...
Mais il n'est plus là, je regarde les tombes au pied de la croix, tout ce qui reste du cimetière, profané avec indifférence.
La beauté se retire inexorablement du monde mais mon âme la retient, un fragment ici, un fragment là, et compose son kaléidoscope éternel, celui qu'elle emportera, là où la rouille ne corrompt pas et où le ver ne ronge pas.
Ce vent très froid, et son murmure à mes oreilles, me rappelle celui qui m'accompagnait au petit matin sur le chemin du lycée et me faisait rêver de la Russie, parce qu'il arrivait du nord, libre et sauvage, et, lui aussi, semait des étoiles et lançait des rayons.
De la neige, beaucoup plus rarement....
C'était il y a longtemps. Mais je retrouvais ma jeunesse intacte, elle reste toujours intacte, c'est sans doute elle qui finit par laisser ce corps, qui ne lui correspond plus, pour partir avec les ailes qu'elle s'est donné se perdre dans le gouffre qui l'attend.
Un jour, je revenais avec maman de l'hôpital, et le mistral soufflait, les nuages déployaient de telles architectures, au dessus des collines de la vallée du Rhône, qu'elle avait tout à coup soufflé à mes côtés: "On dirait la porte du paradis..."
Oui, la porte du paradis, celle de la beauté inaltérable, de l'amour insondable et de la mémoire éternelle...





Gilets français


Bien qu'émigrée, je ne peux me désintéresser de ce qui se passe dans mon pays d'origine, je le peux d'autant moins, que tout est imbriqué. Je dirais même que d'être ici me fait encore mieux voir, en perspective, les liens qui existent entre divers événements dans nos zones géographiques respectives. En d'autres endroits du monde, que je connais moins bien, il m'est plus difficile de juger, mais fondamentalement, les mêmes processus sont à l'oeuvre partout, car le mal est planétaire.
 Les gilets jaunes sont de gentils Français, des Français comme ceux de mon entourage, comme ma sœur, mes cousins, comme ceux que j’ai toujours connus, qui ne vivaient pas trop mal en travaillant beaucoup et à qui on a fait la vie impossible. Ils sont en butte aux exactions d’un pouvoir anonyme international dont leur président fantoche n’est que le satrape arrogant. Ceux qui les défendent sont vilipendés depuis des décennies et ne reçoivent jamais aucun appui, ils ne peuvent donc jamais être élus. Une sorte de caste, qui les déteste, s’est formée à la tête du pays, constituée de ces oligarques insaisissables, de la presse à leur solde et d’une cour d’acteurs, chanteurs, histrions divers dénommés « people ». Ce schéma se retrouve dans tous les pays, en Russie aussi, malheureusement, mais là, cela ne semble pas aussi facile à appliquer pour l'instant. Pour les achever, cette caste, qui voudrait en faire une plèbe malléable sans racines ni dignité, leur déverse sur la tête toute l’Afrique, c’est le programme pour tous les pays européens, y compris la Russie, et même surtout la Russie : que périssent nos cultures, nos traditions, nos religions, que s’écroulent nos monuments, que disparaisse tout ce qui pourrait garder une solidarité aux poissons de bancs, aux humains d’élevage, croisés de force par le viol et l’intimidation. Cette caste soutient et encourage les sentiments nationaux ou régionaux  là où ils peuvent nuire aux ensembles historiques, culturels et spirituels existants, comme on le voit en Ukraine et  aux abords de la Russie. Les gilets jaunes qui font des « quenelles » sont des fachos, mais personne ne remarque les croix gammées dans les pays baltes ou en Ukraine. Cependant, dans les pays baltes et en Ukraine, une fois le boulot terminé, déferleront obligatoirement les hordes africaines et islamistes, ou chinoises,  destinées à submerger tout ce qui existait avant, et là, plus de Baltes, plus d’Ukrainiens, plus de Finnois, plus de Scandinaves, plus de Russes, plus rien, que la caste et les sous-hommes indéfinissables, abrutis et privés de mémoire et de culture, qu’elle aura créés pour la servir. Le processus est en route, l’ONU invite les pays du monde à signer leur arrêt de mort avec le renoncement à leurs frontières.
Quand tout a commencé au Donbass, je me souviens, il y avait sur place, apparemment, une population post-soviétique assez comparable à celle que je vois en Russie, qui vaquait à ses occupations dans une relative mais tranquille pauvreté, et ne se doutait absolument pas qu’on allait lui rejouer la guerre de 40, version capitalisme mafieux néotrotskiste. Elle n’était pas du tout prête à ça.  Je me souviens de cette vidéo où l’on voyait arriver les chars ukrainiens, dans les villes du sud-est, je ne savais même pas que des chars pouvaient rouler aussi vite, et les gens n’en croyaient pas leurs yeux : « Qu’est-ce qu’ils font ? Qu’est-ce qui leur prend ? » Les gens essayaient de les arrêter à mains nues, ils pensaient encore qu’on pouvait raisonner ces brutes blindées, qu’il y avait là un malentendu, que ce n’était pas possible…  Eh bien, si, c’était possible, et tous ces braves post-soviétiques se sont retrouvés, pour survivre, les armes à la main, ont fait redémarrer les chars de la dernière guerre qui étaient devenus, sur des socles, des monuments de  places et de jardins publics, et au début, quand ils faisaient prisonniers ceux d’en face, ils leur parlaient avec une sorte de bonhomie consternée et incrédule : «Tu vois un peu ce que tu fais, à quoi tu contribues ? Tu le comprends, pauvre imbécile ? Tiens, appelle ta mère!"» J’ai vu, sur le sujet, d’innombrables vidéos à  500 ou 1000 vues maximum, effacées par youtube si elles touchent trop de gens, traduites par des bénévoles et dénommées « propagande de Poutine ».
Pourtant dès janvier 14, Timochenko invitait à "vitrifier le Donbass"...
Les Français, ça fait plusieurs années qu’ils persistaient à penser que « ce n’était pas possible », que leur presse ne pouvait être pourrie à ce point, leurs hommes politiques des traîtres finis et des malfaiteurs, et ne voulaient pas savoir pour l’Ukraine, parce que c’était loin, et puis quand même, non, les journaux et la télé ne peuvent mentir à ce point. Mais si…
Les gilets jaunes se conduisent comme les gens du Donbass, c’est-à-dire comme de braves gens qu’on a poussés à bout et qui tout d’un coup décrètent : ça suffit ! Et ils cherchent à rester raisonnables et gentils, quand même, ils en sont encore au coup de gueule, aux apostrophes goguenardes, ils n’ont pas des âmes de voyous, ce sont des gens ordinaires qui voudraient avoir la paix, qui voient leur pays ruiné et envahi, qui sentent comme une malveillance à l’œuvre, car oui, mesdames et messieurs, ce ne sont pas des incapables, qui nous gouvernent, ce sont de grands malveillants et de grands pervers, qui commencent à faire marcher la calomnie, la carotte et le bâton, à lâcher les hommes de main, les « socialement proches », la racaille des banlieues, les provocateurs, les CRS brutaux qui infligent des blessures de plus en plus graves, les juges iniques, les amendes arbitraires, va venir le moment où tout le monde va devoir rentrer chez soi et accepter l’inacceptable. Ou bien continuer. Comme au Donbass…
C’est pourquoi il est urgent de voir et de penser global. Eux le font, ceux qui nous veulent la peau. La troisième guerre mondiale, c’est celle de la caste contre les peuples. A quoi peut-on différencier une révolution orange d'un mouvement populaire spontané? Aux réactions de la caste: si les journaux soutiennent ou conspuent, si les ambassadeurs américains viennent ou ne viennent pas distribuer des brioches, si BHL, Glucksmann et Kouchner viennent ou ne viennent pas, agiter pour faire mousser.
Pour l'instant, les gilets jaunes ont récolté le paria Dieudonné, Pierre Perret, le bon député Lasalle et l'honnête Dupont-Aignan, des pelés et des tondus... Ca sent le Donbass. Ou la débandade...
Je le crains.

dimanche 18 novembre 2018

Conférence de Mère Hypandia et Pere Theotokis "Vie consacrée et conversion écologique"

Il m'arrive souvent d'entendre que le christianisme est à l'origine d'un rapport prédateur de l'homme à la nature. Le père Théotokis, dans son remarquable exposé, si clair et si profond, fait la démonstration du contraire: si ce rapport prédateur existe, c'est à cause de l'oubli de Dieu, du Créateur, ou d'une mauvaise conception de notre place dans le monde qu'il a créé. Comment, quand on croit en Dieu, ne pas respecter la Création, qui est son oeuvre? L'exposé rappelle ce qu'est le christianisme, et ce qu'est l'écologie, ou ce qu'elle devrait être, il rappelle ce qu'est la vie intérieure et ses interactions avec l'extérieur. Je n'ai encore jamais entendu expliquer cela d'une façon aussi complète, précise, sérieuse, inspirée et juste.



Le métropolite et Babylone



De nos jours, il faut savoir penser global, en stéréoscopie, sortir de sa cour d’immeuble et de ses histoires de paroisses. Tout se complète en un puzzle général dont émerge un dessin vraiment pas engageant, mais il est, à mon avis, indispensable de le regarder en face, et non de remâcher des situations et des rancoeurs largement dépassées, d’agiter de vieilles momies idéologiques les unes contre les autres, alors que le mal qui les utilisait a pris une autre forme, mais reste dans la continuité.
J’ai traduit il y a quelques jours un article russe sur le « patriarche » Philarète, qui n’a pas été publié dans son entier, faute de sources en béton armé pour étayer certaines assertions du journaliste.
Il m’a beaucoup appris, et j’ai réalisé pourquoi resurgissait tout un folklore néonazi en Ukraine : tout cela restait à rancir en conserve dans les diasporas de partisans de Bandera aux USA et au Canada, qui n’avaient pas, dans leur esprit, fini la guerre, et se sont jetées sur le cadavre de l’URSS pour essayer d’en croquer leur morceau. Donc tout est ressorti comme dans le temps, les croix gammées, les défilés aux flambeaux, l’embrigadement des gosses, les brutalités envers les opposants, avec la bénédiction d’une mafia internationale en symbiose avec la CIA et le Mossad. Silence radio sur tout ceci dans les médias occidentaux. Silence que j’avais pu observer auparavant avec les pays baltes, où l’on peut impunément élever des monuments à la Waffen SS sans que personne à l’ouest ne pousse les cris d’orfraie de rigueur. Et dans la foulée, renaissance en face, et en fonction de cela, d'un certain néostalinisme, tout cela est très pervers.
Ces infiltrations américano-banderistes ont rencontré sur place des apparatchiks minables et  pourris que « l’indépendance » de l’Ukraine bombardait soudain roitelets, et un individu nommé Philarète qui rappelle le grand vizir Iznogoud, en moins drôle. Philarète a fait toute sa carrière ecclésiastique en mouchardant pour le KGB. C’était, à l’instar des roitelets des pays de l’ex URSS et des oligarques à multiples passeports, un pur produit du régime. Il a failli devenir patriarche de Moscou, mais on a élu Alexis II à sa  place et c’est là qu’ulcéré, il a décidé de devenir « patriarche » de l’Ukraine. Il a commencé à intriguer de tous les côtés pour créer le « patriarcat de Kiev ». Il faut savoir que l’autocéphalie avait été envisagée sous Alexis II et refusée par les hiérarques ukrainiens qui craignaient comme la peste d’être soumis à un individu comme Philarète et de retomber aussi dans des situations historiques du passé, où intriguaient sur leur dos à la fois Constantinople et les uniates.

Voici un article que je donne en entier et qui recoupe ce que je viens de dire :

 Le chef du service de presse du métropolite de Kiev Onuphre, l’archevêque de Nejinsk et de Priloutsk Clément, répondant aux questions du site grec orthodoxia.info, considère impossible sa participation, comme celle de tous les membres de l’Église orthodoxe d’Ukraine canonique au Concile de réunification des évêques ukrainiens en raison des blessures qui ont été ouvertes par le schisme qui dure depuis 30 ans et dont la faute revient au métropolite Philarète, ces blessures restant non guéries jusqu’à présent. L’archevêque Clément accuse Philarète pour son passé d’agent du KGB et pour sa vie personnelle immorale, étant le père de trois enfants illégitimes. Dans son interview, l’archevêque Clément affirme qu’il n’y a pas eu de correspondance officielle (de l’Église canonique d’Ukraine) avec le Phanar, outre le communiqué incompréhensible – selon ses termes- et quelques interviews fragmentaires et déclarations des évêques du Patriarcat œcuménique.

Orthodoxia : Le métropolite Onuphre, à de multiples reprises, s’est prononcé publiquement contre l’autocéphalie. Or, il avait signé dans le passé la demande d’autocéphalie à l’Église russe [au patriarche Alexis II, ndt]. Qu’est-ce qui a influencé son changement de position ?

L’archevêque Clément : La demande d’autocéphalie a été formulée par les évêques ukrainiens avant 1991, avant le schisme provoqué par Philarète. Plus tard, lorsque celui-ci a procédé ouvertement à ses actions destructrices dans l’Église afin de réaliser ses ambitions, Mgr Onuphre, et avec lui encore deux autres évêques, ont révoqué leur signature figurant sous la demande d’autocéphalie. Comme on le sait, le jour suivant, Philarète a déplacé les trois évêques de leurs cathèdres épiscopales. Il serait difficile d’imaginer comment l’histoire ecclésiastique se serait développée si, à ce moment, des milliers de fidèles du diocèse de Mgr Onuphre n’avaient pas engagé une protestation active contre les actions de Philarète [voir ici l– les protestations des fidèles lorsque le jeune évêque Onuphre annonce sa mutation, ndt]. Les autorités ecclésiastiques se sont trouvées impuissantes devant la position des laïcs. Les laïcs n’ont pas laissé entrer le nouvel évêque venu remplacer Mgr Onuphre dans le bâtiment de la chancellerie ecclésiastique. La situation commença à inquiéter les autorités de l’État, qui ne s’attendaient pas à de telles protestations populaires aussi importantes. Un grand nombre d’appels émanant des paroisses et des monastères ont été envoyés au patriarche de Moscou, lui demandant de les recevoir avec un statut stavropégique, si la terreur de Philarète ne cesse pas. La même situation se produisit aussi dans le diocèse d’un autre évêque, qui avec Mgr Onuphre, a révoqué sa signature de la demande d’autocéphalie et qui reçut un oukaze le déplaçant de sa cathèdre épiscopale. C’est précisément après cela que Philarète fut convoqué par l’Assemblée des évêques de l’Église orthodoxe russe pour expliquer tout ce qui s’était produit. Tout ce qu’a fait Philarète après cela, était en contradiction complète avec les canons de l’Église. Mais cela n’est qu’une partie du problème. Avec le soutien du président Kravtchouk, « l’Église » nouvellement créée par Philarète a commencé partout à s’emparer des églises par la violence, en chassant les fidèles de l’Église canonique. Au début des années 1990, après l’effondrement de l’Union soviétique, c’est par de telles méthodes qu’ont été réglées de nombreuses questions dans le domaine des affaires. Ce climat d’agression a contribué à un stéréotype persistant dans le milieu ecclésial de l’Ukraine : l’autocéphalie est la violation des canons à l’aide des politiciens nationalistes et de la force brutale. En outre, les politiciens qui poussaient au schisme autocéphaliste, n’ont reçu du soutien que dans des petites régions occidentales de l’Ukraine, tandis que dans la grande partie du pays, leur radicalisme a provoqué le rejet de la société. Ils ont discrédité le terme même d’autocéphalie. Pour cette raison, la majorité écrasante des fidèles et aucun monastère, aucun séminaire, ne sont passés au schisme. Ils ont refusé catégoriquement l’idée de l’autocéphalie ecclésiale sur la base politique. Après tout cela, non seulement Mgr Onuphre, mais aussi absolument tout l’épiscopat de l’Église orthodoxe d’Ukraine s’est prononcé contre l’autocéphalie que l’on voulait leur imposer et dont le chef devait être à tout prix Philarète. Philarète lui-même et le gouvernement qui le soutient n’ont simplement pas examiné d’autres perspectives et sont entré dans un conflit ouvert et violent avec la société.

– Selon la déclaration du patriarche œcuménique Bartholomée, sa décision d’octroi de l’autocéphalie de l’Église d’Ukraine ne sera pas annulée. Qu’est-ce que vous, les évêques, les prêtres et laïcs de votre Église, avez l’intention de faire, lorsqu’enfin sera proclamé le Tomos ?

– Aujourd’hui, la situation est comme suit. Notre Église a vécu pendant des siècles dans une situation canonique compréhensible pour le monde orthodoxe entier. Les évêques de toutes les Églises locales célébraient les offices, dans l’amour et la concorde, avec notre primat. Le patriarche Bartholomée, par le métropolite de France Emmanuel, transmit ses félicitations personnelles à S.B. le métropolite Onuphre à l’occasion de son élection au rang de métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine. Et voici qu’un matin, des millions de fidèles de l’Église orthodoxe d’Ukraine se sont réveillés et ont appris avec étonnement qu’on avait supprimé leur Église. C’est une sorte de surréalisme. En outre, nous apprenons que notre Église est supprimée par la révocation d’un document établi il y a 300 ans ! Nous avons essayé de poser cette question au patriarche Bartholomée : sur quel fondement a-t-il fait cette déclaration ? Sa réponse a été d’ignorer complètement la position de l’une des plus grandes Églises locales du monde. Il communique avec le président, avec le chef – non orthodoxe [uniate, ndt] – du parlement. Il communique avec les schismatiques. Mais de ce patriarche, le troupeau de millions de fidèles de l’Église canonique n’a pas entendu une seule parole de soutien. Et ce malgré l’endurance que cette Église a témoignée pendant des décennies dans les épreuves du schisme et les persécutions dans l’État. Récemment, l’archevêque constantinopolitain Job Guetcha, dans une interview à la BBC, a choqué les fidèles ukrainiens par la perspective « emplie d’amour paternel » d’attendre tranquillement les directives du patriarche Bartholomée, qu’il annoncera au plérôme de notre Église, lorsqu’il le considérera nécessaire. Nous nous efforçons de savoir sur la base de quels canons le patriarche Bartholomée s’immisce dans la vie d’une autre Église autocéphale, nous lui demandons de convoquer une conférence panorthodoxe pour discuter de la situation qu’il a créée. En réponse : pas la moindre explication de qui que ce soit parmi les personnalités officielles de Constantinople. Tout ce que nous avons est simplement la déclaration selon laquelle le patriarche Bartholomée dispose pour cela d’un privilège. C’est position est absolument contre-productive. D’autant plus que si l’on tient compte de la situation politique en Ukraine, les actes du patriarche Bartholomée font naître le doute qu’il s’est rangé aux côtés des puissants de ce monde. Cette position du patriarcat de Constantinople le place en dehors du champ canonique et des principes de la vie ecclésiale acceptés dans tout le monde orthodoxe. Aujourd’hui, pratiquement toutes les Églises locales voient dans le patriarcat de Constantinople une menace potentielle d’agression spontanée de revendications sur leur territoire canonique sans explication et discussion fraternelle. Jusqu’à maintenant, notre Église n’a pas reçu de Constantinople des explications officielles détaillées, aussi toutes les décisions du Patriarcat de Constantinople au sujet de l’Ukraine sont absolument nulles canoniquement. Bien plus, cela ne signifie pas seulement pas leur caractère illégitime, mais la responsabilité canonique relativement à la transgression de la discipline ecclésiale par ces évêques du Phanar qui sont mêlés à cette affaire. Pour ce qui concerne notre Église orthodoxe d’Ukraine, dans tous ses diocèses retentit la volonté des prêtres et fidèles à ne pas céder aux provocations et à vivre comme ils ont vécu pendant des siècles jusqu’à maintenant.

– Le Patriarcat œcuménique a-t-il essayé de vous informer ? Par écrit ou par son représentant ? Le Phanar vous a-t-il officiellement informé de la décision du Saint-Synode concernant votre Église ?

– Aucune tentative semblable ne m’est connue. Encore avant la prise de ces étranges décisions d’annexion du territoire ecclésial de notre Église par le patriarcat de Constantinople, sont venus deux évêques, qui se sont appelés exarques du patriarche Bartholomée. Ni eux, ni leur patriarche n’ont accordé préalablement leur visite et leur mission avec l’évêque canonique de Kiev. Ils n’ont même pas présenté la moindre explication officielle, comme le veut la procédure ecclésiale habituelle, concernant le fondement de tels actes canoniquement douteux. Comme cela était normal, l’Église a protesté contre leur visite. Par la suite, tout ce qui a été connu des plans du Phanar en Ukraine était le texte succinct d’un communiqué qui est rédigé de telle façon que personne n’a compris l’essence des décisions mêmes du Synode, des extraits des phrases du sermon dominical du patriarche et des interviews peu nombreuses de certains évêques qui au demeurant n’occupe aucune position-clef au Patriarcat de Constantinople.

– Sous quelles conditions pourriez-vous accepter de participer à un Concile de réunification ?

– C’est absolument impossible. Les « Pères » de ce soi-disant concile, comme on le prévoit, seront des schismatiques, des gens qui se nomment eux-mêmes prêtres et évêques. Il est curieux que le patriarche Bartholomée lui-même, tout en ayant annoncé la levée la sanction pesant sur Philarète, n’a pas concélébré avec lui jusqu’à présent autour du Calice eucharistique. Alors, comment l’Église canonique d’Ukraine peut-elle s’unir avec lui ? Cette Église qu’il a pendant presque trente ans persécutée à l’aide des politiciens, cette Église dont il a calomnié l’épiscopat, dont il a béni la saisie de ses lieux de culte et les voies de fait contre ses fidèles, ce dont il y a des témoignages innombrables. Je ne parlerais même pas de sa collaboration avec le KGB, en raison duquel de nombreux prêtres se sont retrouvés en prison, je ne mentionnerais pas sa relation honteuse – connue dans tout le pays – avec une femme, dont il a eu trois enfants.

– De quelle façon, d’après vous, peut-on parvenir à une désescalade dans la tension?

– Notre Église prie quotidiennement avec larmes afin que cette tension cesse. Malheureusement, aujourd’hui, le Phanar est un mur aveugle derrière lequel ne sont pas entendues les voix de millions de fidèles de notre Église. La cause du schisme ecclésial en Ukraine qui est survenu il y a presque trente ans est l’ambition personnelle de Philarète qui n’a pas réussi à devenir patriarche de Moscou. La cause de tous les problèmes actuels, ce sont les ambitions personnelles du patriarche Bartholomée. Toutes ses déclarations selon lesquelles il se préoccupe des fidèles ukrainiens, c’est de l’hypocrisie. Il se dissimule, ne parle pas en face avec eux et s’entend avec des politiciens douteux, dont la popularité, dans la société ukrainienne, selon les données des sondages, est insignifiante. Le patriarche Bartholomée explique toutes ses actions en disant qu’il est le premier dans l’Église orthodoxe. Je suis certain que la clef de la résolution du problème créé par lui serait rapidement trouvée, si ce patriarche se souvenait que Byzance n’existe plus depuis 500 ans. L’Église vit de l’Évangile, et non pas des « privilèges » d’un empire qui n’existe pas. Le Seigneur dans l’Évangile a dit ce qui est compréhensible pour tous : celui qui s’appelle premier, doit être le dernier. Que puis-je ajouter à cela ? Et si quelqu’un ose s’appeler premier, le Seigneur a montré à de telle personnes par Son exemple ce que cela signifie. Être premier, ce n’est pas envoyer des directives pour soumettre à soi, comme l’interprètent les évêques constantinopolitains, mais servir tous les autres, leur laver les pieds et être crucifié pour eux. Si le Phanar ne détruit pas ce mur aveugle et continue à ignorer le dialogue panorthodoxe pour ce qui concerne la question ukrainienne, il risque alors non seulement de ne pas entendre la voix des fidèles ukrainiens, mais aussi celle du Christ Lui-même.

Parallèlement, se déchaînent les persécutions contre les orthodoxes sur place. Les hiérarques ukrainiens restent massivement fidèles à leur pasteur remarquable, le métropolite Onuphre, et leurs fidèles avec eux. Donc, on leur prend de force leurs églises, en tabassant les paroissiens et les prêtres, on cherche à les intimider, on convoque un par un les évêques réfractaires au SBU, le KGB ukrainien. On agite la carotte et le bâton. On engage dans la presse des campagnes de calomnies. C’est que les commanditaires qui sont derrière de lamentables pantins sanglants comme Philarète et Porochenko commencent à s’impatienter. Il faut absolument parachever l’œuvre de création d’un pays-golem, d’un pays artificiel, bricolé avec des régions aux aspirations opposées, déjà par les soviétiques, puis entériné par les occidentaux, pour nuire à la Russie et détruire l’orthodoxie locale, essentiel ciment culturel et historique, et par la même occasion, l’affaiblir au niveau mondial. Ce pays-golem, c’est le projet pour tout le monde. Pour la Russie, qu’il faut briser en une infinité de petits territoires livrés aux appétits mondialistes, et pour l’Europe, qui ne doit plus être constituée de peuples et de pays homogènes mais devenir un territoire administratif occupable et exploitable par n’importe qui. Pour cela, il faut casser la spiritualité des gens, leurs valeurs morales, et faire disparaître leur mémoire en falsifiant leur histoire, détruire leurs cultures et leurs particularismes. Le massacre de la population résistante du Donbass, dont le sol et le sous-sol ont déjà été vendus par leurs satrapes de Kiev à des firmes américaines transnationales, entre dans ce programme. La fuite en Russie de millions d’Ukrainiens également. «Filez en Russie, les orthodoxes » ! proclame Porochenko à des millions de gens qui sont là depuis des siècles, alors que lui-même  n’a ni patrie, ni foi, ni loi. https://russian-faith.com/orthodox-church-should-flee-country-says-ukrainian-president-n1847

Et dernièrement, comme par hasard, on «incite les Ukrainiens à comprendre que leur pays aura besoin d’une immigration extra-européenne », le schéma est clair ? Il vous rappelle quelque chose ? Ou pas ? (https://zik.ua/ru/news/2018/11/15/ukrayna_dolzhna_pryvikat_k_poyavlenyyu_rabochyh_yz_tsentralnoy_azyy_y_afryky__1449171)

C’est sur ce fond que le patriarche Bartholomée intervient, en imposant une autocéphalie dont à part une poignée de brutes débiles et de coquins, pas grand monde ne veut, et que l’évêque Job s’immisce avec des discours arrogants et tordus.
Cependant, le métropolite Onuphre est l’homme de la situation, l’homme placé par Dieu dans ces circonstances difficiles et ce pays livré aux vautours. Et cela apparaît de plus en plus évident aux gens que n’agite pas une haine irrationnelle de la Russie ou qui ne sont pas restés, comme les diasporas banderistes, figés dans les schémas de la guerre de 40. Des amis Français orthodoxes venus me rendre visite m’ont fait l’observation suivante : « On voit que ce pays a subi une catastrophe sociale d’une ampleur inimaginable dont il n’est pas vraiment relevé, et il nous apparaît plus que jamais à quel point il est mensonger et ridicule de le présenter comme un envahisseur potentiel ne rêvant que de conquêtes : il n’en a pas les moyens. » Je le sais depuis les années 90, mais c’est si évident à toute personne de bon sens qu’ils l’ont vu en une semaine !
Ce pays se défendra sans doute si on l’attaque, il a encore de quoi le faire, et il a gagné du temps par des reculades incessantes pour restaurer son armement, mais il n’a aucune envie d’attaquer et n’a même pas pu se porter au secours des populations du Donbass, systématiquement massacrées par Kiev.
A l’intérieur de l’Ukraine, on observe cependant un phénomène rassurant  décrit par cet article :

En luttant contre l’EOU, Porochenko ne fait que la rendre plus forte.

  Grâce aux persécutions de Porochenko, l’EOU peut devenir un phénomène socio-politique très influent, pense un expert.
Le président de l’Urkaine Piotr Porochenko, par ses actions, a attiré l’attention de la société sur l’EOU et mit en route un processus de croissance de son autorité chez les Ukrainiens, d’après les paroles, rapportées par Perchi Kozatski (https://youtu.be/Vj-HeZDjv2E)  du directeur de l’Agence des communications sociales, le politologue Sergueï Belachko.
Jusqu’à l’ingérence de Porochenko dans les affaires religieuses de l’Ukraine, l’Eglise Orthodoxe n’était pas publique, peu de gens étaient au courant des qualités personnelles de ses clercs et la société considérait l’EOU comme « rétrograde », a déclaré le politologue. 
D’après lui, les discussions autour de l’autocéphalie ont permis de voir que l’EOU est une partie vivante de la société.
Nous voyons comment se sont engouffrés à toute vitesse dans l’espace public des hiérarques qui ont des choses à dire », a remarqué l’expert.
Belachko a pris pour exemple le métropolite de Zaporojie et de Meditopolsk Luc (Kovalenko), qui a une brillant diplôme de médecin, le sens de l’humour et du courage. Jusqu’aux événements autour du Tomos, on en connaissait le métropolite Luc que dans l’éparchie de Zaporojie et maintenant on parle de lui jusqu’à l’extérieur de l’Ukraine, souligne le directeur des communications sociales. Il a ajouté que la société a aussi remarqué les talents de l’archevêque de Nejin et de Prilouk Clément et d’autres hiérarques de l’EOU.
« Tous ces processus peuvent arriver à ce que nous ayons d’ici 2, 3, 4 ans une réalité religieuse sensiblement différente. La religion deviendra un phénomène socialo-politique important ».
L’expert a supposé que maintenant, le peuple ukrainien va écouter sa Béatitude le métropolite de Kiev et de toutes les Ukraine Onuphre comme le peuple de Géorgie écoute le catholicos-patriarche Elie II, qui « apparaît comme l’autorité morale principale du pays ».
Site Soyouz Pravoslavnikh Journalistov
traduction Laurence Guillon

Le parallèle entre le métropolite Onuphre et le patriarche de Géorgie Elie II m’a frappée : dans ces deux pays où les services secrets américains et occidentaux ont particulièrement travaillé la population par une propagande russophobe hystérique, et dont ils cherchent à faire des abcès purulents antirusses, avec toutes les conséquences malheureuses qu’une pareille politique peut avoir sur les gens, leur mentalité et leur niveau de vie, la providence a placé des pasteurs exceptionnels qui deviennent le seul recours, et la seule référence morale crédible… Personnellement, je regarde Onuphre et Elie II, je compare à Bartholomée et Job, et j’ai tout compris, pas besoin de me faire un dessin. Je pense que les orthodoxes sur place n’en ont pas besoin non plus.
Et dernier détail, le pape. Le pape qui nous livre aux migrants et abandonne les chrétiens d’orient, le pape donne 16 millions d’euros aux populations du Donbass de la partie occupée par l’Ukraine et ses bataillons de sbires néonazis… Le voilà qui s’en mêle, lui aussi. Pourquoi?
Claude Ginesty publie fort opportunément ce rappel:
J'ai sans doute mauvais esprit, mais je vois venir à l'horizon une "religion du futur", correspondant aux prédictions du père Sérafim Rose et aux visées mondialistes de ceux qui veulent nous transformer en poissons de banc ou en vaches d'élevage industriel. Vous en faites ce que vous voulez, bien sûr. Mais c'est mon avis...
Dieu protège le métropolite Onuphre et ses fidèles. Ils se retrouvent dans la même situation que le patriarche Tikhon et les siens avec les bolcheviques. Car l’idéologie a changé, ou disparu, plus besoin de masque, les mensonges et la propagande aussi, mais derrière tout cela, les forces à l’œuvre sont les mêmes et il est regrettable de voir des prélats orthodoxes se mettre à leur service.
Il est vrai qu’après 17, Constantinople l’avait déjà fait.

Le patriarche Elie II

le métropolite Onuphre


vendredi 16 novembre 2018

L'hospice d'Ilinskoïé


Lioudmila m’a demandé de l’emmener à côté d’Ouglitch pour déposer une vieille dans un hospice. Je râlais comme un pou, parce que je devais aller les attendre en bas de chez elles à 8 heures et me dépêcher le matin devient au dessus de mes forces. Tout en laissant rouspéter mon démon, je prêtais attention à la voix navrée de mon ange : « Tu as l’occasion de faire quelque chose pour les autres, cela t’arrive-t-il si souvent, vieille égoïste ? Tu as la chance d’être chez toi, et cette pauvre vieille s’en va à l’hospice, tu vas la fermer, ta gueule ? »
Donc, je suis arrivée au lieu du rendez-vous pour m’entendre dire que la vieille s’était oubliée et qu’il fallait attendre qu’elle eut fini de prendre son petit-déjeuner. La vieille n’a en fait que 12 ans de plus que moi, et elle a dû être jolie. J’ai refait avec elle, Lioudmila et Rita , le trajet de Borissoglebsk, en allant 40 km plus loin, presque jusqu’à Ouglitch, cela sentait le bout du monde, l’avantage, c’est que ces villages oubliés entre champs et forêts n’ont pas trop été défigurés par la tuile métallique et le siding, les isbas sont délabrées mais toujours charmantes, avec des dentelles de bois et des couleurs passées.
Nous sommes arrivées dans celui d’Ilinskoïé, où était l’hospice. Notre grand-mère n’avait pas trop mauvais moral, elle trouvait l’endroit tranquille. Oui, il était on ne peut plus tranquille… au milieu de nulle part, comme on dit en Amérique.
Lioudmila est allée s’occuper de l’admission. Je suis allée implorer le personnel de me donner l’accès aux toilettes, et j’ai discuté avec les infirmières. Gentilles et humaines. Elles se sont renseignées auprès de moi sur la grand-mère, enfin dans la mesure où je pouvais en dire quelque chose : « Elle marche seule ?
- Oui, elle marche.
- Et la tête ?
- Ca a l’air d’aller. »
J’ai promené Rita, petit pipi. Dans la grisaille sourde du matin lourd d'une neige qui se refuse à tomber, l’église avait l’air du seul point de lumière auquel on pouvait se raccrocher dans le coin : des coupoles dorées qui brillaient gaiement, fraichement restaurées.
Au retour, Lioudmila était triste. Elle ne sait pas quoi faire avec sa vieille, qui est sa voisine. C’est une femme sans défense, choyée toute sa vie par un mari attentif mort il y a huit ans. Des Arméniens ont commencé à faire de grandes démonstrations d’amitié à cette veuve, et ils ont fini par lui proposer de leur faire une donation de son appartement, dont elle reste théoriquement usufruitière, en échange de bons soins.  Et un soir, Lioudmila a vu arriver la vieille : «J’ai faim, je n’ai pas mangé depuis trois jours… » Dans l’appartement, plus rien, plus de vaisselle, plus de linge, plus de vêtements, comme si on l’avait déménagé, et la vieille ne s’y supporte plus, elle a peur.
Lioudmila a pris sa voisine chez elle, mais son appartement est minuscule, elle y vit avec sa fille et sa mère. La vieille lui a proposé de venir s'installer dans le sien. Mais il appartient aux Arméniens…  et de plus,  il est inhabitable sans meubles ni électroménager.
La solution est de dénoncer la donation, puisque les Arméniens ne respectent pas le contrat. Mais que faire, en attendant, de cette grand-mère ? D’après ce que Lioudmila raconte, elle a certainement une maladie dégénérative, même si elle reste assez autonome, et capable de converser.
La vieille elle-même ne veut plus rester seule, et envisageait l’hospice assez sereinement. Cependant, si celui d’Ilinskoïe fait bonne impression, on sera probablement obligé de l’envoyer dans un internat, et Dieu sait comment il sera.
Je raccompagne Lioudmila dans une semaine, voir comment cela se passe.
L’équipée m’avait également profondément remuée et me rappelait ce que j’ai vécu avec ma mère. «Un imbécile m’a accusée sur Facebook d’être partie en Russie pour sauver ma peau, ai-je confié à Lioudmila, mais ce n’est évidemment pas la raison, car il n’y a plus grand-chose à sauver, même ici, on n’est pas à l’abri, et en fin de compte, mourir, par exemple, fusillée dans une procession m’éviterait la maison de retraite… la fin de ma mère m’a rendue fataliste par rapport à la mienne.
- Nous t’éviterons cela !
- Tu sais Lioudmila, c’est très dur à vivre. Avec maman je n’ai pas tenu très bien le coup, et c’était l’être que j’aimais le plus au monde. Je compte sur Dieu pour arranger les choses au mieux. Je me dis que si maman a vécu cela, c’est que Dieu voulait lui faciliter le passage. Mon amie moniale, dont la mère était morte folle, avait été prise en stop, en Grèce, par saint Païssios. Et celui-ci lui avait dit : «Les gens comme ta mère vont directement au ciel. Il n’y a rien de pire que de perdre la tête et c’est une maladie qui les dépouille de tout, de sorte qu’ils passent comme une lettre à la poste. » Maman avait une bonté rare, mais elle en voulait à Dieu de la mort de mon père et ne voulait pas revenir à lui. Elle avait un certain orgueil, et ses filles étaient tout pour elle. La maladie l’a privée de tout, de son orgueil et de ses filles, et l’a laissée absolument démunie, elle est sortie de la vie comme elle y était entrée : comme un petit enfant. Dieu va-t-il demander des comptes à un petit enfant ? Un jour que, dans un éclair de lucidité, elle se désespérait d’être séparée de moi dans l’au-delà parce que j’étais croyante et pas elle, je lui avais répondu : « D’abord, personne ne sait qui de nous deux passera première, et puis, si tu vois le Christ devant toi, tout d’un coup, maman, quand tu passeras de l’autre côté, vas-tu te détourner de lui ? Si tu le vois devant toi ?
- Oh non, non… bien sûr que non. Je lui dirai : « bonjour monsieur, je m’appelle Michelle Pleynet… »
Elle me répétait aussi : « Dieu me pardonnera bien, je pardonne à tout le monde, alors lui d’autant plus… »
Lioudmila m’a déclaré : « Pour Dieu, la bonté couvre pas mal de choses, j’en suis persuadée ».