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dimanche 15 décembre 2019

L'amour de la vie


Vendredi soir a eu lieu la bénédiction du café français, c’est le père Andreï qui s’en est chargé. Gilles ne l’a pas fait monter à la production, car il craignait que Didier le pâtissier ne pique une crise. « Eh bien voilà, lui ai-je dit, maintenant, tous les démons vont partir dans l’escalier et aller se réfugier chez Didier ! »
Du coup le père Andreï est reparti avec plein de gâteaux, et moi aussi…
Samedi soir, instruite de la présence de l’évêque, je me suis poussée à aller aux vigiles. C’était d’ailleurs l’évêque qui confessait les gens lui-même. J’étais émue, je me disais que ce serait la première fois de ma vie que je me confesserais à un évêque, mais il n’a pas eu le temps, et c’est au père Andreï que je l’ai fait. Cependant, alors qu’il confessait une jeune fille, il m’a aperçue et il m’a fait de grands signes : «Venez, venez… » Je me suis approchée, il m’a présenté sa pénitente, qui avait toutes sortes de diplômes dont un de français, et il lui a dit : «C’est notre Française de Pereslavl… » et la jeune personne de joindre les mains, extatique : « Oh, c’est donc VOUS ! » Il faudra que je m’habitue à ce genre de réactions, qui me laissent flattée, mais perplexe !
La jeune fille a pris mes coordonnées, car elle habite Moscou et n’avait pas le temps de me rencontrer cette fois-ci. D’après ce que j’ai compris, c’est une fille spirituelle de notre évêque. A la fin de l’office, quand il distribue sa bénédiction à tout le monde, il me l’a recommandée : « Ce sera très bien pour elle, de vous fréquenter !
- Oui, elle pourra pratiquer le français…
- Oh mais non, enfin si, mais ce n’est pas le principal, je pense que vous avez beaucoup à lui apporter, je pense que vous avez un grand cœur, au sens chrétien du terme… »
S’il le pense, c’est que ce ne doit pas être faux, j’espère ne pas le décevoir.
J’ai parlé au père Andreï de mon amour  de la vie, des bonnes chose de la vie, je lui ai dit que j'avais du mal à m'en détacher, ce qui serait pourtant nécessaire, à mon âge, et à surmonter la tristesse d'être restée seule : «je sais que même dans l’au-delà aucun mari ne m’attend, et vous ne pouvez pas savoir comme cela me déprime. »  Pour l’amour de la vie, il m’a dit : « Le monde qu’il nous est prescrit de mépriser, c’est surtout le monde social, la richesse, le paraître, l’orgueil,  le pouvoir, les intrigues, mais les bonnes choses de la vie n’ont pas été créées pour rien, et saint Jean de Cronstadt disait aux jeunes gens trop excessifs de ne pas les mépriser, et de danser, par exemple, comme leur âge le réclamait.
- Mais alors pourquoi n’a-t-il jamais touché sa femme ?
- Mais c’était un cas très spécial, c’est même le seul cas qui ait jamais existé de ce genre, il avait eu une illumination, enfin, c’est le seul et il avait ses raisons! »
Je n’ai jamais compris personnellement pourquoi saint Jean de Cronstadt n’était pas devenu hiéromoine plutôt que de se marier avec une femme en lui imposant une chasteté dont elle n’avait peut-être vraiment pas envie. Enfin moi, à sa place, je ne l’aurais pas très bien pris.
A un moment des vigiles, avant l’exhapsalme, on a coupé toute lumière électrique, quelle beauté, tout à coup… l’iconostase, éclairée par les cierges et les lampades,  semblait habitée d’un doux feu intérieur, comme un grand cristal, un feu qui se reflétait sur les vêtements dorés du diacre, et ce jeune diacre chantait admirablement bien, et avec une grande simplicité, sans effets de voix.
Je me dis parfois que je n’ai plus d’afflux de grâce, comme j’ai eu deux ou trois fois dans ma vie, il y a déjà longtemps, mais je me rends compte que la pâte travaille avec lenteur, et que mon être se transforme.
Le chaton Stacha ne me quitte pas d'une semelle, un de plus. Il me fait des câlins éperdus, même trop. Je l'ai emmené chez le vétérinaire et il était très inquiet, il devait avoir peur d'être chassé du paradis, mais sur place, il a compris que c'était une formalité et que je ne le larguais pas dans la nature. Il s'entend bien avec Ritoulia, ils jouent ensemble. D'après la véto, il aurait dans les quatre mois, et il sera probablement énorme. C'est une pierre dans le jardin de Georgette, mais elle garde ses prégoratives, c'est juste qu'elle ne supporte pas les enfants...

Georgette dans un de ses refuges
Moustachon

jeudi 12 décembre 2019

Visites médicales

Drôle de mois de décembre...
La nuit tombe de plus en plus tôt, ce que favorise le temps couvert. Une éclaircie hier, et un air presque tiède m'ont poussée dehors, jusqu'au magasin le plus proche. Au retour, j'ai vu les chats qui prenaient le soleil sur le perron. Pendant la nuit, le gel est revenu, mais toujours pas de neige pour éclairer tout ça.
J'ai commencé à m'occuper de ma santé. D'une façon générale, en partant en Russie, j'ai fait l'acte de foi de la confier à Dieu, car de ce côté-là, tout est encore plus sûr et plus facile en France, bien que le gouvernement s'applique à détruire les services de santé, comme tout le reste. Mais bon, il faut quand même s'en occuper, si je veux vivre plus longtemps que mes animaux et rester indépendante...
J'ai fait des analyses dans un centre médical situé dans un hôtel. Il y a là un médecin à la fois généraliste et cardiologue, ce qui dans mon cas est plutôt bien. C'est une femme sympathique, elle m'a dit que tout allait bien, sauf le choléstérol, et pour ça, elle m'a prescrit des Oméga 3 pour éviter les statines, et on verra ce que ça donne dans six mois. Elle m'a aussi prescrit un anti inflammatoire sans contrindications fâcheuses, et cela a bien amélioré la situation. Et puis elle m'a envoyée à un "traumatologue-orthopède" et non à un rhumatologue, je pense que c'est une question de dénomination. J'ai payé pour tout cela, parce que je ne sais pas trop où j'en suis avec ma mutuelle française. Mais c'est beaucoup moins cher qu'en France.
La polyclinique d'état que m'avait vivement déconseillée un de ses médecins a maintenant un département payant, c'est la médecine à deux vitesses. Le médecin m'a bien plu, c'est un spécialiste de Moscou, qui travaillait au Centre Européen, usine à fric où j'allais quand je travaillais au lycée, parce que ma mutuelle avait un accord avec cet établissement. Il a décidé de s'éloigner de Moscou, de vivre dans une maison en pleine forêt, et d'aller à son travail en vingt minutes de voiture, sans bouchons ni stress, ce que je comprends parfaitement. Il a parcouru l'Europe, y compris la France, mais c'est un patriote, avec une croix orthodoxe autour du cou, et il ne s'expatrierait jamais. Il adore Pereslavl, le lac, les environs. Il m'a demandé si je fumais, je lui ai répondu que pas depuis vingt ans, mais que j'étais trop portée sur le sucre. "Et alors? Quel est le Français qui  n'est pas gourmand?"
Il pense que j'ai, en plus de l'arthrose, un problème de ménisque, sans doute à la suite d'une chute, et c'est vrai que je suis tombée au moins deux fois sur ce malheureux genou gauche. Il m'envoie faire radios, scanner etc... avant de décider d'une thérapie, peut-être opératoire, mais pas la pose d'une prothèse, autre chose, dont j'ai oublié le nom médical, c'est beaucoup plus léger comme intervention. "Et ça coute combien?
- C'est gratuit. Les opérations sont gratuites chez nous, vous ne le saviez pas? Prenez une assurance russe, vous y avez droit.
- Et qui la ferait?
- Moi, ici. Mais faites d'abord tous les examens pour savoir si c'est nécessaire..."
Quand je suis arrivée dans cet hopital qui ne paie vraiment pas de mine, j'ai voulu prendre l'ascenseur, car il y avait cinq étages à grimper, et j'allais y pénetrer, quand une vieille s'est jetée sur moi en gueulant: "Vous allez où?
- Elle va au cinquième, lui lance la réceptionniste, tout est normal."
J'entre dans l'ascenseur et m'apprête à appuyer sur le bouton. "Ne touchez à rien! " rugit la vieille. Puis elle ajoute, avec le plus délicieux des sourires, tout à coup complètement transformée: "C'est mon boulot, l'ascenseur. C'est moi qui m'en occupe."
Je n'ai pas été surprise, les Russes ont souvent ce comportement qui paraît déroutant mais qui est le fait d'une totale spontanéité; de sorte que je ne réagis plus trop quand on m'engueule!

dimanche 8 décembre 2019

The Place


Nous avions aujourd’hui notre premier concert à Rostov, à l’espace culturel "the Place" (en anglais dans le texte), vieilles maisons typiques restaurées avec goût en vue de manifestations de ce genre. Il y avait l’exposition des tableaux des jeunes élèves de Liéna, et puis le concert de son collectif folklorique enfantin, qui chante extrêmement bien, et avec beaucoup de naturel. Le collectif d’adultes, nous, se greffait là-dessus. Et je devais chanter trois chansons pour finir, dont une russe, en m’accompagnant à la vielle.
La télévision était une fois de plus présente, l’équipe civilisée d’il y a trois semaines. Ils voulaient me filmer en train de chanter. Je n’étais pas très à l’aise, car cela perturbait la mise en place des diverses manifestations, mais d’un autre côté, cela faisait de la publicité à l'endroit comme aux participants... En plus de la Française de service, les journalistes ont reçu en prime le père Joseph Gleason, venu du Texas, dont les trois filles présentes ont chanté comme des paysannes russes, de façon parfaitement authentique.
J’avais emmené mon petit voisin Aliocha. Il a fait connaissance du fils de Liéna, et aussi de la bibliothèque du centre, car ce sympathique enfant aime lire, il me paraît vraiment attachant, simple, digne, je dirais même viril.
Rita a beau être sociable et mondaine, elle avait visiblement le tournis, beaucoup de monde, beaucoup d’enfants, certes plutôt grands, mais quand ils se mettaient à cinq pour la caresser, elle commençait à grogner et à faire mine d’être extrêmement féroce.
J’avais bien préparé mes trois chansons, et chez moi, je chantais et jouais avec une liberté et  un oubli du monde extérieur complets. Mais sur place, j’étais plus inhibée. J’avais dû revêtir le costume russe acheté cet été, et je n’y étais pas très à l’aise, j’aurais préféré rester dans mes vêtements habituels. Il me semblait que j’avais l’air d’une montgolfière prête au décollage.
J’ai rencontré, avec Vassili Tomachinski et sa femme, une grand-mère ukrainienne, genre vieille paysanne, dont la petite-fille fait partie du collectif de Liéna. Elle habite dans un village à côté du monastère de Borissoglebsk.  Une femme très chaleureuse, naturelle, digne, qui chantait autrefois dans un ensemble folklorique du côté de Kharkov. Elle connaît une foule de chansons de là bas, et m’a conviée à venir la voir.
Une autre femme, Vera, m’a montré ses créations, des vêtements inspirés par le costume populaire mais adaptés à la vie moderne, et j’ai trouvé que c’était très joli, et portable dans n’importe quelle circonstance.
La biélorusse Anastassia, qui s’occupe du centre, et son assistant, sont très accueillants, et tous les gens présents semblaient détendus et heureux. Voilà un lieu qui peut donner de la vie à la ville et même aux environs.
Quand nous sommes repartis, à quatre heures, c’était déjà les ténèbres, d’autant plus que nous n’avons toujours pas de neige, et il paraît qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin décembre…  Je déteste conduire la nuit, mais ici, en décembre, il fait nuit la plupart du temps.
Katia m'a dit que lorsque nous avons chanté le vers spirituel sur la fin du monde, des gens pleuraient. Elle avait pris en main l'organisation du concert, ce dont on l'a officiellement remerciée. 
Peut-être fera-t-elle son trou dans les sphères culturelles locales, ce que je lui souhaite.

Vers spirituel sur le Jugement Dernier

Je sortirai sur la colline de Sion
Je regarderai la rivière de feu.
Les âmes des justes passent à pied sec
Mais les âmes pécheresses s'enfoncent dans la rivière de feu.
Et elles crient et se débattent,
elles disent à Michel:
Michel Archange, notre père, notre père
Prends pitié de nous, donne-nous au moins une petite barque
Je ne vous donnerai rien
Vous n'avez pas de maison
Vous n'avez ni pères ni mères

jeudi 5 décembre 2019

Formule du carême


J'ai trouvé au fil de facebook, sur la page d'un moine, ces reflexions sur le carême qui répondent exactement à mon état d'esprit et m'apportent enfin la paix sur ce point, je les livre à ceux qu'elles pourraient aider.

Si tout à coup se trouvait assez de volonté canonique pour expliquer aux gens que toutes ces règles  ne sont pas pour eux, mais pour les moines, et encore pas tous, mais seulement ceux des monastères où ils sont en cours, combien d’entre eux pourraient pousser un soupir de soulagement et passer ce carême paisiblement, sans perpétuel sentiment de culpabilité ni ambiguité bigote. Mais la question n n’est pas du tout dans la nourriture.
Quelques traités médiévaux se terminent souvent par la phrase « assez sur ce sujet », c'est-à-dire « ça suffit là-dessus, assez », et nous voudrions aussi écrire une fois un texte sur le temps de carême qui se terminât par ces mots encourageants.
Pas possible. Car dès le début du carême, j’entends les questions habituelles :
- quels jours on a droit à du poisson ?
- On peut aujourd’hui user de l’huile ?
- Permettez-moi, père de manger avec du lait, j’ai un ulcère.
Et ainsi de suite, et ainsi de suite.
Mais je réponds encore et encore à ces perplexités, et ne cesserai pas de le faire, car j’ai pitié des gens et le thème du carême en plonge beaucoup, si ce n’est dans le marécage de l’hypocrisie, dans un sentiment perpétuel de culpabilité. Car tu ne peux le respecter comme il est indiqué, même si tu y mets toutes tes forces, alors, tu es un pécheur, imparfait et gourmand ! Et le paroissien vit des années dans une dépression orthodoxe sourde, dévoré par un sentiment de culpabilité insatiable.
Et tout de même, qu’est-ce qui est prescrit ? Par qui ? Pour qui ? Comment jeûner sans pécher, pour noffenser ni Dieu ni ses saints ?
Dans l’antiquité, le carême de l’avent durait une journée, c’était la veille de la Théophanie. Le fait est qu’alors, nos deux fêtes merveilleuses, la Nativité et la Théophanie, tombaient le même jour, et le jeune d’un jour correspondait justement à l’évènement de la Théophanie, comme un sacrifice particulier de concentration religieuse, un temps spécialement choisi pour prendre conscience de ce grand événement. C’est de cette semence, de cet effort d’un jour, qu’ensuite s’est développé notre jeune de quarante jours.
Cependant, sa durée et la prescription de la table n’ont jamais eu une signification générale de règle absolue pour tous. Il n’y a jamais eu de règlement général pour les laïcs ; et chaque monastère observait sa propre règle selon la volonté de l’higoumène, de sorte qu’un théologien byzantin du XV° siècle, Georges Protosingel, décrivant la tradition du carême de la Nativité, admise à son époque, écrivait que dans la capitale, on jeunait quarante jours, dans certaines régions à partir du 10° décembre, dans d’autres du six, et ailleurs du vingt, et tout cela subsistait tout à fait normalement au sein d’une seule tradition, , il ne venait à l’esprit de personne d’accuser l’autre d’hérésie ou de tendances modernistes.
Un peu plus tôt, au XII° siècle, le fameux canoniste Théodore Valsamon déclarait qu’à Constantinople, on jeunait 40 jours pour l’avent, mais pas tous, seulement les moines, et pourtant, la plupart des gens préfère seulement quatre jours avant la fête, ce que condamne Valsamon, insistant sur le plus raisonnable : faire abstinence sept jours avant la Nativité.      
Saint Jean Chrysostome ; dans son « sixième discours contre les Anoméens. Sur la bienheureuse Philogonie » appelle ses auditeurs à respecter le carême cinq jours avant la Nativité, soulignant que ce n’était pas la quantité de jours qui comptait mais la disposition de l’âme.                                                
 – D’où nous viennent, dans les calendriers, ces prescriptions : nourriture sans huile, poisson permis ?
– Elles sont extraites du Typicon, la règle générale qui organise l’existence type d’un monastère d’hommes, c’est-à-dire un ensemble de règles pour les moines, par ce que jeuner 40 jours avant la Nativité était la pratique monastique, et non mondaine, habituelle, et si dans notre milieu ecclésiastique se trouvait tout à coup assez de volonté canonique pour expliquer aux gens que toutes ces règles ne sont pas pour eux, mais pour les moines, et encore pas tous, mais seulement ceux des monastères où ils sont en cours, combien d’entre eux pourraient pousser un soupir de soulagement et passer ce carême paisiblement, sans perpétuel sentiment de culpabilité ni ambigüité bigote. De plus, si nous décidions de restaurer la tradition antique du  jeune pour les laïcs, cinq jours avant la Nativité, la question de la « névrose du jour de l’an » serait résolue, quand tous nos jeuneurs affamés sont encore plus tourmentés par la culpabilité à cause de l’impossibilité de passer légitimement une belle fête familiale.
Mais la question n’est pas du tout dans la nourriture. Si vous avez assez d’obstination pour étudier les monuments de la littérature religieuse, vous trouverez une telle variété de pratiques dans le jeûne et l’abstinence que vous en aurez la tête qui tourne, comment les suivre de la bonne manière : comme els saints du monastère des Studites, ou les ascètes irlandais, ou les syriens orthodoxes qui n’avaient pas du tout nos formes de jeûne ?
En réalité, la formule est simple, même un enfant peut se la rappeler.
Le jeûne, c’est la retenue et l’humilité, voilà tout.
La nourriture carémique est une nourriture modeste. Et au contraire, ce qui n’est pas carémique, c’est ce qui n’est pas modeste. De sorte qu’un déjeuner qui vous coûte plus cher et vous prend plus de temps que d’habitude n’est pas carémique.
Si pour raison de carême, vous avez déjeuné, mort de chagrin, avec des homards et une soupe japonaise à la mode, payant pour ce plaisir homologué par le Typicon trois fois plus cher que d’habitude, vous n’êtes plus modeste, vous avez rompu le carême.
Si vous avez pris pour votre petit-déjeuner des flocons d’avoine au lait, vous faites correctement le jeûne car ce qui le rompt, ce n’est pas ce malheureux lait ou des pelmeni prolétariens, mais le luxe et le laisser-aller qui peuvent surgir avec les produits les plus innocents.
- Et comment déterminer ce qui est modeste et ce qui ne l’est pas ?
- C’est en fonction de votre éducation. Pour les gens, c’est plus simple quand quelqu’un décide à leur place, mais l’ascèse chrétienne, c’est la diversité des efforts créatifs, c’est-à-dire la recherche et les efforts personnels et libres. S’il n’y a pas de règle universelle, et il ne peut y en avoir ! il vous faut trouver vous-même votre mesure de jeûne, et pour cela, il faut faire connaissance avec vous-mêmes, votre corps, vos désirs et vos émotions, et c’est un grand travail sur plusieurs années.
Bien sûr, ce ne sont pas seulement les croyants mais toute personne éduquée qui doivent être retenus et humbles tous les jours de leur vie, mais le temps du carême doit être celui de le simplicité, pour libérer notre attention en vue du principal, de ce qui justifie en fin de compte tout cela, la contemplation du Christ, la pensée divine.
Que ces hautes et nobles paroles ne vous effraient pas.
- Où suis-je et où est la pensée divine ! Qui suis-je pour contempler le Christ !
- Tu es l’enfant de Dieu et le Seigneur est venu ici pour toi ! Tu te souviens ? «Descendu des cieux pour nous et pour notre salut » !
Le principal que nous devons garder à l’esprit, c’est que nous devons nous souvenir du carême de la Nativité : c’est le moment où nous devons oublier nos querelles habituelles et nos différents ecclésiastiques, nos discussions sur juridictions, les scandales, les jupes et la quantité de margarine dans les biscuits, toute cette « nourriture non carémique », cette écume trouble de la vanité religieuse et de la vulgarité doit partir, laisser la place au Christ, à la contemplation de son clair Visage.
Seulement le Christ ! voici la formule du carême de la Nativité.

L’archimandrite Savva (Majouko)
https://www.facebook.com/vitogal777/posts/2501540253396939

Вестник Рождества № 1.
Формула поста.
Если бы вдруг обнаружилось достаточно канонической воли, чтобы объяснить людям, что все эти правила не для вас, а для монахов, причем не всех, а только тех монастырей, где это принято, – сколько людей вздохнули бы с облегчением и смогли провести этот пост спокойно, без вечного чувства вины и ханжеской двусмысленности. Но ведь дело вовсе не в пище.
Некоторые средневековые трактаты часто заканчиваются фразой «об этом довольно», то есть: «хватит уже об этом, достаточно», и мне бы тоже хотелось однажды написать такой текст про постное время, который бы заканчивался этими ободряющими словами.
Не получается. Потому что с началом поста я слышу привычные вопросы:
- по каким дням разрешается рыба?
- а можно ли сегодня с маслом?
- благословите, отче, кушать с молоком – у меня язва?
И прочая, и прочая, и прочая.
Но я снова и снова отвечаю на эти недоумения, и не перестану, потому что мне жалко людей, потому что тема поста погружает многих если не в болото лицемерия, то в вечное чувство вины и виноватости. Ведь ты не можешь соблюдать, как положено, даже если приложишь все возможные усилия, значит – грешник, несовершенный и сластолюбец! И живет церковный человек годами в глухой православной депрессии, разъедаемый ненасытным чувством вины.
А всё-таки, как положено? Кем положено? Кому положено? Как поститься, чтобы не согрешить, чтобы Бога не обидеть и святых Его?
Предрождественский пост в древности длился один день – это был канун Богоявления. Дело в том, что когда-то два наших чудесных праздника – Рождество и Крещение – приходились на один день, и однодневный пост был обращен именно на событие Богоявления как особая жертва духовной сосредоточенности, время, отделенное специально для осмысления этого величайшего события. Вот из этого зерна, из однодневного усилия позже и вырос наш сорокадневный пост.
Однако его продолжительность и устав трапезы никогда не имели значения всеобщего или абсолютного правила для всех. Общего устава для мирян никогда не существовало, а монастыри руководствовались каждый собственным уставом и волей игумена, так что один из византийских богословов XV века Георгий Протосингел, описывая традицию Рождественского поста, принятую в его время, писал, что в столице постятся сорок дней, в других регионах начинают говеть с 1 декабря, в третьих – с шестого, а где-то и с двадцатого – и всё это совершенно нормально уживалось внутри одной традиции, никому и в голову не приходило обвинять другого в ереси или модернистских тенденциях.
Немного ранее, в XII веке известный канонист Федор Вальсамон сообщал, что в Константинополе постятся сорок дней предрождественского поста, но не все, а только монахи, однако большинство предпочитает только четыре дня поста перед праздником, что Вальсамон осуждает, настаивая на самом разумном: воздерживаться семь дней перед Рождеством.
Святитель Иоанн Златоуст в «Слове шестом против аномеев. О блаженном Филогонии» призывает своих слушателей соблюдать пост – пять дней воздержания перед праздником Рождества, подчеркивая, что не количество дней важно, а расположение души.
– Откуда же у нас в календарях эти предписания: сухоядение, без масла, разрешение на рыбу?
– Они взяты из Типикона – общего устава, регламентирующего жизнь типового мужского монастыря, то есть это правила для монахов, потому что поститься сорок дней перед Рождеством было обычной монашеской практикой, не мирянской, и если бы в нашем церковном обществе вдруг обнаружилось достаточно канонической воли, чтобы объяснить людям, что все эти правила не для вас, а для монахов, причем не всех, а только тех монастырей, где это принято, – сколько людей вздохнули бы с облегчением и смогли провести этот пост спокойно, без вечного чувства вины и ханжеской двусмысленности. К тому же, если бы мы решились возродить древнюю традицию пощения для мирян – пять дней перед Рождеством, – решился бы и вопрос с «новогодним неврозом», когда наши несчастные постники еще больше изводят себя чувством вины из-за невозможности законно пережить красивый семейный праздник.
Ведь дело вовсе не в пище. Если вам хватит усердия в изучении памятников церковной письменности, то вы обнаружите такую пестроту практик поста и воздержания, что просто закружится голова – как же правильно: так, как постились святые Студитского монастыря, или ирландские аскеты, или православные сирийские подвижники, которые вообще не знали привычных нам форм говения?
На самом деле формула у поста довольно простая, даже ребенок запомнит.
Пост – это два «эс»: сдержанность и скромность – вот и всё.
Постная пища – скромная пища. И наоборот, скоромно – это когда нескромно. Поэтому обед, который вам обошелся дороже и хлопотнее обычного – непостный.
Если вы по случаю поста отобедали убитыми горем лобстерами и модным японским супом с черной лапшой, заплатив за одобренное Типиконом удовольствие втрое больше обычного, вы оскоромились, вы нарушили пост.
Если вы позавтракали обычной овсяной кашей на молоке – вы правильно поститесь, потому что пост нарушает не многострадальное молоко или пролетарские пельмени, а роскошь и несдержанность, которая может себя проявить и с самыми невинными продуктами.
– А как определить: что скромно, а что нет?
– Это уже мера вашей воспитанности. Людям проще, когда за них кто-то всё решил, но христианская аскеза – это разновидность творческого усилия, а значит, личного, свободного поиска и напряжения. Если нет всеобщего устава, – да и не может быть! – вам самому надо найти свою меру поста, а для этого надо познакомиться с собой, своим телом, желаниями и эмоциями, а это большой многолетний труд.
Конечно, не только верующий, но и всякий воспитанный человек должен быть сдержанным и скромным каждый день своей жизни, но постное время должно быть временем простоты, чтобы человек мог освободить свое внимание для самого главного, того, ради чего, собственно, всё это и затевается – ради созерцания Христа, ради богомыслия.
Пусть вас не пугают эти высокие и благородные слова.
– Где я, а где богомыслие! Кто я такой, чтобы созерцать Христа!
– Ты – дитя Божие, и Господь пришел сюда ради тебя! Помнишь? – «нас ради человек и нашего ради спасения сшедшаго с небес»!
Самое главное, что мы должны помнить о Рождественском посте: это время, когда следует забыть все наши обычные распри и церковные склоки, разговоры о юрисдикциях, скандалах, пикантных новостях, дискуссии о юбках и количестве маргарина в печенье – вся эта «скоромная пища», мутная пена религиозной суеты и пошлости должна уйти, освободить место для Христа, для созерцания Его светлого Лика.
Только Христос! – вот формула Рождественского поста.
Архимандрит Савва (Мажуко)

mercredi 4 décembre 2019

annonce de parution








Les Éditions du Net vous présentent
Parthène le Fou 
De Laurence Guillon




Résumé de l’ouvrage
 Parthène le Fou était le surnom que se donnait Ivan le Terrible pour écrire des compositions
religieuses, qui existent encore. Le livre est la suite et l’épilogue de Yarilo, publié également aux éditions du Net. Il raconte comment le tsar, dévoré de passions et de remords, dépouille peu à peu, aidé par son fils Féodor, « le petit tsar des fous », par sa bru, la douce Irina, par le petit barde Vania Basmanov, dit « Rossignol le Brigand », le despote luxurieux et cruel pour ne garder de lui-même au dernier moment, que le fou Parthène. Une histoire de fous et de fous-en-Christ. Une tragédie. Un conte sur le pouvoir, la mort, le salut.

Fiche auteur
Laurence Guillon est née en 1952 à Valence. Après des études de russe, une conversion à l’orthodoxie et une jeunesse chaotique, elle publie « Le tsar Hérode » au Mercure de France, en 1985, et reçoit le prix Fénéon. En dépit du prix, elle ne peut pas en publier la suite, et regrette bientôt amèrement toute l’aventure. Partie travailler et vivre en Russie à partir de 1994, après avoir publié quelques albums pour enfants, elle écrit un court roman, « Lueurs à la dérive », un conte sur le Goulag et les répressions qui sera publié plus tard par les éditions Rod. Contrainte de rentrer en France en 2010 pour soigner sa mère, elle repart après sa mort en Russie en 2016, et à cette occasion, décide de reprendre complètement ses deux romans, celui qui fut publié et celui qui ne le fut pas, en les relisant à la faveur de son déménagement pour en faire une nouvelle version, transformée par son expérience en Russie et son expérience tout court. Laurence Guillon vit à présent à Pereslavl Zalesski et tient un blog relatant son implantation et ses observations en pays russe, les « Chroniques de Pereslavl » https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com.
Descriptif technique
Format : 150 x 230 cm Pagination : 288 pages ISBN : 978-2-312-07035-3 Publié le 21-11-2019 par Les Éditions du Net GENCOD : 3019000006902 Prix de vente public : 19 € TTC
Pour commander
Auprès de l’éditeur : www.leseditionsdunet.com Sur les sites Internet : Amazon.fr, Chapitre.com, Fnac.com, etc. Auprès de votre libraire habituel
Les Éditions du Net 

lundi 2 décembre 2019

La rivière bétonnée.

Ceux qui me lisent se souviennent certainement de toutes les photos que j'ai publiées des berges de la rivière Troubej, près du café français et de l'éléphant autrefois rose, le sentier, les arbres, les feuilles d'automne dans l'herbe, les coupoles des églises au delà du val et les canards, c'était le dernier endroit naturel et pittoresque de cette ville défigurée. Eh bien, c'est fini; on a bétonné d'affreuses allées rectilignes partout, on va y coller des révèrbères stupides, et sans doute d'immondes petits massifs de bégonias ou d'oeillets des Indes. L'éléphant peint en gris a l'air encore plus incongru, là au milieu. Et pour faire cette horreur, on a trouvé de l'argent, alors qu'il n'y en a pas pour les monuments historiques. Il faut dire que les berges de la rivière sont en face de l'administration de la ville alors si d'aventure un haut fonctionnaire vient  de Moscou, il faut que tout autour il ne voit que ce qui convient à une âme et à un cerveau en forme de tableau excell, la vie c'est sale et la nature, ça fait désordre.
J'avais un ami passionné par la structure mathématique des plantes qui me disait que la nature avait horreur des lignes droites. C'est parfaitement vrai, et tous les mutilés spirituels de la modernité ont horreur de la nature, et donc, ils adorent les lignes droites. Pour eux, une ligne ne saurait être que rectiligne. Et tout ce qui croit librement doit être tondu, taillé, enfermé derrière des grillages.
Je suis absolument consternée, car c'est un endroit où j'aimais à me promener avec la chienne, et cela n'aura plus aucun intérêt. Ce sera moche, banal et raide, comme tout le reste. Un espace naturel doit toujours être découpé en tranches comme un gâteau et envahi de structures déplacées et de fleurs rangées comme des soldats à la parade.
Le chaton Stacha s'adapte très bien, et son calme royal facilite bien les choses. Découragé par mes chats, il joue avec Rita, je crois qu'ils vont très bien s'entendre. Il commence à vouloir un peu sortir mais reste sur le perron à prendre l'air. Et je crois qu'il comprendra bientôt le coup de la chatière.


samedi 30 novembre 2019

Une sainte femme

Hier une voiture est venue me chercher pour l'emission de télé.  Le maquillage préalable m'a beaucoup interessée. La maquilleuse s'est arrangée pour me rafraichir considérablement, d'une facon naturelle et presque indécelable, avec de la poudre et des ombres a paupières couleur chair, puis un semis de petites touches brunes sur la ligne des cils. Moi qui ne me maquillais plus du tout, ça m'a donné des idées pour les grandes occasions.
On m'a dit que j'etais attendue par Sacha et Ioulia sur le plateau, et j'ai appris au dernier moment qu'il s'agissait d'une emission fameuse du fameux Alexandre Gordon (Sacha...). J'avais déjà vu ce journaliste autrefois, quand j'avais encore la télé, il me semblait tres intelligent.
Je me suis retrouvée devant un public qui applaudissait, "Sacha" tres loin sur un divan à droite, "Ioulia" tout aussi loin, mais à gauche, et moi au centre, avec Rita. On m'a posé des questions sur mon itinéraire, ma conversion a l'orthodoxie, puis Gordon m'a fait parler de mon livre. "Il parait que vous rêvez de le publier ici. Eh bien nous pouvons réaliser votre rêve, regardez l'écran."
Sur celui-ci parait l'image d'une dame tout sourire qui me promet de faire bon accueil a mon roman car je l'ai "écrit avec mon coeur" et c'est le genre de choses qu'elle aime à publier. J'etais tellement abasourdie que je n'ai pas du faire preuve de la joie émerveillee qui eût été de mise, et puis comme j'ai quand même assez mauvais esprit, je croyais possible que l'émission finie, la promesse ne fût pas tenue. A l'issue de tout cela, la representante de l'éditrice m'a donné sa carte et m'a engagée a lui envoyer ma production. Ils ont des lecteurs francophones. "Pourtant, me dit-elle, nous vendons mal les romans francais actuels...
- Ah... Parce qu'ils sont ennuyeux?
- Eh bien oui, plutôt.
- Vous ne m'étonnez pas. Le mien n'est pas ennuyeux. Il est atypique et politiquement incorrect mais pas ennuyeux".
Aujourd'hui j'ai rendu visite a Dany qui sort lundi de son hôpital orthodoxe. Elle m'avait parlé avec enthousiasme d'une de ses compagnes de chambre, higoumène du grand schème, qui lui refilait toutes les victuailles et confiseries qu'on lui apportait, et la maternait. La petite higoumène m'a bénie avec bonté, toute rayonnante d'amour évangélique. Dans la même chambre, il y avait une femme parfaitement incroyante admise sur la requête de sa soeur. Je voyais défiler sans arrêt les enfants spirituels de la frêle higoumène, apportant toujours plus de cadeaux, et elle les écoutait avec tendresse et patience, malgré sa maladie. "Voilà une sainte femme, dis-je, impressionnée.
- Une sainte femme? s'exclame alors la mécréante. Elle est radine comme je ne sais quoi, le plein placard de victuailles et douceurs et elle ne partage avec personne. Tu parles d'une sainte femme!"
Quand j'ai raconte cela à Dany, elle n'en croyait pas ses oreilles:" Elle n'a pas pu dire ca!
- Je t'assure que si!
- Mais elle ne cesse de lui proposer de lui donner des choses, comme à moi, et elle refuse avec énergie! "
Voilà qui jette un éclairage intéressant sur les récits enragés de turpitudes ecclésiastiques que je vois parasiter les commentaires des sites orthodoxes sur Facebook. Cela pourrait donner prétexte à méditation sur le thème de l'horreur que la vertu inspire au vice! Plus tard, racontant cela au père Valentin, je lui dis: "Certaines personnes auraient le Christ à côté d'elles qu'elles trouveraient le moyen de l'accuser de quelque méfait...
- Mais c'est bien justement ce qui est arrivé!"

 
Moscou, quatre heures de l'après midi, au retour de l'hôpital