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mardi 20 avril 2021

Chute


Ce matin, pas de chauffage, et il ne fait pas très chaud. Le plombier dit que c'est le vent qui provoque le problème, cela arrive, mais là, cela arrive souvent et je n'arrive pas à rallumer. J'ai refilé mon chauffage d'appoint à ma pensionnaire, et j'ai décidé d'aller en acheter un autre pour moi. Mon intention était de faire plusieurs courses à pied, pour faire de l'exercice, en laissant ma voiture près du magasin d'éléctroménager.
Au passage, j'ai vu la maison repeinte par l'équipe d'Akimov, c'est vrai que c'est très réussi, et même celle d'à côté, du coup, ressort mieux. Je suis allée à la poste, où l'on m'a demandé quand je repassais à la télé, et puis acheter une montre, et d'assez bonne humeur, je me dirigeais vers le magasin, quand j'ai trébuché sur le trottoir inégal et me suis abattue, la gueule sur le macadam. 
Là, c'est quand même le grand moment de solitude. On se sent con et misérable, la vieillesse, c'est le cas de le dire, vous saute à la figure, bien qu'à vrai dire, je sois souvent tombée dans ma vie, même quand j'étais jeune, mais je sens bien que mes jambes ne me portent plus comme autrefois, et avec les trottoirs que nous avons... Je voulais quand même acheter mon chauffage, alors que je sentais l'oedème apparaître, et j'ai pris le premier venu, parce que c'était long, que je voulais aller soigner mon oeil au beurre noir. Après désinfection et application d'un truc froid, j'ai monté le radiateur à l'huile made in China, qui, à peine branché, s'est mis à fumer et à fondre. Je n'ai plus qu'à le rapporter.
Après demain, je dois recevoir une journaliste de Spoutnik, mais avec la gueule que j'ai, il faudra reporter ou bien faire appel à une bonne maquilleuse. Si c'est la télé, car au fond, je n'en sais rien. 
Il y a des jours comme ça, où on ferait mieux de rester au lit.
D'après mon plombier, je devrais maquiller l'oeil sain comme l'oeil blessé et tout serait parfait.


Le matin, une dame m'a appelée de Tcheliabinsk, elle travaille dans les musées, j'ai l'impression, et elle voulait me remercier pour tout ce que je disais sur la Russie, elle trouve que c'est extrêmement important de réveiller la conscience nationale, la foi orthodoxe, l'intérêt pour la culture russe, et semble attendre de moi de véritables miracles, ce qui est quelque peu intimidant. Son opinion est que le communisme a fait beaucoup de mal, mais pas seulement et qu'il est quand même moins destructeur de la mentalité des gens, et même de leur patrimoine, que le libéralisme que nous avons aujourd'hui, et je ne peux pas dire le contraire, bien qu'à mon avis tous ces épiphénomènes aient les mêmes causes profondes.
Ce qui m'ennuie, c'est que des mondialistes travaillent exactement dans le sens opposé et cherchent à parquer la population dans des villes termitières, comme partout ailleurs dans le monde. Ils semblent même assez pressés, et ne s'embarrassent ni de précautions ni de scrupules. Parallèlement, des gens se lèvent contre eux, s'organisent, comme nous ici, à notre niveau, mais cela sera-t-il suffisant? On ne doit pas se poser la question. Il faut faire ce qu'on peut.
J'ai vu que le docteur Laurent Alexandre faisait la réclame du vaccin mafieux en accusant sa propre presse aux ordres de faire peur aux gens en parlant des effets secondaires. Vous savez, le transhumaniste qui trouve surnuméraires tous ceux qui ne sortent pas des grandes écoles. Qui divise l'humanité entre l'élite intelligente (dont il fait partie) et les sous-hommes (tous les autres). Parallèlement, j'ai lu qu'autrefois, les gens de la campagne tenaient leurs abeilles au courant des grands événements familiaux, le décès du père de famille par exemple. Ce qui me confirme dans l'idée que par rapport à ces gens-là non seulement une grande partie de nos contemporains sont des dégénérés stupides capables seulement de nuire à leur prochain et à tout ce qui vit autour d'eux, mais que ce même docteur Alexandre n'arrive pas, pour l'intelligence véritable des choses de la vie, au niveau de l'ongle du gros orteil de n'importe quel paysan du moyen âge. 
Son affreux regard devrait suffire à alerter n'importe quelle personne consciente, il est à lui seul une contre publicité efficace au vaccin qu'il défend.
Dans la foulée, j'ai vu une vidéo de la chaîne SPAS où un prêtre orthodoxe racontait son expérience de mort imminente. Victime d'un accident, et dans le coma, il est sorti de son corps, avec toute sa conscience et ses souvenirs, ses pensées, mais il n'avait plus le contrôle de ce qu'il lui arrivait, et s'il comprenait clairement, enfin, qu'il n'avait pas vécu comme il convenait, il ne pouvait plus rien y changer. Et Dieu lui fit voir l'enfer, c'est-à-dire une solitude infinie dans un espace cosmique hostile, froid et désert qui lui parut horrible, et cela m'a rappelé une description comparable qu'avait faite Carl Gustav Jung d'une vision à l'occasion, je crois, d'une anesthésie. Une fois là dedans, le prêtre en fut retiré pour retourner dans son corps et sortir de son coma. A la suite de quoi, il a complètement changé de vie. 
Je pensais au transhumanisme du docteur Alexandre et à tous ces malades qui font le malheur des gens, et je me disais qu'ils allaient tout droit à ce vide cosmique éternel, et en même temps, j'étais prise d'une terreur métaphysique à cette seule pensée et me souvenais de ce qu'en disait le métropolite Antoine de Souroj, aimer son prochain, c'est ne pas parler contre lui au jugement dernier. 

lundi 19 avril 2021

En bas de l'échelle

Polina Terentieva

Le concert a eu lieu, il y avait très peu de monde. C'était dommage, car nous avions une spécialiste des vers spirituels qui chante très bien, Polina Terentieva. Cependant, le moment n'était pas très favorable, à huit heures du soir, au moment où dans les paroisses, les croyants écoutent l'acathiste à la Mère de Dieu, en plein carême, et ce sont eux qui sont susceptibles de s'intéresser aux vers spirituels. J'étais fatiguée et peu en train, j'ai eu un trou de mémoire dans le cours d'une chanson, mais, c'est consolant,  la spécialiste aussi.  Elle est jeune, mais mère de famille nombreuse, et elle est venue et repartie le soir même, ce qui en soi est un exploit. Je ressens une fatigue immense, et même un certain découragement, une fatigue nerveuse dûe à trop de sollicitations. Il me faudrait faire des choix dans mes activités. Et maintenant, en plus, il y a le jardin, car je dois réagir à la catastrophe causée par le voisin. Quand je regarde de son côté, j'ai l'impression d'être sur la ligne de front de la guerre de 14. Je revois des photos d'avant, l'espace du ciel, les roseaux, évidemment, si j'avais pu acheter ce lopin, cela aurait tout changé, et évité un pareil désastre. Car ce que je vais planter finira par me cacher cela, mais m'enlèvera pas mal de lumière. 
Je plante aussi du côté de la maison d'oncle Kolia, elle est très jolie mais risque de disparaître d'ici 5 ou 10 ans, ou d'être défigurée par des excroissances tumorales. J'utilise des arbres que j'avais déjà ici et que je déplace, lorsque leur emplacement ne convenait pas trop. Et puis j'ai commandé deux saules nains, et je vais me procurer la variété de saule qui donne les rameaux utilisés pour la fête du même nom, avec des branches rouges et des chatons gris. Ils ne sont pas trop hauts, et tout cela, en formant écran, pompera une partie de l'eau stagnante.
 Le choix alternatif du village présente aussi des inconvénients, dont le premier est la manie de mettre le feu aux champs pour brûler les herbes sèches, ce qui évidemment met en grand danger les maisons de bois. Je me souviens avoir défendu, avec les voisins, mon isba de Krasnoié contre un pareil incendie, à coups de pelle, c'était assez effrayant. C'est une des raisons pour lesquelles j'avais vendu l'isba, après mon retour en France. J'avais peur qu'elle ne brûle en mon absence. Encore et toujours la même brutale stupidité de l'homme contemporain, élevé dans l'ignorance et le mépris de la nature et du vivant. En plus de menacer les isbas, ces pratiques font périr un grand nombre de petits animaux sauvages. Nous nous conduisons tellement comme des pignoufs dans la Création de Dieu que je me demande comment Il fait pour nous supporter encore. Et le ballet des camions qui viennent déverser de l'argile dans le marais continue. Où ira l'eau comprimée? Quel effet cela aura-t-il sur l'écologie du lac? Pas le problème des cerveaux atrophiés responsables.
 Je suis en contact avec les bénévoles qui s'occupent ici des animaux abandonnés, perdus, je leur donne un peu d'argent. J'ai failli prendre une chienne, pour décourager les candidats félins ultérieurs à l'immigration sauvage. Une famille l'a prise à ma place, je me suis effacée, parce que je redoutais aussi le stress de l'adaptation, mais maintenant, je le regrette, elle me plaisait, elle était grande, impressionnante, mais bonne et tranquille, et je ne suis pas sûre qu'une famille soit ce qui lui convienne, elle semblait avoir besoin de paix; elle semblait sensible, traumatisée, le genre à se mettre dans son panier pour dormir deux jours avant de s'habituer doucement à une vie de sécurité sans heurts. Il faut parfois écouter davantage son coeur que ses craintes ou ce qu'on appelle sa raison.

Sous l'égide de Boris Akimov, gentleman farmer bio propriétaire de la chaîne Lavka-Lavka, on a collecté de l'argent et réuni des volontaires pour repeindre une jolie vieille maison devenue invisible sous une épaisse couche de poussière, afin de sensibiliser les gens à ce qu'il reste ici de pittoresque. Je devais aller chanter, mais je me sentais incapable de participer à quoi que ce soit. J'ai donné de l'argent pour l'achat du matériel. Je regrette, l'initiative est sympathique, mais il vient un moment où j'ai besoin de solitude, et d'une absence totale de contraintes. Après l'émission de SPAS, je suis mise en lumière, des tas de gens tous très gentils, veulent me rencontrer et je suis fatiguée. Le carême peut-être, et pourtant, lui aussi, je le lâche, je dégringole de l'échelle de saint Jean Climaque avec un soulagement sournois de cancre qui fait l'école buissonnière. C'est-à-dire que je je continue à respecter les interdits alimentaires, mais je n'arrive plus à prier, à suivre les lectures, et j'ai envie de tout envoyer péter, et de m'asseoir au soleil avec des oeufs miroir sur un lit d'épinards, dans le silence et les chants d'oiseaux, si possible sans voisins. C'est ce qui m'arrive parfois quand je fais une overdose de bondieuserie. Je sais que si je continue comme cela, je vais commencer à déprimer. Mais je fais quand même mon mauvais sujet. Je suis bien le double de Fédia Basmanov. Mon seul espoir est dans la mansuétude de notre intercesseur commun, le métropolite Philippe, et sa mante protectrice. Je le voyais en saint patron des dissidents et des lanceurs d'alerte, il pourrait l'être des mauvais sujets qui selon l'expression de Brassens font "la tombe buissonnière" et "quittent la vie à reculons". C'est drôle comme j'ai vraiment l'impression de le connaître personnellement, d'être suivie de près, c'est ce qui me rassure. 
 Une correspondante m'a écrit en pièce jointe que je devais aller voir le père Elie à Peredielkino, que le sentiment de solitude relevait du manque de foi et de la pusillanimité. Ceci, à la suite de l'émission, évidemment. Bon, d'abord, je suis allée voir qui c'était le père Elie, de Peredielkino, c'est un starets très connu, je croyais qu'il était à Optino.Je reconnais que je manque de foi et que je suis pusillanime, mais je suis toujours étonnée que l'on vienne s'occuper tout à coup de mon âme, et puis que l'on considère aussi les besoins affectifs et naturels de l'être humain comme quelque chose de tout à fait inférieur, indigne des héros que nous sommes. Car si Dieu a créé l'homme et la femme complémentaires physiquement, intellectuellement et psychologiquement, ce n'était sans doute pas forcément pour le monachisme, et qui plus est, pourquoi les équiper de ce qu'il faut pour qu'ils prennent du plaisir ensemble, si c'est pour leur interdire de s'en servir? Et leur dire que leur détresse est due à leur manque de foi et à leur pusillanimité par dessus le marché? Est-ce qu'on leur dit qu'ils ont tort de prendre du bonheur à regarder un coucher de soleil ou à écouter Schubert, il y a des sens plus distingués que d'autres, et les amours éthérées sont plus licites que celles qui s'expriment aussi dans la fusion charnelle? Et quelle fusion est exclusivement charnelle, en dehors de la pornographie de bas étage qui dérive justement, comme sa soeur la pudibonderie, de la dissociation du sexe et de l'affectif?  Ces questions, je les posais déjà au catéchisme à un curé qu'elles mettaient en rage, et qui me traitait de païenne. Le père Barsanuphe y avait répondu de façon beaucoup plus convaincante, mais je vois que la mentalité de ce curé se rencontre parfois chez les orthodoxes. A mon âge, je supporte beaucoup mieux la solitude que dans ma jeunesse, et puis en effet, mieux vaut surmonter tout cela quand les carottes sont cuites. Comme disait justement Flaubert "au moins, personne ne m'emmerde" et c'est une consolation. Quand au starets, oui, bien sûr, il est très connu, mais je me méfie des visites de ce genre. J'ai entendu parler d'un autre starets qui ne laisse le choix qu'entre le mariage et le monastère, et je connais comme cela une veuve voilée, visiblement faite pour le monastère comme moi pour enseigner les mathématiques ou donner des conseils fiscaux. Est-ce qu'elle ne serait pas mieux à sa place ailleurs? Je m'abstiendrai de fournir d'autres exemples d'irruptions pachydermiques de starets dans le magasin de procelaine des uns et des autres. Pour moi, j'ai suivi, dans le genre radical, le conseil du père Placide, mais c'est venu naturellement dans le cadre de nos entretiens, il me connaissait bien, et du reste, je l'en remercie tous les jours dans mes prières, il ne s'est pas planté.
 
"Passe encore de semer, mais planter à cet âge"... 
le thuya et les saules, ça pousse vite
.
le bord de la tranchée, je m'étonne de ne pas voir de casques à pointes

mercredi 14 avril 2021

Surmenage

 Les crocus apparaissent. Les jonquilles pointent le nez. Un vent doux souffle aujourd'hui sur le jardin qui semble recouvert de vieilles serpillères jaunâtres et beigeasses, et que surmonte l'énorme langue de glaise du voisin, avec des individus qui circulent ou fument sur la terrasse. J'attends avec impatience que les cosaques me fassent les travaux. Les belles saisons ici sont courtes, et je n'en ai pas une grande réserve encore devant moi. J'aimerais les passer dans la paix et l'harmonie.

J'ai vu la voisine Ania, celle d'en face. Elle aussi a de l'eau partout, et on lui a aussi déversé des tonnes de terre au bout de son lopin. J'ai appris d'elle que Robert, mon dernier chat, appartenait au départ à la famille qui partage l'isba d'oncle Kolia. Ils prennent des animaux et les laissent à l'abandon. Ania nourrit un chat roux qui vient de chez eux. Robert se partageait entre elle et oncle Kolia, jusqu'à ce qu'il réussît à s'installer chez moi. Ania pensait qu'il avait succombé au froid extrême, mais c'est justement à ce moment-là que le voyant maigre, hérissé, les yeux larmoyants par moins 26, je l'avais laissé entrer. J'en ai vraiment ras le bol des tordus qui prennent des animaux pour les refiler aux voisins.

Oncle Kolia a recueilli un jeune chat noir en perdition. Mais il a quatre-vingts ans, sauf mort accidentelle, le chat a de grandes chances de lui survivre...

Je sens que je n’aurai pas le courage d’aller écouter le canon de saint André de Crète. Je suis trop fatiguée et j’ai un programme trop chargé. Car tout à coup Génia s’est réveillé pour faire une soirée concert au café le vendredi de l’acathyste. Olia veut que je m’occupe de son petit-fils et lui donne demain des cours de français. Skountsev va aussi me donner un cours demain. Je dois répéter ce soir, et probablement demain soir avec Génia. Aujourd’hui, dans la journée, une jeune femme, à la suite de l’émission que m’a consacrée la chaîne SPAS et qui semble m’avoir rendue célèbre, voulait me rencontrer et me présenter une brave dame qui brûlait de me connaître. Elle m’a présenté également un jeune couple qui s’occupe avec Boris Akimov, magnat du bio, de restaurer gratuitement ce qu’il nous reste d’isbas pittoresques, pour amorcer un mouvement salutaire. Ceux-ci veulent que je vienne chanter dimanche, dans le cadre d’une petite fête à cette occasion. L'idée de se cotiser et de se retrousser les manches pour restaurer des maisons traditionnelles méprisées me paraît excellente. Mais il me faut en plus m’occuper de mon jardin dévasté. Les travaux vont commencer. Je dois finir la traduction de Yarilo. Il y a les lectures et les offices du carême, la semaine sainte à l’horizon, je ne sais plus où donner de la tête.

Le jeune couple pense que le gouvernement russe fait semblant d'observer les consignes de la dictature sanitaire mondialiste pour nous éviter d'en devenir victimes. En réalité, j'ai aussi quelquefois cette intuition. A se demander quelles pressions subissent les gouvernements réfractaires. Mais un chef d'état africain est bien mort fort opportunément après avoir bravé les directives mafieuses?

De retour chez moi après le café, je suis sortie dans le vent lumineux déambuler avec ma pelle. J’ai trouvé le coin idéal pour planter des framboisiers désormais trop exposés aux inondations. Et aussi mes pommiers nains, que j’ai mis dans les bacs ménagés sous mes fenêtres, au sud. Ils seront surélevés, au soleil et à l’abri du vent. Ma pensionnaire est arrivée, brûlant de m’aider, or je n’ai pas besoin d’elle, j’aurais besoin de travaux de terrassement qui seraient au dessus de ses forces et des miennes et elle m’empêche de penser. Elle est totalement incapable d’imaginer qu’on n’ai pas envie de tout faire en meute, et transpose dans l’orthodoxie progressiste la mentalité de la komsomole de base. J’ai droit à toutes sortes de conseils déplacés, car elle ne connaît rien aux plantes ni aux conditions de mon terrain. Plus des leçons de morale. Si j’évoque la nécessité de cacher autant que possible les horribles maisons avoisinantes, elle me dit avec un fin sourire qu’elle regarde au dessus, vers le ciel, et ne voit pas tout cela, dans sa béatitude et son élévation spirituelle. Si j’évoque le voisin et les dégâts occasionnés, elle me répond en gloussant, comme à un enfant déraisonnable, qu’on ne le changera pas et qu’il faut faire preuve de patience et donner le bon exemple. Un bon exemple à donner serait de faire preuve de cette belle patience, assortie d'une angélique humilité, au lieu de toujours prechi-prêcher à l’ourse des cavernes française des vertus qu’il est facile d’avoir quand on est là de passage et que les problèmes ne vous touchent pas directement. Comme j’évoquais le projet de faire une petite entrée terrasse côté invités, elle m’a déclaré que ce serait trop près de la voiture, et qu’il fallait construire un kiosque un peu plus loin, je n’en croyais pas mes oreilles. Je n’ai pas eu le bonheur d’être mariée, mais j’ai néanmoins le malheur d’avoir toujours sur le dos les belle-mères des autres.

Tout mauvais que soit mon caractère, je ne me suis jamais sentie autorisée à accabler les gens de conseils et de considérations sur leur vie intérieure et la façon de la mener. Pour une bonne raison : j’ai trop conscience de mes propres insuffisances.

Je suis allée au café à pied, et en chemin, j'ai vu une maison que j'ai trouvée bien restaurée, à part la barrière doublée de plastique. Elle forme un ensemble avec une petite maison de bois et une autre maison en très mauvais état, qu'il serait souhaitable de restaurer aussi, car on conserverait ainsi un îlot homogène, non loin de l'église de la Protection de la Mère de Dieu. Mais là, il y a du boulot, et il faudrait se dépêcher.

j'aime bien les fenêtres avec les losanges, je verrais bien ça pour ma véranda


si j'avais plein de fric, je ferais de cette ruine un bijou


 

 


dimanche 11 avril 2021

De la Provence à Pereslavl


Une famille de Moscou a visité ma maison, des gens très sympathiques avec une certaine classe. Ma maison les a emballés, mais pas ses abords. Et je peux les comprendre. De mon côté, je me sens découragée à l'idée de déménager, c'est-à-dire que je le ferai peut-être si je dispose d'argent pour acheter autre chose sans vendre ici, et que je peux prendre mon temps.
Les cosaques attaqueront le 20 la fabrication d'une palissade de bois, pour remplacer le grillage. Déjà, ça fera plus propre, et elle sera de 40 cm plus haute que l'actuelle. Le tuyau du voisin me semble insuffisant pour évacuer l'eau du canal. En plus, il n'a pas ramassé les divers déchets de construction, des bâches en plastique trainent dans l'eau et pourraient aisément le boucher.
Le temps vire enfin au printemps complet, et je me promène une pelle à la main sur mon terrain dévasté, pour réfléchir aux endroits où je vais planter, transplanter, enfin réparer le massacre. J'ai de l'eau qui stagne encore, comme jamais auparavant, même si la majorité des terres a déjà émergé! Au cours de ces déambulations, j'ai vu les voisins qui sont derrière la baraque malencontreuse parlementer avec un air consterné. Ils avaient un grand potager familial qui devait les nourrir, il est à présent à l'ombre tout l'après-midi, grâce à notre pachyderme bâtisseur qui voulait rentabiliser son investissement.
Les cosaques me feront une véranda à la place de la petite entrée que j'avais, en déplaçant le perron au nord ouest, ce qui me fera même une petite terrasse, à l'opposé de la verrue en plastique, à l'abri du poirier et du prunier, avec la vue sur l'isba d'oncle Kolia et mes fleurs. Aux endroits les plus bourbeux, je vais mettre des iris des marais et des hostas, j'en ai vu de blancs, pareils à de petits fantômes. Finalement, le bon côté de la chose, c'est que je tondrai beaucoup moins. Côté voisin, je vais laisser à l'abandon, je n'aurai pas de potager, mais j'ai peut-être passé l'âge.
Après la liturgie, aujourd'hui, j'ai rencontré Kostia et Natacha, qui m'a aidée à rédiger la traduction de mon livre. Elle s'en est remarquablement bien tirée, j'ai l'impression d'avoir écrit directement en russe. Elle m'a fait une préface qui révèle sa profonde compréhension du roman. Nous avons envisagé des solutions pour le publier. Là dessus est entré le père Alexandre, de Rostov, dans notre café français. La sympathie a été immédiate et réciproque. Le père Alexandre est un prêtre très "culturel". Il est grand, fort et chaleureux et m'a serrée dans ses bras en s'écriant: "Voici notre star!"
L'émission de la chaîne orthodoxe SPAS est passée, et j'ai des réactions très émouvantes de Russes touchés par mon amour de leur pays et de leur culture. J'en suis heureuse, car ces émissions sont pour moi un moyen de porter ce témoignage. Certains me disent que je suis plus russe qu'eux-mêmes.
De plus, mes proches, même quand ils ne comprennent pas le russe, ont été content de voir ma maison de l'intérieur, comme s'ils la visitaient, avec les chats, avec Rita, avec des objets et des photos qui appartiennent à notre passé commun et se retrouvent à Pereslavl Zalesski, dans le nord lointain. D'autant plus que tout cela est filmé avec art et sensibilité. L'émission s'intitule "de la Provence à Pereslavl Zalesski". Bien que j'aie passé dans le Gard mes dernières années françaises...




mercredi 7 avril 2021

Pensée printemps!

 

J'ai eu la surprise hier de voir, dans le pot d'une plante verte, une petite pensée adventice qui avait fleuri, alors qu'à l'extérieur, je n'ai encore que boue, neige fondue et herbes mortes.

Le voisin, ce soir, m'expliquait que la mairie ne répond pas à ses appels, au sujet de l'inondation qu'il m'a créée. Alors il creuse. Par le canal ainsi ménagé, l'eau commence à s'écouler. Je pense que ceci est la démonstration que son tuyau est trop petit pour remplir sa fonction. Et puis à vrai dire, le poids de toute cette terre, la sienne et celle que d'autres abrutis ont déversée un peu plus loin tout l'été, doit jouer un rôle; 

On m'a proposé d'aller visiter une maison à Koupanskoié. C'est là où habite Gilles et où je vais me baigner l'été. Il y a sur place une église, une banque, un centre médical et un ou deux magasins. J'ai constaté que le village avait lui aussi enlaidi, car les horreurs y remplacent peu à peu les isbas. La maison est justement une isba, jolie extérieurement. Elle est sur le bord de la route principale qui traverse le village, enfin pas vraiment sur le bord d'ailleurs, elle est en contrebas, et il y a un espace assez grand, entre elle et la chaussée, et des arbres. Le coin n'est pas spécialement pittoresque, le terrain non plus, mais ce n'est pas un marécage, et avec quelques arbres et buissons on ne verrait plus l'extérieur. Le début du printemps n'est pas non plus le meilleur moment pour apprécier un endroit, plus de neige et pas de verdure. L'avantage de Koupanskoié, c'est qu'on est assez vite dans la forêt ou au bord de la rivière, avec des chemins tranquilles pour se promener. La maison est encombrée d'un tel bordel qu'il est difficile de s'en faire une idée. Il y a une cuisine, avec un poêle russe, assez facile à aménager. Le poêle chauffe des radiateurs qui permettent d'avoir chaud dans toute la maison, et le gaz passe au bout du terrain, on peut s'y raccorder. Une grande pièce, où il faut arracher tout ce qu'il y a sur les murs pour retrouver les rondins équarris de départ et casser une espèce de cloison qui crée une pièce supplémentaire, mais toute en longueur, inutilisable. Une entrée à remettre en forme, une espèce de cellier où installer une salle de bains, un grenier aménageable, une véranda à isoler, pour la rendre habitable l'hiver, mais c'est une très jolie véranda, avec des fenêtres en dentelle de bois. La seule chose, c'est que tous ces aménagements coûtent quand même de l'argent, et prennent du temps et des forces. Le jardin est très mal conçu, tout est planté n'importe comment, les petits massifs dans les vieux pneus et tout ça... Le terrain est clôturé entièrement de grillage, le toit refait il y a dix ans.

Gilles me dit que je ne suis pas près, là où je suis, à Pereslavl, de récuperer un terrain normal pour y planter l'écran végétal qui me cacherait, selon son expression, le "camping car sur pilotis", que mon voisin a collé sur son socle de glaise, en face de son automobile. Je sens à divers signaux, que me tirer de cet endroit, qui sera de plus en plus abimé, ne serait pas une mauvaise chose, et en même temps, cela demande un investissement de forces et d'argent qui me dépasse un peu. Je voulais en discuter avec Gilles au café, mais il était déjà parti. Gilles a une équipe d'artisans corrects...








lundi 5 avril 2021

Les rythmes


Dimanche matin, à l'issue de l'office de la Croix, on a célébré aussi un moleben sur la tombe approximative de saint Constantin, dernier prêtre martyr de l'église du métropolite Pierre. J'ai rencontré une troupe de scouts, menés par des dames de Moscou, très sympathiques, l'une d'elles connaissait une de mes amies, Marie Gestkoff, scoute émérite. J'ai vu ensuite sur Facebook que l'autre avait entendu parler de moi par sa mère, qui m'avait vue sur scène avec les 3D au club Dom il y a peut-être 15 ans de cela, et pensait que j'étais l'organisatrice du concert, alors que Sérioja et toute l'équipe m'entraînaient là dedans pour chanter souvent au dernier moment!
  Après quoi, je suis partie à Moscou, car l'une de mes vielles grinçait, et de loin Skountsev ne voyait pas le problème. Donc, après les deux heures de trajet, il m'a fallu ajouter à cela la traversée de tout Moscou. 
Sur place, Skountsev, en tenue de cosaque, était filmé et interviewé par un jeune homme. J'attendais dans une autre pièce, avec Rita, en téléphonant à mon amie Liouba. A la pause, Skountsev a réparé la vielle, à vrai dire, c'était bête comme chou, il suffisait de prendre un pinceau pour aller huiler l'axe de la roue. Il s'est occupé ensuite de changer les cotons des cordes, qu'il a remplacés par de la laine de mouton, puis le jeune journaliste a voulu, dans la foulée, me filmer aussi, et m'interviewer. J'ai chanté et joué avec Skountsev un vers spirituel et une chanson cosaque, et puis une chanson  bretonne, "la Vierge et saint Jean-Baptiste", mais là, j'étais la seule à chanter, Skountsev m'accompagnait juste sur sa veille cosaque. J'étais très fière et très heureuse, car nous avons parfaitement fonctionné ensemble, et sans répétition. Il me semble que c'était très réussi.
J'ai exprimé mon amour du folklore, et la foi que je mettais dans sa nécessaire renaissance pour toute personne vraiment russe et qui tient à le rester ou à le redevenir.
Je devais ensuite retraverser tout Moscou pour aller chez le père Valentin, mais il était, avec Liéna, Aliocha et leurs filles, chez le peintre Constantin Soutiaguine, dans son atelier, rue Vavilova, quelque part plus ou moins à mi-chemin, dans ce labyrinthe des quartiers sud de Moscou tout en béton armé. Je commençais à être épuisée, et parvenue à proximité, je ne comprenais rien aux explications de Kostia, qui est meilleur pour parler de l'impressionnisme que pour indiquer un itinéraire. J'ai tourné dans les rues adjacentes jusqu'à la crise de nerfs. Aliocha est venu à ma rencontre et à mon secours. Il est extrêmement gentil et attentionné. 
Je me suis retrouvée dans l'atelier de Kostia, au milieu de ses tableaux, il était visiblement très heureux de recevoir le père Valentin, et bien que celui-ci se fût fait tirer l'oreille pour se décider à venir, il était aussi content que son hôte. Kostia avait fait et exposé toute une série de tableaux magnifiques sur des thèmes évangéliques, et maintenant il aborde l'ancien testament. Il avait quelques craintes sur le bien fondé de sa démarche, le père Valentin l'a complètement rassuré. Kostia a parlé des rythmes, qui sont l'écriture de la vie, et que l'on retrouve dans toutes les formes d'art, la musique, les arts visuels, la littérature, ce qui rejoignait les considérations que j'avais échangées précédemment dans le studio de Skountsev, avec lui et avec le jeune homme qui le filmait. Kostia est un homme enthousiaste, plein d'humour, avec quelque chose d'enfantin, de perpétuellement curieux et étonné. 
Le lendemain, je suis repartie pour Pereslavl. J'ai constaté à mon arrivée que les eaux n'avaient pas tellement baissé, il va me falloir réveiller le voisin qui m'a mis le terrain dans cet état. Lui n'a pas été elevé dans l'univers des rythmes, de l'écriture de la vie qui unit toutes créatures et toutes formes d'art en une subtile symphonie. Il est fin et ouvert à ces choses comme une porte blindée.


avec les 3D...

 




samedi 3 avril 2021

Art sacré

 


Je participais aujourd’hui à une exposition d’icônes. Je n’en avais que trois.  Les deux dernières, je les ai envoyées à leur commanditaire en France, parce que j’avais trouvé quelqu’un qui partait en Europe.

Sur ma demande, Veniamine le Suisse et sa femme ont exposé les leurs, qui sont très bien. Et ils sont venus au vernissage. Il y avait aussi mon évêque et quelques prêtres qui ne sont pas restés longtemps, car c’était une heure avant les vêpres.

Je devais chanter, et j’avais un trac terrible, ce qui m’arrive souvent, et cela me fait perdre mes moyens. C’est évidemment complètement stupide, car je ne compte pas faire carrière, mais pour l’instant, c’est plus fort que moi, et en plus j’avais très soif, l’angoisse me déssèche, et cela me gênait pour chanter.

Les deux jeunes amies iconographes qui m’avaient invitée, et qui sont marrantes, avec une forte personnalité, étaient en retard, alors qu’elles m’avaient dit de venir une heure à l’avance, ce que j’ai fait; je devrais enfin arriver à comprendre que la Russie n’est pas la France.

Monseigneur Théoctyste a annoncé à tout le monde que j’allais passer sur la chaîne SPAS. La journaliste m’ayant dit hier que c’était « samedi prochain », j’ai compris que c’était ce samedi, mais non, c’est l’autre, dans une semaine.

Je ne sais pas comment l’évêque l’a appris, il est au courant de tout.

Bien que très intimidée, je tenais à ce qu’il m’entendît chanter des vers spirituels, c’est un genre auquel je voudrais voir les Russes s’intéresser. Mais avant moi se produisait un choeur local, accompagné d’une mandoline, d’une guitare et d’un accordéon, et ce choeur était aussi intarissable qu'excessivement suave. L’évêque, emporté par ces flots d'harmonie, est allé s’occuper des vigiles. Quand j’ai enfin chanté mes trois vers spirituels (dont un breton !), il était parti.

Voici une vidéo de l'exposition, Veniamine est le plus grand, avec son fils dans les bras.

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On m’a ensuite demandé de dire un mot, j’ai expliqué le rôle des icônes dans ma conversion à l’orthodoxie, car elles m’avaient ouvert un langage symbolique cohérent et cosmique, qui me reliait à tout le passé humain aussi bien qu’au présent, ce que je ne trouvais pas ou plus dans le catholicisme. J’ai ainsi scandalisé une brave dame, iconographe, qui trouve que ce n’est pas vrai du tout, et que le catholicisme ouvre de grandes perspectives à l’art sacré etc... Un peu plus tard, on m’a proposé d’aller prendre le thé avec les exposants. Celle qui invitait m’a donné l’adresse, mais l’immeuble avait plusieurs entrées, et elle ne m’avait pas dit laquelle, ni le code, et je n’arrivais pas à obtenir mes jeunes amies au téléphone. J’ai failli rentrer chez moi.

Je dois dire que j’aurais dû, parce que l’assemblée n’était pas tellement ma tasse de thé, justement, et me rappelait ma pensionnaire, surtout la brave dame ouverte au cathollicisme. On m’a montré une revue luxueuse, avec des photos superbes, et là, des églises futuristes, catholiques et orthodoxes, des icônes audacieuses, qui tirent fortement sur l’art catholique, en effet, tout cela souvent très esthétique, et « minimaliste » (mais nous n’avons pas encore mûri jusqu’à ce point, disait l’article, c’est encore trop tôt, et je regardais deux exemples de ce minimalisme qui me foutait le cafard dans les églises catholiques d’après Vatican II et m’avait découragée de les féquenter). Il y avait aussi une photo de Jean-Paul II, et tout un article de la même veine. J'ai fini par dire: "C'est une belle revue".  Et en effet, c'est une belle revue; elle doit avoir de bons financements.

Je m’ennuyais plutôt. Il n’y avait pas de naturel ni de vérité dans tout cela, c'est trop voulu, trop intentionnel, en contradiction complète avec ce qu'enseignait Ouspenski. En réalité, je me sens beaucoup plus proche du Suisse Veniamine et de sa femme. Et pour ce qui est de l’iconographie, et pour ce qui est de la façon de vivre, de la mentalité, et je revoyais les photos de leur communauté de vieux-croyants, des gens tellement réels et vrais, des Russes authentiques, des hommes et des femmes dignes qui ne jouent pas un rôle, mais transmettent humblement leur tradition. Je n’en ai rien à foutre de l’esthétisme moderniste sur papier glacé, et pourtant, Dieu sait que je souffre de la laideur, mais ce que je ne supportais plus en occident, c’est que tout devenait attitudes et simagrées, à part chez les paysans et les petits commerçants, souvent malgré tout un peu trop imperméables aux spéculations métaphysiques, et voilà que s’infiltrent dans les milieux intellectuels et orthodoxes la même passion pour les faux-semblants, le mépris et l’ignorance de tout un langage symbolique immémorial patiemment élaboré pour recourir à des idées et innovations personnelles. Veniamine m’en a parlé récemment à propos de ma pensionnaire, à qui il trouve un côté secte charismatique. L’idée m’a effleurée que si ce mouvement prenait de l’ampleur, je finirais par passer chez les vieux-croyants du métropolite Corneille. Car ceux dont je me sens le plus proche ici, à part la famille Asmus et les Soutiaguine, c’est Veniamine Forster et Volodia Skountsev ! J’ai dit à l’un et à l’autre que ce qui me retenait de le faire, c’était mon père Valentin, les saints orthodoxes qui ont suivi le schisme et avec lesquels je suis en communion, et aussi la flemme d’assister à des services interminables et d’observer un rituel parfois rigide, ce qui les a bien fait rire. En un mot, je suis une pied-tendre.

En somme, je croyais l’oecuménisme forcené limité au séminaire du père Siniakov, près de Paris, mais non, à Moscou, il est aussi en pleine forme. Il doit avoir des soutiens hauts placés. 


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