En France, c’est le premier jour de l’automne, en Russie,
il commence le 1° septembre. Il a fait un temps ensoleillé merveilleux. Ce
matin, en arrivant à l’église pour la fête de la Nativité de la Mère de Dieu,
j’ai trouvé Rosie devant la porte, avec un petit garçon. Je n’avais qu’une
peur, c’est qu’elle me suivît à l’intérieur. Je l’ai retrouvée à la sortie,
mais impossible de la faire monter dans la voiture. Elle m’a poursuivie un
moment, et puis elle a perdu ma trace.
La douceur de l’air et la lumière m’ont attirée dehors, je
suis allée travailler sur mes icônes dans le jardin. Avec Georgette qui faisait bouger la table,
rien n’est parfait. Un oiseau chantait. Dire que dans trois semaines peut-être,
il peut tomber les premiers flocons… Pauvres petits oiseaux russes. Et les
papillons aussi voletaient alentour, insouciants, quelques fleurs
s’épanouissent encore, les plus tardives. Ce répit ensoleillé et tiède va durer
encore deux jours. Et puis ce sera fini : la pluie, dix douze degrés. Le
chauffage.
Sur la fin de l’après-midi, j’ai vu revenir Rosie, mouillée
et boueuse, elle a dû se baigner dans les étangs environnants. Je n’ai aucun
contrôle sur sa vie. Au grand scandale de la dresseuse de chiens…
Des montgolfières sont passées en grand nombre, pareilles, au dessus des fils électriques, à un rassemblement d'oiseaux migrateurs: sans doute les dernières ou les avant-dernières de la saison.
Je fais beaucoup de plantations ou plutôt de transplantations, pour peu à peu structurer mon jardin. J'ai trouvé à l'arboretum de Pereslavl des plants et des conseils, diverses variétés de spirées, qui viennent bien. La vendeuse m'a dit d'essayer de planter des fruitiers nains, sur mon marécage, confirmant une idée que j'avais déjà eue: leur système racinaire étant moins développé, ils devraient rester au dessus de la nappe toute proche. Il est vrai qu'ils ne vivent pas très longtemps, une quinzaine d'années, mais il n'est pas sûr que je vive moi-même beaucoup plus.
D'après un ami architecte, l’église du métropolite est un « monument
historique d’importance fédérale », ce qui veut dire que pour le
restaurer, il faut un projet homologué qui coûte une fortune et une entreprise
homologuée qui coûte une fortune et fait généralement le genre de restauration
merdique qui me rend malade à chaque pas. Mais l’état ne débloque pas d’argent,
pour ces innombrables « monuments historiques d’importance fédérale »,
il les laisse pourrir. Cela dit, dans les divers monastères du coin, on n’a
visiblement pas fait intervenir les instances en question, et pourtant, les églises
du monastère saint Nicétas datent aussi d’Ivan le Terrible, ce dont à part les
moines et les amateurs, tout le monde se foutait et se fout encore. Mais dans
le cas qui nous occupe, l’évêque étant sur le coup, il y aura sûrement des
solutions… Pour l’instant, un petit vieux essaie tout seul de fermer les
fenêtres ouvertes à tous les vents et de balayer les crottes des pigeons qui se
sentent chez eux sous la coupole.
D’après ce que j’ai compris, le fin du fin est d’attendre
l’écroulement du monument historique qui permet aux entreprises de se déranger
pour quelque chose de juteux et de radical dans le genre Disneyland qu’elles
affectionnent.
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