Rosie va être pour moi une source de problèmes, je le sens
venir, et ne sais comment désamorcer cela. Les gens sont avec elle et moi
étonnament patients, et pourtant, à des signes discrets, je sens qu’elle
emmerde tout le monde. Elle pique des affaires, saute sur les passants, éventre
les sacs poubelles que l’on sort le jeudi, commet toutes sortes de méfaits.
La voisine me suggère de l’attacher et je ne peux m’y
résoudre. Ce sera l’enfer pour elle, et pour moi, et je me demande si je
pourrai encore l’approcher. La mettre dans un enclos, ce sera la même chose.
Elle ne supporte pas d’autorité ni de restriction à sa liberté, seulement elle
fait n’importe quoi.
J’aurais dû la donner. Cela me faisait de la peine de le
faire, et je ne savais pas trop à qui. Mais c’est un chien pour moi
incontrôlable.
Les nouvelles sont partout si affreuses, la guerre se
déroule, sournoise et non déclarée entre la caste mafieuse américano sioniste
et les peuples de la terre, une guerre sale, où tout est permis, les mensonges,
les calomnies, la corruption, les massacres tenus secrets au sein même d'un incessant tohu-bohu d'informations orientées et de nouvelles stupides et indécentes. On ne parle pas de la mort de Zakhatchenko,
pleuré par tout son peuple résistant et martyr, et si l’on en parle, c’est pour
suggérer qu’il s’agit d’un règlement de compte entre bandes mafieuses ou un
assassinat commandité par le Kremlin, qui n’a aucun intérêt à cela. Règlement de compte mafieux, oui, dans un sens, ça l'est, les méthodes aussi: la caste transnationale contre un petit peuple résistant et son chef, ancien électricien à qui l'histoire a donné une dimension et un destin.
L’incendie d’un important musée au Brésil, avec des
collections et une bibliothèque irremplaçable m’a tout à coup fait assembler
plusieurs pièces de l’horrible puzzle que je vois se composer au fil des années
sous mes yeux : récemment, l’église de Kondologa, pas n’importe quelle église,
pas une église médiocre et occidentalisée, non, la quintessence du style russe
original. Le musée au Brésil. Palmyre, anéantie par Daesh. Les Bouddhas d’Afghanistan
dynamités par les talibans. Le musée de Bagdad mis au pillage au moment de l’invasion
américaine…
Une collaboratrice du musée de Pereslavl a mis des photos
des maisons en bois anciennes de la ville encore debout, pour combien de temps ?
Elle a aussi répertorié les horreurs commises à travers la
ville, l’hôtel kitsch qui copie le style néerlandais, les pompes à essence et
les centres commerciaux devant le monastère saint Daniel, lui-même cerné par
les « cottages »… quelqu’un m’a dit que la restauration des églises
du centre, dont celle du métropolite Pierre, chef d’œuvre unique, « coûterait trop cher ». J’ai posé
la question : « Pense-t-on qu’une fois les beaux objets anciens
éliminés du paysage, les touristes viendront contempler les « cottages »
en plastique, ou les petits musées stupides et inutiles, du genre la théïère ou
le fer à repasser ou le rire et les farces ? »
Pour faire des horreurs, ils trouvent de l’argent. Pour
construire la basilique sainte Sophie bis à Godenovo, en pleine campagne, on en
a trouvé. Et près du lac pourrit un hôtel qui a coûté des millions, qui n’a
jamais été utilisé, et que les gens ont fini par piller.
Cependant, Henri m’a adressé les vidéos qu’il a composées sur son voyage, il a manifestement du mal à reprendre pied, car même défigurée, la Russie conserve de puissants charmes. Le temps n’est pas si loin dans le passé, avant tout ces désastres, où ce pays fervent et féérique, étrangement irréductible, témoignait dans son espace nordique d’un esprit chrétien vivace et d’une inépuisable poésie païenne. Cela reste dans l’air, dans le ciel unique et ses nuages colossaux, dans l’attitude chaleureuse, la simplicité et la ferveur des gens, et je crois que se constitue au dessus du pays martyr une sorte de ville invisible de Kitej, peuplée de tous ceux qui ont contribué à l'édifier, à la défendre, l'au delà doré de la sainte Russie et ses carillons inextinguibles. J'ai entrevu aux Solovki que cette entité mystérieuse n'était pas destructible: au-delà, on ne peut plus rien contre nous.
La Terre russe. Ensemble Jivaïa Voda
Comme sur la montagne de Dieu, vers spirituel.
Ensemble Jivaïa Voda.
Il s'agit de l'ensemble où joue Yegor Strelnikov que nous avons rencontré devant la laure de la Trinité Saint-Serge.
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