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dimanche 9 septembre 2018

Un peu d'art


C’était une liturgie épiscopale, ce matin, très belle, avec habillement solennel de l’évêque, un beau chœur, et je pensais à Henri et Patricia, qui n’ont pas assisté à ça. Sur le fond de qui se passe en ce moment, je bénissais le ciel d’être en Russie, je pensais au père Placide. Sans doute ne savait-il pas consciemment ce qui allait arriver, mais en m’envoyant en Russie, il a fait preuve d’une grande clairvoyance, j’aurais très mal supporté la situation si j’étais restée en France. Je me sentais spirituellement chez moi, avec tous les saints du pays, je sentais spirituellement, et je dirais même physiquement, dans un certain attendrissement et une allégresse de mon cœur, que j’étais en communion avec le dernier petit troupeau et qu'il m'était très cher. Je me suis souvent dit que Dieu n’avait pas abandonné l’Ukraine, puisqu’il lui avait donné comme métropolite monseigneur Onuphre. Mais tout à coup, il m’apparaissait aussi qu’avec monseigneur Onuphre comme métropolite là bas, tout croyant orthodoxe normal ne pouvait pas ne pas voir qui sert celui qui le poignarde dans le dos, de même qu’au temps du métropolite Philippe, il était évident que Dieu était de son côté, et pas du côté du tsar ou des misérables en soutane venus à son instigation témoigner contre le saint. La sainteté jette sur les intrigants une lumière qui les démasque... 
J'ai fait une photo de l'église du métropolite Pierre, que je voudrais tant voir sauver et réparer...
Le père Constantin était requis par l’évêque, mais il a, si je comprends bien, des projets, on construit une maison de la culture religieuse, et nous pourrions y organiser concerts et stages de folklore ethnographique, expositions, lectures littéraires...
J’avais ensuite rendez-vous avec Lioudmila la juriste, dans la galerie qui occupe une partie de l’église voisine, mais j’avais faim et une heure à tuer, je suis allée au café Montpensier, qui est à côté, et j’ai commandé l’excellent bortsch, sur la terrasse, face à l’église de la Transfiguration. Une fois de plus, j’ai eu une pensée pour Henri  et Patricia, ils sont maintenant partout, ici !
Le temps reste idéalement ensoleillé et tiède, il fraîchit un peu, insensiblement. En robe d’été, je songeais que dans quinze jours peut-être j’allumerais le chauffage et  que dans un peu plus d’un mois, je verrais les premiers flocons…
A la galerie, Lioudmila m’a présenté un vieux peintre, Valeri Vekchine. Il voulait absolument me rencontrer, car il lit mes chroniques, dans la traduction automatique, il a bien du mérite. Je suis tombée amoureuse des tableaux d’un autre peintre, pas très chers, mais les temps sont durs. Dans cette galerie, il y a de tout, du meilleur comme du pire. J’ai vu une photo ancienne, enfin peut-être une vingtaine ou une trentaine d’années, du bord de la rivière Troubej, avec de si jolies maisons, équilibrées, homogènes, harmonieuses, il n’en reste plus une seule, elles ont toutes été détruites pour reconstruire des horreurs hétéroclites. 
Une des femmes qui exposaient a fait un discours pour dire son amour de Pereslavl, avec une sincérité et une fraîcheur touchantes. Son amie exposait de jolies céramiques, j’en ai pris une pour une dizaine d’euros.
Après quoi je me suis rendue avec Lioudmila dans la galerie personnelle de Valeri Vekchine, une isba qui reste très jolie, un peu en retrait de la berge de la rivière. Il nous a montré ses œuvres, qui me plaisaient diversement au départ, mais dans lesquelles je suis peu à peu entrée. Le problème est qu’il faut souvent regarder longuement les tableaux pour les voir vraiment. Il avait de très belles vues de Pereslavl, des endroits qui ont disparu, eux aussi.  Il a des styles très différents, et fait aussi des compositions abstraites à base de planches et divers objets.
Il a le projet de faire une galerie pour les tableaux et dessins d’enfants, qui le passionnent, et c’est une chose qui m’intéresse aussi beaucoup.  J’avais à cœur, à l’école, de pousser les enfants à travailler ce qu’ils faisaient spontanément, en leur donnant de beaux matériaux, pour arriver à produire une œuvre, à partir de ce que trop d’adultes et d’enseignants considèrent comme des gribouillis. Si tout le monde dessinait comme les enfants, ce qui était le cas autrefois dans toutes les campagnes, le monde serait plein de beauté.
Ensuite, Lioudmila est venue chez moi, nous avons pris le thé dans le jardin. Elle était étonnée par les changements, malgré le laisser-aller dans mes plates-bandes. Mais bientôt, je n’aurai plus ce problème, jusqu’à l’année prochaine. Juste celui, dans les prochains jours, des transplantations et plantations d'automne.
Les chats font une hécatombe de souris.

Valeri Vekchine et ses tableaux








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