Translate

jeudi 27 septembre 2018

Exaltation de la Croix



J’ai dîné ce soir avec le père Constantin qui m’avait apporté des « rapouchkas », des poissons du nord, et du lac Plechtcheïevo. Nous avons eu de grandes discussions littéraires, spirituelles et même politiques, disons que la politique rejoint la métaphysique et peut-être même l’eschatologie, avec  la trahison de Bartholomée et l’attaque de l’empire mondialiste contre l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne et le métropolite Onuphre.  Je trouve confirmation de mon intuition à son sujet : Dieu a placé à la tête de cette Eglise un homme providentiel, un saint homme. A la lumière de sa sainteté, les masques tombent, et il faut être singulièrement aveugle ou volontairement ignorant pour ne pas voir ce qui se passe. Si jamais, ce qu'à Dieu ne plaise, il est martyrisé par ce pouvoir inique et ceux qui le téléguident,  son sang retombera sur la tête de ses assassins et des judas en soutane qui l’auront livré.
Ce matin, je me suis réveillée migraineuse et il pleuvait des cordes. J’ai commis le péché de rester chez moi comme une méduse au lieu d’aller à l’église, le jour de l’exaltation de la Croix… J’en ai pleuré devant les icônes, en pensant à tout cela, à tout ce qui menace les chrétiens et auquel je ne suis pas prête. Le père Placide avait raison de dire que sans Dieu, on ne peut rien.
Ma voisine Violetta a complètement bouclé les accès de Rosie. La clôture ressemble maintenant vraiment au mur de Berlin. Je m’en suis rendu compte au fait que Rosie détruisait méthodiquement les plessis qui bordent mes massifs, et arrachait les iris que j’avais plantés, elle a même commencé à ronger la rampe neuve de mon escalier : ne pouvant plus sortir, elle s’emmerde. J’ai fini par la lâcher un peu.  Mais elle s’est précipitée chez la voisine, et cette fois, sans pouvoir franchir l’obstacle pour revenir chez moi. Si elle doit rester enfermée dans le jardin, elle va tourner bourrique et moi aussi. J’imagine ce que cela donnerait si je la mettais à la chaîne ou dans un enclos… Tout le monde m’affirme que pas du tout, mais si… Elle a une énergie démentielle, besoin de parcourir des kilomètres, de jouer avec des chiens ou des gosses.
Pauvre Rosie, tout le monde en a marre.  A part mon voisin d’en face Nikolaï qui va à la pêche avec elle. Je suis partie la promener, car un vent de plus en plus violent bousculait et déchirait les nuages, et le soleil surgissait, avec de grandes mains bleues. Je suis allée jusqu‘au lac. Qu’il était vaste et beau, aéré, absorbant… Quelles couleurs, des verts sourds, profonds, des bleus célestes, et ces énormes nuées, ces escaliers éblouissants sur des falaises d’ombre, pareils à l’échelle de Jacob, que montaient et descendaient des anges de lumière... Je me suis assise sur une balançoire, j’aimais tant me balancer en regardant le ciel, quand j’étais enfant, chez mon grand-père, à l’Armençon, le ciel, le cerisier en fleurs, le ciel, le cerisier en fleurs…
Le lac écumait, crispé comme une grande étoffe riche et bouillonnante, et sur lui glissaient d’heureux canards, à quand la glace et la neige ? Bientôt, déjà, bientôt…
Rosie dansait sur le sable et venait fourrer son nez sur mes genoux.  Au retour, elle a trouvé un copain, et j’ai continué seule. Je suis entrée dans la seule boutique de Pereslavl où on trouve de jolies choses, des antiquités, mais aussi de beaux coupons de lin, des nappes et des dessus de lit, des vêtements de lin dans le style ancien, eh bien elle va sans doute fermer, elle ne fait pas recette, les gens préfèrent les horreurs de mauvais goût dénommées « souvenirs », ce fatras pseudo-folklorique qui a remplacé l’artisanat véritable. Je m’entends bien avec l’adorable vendeuse, nous avons discuté. Au supermarché voisin, je suis tombée sur la variante chinoise du con moderne, une équipe de touristes hagards, bruyants et encombrants. Et je suis repartie chez moi, derrière les grands nuages, de plus en plus noirs et fulgurants, de plus en plus fous, tandis que croissait le vent, un vent à décorner les bœufs, à m'emporter avec mon parapluie. Rosie m’attendait à l’arrivée, et le ciel était devenu si fantastique, que je l’ai photographié.
Est-il possible, mon Dieu que tout cela finisse, que toute cette beauté disparaisse, que nous ayons raison de toute cette fête de la vie que tu nous a créée et que nous ne savons qu'exploiter et souiller, tourmenter et détruire, de toutes les manières?



J'aime ces étangs que je rencontre un peu partout dans ma Camargue froide, avec les canards posés sur leurs miroirs d'argent.


et voici le lac





 


Et puis, le soir venu, le ciel:




3 commentaires:

  1. Merci pour cette promenade avant d'aller dormir notre certitude est qu'il ne gagnera pas le satanique et il il sait son heure est proche où il sera rejeté dans son antre, la Vierge Marie lui écrase la tête ,l'archange St.Michel l'anéantir à. Nous avons pour l'instant ces beautés de la nature offertes par Dieu. Bonne nuit.

    RépondreSupprimer
  2. quelle beauté...Et ce lac ..si lisse et tout ridé a la fois..Merci LaurenceJ'ai eu les memes s ensations cet apres midi qd je suis allée vers "ma " montagne Je pensais à toi ..Me demandant si tu t'en souvenais...


    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, je me souviens bien de cette magnifique montagne, encore si intacte. C'est une très belle région.

      Supprimer