Les canards profitent des derniers rayons tièdes |
Il a fait beau, et même pas
très froid, je suis allée hier à pied, avec Ritoulia, au café français, en jouissant
de la lumière dorée sur les feuillages, des reflets sur l’eau de la rivière.
Elle était très contente, gaie comme un pinson, elle me rappelle plus Joulik
que pauvre petit Doggie; c'est une joyeuse coquine. Je suis bien,
ici, je ne vais plus me décider à mourir, et pourtant, je n’ai plus tant
d’années devant moi, il faudra finir par y penser.... Je suis bien, parce que psychologiquement, je vivrais mal
de voir mon destin dépendre de l’Europe, de l’Occident, infédoés complètement à
la caste supranationale qui détruit les peuples, leur culture, leurs
traditions, leur foi, leur psychisme, leur mémoire et d’une manière générale,
la vie dans son ensemble. Et je n’ai pas ici de dilemme concernant le
patriarche Bartholomée et ses paroisses
en France, puisque je suis dans la juridiction du patriarcat de Moscou.
Je soutiens, avec Dany, l’archevêque Jean, qui, depuis la dissolution de son
archevêché par Bartholomée, a décidé de rejoindre le patriarcat d’origine des
paroisses russes dissidentes depuis les années 30. Lire ce que racontent ses
opposants, souvent d’une grande agressivité et d’une immense mesquinerie, est
une véritable épreuve. Et même ces considérations sur l’orthodoxie française, sur l'orthodoxie "intelligente et occidentale"…
Pour l’instant, elle est diluée dans les différentes juridictions des
différentes diasporas, à vrai dire, les seules structures destinées dès le départ à devenir
« l’orthodoxie française » sont les monastères athonites du père
Placide, fondés dans ce but par Simonos Petra. Et c’est en effet une réussite, que je soutiens pleinement, mais le mont Athos est sous l’omophore de Bartholomée, du reste, toutes les
Eglises locales sont plus ou moins sous le contrôle de l’Empire, qu’elles
coopèrent ou non, elles lui sont en tous cas soumises avec les populations
qu’elles représentent, seule l’Eglise russe conserve encore, avec son pays, son
indépendance vis-à-vis du Nouvel Ordre Mondial
et de la « religion du futur » qu’il médite de fabriquer. (cf https://www.amazon.fr/LORTHODOXIE-RELIGION-FUTUR-ROSE-SERAPHIM/dp/B00Q73ET2E en anglais et en français, traduit autrefois par moi-même bénévolement et comme j'ai pu...)
Cet archevêque Jean m’a vraiment étonnée. Je
l’avais vu au monastère saint Silouane, un gentil bonhomme, qu’on pouvait
penser faible, et il a résisté comme un lion à des pressions
énormes. Il m’apparaît comme le pendant
occidental du métropolite Onuphre. On dit que le métropolite Philippe de Moscou
était lui aussi du genre très conciliant, et il détestait les conflits, mais il
a défendu les principes de l’Eglise jusqu’au martyr, face à Ivan le Terrible.
A ma grande joie, le monastère saint Silouane a rejoint Moscou, de sorte que je reste en complète communion avec mon amie mère Geneviève. C'est déjà ça.
La France, après l’incendie de Notre Dame, que
je crois volontaire, et les tonnes de plomb qui se sont répandues dans
l’atmosphère parisienne, est victime d’une catastrophe écologique énorme, à
Rouen, une usine d’hydrocarbures a explosé, un énorme nuage ténébreux et puant a recouvert le ciel, les clichés de la ville évoquent un cauchemar de science-fiction, ou une représentation médiévale de l'Apocalypse..:Toute la région étouffe dans
les vapeurs d’essence, il pleut du pétrole dans les jardins, sur les fleurs, sur les légumes, les poissons et
les oiseaux meurent par milliers, mais la presse osait titrer que « le nuage
était un peu toxique, mais pas trop »…
J'ai lu le témoignage d'une jeune mère qui s'est enfuie à Paris avec ses enfants, chez sa soeur, loin de l'atmosphère empoisonnée et des spectacles de désolation. Ma compassion épouvantée s'accompagnait, comme d'habitude, d'impuissante colère. L'usine appartient à un gredin richissime et au dessus des lois, qu'importent la vie et le destin de ces pauvres franchouillards? Dès que j’ai vu le candidat Macron, j’ai su
que c’était la fin des haricots, le traître intégral, l’exécuteur des basses
œuvres, qu’on nous le propulsait à la présidence pour achever le pays. J’aurais
voté pour un crocodile plutôt que pour lui. Il sent la mort et le souffre.
Je me suis poussée pour aller à l’église
communier. C’était l’évêque qui officiait. Aucun de nos prêtres habituels n’était
là, ni père Constantin, ni père Andreï , ni le nouveau dont je ne connais
pas le nom. Je me suis demandée s’ils étaient tous malades. Un jeune prêtre de
l’entourage de l’évêque est venu assurer les confessions. Je déteste me
confesser à des prêtres inconnus, mais j’ai tort, car j’ai souvent de très
bonnes surprises. Le jeune prêtre m’a dit que je ne devais pas m’affliger d’avoir
à lutter pour prier et me rendre à l’église, parce que la vie du chrétien est
un combat, que j’étais un soldat du Christ. « C’est normal, vous êtes une
adulte spirituelle, alors les choses sont plus dures, et le plus dur de tout, c’est
de se débarrasser des mauvaises habitudes pour les remplacer par des bonnes. »
Monseigneur Théoctyste a distribué sa
bénédiction, que nous attendons tous, parce que nous l’aimons. Sur son passage, les fidèles fondent, les sourires s'épanouissent. Dans notre monde ignoble, les seuls princes qu'il nous reste sont ceux de l'Eglise, ces princes qui mettent des étoiles dans les yeux des enfants. Quand je viens à l’église , la cathédrale ici
ou la paroisse du père Valentin à Moscou, je me sens pleine d’amour pour tout
le monde et j’ai l’impression que tout le monde m’aime.
J’ai appelé Cécile, car j’ai maintenant Skype
sur mon portable ; c’est facile, pas cher et ça marche. Tout d’un coup, je
retrouvais Cavillargues et Solan. J’ai beau me plaire ici, je me plaisais aussi
là bas, et j’y ai laissé des gens que j’aimais beaucoup. Il m'arrive, lorsque je prie en français, de revoir tous ces chemins que j'aimais, le chemin de la Condamine, la route de Saint-Pons-la-Calm, Mas Carrière... Mais je me plais ici,
je me fais même au climat, et j’apprécie cet automne qui ressemble à celui des
livres de lecture d’autrefois,
avec de gros nuages, des feuilles qui volent, des arbres dorés: « colchiques
dans les prés », la chanson que j’aimais brailler dans la voiture de mon
grand-père. D’ailleurs, des colchiques, j’en ai. On m’en a donné au printemps,
je ne savais pas ce que c’était, c’en est, ils fleurissent en ce moment.
L’automne transparent
Semant ses monnaies
d’or,
Comme aux sacres d’antan
Nous déploie ses
trésors.
Et sur le ciel lavé
Passe un air déjà froid
Qui s’en vient préparer
Le retour des frimas
Et les frêles bouleaux
Aux diadèmes dorés
Se lancent des oiseaux
A partir déjà prêts
De tristes fleurs s’en
vont
Frileuses et fanées
Des beaux jours
moribonds
Déjà bien endeuillées.
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Mon automne s’étire
Tardant à me laisser
Et chaque jour empire
Notre monde écharpé.
L’hiver qui nous arrive
N’aura pas de printemps
Sinon sur l’autre rive
Qu’il faut gagner à
temps.
Trompette archangélique
Sonne donc au plus tôt
L’avènement mystique
Qu’attend notre troupeau
Ouvre tes grandes ailes
Michel au glaive d’or
Que renaisse sous elles
La terre mise à mort.
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Toujours le plaisir de vous lire, et ce poème est une merveille, il parle à mon coeur dans la langue qui est la sienne... Merci de nous l'offrir...
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