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dimanche 29 septembre 2019

Des feuilles et des pensées

Les canards profitent des derniers rayons tièdes

Il a fait beau, et même pas très froid, je suis allée hier à pied, avec Ritoulia, au café français, en jouissant de la lumière dorée sur les feuillages, des reflets sur l’eau de la rivière. Elle était très contente, gaie comme un pinson, elle me rappelle plus Joulik que pauvre petit Doggie; c'est une joyeuse coquine. Je suis bien, ici, je ne vais plus me décider à mourir, et pourtant, je n’ai plus tant d’années devant moi, il faudra finir par y penser.... Je suis bien, parce que psychologiquement, je vivrais mal de voir mon destin dépendre de l’Europe, de l’Occident, infédoés complètement à la caste supranationale qui détruit les peuples, leur culture, leurs traditions, leur foi, leur psychisme, leur mémoire et d’une manière générale, la vie dans son ensemble. Et je n’ai pas ici de dilemme concernant le patriarche Bartholomée et ses paroisses  en France, puisque je suis dans la juridiction du patriarcat de Moscou. Je soutiens, avec Dany, l’archevêque Jean, qui, depuis la dissolution de son archevêché par Bartholomée, a décidé de rejoindre le patriarcat d’origine des paroisses russes dissidentes depuis les années 30. Lire ce que racontent ses opposants, souvent d’une grande agressivité et d’une immense mesquinerie, est une véritable épreuve. Et même ces considérations sur l’orthodoxie française, sur l'orthodoxie "intelligente et occidentale"… Pour l’instant, elle est diluée dans les différentes juridictions des différentes diasporas, à vrai dire, les seules structures destinées dès le départ à devenir « l’orthodoxie française » sont les monastères athonites du père Placide, fondés dans ce but par Simonos Petra. Et c’est en effet une réussite, que je soutiens pleinement, mais le mont Athos est sous l’omophore de Bartholomée, du reste, toutes les Eglises locales sont plus ou moins sous le contrôle de l’Empire, qu’elles coopèrent ou non, elles lui sont en tous cas soumises avec les populations qu’elles représentent, seule l’Eglise russe conserve encore, avec son pays, son indépendance vis-à-vis du Nouvel Ordre Mondial  et de la « religion du futur » qu’il médite de fabriquer. (cf https://www.amazon.fr/LORTHODOXIE-RELIGION-FUTUR-ROSE-SERAPHIM/dp/B00Q73ET2E en anglais et en français, traduit  autrefois par moi-même bénévolement et comme j'ai pu...)
Cet archevêque Jean m’a vraiment étonnée. Je l’avais vu au monastère saint Silouane, un gentil bonhomme, qu’on pouvait penser faible, et il a résisté comme un lion à des pressions énormes. Il m’apparaît  comme le pendant occidental du métropolite Onuphre. On dit que le métropolite Philippe de Moscou était lui aussi du genre très conciliant, et il détestait les conflits, mais il a défendu les principes de l’Eglise jusqu’au martyr, face à Ivan le Terrible.
A ma grande joie, le monastère saint Silouane a rejoint Moscou, de sorte que je reste en complète communion avec mon amie mère Geneviève. C'est déjà ça.
La France, après l’incendie de Notre Dame, que je crois volontaire, et les tonnes de plomb qui se sont répandues dans l’atmosphère parisienne, est victime d’une catastrophe écologique énorme, à Rouen, une usine d’hydrocarbures a explosé, un énorme nuage ténébreux et puant a recouvert le ciel, les clichés de la ville évoquent un cauchemar de science-fiction, ou une représentation médiévale de l'Apocalypse..:Toute la région étouffe dans les vapeurs d’essence, il pleut du pétrole dans les jardins, sur les fleurs, sur les légumes, les poissons et les oiseaux meurent par milliers, mais la presse osait titrer que « le nuage était un peu toxique, mais pas trop »…
J'ai lu le témoignage d'une jeune mère qui s'est enfuie à Paris avec ses enfants, chez sa soeur, loin de l'atmosphère empoisonnée et des spectacles de désolation. Ma compassion épouvantée s'accompagnait, comme d'habitude, d'impuissante colère. L'usine appartient à un gredin richissime et au dessus des lois, qu'importent la vie et le destin de ces pauvres franchouillards?  Dès que j’ai vu le candidat Macron, j’ai su que c’était la fin des haricots, le traître intégral, l’exécuteur des basses œuvres, qu’on nous le propulsait à la présidence pour achever le pays. J’aurais voté pour un crocodile plutôt que pour lui. Il sent la mort et le souffre.
Je me suis poussée pour aller à l’église communier. C’était l’évêque qui officiait. Aucun de nos prêtres habituels n’était là, ni père Constantin, ni père Andreï , ni le nouveau dont je ne connais pas le nom. Je me suis demandée s’ils étaient tous malades. Un jeune prêtre de l’entourage de l’évêque est venu assurer les confessions. Je déteste me confesser à des prêtres inconnus, mais j’ai tort, car j’ai souvent de très bonnes surprises. Le jeune prêtre m’a dit que je ne devais pas m’affliger d’avoir à lutter pour prier et me rendre à l’église, parce que la vie du chrétien est un combat, que j’étais un soldat du Christ. « C’est normal, vous êtes une adulte spirituelle, alors les choses sont plus dures, et le plus dur de tout, c’est de se débarrasser des mauvaises habitudes pour les remplacer par des bonnes. »
Monseigneur Théoctyste a distribué sa bénédiction, que nous attendons tous, parce que nous l’aimons. Sur son passage, les fidèles fondent, les sourires s'épanouissent. Dans notre monde ignoble, les seuls princes qu'il nous reste sont ceux de l'Eglise, ces princes qui mettent des étoiles dans les yeux des enfants. Quand je viens à l’église , la cathédrale ici ou la paroisse du père Valentin à Moscou, je me sens pleine d’amour pour tout le monde et j’ai l’impression que tout le monde m’aime.
J’ai appelé Cécile, car j’ai maintenant Skype sur mon portable ; c’est facile, pas cher et ça marche. Tout d’un coup, je retrouvais Cavillargues et Solan. J’ai beau me plaire ici, je me plaisais aussi là bas, et j’y ai laissé des gens que j’aimais beaucoup. Il m'arrive, lorsque je prie en français, de revoir tous ces chemins que j'aimais, le chemin de la Condamine, la route de Saint-Pons-la-Calm, Mas Carrière... Mais je me plais ici, je me fais même au climat, et j’apprécie cet automne qui ressemble à celui des livres de lecture d’autrefois, avec de gros nuages, des feuilles qui volent, des arbres dorés: « colchiques dans les prés », la chanson que j’aimais brailler dans la voiture de mon grand-père. D’ailleurs, des colchiques, j’en ai. On m’en a donné au printemps, je ne savais pas ce que c’était, c’en est, ils fleurissent en ce moment.



L’automne transparent
Semant ses monnaies d’or,
Comme aux sacres d’antan
Nous déploie ses trésors.

Et sur le ciel lavé
Passe un air déjà froid
Qui s’en vient préparer
Le retour des frimas

Et les frêles bouleaux
Aux diadèmes dorés
Se lancent des oiseaux
A partir déjà prêts

De tristes fleurs s’en vont
Frileuses et fanées
Des beaux jours moribonds
Déjà bien endeuillées.

Mon automne s’étire
Tardant à me laisser
Et chaque jour empire
Notre monde écharpé.

L’hiver qui nous arrive
N’aura pas de printemps
Sinon sur l’autre rive
Qu’il faut gagner à temps.

Trompette archangélique
Sonne donc au plus tôt
L’avènement mystique
Qu’attend notre troupeau

Ouvre tes grandes ailes
Michel au glaive d’or
Que renaisse sous elles
La terre mise à mort.



 
Le tableau de Sacha Pesterev est en place...





1 commentaire:

  1. Toujours le plaisir de vous lire, et ce poème est une merveille, il parle à mon coeur dans la langue qui est la sienne... Merci de nous l'offrir...

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