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samedi 30 juillet 2022

sainte Bathilde

 




Ania et son mari m'ont emmenée, le jour le plus torride de la semaine, en canot sur le lac au petit matin. C'était absolument magique. Il y a peu d'eau, malheureusement, le lac Plechtcheïevo est victime de la connerie humaine, comme celui de Nero, à Rostov, avec lequel il est d'ailleurs relié par des réseaux souterrains mystérieux, et qui se noie dans l'un peut reparaître dans l'autre. Le lac est abyssal en son centre, et il a un double fond. C'est comme une sorte de système circulatoire de la terre, auquel des activités humaines brouillonnes et brutales infligent des pathologies.

A certains endroits, il y avait assez d'eau pour nager, et même, nous perdions pied. Il n'y avait absolument personne, l'eau était lisse comme un miroir, bleu pâle sous un ciel un peu brumeux. Les églises prennent un caractère étrange, quand on les voit depuis le lac, je ne sais même pas comment exprimer ce qu'elles m'inspirent. Inscrites parfaitement dans le paysage, elles semblent pourtant venir d'un autre monde et s'apprêter à y retourner. Les saules de la rive cachent complètement les maisons moches et toutes les autres disgrâces de notre pauvre ville. On voit d'un côté les coupoles d'argent du monastère Nikitski, qui semblent, casquées et armées, monter la garde, de l'autre l'église des Quarante Martyrs, vaisseau précieux prêt à appareiller non sur le lac, mais dans le ciel qui le surplombe.  


Kolia et Ania sont pleins d'attentions l'un pour l'autre. Kolia avait un tee-shirt " le KGB vous regarde", avec une faucille et un marteau. Je voulais les photographier, mais Ania est très intimidée et n'y tient pas. 

Tout était si beau, et d'une paix surnaturelle, enfin non, d'ailleurs, une paix naturelle, forcément, celle de ce ciel et de ce lac. Si elle me paraissait surnaturelle, c'est que nous y avons de moins en moins accès.

La chaleur a débouché sur une série d'orages. Je suis allée chez Larissa Likman, avec qui je vais exposer à l'automne. Elle et son mari font des panneaux en mosaïque de débris de céramiques. Ils ont une jolie maison contemporaine, si elles étaient toutes comme la leur, le paysage en serait bien amélioré. Malheureusement, dans leur village de Veskovo, où d'ailleurs j'avais failli acheter, on saccage tout, comme partout ailleurs. Larissa est très gentille, elle m'a donné des tas de fleurs de son jardin et les a rassemblées sous une pluie intermittente et un somptueux arc-en-ciel. 

Au matin, il a fallu planter tout ça: beaucoup d'iris, des hémérocalles, de l'hysope, des coquelourdes, que maman adorait et qui poussaient si mal chez nous.


La floraison de mes astilbes commence à passer, ce qui m'annonce la descente progressive vers l'automne. Cette floraison m'a donné de grandes joies, je ne me lasse pas de regarder jouer la lumière au travers de ces aigrettes duveteuses. Je me souviens que c'était aussi une cause de ravissement quotidien pour maman, qui calculait l'emplacement de ses plantations en fonction de ces illuminations matinales et vésperales, et pour ma tante Mano, au travers des corolles de ses canas, dans son jardin de Marseille.

Nounours et son petit frère sont accourus ventre à terre dès que j'ai commencé à jouer des gousli devant la chatoyante magie de ces lueurs du soir. Je voyais deux oursons blancs passer et repasser en bondissant. Les gousli plaisent à tout ce qui vit, les fleurs, les arbres, le ciel, les oiseaux, les chats et les patous des Pyrénées.

Au café, j'ai vu un Français de plus, mais là, son prénom m'échappe, je vieillis. Il voudrait venir s'installer à Pereslavl, lui aussi, pour l'instant, il est à Moscou. Un normand. Il a conseillé à Gilles d'envoyer plus souvent son nouveau pâtissier fumer dans la rue, car il faisait un malheur auprès des jeunes femmes qui passaient et allait lui attirer beaucoup de clientes! Le pâtissier se marrait, d'ailleurs, on rigole beaucoup, dans notre petite communauté française. J'ai eu de nouveau des mots avec ma lectrice pro Kiev, qui continue sa croisade contre mon entêtement dans la mauvaise voie, la bonne étant la sienne, naturellement. Mon amie Yelena, qui a passé des nuits entières à traduire toutes sortes de témoignages vidéos depuis des années, m'a dit de ménager mes nerfs. Elle ne répond même plus et en effet, à quoi ça sert?

A noter que tous les Français installés en Russie de ma connaissance pensent exactement comme moi, mais ceux qui ne vivent pas ici sont meilleurs juges, avec leurs médias de grand chemin. C'est comme ça, d'un côté ceux qui, consciemment ou non, servent le monde de la famille Biden, de Rothschild, et comme dit Slobodan, de Frankenschwab et de l'autre, ceux qui le rejettent, c'est là que se situe la profonde fracture. Ci-dessous, la lettre d'un monsieur qui est en train d'émigrer en Biélorussie et qui ne pèche pas, il est vrai, par excès d'optimisme. 

 "C'est dur moralement de voir les choses qu on avait anticipées se produire sans pouvoir rien y faire. La psychose collective fabriquée par ces fils de putes d'américanistes prend l' ampleur d' un tsunami en europe occidentale et de l'autre cote de l'atlantique. La mafia journalistique occidentale jette de l huile sur le feu. Ils sont sûrs de leur coup mais ils se trompent .Ils ne sont pas seulement en guerre contre la coopération de l'europe occidentale avec l' eurasie russe . C' est plus profond que cela. L' hégemonisme suprématiste financier anglosaxon est en guerre contre le Réel tout simplement. Ces fous revendiquent le privilège divin d' engendrer le Réel à partir de leur discours. C'est un délire de toute puissance où le verbe se fait chair. Ils se prennent pour Dieu. Ainsi toute réalité qui leur résiste, aujourd' hui les interets vitaux russes, doit etre pulvérisé ! C est ainsi qu' on assite à une obnubilation psychotique sur la Russie, après celle contre le Covid et en attendant celle contre la Chine. C est une "maladie mentale professionnelle" de spéculateurs qui font de l' argent avec de l' argent et qui revendiquent désormais de faire du Réel avec du symbole. Le monde soviétique a connu dans les années 1920 à 60 ce même délire de toute-puissance sous une forme symétriquement inversée : la toute puissance du travail humain sur le Réel ( stakanovisme, canal de la Mer Blanche, Kolima, industrie du Goulag ) Ca c'est le code noyau du systeme d exploitation américaniste. Après il y a un empilement de couches logicielles de l exceptionalisme américain, qui déterminent les buts de guerre contre la Russie et la Chine. Et enfin la couche de présentation médiatique qui consiste à cacher les buts de guerre, à cacher les intérêts et à diaboliser la Russie aujourd' hui, demain la Chine par une propagande hystérique et haineuse et la falsification des faits. Je crains que des responsables Russes et Biélorusses n'aient peut être pas encore assez approfondi la complexité du fonctionnement de l' adversaire et cela m' angoisse. Car j' ai tout misé sur ces pays que j'aime."

 

chemin d'astilbes

 

Je suis allée à une exposition au monastère de la Trinité-saint-Daniel, de jeunes iconographes ont organisé une espèce de flashmob, invitant iconographes et peintres a dessiner les saints du jour, pour faire vivre l'art religieux, même non canonique, en partant du principe que les enluminures, par exemple, laissent plus de place à l'expression du peintre, ce qui est discutable, je trouve que des iconographes comme Andreï Roublev ou Théophane le Grec, ou père Grégoire avaient leur manière unique. Katia, une des organisatrices et participantes est très douée, assez flamboyante, bien que je l'ai trouvée cette fois intimidée par la nécessité de présenter son exposition. Elle avait représenté, entre autres, sainte Bathilde de France, et comme je lui en demandais une carte postale pour l'envoyer à mère Hypandia, elle m'a annoncé qu'elle me donnerait l'original à la fin de l'exposition, ce qui me touche énormément. Elle m'a publiquement remerciée d'être venue, ajoutant que grâce à moi, elle s'était mise à jouer de la balalaika avec grand plaisir. du coup, je suis allée lui chercher un exemplaire de Yarilo dans la malle de ma voiture, et j'en ai donné un aussi au père Pantaleimon, bien que je redoute les réactions monastiques, mais enfin, il est très ouvert, c'est le grand ami de notre évêque, qui est très ouvert aussi.

sainte Bathilde de France, à gauche.






 

 


2 commentaires:

  1. Bizarre ! "Tous les Français installés en Russie.de votre connaissance pensent comme [vous]"... mais tous les Rsses installés en France de ma connaissance pensent comme moi ! J'ai tendance à penser qu'ils connaissent mieux leur propre pays que les Français qui y vivent... et qui ne sont d'ailleurs qu'une poignée, alors que des dizaines de milliers de jeunes Russes éduqués ont déjà quiité le pays depuis le.débit de cette guerre...
    Votre lectrice que vous qualifiez de '"pro-Kiev"... ce qui est très réducteur !

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    1. Ces jeunes Russes "éduqués" sont très proches du bobo français, et plus tellement russes, comme les bobos n'ont plus grand chose de Français, pas étonnant qu'ils se plaisent entre eux, et je crains que ce soit eux qui ne connaissent pas bien leur pays, on pourrait peut-être organiser un échange avec les Français qui veulent partir, et j'en connais.

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