Hier, un vent doux et puissant parcourait le jardin, chassant tour à tour la lumière et l'ombre, la tiédeur et la fraîcheur. Les sons des gousli se mêlaient à ses profonds soupirs, aux trilles extatiques de toute une compagnie de rossignols qui étaient venus chanter dans les prunier en face, je n'avais jamais rien entendu de tel. Et pourquoi ce jour-là et pourquoi dans cet arbre? Habituellement, ils sont loin, dans les saules du marais, je les écoute la nuit, avec une étoile énorme suspendue dans un ciel qui ne fonce pas vraiment, qui reste hanté par un crépuscule transparent, au nord ouest.
La clématite de Sibérie s'annonce par des clochettes et finit par une cascade d'astres bouclés, tandis que les grosses fleurs roses de l'églantier répandent un parfum enchanteur. Les chapeaux de fées des ancolies scintillent dans la pénombre, les hampes des lupins s'embrasent et déjà s'allumment les lampes des iris.
Ma vieille Chocha décline de jour en jour, elle maigrit, elle dort tout le temps, sur mon bureau, et quand elle se réveille, elle me regarde avec ses immenses yeux fervents, elle se frotte contre moi, on dirait qu'elle me dit adieu, encore et encore, autant qu'elle le peut. Je lui murmure que je la garderai dans mon coeur, comme tous ses pareils que j'ai souvent si mal aimés, à la façon des humains, que les bêtes adorent et qui le leur rendent si peu. Je me répète qu'elle a vécu une longue vie heureuse, que j'ai rempli mon contrat, qu'elle ne finira pas jetée à la rue, terrifiée et affamée, mais près de sa chère maîtresse, dans sa maison, au chaud et en paix. Mais je sais que ce sera une épreuve, que je redoute, même si son temps est venu. Fort heureusement, avant le mien.
Après le départ de Quentin le Belge pour Moscou, j'ai eu le remplacement de ma cuisine qui, de mauvaise qualité, se dégradait à vue d'oeil, et j'ai réalisé que j'avais vraiment vieilli, car je ne supporte plus de tels bouleversements. J'étais hagarde et au bord de la crise de nerfs. Le cuisiniste est pourtant bien sympathique, compétent, pratique, et attentif, le genre bourru au coeur tendre. Il aurait pu ne pas me prévenir la veille qu'il arrivait avec les meubles, mais bon, personne n'est parfait...
On vide la maison d'oncle Kolia en jetant dans une benne ce qu'il restait de sa vie. L'assassinat de la belle isba que j'ai souvent dessinée va commencer...
Une jeune amie catholique m'a envoyé une merveilleuse vidéo.
Il s'agit de villageois de quelque pays musulman à qui l'on fait écouter l'hymne à la Mère de Dieu Agni Parthene de saint Nectaire, oeuvre qui, bien que récente, s'inscrit dans la tradition du chant liturgique byzantin. L'émerveillement, la simplicité et la profondeur de ces villageois est un baume pour l'âme. Parce qu'ils sont eux-mêmes dans la Tradition, ils entrent immédiatement dans ce chant qui ne fait pourtant partie ni de leur culture, ni de leur spiritualité, mais leur Tradition leur a donné les récepteurs pour appréhender une autre Tradition, en comprendre et en respecter la substance sacrée. Je pensais aux habitants des démocratures Woke qui, quelles que soient leurs couleurs et leurs origines, dès lors qu'ils n'appartiennent plus au monde traditionnel, ne peuvent plus recevoir l'eau vive imémoriale qui irrigue l'humanité, et se répandraient, à la place de ces hommes, en sarcasmes et en ricanements. Mon amie catholique me parlait auparavant d'un maire breton qui, de mèche avec une chaîne de supermarchés de bricolage, s'était hâté d'écorner les alignements de menhirs de Carnac avant qu'ils ne fussent inscrits au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco. Ces gens sont dépourvus de vergogne, pires que des barbares, des extraterrestres, des mutants, qui ne s'inscrivent dans rien, ne respectent rien, offensent, détruisent et pervertissent tout. Ces villageois musulmans me paraissent infiniment plus intelligents et plus humains que Laurent Alexandre et Harari réunis, plus dignes, plus sensibles et plus purs que tous les beaufs post-modernes qui écrasent tout sur leur passage et tournent tout en dérision. A voir et à entendre ces villageois exotiques, après le soulagement de se trouver devant des êtres humains compréhensibles, nous étreignent l'effroi et le chagrin suscités par notre chute vertigineuse, une chute qui n'a pas connu de précédent dans l'histoire, et que des démons nous présentent comme le summum du progrès. Le progrès vers l'enfer. La course à l'abîme.
"Seul Dieu peut y mettre fin, me dit cette amie.
- J'y crois et je compte dessus", lui répondis-je.
Bonsoir Laurence! Comme l explique très bien le Dr. Luc Bodin il faut croire en nos vibrations positives et les transmettre, voire les cultiver en opposition consciente aux négatives qui nous mènent un combat très vigoureux que nous devons affronter! Au travers de votre blog vous le faites et vous nous le transmettez! Bien des coeurs battent à l unisson pour le moment et c est cela la véritable"révélation" !
RépondreSupprimerOui, c'est ce qui me motive pour écrire mon blog. Et en effet, je suis étonnée par le nombre de coeurs qu'il touche. Moi qui ai vécu longtemps très seule, j'en vois comme cela se manifester, eux-mêmes souvent très seuls, d'ailleurs...
SupprimerJ'ai trouvé la vidéo assez drôle et touchante. On a envie de leur dire de se taire et d'écouter, mais ils savent apprécier, c'est certain. Et le chant byzantin est particulièrement beau.
RépondreSupprimerQue 'est beau un nom de fleur : qui a inventé les noms de fleurs ?
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