Je me suis laissée attirer à la fête de la pivoine, pour chanter quelques chansons. Cette fête est organisée par un pépiniériste anglais et sa femme russe, ils ont de très belles fleurs, j'ai eu droit à un bouquet. Sinon, il y avait tout le kitsch habituel. Je me demandais ce que j'allais faire là au milieu, avec mon répertoire traditionnel et mes instruments discrets, entre deux coups de karaoké tonitruant... Eh bien, ce fut quasiment un triomphe, les gens étaient très contents!
Un petit garçon est venu me dire: "Grand-mère, vous n'achèteriez pas une armoire à clés à mon copain qui les fabrique? Il s'est donné tellement de mal pour les faire!" J'ai acheté à cet artisan en herbe l'objet dont je n'avais pas besoin mais que j'offirai à l'occasion, car je l'ai trouvé très joli, naïf et sans prétention, sincère. Du coup, les deux amis m'ont aidée à porter mes affaires jusqu'à la voiture.
J'ai vu aussi le stand des bénévoles qui s'occuppent des animaux abandonnés; ils essayaient de caser leurs pensionnaires, et de collecter de l'argent. C'est une chose qui me fend toujours le coeur, l'humble détresse des animaux, ces tragédies innombrables, un vrai tonneau des Danaïdes de la souffrance injuste; et aussi celle des personnes qui essaient de les aider, qui courent sans arrêt après le fric, et qui se font souvent insulter par des redresseurs de torts, indignés par la sollicitude portée à nos éternels souffre-douleurs.
Cette fête m'a permis d'oublier cinq minutes le coup de poignard dans le dos porté par le "patriote" Prigogine à son pays, qui est pourtant en train de gagner sur le champ de bataille, et aussi sur le plan diplomatique et économique. On mesure à la joie de nos adversaires la qualité de cette action d'éclat, un vrai cadeau pour eux. Dans ces cas-là, je fais comme au cinéma quand il se passe quelque chose de pénible et d'angoissant, je ferme les yeux et j'attends. J'attends déjà d'être en mesure de digérer l'évènement. A moins qu'il n'y ait là derrière quelque chose qui nous échappe, on peut dire qu'il a des précédents historiques, et que dans les cuisines du diable, on nous concocte toujours les mêmes recettes.
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